CORPUS HISTORIQUE ETAMPOIS
 
 Léon Marquis 
Le Quartier Saint-Basile d’Étampes
Les rues d’Étampes et ses monuments, chapitre II (§ 3)
1881
   
L'église Saint-Basile d'Etampes en 1902
 
     Voici la section consacrée par Léon Marquis au Quartier Saint-Basile en 1881. Notons cependant que la section de la rue Saint-Jacques qui traverse ce quartier est traitée avec le reste de cette rue au chapitre du quartier Saint-Gilles.
     Par ailleurs certaines rues ont depuis 1881 changé de nom. C’est l’une des raisons qui donnent tout son prix à l’ouvrage de Frédéric Gatineau, Étampes en lieux et places, que nous avons mis en ligne dès 2003, ici.

Bernard Gineste et Bernard Métivier, septembre 2016
 
     La saisie des textes anciens est une tâche fastidieuse et méritoire. Merci de ne pas décourager ceux qui s’y attellent en les pillant sans les citer. Merci aussi de nous signaler toute coquille que vous constateriez.
   
Le quartier Saint-Basile (extrait d'un plan dessiné par Léon Marquis en 1881)
Plan du quartier Saint-Basile sous l’Ancien Régime (Léon Marquis, 1881)

 
CHAPITRE II: RUES D’ÉTAMPES
§ III. QUARTIER SAINT-BASILE
 
[pp. 144-169]

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     TABLE.  Carrefour du Moulin-Sablon. — Rue des Groisonneries. — Rue de la Porte-Dorée. — Rue du Creux-Chemin. — Place Geoffroy-Saint-Hilaire. — Rue Saint-Antoine. — Petite-Rue-Saint-Antoine. — Rue de la Vigne. — Rue du Pont-Quesneaux. — Rue de la Plâtrerie. — Rue Saint-Mars. — Rue Sainte-Croix. — Petite-Rue-Sainte-Croix. — Impasse Sainte-Croix. — Rue du Pain. — Place du Tribunal. — Rue de l’Hôtel-de-Ville. — Place de l’Hôtel-de-Ville. — Rue de la Juiverie. — Boulevard Henri IV. — Place de l’Embarcadère. — Rue Élias-Robert.  — Rue du Château-de-Guinette. — Rue du Petit-Moulin. — Rue du Puits-Plisson. — Rue de la Prison. — Carrefour du Pont-Doré. — Rue du Pont-Doré. — Rue du Pont-Danjouan. — Rue de la Roche-Plate. — Place Romanet. — Rue du Renard. — Rue de la Cordonnerie.
   
   
     Carrefour du Moulin-Sablon. — Au bout de la rue Basse-de-la-Foulerie et à côté du moulin Sablon.

     Rue des Groisonneries. — Cette rue est à droite de la rue Saint-Jacques, après la rue Pavée, et traverse les rues Haute et Basse-des-Groisonneries, dont la dénomination a la même origine.
     Rue de la Porte-Dorée. — Va de la rue Saint-Jacques à l’endroit où était la porte Dorée, l’une des huit portes d’Étampes. On monte dix-neuf marches pour aller de cette rue au boulevard Henri IV. Sous la Révolution, M. de Poilloue de Bierville, craignant d’être dénoncé comme suspect, à cause de son fils qui était à l’armée de Condé, donna à Goupil, membre du Directoire du district, un terrain situé dans cette rue, et pour que les choses soient en règle, un prix imaginaire fut porté sur l’acte de vente.

     Pendant la Révolution, elle devint la rue des Fossés.


     
Rue du Creux-Chemin. — Fait suite à la précédente, de l’autre côté de la grande rue. Elle menait autrefois à l’ancienne route de Dourdan, route mauvaise et véritablement un chemin creux, comme on peut le voir par le ravin profond situé devant Guinette.

     
Place Geoffroy-Saint-Hilaire. — Comprise entre les rues Saint-Jacques, du Creux-Chemin et des Groisonneries.

La place du théâtre d'Etampes en 1903

     C’est sur cette place qu’est situé le théâtre d’Étampes, construit en 1850 par l’architecte Gabriel-Jean-Antoine Davioud, alors âgé seulement de vingt-six ans, et qui mourut le 5 avril 1881. Le monument [p. 145] est sur l’emplacement d’un îlot de maisons expropriées, et dont la démolition amena la découverte de souterrains très-anciens. Le jour de l’ouverture du théâtre, le 2 mai l852, on joua Une rencontre, prologue, par Adolphe Nouville (1).
     (1) Étampes, imp. de A. Allien. In-8 de 15 p.
     Elle s’appela place du Théâtre jusqu’au 11 octobre 1857, époque où l’on érigea une statue à l’Étampois Étienne Geoffroy Saint-Hilaire, chef-d’œuvre en marbre blanc dû au ciseau d’Élias Robert, également né à Étampes (2).

Dessin de la statue de Geoffroy-Saint-Hilaire par Léon Marquis en 1881


     (2) V. les notes 121, 122.
      Rue Saint-Antoine. — Autrefois rue Royale-Saint-Antoine, fait suite à la rue Basse-de-la-Foulerie. Dans cette rue, l’une des plus belles d’Étampes, et anciennement la rue principale, il y avait l’hôpital Saint-Antoine ou maison-Dieu Saint-Antoine, qui occupait l’emplacement du collège actuel, fondé en 1629. Très-ancienne, puisque l’hôpital Saint-Antoine existait déjà en 1210.

     A l’origine, le collège d’Étampes était en face l’hôpital, dans une maison à tourelle située au coin de la rue du Pont-Quesneaux.

     C’est dans cette maison, qui appartenait à M. de Saint-André, ancien procureur du roi, que logea Bignon, intendant de Paris, en février 1722, venu avec d’autres personnes de qualité pour assister au passage de l’infante Marie d’Espagne.

     C’est aussi dans cette maison que le roi Louis XV fut reçu avec de grands honneurs, le 20 février 1745, lorsqu’il alla au devant de l’infante Marie-Thérèse, qui venait d’Espagne pour épouser le Dauphin qui logea dans une maison adjacente (3).
     (3) De Montrond, p.139. — Mercure, février 1745, p. 79.
     Les chanoines des collégiales Sainte-Croix et Notre-Dame avaient seuls le droit d’enseigner à la fin du XIIe siècle. En 1357, Inard, chantre de Notre-Dame, établit Jean Thomas, prêtre, maître de grammaire. Comme il n’y avait pas d’autre lieu pour enseigner que la maison du maître, l’an 1514, sous le règne de François Ier, dit le père des lettres, «les habitans d’Étampes se résolurent d’avoir un lieu et des maîtres gagez pour y faire instruire gratuitement leur jeunesse; ils eurent recours au roy, et obtinrent de [p. 146] Sa Majesté le pouvoir d’emploier une partie des deniers qu’il leur avoit octroyés pour les fortifications de leur ville à l’achat ou à faire bâtir une maison commode pour y tenir les écoles; estimant que leur ville seroit mieux deffendue par des citoyens bien instruits aux bonnes lettres, avec la connoissance desquelles l’on acquiert aussi la prudence, que par des murailles et autres fortifications; ils obtinrent encore depuis, des rois ses successeurs, de semblables bienfaits…»

     L’an 1570, la maladrerie Saint-Lazare d’Étampes n’ayant pas de lépreux, la ville obtint du roi des lettres-patentes affectant une rente de 300 livres, prise sur les revenus de cet hôpital, à l’entretien du collège, En 1629, la difficulté de trouver de bons professeurs décida les habitants à donner la direction du collège aux religieux Barnabites, qui venaient de s’établir à Montargis et qui comptaient parmi leurs membres plusieurs de leurs compatriotes de la famille des Fouldrier (1).
     (1) Fleureau, p. 422, 424. – V. aussi la Rapsodie.
Blason des Barnabites tracé par Léon Marquis en 1881      Ce fut à cette époque que le collège fut mis en possession de la maison qu’il occupe aujourd’hui.

