Les Antiquitez de la Ville
et du Duché d’Estampes
Paris, Coignard, 1683
Deuxième Partie, Chapitre
XIII, pp. 412-420.
|
De I’Hôtel-Dieu d’Estampes.
|
DEUXIÈME
PARTIE, CHAPITRE XIII.
De I’Hôtel-Dieu
d’Estampes.
NOus
apprenons des saints Conciles, en divers lieux, que le soin des pauvres
fait une partie de celuy que les Evêques doivent prendre dans leurs
Dioceses: & c’est pour cela que les Hôpitaux sont ordinairement
bâtis prés des maisons Episcopales, comme à Paris
le grand Hôtel-Dieu; & dans la suite des temps ces Prelats voyans
qu’ils ne pouvoient satisfaire à toutes les fonctions de leurs
charges specialement à celles qui requeroient une residencc actuelle,
à cause qu’ils étoient obligez de faire tous les ans la
visite de leurs Dioceses, & d’assister à des Conciles qu’on
celebroit souvent, ils s’en déchargerent d’une partie sur le
Clergé qu’ils avoient auprés d’eux, & qui residoit toûjours
au même lieu, à l’imitation des Apôtres, qui laisserent
aux premiers Diacres le soin de la nourriture corporelle des pauvres,
pendant qu’ils vaqueroient à la nourriture spirituelle des autres.
Delà est venu que les Chanoines des Eglises Cathedrales sont demeurez
en partie chargez du soin des Hôpitaux. Et depuis comme la pieté
des Chrétiens s’augmentant, les a portez à fonder, dans les
villes des Colleges de Chanoines sur le modele de ceux qui étoient
auprés des Evéques; on leur a de méme qu’à ceux
des Cathedrales, donné le soin des pauvres.
Tout ce que je viens de dire de la
fondation & de l’établissement des Hôpitaux dans l’étenduë
de la Chrestienté se verifie dans l’établissemcnt de
celuy dont je parle presentement: car la tradition porte qu’anciennement
les lits des pauvres malades étoient dans l’Eglise de Nôtre-Dame,
au bout de la Nef, au dessus de la porte du marché: & que
l’experience ayant fait connoître que cela étoit trop incommode
pour beaucoup de raisons, on fit bâtir un lieu separé hors
de l’Eglise, toutefois au dedans de la Cour des Chanoines, laquelle s’étendoit
jusques au dessus du lieu, où l’on voit aujourd’huy l’Hôtel-Dieu
bâty, cet Hôpital est nommé dans de vieux titres,
l’aumônerie de Nôtre-Dame. La Chapelle de cet Hôpital
n’étoit autrefois qu’un appenty, la place duquel sert aujourd’huy
de Cimetiere pour enterrer les Religieuses qui y servent; & l’ancien
Dortoir des pauvres, qui avoit esté bâty l’an 1559. a esté
converty en Chapelle, derriere laquelle l’on fait bâtir l’an 1631.
la Salle des pauvres, qui leur sert aujourd’huy
[p.413] de dortoir: laquelle a esté
construite en partie des épargnes des revenus, & en partie
des aumônes des particuliers: dont Jacques Petau Lieutenant General
d’Estampes y a contribué plus que les autres. Cet Hôtel-Dieu
ne reconnoît aucun Fondateur particulier, & tous les biens
qu’il possede sont des bien-faits des habitans d’Estampes, & de quelques
personnes de pieté du voisinage.
Les Oblations
faites par les fideles dans les Chapelles situées dans l’étenduë
d’une Paroisse, appartiennent de droit commun au Prêtre, c’est
à dire au Curé de la Paroisse: Et c’est en vertu de ce droit
que le Curé Chevecier de l’Eglise de Nôtre-Dame recevoit
anciennement les oblations dans la Chapelle de l’Hôtel-Dieu: mais
cela ne pouvant être sans qu’il arrivât quelquefois des differends
entre ce Chevecier, & le Maître des Freres dc cet Hôtel-Dieu:
pour couper la racine à toutes sortes de debats, le Chantre &
le Chapitre de Nôtre-Dame du consentemcnt de Regnault Chevecier
de leur Eglise, & même à sa requeste, cederent à
titrc d’échange au Maître & aux Freres dudit Hôtel-Dieu
les Oblations & tout autre droit que leur Chevecier pouvoit pretendre
dans cette Chapelle; suivant ce qui en avoit esté auparavant reglé
par Michel de Corbeil, Archevéque de Sens: & l’on donna en
échange au Chevecicr deux muids de bled de rente sur une dixme
située à Pussay, au Diocese de Chartres, que l’Hôtel-Dieu
tenoit en gage. Le titre de cet échange est du mois de Janvier
1225. expedié sous les sceaux du méme Chapitre de Nôtre-Dame,
de la teneur suivante.
G. Cantor & Capitulum Beatæ
Mariæ Stamparum, omnibus presentes litteris inspecturis in Domino
salutem: Noverit universitas vestra quod nos, ex assensu & voluntate
Reginaldi Capicerii Ecclesiæ nostræ, & ad ipsius petitionem,
concessimus Magitro & fratribus Domus Dei Stamparum pacifè
in perpetuum possidere omnes oblationes, & omne jus, quæ oblationes
& quod jus ad Capicerium Ecclesiæ nostræ pertinebat,
sicut in privilegio Domini Metropolitani Michaëlis, bonæ memoriæ
inter Ecclesiam nostram & dictam domum confectum continetur: ita
tamen, quod in ejus recompensatione Magister & Fratres Domus Dei
concesserunt, dederunt, quittaverunt dicto Capicerio Ecclesiæ nostræ
duos modios bladii percipiendos singulis annis, in quadam decima, sita
in Parrochia de Puceio, Carnotensis Diœcesis, quæ decima dictæ
domui erat nomine pignoris obligata. Ne verò super hoc alicujus
fomes litigii poßit de cætero suboriri, nos de assensu partium,
præsentes [p.414] litteras
rei seriem continentes sigilli nostri impreßione fecimus communiri.
Actum anno Incarn. Dominicæ MCCXXV. mense Ianuario.
|
L’Hôtel-Dieu de Paris vers 1482
Sceau de l’Hôtel-Dieu d’Étampes (1337)
Sceau du chantre Guillaume
Traduction en Annexe 1
|
Il est tres-probable que pendant que les pauvres malades logeoient
dans l’Eglise dc Nôtre-Dame, les Chanoines avoient la disposition
& le gouvernement de tout ce qui les regardoit, tant au spirituel
qu’au temporel, qu’ils cesserent de l’avoir lors que les pauvres furent
logez hors de leur Eglise: mais l’on ne trouve point de memoires qui
apprennent le temps de ce changement, que l’on peut avec raison raporter
à l’Archevêque Michel de Corbeil, qui succeda à Guy
de Noyers l’an 1191. ou quelqu’un de ceux qui l’avoient precedé
peu de temps auparavant; veu ce qui est dit dans le titre de la cession
des oblations: que ce Prelat avoit reglé le droit de Chevecier
de Nôtre-Dame dans l’Hôtel-Dieu; d’où il faut inferer
qu’il en étoit Superieur, & qu’il y pourvoyoit d’un Maître
& Administrateur, entre lequel & le Chevecier étoient les
differends qu’il regla. Et pour une plus evidente preuve que c’étoit
le Diocesain qui commettoit tel Prêtre qu’il luy plaisoit, pour administrer
le spirituel & le temporel de cet Hôpital, il ne faut que considerer
quel en a esté le gouvernement dans la suite du temps jusques en
l’an 1537. qu’il changea de forme quant au temporel seulement parce qu’il
est à croire que jusques alors il n’y eut aucun changement; au moins
n’en a-t’on point de memoire ny par écrit, ny par tradition.
