Le 22 septembre 1944, Roger Léonard, nouveau préfet de Seine-et-Oise adressa à toutes les mairies de Seine-et-Oise une circulaire enjoignant à tous les maires de faire parvenir aux archives de Seine-et-Oise un compte-rendu des faits qui s’étaient déroulés sur leur territoire pendant la guerre, et spécialement à l’occasion de la Libération. Déjà le sous-préfet de Corbeil avait adressé une circulaire analogue aux communes de sa circonscription le 6 septembre.

     Toutes les communes ne se rendirent pas à cette invitation, loin de là; et, quand ces comptes-rendus existent, ils sont de nature, de longueur et de qualité très variables. Voici celui de Saint-Sulpice-de-Favières.

[tampon:] ARCHIVES DE SEINE-et-OISE — Propriété Publique 241 [tampon:] Commune de St-SULPICE-de-FAVIÈRES Arrondissement de RAMBOUILLET Département de Seine-et-Oise Histoire de la Guerre 1° Date d’entrée des Allemands dans la localité:      Le samedi 15 juin 1.940 à 14 heures. Seulement passage de troupes. 2° Occupation et réquisitions:      A partir du 23 juin 1.940, réquisition d’une dizaine de maisons et des trois châteaux (Sgrez, Ronces et Ker Jacques).      Les maisons ont été libérées en septembre 1940, les trois château l’ont été en mars 1.941, mais conservés sous scellés apposés par la Kommandantur d’Etampes, jusqu’au mois d’août 1943.      Diverses réquisitions ont été opérées sans régularité dans les maisons utilisées comme cantonnement: mobilier et matériel de couchage.      Le château de Ker Jacques était occupé par un Etat major d’aviation. Les châteaux de Segrez et des Ronces étaient utilisés par une unité de train-auto. 3° Tenue des troupes et rapports avec la population:     Au début de l’occupation, la tenue des troupes laissa fort à désirer: des coups de révolver furent tirés dans un café, certains soldats avinés tentèrent de pénétrer la nuit dans des maisons pour y rechercher des jeunes filles.      La population se montra indifférente pour les troupes d’occupation. 4° Ravitaillement      Le ravitaillement fut effectué avec bien des difficultés, la localité n’étant pas essentiellement agricole. Les habitants firent de grands efforts pour améliorer la production de leurs jardins et même pour défricher et cultiver des terres qui avaient été abandonnées. Les vieillards eurent beaucoup à souffrir de ces difficultés. Malgré une pétition faite, il fut impossible d’obtenir les tickets spéciaux d’alimentation qui auraient permis d’obtenir [p.2] certains produits indispensables à la population non agricole qui formait la majorité de l’agglomération. 5° Bombardements:      Le 15 juin 1.940, un obus a légèrement endommagé la petite gare du chemin de fer d’intérêt local.      Le 1er août 1.944, vers 17 heures, un avion américain en détresse volant dans la direction de Brétigny-Dourdan a lâché 3 parachutistes. L’un d’eux est tombé auprès du cimetière de Mauchamps. Ayant une jambe cassée, il a été emmené quelques instants plus tard par des Allemands arrivés en automobile. Un autre parachutiste est tombé dans le village et a pu être dirigé immédiatement vers les bois où il a été ensuite ravitaillé en nourriture et vêtements. Le troisième est tombé dans ces mêmes bois. Malgré leurs recherches effectuées avec des motocyclettes, des voitures légères et des camions, les Allemands n’ont pu retrouver la trace de ces deux derniers parachutistes.      Le 15 août 1.944, vers 17 heures, un avion de chasse allemand en difficulté s’est posé sur le plateau de Guillerville: son hélice étaient faussée, le train d’atterrissage ne s’étant pas déployé.      Dans la nuit du 15 au 16 août 1.944, une centaine de chars venant de Souzy-la-Briche et se dirigeant vers Mauchamps, ont traversé la localité. Ils ont été repérés par un avion, vers 1 heure du matin: une bombe est tombée sur un terrain en friche et n’a occasionné aucun dégât.      Dans la matinée du 15 août, un avion américain en difficulté a laissé tomber une bombe dans un terrain vague qui a fait briser les vitres des maisons environnantes. 6° Destructions:      Aucune destruction importante n’est à signaler. Les seuls dégâts occasionnés par faits de guerre sont: l’écornage du bâtiment annexe de la gare, les vitres brisées dans diverses maisons et quelques vitraux soufflés à l’église. [p.3] 7° Date du départ des Allemands:      Dans la nuit du 20 au 21 août 1.944, trois gros chars, venant de Mauchamps et se dirigeant vers Souzy-la-Briche, ont traversé la localité.      Dès le matin du 21 août, des bruits de canonnade se firent entendre, ainsi que des détonations de mitrailleuses dans la direction de Villeconin.      Dans le courant de la journée, des troupes à bicyclettes se dirigeant vers Mauchamps, traversèrent la localité.      Sur le chemin de grande communication n°82, les dernières troupes allemandes en automobiles et cycles, ainsi qu’une ambulance, se relièrent vers 17 heures, dans la direction de Saint-Yon.      A signaler que, le 14 août 1.944, un convoi de 4 à 500 chevaux avec matériels divers de train hippomobile, a séjourné dans la commune pendaant toute la journée, les chevaux et voitures étant réfugiés dans les bois. Il a quitté la commune à la tombée de la nuit, se dirigeant vers Mauchamps. 8° Date d’arrivée des Alliés:      Des troupes motorisées alliées sont arrivées dans la localité le 22 août 1.944 à 18 heures. Elles venaient de Villeconin et sont retournées aussitôt vers cette commune. [tampon:] St-SULPICE-de-FAVIÈRES [tampon:] 1 DEC 1944 [tampon:] MAIRIE DE St SULPICE-DE-FAVIÈRES * SEINE-ET-OISE * [tampon:] LE MAIRE [signé:] Thévard