Le 22 septembre 1944, Roger Léonard, nouveau préfet de Seine-et-Oise adressa à toutes les mairies de Seine-et-Oise une circulaire enjoignant à tous les maires de faire parvenir aux archives de Seine-et-Oise un compte-rendu des faits qui s’étaient déroulés sur leur territoire pendant la guerre, et spécialement à l’occasion de la Libération. Déjà le sous-préfet de Corbeil avait adressé une circulaire analogue aux communes de sa circonscription le 6 septembre.

     Toutes les communes ne se rendirent pas à cette invitation, loin de là; et, quand ces comptes-rendus existent, ils sont de nature, de longueur et de qualité très variables. Voici celui de Janville-sur-Juine.

[tampon:] ARCHIVES DE SEINE-ET-OISE — Propriété Publique 134 [titre ajouté à la main:] Comte-Rendu  des événements du début d’aout au début septembre 1944 Le Maire de JANVILLE-sur-JUINE A Monsieur le Sous-Préfet de CORBEIL.      En réponse à votre circulaire en date du 6 Septembre 1944, j’ai l’honneur de vous adresser un compte rendu des évènements qui se sont déroulés dans notre Commune dans les derniers jours de l’occupation Allemande et lors de la libération.      Vers le début du mois d’Août, des indices sérieux permettaient d’envisager la retraite générale des troupes Allemandes:      Déménagement rapide des Etats Major [sic] Allemands installés dans les châteaux de la région, passages chaotiques de troupes circulant en voitures automobiles ou hippomobiles, ces dernières en provenance de Normandie; carrioles, tombereaux, chars à bancs, portant encore le nom des propriétaires de Normandie; incendie des archives, etc… tout en faisant prévoir le dénouement sous le signe de la défaite Allemande.      Deux tendances chez eux, certaines formations arrogantes, hargneuses, dévisageant les Français avec une expression de férocité cruelle, d’autres harassées, pitoyables, défilaient lamentablement comme un troupeau lassé.      Un événement important se déroule sur le territoire de notre Commune le 19 août, avant-veille de la libération:      Un groupe local de F.F.I., sous le commandement de son chef, Georges BERGER, se met en embuscade dans les bois avant l’entrée du pays [ajouté à la main: sur la route d’Auvers].      En liaison avec les troupes Américaines qui occupaient ETAMPES, ils avaient pour mission d’arrêter une voiture Allemande, montée par des Officiers Allemands et transportant des documents susceptibles d’apporter des renseignements précieux pour l’Etat-Major Américain.      Cette voiture débouche à un tournant de la route, le chef des F.F.I. d’une balle en plein front, tue le conducteur, un Commandant Allemand, les autres occupants fuient à travers bois.      Les documents sont pris par les F .F.I. de Janville, ainsi que les armes automatiques. [p.2]      Cette prise a apporté des renseignements précieux aux autorités Militaires Américaines, elle a permis de déceler d’importants points défensifs organisés par les Allemands.      A la suite de ce coup de main hardi, les Allemands ont tiré par armes automatiques, sur des habitants de Gillevoisin, petite agglomération dépendant de la Commune.      Par chance, aucun d’eux ne fut atteint.      [4 premiers mots ajoutés à la main:] Le 22 août 1944, après le défilé minable des arrières-gardes Allemandes, ce fut l’apothéose magnifique, l’enthousiasme délirant des habitants, accueillant nos libérateurs Américains traversant le pays sous une floraison spontanée de drapeaux Américains, Français, Anglais et Russes.      Et puis ce fut l’angoissante question du ravitaillement:      Grace [sic] à l’action conjuguée du Maire et du Secrétaire de Mairie, qui ont trouvé le meilleur accueil près des cultivateurs, le ravitaillement en farine a été immédiat.      Le Comité de libération entrant immédiatement en fonction et en parfaite harmonie avec la majorité du Conseil Municipal en place, assure le ravitaillement en viande et en légumes, à la satisfaction de tous.      Ils dirigent la Commune dans l’ordre et la dignité, indiquant à la population que les mauvais citoyens, traites [sic] et collaborateurs, en infime quantité d’ailleurs, seraient jugés dans le sentiment de la justice, dans le calme et la sérénité.      Pas de femmes ayant eu les cheveux coupés, pas d’arrestation arbitraire, tous les cas méritant une juste punition signalés aux autorités judiciaires compétentes, telle fut l’attitude des autorités Communales composées du Maire et du Comité de Libération.   Le Maire [tampon:] MAIRIE DE JANVILLE-SUR-JUINE * (SEINE-&-OISE) * [signé:] E. Pierre [nom à vérifier]