     Le frère Jean-André Foucquemberg, Barnabite à Étampes, mourut à la fin d’octobre 1702, âgé de quatre-vingt-dix-neuf ans trois mois. Il se souvenait très-bien de la mort d’Henri IV. Le Mercure de novembre 1702, qui rapporte ce fait, ajoute qu’il travaillait encore au jardin, à la sacristie et à tout ce qui regardait son état. Il cousait sans lunettes et à la simple lumière d’une chandelle. Toute sa vie il eut une santé bonne; il mourut des suites d’une chute. Il reçut tous ses sacrements, et il rendit l’âme sans peine, sans douleur et sans aucune convulsion.

     De 1629 à 1644, il n’y eut pas de supérieurs titulaires au collège; on en compte trente-et-un depuis cette époque jusqu’à la Révolution.

     Le nombre des Barnabites au collège était de trois en 1740.

     Par suite d’un arrêt du Parlement du 27 août 1770, portant règlement pour 1e collège et les maîtres de pension de la ville, ces derniers étaient tenus de faire répéter aux élèves du collège les leçons de leurs professeurs, et devaient se borner à enseigner à leurs
[p. 147] pensionnaires les premiers éléments de la langue latine, pour leur permettre de suivre les classes de cinquième du collège (1).
     (1) V. la note 33 et les manuscrits de la bibliothèque d’Étampes tirés de la bibliothèque de Reims et de la bibliothèque des Barnabites, à Rome.
     Le 10 mars 1789, les membres de l’ordre du clergé se réunirent dans la salle des Barnabites, sous la présidence de l’abbé de Tressan, abbé commandataire de Morigny. On remarquait notamment dans cette assemblée: l’abbé Voizot, chef-chantre du chapitre Notre-Dame; l’abbé Chevalier, chef-chantre du chapitre Sainte-Croix; François-Antoine Biou, prieur ministre des Mathurins; l’abbé Boivin, curé-chevecier de Notre-Dame; Guillard, curé de Saint-Basile et fondé de pouvoirs des religieuses de la Congrégation; Legrand, curé de Saint-Martin; Périer, curé de Saint-Pierre, et Docher, curé de Saint-Gilles (2).
     (2) Documents particuliers.
     Le nombre des membres convoqués pour l’ordre du clergé montait à cent quarante environ.

     A la Révolution, l’établissement fut fermé par suite du départ des Barnabites, et leur église devint le lieu ordinaire des séances du directoire du district, où l’on mettait aux enchères les biens nationaux provenant des émigrés et des établissements ecclésiastiques.

     Vendu comme bien national, 9 ventôse an VI, à Brou, moyennant 6 500 fr., le collège ne fut rétabli qu’en 1807, sous le nom d’école secondaire, dirigée alors par Hector-Félix Dubos. Quelques années plus tard, il prit le nom de collège communal et avait six professeurs, y compris le principal, qui enseignait les humanités (3).
     (3) Annuaires de Seine-et-Oise. – V. la note 97.
Le collège d'Etampes en 1903

     Aujourd’hui il y a un principal, douze professeurs et deux maîtres d’études.

     Voici l’inscription de la cloche du collège, qui mesure 42 centimètres de diamètre et 35 centimètres de hauteur:
MOREL            OSMOND
PL                DUBOIS
8bre 1822            A PARIS (4).
     (4) Osmond était fondeur du roi, d’après les trois cloches de Saint-Louis, à Fontainebleau
     Dans le petit clocher qui renferme cette cloche, on voit encore [p. 148] le conduit qui laissait passer la corde de l’ancienne cloche des Barnabites qui a disparu.

     Le principal du collège, en 1828, était F. Humbert, officier de l’université et professeur de rhétorique (1), auteur du Manuel d’éducation monarchique et constitutionnelle, ainsi qu’il résulte d’une lettre de l’hommage qu’il fit de ce livre à la Chambre des pairs, datée d’Étampes, 8 juillet 1828.
     (1) V. la note 103.
     Les armes du couvent des Barnabites d’Étampes étaient: «de sable à une croix d’argent et un chef d’or, chargé de trois étoiles d’azur (2).»
     (2) Armorial général de d’Hozier.
     Pendant la période révolutionnaire, la rue Saint-Antoine s’appelait rue de la Révolution. Le 25 avril 1790, on se rendait en foule dans cette rue, en face l’église des Barnabites, pour prêter le serment (3).
     (3) Manuscrits particuliers.
     Petite-Rue-Saint-Antoine. — Va de la rue Basse-des-Groisonneries à la rue Saint-Antoine. Primitivement, elle s’appelait rue du Collège, qui occupe toute la partie à droite de cette rue. A partir de 1844, elle s’appela rue des Barnabites, à cause des religieux qui dirigeaient autrefois cet établissement.

     Au coin de la Petite-Rue-Saint-Antoine et de la rue Saint-Antoine, en face le collège, on voyait, il y a quelques années, un débit de boissons avec cette enseigne:
AU BON COING
BRELET, MARCHAND DE VINS

     Rue de la Vigne. — Va de la rue Saint-Antoine, lieu dit carrefour du Moulin -Sablon, à la rue du Pont-Quesneaux. Au commencement de cette rue et à droite, les contemporains ont vu une ancienne maison ayant l’apparence d’un moulin; c’est, dit-on, la maison qu’habitait, en 1792, Simonneau, tanneur et maire d’Étampes.

     La tannerie était encore dirigée, en 1850, par la veuve de l’un des enfants de l’ancien maire, et occupait une centaine d’ouvriers. Une faillite qui arriva vers cette époque et ruina un grand nombre de familles d’Étampes fut la fin de l’entreprise.
[p. 149]

     Nous pensons que la vigne du roi était située dans cette rue, qui était voisine du jardin et du palais.

     Rue du Pont-Quesneaux. — Autrefois conduisant à la porte Saint-Fiacre, fait suite à la Petite-rue-Saint-Antoine. C’est à l’angle de cette rue qu’était située primitivement le collège, qui remonte à l’an 1564, ainsi qu’il résulte d’une inscription qu’on voyait, du temps de Fleureau, sur le marbre d’une tourelle qui fait le coin de la rue. La tourelle en briques existe toujours, mais l’inscription a disparu; la voici telle que nous l’a conservée Fleureau:

CAROLI NONI REGIS GALLIARUM CHRISTIANISSIMI
IN STAMPENSES SCHOLAS BENEFICENTIA
MUNERE STRUCTA TUO QUOD HABENT HÆC TECTA CAMENÆ
JUSTlTIA, UT REGNES, ET PIETATE ROGANT
MDLXIV (1)
     (1) Fleureau, p. 422. – La date de 1564 est encore visible au-dessus de la pierre qui contenait l’inscription, mais elle a été ajoutée postérieurement.
     C’est dans cette rue et sur le bord de la rivière, dans une situation délicieuse, qu’est située la belle propriété moderne de M. Gresland, où logèrent, le 6 octobre 1870, les princes de Saxe et Albert de Prusse. Aussi, la rue du Pont-Quesneaux et les alentours étaient-ils encombrés par des troupes et des voitures prussiennes de toutes sortes.

     Rue de la Plâtrerie. — Réunit les rues Saint-Jacques et Saint-Antoine. Son nom lui vient sans doute d’un magasin de plâtre qui aurait existé autrefois dans cette rue, appelée au dernier siècle des Tripots ou du Tripot, peut-être à cause d’une maison de jeu où les habitants allaient tripoter leur argent. La maison occupée jusqu’en 1880 par le bureau de poste appartenait autrefois à la Congrégation et fut vendue comme bien national, le 20 novembre 1791, à Ch.-Alex. Sergent, avocat du roi, moyennant 10 325 fr. Dans cette rue, au coin de la rue Damoise, il y avait une loge de francs-maçons qui existait jusque vers 1820.