Or en l’an 1537. les habitans ne pouvant
plus supporter que les biens destinez à la nourriture des pauvres
fussent mal administrez, & les pauvres abandonnez sans secours à
mourir dans les ruës faute de retraite & de secours, ils formerent
leurs plaintes contre Jacques de la Vallée, Maître &
Administrateur de l’Hôtel-Dieu, devant Loüis Cardinal de Bourbon,
Archevéque de Sens, afin qu’il luy plût d’apporter le remede
convenable à un si mauvais gouvernement: ce qui fut enfin fait,
par une transaction passée devant Jean Tabourt, & Richard de
Bordelles commis de Jean Guy Notaire Royal à Estampes, le quinzième
jour d’Avril de la méme année: laquelle fut confirmée
le dix-huitiéme jour de May de l’année suivante 1538. par
Jean de Salazar, Archidiacre en l’Eglise de Sens, Abbé Commendataire
des Abbayes de sainte Colombe & de saint Remy lez Sens, de l’Ordre
de saint Benoist, Vicaire general de ce Cardinal , & en confirmant
cette transaction il permit de faire quester pour l’Hôtel-Dieu dans
les Paroisses de la ville: accorda quarante jours d’indulgence, à
ceux qui [p.415] donneroient
des aumônes. Cette transaction fut passée entre ce de la Vallée
& Simon Audren Maire, Gilles Paumier, & les autres Echevins pour
les habitans de la ville d’Estampes, pretendans que 1’administration du
bien, & du revenu dudit Hôtel-Dieu leur appartenoit, pour étre
employé à la nourriture des pauvres malades par les soins,
& la diligence de ceux des habitans qui seront commis à cette
administration, à la charge d’en rendre compte de deux ans en deux
ans, elle contient les articles suivans que j’en ay extraits.
|
Le cardinal
Louis de Bourbon
|
C’est à sçavoir, que ledit de la Vallée
Maître & Administrateur dudit Hôtel-Dieu & Hôpital
Nôtre-Dame a accordé & consenty pour luy & ses
successeurs que lesdits Bourgeois & habitans d’Estampes, & ceux
qui seront par eux élûs ayent le gouvernement & administration
dudit Hôpital, biens & revenus d’iceluy.
2. Que pour mieux administrer ledit
Hôpital & biens d’iceluy ils puissent élire nombre
d’entre eux les plus suffisans & capables de ce faire; lesquels
élûs auront la pleine administration de tout le revenu temporel
d’iceluy: Oblations qui se feront en la chapelle, dons, legs, aumônes,
& toutes autres gratifications faites audit Hôpital, pour les
employer à la nourriture & gouvernement des pauvres malades
en iceluy, entretenement & decoration, sous le bon plaisir & auctorité
de Monseigneur le Reverendißime Archevêque de Sens, à
la charge d’en rendre bon compte & reliquat par lesdits élûs
de deux ans en deux ans pardevant les Vicaires, ou autres de par mondit
Seigneur le Reverendißime à ce commis: le Maître &
ses successeurs ou Vicaires à ce appellez.
3. Les Maire & Echevins pour eux
& leurs successeurs ont, moyennant ce que dessus, accordé
payer chacun an audit Maître dudit Hôpital & à ses
successeurs franchement la somme de soixante livres tournois: laquelle
somme luy sera payée & à sesdits successeurs par lesdits
élûs, du revenu dudit Hôtel-Dieu, de trois en trois
mois par egale portion: & outre de fournir audit Maître &
à ses successeurs une maison prés ledit Hôpital pour
y faire sa residence.
4. Ledit de la Vallée Maître
a promis pour luy & ses successeurs, & seront tenus â
toûjours, d’administrer les saints Sacremens de I’Eglise aux pauvres
dudit Hôtel-Dieu, comme les confesser, leur administrer le Corpus
Domini, & autres Sacremens de l’Eglise: enterrer
ceux qui decederont audit Hôpital, & vaquer à
faire le Service divin que l’on est tenu de faire en l’Eglise d’iceluy.
De cette transaction & du titre
des oblations dont j’ay [p.416] parlé,
l’on apprend comme le gouvernement de cet Hôpital étoit
déchû de son ancienne forme; parce que dans le titre des
oblations il est fait mention d’un Maître, & de Freres, comme
de parties contractantes; & par consequent qui avoient part à
l’administration, au moins du temporel, le spirituel étant peut-étre
reservé au Maître seul, qui étoit seul Prêtre:
& les autres Freres étant des Laïque dediez au service
des pauvres: comme les Freres du bien-heureux Jean de Dieu surnommez de
la Charité: & que dans cette transaction il n’est fait mention
que d’un Maître, & nullement de Freres: ce qui donne sujet de
croire qu’ils avoient déja cessé dans cet Hôpital,
& avec eux l’assistance & le bon gouvernement des pauvres malades.
Il y reste encore un lieu qu’on appelle la Chapelle des Freres, où
ils s’assembloient pour faire le Service divin: une partie duquel sert aujourd’huy
de lieu Capitulaire aux Religieuses. |
Un hôpital médiéval (Florence)
Hôtel-Dieu de Paris vers le début du XVIe siècle
|
Depuis cette transaction, plusieurs Edits, Ordonnances & Reglemens
ont esté faits par nos Roys dans les Etats generaux du Royaume,
sur le fait des Hôpitaux, qui servent à l’éclaircissement
de ce qui pourroit faire de la difficulté dans cette transation.
D’abord que cette transaction eut esté
mise entre les mains des Maire & Echevins, ils appliquerent leurs
soins à y mettre quelque ordre: & comme il n’y a rien de si
propre pour le service des malades que des filles, ils firent en sorte
d’y établir des Religieuses hospitalieres de l’Ordre de saint Augustin.
Ils n’en allerent point querir en d’autres villes; mais il se presenta
des filles d’Eatmpes qui se vouërent ce service, sous la jurisdiction
de l’Archevêque qui les reçeut à la véture,
& à la profession, selon l’ordre des Canons, & leur prescrivit
des Constitutions, qu’Octave de Bellegarde Archevêque de Sens, a
reveuës & confirmées: & depuis luy, Loüis Henry
de Gondrin son successeur.
Ces Religieuses font honnorées
du titre de Filles servantes des Pauvres de l’Hôtel-Dieu: titre
qui leur est tres-glorieux, & qu’elles cherissent plus que tout autre
qu’on leur pourroit donner.
