Rue Neuve-Saint-Gilles.
— C’est la rue Saint-Martin prolongée et rectifiée
en 1769, par suite des accidents de voitures qui arrivaient fréquemment
rue d’Enfer. Pendant la Révolution, elle s’appelait rue de
l’Égalité.
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Rue d’Enfer. — Très-ancienne, car
autrefois c’était une partie de la Grande-Rue d’Etampes, et
au commencement de laquelle était la porte Saint-Martin. Étroite,
sinueuse et raboteuse, véritable enfer pour les voitures
et la cause de nombreux accidents. Elle s’appelait, au commencement
du dernier siècle, la Vieille-Rue, et pendant la Révolution
rue de l’Oubli.
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Rue
Lenicolais. — Va de la rue Saint-Jacques au boulevard
Henri IV, dans le prolongement de la rue du Vicariat. Elle s’appelait
d’abord rue du Lion-d’argent. Elle a té
percée en 1842 sur l’emplacement de l’ancienne auberge du Lion-d’Argent,
située dans la Grande-Rue (1).
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(1) Extrait du procès-verbal
du plan d’alignement.
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Dans sa séance du 18 juin 1877, le conseil municipal a décidé
qu’elle prendrait le nom de Lenicolais, en souvenir de Lenicolais,
qui donna une somme de 1000,000 fr. à la ville d’Étampes,
par acte notarié du 27 novembre 1837.
Pierre Lenicolais, héritier
de Victoire Lenicolais, exécutait ainsi les intentions de
cette dame, veuve de Julien-Louis Lenicolais de Clinchamp, et légataire
de François-Antoine Clozier, juge au tribunal de la Seine,
mort à Paris en 1806, et qui par son testament exprimait le
désir que la veuve Lenicolais de Clinchamp [p.112] fit une
disposition en faveur de la ville d’Etampes, où il était
né le 19 août 1744.
Ladite somme de 100,000
fr. était due à Pierre Lenicolais par les époux
de Hercé et exigible en 1838; mais le recouvrement n’en
fut terminé qu’en 1842.
La créance, augmentée
des intérêts, se montait alors à 121,373 fr.;
mais à cause des frais, elle se réduisit à
116,369 fr. Une somme de 100,000 fr. fut employée à
acheter une rente sur l’État de 3 pour 100, en exécution
d’une délibération du conseil municipal du 9 janvier
1843. Le reste servit, avec d’autres ressources, à la construction
de l’école mutuelle située dans cette rue et dans l’emplacement
occupé autrefois par une partie de l’auberge du Lion-d’Argent
(1).
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(1) Abeille d’Étampe
du 30 juin 1877.
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Un bas-relief représentant un lion enchâssé
au pied d’un mur de cette rue, au coin de la rue Saint-Jacques, est
l’enseigne de cette ancienne auberge.
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Rue
Saint-Jacques. — C’est la grande rue d’Etampes et en même temps la route
nationale n°20 de Paris à Toulouse et en Espagne.
Les anciens manuscrits,
l’appellent Grande-Rue Saint-Jacques. Son nom
lui vient vraisemblablement de ce qu’elle suit le chemin de Saint-Jacques
ou voie lactée.
Les pèlerins du nord
de la France étaient forcés de suivre autrefois cette
rue, pour se rendre au célèbre pèlerinage de
Saint Jacques de Compostelle, en Espagne.
Elle passait devant le couvent
de Saint-Jacques la chapelle Saint-Jacques de Bédegon, faisait
suite à la rue Saint Jacques de l’ancien Paris et à
la voie romaine qui mettait Lutèce en communication avec Orléans,
en suivant à peu près la grande route actuelle, c’est-à-dire,
passant par Arpajon, Étampes et Saclas.
Aussi, quel mouvement, quel
roulage! Que de troupeaux, de bœufs et de moutons allant à
Paris! Le nombre des bestiaux de passage était si grand, qu’on
était souvent obligé d’attendre longtemps [p.113] avant de
traverser la rue. Des enfants faisaient métier de conduire
ces bœufs quelquefois jusqu’à la capitale.
Que d’auberges où
s’arrêtaient les coches et les cochers, plus tard les diligences,
les berlines du commerce, les pataches, les voitures de toutes sortes!
Chaque maison était pour ainsi dire une auberge on une hôtellerie.
En partant de la rue d’Enfer,
voici celles qui étaient à gauche: le Dauphin, la
Fontaine, le Duc-de-Bourgogne, les Trois-Rois, les Trois-Marchands,
la Rose, le Lion-d’Or, le Cygne, l’Ours, le Lion d’Argent, l’Écu-de-France,
le Grand-Cerf, le Bois-de-Vincennes, le Rossignol, la Fleur Sainte-Barbe,
la Levrette, la Grâce-de Dieu, Saint-Christophe, le Petit-Paris.
Celles de droite étaient
beaucoup moins nombreuses, sans doute, parce qu’elles étaient
moins bien situées que les autres, qui avaient toutes un
grand jardin donnant sur les remparts.
Il y avait à droite: le Coq,
la Tête-Noire, l’Aigle-d’Or, le Chêne-Vert, les Trois-Fauchets
ou Grand-Courrier, le Chapeau-Rouge et la Croix-d’Or.
L’auberge du Dauphin,
non loin de la porte Saint-Martin, au dedans de la ville, était
très-importante. Elle a été supprimée
il y a environ un demi-siècle; mais on voit toujours ses
magnifiques caves sons des bâtiments et jusque sons le jardin.
Elle existait déjà en l’année 1610, d’après
le manuscrit des actes de la paroisse Saint-Gilles.
L’auberge de la Fontaine,
dont Marie Fleureau était hôtelière en 1650,
d’après le même manuscrit, était encore plus renommée
et plus ancienne, car il en est question dans une enquête faite
les 1er, 6, 7 et 8 septembre 1315 [Lisez:
1515], relative à un procès entre gentilhommes
et manants, Me Guillaume.... Procureur fiscal, et Guillaume Andran,
prévôt d’Étampes. L’un des témoins a été
Jehan de Poilloue, seigneur de Saclas, demeurant à Guillerval.
L’enquête s’est faite en l’hôtel de l’Image Sainte-Catherine,
faubourg d’Étampes, tenu par Jehan Lefèvre, puis en un
logis où pend pour enseigne: La Fontaine.
Les bâtiments qui
dépendent de cet hôtel vont jusqu’au boulevard Henri
IV. Ils servaient autrefois de magasins à grains, et ils sont
transformés aujourd’hui en écuries. [p.114]
Le 11 août 1498, l’auberge
de La Fontaine reçut le roi de France
Louis XII et les trois ambassadeurs vénitiens: Niccolo Michiel,
Antonio Lorédan et Hieronimo Zorzi. C’est ce qui résulte
d’une lettre écrite d’Etampes, le 14 août 1498 par l’un
des familiers de l’ambassade, et qui se trouve dans la bibliothèque
de Saint-Marc à Venise.
«Les ambassadeurs
vénitiens, revenant de Paris, arrivèrent à
Etampes le 11 août, sur l’avis du roi, qui les reçut
dans cette ville, en audience solennelle, le lendemain dimanche,
à l’auberge de La Fontaine (la histaria di La Fontana).
Le roi était vêtu de velours noir. Ce fut à Messer
Antonio Lorédan que fut réservé l’honneur de
porter la parole; le grand chancelier lui lit cette réponse:
«Vous me direz qu’un si grand roi ne devrait point se tenir à
l’auberge; je vous répondrai que, dans ce pays d’Étampes,
les meilleures maisons sont encore les auberges.» Il y a bien
dans ce lieu un château royal dans lequel loge la reine, épouse
du roi défunt; néanmoins S. M. a voulu donner l’audience
dans cette hôtellerie, toute tendue expressément de
drap de velours alexandrin, avec des lis d’or à l’endroit où
le roi se tenait, et, aussitôt le discours fini, S. M. s’est
levée et a fait un accueil tout fraternel aux magnifiques
ambassadeurs. Le roi a fort bonne mine, une mine souriante. Il est âgé
de quarante ans et paraît fort dispos de sa personne. Aujourd’hui
lundi 15 août, les ambassadeurs ont été reçus
en audience secrète. On dit que demain S.M. se confessera et
communiera, puis qu’elle touchera les gens atteints d’écrouelles,
lesquels, dit-on, une fois touchés, se portent bien mieux, chose
merveilleuse... Écrit d’Etampes, le 14 août 1498 (1).
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(1) Baschet,
La diplomatie vénitienne, Paris, Plon, 1862, in-8.
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Actuellement, cette auberge est tenue par M. Lirot.
L’hôtel du Duc-de-Bourgogne,
où est aujourd’hui l’épicerie de M. Dulit, a été
supprimée vers 1843, et son enseigne semble indiquer une
certaine ancienneté. Il a servi ensuite de bouverie pendant
quelques années.
L’hôtel des Trois-Rois,
autrefois hôtel de premier ordre, est aussi très-ancien.
Hélène Juteau, veuve de Jean Pépie, décédée
le 12 janvier 1693, était «maîtresse de la maison
des Trois-Rois [p.115] d’Estampes,»
d’après une pierre tombale de l’église Saint-Gilles.
En 1589, pendant les guerres
civiles, «les habitants d’Etampes, dit Fleureau, furent
contrains de payer la rançon des sieurs de Vaugrigneuse
et de Monroger, du party du roy, qui furent enlevez de l’hôtellerie
des Mores par les soldats de la garnison de Dourdan (1).
|
(1) Fleureau, p. 259.
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Il s’agit sans doute ici de
l’hôtel des Trois-Rois, qui s’appelait
tantôt des Trois-Rois-Maures, tantot des
Trois-Maures; à la Révolution, on ne
le connaissait que sous ce dernier nom. (2)
|
(2) Manuscrits de l’époque.
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Le 30 mai 1666, lors de l’entrée solennelle dans la ville
de Mme de Vendôme et de Mlle d’Aumale, sa fille, future reine
de Portugal, le maire et les échevins allèrent au devant
d’elles, dans le faubourg Évézard. Le cortège
se rendit d’abord à l’église Notre-Dame, où fut
chanté un Te Deum, puis à l’hôtel des Trois
Rois, leur logis. Le lendemain on les reconduisit jusqu’aux Belles-Croix
(3).
|
(3) Registre des délibérations
des maire et échevins.
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Le 25 septembre 1668, lorsque le roi Louis XIV et la reine, venant
d’Arpajon et allant à Chambord, passèrent à
Etampes, «on fit des décorations de tapis et armoiries
aux portes Saint-Jacques, de la Couronne et Saint-Martin, à
l’église Notre-Dame et à l’hôtel des Trois-Rois
leur logis. A leur retour, le 19 octobre, ils couchèrent également
à cet hôtel. (4)»
|
(4) Id.
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C’est à l’hôtel des Trois-Rois qu’eut lieu, le 27
février 1722, la réception solennelle de l’infante
Marie-Anne-Victoire d’Espagne.
Cet hôtel, tenu aujourd’hui
par M. Rabourdin, avait une ancienne batterie ne cuisine superbe
qui a été vendue il y a peu d’années.
L’opéra-comique
Le Pré aux Clercs a une scène
qui se passe à l’hôtel des Trois-Rois, et l’un des
décors représente le jardin de cet hôtel avec
la tour de Guinette dans le lointain.
