CORPUS HISTORIQUE ETAMPOIS
 
 Dom Basile Fleureau 
De la Chapelle, & de l’Hôpital de saint Antoine. 
Antiquitez d’Estampes II, 15
1668
 
Cave gothique sous l'ancienne chapelle Saint-Antoine
Cave gothique sous l'ancienne chapelle Saint-Antoine Crypte gothique de l’ancienne chapelle
Saint-Antoine-et-Saint-Sulpice

Cave gothique sous l'ancienne chapelle Saint-Antoine
     La saisie des textes anciens est une tâche fastidieuse et méritoire. Merci de ne pas décourager ceux qui s’y attellent en les pillant sans les citer.
     
Les Antiquitez de la Ville et du Duché d’Estampes
Paris, Coignard, 1683
Seconde partie, Chapitre XV,
pp. 424-425
De la Chapelle, & de l’Hôpital
 de saint Antoine.
 
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SECONDE PARTIE, CHAPITRE XV. 
De la Chapelle, & de l’Hôpital de saint Antoine.
 
LA Chapelle de cet Hôpital est dédiée sous l’Invocation de saint Antoine l’Hermite, & de saint Sulpice Evêque de Bourges, desquels l’Eglise fait la fête en même jour: mais dans cette Chapelle on celebre celle de saint Antoine le dix-septiéme jour de Janvier: & celle de saint Sulpice le vingt-septiéme jour d’Aoust, qui est celuy de sa Translation. Cet Hôpital ne connoît pas de Fondateur particulier: & il est à croire qu’il n’a été bâty, & doté que des aumônes de quelques particuliers pour y loger seulement des passants valides. Il n’y restoit plus que quelques vieils bâtimens proches de cette Chapelle. 

     Le titre le plus ancien qui fait mention de cet Hôpital, est un Concordat fait l’an 1210, entre les Chanoines de Nôtre Dame, & ceux de sainte Croix, par lequel la paisible possession, & l’administration [p.425] de la maison de saint Antoine, dite l’Aumônerie des Bretons, est adjugée au Chapitre de Nôtre Dame. 

     Ce nom d’aumônerie des Bretons joint au temps que cet Hôpital a été bâty, il y a plus de cinq cens ans, auquel les pèlerinage à Jérusalem, à Rome, & aux autres lieux de devotion étoient frequens, donne sujet de croire qu’il a été bâty pour loger les Bretons qui passoient pour aller à quelqu’un de ces pelerinages. 

Cave gothique sous l'ancienne chapelle Saint-Antoine
Cave gothique sous la chapelle Saint-Antoine

     Quant au gouvernement du même Hôpital, il a été autrefois administré par un Maître, & des freres qui vaquoient au service des pauvres passans. Le Maître étoit Prêtre, & avoit l’administration spirituelle sur tout ce qui dépendoit de l’Hôpital, au dedans de la Chapelle, & de la maison: mais tous avoient le pouvoir d’administrer le temporel. Je fonde ce que je dis sur un titre du mois de Novembre 1254. par lequel, Gilles Maître, & les Freres de la maison-Dieu saint Antoine consentent que les Prieur, & Freres de la Leproserie de saint Lazare de la même ville possedent pour toûjours en main morte, des aulnois qu’ils avoient acquis prés de leur maison, tenus en censive de ladite Maison Dieu de saint Antoine, moiennant neuf livres parisis, une fois payées, pour le droit d’indemnité, & trois sols parisis de cens chaque année, le jour de saint Remy. 

