Essais historiques sur
la ville d’Étampes
Étampes, Fortin, 1837, tome 2
Chapitre XVI, pp. 59-65.
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L’Hôtel-Dieu
et le Collège d’Étampes |
CHAPITRE SEIZIÈME
L’HÔTEL-DIEU
ET LE COLLÈGE D’ÉTAMPES
Chapitre XVI: Hôtel-Dieu. —
Collège d’Étampes.
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Nous nous sommes jusqu’ici presque entièrement attachés
dans ce second volume à présenter quelques détails historiques
sur chacun des personnages qui figurent tour à tour dans nos annales
comme souverains du domaine d’Étampes. Il est temps de suspendre
cette énumération, et de porter un instant nos regards sur
quelques établissemens utiles qui dans le cours du seizième
siècle florissaient au sein de cette ville. Deux principaux fixeront
en ce moment notre attention: ce sont l’Hôtel-Dieu, et le collège
d’Étampes. [p.60]
1° HÔTEL-DIEU
D’ÉTAMPES.
Une ancienne tradition rapporte que dans l’enceinte
même de l’église Notre-Dame, à l’extrémité
de la nef, et au dessus de la porte du marché, étaient autrefois
placés les lits des pauvres malades venus de la ville ou des bourgs
environnans. Mais les graves inconvéniens qui résultaient de
cette disposition firent songer à construire un bâtiment séparé
de l’église. Il fut élevé dans son voisinage, et dans
la cour attenant à cette collégiale. On ignore l’époque
précise de cette première construction; quelques raisons portent
à croire qu’elle remonte vers la fin du douzième siècle.
Cette maison hospitalière fut d’abord nommée l’aumônerie
de Notre-Dame (1). Des accroissemens successifs
sont venus depuis embellir, agrandir la demeure du pauvre, et ont formé
enfin ce vaste Hôtel-Dieu d’Étampes, aujourd’hui possesseur
de revenus considérables, qu’il fait servir dignement au soulagement
de l’humanité.
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(1)
Voir aux archives de Notre-Dame et à celles de I’Hôtel-de-Ville,
plusieurs titres concernant l’Hôtel-Dieu d’Étampes.
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Cet établissement
a été desservi longtemps par des frères laïcs,
dévoués au service des pauvres, sur lesquels on n’a que de
vagues renseignemens. Mais on sait par un contrat du 16 avril 1537, passé
devant Jean Thibaut et Richard de Bourdelle, notaires royaux à Étampes,
qu’en cette année le maître et administrateur de l’Hôtel-Dieu
[p.61] (on ignore à quel
titre) était messire Jacques de la Vallée, prêtre. Il
paraît que sa mauvaise administration, par suite de laquelle, dit
l’acte, il serait mort plusieurs pauvres sur le pavé devant l’Hôtel-Dieu
même, faute de les recevoir et secourir, aurait excité les
plaintes les plus vives de la part des maire et échevins. Ils réclamèrent
donc l’administration du revenu temporel de l’Hôtel-Dieu, comme leur
appartenant de droit. Après beaucoup de difficultés, elle
leur fut cédée par Jacques de la Vallée, sous l’approbation
de l’archevêque de Sens; et depuis cette époque la ville n’a
cessé d’être en possession de ce privilège, qui fut
confirmé plus tard par diverses ordonnances de nos rois. Les maire
et échevins de la ville s’empressèrent d’y établir
des religieuses hospitalières de l’ordre de Saint-Augustin. Un ancien
auteur remarque ici que pour trouver des servantes des pauvres, point ne
leur fut nécessaire de porter leurs regards au loin. «Ils n’en
allèrent point, dit-il, quérir en d’autres villes; mais il
se présenta des filles d’Étampes, qui se vouèrent à
ce service (1)». Des sœurs du même
ordre peuplent encore cet asile; et aujourd’hui comme autrefois, ce sont
encore le plus souvent de jeunes filles de la ville qui viennent remplacer
dans le séjour des pleurs les vierges chrétiennes qu’on a
vues s’envoler au céleste séjour. |
(1)
D. Basile Fleureau. Antiq. d’Étampes. [bib]