En 1810, Darblay père
et fils avaient à l’hôtel des Trois-Rois des bureaux
pour une diligence de douze places, dite l’Hirondelle, faisant la
route d’Étampes à Paris en cinq heures (5). [p.116]
|
(5) Annuaire de Seine-et-Oise
de 1810.
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Au fond de la cour de l’hôtel des Trois-Rois est un grand
corps de logis sur la façade duquel est un ancien cadran solaire.
Dans l’intérieur on remarque un bel escalier ancien avec balustres
en bois sculpté. Cet escalier conduit à des appartements
somptueux où l’on voit de superbes panneaux et de grandes cheminées
en marbre artistement sculptées. C’est là sans doute
qu’eurent lieu les réceptions du dernier siècle; mais
comme tout tombe en décrépitude, il ne restera bientôt
aucune trace de ces anciens bâtiments.
L’hôtel des Trois-Marchands,
dans la maison de M. Chauvet, a été supprimé
vers 1820. Le dernier aubergiste se nommait Marchand.
Les hôtelleries de
la Rose, du Lion-d’Or et
du Cygne étaient voisines. Celle du Cygne
existait dès l’an 1448, car un ancien titre de cette époque
dit «qu’une rente de 100 livres à prendre sur une maison
et hôtellerie située à Etampes, grande rue Saint
Jacques, à l’enseigne du Cygne, étoit due par Nicolas
Carré, marchand hostellier et pâtissier traiteur (1).
|
(1) Archives nationales.
|
«L’abbé de Saint-Benoist-sur-Loire avoit droit de
mairie sur les habitans de Sainville, Méronville et Sonchamp,
pour l’exercice de laquelle il avoit eu d’ancienneté une maison
en la paroisse de Saint-Gilles d’Estampes, appelée la Greneterie,
où pendoit pour enseigne le Cygne avec une boucle de fer ou
d’airain sur le pan, pour marque de cette juridiction, dite de la boucle,
laquelle s’exerçoit en plaine rue…. La boucle, dit Fleureau,
reste encore attachée au pan de la maison qui touche celle du
Lion-d’Or, en la paroisse Saint-Gilles, à laquelle pendoit anciennement
pour enseigne le Cygne, comme je l’ay appris d’une déclaration
de cette maison passée au roy le 10 juillet 1527. Le vulgaire
dit par erreur que cette boucle est la marque de la franchise de Challo
Saint-Mard, et qu’anciennement elle servoit d’azile (2).»
|
(2) Fleureau, p. 33.
|
Tout le monde n’est pas de l’avis de l’historien d’Étampes
qui rapporte ces faits, et l’on doit respecter les traditions. Monteil,
dans son histoire des Français, où il n’avance rien
sans preuves, [p.117] dit qu’il
y avait à Étampes une maison où un descendant
de Chalo Saint-Mard donnait l’hospitalité à de nombreux
pèlerins. Les armes de la femme de Chalo, qui sont: «un
serpent entortillé cherchant à mordre sa queue (1),»
ressemblent assez à une boucle, et l’hôtellerie du Cygne
était sans doute l’ancienne maison des descendants du fameux pèlerin.
|
(1) Montfaucon,
Monuments de la monarchie.
|
Charles Chevalier, propriétaire de l’hôtellerie du
Cygne, eut plusieurs procès, vers l’année 1710, avec
François de Cuve, propriétaire de celle de la Rose et
du Lion-d’Or. On voit que « sur l’hôtellerie du Lion-d’Or
donne un égout d’un appartement du Cigne… et que le fond du
jardin du Cigne est plus haut que celui de la Rose, en sorte que le
mur a près de six pieds d’élévation auparavant
le servir au jardin du Cigne (2)…»
|
(2) Coutumes
des bailliage et prévosté d’Estampes, commentées
par Lamy, 1720, in-8, p. 159 et 167.
|
En certaines villes, afin d’inspirer la confiance des voyageurs,
l’enseigne du Lion-d’Or s’écrivait ainsi: «Au
lit on dort.»
L’auberge de l’Ours, en
face la rue du Vicariat, et au coin de la rue Lenicolais, a été
supprimée vers l’année 1800; on l’appelait aussi
la maison de l’Ours.
L’auberge du Lion-d’Argent,
fréquentée surtout par les rouliers, a été
détruite vers 1834, et c’est sur une partie de son emplacement
qu’on a ouvert la rue du Lion-d’Argent, aujourd’hui rue
Lenicolais.
La maison de la veuve Péan,
aubergiste, venait ensuite avec son bureau de diligences pour
Paris, qui faisaient concurrence à la poste aux chevaux
des frères Duverger, ses voisins, qui succédèrent
au commencement du siècle à la veuve Duverger, leur
mère (3).
|
(3) Annuaire de Seine-et-Oise.
— V. aussi la note 39.
|
Au XVIe siècle, nous voyons à la tête de la poste
aux chevaux d’Étampes Symon-le-Long. Le 21 avril 1562, l’huissier
du parlement de Paris, porteur d’un mandement pour réquisitionner
des chevaux de Paris à Orléans, se vit refuser trois
chevaux par ledit Symon, sous prétexte que ses papiers n’étaient
pas tout à fut en règle (4). [p.118]
|
(4) Mémoires
de Condé.
|
Ce Simon-le-Long est indiqué dans le procès-verbal
de la rédaction de la coutume d’Etampes, le 20 septembre 1556:
«Simon-le-Long, chevaucheur, tenant la poste pour le Roy à
Estampes, Henry-le-Long, aussi chevaucheur d’écurie (1).»
|
(1) Coutume d’Étampes.
|
Plus tard, nous voyons comme maître de postes d’Étampes
Jean Renard, décédé le 18 août 1686, d’après
les pierres tumulaires de Saint-Gilles.
L’hôtel de France,
fondé par Eug. Lefèvre en 1833, sur l’emplacement
de celui de l’Ecu-de-France, a été supprimé
en 1874. Le même hôtelier tenait auparavant le Salon-Français,
en face la rue Pavée, fondé par Lalande et tenu plus
tard par la veuve Lalande, que Lefèvre épousa.
L’hôtel du Grand-Cerf
était situé au n°51 de la rue Saint-Jacques,
n° 110 actuel, occupé par M. Charpentier, marchand de
vins en gros. C’était un hôtel très-important,
d’où partait tous les jours pour Paris, au commencement du
siècle, une voiture à neuf places dont le bureau était
tenu par Devaux (2). Cet hôtel a disparu en 1820, car un acte
du 15 novembre de cette année contient «vente par Jérôme-Antoine
Devaux à Nicolas Mainfroy, grainetier (3).» La partie gauche
de l’ancien hôtel était occupée par le grainetier,
et la partie droite était, pendant quelques années,
une maison primaire fondée par un ancien militaire nommé
Auby, qui prenait 1 et 2 fr. par mois à chaque élève,
suivant son âge. L’hôtel du Grand-Cerf existait au commencement
du XVIIIe siècle, car la coutume d’Etampes nous apprend «qu’Antoine
Guéné, hôtelier du Grand-Cerf…» fut traduit
en justice pour avoir perdu la cassette d’un voyageur qui avait été
mise sur la charrette d’un voiturier. Sur l’emplacement de cet hôtel
est la maison des Sœurs de Bon-Secours, qui rendent de grands services
dans le pays en soignant les malades à domicile.
|
(2) Annuaire de Seine-et-Oise
pour 1806.
(3) Minute de notaire.
|
L’hôtel du Bois-de-Vincennes, qui existait au commencement
du siècle en face la rue Plisson, était séparé
de l’hôtel du Grand-Cerf par deux maisonnettes. Il fut pendant
longtemps le mieux fréquenté de la ville du temps
de l’hôtelier Lerebours; mais il a été [p.119] supprimé
et réuni à l’hôtel du Grand-Courrier en 1865.
Le propriétaire actuel du Bois-de-Vincennes est M. Chevalier-Joly,
camionneur et loueur de voitures.
L’auberge du Rossignol,
tenue autrefois par Parquois, et supprimée vers 1811, était
en face la rue Pavée. C’est aujourd’hui l’enseigne d’un marchand
de vins.
L’auberge de la Fleur-de-Lys
était dans la maison de M. Jousset, ex-entrepreneur de couvertures.
L’auberge de Sainte-Barbe,
au coin de la rue de la Porte-Dorée, a été
supprimée vers 1825. Le puits de cette auberge de rouliers
bordait la rue Saint-Jacques, sous le pavé de laquelle il est
actuellement. Elle était tenue en dernier lieu par la veuve
Trouvé.
L’auberge de la Levrette
était en face la Sous-Préfecture actuelle, a l’un
des coins de la rue de la Levrette, qui est devenue Elias-Robert.
Au n°24, en face l’église
Saint-Basile, est l’ancienne auberge de la Grâce-de-Dieu.
L’enseigne de cette auberge, tenue aujourd’hui par M. Fanon, est
un tableau représentant une barque battue par la tempête
et montée par un homme se recommandant à la grâce
de Dieu. C’était sans doute, en 1511, «l’hôtel
de Gillet-le Coupt, assis devant l’église Saint-Basile, grande
rue Saint-Jacques, où pend l’enseigne Saint-Sébastien
(1).»
|
(1) Archives départementales,
fonds Valory.
|
L’hôtel Saint-Christophe, il y a un siècle, était
l’hôtel en vogue où descendaient les hauts fonctionnaires
de passage à Étampes, ingénieurs des ponts-et-chaussées,
avocats et conseillers du roi, ainsi qu’il résulte des
pièces judiciaires de l’époque, où il est
dit «qu’ils partoient d’Etampes, de l’auberge où pend
l’image de Saint-Christophe… cy-devant choisi pour leur hôtel
(2).» Les gardes du corps de Charles X, lors du passage des
troupes pour l’Espagne en l825, descendirent aussi à cet endroit.
|
(2) Manuscrits des moulins.
|
L’hôtel Saint-Christophe était très-important
et s’étendait de la rue du Château à la maison
à tourelle qui est en face la rue de Cordonnerie. Aujourd’hui
il est tenu par M. Dupanloup-Clichy. D’après un ancien manuscrit,
un autre hôtel Saint-Christophe aurait fait partie, en 1616,
du faubourg Saint-Pierre. [p.120]
L’auberge du Petit-Paris,
en face la rue du Renard, a été supprimée
vers 1820. Elle était tenue en dernier lieu par Roc-Collot.
Nous pouvons encore citer
au n°160 une auberge moderne avec cette pittoresque enseigne:
C’EST ICI LA MÈRE
DES COMPAGNONS
DU DEVOIR.
BLOIS LA FIDÉLITÉ,
BEAUCERON FRANCŒUR,
CLERMONT LA TRANQUILLITÉ.
1825
MARCADÉ, MARCHAND DE VINS.
Le premier hôtel
à droite de la rue Saint-Jacques était celui du Coq,
qui était au coin du carrefour des Religieuses. Il est devenu
la propriété de M. Baron, et quoiqu’il n’existe plus
à l’état d’hôtel depuis au moins un demi-siècle,
on l’appelle toujours la maison du Coq. Cet hôtel faisait
partie de l’ancienne maison des Célestins, qui appartenait
à la Révolution aux religieux de Marcoussis et qui
fut vendue, le 21 février 1791, à François Potet,
carrossier, et à divers, moyennant 15,000 fr. (1).
|
(1) Archives départementales.