     Le même titre sert à faire voir que cette Aumônerie dépendoit du Chapitre de Nôtre Dame; parce que sur la fin, il y a la ratification du Chapitre. La dépendance de cet Hôpital consistoit en ce que Messieurs de Nôtre Dame instituaient pour Maître, & Gouverneur tel Prêtre qu’il leur plaisoit, lequel étoit obligé de rendre tous les ans, compte au même Chapitre de son administration. On ne voit point quand cette sorte de gouvernement par un Maître, & des freres a cessé dans cet Hôpital: mais pour l’administration du temporel sous la dépendance du Chapitre de Nôtre Dame, elle fût [sic] ôtée à l’Administrateur spirituel, l’an 1560. en execution des Edits de nos Rois, faits pour le bon gouvernement des Hôpitaux: & deux Notables Bourgeois furent commis à cette Administration. Premierement par le Bailly d’Estampes: & depuis il en a été substitué d’autres de deux ans en deux ans par les Maire, & Echevins, & habitans de la ville jusques à l’an 1629. que cet Hôpital fut donné, comme j’ay dit, aux Peres Barnabites. 
Cave gothique sous l'ancienne chapelle Saint-Antoine
  
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NOTES (B.G.)

La Chapelle de cet Hôpital. Fleureau parle ici d’une chapelle qui existe encore de son temps, quoique probablement alors fort remaniée, et où il a lui-même souvent officié, puisqu'elle devint celle du couvent des barnabites d'Étampes, dont il était. On suppose dailleurs qu'il est est enterré.

Aumônerie des Bretons. De fait, dans la charte à laquelle fait référence Fleureau, qui a été publiée en 1888 par l’abbé Alliot dans son édition du Cartulaire de Notre-Dame d’Étampes, et que nous donnons ci-dessous en Annexe, cet établissement est qualifié Domus Sancti Anthonii que vocatur elemosyna Britonensis, «La Maison Saint-Antoine qu’on appelle l’Aumône Bretonne». Il y a là une difficulté. Fleureau en effet dira plus loin, au chapitre XXII de la deuxième partie, page 464, en parlant du Couvent des Mathurins, qui n’est pas du tout au même endroit: «Avant que ces Religieux fussent établis en ce lieu-là, il y avoit une Aumonerie, surnommée des Bretons». Tout ceci n’est pas très clair. Il faut peut-être doute en conclure avec Frédéric Gatineau que l’Aumônerie dont les locaux avaient été cédés aux Trinitaires fut elle-même alors transférée rue Saint-Antoine; ou bien que cet établissement avait deux sièges à Étampes, dont l’un fut attribué entre 1190 et 1209 aux Trinitaires, et dont l’autre fut placé en 1210 sous lautorité du chapitre de Notre-Dame.
     Mais une autre hypothèse serait ici beaucoup simple et naturelle. Nous serions ici en présence d’une étourderie de Fleureau. En effet nous n’avons ici que sa parole pour identifier le site du couvent des Trinitaires avec celui de l’Aumônerie des Bretons, tandis que lorsqu’il place l’Aumônerie des Bretons sur le site de l’Hôpital Saint-Antoine, c’est-à-dire sur le site ultérieur du couvent des barnabites, puis du collège Geoffroy-Saint-Hilaire, actuel collège Jean-Étienne Guettard, il fait référence à une charte de 1210 dont nous avons conservé le texte, que nous donnons ci-dessous en Annexe, et qui identifie effectivement d’une manière explicite cette Aumônerie des Bretons avec l’Hôpital Saint-Antoine.
Cave gothique sous l'ancienne chapelle Saint-Antoine
Un titre du mois de Novembre 1254. Cette charte-là ne paraît pas avoir été conservée, et il est bien dommage que Fleureau ne nous en ait donné quun résumé.

Bernard Gineste, mai 2007.


 

ANNEXE
La charte de 1210 mentionnée par Fleureau
texte édité par Alliot en 1888 et traduction B. G.

     Le Cartulaire de Notre-Dame d’Étampes édité en 1888 par l’abbé Jean-Marie Alliot a conservé la charte à laquelle fait ici allusion dom Fleureau sous ses deux versions, celle qui fut rédigée par le doyen de Sainte-Croix, Hugues, et celle qui fut rendue en termes identiques par le chantre de Notre-Dame, Guillaume.


