Carrefour du Moulin-Sablon. — Au bout de la rue Basse-de-la-Foulerie et à côté
du moulin Sablon.
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Rue des Groisonneries. — Cette rue est à
droite de la rue Saint-Jacques, après la rue Pavée, et traverse
les rues Haute et Basse-des-Groisonneries, dont la dénomination a
la même origine. |
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Rue de la Porte-Dorée. —
Va de la rue Saint-Jacques à l’endroit où était la porte
Dorée, l’une des huit portes d’Étampes. On monte dix-neuf
marches pour aller de cette rue au boulevard Henri IV. Sous la Révolution,
M. de Poilloue de Bierville, craignant d’être dénoncé
comme suspect, à cause de son fils qui était à l’armée
de Condé, donna à Goupil, membre du Directoire du district,
un terrain situé dans cette rue, et pour que les choses soient en
règle, un prix imaginaire fut porté sur l’acte de vente.
Pendant la Révolution, elle devint la rue des
Fossés.
Rue du Creux-Chemin. — Fait suite à la précédente, de l’autre
côté de la grande rue. Elle menait autrefois à l’ancienne
route de Dourdan, route mauvaise et véritablement un chemin creux,
comme on peut le voir par le ravin profond situé devant Guinette.
Place Geoffroy-Saint-Hilaire. — Comprise entre les rues Saint-Jacques, du Creux-Chemin et des
Groisonneries.
C’est sur cette place qu’est situé
le théâtre d’Étampes, construit en 1850 par l’architecte
Gabriel-Jean-Antoine Davioud, alors âgé seulement de vingt-six
ans, et qui mourut le 5 avril 1881. Le monument [p.
145] est sur l’emplacement d’un îlot de maisons expropriées,
et dont la démolition amena la découverte de souterrains très-anciens.
Le jour de l’ouverture du théâtre, le 2 mai l852, on joua Une
rencontre, prologue, par Adolphe Nouville (1).
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(1) Étampes, imp. de A.
Allien. In-8 de 15 p.
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Elle s’appela
place du Théâtre jusqu’au 11 octobre 1857, époque où
l’on érigea une statue à l’Étampois Étienne
Geoffroy Saint-Hilaire, chef-d’œuvre en marbre blanc dû au ciseau
d’Élias Robert, également né à Étampes
(2).
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(2) V. les notes 121, 122.
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Rue
Saint-Antoine. — Autrefois rue Royale-Saint-Antoine, fait suite
à la rue Basse-de-la-Foulerie. Dans cette rue, l’une des plus belles
d’Étampes, et anciennement la rue principale, il y avait l’hôpital
Saint-Antoine ou maison-Dieu Saint-Antoine, qui occupait l’emplacement du
collège actuel, fondé en 1629. Très-ancienne, puisque
l’hôpital Saint-Antoine existait déjà en 1210.
A l’origine, le collège d’Étampes était
en face l’hôpital, dans une maison à tourelle située
au coin de la rue du Pont-Quesneaux.
C’est dans cette maison, qui appartenait à M.
de Saint-André, ancien procureur du roi, que logea Bignon, intendant
de Paris, en février 1722, venu avec d’autres personnes de qualité
pour assister au passage de l’infante Marie d’Espagne.
C’est aussi dans cette maison que le roi Louis XV fut
reçu avec de grands honneurs, le 20 février 1745, lorsqu’il
alla au devant de l’infante Marie-Thérèse, qui venait d’Espagne
pour épouser le Dauphin qui logea dans une maison adjacente (3). |
(3) De Montrond, p.139. — Mercure,
février 1745, p. 79.
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Les chanoines
des collégiales Sainte-Croix et Notre-Dame avaient seuls le droit
d’enseigner à la fin du XIIe siècle. En 1357, Inard, chantre
de Notre-Dame, établit Jean Thomas, prêtre, maître de
grammaire. Comme il n’y avait pas d’autre lieu pour enseigner que la maison
du maître, l’an 1514, sous le règne de François Ier,
dit le père des lettres, «les habitans d’Étampes se résolurent
d’avoir un lieu et des maîtres gagez pour y faire instruire gratuitement
leur jeunesse; ils eurent recours au roy, et obtinrent de [p. 146] Sa Majesté
le pouvoir d’emploier une partie des deniers qu’il leur avoit octroyés
pour les fortifications de leur ville à l’achat ou à faire bâtir
une maison commode pour y tenir les écoles; estimant que leur ville
seroit mieux deffendue par des citoyens bien instruits aux bonnes lettres,
avec la connoissance desquelles l’on acquiert aussi la prudence, que par
des murailles et autres fortifications; ils obtinrent encore depuis, des
rois ses successeurs, de semblables bienfaits…»
L’an 1570, la maladrerie Saint-Lazare d’Étampes
n’ayant pas de lépreux, la ville obtint du roi des lettres-patentes
affectant une rente de 300 livres, prise sur les revenus de cet hôpital,
à l’entretien du collège, En 1629, la difficulté de
trouver de bons professeurs décida les habitants à donner la
direction du collège aux religieux Barnabites, qui venaient de s’établir
à Montargis et qui comptaient parmi leurs membres plusieurs de leurs
compatriotes de la famille des Fouldrier (1).
|
(1) Fleureau, p. 422, 424. –
V. aussi la Rapsodie.
|
Ce fut à cette époque que le collège
fut mis en possession de la maison qu’il occupe aujourd’hui.
Le frère Jean-André Foucquemberg, Barnabite
à Étampes, mourut à la fin d’octobre 1702, âgé
de quatre-vingt-dix-neuf ans trois mois. Il se souvenait très-bien
de la mort d’Henri IV. Le Mercure de novembre 1702, qui rapporte ce fait,
ajoute qu’il travaillait encore au jardin, à la sacristie et à
tout ce qui regardait son état. Il cousait sans lunettes et à
la simple lumière d’une chandelle. Toute sa vie il eut une santé
bonne; il mourut des suites d’une chute. Il reçut tous ses sacrements,
et il rendit l’âme sans peine, sans douleur et sans aucune convulsion.
De 1629 à 1644, il n’y eut pas de supérieurs
titulaires au collège; on en compte trente-et-un depuis cette époque
jusqu’à la Révolution.
Le nombre des Barnabites au collège était
de trois en 1740.
Par suite d’un arrêt du Parlement du 27 août
1770, portant règlement pour 1e collège et les maîtres
de pension de la ville, ces derniers étaient tenus de faire répéter
aux élèves du collège les leçons de leurs professeurs,
et devaient se borner à enseigner à leurs
[p. 147] pensionnaires
les premiers éléments de la langue latine, pour leur permettre
de suivre les classes de cinquième du collège (1).
|
(1) V. la note 33 et les manuscrits
de la bibliothèque d’Étampes tirés de la bibliothèque
de Reims et de la bibliothèque des Barnabites, à Rome.
|
Le 10
mars 1789, les membres de l’ordre du clergé se réunirent dans
la salle des Barnabites, sous la présidence de l’abbé de Tressan,
abbé commandataire de Morigny. On remarquait notamment dans cette
assemblée: l’abbé Voizot, chef-chantre du chapitre Notre-Dame;
l’abbé Chevalier, chef-chantre du chapitre Sainte-Croix; François-Antoine
Biou, prieur ministre des Mathurins; l’abbé Boivin, curé-chevecier
de Notre-Dame; Guillard, curé de Saint-Basile et fondé de
pouvoirs des religieuses de la Congrégation; Legrand, curé
de Saint-Martin; Périer, curé de Saint-Pierre, et Docher,
curé de Saint-Gilles (2).
|
(2) Documents particuliers.