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L’auberge de la Tête-Noire vient ensuite; supprimée
il y a une vingtaine d’années, elle était tenue, en
dernier lieu, par M. Cuissard.
L’auberge de l’Aigle-d’Or
était au coin de la rue du Vicariat, où est la charcuterie
Genty. Le dernier aubergiste s’appelait Pavard.
L’auberge du Chêne-Vert
venait après, en face l’ancienne poste aux chevaux. Le
dernier aubergiste se nommait Boivin.
L’auberge du Coq-Hardi
était en face le Bois-de-Vincennes, au coin de la rue Plisson.
Elle était tenue en dernier lieu par Chenu père et
auparavant par Petitpas. On y voyait comme enseigne un coq perché
sur le dos d’un lion. Sur son emplacement, on voit aujourd’hui le café
de l’Europe, tenu par M. Chenu fils.
L’hôtel du Grand-Courrier,
anciennement des Trois-Fauchets,
[p.121] aujourd’hui du Grand-Courrier
et du Bois-de-Vincennes réunis, est au coin de la rue des
Trois-Fauchets. C’est, sans contredit, le premier d’Étampes,
le rendez-vous des voyageurs de distinction. Il est tenu par M. Clichy-Lesage,
et le propriétaire est M. Blanchet, qui tenait autrefois
cet hôtel.
L’auberge du Chapeau-Rouge,
aujourd’hui maison de M. Maujalon, était au coin de la
rue Pavée.
L’auberge de la Croix-d’Or,
au coin de la place Geoffroy-Saint-Hilaire, où l’on voit
la boucherie Sergent, a été supprimée vers
1844; elle était tenue en dernier lieu par Gillotin.
Au n°37, au coin de
la rue du Flacon, est l’établissement des Sœurs de la Sainte-Enfance.
Au-dessus de l’une des trois fenêtres des combles on lit la
date de 1767, gravée au milieu d’un écusson très-ornementé.
Au coin de la rue Saint-Mars
est une ancienne maison à tourelle appartenant à
M. le docteur Bourgeois. Cette maison remonte, dit-on, à François
et peut-être à l’origine de la rue Saint Jacques.
Plus loin, au coin de la
rue ou ruelle des Marionnettes, on remarque les bâtiments
de la Sous-Préfecture, qui remontent à l’année
1854.
Au Coin de la rue du Renard,
il y avait, dit-on, une auberge à l’enseigne du Renard
qui aurait donné le nom à cette rue.
Plus bas, auprès
de la promenade du Port, est un ancien pensionnat de demoiselles
dirigé autrefois par Mme Mellet, et aujourd’hui par Mme lsambert.
En décembre 1870,
le commandant de place prussien était installé dans
cette rue, maison de M. Dufresne.
Dans la rue Saint-Jacques,
il y avait encore l’hôtel de l’Image-Saint-Jacques, paroisse
Saint-Gilles (1); l’hôtel des Arquebusiers, probablement aux
alentours de la porte Saint-Jacques, et qui ne doit pas être
confondu avec l’hôtel de l’Arquebuse, situé au Port (2).
|
(1) Manuscrit des actes
de la paroisse Saint-Gilles.
(2) Bourgeois,
Quelques recherches sur le port d’Etampes.
|
Le couvent de la Congrégation était primitivement,
d’après Fleureau, dans une maison de la rue Saint-Jacques,
près de l’église [p.122] Saint-Basile,
sans doute la maison où reste M. le docteur Lallier. En 1630, l’archevêque
de Sens bénit lui-même la chapelle de ce couvent.
Durant la Révolution,
la rue Saint-Jacques prit le nom de rue de l’Égalité.
|
|
Carrefour des Religieuses. — A gauche
de la rue Saint-Jacques, en face la rue d’Enfer. Son nom lui vient
de l’ancien couvent des religieuses de la congrégation
de Notre-Dame, établi à Étampes en 1630,
du vivant de Pierre Fourier, fondateur de l’ordre. Ce couvent, primitivement
rue Saint-Jacques, fut transporté quelques années
après à l’endroit occupé aujourd’hui par le grenier
d’abondance, dont la destination première était d’emmagasiner
les farines jusqu’au chiffre de 14,000 quintaux. C’est maintenant
un magasin succursale de la papeterie de M. Darblay, à Essonnes.
Le grenier d’abondance est de 1823; il s’effondra vers 1825.
Les convois de prisonniers
français qui passaient à Étampes en 1870
y séjournèrent près de trois mois. Un curé
des environs de Vendôme, arrêté par les Prussiens
à cause d’un drapeau placé sur son clocher, reçut
sa grâce étant prisonnier en cet endroit.
La maison n°8 du carrefour
des Religieuses dépendait de l’ancien couvent, et on y
voit une belle cave de 11 mètres de profondeur qui contient
une ancienne chapelle (1).
|
(1) Minute de Me Hautefeuille,
notaire.
|
Le 19 septembre 1645, les religieuses de la Congrégation,
malgré l’opposition des Cordeliers, obtinrent de la duchesse
de Vendôme et d’Étampes la permission de renfermer la
rivière dans l’étendue de leurs héritages.
Le couvent eut beaucoup
à souffrir en 1652. Les religieuses furent renfermées
dans leur quartier et dans la cour des pensionnaires; le reste de
la maison fut livré au pillage. Le jardin servait de place d’armes
aux soldats des princes. Voyant les dangers continuels auxquels elles
étaient exposées, vingt et une religieuses et pensionnaires
munies de passeports furent menées avec une [p.123] bonne escorte à
Paris, chez les dames de Port-Royal. Les religieuses qui étaient
restées pour empêcher la perte de la maison soutinrent
de continuelles alarmes, mais les soldats n’entrèrent point dans
leur quartier, où il y avait toujours deux gardes qui les préservaient
des insultes (1).
|
(1) Annales
de la Congrégation.
|
En 1695, le couvent était des plus florissants, car il était
composé de cinquante-deux sœurs professes et de six converses
(2). En 1740, il n’est composé que de quarante à cinquante
religieuses (3).
|
(2) Almanach de Sens de
1778.
(3) Mémoires manuscrits particuliers.
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De 1752 à 1745, le désaccord régna entre le
couvent et l’autorité diocésaine, à propos de
la bulle Unigenitus et d’un nouveau catéchisme
de l’archevêque de Sens. Durant la nuit du 1er juin 1756, huit
religieuses furent enlevées et conduites par le prévôt
de la maréchaussée chez les religieuses de Saint-Charles
d’Orléans. Leur crime était d’avoir refusé de
reconnaître pour supérieure celle que l’archevêque
de Sens avait fait élire.
En janvier 1760, pour subvenir
aux besoins de l’État, la congrégation de Notre-Dame
d’Étampes fait l’envoi à la Monnaie de Paris de
sa vaisselle d’argent, pesant 27 mars 4 onces 2 gros.
Le 5 septembre 1792, les
religieuses, au nombre de trente, furent chassées de leur
couvent, et on les recueillit dans différentes maisons de
la paroisse Saint-Basile (4).
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(4) Archives nationales,
manuscrits particuliers. Le nombre de quarante à cinquante
est indiqué sur un mémoire manuscrit de 1740.
|
Le 4 novembre 1792, il y eut un envoi à la Monnaie de Paris,
par les administrateurs et procureur syndic du district d’Étampes
de l’argenterie provenant de la congrégation, pesée
par les citoyens Hugo et Énard, orfèvres, après
en avoir séparé les corps étrangers, savoir:
Deux calices, deux patènes,
un plateau, un soleil et un ciboire, le tout en vermeil et pesant
17 mars 6 onces 1 gros;
Une lampe avec sa chaîne,
quatre burettes et plats, un bénitier, un encensoir, une
navette et sa cuillère, quatre chandeliers, deux croix, un
calice, un ciboire et son couvercle, trois écuelles, une tasse,
un gobelet à pied, deux boites, une plaque, trois statues [p.124] représentant saint
Augustin, saint Joseph et la sainte Vierge, le tout en argent et pesant
85 marcs 6 onces 7 gros.
|
|
L’inventaire fait en 1792 nous apprend que le clocher contenait quatre
cloches, trois grosses et une petite (1).
Les religieuses persécutées,
accusées de complots contre la sûreté de l’État,
furent obligées de quitter leur établissement, devenu
bien national en 1792, et c’est un serrurier d’Étampes nommé
Delaville qui l’acheta, le 9 fructidor an IV (2).
Grâce à des
temps meilleurs, les sœurs le rachetèrent et s’y établirent
en 1808. Une ordonnance royale du 1er novembre 1826 leur a donné
une existence légale.
En 1864, elles firent reconstruire
l’ancienne chapelle des Cordeliers, qui leur était devenue
insuffisante, et c’est l’abbé Guillet, ancien vicaire de Notre-Dame,
mort directeur du petit séminaire de Versailles, qui se chargea
de la plupart des décorations. On y remarque surtout un ancien
tableau du peintre Liébaur, représentant l’apothéose
du bienheureux Fourier.
Le clocheton de la chapelle
a une ancienne cloche venant de la prison, et qui aurait été
donnée au couvent par le maire Romanet au commencement
de ce siècle. Elle porte cette inscription en lettres gothiques:
JE FU FAICTE L’AN MIL Vc LV ET FU NOMMÉE MARTHE. Son diamètre
est de 45 centimètres et sa hauteur de 40.
Derrière cette chapelle
on en voit une autre très-ancienne où prêcha,
dit-on, saint Bernard. A côté est une pièce munie
d’une immense cheminée sur laquelle sont écrits dans
un style gothique les mots: La Paix.
A droite est l’ancien cloître
des Cordeliers, ayant une quinzaine de belles colonnes en pierre
à chapiteaux sculptés; à côté,
le pensionnat datant de 1847 et sous lequel sont d’anciens souterrains.
Enfin, dans les cours, on voit les traces d’énormes piliers
venant du couvent des Cordeliers.
|
(1) V. la note B. Voici cette « Note justificative» B (p.
401): «B. Inventaire fait en la Congrégation les
21, 22, 23, 20 et 27 juillet 1790. Récolement et évaluation
de la maison les 3 et 4 septembre 1792. Sont comparues vingt-deux
sœurs d’Étampes, deux de Meaux, quatre sœurs converses et
deux novices…. Suit l’inventaire des objets se trouvant dans l’établissement:
la sacristie, l’église, la bibliothèque, l’infirmerie,
l’apothicairerie, le laboratoire, le réfectoire, la cuisine,
les trente-quatre lits dans les trente-quatre cellules, le chapitre,
le pensionnat, le dortoir, les offices, le parloir, le noviciat, les
serres, la laiterie, la basse-cour, la buanderie, les jardins, le poulailler,
le bûcher et les caves…. Biens immeubles, rentes, dettes
passives, titres et papiers dont soixante-trois concernent la ferme
de Guinette louée à Hélye….. Dans le clocher, trois
cloches de différentes grandeurs et une autre petite cloche servant
à une horloge en fer garnie de ses cordes et poids….. A chacune
des sœurs il est demandé si elles veulent rester ou sortir de la
maison; et toutes ont répondu que leur plus grand désir
était d’y vivre et mourir…. Signé: Voizot, Préaux,
Sibillon, maire, Crosnier, secrétaire (Archives départementales.)»
(2) V. la note C. Voici cette «Note justificative» C (pp.