     Pendant la Révolution, elle devint la rue des Droits-de-l’Homme.
[p. 150]

     Rue Saint-Mars. — A côté de la précédente et ayant la même direction. Son nom est un diminutif de Châlo Saint-Mars, ancien pèlerin dont l’un des descendants habitait sans doute autrefois cette rue, qui s’appelait au XVIIe siècle rue Saint-Mars ou de la Triperie (1), et pendant la Révolution rue de la Maison Commune (2).
(1) Archives départementales.
(2) Archives municipales.
     Rue Sainte-Croix. — Va de la rue Saint-Jacques au carrefour du Pont-Doré. Son nom lui vient de ce qu’elle longeait autrefois la collégiale de Sainte-Croix, démolie en 1793.

     Il y a dans cette rue les maisons historiques de Diane de Poitiers et d’Anne de Pisseleu, dans le style de la renaissance, et dont la richesse architecturale annonce quelque chose de royal. François Ier, Henri II et Henri IV y vinrent tour à tour habiter avec Anne. Diane et Gabrielle d’Estrées après avoir posé la couronne ducale sur la tête de leurs maîtresses. Tout le monde connaît les vers de Marot où il chante les galanteries de François Ier, qui érigea le comté d’Étampes en duché, «pour y loger de France la plus belle.»

La maison dite de Diane de Poitiers en 1903

     La première maison en face l’église Saint-Basile se compose de plusieurs corps de bâtiment. La salamandre et les lettres D et H entrelacées, sculptées sur plusieurs fenêtres intérieures, ne permettent pas de douter qu’elle n’ait été habitée par Diane. Dans la cour intérieure, on remarque surtout une porte cintrée, ornée de deux colonnes corinthiennes cannelées, et au-dessus de laquelle est un superbe bas-relief représentant la descente du Saint-Esprit sur les douze apôtres. Cette porte, qui semble avoir été l’entrée d’une chapelle, est en outre entourée de sculptures d’une grande finesse. Le premier étage a deux fenêtres chargées de sculptures admirables figurant des génies tenant des écussons, et surmontées d’une tête de louve. Sur la clé de voûte de l’une de ces fenêtres, on lit dans un cartouche la date de 1554, la deuxième année que Diane de Poitiers était duchesse d’Étampes.
Dessin de la maison dite de Diane de Poitiers par Léon Marquis en 1881
Dessin de la maison d'Anne de Pisseleu par Léon Marquis (1881)

     La seconde maison est au coin de la rue du Pain et va jusqu’à
[p. 151] l’Hôtel-de-Ville. On remarque d’abord sur sa façade une belle tourelle en poivrière, dont la toiture affecte absolument la forme d’une cloche. Le grand mur de cette façade est chargé d’une profusion d’ornements, de guirlandes, encadrant ou accompagnant des petites statues et bas-reliefs de Mercure, de Cléopâtre et d’autres figures mythologiques. Au-dessus d’une petite porte, on voit un buste très-mutilé de François Ier, à côté de la date de 1558; le buste d’Anne de Pisseleu, qui s’y voyait autrefois, a été en la possession de M. Flora, ancien habitant de cette maison. Dans la cour intérieure est une belle tourelle octogonale, contenant un large escalier tournant en pierres de taille. Enfin, on remarque à l’intérieur une grande cheminée très-ornementée et de beaux souterrains en partie murés.

     D’après une proposition de M. Alexandre Dufrêne, M. le Préfet de Seine-et-Oise a appelé dernièrement l’attention du conseil municipal sur l’utilité qu’il y aurait d’assurer la conservation des deux maisons historiques, et proposa de relier la maison d’Anne de Pisseleu aux constructions de l’Hôtel-de-Ville. Le conseil municipal essaya aussi d’acquérir la maison de Diane de Poitiers qui, comme la première, aurait convenu parfaitement pour le musée; mais on dut y renoncer à cause de la prétention des propriétaires.

     Il y avait dans cette rue, en face la Petite-Rue-Sainte-Croix, un pâtissier-restaurant à l’enseigne de l’Ile-d’Amour, où les vignerons se réunissaient autrefois le jour de la fête de saint Vincent et chantaient une chanson en l’honneur de leur patron, qui était peut-être particulière aux vignerons d’Étampes. En voici à peu près un des couplets que nous avons trouvé dans une auberge du faubourg Saint-Pierre, où les vignerons se réunissent actuellement:
Bon saint Vincent,
Donnez-nous le temps
De tailler nos vignes
Quand il sera temps.
Que Dieu, par sa grâce,
Nous envoie la saison.
Kyrie, Kriste, Dominicum nostrum.
Saint Vincent ! mouille, mouille, mouille !
Saint Vincent ! mouille-nous les dents.
[p. 152]
     Gabriel Dufaï, littérateur distingué, en son vivant bibliothécaire à Sainte-Geneviève, est né le 21 avril 1817, dans la rue Sainte-Croix, qui s’appelait alors rue de la Savaterie, nom qu’elle prit après la Révolution et qu’elle quitta vers 1820. Pendant la période révolutionnaire, elle s’appelait rue des Sans-Culottes.

La maison dite d'Anne de Pisseleu en 1903
Blason de Sainte-Croix      L’église collégiale Sainte-Croix a été bâtie en 1185, sur l’emplacement d’une synagogue que les juifs avaient à Étampes, et qui fut détruite quand ils furent chassés de France, en 1182. C’est avec ses débris que l’on éleva une église «plus ample que n’était la synagogue.»

     Le roi Philippe Ier y établit, en 1183, un collège de chanoines, et le pape Luce III leur accorda le droit d’enseigner la musique et les autres sciences.

     Le chapitre de Notre-Dame était maître du territoire qui renfermait l’église Sainte-Croix et prétendait jouir de tous les biens, revenus et privilèges appartenant à cette église; de là des différends et des procès qui durèrent de 1189 à 1257; ils sont longuement racontés par dom Fleureau; nous nous bornons à les mentionner ici, afin de suivre notre programme.

     Le collège de l’église Sainte-Croix était composé d’un doyen, d’un chantre, de dix-neuf chanoines et de dix chapelains.
     Dans un pouillé manuscrit du diocèse de Sens, nous trouvons les noms des dix chapelles desservies par les dix chapelains:
     Notre-Dame-de-la-Pitié, Saint-Thibaut, Saint-Éloy, Sainte-Marie-Madeleine, Saint-Nicolas, Saint-Étienne, Saint-Louis, Saint-Denis, Saint-Jean-l’Évangéliste et Saint-Jean-Baptiste.

     Dans une liste de l’argenterie envoyée volontairement à la Monnaie, le 10 avril 1790, on voit que Héret, procureur de la commune, a déposé pour le chapitre Sainte-Croix: un plat, deux burettes, pesant ensemble 3 marcs 30 onces 4 gros, plus 183 livres 18 sous 1 denier en espèces.


     Cette église, comme celle de Saint-Martin, était composée d’une nef, de deux transepts, d’un chœur, de deux bas-côtés, d’une abside et d’une tour à droite de l’église, accolée à un petit bâtiment servant de sacristie. La nef et les bas-côtés avaient huit travées. L’abside, vers la rue des Conilles, et terminée en demi-cercle, en avait cinq; il était entouré de trois chapelles demi-circulaires [p. 153] comme à Saint-Martin, mais beaucoup moins profondes. Il y avait en tout vingt piliers dont huit autour du chœur étaient circulaires, les six après octogonaux, et les autres carrés et flanqués d’élégantes colonnettes. Les murs extérieurs étaient soutenus par trente contreforts dont trois contenaient des escaliers à vis. L’un menait aux différents étages du clocher qui, s’il faut en croire la tradition, était aussi élevé que celui de Notre-Dame (1).

     La longueur du temple était de 55 mètres, sa largeur de 37 mètres avec la sacristie, et sa surface totale de 1500 mètres carrés.
Plan de Sainte-Croix tracé par Léon Marquis en 1881

     (1) V. le plan ci-joint, tiré des archives départementales, et la note D.
     Il y avait quatre portes d’entrée dont trois sur la façade du carrefour Doré, et une sur la rue de la Savaterie.

