Les
Antiquitez de la Ville et du Duché d’Estampes
Paris, Coignard, 1683
Seconde partie, Chapitre XIV, pp. 420-424
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Du College d’Estampes.
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SECONDE PARTIE, CHAPITRE XIV.
Du College d’Estampes.
LA charge d’enseigner les peuples
étant la principale des fonctions des Evêques, c’est avec
justice qu’on leur a attribué le soin des Ecoles publiques, &
d’établir des Maîtres, & des Precepteurs, non seulement
dans leurs villes Episcopales; mais aussi dans les Parroisses de leurs
Dioceses, pour enseigner aux Clercs, & aux autres, les principes de
la Foy Chrétienne, & des arts liberaux, dont la connoissance
peut beaucoup contribuer à celle des choses divines.
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L’Empereur Charlemagne enjoint aux Evêques de faire en sorte
que tous les Ministres de l’Autel soient de bonnes mœurs que les Chanoines
gardent leur rang, & les Moines leurs vœux; afin que par leur bonne
vie, & loüable conversation, ils soient comme des lumieres aux
yeux des hommes, comme dit Nôtre Seigneur dans l’Evangile; &
que leur bon exemple attire au service de Dieu des enfans de toutes sortes
de conditions; & que l’on établisse des écoles dans
les Evêchez, & dans les Monasteres (Monasterium, signifie
aussi un Collège de Chanoines, comme je l’ay remarqué,)
[p.421] pour enseigner aux
enfants à lire, leur apprendre l’Arithmetique, les Notes, le
Chant de l’Eglise, les Pseaumes; & sur tout qu’on leur donne des
livres Catholiques bien corrects; parce que souvent par le defaut des
livres peu corrects, ils ne prient pas Dieu selon leur désir.
Mais comme la Religion Chrêtienne s’augmentant, les Evêques
n’ont pû faire par eux-mêmes tout ce qui étoit de leur
charge, & qu’ils ont été obligez de prendre des personnes
qui les aidassent en la plus part de leurs fonctions; ils en établirent
aussi en celle d’enseigner, la commettant premierement à quelques-uns
du Clergé qui étoit auprés d’eux, d’où est
venuë la coûtume qu’en châque Eglise Cathedrale, il
y a un Theologal pour enseigner la Theologie, & satisfaire aux Predications:
& un Maître pour enseigner la Grammaire, & les arts liberaux,
que l’on appelle en quelques Eglises, Maître d’Ecole: comme à
Soissons: en d’autres Capiscol, comme en Gascogne. Et quand dans la suite
des temps l’on a fondé dans les autres villes des Colleges de
Chanoines sur le modele de ceux qui étoient auprés de l’Evêque:
on leur a donné pouvoir d’établir des Maîtres, tant
pour instruire ceux de leur corps, ou qui y aspiroient, que le reste de
la jeunesse de la ville, & des lieux circonvoisins: même qu’en
quelques Eglises Collegiales l’on a affecté une Prebende, ou un autre
Benefice, pour l’entretien de celuy qui étoit preposé pour
enseigner, & gouverner les écoles, comme il est écrit
en une Decretale du Pape Alexandre III laquelle ayant été
obmise dans la collection, dont nous usons communément, merite d’être
icy rapportée.
Pervenit ad nos cum in Ecclesia Launensi, & Ecclesia
Tornacensi ad sustentationem ejus, qui scholas regit beneficium olim
deputatum fuisset, sicut per omnes ferè alias majores Gallicanas,
& fuisse quondam, & in quibusdam adhuc esse dignoscetur. de Magist.
coll. 2.
Le Pape Luce III. ne manqua pas dans sa Bulle qui confirme l’établissement
du Chapitre de sainte Croix, que j’ay cy-devant rapportée, de
luy accorder entr’autres droits celuy d’établir un Maître
qui eut la direction des écoles: mais quand les Chanoines de sainte
Croix voulurent se mettre en possession de ce droit, ceux de Nôtre
Dame s’y opposerent: & entre les points controversez entre ces deux
Chapitres, qui furent accordez par le Reglement de 1191. que j’ay cy-devant
rapporté, celuy-cy en étoit un, qui fut reglé à
l’avantage du Chapitre de Nôtre Dame, lequel étoit en possession
de pourvoir de Maître d’école; & il est [p.422] à croire que ce n’a été
conformement à ce Reglement que les Chanoines de sainte Croix
ont quelquefois pourveu aux écoles, quand ils y ont nommé: ou
que ce n’a été que pour ce qui concernoit les Ecclesiastiques,
& autres dépendans de leur Chapitre.