401-402): «C. La commune d’Étampes demande à
être autorisée à faire l’acquisition de la maison
conventuelle de la ci-devant Congrégation (12 novembre 1792).
“Vu la délibération
du conseil général de la commune; considérant
l’utilité dont peut être à la commune d’Étampes
les bâtiments et dépendances de la Congrégation,
soit pour y construire des casernes, soit pour y transporter l’hospice…..
soit enfin pour y établir une maison d’éducation, estime
qu’il y a lieu d’autoriser la commune à se rendre adjudicataire
de la maison de la Congrégation.» Signé: Sagot,
Crosnier, secrétaire.
Dans une autre pièce
du 13 nivôse an II, on voit “le comité révolutionnaire
de surveillance de la commune faire paraître devant lui les
religieuses dénoncées indignement par la citoyenne
Coffi, ex-religieuse, [p.402] pour de prétendus
complots qui auraient existé au couvent en 1788 et 1789.”
Il existe aux archives
départementales des pièces analogues pour les autres
couvents d’Étampes.»
|
Rue de Vendôme.
— Elle va de la place Saint-Gilles à la rue des Cordeliers.
Son nom lui vient de l’hôtel de Vendôme, situé
dans la rue des Cordeliers, en face de cette rue. [p.125]
Un acte notarié du 7 décembre
1786 contient vente de l’hôtel où pend pour enseigne
le duc de Vendôme, par Gudin, greffier en chef de la police
royale d’Étampes, à Pierre-Louis Chevalier, moyennant
seize mille livres (1). L’ancien hôtel
de Vendôme a plus que doublé de valeur depuis un siècle.
|
(1) Minute de notaire.
|
C’est à l’hôtel de Vendôme, en décembre
1705, que les chevaliers de l’arquebuse d’Étampes donnèrent
une fête extraordinaire en l’honneur du duc de Vendôme
qui était aussi duc d’Étampes, à l’occasion de
la victoire qu’il venait de remporter au combat de Cassano.
On avait préparé
devant l’hôtel quatre pièces d’artifice: la première
représentait le duc de Vendôme poursuivant les alliés;
la deuxième, le duc mettant le feu dans les montagnes du
Piémont; la troisième, le même présentant
au roi des peuples enchaînés; et la quatrième,
la Victoire montrant au roi les quatre saisons.
Ces pièces étaient
accompagnées des quatre inscriptions:
Fiat Angelus persequens
et coarctans eos. (Ps. XXXIV.)
Tange montes et fulmigabunt.
(Ps. CXLIV.) Quis se abscondet a calore ejus.
(Ps. XVIII.)
Non timebo millia populi
circumdantis me. (Ps. III.) Omnia subjecisti sub pedibus
ejus. (Ps. VIII.)
Regnum tuum, regnum omnium
sæcularum. (Ps. CXLIV.)
Le feu était terminé
par une pyramide à quatre faces où étaient
représentées toutes les conquêtes du duc en
Italie, avec une Renommée au-dessus.
«Le roi de l’oiseau
de la compagnie des arquebusiers, nommé Hochereau, à
la tête des officiers, alluma le feu pendant que les officiers
en faisoient le tour, au son du tambour, du canon et des fauconneaux
qui étoient dans les tours de l’hôtel, des boîtes
et de toute la mousqueterie. Cette décharge finie, on tira le
feu, dont l’artifice, qui étoit nombreuse, fit tout l’effet
qu’on en pouvoit attendre et remplit toute la place (Saint-Gilles)
où ce feu étoit dressé. Après quoi la compagnie
fit encore une décharge et entra
[p.126] dans l’hôtel, où un
souper magnifique étoit préparé…. et fut suivi d’un
très-grand bal (1).»
|
(1) Mercure
Galant, décembre 1705.
|
Rue du Mouton. — Parallèle
à la rue de Vendôme, et à côté
d’elle. Son nom lui vient d’une ancienne auberge à l’enseigne
du Mouton, qui existait autrefois en face de cette rue, dans
celle des Cordeliers.
La rue du Mouton s’appelait
anciennement du Pivert.
Une petite rue fumant l’équerre
et appelée rue de la Sonnette existait encore il y a une
vingtaine d’année entre la rue du Mouton et la place Saint-Gilles.
|
|
Rue des Cordeliers. — C’est dans cette
rue, située au bas de la place Saint-Gilles et auprès
de la rivière, qu’on voyait autrefois le couvent des Cordeliers,
sur l’emplacement duquel est aujourd’hui le bel établissement
des Sœurs de la Congrégation. Comme le couvent des Cordeliers,
il va jusqu’à la rivière et est limité par la
tour du Loup et les murs d’enceinte de la ville.
Les Cordeliers ont été
établis cette ville au commencement du XIIIe siècle,
du vivant de saint François, fondateur de l’ordre.
D’après Fleureau,
la reine Blanche aurait été la fondatrice du couvent.
Durant les guerres de religion,
en 1567, les hérétiques mirent le feu à l’église
et à la maison de ces religieux, et l’un d’eux, Louis de
la Plaine, y fut mis à mort.
Le couvent fut rebâti
au moyen des aumônes du roi Henri III, de plusieurs princes
et seigneurs, et des habitants de la ville qui obtinrent la permission
de prendre le bois nécessaire dans la forêt de Dourdan.
L’église était
dédiée à saint Jean-Baptiste; on y remarquait
surtout les beaux vitraux et les chaires du chœur, qui contenaient
les armes des bienfaiteurs; le rétable du grand-autel, où
était représentée la passion sur un bas-relief
d’une délicatesse merveilleuse (2).
[p.127]
|
(2) Fleureau, p. 444.
|
les Cordeliers étaient au nombre de neuf en 1740 (1).
|
(1) Manuscrits particuliers.
|
Le cimetière des Cordeliers était situé sur
l’emplacement de la chapelle actuelle de la Congrégation,
car quand on fit cette chapelle, en 1863, on découvrit une
certaine quantité d’ossements venant d’un cimetière.
Le couvent des Cordeliers
et six arpents de pré furent vendus comme biens nationaux,
le 25 mai 1791, à Ch.-François Pajot, Th.-Alexis Charpentier,
président du district, et Louis-Antoine-Gabriel Hamouy, marchand,
moyennant 40,400 fr. Ces biens, qui appartenaient de nouveau aux Cordeliers
et à l’émigré Pajot cinq ans plus tard, furent
vendus audit Charpentier moyennant 23,071 fr. (2).
|
(2) Archives départementales.
|
Une maison et grange situées dans cette rue, et qui appartenaient
à la commanderie de Châlou à la Révolution,
furent vendues comme bien national, le 19 décembre 1791,
à Th.-Alexis Charpentier et Louis-Antoine-Gabriel Hamouy,
coacquéreurs, moyennant 8,850 fr. (3). C’était, dit-on,
l’ancienne résidence des Templiers du Chênay.
|
(3) Id.
|
S’il faut en croire un ancien
poète étampois, Claude-Charles Hémard de Danjouan,
les Cordeliers avaient un chien barbet d’un instinct et d’une habileté
extraordinaires. Cet animal pêchait les écrevisses
en si grande quantité, qu’il en fournissait à tout le
couvent. A cet effet, il plongeait dans la rivière, où
y avait beaucoup d’écrevisses, et il revenait à la cuisine
des religieux ayant le poil tout couvert de ces animaux (4).
|
(4) Le
Chien pêcheur, ou le Barbet des Cordeliers d’Étampes,
poèe héroï-comique en latin et en français.
|
Ainsi qu’on le verra plus loin, on remarque dans l’église
Saint-Gilles une pierre tumulaire venant de l’église du couvent
des Cordeliers.
Pendant la Révolution, la rue des Cordeliers devint la
rue Bourzonville.
Au coin des rues des Cordeliers
et de l’Abreuvoir-des-Cordeliers, dans un terrain dépendant
de l’ancien hôtel de Vendôme, on vient d’établir
un moulin à vapeur important, appelé moulin Riquois. [p.128]
L’Hôtel du Roi-d’Espagne,
supprimé vers 1826, était au coin des rues des Cordeliers
et de la Manivelle.
Rue de la Manivelle. — Rue très-courte,
à droite et au bout de la rue des Cordeliers, et formant, pour
ainsi dire, une manivelle avec la rue Basse-de-la-Foulerie.
Cette rue formait autrefois
la limite de la franchise du marché Saint-Gilles et s’appelait
Carrefour des Béguines, parce que ces femmes
avaient un lieu d’assemblée dont la place était «au
bout de la rue de la Foulerie, vers Saint-Gilles.... Ces femmes,
sans renoncer au mariage ni s’obliger par aucun vœu, vivaient ensemble
en chasteté religieuse (1).»
Rue de l’Abreuvoir-des-Cordeliers.
— Rue étroite, dans le prolongement de la rue de Vendôme,
et qui, comme son nom l’indique, mène à la rivière
et à l’ancien abreuvoir du couvent des Cordeliers.
Rue de l’Abreuvoir-du-Mouton.
— Elle fait suite à la rue du Mouton et mène au
marché aux bestiaux, après avoir traversé la
rivière sur un beau pont en pierres de taille.
|
(1) Fleureau, p.
469.
|
Anciennement cette rue était
très-étroite et s’appelait rue du Port-Saint-Gilles.
|
|
Rue du Puits-du-Coq. — Rue étroite,
allant de la place Saint-Gilles à la rue Neuve-Saint-Gilles.
Son nom lui vient du puits de l’ancien hôtel
du Coq, qui sert encore aujourd’hui aux habitants du quartier.
|
|
Rue de la Rose. — Va
de la rue Saint-Jacques à la place Saint-Gilles. Ainsi nommée
à cause de l’hôtellerie de la Rose, dont on
voit encore l’ancienne enseigne, et qui était située
dans la rue Saint-Jacques, en face de cette rue.
|
|
Place Saint-Gilles. — Va de la rue Traversière
à la rue Simonneau et longe en face de Saint-Gilles, d’où
elle tire son nom. [p.129]
Cette place, très-longue
et très-étroite, sert le samedi de marché au
blé de un temps immémorial.
Primitivement ce marché
avait lieu le jeudi et s’appelait le Marché-Neuf.
En l’année 1123, nous voyons le roi Louis-le-Gros accorder
des privilèges pour dix ans aux personnes demeurant dans le Marché-Neuf
d’Étampes ou Marché-du-Roi,
et à celles qui viendront y demeurer (1).
|
(1) Table chronologique
des ordonnances, par Pardessus.
|
Un arrêt de l’année 1266 déclare exempts de tous
droits dans les marchés du roi, à Étampes,
les chambriers de l’abbaye de Morigny, demeurant autour de l’abbaye
(2).
|
(2) Actes du Parlement
de Paris, par Boutaric.
|
Les habitants du marché Saint-Gilles étaient obligés
de fournir le linge, la vaisselle et la batterie de cuisine à
la cour du roi lorsqu’il était à Étampes, servitude
bien ancienne et remontant à nos premiers rois. De là
un dépeuplement du quartier, qui devint bientôt presque
inhabité. Pour obvier à cet état de choses,
le roi Louis-le-Gros accorda divers privilèges aux habitants
du marché Saint-Gilles, dont voici les limites, d’après
Fleureau:
«Du côté
d’en haut, depuis la porte de la Barre ou de Saint-Martin, jusques
à la maison où pend pour enseigne l’Écu-de-France,
une partie de cette maison y étant comprise; et du côté
d’en has, tirant par devant les Cordeliers, jusques au bout de la
rue dite de la Manivelle, où l’on rencontre une ruelle
qui conduit à la rivière; et de cette ruelle imaginant
par l’air une ligne qui aille joindre la maison de l’Écu (3).
|
(3) Fleureau, p. 94.
|
Par suite des guerres du XIVe siècle, les habitants du marché
Saint-Gilles, réduits à la plus grande misère,
Etampes ayant été pillé à plusieurs reprises,
Louis d’Évreux, comte d’Étampes, supprima la servitude
en juillet 1378, et les exempta de fournir la vaisselle au roi, à
condition qu’ils paieraient 10 livres parisis de rente.