     L’acte de vente du 15 août 1792 nous apprend que l’église Sainte-Croix fut vendue comme bien national à Pierre Angot, chaudronnier à Étampes, moyennant 21 100 fr., à charge par lui de ne pas enlever les tableaux, statues, meubles et ornements qui étaient dans l’église ou dans la sacristie. Nous voyons dans cet acte de vente la désignation de l’immeuble, qui consistait «en un grand corps de bâtiment et dépendances avec terrain contigu, tenant d’un long à Guyon-Billard et autres, et d’une petite cour servant d’entrée à ladite église à la rue de la Savaterie; d’autre long, Vigriau, marchand, et autres; d’un bout sur le carrefour Doré; d’autre bout sur la rue des Conilles.» Dans le clocher il y avait quatre cloches et une horloge sonnant les heures et les demies (2).
     (2) V. la note D.
     D’autres biens appartenant au chapitre, consistant en maison, terres, prés et rentes sur divers, furent vendus les 21 février, 11 avril, 2 juillet, 16 et 25 novembre et 20 décembre 1791. Lanon en acheta à lui seul pour 67 200 fr. (3).

     Plusieurs chanoines attachés à l’église Sainte-Croix au dernier siècle étaient des personnages de distinction. Nous citerons seulement les trois suivants:

     (3) Archives départementales. – V. les notes 10, 11, 51, 52.
     1° Picard de Saint-Adon (François), docteur de Sorbonne, doyen du chapitre Sainte-Croix et doyen rural du doyenné d’Étampes, né à Saint-Côme en Rouergue (4). 0n a de lui: Histoire suivie et [p. 154] complète de la passion de Jésus-Christ. Paris, 1738, in-12. — Histoire suivie et chronologique des voyages de Jésus-Christ. Paris, 1740, in-12. — Livres des affligés pénitens. 1741, in-12 (1). — Livre de piété ou Recueil de prières ferventes adressées à Jésus-Christ. Paris, 1741, in-12. — Histoire suivie des voyages de saint Paul et ses compagnons. Paris, 1742, in-12. — La raison soumise à l’autorité en matière de foi. Paris, 1742, in-12. — Recueil de vérités pratiques concernant le dogme de la morale. Paris, 1754, in-12. — Vérités sensibles de la religion; Maximes d’un philosophe chrétien; Gémissements d’un, solitaire sur les désordres de la plupart des chrétiens. Paris, Bulard, 1768, in-12 (sous le nom: Un philosophe chrétien) (2).
     (4) Et non à Étampes, comme l’ont avancé certains auteurs.


     (1) V. la note 26.


     (2) Quérard, France littéraire. – Supercheries littéraires.
     2° Dujat (G.), chapelain de cette collégiale, a traduit le Traité du baptême de saint Augustin. Paris, 1777, in-12.

     3° Desforges, chapelain de Sainte-Croix à la même époque, très connu par ses essais sur la navigation aérienne, son livre sur le mariage des prêtres et d’autres publications extravagantes.

     4° Geoffroy Saint-Hilaire (Étienne), le fameux naturaliste (3).
     (3) V. le chapitre Biographie.
     Les armes du chapitre de Sainte-Croix étaient en 1698: «d’azur à un agneau pascal d’argent, la banderolle d’or croisée d’azur, l’écu semé de fleurs de lis d’or» (4).
     (4) Armorial général de d’Hozier.
     Petite-Rue-Sainte-Croix. — Va de la rue Sainte-Croix à la place de l’Hôtel-de-Ville. Cette rue a la même origine que la précédente et, comme elle, était voisine de l’église Sainte-Croix.

     Impasse Sainte-Croix. — Va de la place de l’Hôtel-de-Ville à un chantier de marchand de bois qui occupe l’emplacement de l’église Sainte-Croix, et où l’on voit de nombreux vestiges de cet ancien temple.

     Rue du Pain. — Rue oblique joignant la rue Sainte-Croix a la place de l’Hôtel-de-Ville. Pendant la Révolution, elle s’appelait rue de l’Abondance. [p. 155]

     Place du Tribunal. — En face le Tribunal et au bout de la rue Saint-Antoine.

Le Palais de Justice en 1903

     La grande salle d’audience est tout ce qui reste du palais bâti par le roi Robert. Le grand nombre de marches qu’il faut descendre pour y arriver suffirait presque à démontrer son antiquité, car ce n’est que peu à peu que le sol de la place a été exhaussé, et il a fallu des siècles pour y arriver.

     On remarque encore les traces d’une antique chapelle qui était sans doute l’oratoire des anciens rois.

     Ces bâtiments datent à peu près de la même époque que les anciennes constructions de l’Hôtel-de-Ville, car Fleureau nous apprend que c’est à partir de l’année 1518 que les diverses juridictions siègent dans la salle du Séjour ou Playdoyer.

     Ce palais, dit des Quatre-Tours, à cause des quatre tours qui étaient aux coins de son enceinte, était aussi appelé le Séjour, parce que les rois y faisaient leur séjour habituel quand leur cour était à Melun. Le jour, ils restaient au palais et la nuit ils se retiraient au château pour la sûreté de leurs personnes.

     La reine Constance, trouvant autant d’attraits à Étampes que le roi Robert, son époux, résolut d’y faire bâtir un palais et choisit pour cela le milieu de la ville, auprès de la rivière, afin qu’il soit accompagné de jardins bordés par la rivière.

     «Il étoit composé, dit Fleureau, de plusieurs corps d’hostel, sous lesquels il y avoit des caves, et au-dessus des greniers, qui servoient à retirer les vins et les bleds, que l’on recueilloit dans les vignes et sur les terres du roy, avec ceux qui provenoient de ses moulins et autres rentes et droits qui luy appartenoient.
     
«Il y avoit encore d’autres bâtiments qui servoient d’écuries, que l’on a achevé de ruiner de nos jours, avec une haute tour de pierre de taille qui servoit de degré et d’eschauguette, dont les démolitions ont été données aux Pères Capucins par César de Bourbon, duc de Vendôme et d’Estampes. II ne reste aujourd’huy de tout ce palais qu’un grand corps d’hostel de neuf toises et demie de long sur quatre toises et un pied de large dans œuvre, joint à une salle par bas et à une autre lambrissée au comble, accompagné d’un côté d’un édifice de trois toises de long sur deux de large, qui servoit à l’étage d’en haut d’oratoire ou chapelle, [p. 156] dans laquelle l’on entroit aussi par celle salle en haut, et de l’autre côté d’un corps d’hostel de cinq toises et quatre pieds de long sur quatre toises et quatre pieds de large dans œuvre, qui sert maintenant à tenir l’audience, joignant un autre corps d’hostel de cinq toises de long sur deux de large, qui sert de chambre de conseil. Le surplus des bâtiments d’un côté sert à la geôle ou prison, et de l’autre côté à loger le receveur du domaine, qui jouit aussi des jardins, qui sont de grande étendue (1).»
     (1) Fleureau, p. 26.
     En 1119, le palais du roi servit de résidence au pape Calixte II et à sa suite, composée de cardinaux, d’évêques et de plusieurs grands personnages. Le roi et la reine de France et leur cour se rendirent à Étampes pour recevoir le Pontife, qui alla ensuite faire la consécration solennelle de l’église de l’abbaye de Morigny (2).
     (2) Id., p. 485.
     En 1130, le pape Innocent II, qui venait d’être élu à la chaire de Saint-Pierre dans le concile national d’Étampes, passa dans cette ville et logea à Morigny; mais l’abbaye n’étant pas assez grande pour y loger la nombreuse suite de prélats qui l’accompagnaient, une partie logea à Étampes (3), sans doute dans le palais du roi.
     (3) Id., p. 377.
     C’est dans cette salle du Plaidoyer qu’on a procédé à la rédaction de la coutume d’Étampes, du 22 au 28 septembre 1556, en présence des conseillers du roi, avocats, prévôt, greffiers, procureurs, magistrats, nobles, manants et habitants des villes, bourgs et villages régis par la coutume, et plus de deux cents seigneurs possédant fief dans le bailliage ou duché d’Étampes.