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Capitul. liv.
I. chap. 72.
Le Pape Luce III (1081-1085)
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On ne voit point que d’ancienneté il y ait eu dans pas une de
ces deux Eglises, de benefice affecté au Maître d’école.
Mais seulement il y a lieu de croire qu’il en recevoit quelque salaire,
pour luy aider à subsister avec ce qu’il pouvoit tirer des seculiers
qu’il enseignoit. Voicy comme parle Inard Chantre de Nôtre Dame
dans les Lettres des provisions des écoles, qu’il donna à
Jean Thomas Prêtre l’an 1357. Inardus Cantor, &c. Dilecto nostro
Domino Ionanni Thomas, Præsbytero salutem, & dilectionem. Cum iam
diù est, vobis tradiderimus regimen, & gubernationem scholarum
Grammaticæ Beatæ Mariæ, cum emolumentis earumdem, iteratò
vobis confirmamus, &c. Il n’y avoit non plus aucun autre lieu destine
pour servir d’école que la maison du Maître: & ce
ne fut qu’au temps du Roy François Premier, qui a merité
le glorieux titre de Perre des bonnes Lettres, pour avoir chery les
hommes sçavans & établi particulierement en l’Université
de Paris, des Professeurs en diverses langues, & sciences, ausquels
il ordonna de bons gages; afin que chacun les pût ouïr, &
profiter sous eux, sans y donner que son étude, & sa diligence,
que les habitans d’Estampes se resolurent d’avoir un lieu, & des Maîtres
gagez, pour y faire instruite gratuitement leur jeunesse. Ils eurent
recours au Roy, & obtinrent de Sa Majesté le pouvoir d’emploier
une partie des deniers qu’il leur avoit octroyé [sic] pour les fortifications de leur ville, à
l’achat, ou à faire bâtir une maison commode pour y tenir
les écoles; estimant que leur ville seroit mieux deffenduë
par des Citoyens bien instruits aux bonnes lettres, avec la connoissance
desquelles l’on acquiert aussi la prudence, que par des murailles, &
autres fortifications: ils obtinrent encore depuis, des Rois ses successseurs,
de semblables bienfaits, & particulierement du Roy Charles IX. dont
ils emploierent les liberalitez à faire bâtir le grand corps
de logis du College, comme on peut le connoître d’une inscription
posée sur le marbre au dessous des armes de Sa Majesté, à
une tourelle qui fait le coing de ce bâtiment en ces termes.
Caroli noni Regis Galliarum Christianißimi
In Stampenses Scholas beneficientia.
Munere
structa tuo quod habent hæc tecta Camenæ;
Iustitia, ut regnes, & pietate rogant. MDLXIV. [p.423]
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Texte intégral en Annexe 1.
Charles IX peint par François Clouet
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Le bâtiment étant ainsi préparé pour loger
ceux qui devoient vaquer à l’instruction de la jeunesse, il fut
question de pourvoir de fonds convenable pour leur entretien. Les Etats
tenus à Orléans peu auparavant, avoient ordonné,
suivant les anciennes coûtumes des Eglises Gallicanes, que dans les
Eglises Collegiales, outre la Prebende Theologale, une autre Prebende,
ou son revenu demeureroit destiné pour l’entretenement d’un Precepteur
qui sera tenu d’instruire les jeunes enfans de la ville gratuitement, &
sans autre salaire: lequel Precepteur sera éleu par l’Evêque,
ou l’Archevêque du lieu, les Chanoines de leurs Eglises, & les
Maires, & les Echevins ou Capitouls de la ville y étant appelez,
& sera destituable par l’Archevêque ou l’Evêque par leur
consentement.