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Le nombre
des membres convoqués pour l’ordre du clergé montait à
cent quarante environ.
A la Révolution, l’établissement fut
fermé par suite du départ des Barnabites, et leur église
devint le lieu ordinaire des séances du directoire du district, où
l’on mettait aux enchères les biens nationaux provenant des émigrés
et des établissements ecclésiastiques.
Vendu comme bien national, 9 ventôse an VI, à
Brou, moyennant 6 500 fr., le collège ne fut rétabli qu’en
1807, sous le nom d’école secondaire, dirigée alors par Hector-Félix
Dubos. Quelques années plus tard, il prit le nom de collège
communal et avait six professeurs, y compris le principal, qui enseignait
les humanités (3).
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(3) Annuaires de Seine-et-Oise.
– V. la note 97.
|
Aujourd’hui il y a un principal, douze professeurs et
deux maîtres d’études.
Voici l’inscription de la cloche du collège,
qui mesure 42 centimètres de diamètre et 35 centimètres
de hauteur:
MOREL
OSMOND
PL
DUBOIS
8bre 1822
A PARIS (4).
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(4) Osmond était fondeur
du roi, d’après les trois cloches de Saint-Louis, à Fontainebleau
|
Dans le
petit clocher qui renferme cette cloche, on voit encore [p. 148] le conduit qui
laissait passer la corde de l’ancienne cloche des Barnabites qui a disparu.
|
|
Le principal
du collège, en 1828, était F. Humbert, officier de l’université
et professeur de rhétorique (1), auteur du Manuel d’éducation
monarchique et constitutionnelle, ainsi qu’il résulte d’une lettre
de l’hommage qu’il fit de ce livre à la Chambre des pairs, datée
d’Étampes, 8 juillet 1828.
|
(1) V. la note 103.
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Les armes
du couvent des Barnabites d’Étampes étaient: «de sable
à une croix d’argent et un chef d’or, chargé de trois étoiles
d’azur (2).»
|
(2) Armorial général
de d’Hozier.
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Pendant
la période révolutionnaire, la rue Saint-Antoine s’appelait
rue de la Révolution. Le 25 avril 1790, on se rendait en foule dans
cette rue, en face l’église des Barnabites, pour prêter le
serment (3).
|
(3) Manuscrits particuliers.
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Petite-Rue-Saint-Antoine.
— Va de la rue Basse-des-Groisonneries à la rue Saint-Antoine. Primitivement,
elle s’appelait rue du Collège, qui occupe toute la partie à
droite de cette rue. A partir de 1844, elle s’appela rue des Barnabites,
à cause des religieux qui dirigeaient autrefois cet établissement.
Au coin de la Petite-Rue-Saint-Antoine et de la rue
Saint-Antoine, en face le collège, on voyait, il y a quelques années,
un débit de boissons avec cette enseigne:
AU BON COING
BRELET, MARCHAND DE VINS
|
|
Rue de la
Vigne. — Va de la rue Saint-Antoine, lieu dit carrefour du Moulin
-Sablon, à la rue du Pont-Quesneaux. Au commencement de cette rue
et à droite, les contemporains ont vu une ancienne maison ayant l’apparence
d’un moulin; c’est, dit-on, la maison qu’habitait, en 1792, Simonneau, tanneur
et maire d’Étampes.
La tannerie était encore dirigée, en
1850, par la veuve de l’un des enfants de l’ancien maire, et occupait une
centaine d’ouvriers. Une faillite qui arriva vers cette époque et
ruina un grand nombre de familles d’Étampes fut la fin de l’entreprise.
[p. 149]
Nous pensons que la vigne du roi était située
dans cette rue, qui était voisine du jardin et du palais.
|
|
Rue du Pont-Quesneaux. — Autrefois conduisant à la porte Saint-Fiacre, fait suite
à la Petite-rue-Saint-Antoine. C’est à l’angle de cette rue
qu’était située primitivement le collège, qui remonte
à l’an 1564, ainsi qu’il résulte d’une inscription qu’on voyait,
du temps de Fleureau, sur le marbre d’une tourelle qui fait le coin de la
rue. La tourelle en briques existe toujours, mais l’inscription a disparu;
la voici telle que nous l’a conservée Fleureau:
CAROLI NONI REGIS GALLIARUM
CHRISTIANISSIMI
IN STAMPENSES SCHOLAS BENEFICENTIA
MUNERE STRUCTA TUO QUOD HABENT HÆC TECTA CAMENÆ
JUSTlTIA, UT REGNES, ET PIETATE ROGANT
MDLXIV (1)
|
(1) Fleureau, p. 422. – La date
de 1564 est encore visible au-dessus de la pierre qui contenait l’inscription,
mais elle a été ajoutée postérieurement.
|
C’est dans cette rue et sur le bord de la rivière, dans une
situation délicieuse, qu’est située la belle propriété
moderne de M. Gresland, où logèrent, le 6 octobre 1870, les
princes de Saxe et Albert de Prusse. Aussi, la rue du Pont-Quesneaux et les
alentours étaient-ils encombrés par des troupes et des voitures
prussiennes de toutes sortes.
Rue de la Plâtrerie. — Réunit les
rues Saint-Jacques et Saint-Antoine. Son nom lui vient sans doute d’un magasin
de plâtre qui aurait existé autrefois dans cette rue, appelée
au dernier siècle des Tripots ou du Tripot, peut-être à
cause d’une maison de jeu où les habitants allaient tripoter leur
argent. La maison occupée jusqu’en 1880 par le bureau de poste appartenait
autrefois à la Congrégation et fut vendue comme bien national,
le 20 novembre 1791, à Ch.-Alex. Sergent, avocat du roi, moyennant
10 325 fr. Dans cette rue, au coin de la rue Damoise, il y avait une loge
de francs-maçons qui existait jusque vers 1820.
Pendant la Révolution, elle devint la rue des
Droits-de-l’Homme. [p. 150]
|
|
Rue Saint-Mars. — A côté
de la précédente et ayant la même direction. Son nom
est un diminutif de Châlo Saint-Mars, ancien pèlerin dont l’un
des descendants habitait sans doute autrefois cette rue, qui s’appelait au
XVIIe siècle rue Saint-Mars ou de la Triperie (1), et pendant la Révolution
rue de la Maison Commune (2).
|
(1) Archives départementales.
(2) Archives municipales.
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Rue Sainte-Croix. — Va de la rue
Saint-Jacques au carrefour du Pont-Doré. Son nom lui vient de ce
qu’elle longeait autrefois la collégiale de Sainte-Croix, démolie
en 1793.
Il y a dans cette rue les maisons historiques de Diane
de Poitiers et d’Anne de Pisseleu, dans le style de la renaissance, et dont
la richesse architecturale annonce quelque chose de royal. François
Ier, Henri II et Henri IV y vinrent tour à tour habiter avec Anne.
Diane et Gabrielle d’Estrées après avoir posé la couronne
ducale sur la tête de leurs maîtresses. Tout le monde connaît
les vers de Marot où il chante les galanteries de François
Ier, qui érigea le comté d’Étampes en duché,
«pour y loger de France la plus belle.»