     C’est encore là que se tenaient autrefois les assises du lieutenant général du bailliage. Les séances avaient lieu deux fois par an, à partir du lendemain de la Quasimodo et du lendemain de la Toussaint, et duraient «huit jours francs et utiles (4).»
     (4) Coutume d’Étampes.
     Dans toutes les villes de France où se tenaient les assises, les séances avaient lieu une, deux ou trois fois par an; les juges supérieurs étaient chargés de voir si les juges inférieurs s’acquittaient de leurs devoirs; on y jugeait aussi en première instance et [p. 157] sans frais toutes sortes de causes. Pendant les assises, les autres juridictions cessaient généralement; par exception, à Étampes, même pendant les assises, le prévôt tenait ses audiences de police les après-midi, suivant un règlement du mois de juillet 1659 (1).
     (1) Coutume d’Étampes.
     Les appels des baillis d’Étampes étaient jugés au parlement de Paris, dans les premiers jours d’août de chaque année, et formaient le huitième rôle, comprenant les appels de Chartres, Orléans, Lorris, Étampes, Dreux, Berry, Nivernais, etc. (2).
     (2) Denizart, t. IV.
     C’est dans la salle du séjour que les membres de l’ordre du tiers-état se réunirent, le 10 mars 1789, sous la présidence du lieutenant-général Picard de Noir-Épinay, et rédigèrent leur cahier de doléances (3).
     (3) Documents particuliers.
     La maison dite du domaine, jardin et dépendances, appartenant à Louis-Philippe d’Orléans, émigré, furent vendues, 16 pluviôse an V, à Théodore-Alexis Charpentier, moyennant 10 800 fr. La maison fut revendue au département, le 1er avril 1807, pour servir de caserne à la gendarmerie (4).
     (4) Archives départementales.
     En septembre 1670, «la maison sise devant le séjour royal et appartenant à la veuve Ant. Guyot est prise à loyer par la ville pour établir une manufacture de bas d’estame au tricot… afin d’occuper les habitants et enfants au-dessus de huit ans, d’après une ordonnance royale, signée Colbert, du 18 avril 1670 (5).»
     (5) Registre des délibérations des maire et échevins
     A droite du Palais-de-Justice est la gendarmerie à cheval; à gauche, la gendarmerie à pied dont les bâtiments servaient à l’origine de maison d’arrêt.

     En 1772, la salle des plaids s’appelait encore salle du séjour ou Palais-Royal (6).
     (6) Arrest du Parlement qui homologue l’ordonnance royale rendue par le lieutenant général du bailliage d’Étampes. Paris, 1783, in-4.
     En 1860, la place du Tribunal s’appelait carrefour du Puits-Bardé, probablement à cause d’un puits public remplacé aujourd’hui par une pompe, et qui aurait dépendu d’une maison appartenant à un habitant du nom de Bardé. [p. 158]

     
Rue de l’Hôtel-de-Ville. — Dans le prolongement de la rue Saint-Antoine dont elle portait autrefois le nom. Elle prit plus tard le nom de rue du Carrefour-Doré. Son nom actuel lui vient de ce qu’elle conduit à l’Hôtel-de-Ville.

     Au coin de cette rue et de la rue Damoise est l’ancienne auberge de Robinson, tenue par M. Tabour. En face était celle de la Belle Image, supprimée il y a vingt ans.

     Place de l’Hôtel-de-Ville. — Place triangulaire située devant l’édifice de ce nom. C’est là qu’a lieu tous les samedis le marché aux fruits et aux légumes secs.

L'hôtel de Ville en 1903

     Dans l’aile de droite, longeant la rue des Marionnettes, où l’on a installé dans ces dernières années le bureau de police, on voyait naguère le grenier à sel d’Étampes, gros pavillon carré dont une ancienne peinture, existant chez un particulier, nous a conservé la trace de sa massive architecture.

     Au rez-de-chaussée de l’Hôtel-de-Ville on remarque la salle des élections, le cabinet du maire, la salle du cadastre et celle des mariages, le cabinet du secrétaire de la mairie et les bureaux. L’escalier d’honneur, le logement du concierge et le bureau de police occupent les autres bâtiments.

     Au premier étage, deux salles affectées à la bibliothèque, réorganisée depuis 1869 et où des améliorations ne cessent d’être apportées. Au 1er mai 1880, elle renfermait 1933 ouvrages formant 4560 volumes imprimés et 197 manuscrits. Après la bibliothèque, deux salons: la salle du conseil et la salle des fêtes.

     Au deuxième étage est installé le musée, inauguré le 26 septembre 1875. Le premier fond, grâce auquel le musée doit son existence, est la collection de sculptures venant d’Élias Robert et offerte généreusement à la ville par Mme Élias Robert, sa veuve.

Les collections du Musée en 1903

     Depuis cette époque, le musée s’est enrichi d’une grande quantité d’objets de toutes sortes concernant la peinture, la gravure, la photographie, la céramique, l’archéologie, la numismatique, la sigillographie, la minéralogie, etc.

     On remarque surtout la collection de milliers de coquilles fossiles tirée du bassin marin dit coquillier d’Étampes, la collection d’ornements, bijoux, gravures et dessins concernant l’histoire
[p. 159] d’Étampes, la pierre de la Bastille offerte par Palloy à la famille Simonneau (1).
     (1) V. les notes 146, 147.
Dessin de l'Hôtel de Ville par Léon Marquis en 1881
     La partie ancienne de l’Hôtel-de-Ville se compose d’un avant-corps avec pignon sur la place, flanqué de deux poivrières; à gauche est accolée la tour d’escalier, et à droite un grand bâtiment carré, orné d’une troisième poivrière.

     A part les fondations, qui remontent, dit-on, à Robert-le-Pieux, cette partie de l’édifice a été bâtie par le roi Louis XII vers l’an 1514, ainsi qu’il résulte des lettres patentes dont nous avons donné un extrait précédemment.
Plan de l'Hôtel de Ville par Léon Marquis en 1881
     Tout le reste est moderne et a été construit en 1850 et 1851, sous la direction d’Aug. Magne, alors architecte de la ville. En même temps qu’elle s’agrandit vers l’ouest, anticipant sur la maison Guénée qu’on expropria, l’ancienne Maison-Commune fut restaurée; une construction engageant à gauche une partie de la tour disparut complètement. La belle tour octogonale apparaît, surmontée de son clocher pointu semblable à une flèche de collégiale; un balcon chargé de sculptures est ajouté au-dessus de l’entrée principale; des ornements apparaissent aux fenêtres, et une belle grille entoure le monument (2).
     (2) V. la note 118.
     L’historien d’Étampes nous apprend qu’en 1652, dès le commencement du siège, les habitants furent contraints par les chefs de l’armée de Condé «de porter leurs armes à la Maison-de-Ville, où ils les firent prendre par leurs valets, désarmant par ce moyen les habitants, et grossissant leurs troupes. Ils se saisirent du grenier à sel et en distribuèrent aux soldats; ils se saisirent aussi des greniers où il y avoit des bleds, qu’ils firent conduire aux Cordeliers, dans leur magasin de vivres; ils tenoient leurs poudres et autres munitions de guerre dans l’église de Sainte-Croix (3).»

     En 1789, une assemblée qui eut lieu à l’Hôtel-de-Ville nomma les six députés suivants pour représenter l’ordre du tiers-état: Louis-André-Charlemagne Gudin, François Baron, Jacques-André Desforges, Charles et Nicolas Baron, Pierre-Nicolas Soreau.