Cependant une Chanoinie étant venuë à vaquer dans
l’Eglise de Nôtre Dame, par le decez de Louis Guibour; le Maire,
& les Echevins d’Estampes eurent au Roy pour faire appliquer le revenu
de cette Prebende à leur College. Sa Majesté ordonna que
les fruits de cette Prebende seroient saisis pour étre convertis,
& emploiez à l’entretien d’un Maître d’école. Cette
commission donnée à saint Maur-des-Fossez le 30. de Juin 1566.
étoit addressée au Bailly d’Estampes, qui ne manqua pas de
mettre en execution, à la requeste des Maire, & Echevins, ce
qui étoit de son devoir. Un autre Louis Guibourt, frere du deffunt,
ayant en vertu des provisions qu’il avoient obtenuës de cette Prebende,
poursuivi au Parlement les Maire, & Echevins, il obtint par Arrest du
dix-neuviéme de Ferier 1569. main-levée de leur saisie &
fut maintenu en la possession de cette Prebende.
Ce moien d’entretenir un Precepteur ayant manqué à ceux
d’Estampes, ils eurent recours à un autre. Ils considererent que
le revenu de la Maladrerie de saint Lazare de leur ville étoi plus
que suffisant pour satisfaire à l’entretien des Lepreux, n’y en
ayant que peu ou point alors, dans le païs. Ils supplierent le Roy
de leur accorder sur le revenu de cette Leproserie une somme de trois cents
livres de revenu annuel, qui étoit environ la somme que l’on eût
pû retirer de la Prebende de Nôtre Dame, pour l’emploier à
la même charge que le revenu de le Prebende qu’il avoient obtenuë,
sans en avoir eu la joïssance. Le Roy leur accorda ce qu’ils luy avoient
demandé par ses Lettres patentes données à Paris
le quinziéme jour de Septembre de l’année suivante. Ils
ont depuis joüy de ces trois cents livres, qui ont servy [p.424] à l’entretien
des Precepteurs dans leur College, qu’ils y mettoient comme il leur plaisoit,
juques à ce qu’ayant éprouvé la difficulté
qu’il y avoit d’en trouver de propres, environ l’an 1629. ils se resolurent
à l’imitation des villes voisines de se décharger de ces soins,
& de s’en reposer sur une Communauté reguliere. Ils firent choix
de celle des Reverends Peres de la Congregation de saint Paul, dits Barnabites,
laquelle avoit été depuis peu d’années établie
dans la ville de Montargis, à quoy ils se porterent d’autant plus
volontiers; qu’il y avoit en cette Congrégation quelques-uns de
leurs Compatriotes de la famille des Fouldriers.
Une Communauté reguliere ne pouvoit étre sans une Eglise:
on n’en pouvoit bâtir une dans le College, la petitesse du lieu,
& le peu de moiens que la ville avoit de fournir à une si grande
dêpense, l’empéchoit, outre d’autres difficultez que l’on
prevoioit si on l’eût entrepris. L’expedient que l’on trouva en
cette rencontre fut de faire donner à cette Communauté la
Chapelle de l’Hôpital de saint Antoine, située vis-à-vis
du College. Les Superieurs, ausquels il appartenoit d’en disposer s’y
accorderent à la priere de Messieurs de la Ville en la presence
desquels, & de grand nombre d’habitans, Octave de Bellegarde Archevêque
de Sens les en mit en possession, aussi bien que du College, le neufviéme
jour de Septembre de la même année. Parlons un peu de cet
Hôpital avant que de parler de cette Communauté reguliere.
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NOTES
Capitul.
liv. I. chap. 72. Fleureau
renvoie ici sans doute à l’édition des capitualires de Charlemagne
par Pierre Pithou.
Voici ce que dit l’Encyclopédie, tome
II, p. 633 des éditions des Capitulaires (en latin Capitula)
antérieures à Fleureau: «Ansegise, abbé de Lobe, selon quelques-uns, ou selon M.