La première maison en face l’église Saint-Basile
se compose de plusieurs corps de bâtiment. La salamandre et les lettres
D et H entrelacées, sculptées sur plusieurs fenêtres
intérieures, ne permettent pas de douter qu’elle n’ait été
habitée par Diane. Dans la cour intérieure, on remarque surtout
une porte cintrée, ornée de deux colonnes corinthiennes cannelées,
et au-dessus de laquelle est un superbe bas-relief représentant la
descente du Saint-Esprit sur les douze apôtres. Cette porte, qui semble
avoir été l’entrée d’une chapelle, est en outre entourée
de sculptures d’une grande finesse. Le premier étage a deux fenêtres
chargées de sculptures admirables figurant des génies tenant
des écussons, et surmontées d’une tête de louve. Sur
la clé de voûte de l’une de ces fenêtres, on lit dans
un cartouche la date de 1554, la deuxième année que Diane de
Poitiers était duchesse d’Étampes. |
|
La seconde maison est au coin de la rue du Pain et va
jusqu’à [p. 151] l’Hôtel-de-Ville. On remarque d’abord sur sa façade
une belle tourelle en poivrière, dont la toiture affecte absolument
la forme d’une cloche. Le grand mur de cette façade est chargé
d’une profusion d’ornements, de guirlandes, encadrant ou accompagnant des
petites statues et bas-reliefs de Mercure, de Cléopâtre et
d’autres figures mythologiques. Au-dessus d’une petite porte, on voit un
buste très-mutilé de François Ier, à côté
de la date de 1558; le buste d’Anne de Pisseleu, qui s’y voyait autrefois,
a été en la possession de M. Flora, ancien habitant de cette
maison. Dans la cour intérieure est une belle tourelle octogonale,
contenant un large escalier tournant en pierres de taille. Enfin, on remarque
à l’intérieur une grande cheminée très-ornementée
et de beaux souterrains en partie murés.
D’après une proposition de M. Alexandre Dufrêne,
M. le Préfet de Seine-et-Oise a appelé dernièrement
l’attention du conseil municipal sur l’utilité qu’il y aurait d’assurer
la conservation des deux maisons historiques, et proposa de relier la maison
d’Anne de Pisseleu aux constructions de l’Hôtel-de-Ville. Le conseil
municipal essaya aussi d’acquérir la maison de Diane de Poitiers qui,
comme la première, aurait convenu parfaitement pour le musée;
mais on dut y renoncer à cause de la prétention des propriétaires.
Il y avait dans cette rue, en face la Petite-Rue-Sainte-Croix,
un pâtissier-restaurant à l’enseigne de l’Ile-d’Amour, où
les vignerons se réunissaient autrefois le jour de la fête
de saint Vincent et chantaient une chanson en l’honneur de leur patron,
qui était peut-être particulière aux vignerons d’Étampes.
En voici à peu près un des couplets que nous avons trouvé
dans une auberge du faubourg Saint-Pierre, où les vignerons se réunissent
actuellement:
Bon saint Vincent,
Donnez-nous le temps
De tailler nos vignes
Quand il sera temps.
Que Dieu, par sa grâce,
Nous envoie la saison.
Kyrie, Kriste, Dominicum nostrum.
Saint Vincent ! mouille, mouille, mouille !
Saint Vincent ! mouille-nous les dents. [p. 152]
Gabriel Dufaï, littérateur
distingué, en son vivant bibliothécaire à Sainte-Geneviève,
est né le 21 avril 1817, dans la rue Sainte-Croix, qui s’appelait alors
rue de la Savaterie, nom qu’elle prit après la Révolution et
qu’elle quitta vers 1820. Pendant la période révolutionnaire,
elle s’appelait rue des Sans-Culottes.
|
|
L’église collégiale Sainte-Croix a été
bâtie en 1185, sur l’emplacement d’une synagogue que les juifs avaient
à Étampes, et qui fut détruite quand ils furent chassés
de France, en 1182. C’est avec ses débris que l’on éleva une
église «plus ample que n’était la synagogue.»
Le roi Philippe Ier y établit, en 1183, un collège
de chanoines, et le pape Luce III leur accorda le droit d’enseigner la musique
et les autres sciences.
Le chapitre de Notre-Dame était maître
du territoire qui renfermait l’église Sainte-Croix et prétendait
jouir de tous les biens, revenus et privilèges appartenant à
cette église; de là des différends et des procès
qui durèrent de 1189 à 1257; ils sont longuement racontés
par dom Fleureau; nous nous bornons à les mentionner ici, afin de
suivre notre programme.
Le collège de l’église Sainte-Croix était
composé d’un doyen, d’un chantre, de dix-neuf chanoines et de dix chapelains.
Dans un pouillé manuscrit du diocèse
de Sens, nous trouvons les noms des dix chapelles desservies par les dix
chapelains:
Notre-Dame-de-la-Pitié, Saint-Thibaut, Saint-Éloy,
Sainte-Marie-Madeleine, Saint-Nicolas, Saint-Étienne, Saint-Louis,
Saint-Denis, Saint-Jean-l’Évangéliste et Saint-Jean-Baptiste.
Dans une liste de l’argenterie envoyée volontairement
à la Monnaie, le 10 avril 1790, on voit que Héret, procureur
de la commune, a déposé pour le chapitre Sainte-Croix: un
plat, deux burettes, pesant ensemble 3 marcs 30 onces 4 gros, plus 183 livres
18 sous 1 denier en espèces.
Cette église, comme
celle de Saint-Martin, était composée d’une nef, de deux transepts,
d’un chœur, de deux bas-côtés, d’une abside et d’une tour à
droite de l’église, accolée à un petit bâtiment
servant de sacristie. La nef et les bas-côtés avaient huit travées.
L’abside, vers la rue des Conilles, et terminée en demi-cercle, en
avait cinq; il était entouré de trois chapelles demi-circulaires
[p. 153] comme à Saint-Martin, mais beaucoup moins profondes. Il
y avait en tout vingt piliers dont huit autour du chœur étaient circulaires,
les six après octogonaux, et les autres carrés et flanqués
d’élégantes colonnettes. Les murs extérieurs étaient
soutenus par trente contreforts dont trois contenaient des escaliers à
vis. L’un menait aux différents étages du clocher qui, s’il
faut en croire la tradition, était aussi élevé que celui
de Notre-Dame (1).
La longueur du temple
était de 55 mètres, sa largeur de 37 mètres avec la sacristie,
et sa surface totale de 1500 mètres carrés.
|
(1) V. le plan ci-joint, tiré des archives départementales,
et la note D.
|
Il y avait
quatre portes d’entrée dont trois sur la façade du carrefour
Doré, et une sur la rue de la Savaterie.
L’acte de vente du 15 août 1792 nous apprend
que l’église Sainte-Croix fut vendue comme bien national à Pierre
Angot, chaudronnier à Étampes, moyennant 21 100 fr., à
charge par lui de ne pas enlever les tableaux, statues, meubles et ornements
qui étaient dans l’église ou dans la sacristie. Nous voyons
dans cet acte de vente la désignation de l’immeuble, qui consistait
«en un grand corps de bâtiment et dépendances avec terrain
contigu, tenant d’un long à Guyon-Billard et autres, et d’une petite
cour servant d’entrée à ladite église à la rue
de la Savaterie; d’autre long, Vigriau, marchand, et autres; d’un bout sur
le carrefour Doré; d’autre bout sur la rue des Conilles.» Dans
le clocher il y avait quatre cloches et une horloge sonnant les heures et
les demies (2).
|
(2) V. la note D.
|
D’autres
biens appartenant au chapitre, consistant en maison, terres, prés
et rentes sur divers, furent vendus les 21 février, 11 avril, 2 juillet,
16 et 25 novembre et 20 décembre 1791. Lanon en acheta à lui
seul pour 67 200 fr. (3).