En l’année 1360,
lors des guerres avec l’Angleterre, la tenue du marché Saint-Gilles
fut transférée devant l’église Notre-Dame;
mais les guerres ayant cessé, on put tenir le marché
au lieu accoutumé. [p.130]
Un siècle plus tard,
pareille chose arriva, et le marché au blé revint
momentanément sur la place du Petit-Marché (1).
|
(1) Fleureau, p. 97, 98.
|
Il était défendu aux habitants d’aller au devant des
blés et des grains qui arrivaient dans la ville, parce que
ces objets payaient des droits de minage sur le marché. Cet
arrêt du parlement, du 19 février 1639, «....enjoint
à tous laboureurs demeurans en dedans de deux lieues près
d’Étampes, qui voudront amener des grains pour vendre en ladite
ville, de décharger iceux en plein marché à poche
découverte et non par montre, et dont le droit de minage sera
payé au receveur du domaine, à ses commis ou aux fermiers,
à raison d’une mine pour muid….» Ce règlement fut
fait par suite des prétentions des mesureurs, qui voulaient faire
payer le droit de minage non seulement sur le marché, mais encore
chez les particuliers (2).
|
(2) Traité
de la police, par Delamare, t.II, p. 770.
|
Un acte de l’année 1662 contient «rente sur une maison,
cour et jardin scize au marché de Saint-Gilles, soubz les
pilliers (3)». Ces piliers, que l’on voit encore, sont donc
très-anciens.
|
(3) Mémoires manuscrits
des actes de la paroisse Saint-Gilles.
|
Le mesurage des grains qui se vendaient sur les marchés d’Étampes
fut réglé par un arrêt du parlement de Paris
du 8 mars 1783 (4).
En 1793, les factions révolutionnaires
élevèrent sur cette place une butte faite de terre
et de tonneaux vides qu’on appelait la Montagne, sans doute
à cause des Montagnards, qui étaient
nombreux à Etampes. C’était l’autel de la Raison, destiné
à remplacer l’église Saint-Gilles que l’on voulait convertir
en halle au blé.
Il y eut à Etampes
des fêtes révolutionnaires dans lesquelles un citoyen
montagnard ou sans-culotte était promené triomphalement
par toute la ville dans un char et accroupi sur un tonneau, avec
beaucoup de feuillage sur la tète (5).
Les jours de décadi,
on faisait sur cette place, appelée alors place de la Régénération,
une sorte de mascarade dans laquelle Valentin Sadoux était
porté en triomphe devant un grand tableau représentant
la Force. [p.131]
Du reste, les procès-verbaux
de la Convention font mention de ces fêtes qu’on faisait
à Dourdan et à Etampes en l’honneur de la régénération.
|
(4) V. les notes 38 et 39. Voici ces «Notes bibiographiques» n°
38 et n°39 (p.380): «38. Arrest de la cour de parlement
qui homologue l’ordonnance rendue par le lieutenant-général
du bailliage d’Étampes pour la continence de la mesure et
pour le mesurage des grains qui se vendent dans les marchés
de la ville d’Étampes (du 8 mars 1783). — A Paris, chez Simon,
1783, in-4 de 7 p.
39. Arrests du conseil
d’Estat du roy, le premier qui casse une sentence des élus
d’Étampes du 9 avril 1734 et un arrêt de la cour des
aydes de Paris du 6 août 1735. Ordonne que la contrainte décernée
contre Antoine Duvergé, maître de la poste de la ville
d’Étampes, pour les droits de deux poinçons et demi de
vin de son crû, sera exécutée... Le second déboute
ledit Duvergé de son opposition... le condamne au coût
du présent arrêt, liquidé à 75 livres. (Des
10 avril et 13 novembre 1736.) — A Paris, chez Pierre Prault, imp., 1736,
in-4 de 15 p.»
(5) Ceci m’a été
raconté par un vieillard octogénaire.
|
Le 9 octobre 1793, le conventionnel Couturier célébra
révolutionnairement sur cette place, devant l’arbre de la liberté
qu’il avait planté le 17 octobre, le mariage de Henri Salmon,
curé de la paroisse de Champigny (près Morigny), âgé
de cinquante-six ans, avec sa domestique, agée de quarante-huit
ans. Couturier était assisté du citoyen Dûché,
officier public à Etampes. Le mariage se fit au milieu d’une
grande affluence, en présence de Charpentier; Sébillon,
administrateur du département; Sureau fils, juge de paix; Baude,
président du tribunal du district (1).
En mars 1848, on prêta
serment à la Constitution sur cette place, où on
avait élevé une estrade auprès de l’arbre de
la liberté.
Le marché Saint-Gilles
et ses abords servaient aussi de marché aux bestiaux, qui
devint un marché franc le 5 mai 1860. Mais l’emplacement étant
devenu insuffisant, on a établi dans la prairie en 1867, une
annexe du marché aux bestiaux, lequel a lieu tous les premiers
samedis du mois.
|
(1) V. la note 150.
Voici cette «Note bibliographique»n°150
(p.393): «150. Tablettes historiques d’Étampes
et de ses environs, par B. de F.. — Étampes, imp. de A. Allien,
3, rue du Pont-Quesneaux, 1876, in-8 de IV-146 p.»
|
En outre, depuis le 2 juillet 1879, il se tient, tous les mercredis
sur cette place un marché pour la vente des légumes,
volailles et autres denrées.
Enfin, sur la place Saint-Gilles,
a lieu pendant huit mois de l’année le marché à
la criée pour le poisson de mer venant du train de marée.
Pareille chose les mardis et vendredis sur la place du Petit-Marché.
L’ancien cimetière
Saint-Gilles était au bout de l’église, à côté
de la rue du Vicariat, et allait, dit-on, jusqu’aux piliers qui
supportent les arcades d’une très-ancienne maison de l’extrémité
de la place.
|
|
Rue Traversière. — Va de la place
Saint-Gilles à la rue des Cordeliers. A cette rue se rattachent
des souvenirs historiques bien intéressants. C’était
elle que nos aïeux appelaient rue de la Femme-sans-Tête,
ou Monte-à-Regret, ou du supplice. En effet, [p.132] c’était à
la rencontre de la place Saint-Gilles avec cette rue que l’on plaçait
autrefois le pilori, la guillotine et le carcan; c’est là
que plus souvent on exposait les condamnés à
la vue du public.
Ce fut probablement en
ce lieu que du Ruth fut appliqué à la question avec
sept ou huit de ses compagnons, le lundi 11 mai 1557, pour avoir
dévalisé l’église de l’abbaye de Morigny,
le 6 mai précédent. Emmenés prisonniers à
Étampes le lendemain du crime, «ils furent tous condamnez
à la mort, dit Fleureau, et exécutez par diverses sortes
de supplices. Du Ruth (seigneur du hameau de Venant) et son gendre
(Étienne de la Mothe, seigneur de Ronqueux) furent décapitez,
et leurs corps et leurs têtes jettez dans un bûcher et
réduits en cendres, huit jours après avoir commis le
crime. Le valet de du Ruth fut roué vif avec d’autres quelques
jours après, et d’autres seulement pendus et étranglez
(1).»
|
(1) Fleureau, p. 549.
|
En 1652, au même endroit, on dut voir appliquer à la
question ordinaire et extraordinaire deux habitants du faubourg Saint
Martin soupçonnés d’avoir dévalisé l’église
dudit faubourg (2).
|
(2) V. la Rapsodie.
|
Un arrêt du parlement du 25 janvier 4751 «condamne Louise
de Lars, Cantienne Pichard, Marie Soret à estre battues
et fustigées nues de verges par l’exécuteur de la
haute justice, aux carrefours et lieux accoutumez de la ville et
fauxbourgs d’Estampes (3), avec écriteau devant et derrière
où sont écrits ces mots: «Voleuses de grains
pendant la moisson, sous prétexte de glaner.»
Un jugement
souverain du 1er avril 1746 «condamne le nommé Gilles
Breton, facteur du bureau de la poste aux lettres d’Estampes, à
estre attaché et mis au carcan pendant trois jours de marché
consécutifs, avec écriteau portant ces mots: “Facteur
de lettres, fabricateur de fausses taxes” (4)....»
Le 22 juillet 1792, un jugement rendu à Versailles, à
propos de l’assassinat du maire Simonneau, condamna à la peine
de mort les nommés Gérard (Henri), âgé
de quarante-cinq ans, ancien garde-chasse à Étampes,
et Baudet (Gabriel), âgé de quarante ans, charretier [p.133] à Étampes,
ancien carabinier. Le jugement portait que «ces deux individus
seraient exécutés à Étampes, sur la place
Saint-Gilles, et seraient conduits à l’échafaud vêtus
d’une chemise rouge;» mais les événements de la
Révolution empêchèrent l’exécution, méprisant
le jugement et l’arrêt confirmatif de la Cour de cassation du
5 janvier 1793 (1).»
Le meurtre de Simonneau dut influer
sur les rigueurs de la justice, car les condamnations du tribunal
criminel de Versailles, de l’année 1792 à l’an III,
et concernant le district d’Étampes, sont nombreuses.
Le 17 juillet 1792, un
jugement de ce tribunal condamne Antoine Peccadeau, bourgeois,
à huit ans de fers et à l’exposition pendant six heures
pour avoir volé chez le sieur Pro, horloger, une montre d’argent.
En marge de l’expédition de ce jugement est une note signée
Périer, grellier du tribunal du district d’Étampes, constatant
que «le samedi 11 août 1792, an IV de la liberté....
Antoine Peccadeau a été remis à l’heure de dix du
matin ès mains de l’exécuteur des jugements criminels qui
l’a conduit en la place du marché Saint-Gilles de cette ville,
où il est demeuré sur un échafaud depuis ladite heure
de dix du matin jusqu’à celle de quatre de relevée, aiant
un écriteau au-dessus de sa tête, conformément audit
jugement.»
|
(3) V. la note 17. Voici
cette «Note bibliographie» n°17 (p. 376):
«Arrest de la cour de parlement qui condamne Louis de Lars,
Cantienne Pichard, Marie Sort, d’estre batuës et fustigées
nuës de verges, et flétries d’un fer chaud, avec écriteaux
portant ces mots: «Voleuses de grains pendant la moisson, sous
prétexte de glaner,» et au banissement [sic], avec sept autres de leurs complices
(du 23 janvier 1731). — A Clermont, de l’imp. de P. Boutaudon, seul
imp. du roy, in-4 de 3 p.»