Texte édité par Alliot (1888)
Traduction proposée par B. G. (2007)
XIII.
     Hugues, doyen de l’église Sainte-Croix d’Étampes, publie l’accord fait entre les deux chapitres de Notre-Dame et de Sainte-Croix.
[Étampes], mars 1210, v. s.
XIII.
     Hugues, doyen de l’église Sainte-Croix d’Étampes, publie l’accord fait entre les deux chapitres de Notre-Dame et de Sainte-Croix.

Étampes, mars 1210 (ancien style)
     Universis populi fidelibus presentem paginam inspecturis, Hugo, decanus ecclesie Sancte Crucis Stampensis, totumque ejusdem ecclesie capitulum, in Domino salutem.
     A tous les fidèles du peuple qui consulteront le présent document, Hugues, doyen de l’Église de Sainte-Croix d’Étampes, et tout le chapitre de la dite Église, salut dans le Seigneur.
     Noverit universitas vestra, quod cum inter ecclesiam nostram et ecclesiam Beate Marie Stampensis controversia verteretur super articulis inferius annotatis, Dominus Senonensis et magister Galterius Cornutus, parisiensis canonicus, arbitri ex compromisso sumpti, eamdem controversiam terminaverunt de assensu partium in hunc modum.
     Que toute votre collectivité sache ceci. Entre notre Église et l’Église de Notre-Dame d’Étampes avait lieu une dispute au sujet des points énoncés ci-dessous. Monseigneur de Sens et maître Gautier Cornu, chanoine de Paris, pris par convention pour arbitres, ont terminé la dite dispute avec l’accord des parties, de la manière suivante.
     In ecclesia Sancte Crucis non propulsabitur ad aliquam missam matutinalem. Nullum parochianorum vel parochianarum Beate Marie recipient illi qui sunt vel erunt de ecclesia Sancte Crucis ad aliquid quod ad jus pertineat parochiale. Nec panem [p.8] benedictum facient; nec sermonem facient nisi pro festis annuntiandis ad populum; nec excommunicationem facient super parochianos Beate Marie vel Sancti Basilii, nisi precepto majorum suorum. Visitationes infirmorum non facient; nec pro defunctis officium celebrabunt dum corpus in domo fuerit, nisi capicerius Beate Marie vel sacerdos Sancti Basilii presentes fuerint, vel prius celebraverint.
     Dans l’Église Sainte-Croix on n’en sera pas réduit à une messse du matin. Ceux qui relèveront de l’Église de sainte-Croix ne recevront aucun paroissien ni aucune paroissienne relativement à quoi que ce soit qui relève du droit paroissial. Il ne feront pas de pain béni, ni de sermon au peuple si ce n’est à l’occasion des fêtes liturgiques, et il ne prononceront pas d’excommunication à l’encontre des paroissiens de Notre-Dame ni de Saint-Basile, sinon sur ordre de leur hiérarchie. Il ne s’adonneront pas à la visite des malades et ils ne célébreront pas l’office des morts tant que le corps sera en son domicile, à moins que le chevecier de Notre-Dame ou le prêtre de Saint-Basile ne soit présents ou ne l’aient déjà célébré.
     Domus Sancti Anthonii que vocatur elemosyna Britonensis, et jus parochiale ville nove remanebit libere et quiete ecclesie Sancte Marie.
     La Maison Saint-Antoine qu’on appelle l’Aumône Bretonne, et le droit paroissial de Villeneuve demeureront pleinement et sans contestation à l’Église Notre-Dame.
     Censivas ecclesie Beate Marie que sunt infra corpus ecclesie Sancte Crucis restituent canonici Sancte Crucis canonicis Beate Marie in terra equipollenti. Alias vero censivas tenebunt, sicut antea tenuerunt, sed de novo alias ad ecclesiam Beate Marie pertinentes, nisi de consensu ejusdem ecclesie, eis acquirere non licebit.      Quant aux censives de l’Église Notre-Dame qui sont comprises sous la nef de l’Église Sainte-Croix, les chanoines de Sainte-Croix les restitueront aux chanoines de Notre-Dame sous la forme d’une terre de même valeur. Ils jouiront de leurs autres censives comme ils ont en joui antérieurement, mais   il ne leur sera pas permis d’en acquérir d’autres à nouveau appartenant à l’Église Notre-Dame, sans l’accord de la dite Église.
     Guillelmus cantor Beate Marie unam prebendam congruam habebit in ecclesia Sancte Crucis, quandiu vixerit, ubicumque fuerit, etiam si cantoriam suam dimiserit, ita tamen habebit personaliter, quod ad successorem suum non perveniet ullomodo.
     Le chantre de Notre-Dame Guillaume jouira d’une prébende congrue dans l’Église Sainte-Croix, aussi longtemps qu’il vivra, même s’il se démet da dignité de chantre, étant précisé qu’il n’en jouira qu’à titre personnel, et qu’elle ne reviendra en aucune façon à son successeur.
      Nos igitur compositionem hujusmodi factam sigilli nostri munimine fecimus roborari. Datum anno Domini MCCX, mense martio.
     Ainsi donc nous avons fait certifier les termes de ce compromis au renfort de notre sceau. Donné l’an du Seigneur 1210, au mois de mars.
XIV.
     Même accord et même règlement publiés par Guillaume*, chantre de l’église Notre-Dame d’Étampes.
[Étampes], mars 1210, v. s.
XIV.
     Même accord et même règlement publiés par Guillaume*, chantre de l’église Notre-Dame d’Étampes.
Étampes, mars 1210 (ancien style)
     Universis populi fidelibus presentem paginam inspecturis, [p.9] Guillelmus cantor ecclesie Beate Marie Stampensis totumque ejusdem ecclesie capitulum in Domino salutem.
     ......
     A tous les fidèles du peuple qui consulteront leprésent document, Guillaume, chantre de l’Église Notre-Dame d’Étampes et tout le chapitre de la dite Église, salut dans le Seigneur.
     ......
     [Note d’Alliot] * «Il y a bien de la probabilité, dit Fleureau, que le premier chantre qui a eu l’honneur d’être chef de l’église et du chapitre de Notre-Dame, après que nos Roys se sont reservez la dignité d’abbé, ç’a été un nommé [p.9] Guillaume, dont il est parlé dans l’accord fait l’an 1210.»