L’an 1653. il s’éleva quelques
differends entre elles, & les Maire & Echevins de la ville, en
qualité de Directeurs temporels: parce que ceux-ci vouloient connoître
de quelques choses qui sembloient regarder la regularité. Mais
le tout fut reglé par une transaction passée devant Pierre
de Lambon Notaire Royal à Estampes les 15. 18. 19. de Janvier &
le 3. de Fevrier 1654. en laquelle [p.417]
l’Archevêque de Sens, en qualité
de Superieur spirituel dudit Hôtel, est partie contractante.
J’en ay extrait les articles suivans qui y furent arrétez du consentement
de toutes les Parties.
|
Les Augustines de l’Hôtel-Dieu de Paris (vers 1482)
|
Il n’y aura pour le present, que quatre Religieuses servant
les pauvres suivant l’ancienne institution.
2. L’une desdites Religieuses sera
éleuë pour Superieure pour trois ans, selon les constitutions,
par la pluralité des libres suffrages des autres Sœurs, sans
que l’ancienneté puisse donner aucun droit. Laquelle Superieure
ainsi éleuë sera approuvée & confirmée
par Monsieur l’Archevêque de Sens, & ses successeurs.
3. Aprés ladite élection
faite & confirmée, il en sera donné avis ausdits
sieurs Directeurs temporels.
4. Les Filles qui se presenteront pour
entrer audit Hôtel-Dieu & y servir les pauvres, & qui
n’auront pas une dot pour leur nourriture & entretien se pourvoiront,
comme il a esté pratiqué, par requeste pardevant le Lieutenant
general, sur laquelle le Procureur du Roy, Maire & Echevins seront
ouïs. Ladite Requefle ayant esté admise, lesdites Filles entreront
audit Hôtel-Dieu pour y vivre, être instruites, & étre
receuës à la vêture & profeßion aprés
le temps prefix [sic] par les constitutions,
qui est ordinairement d’un an, en habit seculier, & un autre an avec
le voile blanc & l’habit regulier, sous la conduite & direction
desdites Religieuses, par la pluralité des suffrages d’icelles, dont
elles feront rapport audit sieur Archevéque, pour étre par
luy donné ordre & commißion, pour lesdits vêtures
& profeßion, à qui il luy plaira, sous son nom & autorité.
5. Les Filles qui voudront entrer audit
Hôtel-Dieu sans y étre à charge, ayant une dot suffisante
pour leur nourriture & entretien, se poirvoiront par requeste, comme
les precedentes non dotées: avec laquelle requeste sera mis és
mains desdits sieurs Directeurs un état de ce qu’elles apporteront,
pour juger de sa qualité & quantité suffisante, et sera
tout le bien qu’elles apporteront meslé & confus parmy l’ancien
bien dudit Hôtel-Dieu, regy & gouverné de même:
& lesdites Filles, quant au spirituel, dirigées, instruites,
& admises à la probation, vêtures, & profeßion
comme les autres non dotées, avec lesquelles elles vivront &
s’employeront au service des pauvres, selon leur pouvoir, conformément
ausdites conslitutions, sans qu’elles puissent sous aucun pretexte que ce
soit, faire communauté à part: Et pour cet effet lesdits Administrateurs
temporels leur fourniront la nourriture comme aux autres: & de plus
mettront és mains de la Superieure
[p.418] pour les entretenir de vétemens,
chacun an, la somme de quarante livres tournois, pour chacune d’icelles
Filles: laquelle somme sera prise de la masse totale du bien dudit Hôtel-Dieu.
6. Monseigneur l’Archevêque,
ny la Superieure, ou autres Religieuses ne pourront s’entremettre ny
prendre aucune connoissance du bien temporel, ny du revenu appartenant
audit Hôtel Dieu: comme de leur part lesdits Lieutenant general,
Procureur du Roy, Maire & Echevins ne pourront s’entremettre, ny
prendre connoissance de la direction spirituelle, probation, vêture,
profeßion & régularité desdites Religieuses: ains
appartiendront icelles choses ausdites Religieuses, à Monseigneur
l’Archevêque, ses Vicaires & deputés seulement.
Voila l’état present de toutes
les choses sans qu’il y ait esté rien innové.
|
Le
cardinal Louis de Bourbon
|
Jean de Bourginel natif d’Estampes serviteur domestique, (d’autres disent
qu’il étoit un des Gentils-hommes ordinaires de la Chambre du
Roy saint Loüis porté de pieté envers Dieu, & de
reconnoissance envers le Roy son Maître, dont il avoit reçeu
plusieurs bien-faits, entre autres une Seigneurie qui relevoit du Château
de Dourdan, legua par son testament à l’Hôtel-Dieu d’Estampes,
trente-neuf livres de Cens annuel & perpetuel, avec les droits qui
en dépendoient, mouvans en fief du Roy, à prendre sur plusieurs
heritages assis à Estampes, & au dedans de la banlieuë,
lequel cens il avoit acquis de Philippe de Veres & d’Eremburge sa femme,
pour la dotation de deux Chapellenies, qu’il ordonna étre fondées
dans l’Hôtel-Dieu d’Estampes, pour prier Dieu pour le repos de
l’ame du Roy, de la sienne, & de celle de Marguerite sa femme. Les
executeurs du testament de ce Bourginel trouvant peut-être de la difficulté
en l’execution de sa derniere volonté, ou pour d’autres motifs
qui ne sont pas venus à ma connoissance, proposerent à la
Reine Marguerite, veuve du même Roy Loüis, laquelle joüissoit
du domaine d’Estampes en doüaire, de prendre les cens & droits
Seigneuriaux destinez par Bourginel à la fondation de ces deux Chapellenies,
de les unir & incorporer à son domaine d’Estampes pour y demeurer
annexés à perpetuité en donnant en contr’échange
quarante livres tournois de rente à perpetuité, à
prendre sur le même domaine, pour la dotation de ces Chapellenies.
La Reine agrea cette proposition, & la fit aussi agréer au Roy
Philippe le Hardy son fils. L’échange fut fait, & les quarante
livres tournois de rente payables moitié à la feste de tous
les Saints, & l’autre moitié le jour
[p.419] de 1’Ascension de Nôtre Seigneur, furent
assignées sur le domaine d’Estampes, pour la fondation des deux
Chapellenies, comme on l’apprend par le titre suivant, donné à
saint Germain en Laye au mois de May MCCLXXIX.