     (3) Fleureau, p. 280.
     Le 10 mars 1789, à neuf heures du matin, les membres de [p. 160] l’ordre de la noblesse se réunirent dans la salle de cet hôtel, sous la présidence du marquis de Valory, grand bailli d’Étampes, au nombre d’environ quatre-vingt-seize. On remarquait notamment: M. de Grandmaison, vicomte de Bois-Herpin, lieutenant-général des armées du roi; M. Poilloue de Bonnevaux, ancien major des Carabiniers, seigneur de Bonnevaux, paroisse de Saclas; M. Poilloue de Saint-Mars, seigneur des fiefs de Boissy-la-Rivière, Poilloue et Bierville; M. de la Bigne, seigneur de la Montagne; M. Jean-Auguste de Poilloue de Saint-Mars de Saint-Périer, seigneur de Valnay; M. de Poilloue de Saint-Mars, ancien officier major aux gardes françaises, seigneur du Petit-Saint-Mars; M. de La Borde de Méréville, garde du trésor royal (1).
     (1) Manuscrits particuliers.
     Au n° 9 de la place de l’hôtel-de-ville, où l’on voit aujourd’hui un marchand de tabac, il y avait autrefois l’imprimerie Dupré, et anciennement l’auberge du Bras-d’Or (2), tenue par la famille Démollière, famille de saltimbanques, alliée aux Roba, également saltimbanques, qui faisaient le succès de la foire d’Étampes au commencement du siècle.
     (2) V. le plan de l’église Sainte-Croix.
     La veuve de l’imprimeur Dupré, née Démollière, et qui habitait cette maison, était de la même famille.

     A l’angle de la place et de la Petite-Rue-Sainte-Croix, dans la maison Levayer, était une autre auberge à l’enseigne de l’Image-Notre-Dame, et le dernier aubergiste s’appelait Gandil. Cette place s’appelait carrefour Doré jusque vers le milieu de ce siècle; on l’appela ensuite place Marchande pendant quelques années (3).
     (3) V. la note 118.
     Depuis janvier 1880, le service des postes, réuni à celui des télégraphes, est installé dans une annexe de l’Hôtel-de-Ville.

     
Rue de la Juiverie. — Va du Palais-de-Justice à la rue Sainte-Croix. Cette rue, qui est au centre de la ville, est une des plus commerçantes. Jusqu’en l’année 1182, c’était le quartier des juifs, qui avaient à côté leur synagogue. [p. 161]

La rue de la Juiverie vers 1904

     Avant d’avoir été chassés de France par le roi Philippe-Auguste, en 1182, les juifs étaient assez nombreux à Etampes, car ils avaient leur prévôt et leur juge particulier (1).

     La maison de cette rue occupée par M. Daveluy, notaire, ainsi que les deux maisons adjacentes, sont sur l’emplacement de l’ancien hôtel Danjouan, où logea l’infante Marie-Thérèse, le 21 février 1745 (2). La maison voisine, occupée par Mme Moizard, et appartenant alors à Baron, lieutenant de l’élection, servit à la même destination (3).
     (1) Fleureau, p. 114.


     (2) De Montrond, Essais, p. 138.
     (3) Abeille d’Étampes, 22 mars 1873.
     Dans le prolongement de la rue de la Queue-du-Renard, il y avait autrefois une petite rue allant de la rue de la Juiverie au carrefour Doré.

     La maison de M. Gauché, boucher, était, au commencement de ce siècle, une fabrique de couvertures fondée par M. Lecomte.

     La chambre de juridiction des maîtres barbiers-perruquiers, baigneurs-étuvistes de la ville d’Étampes était rue de la Juiverie en 1783, et rue de la Savaterie en 1784. Nicolas-Théodore Viard, lieutenant et premier chirurgien du roi, était à la tête de la communauté en 1783, et Louis Tabart, qui en devint le doyen, la représentait à l’Hôtel-de-Ville, le 3 mars 1789, à l’assemblée du tiers-état, et le 9 mars à l’assemblée des trois états pour l’élection des députés (4).
     (4) V. à la Bibliothèque d’Étampes le registre des délibérations de la communauté de 1784 à 1791.
     En 1793, la rue de la Juiverie devint la rue de la Liberté.

     Le lundi 26 août 1721, jour de la Saint-Louis, on fit de grandes fêtes dans toute la ville, à l’occasion de la convalescence du roi. Les bourgeois de la rue de la Juiverie se distinguèrent particulièrement, car, «après avoir assisté au Te Deum chanté dans l’église Saint-Basile et avoir mis des illuminations aux fenêtres, ils ont fait tirer un feu dressé au milieu de la rue précédé d’un petit discours prononcé par l’un d’eux… en l’honneur du roi (5)».
     (5) Mercure, octobre 1721.
     Boulevard Henri IV. — Est sur l’emplacement des anciens [p. 162] remparts de la ville, de la porte du Château à la porte Saint-Martin. Les murs de la ville étaient à peu près dans l’axe du boulevard, et les fossés occupaient avant 1840 l’emplacement actuel de la voie ferrée. Ces fossés étaient assez profonds, de sorte que le déblaiement pour le chemin de fer ne fut pas considérable.

Le boulevard Henri-IV vers 1903

     Le nom de boulevard Henri IV lui vient des guerres de 1589; le château d’Étampes, tour à tour convoité par chaque parti, était un point de mire et une source de calamités pour la ville. Les habitants sollicitèrent et obtinrent du roi Henri IV la permission de le démanteler. C’est en souvenir de ce fait que les anciens remparts prennent le nom de boulevard Henri IV, dénomination qui est bien antérieure a la construction de la ligne d’Orléans.

     Le boulevard Henri IV est planté dans tout son parcours de deux belles rangées d’ormes formant berceau; aussi, c’est la promenade favorite de la population.

     En haut, de l’autre côté du chemin de fer, est une promenade analogue où l’on jouit d’un superbe panorama; deux passerelles et un pont y conduisent. Cette allée, qui est également ancienne et qui formait autrefois un chemin allant de Saint-Martin au château, s’appelle la Promenade du haut.

     Il y a un demi-siècle, le boulevard Henri IV s’appelait Promenade de la foire aux chevaux, à cause de la foire qui s’y tenait chaque année le jour de la Saint-Michel. Plus anciennement, on l’appelait Boulevard d’Étampes.

     L’avocat Lamy, commentateur de la coutume, nous apprend «qu’une bataille à jets de pierre se faisoit entre les enfans des paroisses de Saint-Martin et de Saint-Gilles, contre ceux des paroisses Notre-Dame et Saint-Bazile, le long des remparts de la ville, depuis la porte de Saint-Martin jusqu’à la porte du Château, les fêtes et dimanches après dîner.»

     En 1569, par suite d’une guerre de ce genre, un écolier fut tué; un arrêt du 19 février l569 décida qu’il serait fait d’un service funèbre en l’honneur de l’écolier tué, que l’accusé, ses complices et tous les maîtres d’école d’Étampes y assisteraient, et qu’à la fin du Libera, il serait fait une remontrance aux enfants ( l).
[p. 163]
     (1) Lamy, Coutume d’Étampes, 1720, in-8, p. 461.
     Vers 1700, les enfants se battaient ainsi la veille de Noël, en attendant la messe de minuit.

     
Place de l’Embarcadère. — C’est la place où est située la gare des voyageurs. Il s’y tient tous les ans, le premier dimanche de mai, une fête champêtre en souvenir de l’inauguration de la station, qui eut lieu le 2 mai 1843. Avant 1840, des jardins et des terres labourables occupaient l’emplacement de cette place, qui s’appelait à l’origine place du Chemin-de-Fer. Les arbres et les bancs qu’on voit en haut datent de l’année 1875.

La Gare d'Etampes vers 1903

     Il y a deux hôtels sur cette place, celui du Chemin-de-Fer tenu par Mme veuve Debergue, et l’hôtel du Nord tenu par M. Simon.

     Les hôtels du Chemin-de-Fer et du Nord remontent à la fondation de la ligne de Paris à Orléans. Celui des Voyageurs, supprimé en 1879, et situé entre les deux autres, est plus ancien; il avait dès le XVIIe siècle des caves qui se perdaient dans les fossés. Fleureau nous apprend qu’en 1652 les principaux chefs de l’armée de Condé, pour voir si les assiégeants n’avaient point de mineurs, visitaient les caves aboutissant près des murailles (1), et situées de ce côté de la ville, d’après la tradition.
     (1) Fleureau, p. 280.
     Par suite de la construction du chemin de fer de Chartres, on doit agrandir la gare des voyageurs aux dépens de cette place.