Plusieurs chanoines attachés à l’église
Sainte-Croix au dernier siècle étaient des personnages de
distinction. Nous citerons seulement les trois suivants:
|
(3) Archives départementales.
– V. les notes 10, 11, 51, 52.
|
1°
Picard de Saint-Adon (François), docteur de Sorbonne, doyen du chapitre
Sainte-Croix et doyen rural du doyenné d’Étampes, né
à Saint-Côme en Rouergue (4). 0n a de lui: Histoire suivie et [p. 154] complète
de la passion de Jésus-Christ. Paris, 1738, in-12. — Histoire suivie
et chronologique des voyages de Jésus-Christ. Paris, 1740, in-12.
— Livres des affligés pénitens. 1741, in-12 (1). — Livre de
piété ou Recueil de prières ferventes adressées
à Jésus-Christ. Paris, 1741, in-12. — Histoire suivie des
voyages de saint Paul et ses compagnons. Paris, 1742, in-12. — La raison
soumise à l’autorité en matière de foi. Paris, 1742,
in-12. — Recueil de vérités pratiques concernant le dogme de
la morale. Paris, 1754, in-12. — Vérités sensibles de la religion;
Maximes d’un philosophe chrétien; Gémissements d’un, solitaire
sur les désordres de la plupart des chrétiens. Paris, Bulard,
1768, in-12 (sous le nom: Un philosophe chrétien) (2). |
(4) Et non à Étampes,
comme l’ont avancé certains auteurs.
(1) V. la note 26.
(2) Quérard, France littéraire. – Supercheries
littéraires.
|
2°
Dujat (G.), chapelain de cette collégiale, a traduit le Traité
du baptême de saint Augustin. Paris, 1777, in-12.
3° Desforges, chapelain de Sainte-Croix à
la même époque, très connu par ses essais sur la navigation
aérienne, son livre sur le mariage des prêtres et d’autres
publications extravagantes.
4° Geoffroy Saint-Hilaire (Étienne), le
fameux naturaliste (3).
|
(3) V. le chapitre Biographie.
|
Les armes
du chapitre de Sainte-Croix étaient en 1698: «d’azur à
un agneau pascal d’argent, la banderolle d’or croisée d’azur, l’écu
semé de fleurs de lis d’or» (4).
|
(4) Armorial général
de d’Hozier.
|
Petite-Rue-Sainte-Croix. — Va de la rue Sainte-Croix à la place de l’Hôtel-de-Ville.
Cette rue a la même origine que la précédente et, comme
elle, était voisine de l’église Sainte-Croix.
|
|
Impasse Sainte-Croix. — Va de la place de l’Hôtel-de-Ville à un chantier
de marchand de bois qui occupe l’emplacement de l’église Sainte-Croix,
et où l’on voit de nombreux vestiges de cet ancien temple.
|
|
Rue du Pain. — Rue oblique joignant
la rue Sainte-Croix a la place de l’Hôtel-de-Ville. Pendant la Révolution,
elle s’appelait rue de l’Abondance. [p. 155]
|
|
Place du Tribunal. — En face le Tribunal et au bout de la rue Saint-Antoine.
La grande salle d’audience est tout ce qui reste du
palais bâti par le roi Robert. Le grand nombre de marches qu’il faut
descendre pour y arriver suffirait presque à démontrer son
antiquité, car ce n’est que peu à peu que le sol de la place
a été exhaussé, et il a fallu des siècles pour
y arriver.
On remarque encore les traces d’une antique chapelle
qui était sans doute l’oratoire des anciens rois.
Ces bâtiments datent à peu près
de la même époque que les anciennes constructions de l’Hôtel-de-Ville,
car Fleureau nous apprend que c’est à partir de l’année 1518
que les diverses juridictions siègent dans la salle du Séjour
ou Playdoyer.
Ce palais, dit des Quatre-Tours, à cause des
quatre tours qui étaient aux coins de son enceinte, était aussi
appelé le Séjour, parce que les rois y faisaient leur séjour
habituel quand leur cour était à Melun. Le jour, ils restaient
au palais et la nuit ils se retiraient au château pour la sûreté
de leurs personnes.
La reine Constance, trouvant autant d’attraits à
Étampes que le roi Robert, son époux, résolut d’y faire
bâtir un palais et choisit pour cela le milieu de la ville, auprès
de la rivière, afin qu’il soit accompagné de jardins bordés
par la rivière.
«Il étoit composé, dit Fleureau,
de plusieurs corps d’hostel, sous lesquels il y avoit des caves, et au-dessus
des greniers, qui servoient à retirer les vins et les bleds, que
l’on recueilloit dans les vignes et sur les terres du roy, avec ceux qui
provenoient de ses moulins et autres rentes et droits qui luy appartenoient.
«Il y avoit encore d’autres bâtiments qui servoient d’écuries,
que l’on a achevé de ruiner de nos jours, avec une haute tour de
pierre de taille qui servoit de degré et d’eschauguette, dont les
démolitions ont été données aux Pères
Capucins par César de Bourbon, duc de Vendôme et d’Estampes.
II ne reste aujourd’huy de tout ce palais qu’un grand corps d’hostel de
neuf toises et demie de long sur quatre toises et un pied de large dans
œuvre, joint à une salle par bas et à une autre lambrissée
au comble, accompagné d’un côté d’un édifice
de trois toises de long sur deux de large, qui servoit à l’étage
d’en haut d’oratoire ou chapelle, [p. 156] dans laquelle l’on entroit aussi
par celle salle en haut, et de l’autre côté d’un corps d’hostel
de cinq toises et quatre pieds de long sur quatre toises et quatre pieds
de large dans œuvre, qui sert maintenant à tenir l’audience, joignant
un autre corps d’hostel de cinq toises de long sur deux de large, qui sert
de chambre de conseil. Le surplus des bâtiments d’un côté
sert à la geôle ou prison, et de l’autre côté
à loger le receveur du domaine, qui jouit aussi des jardins, qui
sont de grande étendue (1).»
|
(1) Fleureau, p. 26.
|
En 1119,
le palais du roi servit de résidence au pape Calixte II et à
sa suite, composée de cardinaux, d’évêques et de plusieurs
grands personnages. Le roi et la reine de France et leur cour se rendirent
à Étampes pour recevoir le Pontife, qui alla ensuite faire
la consécration solennelle de l’église de l’abbaye de Morigny
(2).
|
(2) Id., p. 485.
|
En 1130,
le pape Innocent II, qui venait d’être élu à la chaire
de Saint-Pierre dans le concile national d’Étampes, passa dans cette
ville et logea à Morigny; mais l’abbaye n’étant pas assez
grande pour y loger la nombreuse suite de prélats qui l’accompagnaient,
une partie logea à Étampes (3), sans doute dans le palais
du roi.
|
(3) Id., p. 377.
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C’est
dans cette salle du Plaidoyer qu’on a procédé à la
rédaction de la coutume d’Étampes, du 22 au 28 septembre 1556,
en présence des conseillers du roi, avocats, prévôt,
greffiers, procureurs, magistrats, nobles, manants et habitants des villes,
bourgs et villages régis par la coutume, et plus de deux cents seigneurs
possédant fief dans le bailliage ou duché d’Étampes.