|
|
Philippus
Dei gratia Francorum Rex, Notum facimus universis tàm præsentibus
quàm futuris, quòd nos litteras charißimæ Dominæ
& genitricis nostræ Margaretæ Francorum Reginæ,
vidimus in hæc verba. Margaretæ
[Lisez: Margareta] Dei gratia Francorum Regina universis
præsentes litteras inspecturis salutem. Notum facimus quòd
cùm Ioannes Burguineus de Stampis, quondam serviens inclitæ
recordationis Carißimi Domini nostri Ludovici Francorum Regis acquisivisset,
dum viveret, titulo emptionis, unà cum aliis, à Philippo
de Verez milite & Eremburgé [sic]
uxore usque ad triginta novem libratas annui &
perpetui census, cum droituris & obventionibus ad dictum censum pertinentibus,
sitas apud Stampas & infra banleucam Stampensem super certis locis,
moventis de feodo Domini Regis: ac idem Ioannes ultima voluntate sua dedictis
XXXIX. libratis census ordinaverit, & præceperit duas capellanias,
pro remedio animæ dicti Domini nostri Regis & animarum ipsius
Ioannis & defunctæ Margaretæ ejus uxoris institui &
fundari in Domo Dei Stampensi: Executoresque ejus Ioannis nos requisierint
ut prædictis triginta novem libratis census, à nobis quamdiu
vixerimus nomine dotalitii nostri habendis & percipiendis, & post
decessum nostrum carißimo filio nostro Philippo Regi Francorum illustrißimo
& ejus hæredibus, sive successoribus in perpetuum remansuris,
dare & concedere vellemus quadraginta libras turonenses, ad opus duorum
capellanorum dictis duabus capellaniis pro tempore deservientium: videlicet
quolibet viginti libras in præpositura nostra Stampensi, quolibet anno,
terminis inferiùs annotatis, scilicet decem libras in festo omnium
SS. & decem libras in festo Ascensionis Domini percipiendas ab ipsis
in perpetuum & habendas. Nos deliberatione præhabita cum prædicto
filio nostro Rege, & assensu ejus requisito super hoc & obtento,
præmißis nostrum præbuimus assensum, volentes quantum in
nobis est, quod pro prædicto censu & ejus pertinentibus, dicti
duo Capellani, qui pro tempore fuerint, dictas XL. lib. turonenses scilicet
decem libras prædictis terminis habeant & percipiant in præpositura
nostra Stampensi prout superiùs est expressum, per manus præpositi
Stampensis quilibet Capellanorum ipsorum , qui pro tempore fuerit; ita quòd
si dictus præpositus deficeret in toto vel in parte in solutione dictarum
40. lib. ad dictos terminos dictis Capellanis, ut dictum est, facienda,
volumus quod pro quolibet die, in quo [p.420]
deficiet quinque solidos parisienses pro
pœna & nomine pœnæ dictis Capellanis, de suo solvere teneatur.
In cujus rei testimomium præsentes litteras fecimus sigilli nostri
munimine roborari. Actum apud S. Germanum à Laïa, die Iovis
post Trinitatem, anno Domini MCCLXXIV. Nos autem omnia & singula suprascripta,
pro ut superiùs continentur, rata & grata habentes & approbantes
concedimus quod Capellani, qui pro tempore fuerint in dictis capellaniis
instituti, dictas quadraginta libras turonenses annui redditus, dictis terminis
in perpetuum percipiant indicta præpositura Stampensi, sicut est superiùs
annotatum, prodictis triginta novem libratis parisiensibus annui census,
cum eorum pertinentiis nobis, & nostris hæredibus perpetuò
permansuris. Quòd ut ratum & stabile permaneat in futurum, præsentibus
litteris nostrum fecimus apponi sigillum. Actum apud S. Germanum à
Laïa, anno Domini MCCLXXIV. mense Maio.
|
Traduction en Annexe 2
Sceau de Marguerite
Sceau de Philippe III
|
Dans l’évaluation du Domaine d’Estampes faite en 1579. au chapitre
des charges en deniers, ces deux Chapelains sont qualifiez Chapelains
de l’aumône de Nôtre-Dame: & emploiez pour dix livres
parisis seulement.
|
|
|
NOTES
A l’imitation des Apôtres.
Allusion aux Actes des Apôtres, début du chapitre VI:
“En ce temps-là,
le nombre des disciples augmentant, les Hellénistes murmurèrent
contre les Hébreux, parce que leurs veuves étaient négligées
dans la distribution qui se faisait chaque jour. Les douze convoquèrent
la multitude des disciples, et dirent: Il n’est pas convenable que
nous laissions la parole de Dieu pour servir aux tables. C’est pourquoi,
frères, choisissez parmi vous sept hommes, de qui l’on rende un
bon témoignage, qui soient pleins d’Esprit Saint et de sagesse,
et que nous chargerons de cet emploi. Et nous, nous continuerons à
nous appliquer à la prière et au ministère de la parole.
Cette proposition plut à toute l’assemblée. Ils élurent
Étienne, homme plein de foi et d’Esprit Saint, Philippe, Prochore,
Nicanor, Timon, Parménas, et Nicolas, prosélyte d’Antioche.
Ils les présentèrent aux apôtres, qui, après
avoir prié, leur imposèrent les mains” (traduction Segond).
Jacques Petau
Lieutenant General d’Estampes. On
trouve aux Archives municipales d’Étampes des traces intéressantes
de l’évergétisme de la famille Petau (ou Peteau): 1) deux
déclarations de 1560 du grand-père de Jacques Petau, Nicolas
Petau, conseiller du roi, bailli et gouverneur d’Étampes relatives
au choix d’un bâtiment pour l’ouverture d’une école à
Étampes (AA 192); 2) un Extrait du testament de Jacques Petau
de 1626 (AA 195); 3) un dossier de 1732-1733 sur un Contentieux entre
la ville et les Barnabites au sujet du respect du testament de J. Petau
de 1626 (AA 201); 4) un dossier de 1768-1780 sur l’affaire de la bourse
du collège et la place de boursier fondée par J. Petau (AA
207). Nous avons mis par ailleurs en ligne l’un de ses décisions
de 1613: Clément
WINGLER [éd.], «Pierre Dubois et Jacques Peteau, bailli et lieutenant-général
d’Étampes:
Remplacement
du principal Walfard (3 juillet 1629)» [transcription révisée], in
Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-17-dubois-walfard.html, 2003-2005.
L’Archevêque Michel de Corbeil,
qui succeda à Guy de Noyers l’an 1191. ou quelqu’un de ceux qui
l’avoient precedé peu de temps auparavant. Voici la
liste des archevêques de Sens dont il est question, depuis la fondation
de Notre-Dame d’Étampes jusqu’à la fin du XIIIe siècle:
Sewin ou Seguin (978-999), Léotheric ou Lierry (999-1032), Gelduin
(1032-1049), Mainard (1049-1062), Richer II (1062-1096), Daimbert (1097-1122),
Henri Ier Sanglier (1122-1142), Hugues de Toucy (1142-v.1168), Guillaume
aux Blanches Mains (1169-1176), ensuite archevêque de Reims,
Guy Ier de Noyers (1176-1193),
Michel de Corbeil (1194-1199),
Pierre de Corbeil (1199-1221), Gauthier Le Cornu (1221-1241), Gilles
Le Cornu (1241-1254), Henri Le Cornu (1254-1258), Guillaume de Brosse (1258-1267),
Pierre de Charny (1267-1274), Pierre d’Anisy (1274), Gilles II Cornut
(1275-1292), Étienne Béquart (Bécard) de Penoul (1292-1309).
On remarquera que la date donnée par Fleureau ne paraît tout
à fait exacte.
In
quadam decima, sita in Parrochia de Puceio, Carnotensis Diœcesis.