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La chapelle
de l’Hôtel-Dieu d’Étampes fut construite vers l’an 1559, comme
l’indique le chiffre placé sur la porte extérieure au dessus
de ce verset de l’Évangile, [p.62] l’un
des plus touchans et des plus féconds en œuvres de miséricorde:
Amen dico vobis, quandiu fecistis
uni ex his fratribus meis minimis, mihi fecistis
MATTH.*
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*
Amen, je vous le dis: quand vous l'avez
fait à l'un de mes tout petits frères que voici, c'est à
moi que vous l'avez fait (Évangile selon saint Mathieu XXV,
40)
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On doit
remarquer que ce bel hospice ne reconnaît aucun fondateur particulier;
il fut bâti et agrandi successivement à l’aide des aumônes
des habitans d’Étampes ou des environs. Il est juste toutefois de
nommer ici l’homme de bien qui, par une donation récente faite à
cet établissement, a permis de construire un vaste et beau local
pour y recueillir de pauvres vieillards. M. Baugin, en léguant ainsi
aux malheureux une riche portion de son patrimoine, a inscrit son nom parmi
les bienfaiteurs de l’humanité. L’asile qu’il a fondé est
déjà terminé, et déjà chaque jour douze
voix de vieillards bénissent sa mémoire, attendant en paix
leur dernière heure sous le toit hospitalier qui abrite leurs cheveux
blancs, et où des mains amies soulagent leurs infirmités (1).
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(1)
Une ordonnance de monseigneur l’évêque de Versailles, en date
du 18 septembre 1835, a réglé l’administration spirituelle
de l’asile Baugin, ou des vieillards.
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Le souverain pontife Luce III, en instituant à
Étampes le chapitre de Sainte-Croix, lui avait concédé
le droit de désigner un maître qui eût la direction des
écoles. Cette [p.63] collégiale
en fit usage tour à tour avec celle de Notre-Dame, qui revendiqua
aussi en sa faveur la possession de ce privilège (1). Telles sont les premières traces que nous
découvrons d’un enseignement public à Étampes. Ces deux
chapitres, dont nous avons longuement parlé ailleurs, peuvent donc
être regardés comme les premiers instituteurs de la jeunesse.
Ils en remplirent ou en dirigèrent ainsi les fonctions jusque dans
1e cours du seizième siècle. |
(1)
Voir tome I, chap. X, p. 137 et suiv. [ici]
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À
cette époque vint s’asseoir sur le trône de France, François
Ier, prince brave et généreux, qui mérita le glorieux
titre de père des lettres. Les habitans d’Étampes, connaissant
son estime pour les savans, implorèrent son appui, afin de construire
dans leur ville une enceinte spécialement consacrée à
l’instruction gratuite de la jeunesse. Ils obtinrent du roi la permission
d’employer à cet usage une partie des deniers qu’il leur avait octroyés
pour réparer leurs murailles; «Estimant, dit un ancien auteur,
que leur ville serait mieux défendue par des citoyens bien instruits
aux bonnes lettres, avec la connaissance desquelles l’on acquiert aussi
la prudence, que par des murailles et autres fortifications (2).» Les rois successeurs de François
Ier secondèrent l’œuvre de ce grand monarque: Charles IX se .signala
surtout en cette occasion par ses libéralités. C’est à
l’aide de ses dons que fut bâti le grand corps de logis du collège,
ainsi que l’indiquait [p.64] une inscription
gravée sur une tourelle située à l’un des angles·de
cet édifice (1). |
(2)
Antiquités d’Étampes, p. 422.
(1) Cette inscription
était conçue en ces termes: Caroli noni regis galliarum christianissimi
In Stampenses scholas beneficentia. Munere structa tuo quod habent haec tecta
Camenae; Iustitia, ut regnes, et pietate rogant MDLXIV.