(4) V. la note 29. Voici cette «Note bibliographique» n°29
(p. 378): «29. Jugement souverain du 1er avril 1746,
qui condamne le nommé Gilles Breton, facteur du bureau de la
poste aux lettres d’étampes, à être attaché
et mis au carcan pendant trois jours de marché consécutifs,
avec écriteau portant ces mots. «Facteur de lettres,
fabricateur de fausses taxes,» et à un bannissement
de la généralité de Paris pendant trois ans. — A
Paris, de l’Imp. royale, 1746, in-4 de 4 p.»
(1) Mortimer-Ternaux, Hist. de
la Terreur.
|
Le 21 juillet 1792, Remy Aubagnan fut condamné par le même
tribunal à douze ans de fer et à l’exposition pendant
six heures pour les vols suivants: 1° chez Pierre Force, charretier
au village de Marchais, district d’Étampes, un écu de
six livres et une paire de petites boucles d’argent; 2° chez J.-B.
Houry, journalier à Courances, de l’argent et des billets monnayés.
En marge, une note signée
Périer constate que le samedi 11 août 1792, le condamné
a été exposé place Saint-Gilles, de dix heures
du matin à quatre heures du soir.
Un jugement du même
tribunal du 29 juillet 1793 porte ce qui suit: «Vu.... la déclaration
du juré de jugement portant qu’il est constant que, le 5
juin dernier, partie des galons d’or, passepoiles, draps, velour
et taffetas garnissant une des voitures servant au [p.134] transport
des volontaires à l’armée de la Vendée ont été
volés dans le voyage d’Angerville à Étampes;
«Que Jean-Baptiste
Helvin est convaincu d’être l’auteur de ce vol;
«Qu’il est constant
que lorsqu’il a commis ce vol, Jean-Baptiste Helvin était
dépositaire, par l’effet d’une confiance nécessaire
(à raison de ses fonctions publiques de conducteur des charrois),
des effets et voitures servant aux transports desdits volontaires;
«Condamne J.-B. Helvin,
âgé de quarante-sept ans, né à Vaucouleurs
(Meuse), conducteur des charrois des armées, demeurant ordinairement
à Montlhéry, à douze années de fers
et à six heures d’exposition.
Une note en marge, signée
Périer, constate que «le samedi 34 août 1793,
l’an II de la République, le condamné a été
exposé place du Marché-Saint-Gilles, de dix heures
du matin à quatre heures de relevée.»
Un jugement du 22 nivôse
an II condamne Claude Chabert, tailleur à Fontainebleau,
à quatre ans de détention et à deux heures d’exposition
pour vol.
L’exposition eut lieu le 9
brumaire an III.
Le 19 floréal an
II, Chaude Benié, cultivateur à Boissy-sous-la-Montagne,
district d’Étampes, est condamné à quatre ans
de fers et à six heures d’exposition pour vols. Une note non
signée constate que l’exposition eut lieu le 9 brumaire an
III sur la place de la Révolution.
Le 46 fructidor an III,
sont condamnés à huit ans de fers et à six
heures d’exposition, pour vols d’effets d’habillement, les trois Espagnols
Jean De Manuel Aylagas et Isidore Garcia, soldats de marine, prisonniers
de guerre, cazernés (sic) à Étampes.
Une note signée Périer en marge du jugement constate
que «le 29 pluviôse, IIIe année républicaine
une et indivisible (sic), le jugement ci-contre aïant
été lu aux trois particuliers y dénommés,
amenés à cet effet en la chambre du conseil, ceux-ci
ont été ensuite remis à l’exécuteur de
la haute justice, qui les a conduits sur la place de la Révolution
de cette commune, où ils sont restés sur un échafaud
exposés au regard du peuple pendant six heures.»
Le 20 fructidor an III,
le même tribunal condamna Nicolas Robillard, [p.135] dit Louis
Tondu, marchand de chevaux à Paris, né à Boutervilliers,
à vingt-quatre années de fers et à six heures
d’exposition «pour vols commis à force ouverte, par
violence, envers les personnes, avec escalade, effraction, par plusieurs
personnes, la nuit, dans une maison habitée, par des personnes
porteurs d’armes meurtrières.»
Une note constate que l’exposition
a eu lieu sur la place Saint Gilles, le 11 vendémiaire, IVe
année une et indivisible (sic).
Voici les faits qui ont motivé
ce jugement:
«Dans la nuit du
10 au 11 septembre 1790, plusieurs hommes, parmi lesquels se trouvait
Robillard (les autres n’ont pu être retrouvés), et
paraissant être au moins six, ont pénétré
dans le jardin du sieur Jean Bailly, cabaretier à Boutervilliers;
ils sont ensuite montés sur la maison, ont fait un trou de quatre
pieds carrés, et ne pouvant y entrer, ils ont forcé trois
barreaux de fer à une fenêtre. Une fois entrés
dans la maison par cette fenêtre, ils ont pris la fille Bailly
qui était dans sa chambre, et l’ont transportée sur le
lit où étaient couchés ses père et mère.
Le fils, qui avait entendu du bruit, avait déjà quitté
sa chambre et s’était glissé sous le lit de ses parents.
Lesdits particuliers ont lié avec des ligatures de linges provenant
de draps par eux coupés, tant Bailly et sa femme que leur fille
et leur fils, en les menaçant de les tuer s’ils remuaient, leur
mettant même un razoir sous le col et les menaçant de leur
couper la gorge s’ils ne disaient pas ce qu’ils avaient d’argent, où
il était, et qu’ils étaient tenus de parler s’ils ne voulaient
pas périr. Les voleurs enlevèrent un grand nombre de
vêtements, beaucoup de linge, du vin, des fromages, du beurre;
etc., et 800 livres environ d’argent comptant. Un sieur Jean Renard, qui
était au nombre des voleurs, avait pu être arrêté,
mais il s’est évadé.»
En 1796, on vit sans doute
au même lieu l’exposition des deux brigands de la bande d’Orgères,
condamnés à quatorze ans de fers comme faux monnayeurs:
François Girodot, dit Beau-François, chef de la bande,
et Pierre Levieux, qui tenaient place à la foire d’Étampes
à la fin de septembre 1796, vendant des mouchoirs et de
la quincaillerie provenant de vols, et rendant des écus faux
contre de la bonne monnaie. [p.136]
La justice d’Étampes
ne soupçonna pas l’importance de la capture qu’elle venait
de faire en la personne de Beau-François, car le 15 juillet
1797, vu le défaut de surveillance, il s’évada de la
prison d’Etampes et reparut à la tête de sa troupe. Il
fallut attendre trois années pour le repincer avec toute la bande,
et il figura dans le fameux procès de la bande d’Orgères,
qui se termina à Chartres le 9 thermidor an VIII, et dans lequel
figurèrent quatre-vingt-deux prévenus présents
et trente-trois contumaces (1).
|
(1) La bande
d’Orgères, par Coudray-Maunier, 1858, in-8. — Les
Chauffeurs, extrait des Causes célèbres,
de Fouquier. Paris, Lebrun, in-8.
|
Le 21 octobre 1820, à midi un quart, ont été
guillotinés sur la place Saint-Gilles: 1° Pierre-François
Péchard, dit le Petit-Hervet, cordonnier, âgé
de trente-six ans, domicilié à Breuillet (Seine-et-Oise);
2° Louis-Magloire Morin, dit Leblond, maquignon, âgé
de trente-neuf ans, domicilié à Étréchy;
3° Marie Morinet, dit Désiré, ancien garde-moulin,
âgé de quarante ans, domicilié à Breux,
canton de Dourdan, tous trois mariés (2) et condamnés
à la peine capitale par la cour d’assises de Seine-et-Oise, pour
avoir, à l’imitation de la bande des Chauffeurs, commis des vols
à main armée eu chauffant les pieds de leurs victimes,
et notamment en brûlant les pieds du curé de Guillerval, près
d’Étampes, ce qui entraîna sa mort.
|
(2) Extrait des
registres de l’état-civil.
|
Les circonstances de l’arrestation de Morinet sont assez curieuses.
C’est son fils qui l’aurait dénoncé involontairement
en disant, par imprudence, que son père «avait beaucoup
d’or chez lui.» Ces paroles étant venues à l’oreille
de la police, on fit une perquisition chez Morinet, qui amena la découverte
d’un véritable trésor dans le pied de son lit qu’il
avait perforé. La veille de son supplice, Morinet reçut
dans la prison d’Étampes la visite de Mainfroy-Huet, meunier
au moulin Darnatal, et lui demanda si c’était lui qui avait volé
au vieux moulin de Morigny quelques années auparavant. Il répondit:
«Je vais mourir demain; cela ne me fait rien de dire la vérité.
Eh bien! foi de Désiré, ce n’est pas moi.» Les
vrais coupables n’ont été découverts qu’une vingtaine
d’années après.
Le curé de Guillerval
s’appelait Étienne Travers. Quelques années avant
sa mort, il avait fait son testament, admirable de style et de
clarté. [p.137]
Le samedi de la foire Saint-Michel,
4 octobre 1828, on exposa au pilori le nommé Rué,
dit Vaillant, et deux autres membres de sa famille, qui avaient volé
le linge provenant de la lessive de Boivin-Chevalier, alors maire
d’Étampes. Le vol eut lieu en mars 1826, et les voleurs, qui
habitaient le faubourg Saint-Pierre, avaient caché le linge
dans une carrière au-dessus du hameau de Bretagne, près
de l’ancien chemin de Maisse.
|
|
Rue du Vicariat. — Après
la rue de la Rose, et menant comme elle de la rue Saint-Jacques
à la place Saint-Gilles. Cette rue, qui s’appelait autrefois
rue de la Sacristie, fut sans doute nommée
rue du Vicariat à cause d’un vicariat ou
habitation des anciens vicaires de Saint-Gilles. En mai 1787, le nommé
G..., condamné à mort pour vol et le dernier pendu à
Étampes, fut attaché à la potence au bas de
cette rue.
Pendant la Révolution,
elle s’appelait rue des Songes.
|
|
Rue Simonneau. —
Autrefois rue de l’Étape-au-Vin, ce qui indiquait
un marché au vin, l’un des principaux commerces du pays,
car le nombre des vignerons était de soixante-dix-huit au
XVIIe siècle.
D’après l’article
24 de son ordonnance de police en faveur des habitants d’Étampes,
le roi Louis VII «donne au voyer un septier de vin rouge
du crû d’Étampes pour son droit de chaque loge qu’on
dressera (1).
|
(1) Fleureau, p. 114.
|
L’historien d’Étampes nous apprend, du reste, que les vins
se vendaient, comme les blés, sur la place Saint-Gilles (2).
|
(2) Id.,
p. 99.
|
Sous l’ancienne monarchie, le marché d’une ville s’appelait
aussi l’Étape; de là l’ancien nom de cette
rue, qui conduisait au marché; en effet, elle s’appelait primitivement
rue de l’Étape.
En vertu d’une saisie de
Pierre Sureau, huissier-royal-voyer au bailliage, en date du 24
juillet 1745, on conduisit en fourrière une voiture attelée
de deux chevaux, chargée de quinze sacs de froment, trouvée
à Étampes, rue de l’Étampes, près le
marché Saint-Gilles, le tout appartenant à Lamoureux,
meunier du moulin de [p.138] Pierre-Brou.
Ce blé venait d’être chargé en l’hôtellerie
des Bons-Enfants, rue de l’Étape, où
demeurait le sieur Sergent fils (1).
Son nom actuel lui vient de l’infortuné maire d’Étampes,
qui fut massacré dans l’émeute du 3 mars 1792. Il tomba
sous les coups des assassins et expira dans le haut de cette rue,
en face la maison qui sert aujourd’hui au presbytère Saint-Gilles.
|
(1) V. la note 32.