C’est encore là que se tenaient autrefois les
assises du lieutenant général du bailliage. Les séances
avaient lieu deux fois par an, à partir du lendemain de la Quasimodo
et du lendemain de la Toussaint, et duraient «huit jours francs et
utiles (4).»
|
(4) Coutume d’Étampes.
|
Dans toutes
les villes de France où se tenaient les assises, les séances
avaient lieu une, deux ou trois fois par an; les juges supérieurs
étaient chargés de voir si les juges inférieurs s’acquittaient
de leurs devoirs; on y jugeait aussi en première instance et [p. 157] sans frais toutes
sortes de causes. Pendant les assises, les autres juridictions cessaient
généralement; par exception, à Étampes, même
pendant les assises, le prévôt tenait ses audiences de police
les après-midi, suivant un règlement du mois de juillet 1659
(1).
|
(1) Coutume d’Étampes.
|
Les appels
des baillis d’Étampes étaient jugés au parlement de
Paris, dans les premiers jours d’août de chaque année, et formaient
le huitième rôle, comprenant les appels de Chartres, Orléans,
Lorris, Étampes, Dreux, Berry, Nivernais, etc. (2).
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(2) Denizart, t. IV.
|
C’est
dans la salle du séjour que les membres de l’ordre du tiers-état
se réunirent, le 10 mars 1789, sous la présidence du lieutenant-général
Picard de Noir-Épinay, et rédigèrent leur cahier de
doléances (3).
|
(3) Documents particuliers.
|
La maison
dite du domaine, jardin et dépendances, appartenant à Louis-Philippe
d’Orléans, émigré, furent vendues, 16 pluviôse
an V, à Théodore-Alexis Charpentier, moyennant 10 800 fr.
La maison fut revendue au département, le 1er avril 1807, pour servir
de caserne à la gendarmerie (4).
|
(4) Archives départementales.
|
En septembre 1670, «la maison sise devant le séjour royal
et appartenant à la veuve Ant. Guyot est prise à loyer par
la ville pour établir une manufacture de bas d’estame au tricot… afin
d’occuper les habitants et enfants au-dessus de huit ans, d’après
une ordonnance royale, signée Colbert, du 18 avril 1670 (5).»
|
(5) Registre des délibérations
des maire et échevins
|
A droite
du Palais-de-Justice est la gendarmerie à cheval; à gauche,
la gendarmerie à pied dont les bâtiments servaient à
l’origine de maison d’arrêt.
En 1772, la salle des plaids s’appelait encore salle
du séjour ou Palais-Royal (6).
|
(6) Arrest du Parlement qui homologue
l’ordonnance royale rendue par le lieutenant général du bailliage
d’Étampes. Paris, 1783, in-4.
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En 1860, la place du Tribunal s’appelait carrefour du Puits-Bardé,
probablement à cause d’un puits public remplacé aujourd’hui
par une pompe, et qui aurait dépendu d’une maison appartenant à
un habitant du nom de Bardé. [p. 158]
Rue de l’Hôtel-de-Ville. — Dans le prolongement de la rue Saint-Antoine dont elle portait
autrefois le nom. Elle prit plus tard le nom de rue du Carrefour-Doré.
Son nom actuel lui vient de ce qu’elle conduit à l’Hôtel-de-Ville.
Au coin de cette rue et de la rue Damoise est l’ancienne
auberge de Robinson, tenue par M. Tabour. En face était celle de la
Belle Image, supprimée il y a vingt ans.
|
|
Place de l’Hôtel-de-Ville. — Place triangulaire située devant l’édifice de
ce nom. C’est là qu’a lieu tous les samedis le marché aux fruits
et aux légumes secs.
Dans l’aile de droite, longeant la rue des Marionnettes,
où l’on a installé dans ces dernières années
le bureau de police, on voyait naguère le grenier à sel d’Étampes,
gros pavillon carré dont une ancienne peinture, existant chez un
particulier, nous a conservé la trace de sa massive architecture.
Au rez-de-chaussée de l’Hôtel-de-Ville
on remarque la salle des élections, le cabinet du maire, la salle
du cadastre et celle des mariages, le cabinet du secrétaire de la
mairie et les bureaux. L’escalier d’honneur, le logement du concierge et
le bureau de police occupent les autres bâtiments.
Au premier étage, deux salles affectées
à la bibliothèque, réorganisée depuis 1869 et
où des améliorations ne cessent d’être apportées.
Au 1er mai 1880, elle renfermait 1933 ouvrages formant 4560 volumes imprimés
et 197 manuscrits. Après la bibliothèque, deux salons: la
salle du conseil et la salle des fêtes.
Au deuxième étage est installé
le musée, inauguré le 26 septembre 1875. Le premier fond,
grâce auquel le musée doit son existence, est la collection
de sculptures venant d’Élias Robert et offerte généreusement
à la ville par Mme Élias Robert, sa veuve.
Depuis cette époque, le musée s’est
enrichi d’une grande quantité d’objets de toutes sortes concernant
la peinture, la gravure, la photographie, la céramique, l’archéologie,
la numismatique, la sigillographie, la minéralogie, etc.
On remarque surtout la collection de milliers de coquilles
fossiles tirée du bassin marin dit coquillier d’Étampes, la
collection d’ornements, bijoux, gravures et dessins concernant l’histoire
[p. 159] d’Étampes, la pierre de la Bastille offerte par Palloy
à la famille Simonneau (1).
|
(1) V. les notes 146, 147.
|
La partie ancienne de l’Hôtel-de-Ville
se compose d’un avant-corps avec pignon sur la place, flanqué de deux
poivrières; à gauche est accolée la tour d’escalier,
et à droite un grand bâtiment carré, orné d’une
troisième poivrière.
A part les fondations, qui remontent, dit-on, à
Robert-le-Pieux, cette partie de l’édifice a été bâtie
par le roi Louis XII vers l’an 1514, ainsi qu’il résulte des lettres
patentes dont nous avons donné un extrait précédemment.
|
|
Tout
le reste est moderne et a été construit en 1850 et 1851, sous
la direction d’Aug. Magne, alors architecte de la ville. En même temps
qu’elle s’agrandit vers l’ouest, anticipant sur la maison Guénée
qu’on expropria, l’ancienne Maison-Commune fut restaurée; une construction
engageant à gauche une partie de la tour disparut complètement.
La belle tour octogonale apparaît, surmontée de son clocher
pointu semblable à une flèche de collégiale; un balcon
chargé de sculptures est ajouté au-dessus de l’entrée
principale; des ornements apparaissent aux fenêtres, et une belle
grille entoure le monument (2).
|
(2) V. la note 118.
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L’historien
d’Étampes nous apprend qu’en 1652, dès le commencement du
siège, les habitants furent contraints par les chefs de l’armée
de Condé «de porter leurs armes à la Maison-de-Ville,
où ils les firent prendre par leurs valets, désarmant par ce
moyen les habitants, et grossissant leurs troupes. Ils se saisirent du grenier
à sel et en distribuèrent aux soldats; ils se saisirent aussi
des greniers où il y avoit des bleds, qu’ils firent conduire aux Cordeliers,
dans leur magasin de vivres; ils tenoient leurs poudres et autres munitions
de guerre dans l’église de Sainte-Croix (3).»