“Sur une
certaine dîme assise dans la paroisse de Pussay au diocèse de
Chartres”. Pussay (canton de
Méréville, arrondissement d’Étampes, Essonne) relevait
du diocèse d’Étampes mais du bailliage d’Étampes.
1537... Loüis
Cardinal de Bourbon, Archevéque de Sens. Il s’agit du cardinal Louis de Bourbon-Vendôme (1493-1557), archevêque de Sens de 1536 à 1557. On trouvera
une biographie détaillée de ce personnage à la
page anglophone suivante, http://www.fiu.edu/~mirandas/bios1517-ii.htm#Bourbon,
en ligne en 2007.
1654.... l’Archevêque
de Sens. L’archevêque de Sens était
alors Louis-Henri de Pardaillan de Gondrin (1646-1674).
Droituras. La forme
étymologique de ce mot est directura. Le Lexicon
de Niermeyer donne les graphies: directura, derectura, drictura, drectura,
dreitura, drettura, dretura, drictura, drittura, dritura, droitura.
Il s’agit selon le même lexique du “droit d’exiger des redevances” ou bien même plus simplement
d’une “redevance” en tant que telle.
Serviteur domestique.. d’autres
disent... un des Gentils-hommes ordinaires de la Chambre du Roy. Fleureau
fait ici allusion au titre de serviens donné à
Jean Bourguinel par la charte latine qui suit.
Il a déjà touché incidemment de cette question au chapitre 24 de la première
partie, pages 79 à 81. Mais ces passages ne sont pas harmonisés,
car il donne alors une tout autre et bien meilleure explication du
mot serviens, en l’étayant judicieusement par l’exemple
d’une charte du XIIe siècle: “au même sens qu’on
prenoit celuy de servientes, qui signifioit
gens de guerre à cheval, que l’on appelloit anciennement, sergens,
par le changement de la lettre V, en G, assez usité parmy les anciens
François, & que l’on a depuis nommez Escuyers”. C’est l’une
des nombreuses traces de ce que l’œuvre de Fleureau est inachevée,
et qu’il n’a pas toujours harmonisé les plus anciens passages qu’il
avait rédigés avec ceux qui témoignent d’un état
plus avancé de ses recherches.
Bernard Gineste, mai
2007
Toute critique ou contribution
sera la bienvenue. Any criticism or contribution
welcome.
|
ANNEXE
1
Chartes de janvier 1226
Texte latin donné par
Fleureau (1682)
|
Traduction proposée par
B. G. (2007)
|
G. Cantor & Capitulum Beatæ
Mariæ Stamparum, omnibus presentes litteris inspecturis in Domino
salutem:
|
Le chatre Guillaume et le chapitre
de Notre-Dame d’Étampes, à tous ceux qui consulteront
le présent document, salut dans le Seigneur.
|
Noverit universitas vestra quod nos,
ex assensu & voluntate Reginaldi Capicerii Ecclesiæ nostræ,
& ad ipsius petitionem, concessimus Magitro & fratribus Domus
Dei Stamparum pacifè in perpetuum possidere omnes oblationes,
& omne jus, quæ oblationes & quod jus ad Capicerium Ecclesiæ
nostræ pertinebat, sicut in privilegio Domini Metropolitani Michaëlis,
bonæ memoriæ inter Ecclesiam nostram & dictam domum
confectum [Lisez: confecto] continetur:
ita tamen, quod in ejus recompensatione Magister & Fratres Domus
Dei concesserunt, dederunt, quittaverunt dicto Capicerio Ecclesiæ
nostræ duos modios bladii percipiendos singulis annis, in quadam
decima, sita in Parrochia de Puceio, Carnotensis Diœcesis, quæ
decima dictæ domui erat nomine pignoris obligata.
|
Sachez tous ceci. Nous, avec l’accord
et l’assentiment du chevecier de notre Église, et à sa
demande, nous autorisons le Maître et les frères de la
Maison-Dieu d’Étampes à jouir paisiblement et à
perpétuité des oblations et de tous les droit, lesquels
droits et oblations appartenaient au chevecier de notre Église,
comme il est porté dans le privilège de Monseigneur le métropolitain Michel de bonne mémoire établi
entre notre Église et ladite Maison; étant entendu cependant
qu’en guise de compensation le Maître et les frères de
la Maison-Dieu ont concédé, donné et délaissé
au dit chevecier de notre Église deux muids de céréales
à percevoir chaque année sur une certaine dîme située
dans la paroisse de Pussay du diocèse de Chartres, laquelle dîme
était à la dite Maison à titre de gage. |
Ne
verò super hoc alicujus fomes litigii poßit de cætero
suboriri, nos de assensu partium, præsentes [p.414] litteras rei
seriem continentes sigilli nostri impreßione fecimus communiri.
Actum anno Incarn. Dominicæ MCCXXV. mense Ianuario.
|
Et
pour qu’en cette affaire il ne puisse à l’avenir naître
aucun germe de contestation, nous, avec l’accord des parties, nous avons
fait certifier le présent document contenant l’exposé de
cette affaire par l’impression de notre sceau. Fait l’an de l’Incarnation
1225 au mois de Janvier [c’est-à-dire,
en nouveau style, en janvier 1226].
|
|
ANNEXE
2
Charte de Marguerite de Provence
de 1274
et sa confirmation par Philippe III le Hardi
Texte donné par Fleureau (1682)
|
Traduction proposée par B.G. (2007)
|
Philippus Dei gratia Francorum Rex, Notum facimus universis tàm
præsentibus quàm futuris, quòd nos litteras charißimæ
Dominæ & genitricis nostræ Margaretæ Francorum Reginæ,
vidimus in hæc verba.
|
Philippe
par la grâce de Dieu roi des Francs. Nous faisons savoir à
tous, tant présents qu’à venir, que nous avons eu sous
les yeux un acte de notre chère Dame et mère Marguerite
reine des Francs, de la teneur suivante.
|
Margaretæ [Lisez: Margareta] Dei gratia Francorum Regina
universis præsentes litteras inspecturis salutem.
|
Marguerite
par la grâce de Dieu reine des Francs, à tous ceux qui
consulteront le présent acte, salut.
|
Notum facimus quòd cùm Ioannes Burguineus de Stampis,
quondam serviens inclitæ recordationis Carißimi Domini nostri
Ludovici Francorum Regis acquisivisset, dum viveret, titulo emptionis,
unà cum aliis, à Philippo de Verez milite & Eremburgé [sic] uxore usque ad triginta novem libratas annui
& perpetui census, cum droituris & obventionibus ad dictum
censum pertinentibus, sitas apud Stampas & infra banleucam Stampensem
super certis locis, moventis de feodo Domini Regis:
|
Nous faisons savoir ceci. Jean Bourguineux d’Étampes, autrefois
sergent de notre très cher Seigneur Louis, roi des Francs de glorieuse mémoire, avait acquis de son vivant, en l’achetant
avec d’autres biens au chevalier Philippe de Verez et à son
épouse Arembour, jusqu’à trente-neuf livres de cens annuel
et perpétuel, avec les perceptions de redevances et les revenus
afférents au dit cens, sises à Étampes et dans
la banlieue d’Étampes sur certains lieux mouvants du fief de
monseigneur le roi.