Baluze, abbé de Fontenelles, a fait le premier un recueil des reglemens
contenus dans les capitulaires de Charlemagne & de Loüis le débonnaire;
ce recueil est partagé en quatre livres, & a été
approuvé par loüis le débonnaire & par Charles le
chauve. Après lui, Benoît, diacre de Mayenne, recueillit vers
l’an 845, des capitulaires de ces deux empereurs omis par Ansegise, &
y joignit les capitulaires de Carloman & de Pepin. Cette collection est
divisée en trois livres, qui composent avec les quatre précédens
les sept livres des capitulaires de nos rois: les six premiers livres ont
été donnés par du Tillet en 1548, & le recueil entier
des sept livres par Mrs Pithou. Mais on a encore des capitulaires de ces
princes en la maniere qu’ils ont été publiés, &
dès l’an 545; il y en a eu quelques-uns imprimés en Allemagne;
en 1557 on en a imprimé une autre collection plus ample à Basle.
Le P. Sirmond a fait paroître quelques capitulaires de Charles le chauve;
& enfin M. Baluze nous a procuré une belle édition des
capitulaires de nos rois, fort ample, & revûe sur plusieurs manuscrits,
imprimée en deux volumes in-fol. à Paris en 1677. Elle contient
les capitulaires originaux de nos rois, & les collections d’Ansegise &
de Benoît, avec quelques autres pieces.»
Une Decretale du Pape Alexandre III...
Fleureau ne dit pas d’où il tire ce texte. Quelqu’un pourrait-il
nous éclairer?
Decretale... obmise
dans la collection, dont nous usons communément. Il s’agit
sans doute de l’édition de Pithou dont nous venons de parler.
Pervenit ad nos... Je traduis ci-dessous ce texte, dont il faut noter qu’il
est sous-jacent, un peu plus loin, lorsque Fleureau écrit: «Les Etats tenus à Orléans
peu auparavant, avoient ordonné, suivant les anciennes coûtumes
des Eglises Gallicanes, que dans les Eglises Collegiales, outre la Prebende
Theologale, une autre Prebende, ou son revenu demeureroit destiné
pour l’entretenement d’un Precepteur qui sera tenu d’instruire les jeunes
enfans de la ville gratuitement, & sans autre salaire».
Texte donné
par Fleureau (1683)
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Traduction proposée
par B.G. (2007)
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Pervenit ad
nos cum in Ecclesia Launensi, & Ecclesia Tornacensi ad sustentationem
ejus, qui scholas regit beneficium olim deputatum fuisset, sicut per
omnes ferè alias majores Gallicanas, & fuisse quondam, &
in quibusdam adhuc esse dignoscetur.
de Magist. coll. 2.
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Il est parvenu à notre connaissance ceci. Dans l’Église
de Laon, et dans l’Église de Tournai, pour faire vivre celui qui
dirige les études, il a jadis attribué une prébende,
comme on peut constater que cela a jadis été le cas dans presque
toutes les église episcopales des Gaules, et que ce l’est encore
dans certaines.
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de Magist. coll. 2. Qui pourrait
nous éclairer sur cette référence?
Monasterium, signifie aussi un Collège
de Chanoines, comme je l’ay remarqué. Au chapitre premier
de la deuxième partie, page 289.
Lettres
des provisions des écoles... l’an 1357. La date
serait en fait de 1367, comme l’a fait remarquer l’abbé
Alliot d’après le texte du Cartulaire de Notre-Dame. Alliot
donne texte intégral de cette charte, et nous le reproduisons en
Annexe 1.
Une inscription posée sur le marbre au dessous des
armes de Sa Majesté, à une tourelle qui fait le coing de
ce bâtiment. Il importe de citer
ici Monique Chatenet, conservatrice en chef du Patrimoie: «Un compte de la ville de 1564-1566
permet de connaître en détail les dispositions du nouvel édifice
[...] A l’angle des deux rues, une tourelle “pour servir d’estude”, construite “en grosse brique de Basville” et couverte
d’ardoises, était portée par un cul-de-lampe en pierre de
taille. Elle était percée de deux fenêtre “avecq quatre
barbacanes [meurtrières?] et une pierre de liez employee en une table
remplie d’escripture [...] et troys armoiries, assavoir une aux armes du
roy nostre sire, une autre aux armoiries de monseigneur d’Estampes, et l’aultre
aux armoiries de la ville”. Il n’en subsiste aujourd’hui que
quelques maçonneries et le cul-de-lampe de la tourelle. La tour elle-même,
qui portait la date de 1564, a été reconstruite au début
de ce siècle, mais sa forme d’origine est connue par une photographie
et un dessin de Narcisse Berchère» (Étampes, un canton entre
Beauce et Hurepoix, 1999, p. 183).