     
Rue Élias-Robert.  — Va de la rue Saint-Jacques à la place de l’Embarcadère. C’est l’ancienne rue de la Levrette, rectifiée en 1840 et 1862. En 1840, elle tombait rue du Château, près de l’hôtel du Nord, où on en voit encore l’amorce. En 1862, cette ruelle tortueuse aboutissait à la place de l’Embarcadère et à la rue Saint-Jacques. Le 11 août 1874, le conseil municipal, sur la proposition de M. Chaudé, l’un de ses membres, a décidé qu’elle s’appellerait rue Élias-Robert, du nom du célèbre sculpteur étampois qui venait de mourir.

     Rue du Château-de-Guinette. — Part de la rue Saint-Jacques, en face l’église Saint-Basile. La largeur de cette rue a été [p. 164] au moins triplée en 1842, lors de la construction du chemin de fer de Paris à Orléans. Les maisons à droite de la rue en montant restèrent debout, mais les autres furent démolies. On aurait élargi davantage afin d’être plus en face l’église, sans les prétentions exagérées du propriétaire de la maison qui est au coin de la rue Saint-Jacques, et qui est occupée à présent par un marchand de tabac.

     Cette rue s’appelait autrefois rue du Château, et pendant la Révolution rue de Dourdan.

     A gauche en montant, il y a un hôtel moderne à l’enseigne de la Caisse-d’Épargne.

     A droite est l’établissement des Frères des écoles chrétiennes, situé dans une maison très ancienne où il y a des souterrains qui se perdaient autrefois dans la plaine, en passant sous les fossés de la ville.

     Cette école remonte à l’année 1821. La succursale de Saint-Martin n’a été établie qu’une trentaine d’années plus tard par un don de la famille de la Bigne, dont la charité est connue surtout dans le quartier de Saint-Martin (1).
     (1) V. les notes 139, 157.
     Cette rue est l’ancien chemin pavé «par lequel on va de l’église Saint-Bazile au chastel d’Étampes, nommé d’ancienneté rue de Bruyères (2).»
     (2) Archives départementales.
     Rue du Petit-Moulin. — Va de la rue de la Roche-Plate à la rue du Puits-Plisson et au Petit-Moulin. C’est le moulin le plus ancien d’Étampes, ou du moins celui dont on peut établir l’origine avec certitude.

     Au moyen âge, on l’appelait moulin de Notre-Dame ou du Chapitre, parce qu’il faisait partie des biens du chapitre de cette église. Il date du commencement du XIe siècle, et a été fondé en même temps que les chanoines de Notre-Dame, ainsi que nous l’apprend Dom Fleureau dans ce passage de ses Antiquitez:
     «On a conduit par artifice la rivière dans la ville, son cours naturel la portant vers la prairie. Elle fait moudre trois moulins,
[p. 165] dont l’un appartient d’ancienneté et de leur fondation à Messieurs du chapitre de Notre-Dame, et les deux autres au roy (1)».
     (1) Fleureau, p. 28.
     Un usage au moins singulier, qui existait au XIIe siècle, était le droit qu’avait le chapitre de Notre-Dame d’avoir un âne ou un mulet pour desservir son moulin (2).
En 1753, il y eut contestation entre le chapitre, propriétaire de ce moulin, et les meuniers des moulins Sablon et Darnatal, qui appartenaient au prince d’Orléans.

     (2) Champollion-Figeac, Doc. paléog., 1868. In-8. – Orderic Vital.
     Il fut vendu comme bien national, le 11 avril 1791, à J.-B. Hamouy, pour 97 500 f’r. (3). A la même époque, Guettard construisit sans autorisation une usine au-dessous du Petit-Moulin; mais un arrêté préfectoral du 7 thermidor an VIII l’obligea de le détruire totalement (4).
     (3) Archives départementales
     (4) Archives communales. – Manuscrit des moulins.
     Avant la Révolution, la rue qui nous occupe s’appelait rue du Petit-Moulin-Notre-Dame. A partir d’octobre 1795, on l’appela rue du Petit-Moulin (5).
     (5) Archives municipales.
     Rue du Puits-Plisson. — Va de la rue du Petit-Moulin à la rue du Pont-Danjouan. Son nom lui vient peut-être de ce qu’un puits situé dans cette rue a été creusé par Charles Plisson, maître maçon à Étampes, qui figure sur un manuscrit du XVIIe siècle.

     Autrefois, la rue du Puits-Plisson était, dans le voisinage, cette partie de la rue actuelle de la Roche-Plate allant de la rue de la Queue-du-Renard à celle du Pont-Quesneaux.

     Rue de la Prison. — Allant de la rue de la Juiverie à celle de la Roche-Plate. C’est dans cette rue qu’est située la prison cellulaire ou maison d’arrêt de l’arrondissement, construite en 1844, à côté du tribunal, avec lequel elle communique. Autrefois la rue de la Prison s’appelait ruelle des Cachots (6).
     (6) V. la note E.
     Au coin de cette rue et de la rue de la Roche-Plate, on voyait [p. 166] encore, il y a quelques années, les vestiges d’une des quatre tours du Séjour ou palais du roi Robert.

     
Carrefour du Pont-Doré. — A l’extrémité de la rue Sainte-Croix, et en face le Pont-Doré, sur la rivière Chalouette, il y a là une ancienne auberge à l’enseigne du Coq-en-Pâte, où pend un tableau représentant un coq sortant d’un pâté. En parlant d’une personne qui est bien soignée, on dit qu’elle est comme un coq en pâte, et il faut croire que l’aubergiste qui lui a donné ce nom veut qu’il en soit ainsi de ses clients. Au commencement de ce siècle, le théâtre d’Étampes était dans une espèce de grange dépendant de cette auberge. On l’appelait la salle du Coq-en-Pâte. Elle ne servait plus à cette destination depuis longtemps, quand elle fut rouverte le 19 juin 1839 par les acteurs-amateurs: Baron, Bruère, Chaudé, Chevillard, Delille et Sergent (1).
     (1) Abeille d’Étampes de 1839. – Rose Chéri, par Mirecourt.
     A cette époque on appelait cette petite place carrefour du Coq-en-Pâte.

     Voici sur cette auberge quelques vers qui ont été improvisés dans une séance a l’Hôtel-de-Ville, le 26 févier 1877, par M. Cholet, poète improvisateur:
Quand l’ouvrier, lassé d’un pénible voyage,
Viendra te demander un abri pour le soir,
Auberge, ouvre-toi vite, et qu’il trouve en partage
Un bon lit pour dormir: le sommeil rend l’espoir.
Ton enseigne lui plaît, ô vaillant Coq-en-Pâte,
Car toujours il trouva chez toi de bons repas;
Et près du voyageur on s’empresse, on se hâte.
Que d’hôtels plus brillants qui ne te valent pas !
Partant le lendemain, il reprendra sa route.
Coq-en-Pâte, il dira tes charmes, tes bienfaits,
Répétant: L’ouvrier qui travaille el qui doute
Trouve ici le repos et d’agréables mets.
Prospère bien longtemps, vieille auberge d’Étampes !
Passe de père en fils à la postérité !
Active tes fourneaux, et fais briller tes lampes,
Pour qu’on trouve toujours même hospitalité !
[p. 167]
Le poète ici-bas ressemble à l’hirondelle.
Par hasard, sous ton toit s’il s’abritait, rêveur,
Qu’il puisse avec plaisir y reposer son aile.
Comme l’oiseau, son chant annonce le bonheur (1).
     (1) Abeille du 3 mars 1877.
     Rue du Pont-Doré. — Fait suite à la rue Sainte-Croix, de l’autre côté de la rivière, sur laquelle on passe au moyen d’un ancien pont en pierres appelé le pont Doré. Le carrefour du Pont-Doré est la petite place en avant du pont, réunissant les rues de la Tannerie et de la Roche-Plate.