|
ac idem Ioannes
ultima voluntate sua dedictis XXXIX. libratis census ordinaverit, &
præceperit duas capellanias, pro remedio animæ dicti Domini
nostri Regis & animarum ipsius Ioannis & defunctæ Margaretæ
ejus uxoris institui & fundari in Domo Dei Stampensi:
|
Et le dit Jean dans cses dernières volontés a disposé
de ses dites 39 livres de cens et a ordonné que soient fondées
et instituées deux chapellenies, pour le salut de l’âme
de notre seigneur le roi et des âmes du dit Jean et de feue Marguerite
son épouse, dans la Maison-Dieu d’Étampes.
|
Executoresque ejus Ioannis nos requisierint ut prædictis
triginta novem libratis census, à nobis quamdiu vixerimus nomine
dotalitii nostri habendis & percipiendis, & post decessum nostrum
carißimo filio nostro Philippo Regi Francorum illustrißimo
& ejus hæredibus, sive successoribus in perpetuum remansuris,
dare & concedere vellemus quadraginta libras turonenses, ad opus duorum
capellanorum dictis duabus capellaniis pro tempore deservientium: videlicet
quolibet viginti libras in præpositura nostra Stampensi, quolibet
anno, terminis inferiùs annotatis, scilicet decem libras in festo
omnium SS. & decem libras in festo Ascensionis Domini percipiendas
ab ipsis in perpetuum & habendas.
|
Et les exécuteurs testamentaires du dit Jean ont requis
de nous que nous acceptions, avec les les susdites trente-neuf livres de
cens — qui sont tenir et à percevoir de nous tant que nous vivrons,
au titre de notre douaire, et, après notre décès, de
notre très cher fils Philippe, très illustre roi des Francs,
et de ses héritiers ou de ses successeurs qui subsisteront, à
jamais — de donner et concéder quarante livres tournois au bénéfice
des deux chapelains qui déserviront successivement ces deux susdites
chapellenies: à savoir vingt livres à notre prévôté
d’Étampes, chaque année, aux échéances précisées
ci-après: à savoir dix livres à la fête de
la Toussaint, et dix livres à la fête de l’Ascension du Seigneur,
à percevoir et détenir par ceux-ci à jamais.
|
Nos deliberatione præhabita cum prædicto
filio nostro Rege, & assensu ejus requisito super hoc & obtento,
præmißis nostrum præbuimus assensum, volentes quantum
in nobis est, quod pro prædicto censu & ejus pertinentibus, dicti
duo Capellani, qui pro tempore fuerint, dictas XL. lib. turonenses scilicet
decem libras prædictis terminis habeant & percipiant in præpositura
nostra Stampensi prout superiùs est expressum, per manus præpositi
Stampensis quilibet Capellanorum ipsorum, qui pro tempore fuerit; ita quòd
si dictus præpositus deficeret in toto vel in parte in solutione
dictarum 40. lib. ad dictos terminos dictis Capellanis, ut dictum est,
facienda, volumus quod pro quolibet die, in quo [p.420] deficiet quinque
solidos parisienses pro pœna & nomine pœnæ dictis Capellanis,
de suo solvere teneatur. |
Quant à nous, après en avoir
préalablement délibéré avec notre susdit
fils le roi, après avoir requis son accord pour cette affaire et
l’avoir obtenu, nous avons donné notre accord à ce qui vient
d’être exposé, voulant autant qu’il est en notre pouvoir
que, en raison du susdit cens et de ce qui lui est afférent, chacun
des dits chapelains qui se succèderont jouissent des dites 40 livres
tournois, à savoir dix livres aux susdites échéances
ci-dessus précisées, et qu’ils les perçoivent à
notre prévôté d’Étampes comme il a été
dit ci-dessus, de la main du prévôt d’Étampes; étant
précisé que si le dit prévôt manquait à
faire le versement de tout ou partie des dites 40 livres aux susdites échéances
aux susdits chapelains, selon ce qu’il a été précisé,
nous voulons que pour chaque jour de retard il soit tenu de verser de
sa poche aux dits chapelains cinq sous parisis pour amende et à titre
d’amende.
|
In
cujus rei testimomium præsentes litteras fecimus sigilli nostri
munimine roborari. Actum apud S. Germanum à Laïa, die Iovis
post Trinitatem, anno Domini MCCLXXIV.
|
En témoignage de cette affaire, nous avons fait certifier
cet acte au renfort de notre sceau. Fait à Saint-Germain-en-Laye,
le jeudi après la Trinité, l’an du Seigneur 1274.
|
Nos
autem omnia & singula suprascripta, pro ut superiùs continentur,
rata & grata habentes & approbantes concedimus quod Capellani,
qui pro tempore fuerint in dictis capellaniis instituti, dictas quadraginta
libras turonenses annui redditus, dictis terminis in perpetuum percipiant
indicta præpositura Stampensi, sicut est superiùs annotatum,
prodictis triginta novem libratis parisiensibus annui census, cum eorum
pertinentiis nobis, & nostris hæredibus perpetuò permansuris.
|
Quant
à nous, tenant pour établies et agréables toutes
et chacune des dispositions ci-dessus précisées, et les
approuvant, nous avons autorisé que les chapelains qui seront
tour à tour investis des dites chapellenies perçoivent à
perpétuité les dites quarante livres tournois de rente annuelle
aux dites échéances, à notre susdite prévôté
d’Étampes, comme il a été porté ci-dessus,
en raison des susdite trente-neuf livres parisis de rente annuelle avec
les revenus afférents, qui demeureront notre propriété
et celle de nos héritiers à jamais. |
Quòd
ut ratum & stabile permaneat in futurum, præsentibus litteris
nostrum fecimus apponi sigillum. Actum apud S. Germanum à Laïa,
anno Domini MCCLXXIV. mense Maio.
|
Et
pour que cela demeure établi et sans conteste à l’avenir,
nous avons fait apposer au présent acte notre sceau. Fait à
Saint-Germain-en-Laye, l’an du Seigneur 1274 au mois de mai.
|
|
|
|
Aux
Archives municipales d’Étampes (Inventaire Chabin de 1990, pp.