En 1789, une assemblée qui eut lieu à
l’Hôtel-de-Ville nomma les six députés suivants pour
représenter l’ordre du tiers-état: Louis-André-Charlemagne
Gudin, François Baron, Jacques-André Desforges, Charles et
Nicolas Baron, Pierre-Nicolas Soreau.
|
(3) Fleureau, p. 280.
|
Le 10
mars 1789, à neuf heures du matin, les membres de [p. 160] l’ordre de la
noblesse se réunirent dans la salle de cet hôtel, sous la présidence
du marquis de Valory, grand bailli d’Étampes, au nombre d’environ
quatre-vingt-seize. On remarquait notamment: M. de Grandmaison, vicomte
de Bois-Herpin, lieutenant-général des armées du roi;
M. Poilloue de Bonnevaux, ancien major des Carabiniers, seigneur de Bonnevaux,
paroisse de Saclas; M. Poilloue de Saint-Mars, seigneur des fiefs de Boissy-la-Rivière,
Poilloue et Bierville; M. de la Bigne, seigneur de la Montagne; M. Jean-Auguste
de Poilloue de Saint-Mars de Saint-Périer, seigneur de Valnay; M.
de Poilloue de Saint-Mars, ancien officier major aux gardes françaises,
seigneur du Petit-Saint-Mars; M. de La Borde de Méréville,
garde du trésor royal (1).
|
(1) Manuscrits particuliers.
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Au n°
9 de la place de l’hôtel-de-ville, où l’on voit aujourd’hui
un marchand de tabac, il y avait autrefois l’imprimerie Dupré, et
anciennement l’auberge du Bras-d’Or (2), tenue par la famille Démollière,
famille de saltimbanques, alliée aux Roba, également saltimbanques,
qui faisaient le succès de la foire d’Étampes au commencement
du siècle.
|
(2) V. le plan de l’église
Sainte-Croix.
|
La
veuve de l’imprimeur Dupré, née Démollière,
et qui habitait cette maison, était de la même famille.
A l’angle de la place et de la Petite-Rue-Sainte-Croix,
dans la maison Levayer, était une autre auberge à l’enseigne
de l’Image-Notre-Dame, et le dernier aubergiste s’appelait Gandil. Cette
place s’appelait carrefour Doré jusque vers le milieu de ce siècle;
on l’appela ensuite place Marchande pendant quelques années (3).
|
(3) V. la note 118.
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Depuis
janvier 1880, le service des postes, réuni à celui des télégraphes,
est installé dans une annexe de l’Hôtel-de-Ville.
Rue de la Juiverie. — Va du Palais-de-Justice à la rue Sainte-Croix. Cette
rue, qui est au centre de la ville, est une des plus commerçantes.
Jusqu’en l’année 1182, c’était le quartier des juifs, qui
avaient à côté leur synagogue. [p. 161]
Avant d’avoir été chassés de France
par le roi Philippe-Auguste, en 1182, les juifs étaient assez nombreux
à Etampes, car ils avaient leur prévôt et leur juge
particulier (1).
La maison de cette rue occupée par M. Daveluy,
notaire, ainsi que les deux maisons adjacentes, sont sur l’emplacement de
l’ancien hôtel Danjouan, où logea l’infante Marie-Thérèse,
le 21 février 1745 (2). La maison voisine, occupée par Mme
Moizard, et appartenant alors à Baron, lieutenant de l’élection,
servit à la même destination (3).
|
(1) Fleureau, p. 114.
(2) De Montrond, Essais, p. 138.
(3) Abeille d’Étampes, 22 mars 1873.
|
Dans le
prolongement de la rue de la Queue-du-Renard, il y avait autrefois une petite
rue allant de la rue de la Juiverie au carrefour Doré.
La maison de M. Gauché, boucher, était,
au commencement de ce siècle, une fabrique de couvertures fondée
par M. Lecomte.
La chambre de juridiction des maîtres barbiers-perruquiers,
baigneurs-étuvistes de la ville d’Étampes était rue
de la Juiverie en 1783, et rue de la Savaterie en 1784. Nicolas-Théodore
Viard, lieutenant et premier chirurgien du roi, était à la
tête de la communauté en 1783, et Louis Tabart, qui en devint
le doyen, la représentait à l’Hôtel-de-Ville, le 3 mars
1789, à l’assemblée du tiers-état, et le 9 mars à
l’assemblée des trois états pour l’élection des députés
(4).
|
(4) V. à la Bibliothèque
d’Étampes le registre des délibérations de la communauté
de 1784 à 1791.
|
En 1793,
la rue de la Juiverie devint la rue de la Liberté.
Le lundi 26 août 1721, jour de la Saint-Louis,
on fit de grandes fêtes dans toute la ville, à l’occasion de
la convalescence du roi. Les bourgeois de la rue de la Juiverie se distinguèrent
particulièrement, car, «après avoir assisté au
Te Deum chanté dans l’église Saint-Basile et avoir mis des
illuminations aux fenêtres, ils ont fait tirer un feu dressé
au milieu de la rue précédé d’un petit discours prononcé
par l’un d’eux… en l’honneur du roi (5)».
|
(5) Mercure, octobre 1721.
|
Boulevard Henri IV. — Est sur l’emplacement des anciens [p. 162] remparts de la
ville, de la porte du Château à la porte Saint-Martin. Les
murs de la ville étaient à peu près dans l’axe du boulevard,
et les fossés occupaient avant 1840 l’emplacement actuel de la voie
ferrée. Ces fossés étaient assez profonds, de sorte
que le déblaiement pour le chemin de fer ne fut pas considérable.
Le nom de boulevard Henri IV lui vient des guerres
de 1589; le château d’Étampes, tour à tour convoité
par chaque parti, était un point de mire et une source de calamités
pour la ville. Les habitants sollicitèrent et obtinrent du roi Henri
IV la permission de le démanteler. C’est en souvenir de ce fait que
les anciens remparts prennent le nom de boulevard Henri IV, dénomination
qui est bien antérieure a la construction de la ligne d’Orléans.
Le boulevard Henri IV est planté dans tout son
parcours de deux belles rangées d’ormes formant berceau; aussi, c’est
la promenade favorite de la population.
En haut, de l’autre côté du chemin de
fer, est une promenade analogue où l’on jouit d’un superbe panorama;
deux passerelles et un pont y conduisent. Cette allée, qui est également
ancienne et qui formait autrefois un chemin allant de Saint-Martin au château,
s’appelle la Promenade du haut.
Il y a un demi-siècle, le boulevard Henri IV
s’appelait Promenade de la foire aux chevaux, à cause de la foire qui
s’y tenait chaque année le jour de la Saint-Michel. Plus anciennement,
on l’appelait Boulevard d’Étampes.
L’avocat Lamy, commentateur de la coutume, nous apprend
«qu’une bataille à jets de pierre se faisoit entre les enfans
des paroisses de Saint-Martin et de Saint-Gilles, contre ceux des paroisses
Notre-Dame et Saint-Bazile, le long des remparts de la ville, depuis la
porte de Saint-Martin jusqu’à la porte du Château, les fêtes
et dimanches après dîner.»
En 1569, par suite d’une guerre de ce genre, un écolier
fut tué; un arrêt du 19 février l569 décida qu’il
serait fait d’un service funèbre en l’honneur de l’écolier
tué, que l’accusé, ses complices et tous les maîtres
d’école d’Étampes y assisteraient, et qu’à la fin du
Libera, il serait fait une remontrance aux enfants ( l). [p. 163]
|
(1) Lamy, Coutume d’Étampes,
1720, in-8, p. 461.
|
Vers
1700, les enfants se battaient ainsi la veille de Noël, en attendant
la messe de minuit.
Place de l’Embarcadère. — C’est la place où est située la gare des voyageurs.
Il s’y tient tous les ans, le premier dimanche de mai, une fête champêtre
en souvenir de l’inauguration de la station, qui eut lieu le 2 mai 1843.