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Un revenu
annuel de trois cents livres, pris sur les fonds destinés à
l’entretien de la léproserie d’Étampes, fut dès lors
affecté à celui du collège, dont les habitans de la
ville choisissaient à leur gré les professeurs. Cet état
de choses subsista jusque vers l’an 1629. A cette époque, ils résolurent,
à l’imitation de quelques cités voisines, de se décharger
de ce soin important, pour s’en reposer sur une communauté enseignante.
Ils appelèrent donc dans leur sein plusieurs membres de la congrégation
de Saint-Paul, dits Barnabites, et leur confièrent l’éducation
de leurs fils. Ces religieux s’acquittèrent dignement de leur noble
tâche, et jusqu’à la fin du dernier siècle, ils n’ont
cessé de poursuivre dans la même enceinte avec zèle et
désintéressement leurs paisibles et précieux travaux.
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De nos
jours le collège d’Étampes, toujours situé dans le même
édifice, vers le milieu de la rue Saint-Antoine, est une institution
communale, dépendant de l’Université de France. Des professeurs
zélés et habiles, choisis dans son sein, y dirigent la jeunesse,
comme ses anciens maîtres, dans les droits sentiers de la science
et de la vertu. Dans ces derniers temps l’administration municipale·s’est
efforcée d’y favoriser les études spéciales [p.65] au commerce et à l’industrie, auxquels
se destine, la majeure partie des élèves qui le fréquentent.
Des cours particuliers à ses matières y sont établis.
C’est un système d’éducation bien entendu dans ce pays et
parfaitement approprié à ses besoins. La ville y consacre
sur son budget une somme annuelle à titre de supplément de
recette.
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Chapitre XVI: Hôtel-Dieu. —
Collège d’Étampes.
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BIBLIOGRAPHIE
Éditions
Clément-Melchior-Justin-Maxime
FOURCHEUX DE MONTROND (dit Maxime de MONTROND ou de MONT-ROND), «Chapitre
seizième», in ID., Essais historiques
sur la ville d’Étampes (Seine-et-Oise), avec des notes et
des pièces justificatives, par Maxime de Mont-Rond [2 tomes
reliés en 1 vol. in-8°; planches»], Étampes,
Fortin, 1836-1837, tome 2 (1837), pp. 59-65.
Réédition numérique
illustrée en mode texte: François BESSE, Bernard MÉTIVIER & Bernard
GINESTE [éd.], «Maxime de
Montrond: Essais historiques sur la ville d’Étampes
(1836-1837)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/index-montrond.html,
2012.
Réédition
numérique de ce chapitre: Bernard MÉTIVIER & Bernard GINESTE [éd.],
«Maxime de Montrond: L’Hôtel-Dieu
et le Collège d’Étampes (1837)» [édition
numérique illustrée en mode texte], in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-19-montrond1836chapitre16.html,
2012.
Sources
utilisées par Montrond
Dom Basile FLEUREAU (religieux
barnabite, 1612-1674), Les Antiquitez de la ville, et du Duché
d’Estampes avec l’histoire de l’abbaye de Morigny et plusieurs remarques
considerables, qui regardent l’Histoire generale de France [in-4°;
XIV+622+VIII p.; publication posthume par Dom Remy de Montmeslier d’un texte
rédigé en réalité vers 1668], Paris, J.-B. Coignard,
1683.
Bernard GINESTE [éd.], «Dom Fleureau:
De I’Hôtel-Dieu d’Estampes (1668)», in Corpus
Étampois, www.corpusetampois.com/che-17-fleureau-c13.html, 2007.
Bernard GINESTE [éd.], «Dom Fleureau: Du College d’Estampes (1668)»,
in Corpus Étampois, www.corpusetampois.com/che-17-fleureau-c14.html, 2005-2007.
Bernard GINESTE [éd.], «Dom Fleureau:
De la Chapelle, & de l’Hôpital de saint Antoine (1668)»,
in Corpus Étampois, www.corpusetampois.com/che-17-fleureau-c15.html, 2001-2007.
Bernard GINESTE [éd.], «Dom Fleureau: De
l’origine et institution des Religieux Barnabites de la congrégation
de saint Paul (1668)», in Corpus Étampois,
www.corpusetampois.com/che-17-fleureau-c16.html, 2001-2012.
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