En ces termes: Caroli noni Regis etc.
J’ai donné en janvier 2006 une traduction nouvelle et un commentaire
détaillé de ce distique élégiaque jusqu’alors
assez mal compris: Bernard GINESTE [éd.], «Poète anonyme:
Charles IX bienfaiteur du Collège d’Étampes
(inscription sur marbre, 1564)», in Corpus Étampois,
http://www.corpusetampois.com/cls-16-1564inscriptio.html,
2001-2006. Voici
en conclusion comment je propose d’adapter ce texte en français,
à l’intention des non latinistes, composé en réalité
comme je l’ai montré avant le 17 août 1563, où fut proclamée
la majorité de Charles IX, âgé de 12 ans:
BIENFAISANCE DE CHARLES IX, ROI TRÈS
CHRÉTIEN DES GAULES POUR LES ÉTUDES A ÉTAMPES
PUISQU’ELLES VIVENT SOUS UN TOIT
QU’ON LEUR A BÂTI GRÂCE
A TOI,
LES NEUF SŒURS, DÛMENT, JUSTEMENT,
RÉCLAMENT TON AVÈNEMENT.
Octave de Bellegarde Archevêque de Sens. Octave de Saint-Lary de Bellegarde fut archevêque de Sens
de 1621 à 1646, et s’occupa sérieusement de l’instruction
de la jeunesse à Étampes. Léon Guibourgé (Étampes
ville royale, 1957, pp. 172-173) a donné le texte de l’ordonnance
que cet évêque y publia à l’occasion de l’installation
dans cette ville des religieuses de la Congrégation Notre-Dame.
L’Archevêque qui
était alors à Etampes vient les voir, et choisit une chambre
pour y dire la messe. Il publie le même jour une ordonnance au sujet
de leur établissement. Voici les principaux passages de cette ordonnance:
«Octave de Bellegarde, par la grâce
de Dieu et du Saint Siège apostolique, archevêque de Sens,
primat des Gaules et de Germanie, à tous ceux qu’il appartiendra,
salut en Notre Seigneur.
«Sachant combien la pieuse éducation
et instruction de la jeunesse est utile, et nous ayant été
depuis peu représenté par quelques vertueuses personnes qu’elles
auraient dévotion de fonder en la ville d’Etampes de notre diocèse
un monastère de la Congrégation Notre-Dame, nous suppliant
d’établir ledit monastère [..]. A ces causes, conformément
aux bulles de sa Sainteté, nous, en présence des Sieurs le
lieutenant-général, les maires et [p.173] échevins de
ladite ville d’Etampes et de plusieurs notables, avons par ces présentes
établi, et établissons le susdit monastère, en la ville
d’Etampes, des religieuses de la Congrégation Notre-Dame, à
la charge que les dites religieuses garderont la clôture, qu’elles instruiront
les filles, et qu’elles seront soumises sous notre perpétuelle charge,
visite, correction, gouvernement et entière obéissance et juridiction,
et de nos successeurs archevêques [...]
«A cet effet, nous avons les dites religieuses
renfermées dans une maison en l’enclos de la ville, et dans un oratoire,
après avoir fait la bénédiction, célébré
la sainte Messe, et donné pouvoir d’y célébrer et administrer
les sacrements, tant aux dites religieuses qu’à leurs écolières
et autres, par des prêtres de nous approuvés. [...] En foi
de quoi, nous avons signé les présentes de notre main.
«A Etampes, le 6e jour de janvier l’an
1630.»
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Texte et notes d’Alliot (1888)
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Traduction proposée par B.G. (2007)
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LX.
Nomination de Jean
Thomas, prêtre, comme maître des écoles de l’église
Notre-Dame d’Etampes, faite par Ivard de Lunaires, chantre de cette église.