22-23)
AA 182
|
Inventaire
des titres de l’hôtel-Dieu d’Étampes (13 pièces de
1537 à 1739). |
Fin XVIIIe
s.
|
AA 183
|
Note sur
l’hôtel-Dieu, s.d. [XVIIe s.]; projet de supplique des maire et échevins
à “Monseigneur de la Chambre de la Charité Chrétienne”,
s.d. [XVIe s.]; mémoire pour une réforme de l’hôtel-Dieu
et pièces annexes, dont un état comparatif des dépenses
(1640/1651/1663) et un projet de règlement pour une association
de secours, s.d. [XVIIIe s.].
|
XVIIe-XVIIIe
s.
|
AA 184
|
Extrait
du testament d’Opportune Durant, veuve d’Etienne Boivin, léguant
une maison à l’hôtel-Dieu, 1596; extrait du testament de
Denis Fouldrier, marchand drapier, léguant un pré à
l’hôtel-Dieu, 1744. [p.23]
|
1596 &
1744
|
AA 185
|
Ensemble
de titres, baux, quittances, notamment procès-verbal de réception
de Pierre Berceau, chirurgien, 1693; nomination de Pichonnat, médecin,
pour visiter les pauvres malades de l’hôtel-Dieu, 1697; adjudication
d’une maison rue Saint-Antoine, 1708; constitution dune rente perpétuelle
de 250 livres, 1731. , 21 pièces.
|
XVIIe-XVIIIe
s.
|
AA 186
|
Quittance
de rachat de rente, 1765; quittance du responsable de la rénovation
du terrier du fief Saint-Lazare pour l’hôtel-Dieu, 1768.
|
1765 &
1768
|
AA 187
|
Liste des
malades susceptibles d’être admis en 1770 (2 exemplaires); notes.
Pièces numérotées
2 à 29. |
1770-1779.
|
|
ANNEXE
4
Léon
Marquis sur l’Hôtel-Dieu (1881)
Rue
Baugin. — De la rue de la Cordonnerie à la promenade du Port.
Elle s’appelait autrefois rue de l’hospice,
[p.171] parce qu’elle longe en effet cet établissement
dans toute sa longueur.
Dans sa séance
du 18 juin 1877, le conseil municipal d’Étampes a décidé
que cette rue s’appellerait rue Baugin, en souvenir du philantrope
qui légua au commencement du siècle une somme de 50,000fr.
à l’hospice d’Etampes, somme qui servit à construire un
bâtiment pour les vieillards, et connu sous le nom d’Asile Baugin.
Pierre-François-Cantien Baugin
est né à Etampes.
C’est au coin des rues Baugin et de
la Cordonnerie, à côté de Notre-Dame, qu’est situé
l’Hôtel-Dieu, desservi par les religieuses de l’ordre des Augustines
d’Étampes (1).
L’établissement hospitalier était
situé primitivement dans l’église même de Notre-Dame,
vers le côté gauche, et s’appelait au XIIe siècle
l’aumônerie de Notre-Dame.
L’Hôtel-Dieu était desservi
par des frères laïques jusqu’au commencement du XVIe siècle,
et ce n’est que vers l’année 1537 que le maire et les échevins
y établirent des religieuses de l’ordre de Saint-Augustin, qui
sont en général des personnes de la ville.
L’hospice se compose actuellement d’une
file de grands bâtiments longeant la rue Baugin et joignant deux
autres bâtiments à angle droit avec les premiers.
Ces bâtiments forment deux grandes
cours et sont terminés par un beau jardin allant jusqu’à
la promenade du Port.
La chapelle qui forme la façade
principale remonte presque à l’origine de l’établissement;
c’est ce qui résulte de l’inscription suivante, gravée au-dessus
de la porte d’entrée:
MDLIX
AMEN DICO VOBIS, QUANDIU FECISTIS
UNI
EX FRATRIBUS MEIS MINIMIS, MIHI FECISTIS.
(Mathieu, XXV.)
«Je
vous le dis en vérité, ce que vous aurez fait pour un
de mes frères les plus infirmes, c’est à moi-même
que vous l’aurez fait.»
Le clocheton qui est au-dessus de la
chapelle des religieuses [p.172] contient
une cloche ancienne qui porte cette inscription en lettres gothiques:
NOUS FUSMES FAICTES
L’AN MIL Vc L ET FU
NOMMÉE LAZARE PAR….. AMIS.
Son
diamètre est de 52 centimètres et sa hauteur de 45 centimètres.
Le bâtiment
qui fait suite à la chapelle date de 1652 et a été
bâti en partie à l’aide d’un don de Jacques Petau, lieutenant
général d’Étampes.
|
|
L’Hôtel-Dieu avait deux chapellenies fondées au XIIIe siècle
et rapportant 10 livres parisis de revenu.
En 1648, le revenu de l’Hôtel-Dieu
était de 15,000 livres, et celui de la chapelle de 60 livres (1).
[(1) Pouillé de Sens. V. la note 42.]
Cet établissement rendit de grands
services surtout dans les moments de guerre et d’épidémie.
Le remède de la Sœur d’Etampes,
contre le choléra, a fait le tour du monde (2). L’hôtel-Dieu d’Étampes
a 117 lits et un revenu de 61,116 fr.
L’épisode le plus remarquable
concernant cette maison remonte à l’année 1652.
Ce fut à cette époque
que les prêtres de la Mission envoyés par saint Vincent
de Paul arrivèrent à Étampes, où on ne voyait
que des hommes ou plutôt que des spectres desséchés,
livides, défigurés, et à qui les corps morts qu’ils
trouvaient entassés soit aux portes de leurs villes, soit dans
l’enceinte de leurs murailles, faisaient sentir par avance toute la rigueur
de leur destinée. Ce fut ce premier objet d’horreur que les missionnaires
leur ôtèrent de devant les yeux. Comme ils ne trouvaient
à Etampes que des personnes abattues de langueur, il fallut chercher
au loin des hommes forts et robustes, qui se chargèrent d’enlever
du milieu des rues des monceaux de fumier, lesquels servaient de sépulture
aux hommes, aux chevaux et à tout ce qui était mort depuis
le premier séjour que les troupes avaient fait dans la ville. [p.173]
Les loups dévoraient non seulement
les cadavres que les cimetières rejetaient, mais encore les
vivants; l’un deux dévora trois femmes. Alors on vit apparaître
à Étampes les aéreux, sorte de vidangeurs de cadavres
qui débarrassèrent les rues des monceaux d’horribles ordures,
et l’accumulation en était si grande qu’en juin 4655, une année
après la guerre, ils ne purent faire autre chose que de vider l’infection
des maisons dans les rues.
Les missionnaires rétablirent
l’hôpital d’Étampes, où ils établirent une
marmite pour plus de deux cents pauvres, et c’est sans doute en mémoire
de cet acte charitable qu’une partie de l’établissement a conservé
le nom de salle Saint-Vincent-de-Paul.
On fit venir des Sœurs de charité,
car personne à Étampes ne pouvait aider les missionnaires
dans leur besogne, au point qu’on ne put trouver dans la ville une
femme pour veiller une Sœur malade (3).
Dans l’envoi de l’argenterie des églises
et couvents d’Étampes, le 25 novembre 1792, à la Monnaie
de Paris, par les administrateurs et procureur syndic du district, nous
voyons figurer l’hôtel-Dieu d’Étampes pour:
Une lampe en argent pesant 9 marcs 6
onces 5 gros.
Une croix d’autel, 11 marcs 4 gros.
Un encensoir, une navette avec sa cuillère
et sa chaîne, 4 marcs 5 onces 7 gros et demi.
Un bénitier et goupillon, déduction
faite de 2 gros pour le crin non ôté, 5 marcs 1 once 4
gros.
Deux burettes et leur plat d’argent,
5 marcs.
Six chandeliers l’autel, 58 marcs 6
gros.