Voici cette «Note bibliographique»
n°32 (p.): «32. Arrest de la cour de parlement concernant
la quête et chasse des grains dans la ville et ressort d’Étampes
(du 31 janvier 1763). — De l’imp. de la veuve d’Houry, rue Saint-Séverin,
s.d., in-4 de 16 p.»
|
En mémoire de cet événement, des services funèbres
eurent lieu dans toutes les villes de France, par ordre de l’Assemblée
nationale, où des discours, la plupart imprimés,
ont été prononcés, notamment à Arpajon,
Beaumont-sur-Oise, Blois, Dijon, Étampes, Lyon, Orléans,
Paris, Saint-Lô, Versailles (2)....
Le 3 juin 1792 eut lieu
à Paris la fête de la Loi en l’honneur du maire
d’Étampes, mort pour avoir défendu la loi,
et des pièces de vers ont été publiées
à cette occasion. Voici celle du poète Camas, extraite
de l’Almanach des Muses de 1793 (3):
Loin d’associer ma mémoire
Au nom de ces brigands
fameux
Dont les titres à
la gloire
Ne sont que des forfaits
heureux,
A l’amour des lois,
au civisme,
J’offre l’essai de
nies pinceaux:
Sans la vertu, point
d’héroïsme,
Et je veux peindre
des héros.
Un magistrat de la
patrie,
Au milieu d’un peuple
égaré,
Des lois, aux dépens
de sa vie,
Ose être l’organe
sacré.
Il meurt, et son
trépas sublime
Opère un prodige
nouveau:
Ses bourreaux, honteux
de leur crime,
Vont l’expier sur
son tombeau.
Pour qui cette fête
publique,
Auguste et simple
en ses apprêts?
Des rameaux de chêne
civique
Enlacés aux
tristes cyprès
Ornent l’écharpe
magistrale.
Tremblez, fiers rivaux
des Français; [p.139]
Des lois la fête
triomphale
Est le garant de
leurs succès.
Vous que l’amour
de la patrie
Échauffe de
ses nobles feux,
Redoublez encor d’énergie
En combattant les
factieux.
Jurez en ce jour
de défendre
Les lois dont il
mourut l’appui.
Amis, c’est payer
à sa cendre
Le seul tribut digne
de lui.
Voici maintenant les deux morceaux qui ont été exécutés
au Champ-de-Mars le 3 juin 1792, et dont les paroles du poète
Roucher ont été mises en musique par le fameux compositeur
Gossec (1):
HYMNE FUNÈBRE.
Gémis et pleure
sur ton crime,
O toi qu’ont trompé
les méchants;
Gémis: qui
prends-tu pour victime?
Sur qui frappent
tes coups sanglants?
Ils succombent sous
ta furie,
Les magistrats choisis
par toi.
Simonneau! Simonneau!
tu meurs, et la patrie
S’écrie:
O jour de sang! ô
jour impie!
L’homicide a souillé
l’écharpe de la loi.
CHANT DE TRIOMPHE.
Salut et respect
à la loi!
Honneur au citoyen
qui lui reste fidèle!
Triomphe au magistrat
qui sut mourir pour elle!
Salut et respect
à la loi!
Qu’on la chérisse,
qu’on la craigne;
Elle règne
Par l’amour et l’effroi.
Nouveau peuple français,
marche sous son enseigne;
La sainte liberté
va marcher avec toi.
Une pièce de comédie intitulée La Mort de
Simonneau, par Gosse, a été représentée
à Paris sur le théâtre du Marais, les 1er, 3, 4,
6 et 9 mai, et le 4 juin 1702. La famille Simonneau assistait à
cette dernière représentation (2). [p.140]
Certains indices font croire
que cette pièce a été imprimée; mais
on n’a pas encore réussi à la rencontrer. L’heureux
possesseur de cet imprimé rarissime peut seul trancher la
question.
La collection la plus complète
de pièces imprimées, lois, décrets, discours
sur la mort de Simonneau, comprend trente à quarante pièces
et a été acquise par le British Muséum de Londres,
dans une vente importante d’imprimés sur la Révolution.
Il existe deux gravures
représentant la fête de la Loi: l’une dans les Tableaux
de la Révolution française par Duplessis Bertaux,
l’autre dans les Révolutions de Paris, par Prudhomme.
A cette fête, le patriote
Palloy, accompagné de ses apôtres, prononça
un discours qu’il termine ainsi en s’adressant à la veuve
Simonneau:
«J’ai l’honneur de
vous offrir, Madame, une pierre de la Bastille où est gravée
la lettre du président de l’Assemblée nationale,
qui vous apprend le décret honorable qu’elle a rendu le
18 mars 1792, relativement à votre époux (1).»
C’est précisément
cette pierre qu’on voit au musée d’Etampes, qui a été
offerte par l’un des descendants de Simonneau. Elle mesure 0m 655
de hauteur, 0m 485 de largeur, et porte l’inscription suivante:
A Paris, le 25 mars
1792, l’an IV de la Liberté.
L’Assemblée nationale,
Madame, a appris avec
la plus vive douleur
la mort de M. Jacques Guillaume
SIMONNEAU, votre époux,
maire d’Étampes, massacré par
des brigands qui s’opposoient
à l’exécution de la loi. La
mémoire de ce
vertueux magistrat du peuple qui a péri
victime de son dévouement
vivra éternellement dans le
cœur de tous les citoyens
françois; son nom sera toujours
prononcé avec
ce respect, cette vénération si justement
dus à celui qui
s’est sacrifié pour le maintien des loix.
L’Assemblée nationale,
profondément touchée de la
conduite noble et courageuse
de ce digne citoyen, qui
n’a pas balancé
un instant entre sa vie et son devoir, a
déclaré
qu’il a bien mérité de la patrie, et elle a décrété
qu’il seroit élevé
à l’endroit même qu’il a expiré
sous les coups de ses
assassins un monument qui
attesterait à
la postérité la plus reculée la reconnaissance
nationale. [p.141]
Je m’empresse, Madame,
d’après le décret de l’Assemblée
nationale, de vous faire
passer l’extrait de son procès-
verbal et le rapport
du comité de l’instruction publique
sur les honneurs à
rendre à la mémoire de M. Jacques-Guillaume
Simonneau, votre époux.
Puisse, Madame, tout
ce que les représentants de la nation ont fait pour
illustrer à jamais
le nom de ce citoyen généreux adoucir vos peines
et répandre dans
votre âme les consolations dont vous avez besoin.
Le Président de
l’Assemblée nationale,
GENSONNÉ.
Mme la veuve de Jacques
Guillaume SIMONNEAU, maire d’Étampes.
Dans cette pierre provenant
des cachots de la Bastille est en cadrée la copie de la
lettre adressée à la veuve Simonneau par le président
de l’Assemblée nationale, donnée à la famille
du vertueux maire d’Étampes, sur les ruines de cette forteresse,
le 3 juin, l’an IV de la liberté, par Palloy, patriote.
|
(2) V, les notes 61 à 80, 82, 83,
et 166 à 169. Voici ces «Notes bibliographiques»
(pp.382-385; on notera que Marquis renvoie à des notes
166-169 qui n’existent pas, sa numérotaion s’arrêtant
à 165bis. Il semble qu’il ait renoncé à reproduire
à la fin de sa bibliographie celle qu’avait éditée
peu de temps auparavant son rival Paul Pinson, et il s’est contenté
d’y renvoyer le lecteur): «61. Loi relative au maire
d’Étampes. Donné à Paris le 21 mars 1792. — A
Dijon, de l’imp. de Capel, 1792, in-4 de 2 p.
62. Pétition des
citoyens de la ville d’Étampes à l’Assemblée
nationale, tendant à assurer la subsistance et à opérer
la tranquillité publique. — S.d. (vers mars 1792), in-4.
63. Discours prononcé
dans l’église paroissiale de Beaumont-sur-Oise, le jour
du service que cette ville a fait célébrer pour le
maire d’Étampes, par Antoine-Alexis Cadet (de Vaux). — Paris,
imp. du Journal de Paris, in-8 (1792). [p.383]
64. Rapport sur les honneurs
à rendre à la mémoire de J.-G. Simonneau,
maire d’Étampes, au nom du comité d’instruction publique,
par Jean Debry, et décret du 28 mars 1792. — S.d. (1792),
in-8 de 6 p.
65. Dénonciation
à l’opinion publique de deux lettres écrites sous
le nom d’un citoyen... signées Lavallery, officier municipal
à Étampes. — De l’imp. de Buisson et Chaudé,
à Paris, s.d. (1792), in-8 de 15 p.
Concerne les troubles survenus à cause la
cherté des blés.
66. Éloge funèbre
de Jacques-Guillaume Simonneau, maire d’Étampes, impitoyablement
massacré dans la journée du 3 mars 1792, l’an 4e
de la liberté. Prononcé par Jean-François
Sibillon, officier municipal et actuellement maire de ladite ville,
en l’église paroissiale de Notre-Dame, à l’issue du
service célébré en l’honneur de ce généreux
citoyen, victime de son patriotisme et de sa constante fermeté
à s’opposer à l’infraction des lois. En présence
des deux corps administratifs, du tribunal du district, des tribunaux
de paix, d’un clergé nombreux, des commandans de la gendarmerie,
d’un détachement de cavalerie du 18e régiment, et d’un corps
de citoyens volontaires de Paris accourus à la défense
de cette malheureuse cité. — A Étampes, chez Dupré,
imp. des corps administratifs, 1792, in-8 de 16 p.
67. Éloge funèbre
de J.-G. Simonneau, maire d’Étampes... par Jacques Ponchin.
— Saint-Lô, s.d. (1792), in-12.
67 bis. Discours prononcé
au nom des corps administratifs réunis de la ville d’Étampes
à MM. les commissaires du département et aux différents
détachemens qui les accompagnent lors de leur entrée
en ladite ville, le 9 mars 1792. — A Étampes, chez Dupré,
imp., in-4 de 2 p.
68. Lettre de Mme Simonneau,
veuve du maire d’Étampes, au président de l’Assemblée
nationale, lue à la séance du samedi 31 mars 1792,
au matin. Imprimée par ordre de l’Assemblée nationale.
— Paris, Imp. nationale. s.d., in-8 de 2 p.
69. Hommage rendu à
la mémoire de Henry (sic) Simonneau, maire d’Étampes,
le lundi 16 avril 1792, l’an 4e de la liberté. — A Versailles,
de l’imp. du département de Seine-et-Oise, 1792, in-4 de
6 p.
Contient trois pièces:
1° compte-rendu de la cérémonie funèbre
qui a eu lieu à Versailles le 16 avril 1792; 2° extrait
des registres des délibérations du conseil municipal
de Versailles; 3° discours prononcé par Antoine Didier et
Jean-Baptiste Challan.
70. Municipalité
de Paris. Avis sur les honneurs à décerner à
Henri [p.384] Simmoneau, maire d’Étampes
(du jeudi 3 mai 1792). — Paris, imp. de Lottin, 1792, in-8.
71. Municipalité
de Paris. Par le maire et les officiers municipaux. Arrêté
concernant la prohibition de faire circuler les carrosses, voitures
de place... dimanche 3 juin (1792), dans les rues où doit
passer le cortège relatif à la cérémonie
qui doit avoir lieu en l’honneur de J.-G. Simonneau, maire d’Étampes...