     Rue du Pont-Danjouan. — Va de la rue de la Roche-Plate à la rivière. On l’appelait encorc rue Danjouan il y a peu d’années. Elle tire son nom de la famille des Danjouan dont l’hôtel allait de cette rue à celle de la Juiverie. Parmi les membres de cette famille, on distinguait surtout: Pierre Hémard de Danjouan, dont la femme, Marie Bredet, ainsi qu’on le verra plus tard, a été marraine en 1718 de la grosse cloche de Notre-Dame, et Claude Charles Hémard de Danjouan, célèbre littérateur étampois du XVIIIe siècle.

     Rue de la Roche-Plate. — Aboutit actuellement à la rue Sainte-Croix et à la rue du Pont-Quesneaux. Ainsi nommée à cause d’une roche plate de dimensions remarquables qui est dans les caves de la maison de cette rue située en face la rue de la Queue-du-Renard. Cette maison a appartenu à M. Baron et à M. Roger. Toutes les caves des maisons de cette rue étaient reliées ensemble par des souterrains.

     Anciennement, la section située entre les rues de la Queue-du-Renard et du Pont-Quesneaux s’appelait, comme nous l’avons déjà dit, rue du Puits-Plisson. Plus anciennement, cette même section s’appelait rue du Jardin-du-Domaine, à cause du jardin du roi, dépendant du palais du Séjour, qui longeait précisément cette rue.

     Place Romanet. — C’est la place qui est devant le chevet [p. 168] de l’église Saint-Basile. Ainsi nommée en souvenir du général Romanet, qui était maire d’Étampes de 1808 à 1815. Au commencement du siècle, cette place s’appelait carrefour Saint-Basile; du temps de Fleureau, il y a deux siècles, elle s’appelait carrefour des Ormes, et plus anciennement le vieil marché des Ormes-Saint-Basile, ce qui indique qu’il existait autrefois un marché sur cette place.

     La partie nord attenant à l’église servait de cimetière; ce fait est confirmé par les ossements qu’on a trouvés quand on fit des fouilles, vers 1860.

     Au mois de mars 1820, un calvaire y fut édifié à l’angle sud-est de l’église, en face la maison de M. Bidault, en souvenir des Pères de la Miséricorde qui prêchèrent en 1820 dans toutes les paroisses d’Étampes. Il fut enlevé, par ordre du sous-préfet, dans la nuit du 29 août 1830, et la grande croix en chêne dont il était formé, dépourvue de son christ colossal, est maintenant à l’intérieur de l’église, dans la première chapelle à droite en entrant. En souvenir de l’érection de cette croix de mission, quatre messes hautes ont été fondées en l’église Saint-Basile par les soins de l’abbé Poilloue de Saint-Mars.

     Le carrefour Saint-Basile formait un terre-plein d’environ un mètre de hauteur sur lequel on voyait de magnifiques tilleuls.

     Aujourd’hui, il y a deux rangées de marronniers qui ont été plantés il y a vingt-cinq ans.

     Sur la place Romanet est l’hôtel du Grand-Monarque, fondé par l’ancien hôtelier du Grand-Courrier, il y a une dizaine d’années.

     Nous citerons seulement pour mémoire la rue de l’Anse, qui aboutit au milieu de la place Romanet, et la rue du Petit-Panier, à droite et à gauche au bout de la rue de l’Anse.

     La rue qui longe l’église Saint-Basile, dans le prolongement de la rue du Château-de-Guinette, s’appelle rue Saint-Basile.

     Rue du Renard. — A gauche, vers l’extrémité de la rue Saint-Jacques. Cette rue, ou plutôt cette ruelle, où il n’y a guère que des portes de jardin, était anciennement dans un creux, formant ravin, mais elle a été exhaussée à différentes reprises; [p. 169] c’était un vrai renard qui servait à l’écoulement des eaux pluviales (1).

     La rue de la Queue-du-Renard, qui va de la rue de la Juiverie à celle de la Roche-Plate, a sans doute la même origine.

     Il y avait autrefois, au coin de la rue du Renard et de la rue Saint-Jacques, une auberge à l’enseigne du Renard.
     (1) Renard est un vieux mot français désignant, «en matière de canaux, des trous ou des fentes qui se trouvent dans le terrain, et par ou l’eau se perd.» (Trévoux, Dict. univ.)
     Rue de la Cordonnerie. — Va de l’église Saint-Basile à l’église Notre-Dame. Ainsi nommée parce qu’il y avait au XVIIIe siècle une fabrique importante de chaussures ou cordonnerie. Autrefois elle s’appelait rue de la Poule, du nom de l’auberge de la Poule, supprimée en 1820 et qui était en face la rue du Ronneau; son enseigne consistait en une poule sculptée au-dessus de l’entrée principale.

     Le nom de la Cordonnerie était déjà donné à cette rue avant 1792.

     En face l’Hôtel-Dieu, vers l’endroit appelé autrefois le parvis Notre-Dame, était une auberge très ancienne qui avait pour enseigne: Au Prince d’Orléans, et dans un grand tableau était peint le portrait du prince. Cette auberge, reconstruite il y a quelques années et supprimée en 1879, avait en dernier lieu pour enseigne: Au Duc d’Orléans.

     Dans la première maison en haut de cette rue, à gauche, est né le célèbre naturaliste étampois, Étienne Geoffroy Saint-Hilaire; c’est ce qu’indique une inscription en marbre noir scellée sur la façade de cette maison.

     La paroisse Saint-Basile finit à la rue du Ronneau, qui va de cette rue à la rue des Remparts et à la promenade du Port.

     Pendant la Révolution, cette rue s’appelait rue de la Constitution.
[p. 170]

    
Le quartier Saint-Basile (extrait d'un plan dessiné par Léon Marquis en 1881)
 Plan du quartier Saint-Basile sous l’Ancien Régime (Léon Marquis, 1881)
   
     TABLE.  Carrefour du Moulin-Sablon. — Rue des Groisonneries. — Rue de la Porte-Dorée. — Rue du Creux-Chemin. — Place Geoffroy-Saint-Hilaire. — Rue Saint-Antoine. — Petite-Rue-Saint-Antoine. — Rue de la Vigne. — Rue du Pont-Quesneaux. — Rue de la Plâtrerie. — Rue Saint-Mars. — Rue Sainte-Croix. — Petite-Rue-Sainte-Croix. — Impasse Sainte-Croix. — Rue du Pain. — Place du Tribunal. — Rue de l’Hôtel-de-Ville. — Place de l’Hôtel-de-Ville. — Rue de la Juiverie. — Boulevard Henri IV. — Place de l’Embarcadère. — Rue Élias-Robert.  — Rue du Château-de-Guinette. — Rue du Petit-Moulin. — Rue du Puits-Plisson. — Rue de la Prison. — Carrefour du Pont-Doré. — Rue du Pont-Doré. — Rue du Pont-Danjouan. — Rue de la Roche-Plate. — Place Romanet. — Rue du Renard. — Rue de la Cordonnerie.
   
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Source: Saisie numérique en mode texte de Bernard Métivier, 2015.
BIBLIOGRAPHIE

Éditions


     Léon MARQUIS, Les rues d’Étampes et ses monuments, Histoire - Archéologie - Chronique - Géographie - Biographie et Bibliographie, avec des documents inédits, plans, cartes et figures pouvant servir de suppléments et d’éclaircissement aux Antiquités de la ville et du duché d’Etampes, de Dom Basile Fleureau [in-8°; 438 p.; planches; préface de V. A. Malte-Brun], Étampes, Brière, 1881 [dont deux rééditions en fac-similé: Marseille, Lafitte reprints, 1986; Éditions de la Tour Gile, 1996].

     Bernard GINESTE [éd.],
«Léon Marquis: Les rues d’Étampes et ses monuments (1881)», in Corpus Étampois, www.corpusetampois.com/index-marquis.html, en cours depuis 2003.

     Bernard GINESTE et Bernard MÉTIVIER [éd.], «
Léon Marquis: Le Quartier Saint-Basile (1881)» [réédition numérique illustrée en mode texte], in Corpus Étampois, www.corpusetampois.com/che-19-marquis-rues02c.html, 2016.


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