Étampes, 10 octobre
1367 (2).
[p.57]
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Presentatio scolarum facta per cantorem ecclesie Beate Marie Stampensis
ad domnos predicte ecclesie collatores. |
Recommandation du choix d’un maître d’école, faite
par le chantre de l’Église de Notre-Dame d’Étampes à
messieurs les collateurs de la dite Église.
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Ivardus de Lunariis, cantor et canonicus ecclesie Beate Marie de Stampis,
Senonensis diocesis, dilecto nostro domino Johanni Thomas presbytero, salutem
et dilectionem.
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Ivard de Lunaires, chantre et chanoine de l’Église de Notre-Dame d’Étampes au diocèse
de Sens, à notre cher maître Jean Thomas, prêtre, salut
et affection.
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Quum jamdiu est, vobis tradiderimus regimen et gubernationem scollarum
grammaticarum Beate Marie predicte cum emolumentis earumdem; iterato vobis
confirmamus ad gubernandum, ut prius, cum honere et honore; requirens dilectos
meos fratres canonicos dicte ecclesie, quatenus vos de ipsis faciant et
permittent gaudere paciflce et quiette de cetero.
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Voici longtemps que nous vous avons confié la direction et le
gouvernement de l’école élémentaire de Notre-Dame, avec
les émoluments qui en découlent. A nouveau nous vous confirmons
dans cette direction sous les mêmes conditions, avec les obligations
et la dignité qui en découlent, et je demande à mes
chers frères les chanoines de la dite Église qu’ils vous en
fassent et laissent jouir pour la suite paisiblement et sans contestation.
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In cujus rei testimonium sigillum cantorie mee cum contra sigillo presentibus
litteris duxi apponendum.
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En témoignage de cette affaire, j’ai jugé bon d’apposer
au présent document le sceau de ma dignité de chantre avec
le contre-sceau.
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Datum
die dominica post festum Sanctorum Dionisii, Rustici et Eleuterii. Anno
Dornini M° CCC° LXVII°.
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Donné
le dimanche après la fête de Saint-Denis, Rustique et
Éleuthère, l’an du Seigneur 1367.
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NOTE D’ALLIOT (1888)
(2) Parlant incidemment de cette pièce,
l’auteur des Antiquités d’Étampes [p.57] dit qu’elle est de 1357
et qu’elle fut donnée le dimanche avant la fête de
saint Denis. La mention expresse du Cartulaire semble donner tort à
dom Fleureau.
Cartulaire
de Notre-Dame d’Étampes, 1888, pp. 56-57.
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Source: Basile Fleureau, Les Antiquitez de
la ville et du Duché d’Estampes, pp. 420-424. Saisie: Bernard
Gineste, juillet 2001.
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BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE
Éditions
Édition princeps, posthume: Dom Basile
FLEUREAU (religieux barnabite, 1612-1674),
Les Antiquitez de la ville, et du Duché d’Estampes avec
l’histoire de l’abbaye de Morigny et plusieurs remarques
considerables, qui regardent l’Histoire generale de France [in-4°;
XIV+622+VIII p. (N.B: les pages 121-128 sont numérotées
par erreur 127-134); publication posthume par Dom Remy de Montmeslier
d’un texte rédigé en réalité vers 1668],
Paris, J.-B. Coignard, 1683.
Réédition en
fac-similé: Marseille,
Lafittes reprints, 1997.
Réédition numérique
en ligne: Bernard GINESTE [éd.], «Dom
Fleureau: Les Antiquitez d’Estampes (1668)», in Corpus
Étampois, http://www.corpusetampois.com/index-fleureau.html,
2001-2013.
Ce chapître: Bernard GINESTE [éd.],
«Dom Fleureau: Du
College d’Estampes (1668)», in
Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-17-fleureau-c14.html, 2005-2007.
Bibliographie générale
CORPUS
ÉTAMPOIS, «Histoire de l’Éducation au Pays d’Étampes: base de données
(depuis 2007)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/cbe-histoiredeleducation.html,
depuis 2007.
Toute critique, correction ou contribution sera
la bienvenue. Any criticism or contribution welcome.
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