(du vendredi 1er juin 1792). — Paris, imp. de Lottin, 1792, in-8.
72. Éloge funèbre
de Henry Simonneau, maire de la ville d’Étampes, prononcé
par l’abbé Le Cerf, curé de Saint-Clément
de la ville d’Arpajon. — A Paris, à l’imp. de la Société
des amis du commerce, in-4 de 8 p.
73. Discours prononcé
dans l’église épiscopale et paroissiale d’Orléans,
au service célébré pour M. Henri Simonneau,
maire d’Étampes..., par M. Pilat. — Orléans, imp. de
Jacob l’aîné, 1792, in-8.
74. Lettre à la
reine, aux généraux de l’armée, aux amis
de la Constitution et aux Françaises citoyennes. — Description
de la fête du 3 juin, par Marie-Olympe Degouges. — A Paris,
de l’imp. de la Société typographique, in-8 de 16 p.,
s.d. (1792). Recueil de 7 pièces.
75. Ordre, marche et détail
de la cérémonie décrétée par
l’Assemblée natioanle, consacrée au respect de la
loi, et dans laquelle on honorer la mémoire de Jacques-Guillaume
Simonneau, maire d’Étampes, mort à son poste pour
la défense de la loi, laquelle aura lieu le dimanche 3 juin
1792, au champ de la Fédération. — Paris, imp. de Ballard,
1792, in-8 de 11 p.
76. Détails de la
cérémonie arrêtée par le directoire
du département de Paris, pour la fête décrétée
par l’Assemblée nationale, à la mémoire de
Jacques-Guillaume Simonneau, maire d’Étampes, mort pour la
défense de la loi, qui aura lieu dimanche 3 juin 1792, au champ
de la Fédération. — Paris, imp. de Tremblay, s.d., in-8.
77. Discours prononcé
dans l’église cathédrale de Blois en présence
des corps administratifs, tribunaux, garde nationale et troupes
de ligne, au service célébré pour Jacques-Guillaume
Simonneau, maire d’Étampes, assassiné le 3 mars 1792,
pour avoir défendu la loi, par M. Grégoire, évêque
du département de Loir-et-Cher. — A Blois, de l’imp. de Jean-François
Billault, 1792, in-4 de 22 p.
78. Même discours
imprimé en caractères plus fins. — Rennes, Vatar fils,
s.d., in-8. [p.385]
79. Discours prononcé
le 5 juin 1792, l’an IV de la liberté, par Palloy le patriote,
accompagné de ses apôtres, lorsque le cortège
de la fête célébrée en exécution
du décret de l’Assemblée nationale du 18 mars 1792, à
la mémoire de Jacques-Guillaume Simonneau, maire d’Étampes,
s’est présenté sur l’emplacement de la Bastille. — De
l’imp. de J. Girouard, rue du Bout-du-Monde, n°47, in-4 de 2 p.
80. Discours prononcé
en l’église Notre-Dame d’Étampes, le 29 avril 1792,
l’an IV de la liberté, jour de la bénédiction
des drapeaux, par M. Legrand, curé de Saint-Martin d’Étampes.
En présence des deux corps administratifs, du tribunal du district,
des tribunaux de paix, des deux bataillons de la garde nationale, des
commandants de la gendarmerie et gendarmes, d’un détachement
de cavalerie du 6e régiment et des volontaires de la Haute-Vienne.
A Étampes, chez Dupré, imp. des corps administratifs, 1792,
in-8 de 16 p. […]
82. Pétition des
citoyens de la ville d’Étampes à l’Assemblée
nationale, tendant à assurer la subsistance et à opérer
la tranquillité publique. — Étampes, imp. de Dupré,
in-4 de 4 p. (1792).
83. Nouveau projets des
contre-révolutionnaires. Grande nouvelle apportée
aux bureaux de la guerre qui annonce que dix-mille brigands sont
prêts à dévaster la ville de Nantes... Grandes insurrections
à Orléans et à Étampes pour la cherté
du pain. — Paris, imp. de Granjon, s.d. (vers 1792), in-8. […] [p.395] […]
Nous pourrions enfin citer
les ouvrages dont l’énumération suit, déjà
indiqués par M. Pinson dans ses Essais de bibliographie
étampoise, 1873, in-8° de 55 p.: […] 16 pièces sur le maire Simonneau
(1792) […].
(3) V. aussi le Journal Affiches-Annonces.
(1) Journal de Paris du 8
juin 1792.
(2) Journal de Paris, juin
1792.
(1) V. la note 77 (Lisez 79). Voici cette « Note bibliographique» 79 (p.385):
«79. Discours prononcé le 5 juin 1792, l’an IV de la
liberté, par Palloy le patriote, accompagné de ses apôtres,
lorsque le cortège de la fête célébrée
en exécution du décret de l’Assemblée nationale
du 18 mars 1792, à la mémoire de Jacques-Guillaume Simonneau,
maire d’Étampes, s’est présenté sur l’emplacement
de la Bastille. — De l’imp. de J. Girouard, rue du Bout-du-Monde,
n°47, in-4 de 2 p.»
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Une autre pierre de la Bastille a été donnée
à la ville d’Étampes par Palloy le patriote, et la réception
devait avoir lieu avec une grande solennité, le 27 décembre
1791, par le Directoire du district d’Étampes; mais cette
pierre a été égarée, et on ne sait pas
ce qu’elle est devenue. Il est probable que son inscription était
semblable à celle qu’on lit sur la pierre de la Bastille encastrée
dans les murs de la ville de Saint-Julien-du-Sault:
CETTE PIERRE A ÉTÉ
TIRÉE DES RUINES DE LA BASTILLE.
LE PATRIOTISME L’A CONSACRÉE
A UN MEILLEUR USAGE
EN L’ÉLEVANT ICI POUR DONNER
A CETTE PLACE LE DOUX
NOM DE LA LIBERTÉ.
L’AN 2me DE LA LIBERTÉ FRANÇAISE.
Je sertifit que cette
pierre vient de la Bastille.
PALLOY, patriote (1).
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(1) Crédé,
Vérien-la-Boussole, sa vie et son temps, ou un
siècle de l’histoire de Saint-Julien-du-Sault, 1875, in-8.
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Rue Haute-des-Groisonneries et rue Basse-des-Groisonneries.
— Ces deux rues partent de la place Saint-Gilles et commencent l’une
en haut, l’autre un peu plus bas, sur cette place.
Les groisons ou groizons
étaient des sortes de pierres ou craies [p.142] blanches réduites
en poudre, dont les mégissiers se servaient autrefois pour
préparer le parchemin (1).
Entre les rues des Groisonneries,
au coin de la rue Plisson, il existe depuis quelques années
un beau moulin à vapeur, construit et exploité par
M. Brunard, ancien maire de cette ville. Il est sur l’emplacement
d’une ancienne tannerie.
Au n° 5 de la rue haute
est une succursale de la Société générale
française de crédit, dirigée par M. Lucien
Grattery, et établie à Étampes en 1880.
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(1) Trévoux,
Dictionnaire universel.
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Rue Basse-de-la-Foulerie.
— Côtoie la rivière Chalouette dont cette section
artificielle traverse la ville.
Du temps de Fleureau, cette
rue s’appelait rue de la Foulerie, car on y voyait beaucoup
de fouleurs, mégissiers, drapiers et autres industriels travaillant
la laine.
Autrefois, les gonfiseurs
de peaux devaient en payer une au prévôt d’Étampes
pour son droit, et les mégissiers étaient obligés
de verser douze deniers d’abonnement par an (2).
Aujourd’hui ou compte encore
dans cette rue un tanneur, un mégissier et deux teinturiers.
Sous la Terreur, on l’appelait communément rue des Quarante-Chiens,
et officiellement rue de la Propagande; aujourd’hui on
l’appelle communément rue Basse.
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(2) Art. 12 et 19 des règlements de Louis
VII de 1179, concernant les habitants d’Étampes. Fleureau,
p. 110.
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Au fond des cours de chacune des maisons de cette rue, il y a des
petites constructions bordant la rivière avec des ponts et
des passerelles de distance en distance, ce qui produit un effet
charmant et fait donner quelquefois le nom de rue de Venise à
cette partie de la rivière.
Une petite ruelle à
droite de la rue Basse-de-la-Foulerie est appelée rue du
Prateau, du nom du jardin du Prateau, situé
en cet endroit, qui appartenait à la Congrégation,
et qui fut vendu à divers, le 28 avril 1791, moyennant 46,000
fr.
A l’extrémité
de cette rue est le moulin Sablon, qui est très-ancien. Il
faisait partie du domaine royal aux XVIe et XVIIIe siècles, [p.143] en 1753 appartenait
au prince d’Orléans, devint domaine national sous la Terreur,
et fut acheté par Théodore Rousseau, le 16 prairial
an IV, moyennant 240,874 fr. (1).
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(1) Manuscrit des moulins. Archives
départementales.
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Du temps de Philippe-Auguste, le moulin Sablon, comme presque
tous les moulins d’Étampes, était à foulon,
car ce roi fonda dans la chapelle Saint-Jacques-de-Bédégond,
à Étampes, «deux chapelains perpétuels,
et assigna à chacun d’eux douze livres dix sols parisis de rente
annuelle à prendre sur les revenus de ses moulins à
fouler draps d’Estampes (2)....»
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(2) Fleureau, p. 406.
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Rue Plisson. — A droite
de la rue Saint-Jacques, après la rue Simonneau. Son nom
lui vient probablement de Nicolas Plisson, conseiller du roi, lieutenant
général du bailliage d’Étampes au XVII siècle,
et qui est, selon toute apparence, l’auteur de la Rapsodie. Ses
armes étaient d’argent à une face de sinople, chargée
de trois alevrons d’or (3).
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(3) Armoirial général
de d’Hozier.
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Rue des Trois-Fauchets. — A droite de la
rue Saint Jacques, après la rue Plisson. Ainsi nommée à
cause de l’auberge des Trois-Fauchets, devenue plus tard
l’hôtel du Grand-Courrier, qui formait l’un des angles de
cette rue avec la rue Saint-Jacques.
Pendant la Révolution,
cette rue s’appelait rue des Faucheurs.
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Rue Pavée. —
Également à droite de la grande rue. Son nom, qui
est une corruption de pavé, lui vient
d’un ancien maire d’Étampes au XVIe siècle, nommé
Pavé. Au bas, à gauche,
est l’impasse du Pavillon, autrefois des Barnabites,
parce qu’elle menait au couvent de ce nom.
Avec cette rue finit le quartier et la
paroisse Saint-Gilles.
C’est dans la rue Pavée,
au n°3, que fut fondée, le 1er mai 1857, la banque d’Étampes
sous le nom social Collin et Cie. M. Collin, ancien maire, étant
mort le 6 décembre 1857, la Société se constitua
le 19 décembre sous le nom de Chaudé, Chevalier et Cie.
Cette banque, qui répondait à un besoin, rendit des
services à la [p.144] ville
et même à toute la contrée. En octobre 1878,
elle fonctionna sous le nom de Chaudé et Robert; ce dernier
en est le seul propriétaire depuis le 1er octobre 1879.
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Plan du quartier Saint-Gilles aux XVIe et XVIIe siècles,
reconstitué par Léon Marquis (1881)
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