Avant 1840, des jardins et des terres labourables occupaient l’emplacement
de cette place, qui s’appelait à l’origine place du Chemin-de-Fer.
Les arbres et les bancs qu’on voit en haut datent de l’année 1875.
Il y a deux hôtels sur cette place, celui du
Chemin-de-Fer tenu par Mme veuve Debergue, et l’hôtel du Nord tenu
par M. Simon.
Les hôtels du Chemin-de-Fer et du Nord remontent
à la fondation de la ligne de Paris à Orléans. Celui
des Voyageurs, supprimé en 1879, et situé entre les deux autres,
est plus ancien; il avait dès le XVIIe siècle des caves qui
se perdaient dans les fossés. Fleureau nous apprend qu’en 1652 les
principaux chefs de l’armée de Condé, pour voir si les assiégeants
n’avaient point de mineurs, visitaient les caves aboutissant près
des murailles (1), et situées de ce côté de la ville,
d’après la tradition.
|
(1) Fleureau, p. 280.
|
Par
suite de la construction du chemin de fer de Chartres, on doit agrandir
la gare des voyageurs aux dépens de cette place.
Rue Élias-Robert. — Va de la rue Saint-Jacques à la place de l’Embarcadère.
C’est l’ancienne rue de la Levrette, rectifiée en 1840 et 1862. En
1840, elle tombait rue du Château, près de l’hôtel du
Nord, où on en voit encore l’amorce. En 1862, cette ruelle tortueuse
aboutissait à la place de l’Embarcadère et à la rue
Saint-Jacques. Le 11 août 1874, le conseil municipal, sur la proposition
de M. Chaudé, l’un de ses membres, a décidé qu’elle
s’appellerait rue Élias-Robert, du nom du célèbre sculpteur
étampois qui venait de mourir.
|
|
Rue du Château-de-Guinette.
— Part de la rue Saint-Jacques, en
face l’église Saint-Basile. La largeur de cette rue a été
[p. 164] au moins triplée en 1842, lors de la construction du chemin
de fer de Paris à Orléans. Les maisons à droite de
la rue en montant restèrent debout, mais les autres furent démolies.
On aurait élargi davantage afin d’être plus en face l’église,
sans les prétentions exagérées du propriétaire
de la maison qui est au coin de la rue Saint-Jacques, et qui est occupée
à présent par un marchand de tabac.
Cette rue s’appelait autrefois rue du Château,
et pendant la Révolution rue de Dourdan.
A gauche en montant, il y a un hôtel moderne
à l’enseigne de la Caisse-d’Épargne.
A droite est l’établissement des Frères
des écoles chrétiennes, situé dans une maison très
ancienne où il y a des souterrains qui se perdaient autrefois dans
la plaine, en passant sous les fossés de la ville.
Cette école remonte à l’année
1821. La succursale de Saint-Martin n’a été établie qu’une
trentaine d’années plus tard par un don de la famille de la Bigne,
dont la charité est connue surtout dans le quartier de Saint-Martin
(1).
|
(1) V. les notes 139, 157.
|
Cette
rue est l’ancien chemin pavé «par lequel on va de l’église
Saint-Bazile au chastel d’Étampes, nommé d’ancienneté
rue de Bruyères (2).»
|
(2) Archives départementales.
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Rue du Petit-Moulin. — Va de la rue
de la Roche-Plate à la rue du Puits-Plisson et au Petit-Moulin. C’est
le moulin le plus ancien d’Étampes, ou du moins celui dont on peut
établir l’origine avec certitude.
Au moyen âge, on l’appelait moulin de Notre-Dame
ou du Chapitre, parce qu’il faisait partie des biens du chapitre de cette
église. Il date du commencement du XIe siècle, et a été
fondé en même temps que les chanoines de Notre-Dame, ainsi
que nous l’apprend Dom Fleureau dans ce passage de ses Antiquitez:
«On a conduit par artifice la rivière
dans la ville, son cours naturel la portant vers la prairie. Elle fait moudre
trois moulins, [p. 165] dont l’un appartient d’ancienneté et de leur fondation
à Messieurs du chapitre de Notre-Dame, et les deux autres au roy
(1)». |
(1) Fleureau, p. 28.
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Un usage
au moins singulier, qui existait au XIIe siècle, était le
droit qu’avait le chapitre de Notre-Dame d’avoir un âne ou un mulet
pour desservir son moulin (2).
En 1753, il y eut contestation entre le chapitre, propriétaire
de ce moulin, et les meuniers des moulins Sablon et Darnatal, qui appartenaient
au prince d’Orléans.
|
(2) Champollion-Figeac, Doc.
paléog., 1868. In-8. – Orderic Vital.
|
Il fut
vendu comme bien national, le 11 avril 1791, à J.-B. Hamouy, pour 97
500 f’r. (3). A la même époque, Guettard construisit sans autorisation
une usine au-dessous du Petit-Moulin; mais un arrêté préfectoral
du 7 thermidor an VIII l’obligea de le détruire totalement (4).
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(3) Archives départementales
(4) Archives communales. – Manuscrit des moulins.
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Avant
la Révolution, la rue qui nous occupe s’appelait rue du Petit-Moulin-Notre-Dame.
A partir d’octobre 1795, on l’appela rue du Petit-Moulin (5).
|
(5) Archives municipales.
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Rue du Puits-Plisson. — Va de la rue du Petit-Moulin à la rue du Pont-Danjouan.
Son nom lui vient peut-être de ce qu’un puits situé dans cette
rue a été creusé par Charles Plisson, maître
maçon à Étampes, qui figure sur un manuscrit du XVIIe
siècle.
Autrefois, la rue du Puits-Plisson était, dans
le voisinage, cette partie de la rue actuelle de la Roche-Plate allant de
la rue de la Queue-du-Renard à celle du Pont-Quesneaux.
|
|
Rue de la Prison. — Allant de la rue de la Juiverie à celle de la Roche-Plate.
C’est dans cette rue qu’est située la prison cellulaire ou maison
d’arrêt de l’arrondissement, construite en 1844, à côté
du tribunal, avec lequel elle communique. Autrefois la rue de la Prison
s’appelait ruelle des Cachots (6).
|
(6) V. la note E.
|
Au coin
de cette rue et de la rue de la Roche-Plate, on voyait [p. 166] encore, il y a
quelques années, les vestiges d’une des quatre tours du Séjour
ou palais du roi Robert.
Carrefour du Pont-Doré. — A l’extrémité de la rue Sainte-Croix, et en face
le Pont-Doré, sur la rivière Chalouette, il y a là une
ancienne auberge à l’enseigne du Coq-en-Pâte, où pend
un tableau représentant un coq sortant d’un pâté. En
parlant d’une personne qui est bien soignée, on dit qu’elle est comme
un coq en pâte, et il faut croire que l’aubergiste qui lui a donné
ce nom veut qu’il en soit ainsi de ses clients. Au commencement de ce siècle,
le théâtre d’Étampes était dans une espèce
de grange dépendant de cette auberge. On l’appelait la salle du Coq-en-Pâte.
Elle ne servait plus à cette destination depuis longtemps, quand elle
fut rouverte le 19 juin 1839 par les acteurs-amateurs: Baron, Bruère,
Chaudé, Chevillard, Delille et Sergent (1).
|
(1) Abeille d’Étampes
de 1839. – Rose Chéri, par Mirecourt.
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A
cette époque on appelait cette petite place carrefour du Coq-en-Pâte.