 

Toute critique, correction ou contribution sera la bienvenue. Any criticism or contribution welcome.
Source: Basile Fleureau, Les Antiquitez de la ville et du Duché d’Estampes, pp. 424-425. Saisie: Bernard Gineste, juillet 2001.
BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE

Éditions

 
     Édition princeps, posthume: Dom Basile FLEUREAU (religieux barnabite, 1612-1674), Les Antiquitez de la ville, et du Duché d’Estampes avec lhistoire de labbaye de Morigny et plusieurs remarques considerables, qui regardent l’Histoire generale de France [in-4°; XIV+622+VIII p. (N.B: les pages 121-128 sont numérotées par erreur 127-134); publication posthume par Dom Remy de Montmeslier d’un texte rédigé en réalité entre 1662 & 1668], Paris, J.-B. Coignard, 1683.

     
Réédition en fac-similé: Dom Basile FLEUREAU, Les Antiquitez de la ville, et du Duché d’Estampes avec lhistoire de labbaye de Morigny et plusieurs remarques considerables, qui regardent l’Histoire generale de France [23 cm sur 16], Marseille, Lafittes reprints, 1997.

     
Réédition numérique en ligne (en cours depuis 2001): Bernard GINESTE [éd.], «Dom Fleureau: Les Antiquitez d’Estampes (1668)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/index-fleureau.html, 2001-2011.

     Ce chapitre: Bernard GINESTE [éd.], «Dom Fleureau: De la Chapelle, & de l’Hôpital de saint Antoine (1668)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-17-fleureau-c15.html, 2001-2007.


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