Voici sur cette auberge quelques vers qui ont été
improvisés dans une séance a l’Hôtel-de-Ville, le 26
févier 1877, par M. Cholet, poète improvisateur:
Quand l’ouvrier, lassé
d’un pénible voyage,
Viendra te demander un abri pour le soir,
Auberge, ouvre-toi vite, et qu’il trouve en partage
Un bon lit pour dormir: le sommeil rend l’espoir.
Ton enseigne lui plaît, ô vaillant Coq-en-Pâte,
Car toujours il trouva chez toi de bons repas;
Et près du voyageur on s’empresse, on se hâte.
Que d’hôtels plus brillants qui ne te valent pas !
Partant le lendemain, il reprendra sa route.
Coq-en-Pâte, il dira tes charmes, tes bienfaits,
Répétant: L’ouvrier qui travaille el qui doute
Trouve ici le repos et d’agréables mets.
Prospère bien longtemps, vieille auberge d’Étampes !
Passe de père en fils à la postérité !
Active tes fourneaux, et fais briller tes lampes,
Pour qu’on trouve toujours même hospitalité ! [p. 167]
Le poète ici-bas ressemble à l’hirondelle.
Par hasard, sous ton toit s’il s’abritait, rêveur,
Qu’il puisse avec plaisir y reposer son aile.
Comme l’oiseau, son chant annonce le bonheur (1).
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(1) Abeille du 3 mars 1877.
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Rue du Pont-Doré.
— Fait suite à la rue Sainte-Croix,
de l’autre côté de la rivière, sur laquelle on passe
au moyen d’un ancien pont en pierres appelé le pont Doré. Le
carrefour du Pont-Doré est la petite place en avant du pont, réunissant
les rues de la Tannerie et de la Roche-Plate.
|
|
Rue du Pont-Danjouan. — Va de la rue de la Roche-Plate à la rivière.
On l’appelait encorc rue Danjouan il y a peu d’années. Elle tire son
nom de la famille des Danjouan dont l’hôtel allait de cette rue à
celle de la Juiverie. Parmi les membres de cette famille, on distinguait
surtout: Pierre Hémard de Danjouan, dont la femme, Marie Bredet, ainsi
qu’on le verra plus tard, a été marraine en 1718 de la grosse
cloche de Notre-Dame, et Claude Charles Hémard de Danjouan, célèbre
littérateur étampois du XVIIIe siècle.
|
|
Rue
de la Roche-Plate. — Aboutit actuellement à la rue Sainte-Croix
et à la rue du Pont-Quesneaux. Ainsi nommée à cause
d’une roche plate de dimensions remarquables qui est dans les caves de la
maison de cette rue située en face la rue de la Queue-du-Renard.
Cette maison a appartenu à M. Baron et à M. Roger. Toutes les
caves des maisons de cette rue étaient reliées ensemble par
des souterrains.
Anciennement, la section située entre les rues
de la Queue-du-Renard et du Pont-Quesneaux s’appelait, comme nous l’avons
déjà dit, rue du Puits-Plisson. Plus anciennement, cette même
section s’appelait rue du Jardin-du-Domaine, à cause du jardin du roi,
dépendant du palais du Séjour, qui longeait précisément
cette rue.
|
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Place Romanet. — C’est la place qui est devant le chevet [p. 168] de l’église
Saint-Basile. Ainsi nommée en souvenir du général Romanet,
qui était maire d’Étampes de 1808 à 1815. Au commencement
du siècle, cette place s’appelait carrefour Saint-Basile; du temps
de Fleureau, il y a deux siècles, elle s’appelait carrefour des Ormes,
et plus anciennement le vieil marché des Ormes-Saint-Basile, ce qui
indique qu’il existait autrefois un marché sur cette place.
La partie nord attenant à l’église servait
de cimetière; ce fait est confirmé par les ossements qu’on
a trouvés quand on fit des fouilles, vers 1860.
Au mois de mars 1820, un calvaire y fut édifié
à l’angle sud-est de l’église, en face la maison de M. Bidault,
en souvenir des Pères de la Miséricorde qui prêchèrent
en 1820 dans toutes les paroisses d’Étampes. Il fut enlevé,
par ordre du sous-préfet, dans la nuit du 29 août 1830, et la
grande croix en chêne dont il était formé, dépourvue
de son christ colossal, est maintenant à l’intérieur de l’église,
dans la première chapelle à droite en entrant. En souvenir
de l’érection de cette croix de mission, quatre messes hautes ont
été fondées en l’église Saint-Basile par les
soins de l’abbé Poilloue de Saint-Mars.
Le carrefour Saint-Basile formait un terre-plein d’environ
un mètre de hauteur sur lequel on voyait de magnifiques tilleuls.
Aujourd’hui, il y a deux rangées de marronniers
qui ont été plantés il y a vingt-cinq ans.
Sur la place Romanet est l’hôtel du Grand-Monarque,
fondé par l’ancien hôtelier du Grand-Courrier, il y a une dizaine
d’années.
Nous citerons seulement pour mémoire la rue
de l’Anse, qui aboutit au milieu de la place Romanet, et la rue du Petit-Panier,
à droite et à gauche au bout de la rue de l’Anse.
La rue qui longe l’église Saint-Basile, dans
le prolongement de la rue du Château-de-Guinette, s’appelle rue Saint-Basile.
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Rue du Renard. — A gauche,
vers l’extrémité de la rue Saint-Jacques. Cette rue, ou plutôt
cette ruelle, où il n’y a guère que des portes de jardin,
était anciennement dans un creux, formant ravin, mais elle a été
exhaussée à différentes reprises; [p. 169] c’était
un vrai renard qui servait à l’écoulement des eaux pluviales
(1).
La rue de la Queue-du-Renard, qui va de la rue de la
Juiverie à celle de la Roche-Plate, a sans doute la même origine.
Il y avait autrefois, au coin de la rue du Renard et
de la rue Saint-Jacques, une auberge à l’enseigne du Renard.
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(1) Renard est un vieux mot français
désignant, «en matière de canaux, des trous ou des fentes
qui se trouvent dans le terrain, et par ou l’eau se perd.» (Trévoux,
Dict. univ.)
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Rue de la Cordonnerie. — Va de l’église
Saint-Basile à l’église Notre-Dame. Ainsi nommée parce
qu’il y avait au XVIIIe siècle une fabrique importante de chaussures
ou cordonnerie. Autrefois elle s’appelait rue de la Poule, du nom de l’auberge
de la Poule, supprimée en 1820 et qui était en face la rue du
Ronneau; son enseigne consistait en une poule sculptée au-dessus de
l’entrée principale.
Le nom de la Cordonnerie était déjà
donné à cette rue avant 1792.
En face l’Hôtel-Dieu, vers l’endroit appelé
autrefois le parvis Notre-Dame, était une auberge très ancienne
qui avait pour enseigne: Au Prince d’Orléans, et dans un grand tableau
était peint le portrait du prince. Cette auberge, reconstruite il
y a quelques années et supprimée en 1879, avait en dernier
lieu pour enseigne: Au Duc d’Orléans.
Dans la première maison en haut de cette rue,
à gauche, est né le célèbre naturaliste étampois,
Étienne Geoffroy Saint-Hilaire; c’est ce qu’indique une inscription
en marbre noir scellée sur la façade de cette maison.
La paroisse Saint-Basile finit à la rue du Ronneau,
qui va de cette rue à la rue des Remparts et à la promenade
du Port.
Pendant la Révolution, cette rue s’appelait
rue de la Constitution. [p. 170]
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Plan du quartier Saint-Basile sous l’Ancien Régime (Léon
Marquis, 1881)
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