(1)
V. les notes 112, 123.— (2) V.
la note F.— (3)
Vie de saint Vincent de Paul, par l’abbé
Collet.— Id. par l’abbé Maynard — Magasin charitable.
Les Rues d’Étampes
et ses monuments, 1881, pp. 170-173.
|
|
|
|
ANNEXE
5
Léon
Guibourgé (1957)
LA MA1SON NOTRE-DAME, SOIN DES MALADES, GUÉRISON
MIRACULEUSE, NOTRE-DAME DE VISITATION.
Dans notre visite de la sacristie
de l’église Notre-Dame nous avons remarqué un groupe
de statuettes représentant la Vierge qui étend sa main
sur des malades couchés dans un lit. Cette représentation
rappelle un miracle de la Sainte Vierge, Notre Dame d’Etampes, dû
à l’intercession des saints martyrs d’Etampes. Ce miracle
aurait eu lieu dans l’église.
Nous avons dit précédemment
que l’église Notre-Dame a été agrandie en
plusieurs fois et en dernier lieu dans la seconde moitié
du XIIe siècle par l’élargissement du bas-côté
droit, dans le but d’y recueillir des malades. Cette partie de l’église
s’appelait alors «la Maison-Dieu». C’est ce que dit le vieil
historien d’Etampes Dom Fleureau:
«Nous apprenons,
dit-il, des Saints Conciles, qu’en divers lieux le
soin des malades fait partie de celui que les évêques
doivent prendre dans leurs diocèses, et c’est pour cela que
les hôpitaux sont ordinairement bâtis près des
maisons épiscopales, comme à Paris le grand Hôtel-Dieu...
De là est venu que les chanoines des églises cathédrales
sont demeurés en partie chargés du soin des hôpitaux.
Et depuis. comme la piété des chrétiens s’augmentant
les portés à fonder dans les villes des collèges
de chanoines sur le modèle de ceux qui étaient auprès
des évêques, on leur a donné de même qu’à
ceux des cathédrales, le soin des pauvres...»
C’est ainsi qu’à Notre-Dame
d’Etampes, autrefois desservie par un collège de chanoines,
la tradition rapporte qu’ancienne ment les lits des malades étaient
dans l’église même à droite de la nef, du côté
du marché. Une petite porte aujourd’hui bouchée [p.57] permettait d’entrer
directement dans cette partie de l’église réservée
aux malades.
Mais l’expérience fit
connaître que cela était trop incommode pour beaucoup
de raisons principalement pour la tranquillité des offices.
On fit alors construire un bâtiment séparé hors
de l’église, mais toutefois au-dedans de la cour des chanoines,
dans cette partie qu’on appelle encore de nos jours «le Cloître», qui était alors beaucoup
plus étendu. Ce bâtiment est nommé dans les
vieux titres: «L’Aumônerie
de 1’Hospital».
Dès lors, les chanoines
n’ont plus directement le soin des malades, mais ce soin est confié
à un chevecier ou administrateur. En 1191, on voit l’archevêque
de Sens, Guy de Noyers, régler le droit de ce chevecier.
Tant bien que mal, et plutôt mal que bien, cette situation
dura jusqu’en 1537. A cette époque, les habitants ne purent
plus supporter que les biens destinés à la nourriture
des pauvres fussent mal administrés et les pauvres abandonnés
sans secours jusqu’à mourir dans les rues faute de retraite
et de secours. Ils formulèrent leurs plaintes contre Jacques
de la Vallée, administrateur de l’Hôtel-Dieu devant Louis,
cardinal de Bourbon, archevêque de Sens, afin qu’il lui plut d’apporter
le remède convenable à si mauvais gouvernement. En 1538,
Jean de Salazar, archidiacre de Sens, permit de faire des quêtes
pour l’Hôtel-Dieu dans les paroisses de la ville. Le soin des
malades fut alors confié non plus à un administrateur
servi par des laïques appelés frères, mais aux maires
et échevins de la ville. Ceux-ci pensèrent, ajoute Dom
Fleureau, qu’il n’y a rien de si apte pour le service des malades que
des filles, et ils firent cri sorte d’y établir des Religieuses
hospitalières de l’Ordre de Saint-Augustin. Ils n’en allèrent
point quérir dans d’autres villes, mais il se présenta
des filles d’Etampes, qui se vouèrent à ce service sous
la juridiction de l’archevêque. Celui-ci les reçut à
la vêture et à la profession, et approuva leurs règles
en 1649.
Ces religieuses ont continué
à travers les siècles à soigner les malades,
et de nos jours ce sont encore les religieuses du même ordre,
les Augustines d’Etampes, rattachées depuis peu aux Augustines
de l’Hôtel-Dieu de Paris, qui se dévouent auprès
de nos malades.
|
|
Mais revenons à l’époque
où les malades étaient hospitalisés dans l’église
Notre-Dame d’Etampes et rapportons ce fait merveilleux qui, d’après
Pierre Plisson, conseiller du roi en 1658, se passa dans l’église:
«Or, une nuit, dit
celui-ci, une infirmière, qui s’appelait Sulpice, était
en oraison tandis que deux malades reposaient [p.58] dans leur lit
commun et qu’un troisième veillait sous le porche alors ouvert
et qui est â la base du clocher. Soudain, au milieu d’une grande
lumière, Sulpice vit descendre par la fenêtre une femme
richement habillée, accompagnée de deux jouvenceaux et
d’une jouvencelle. La dame vint s’asseoir près du bénitier,
et, répondant à sa question, les trois jeunes gens lui
demandaient la guérison des malades: alors elle prit dans le bénitier
le goupillon qui s’y trouvait et aspergea d’eau bénite les trois
malades. Elle promit à ceux qui étaient couchés
la guérison et au troisième une prompte délivrance
par la mort. Puis, les trois visiteurs mystérieusement se retirèrent
par la fenêtre comme ils étaient venus ainsi que la dame.
Les prédictions de la dame s’accomplirent, et aux récits
troublants de la vieille Sulpice, le peuple étampois ne douta
pas qu’elle avait reçu la visite de la Sainte Vierge et des trois
saints patrons d’Etampes, Cant, Cantien et Cantienne. Rempli d’une dévotion
enthousiaste, il fournit les fonds pour qu’on agrandit la fenêtre
miraculeuse et qu’on y mit un vitrail représentant la Sainte Vierge
et les Martyrs. Sulpice étant morte trois ans après, elle
fut enterrée dans l’église, à l’endroit où
elle priait pendant la fameuse nuit, et on entretint sur sa tombe, ainsi
qu’au pied du vitrail, des lampes allumées.»
Cet événement
merveilleux a dû se passer vers la fin du XIIe siècle.
Le groupe en bois coloré qui est actuellement dans la sacristie
de l’église et qui représente le miracle n’est pas
de ce temps-là, tant s’en faut. Il n’est que de 1787. On peut
seulement supposer qu’il a remplacé un autre tombé
en complet état de vétusté et dont l’origine pourrait
être fort ancienne. Quoiqu’il en soit, il est évident
que le sculpteur de 1787 ne s’est pas beaucoup inquiété
de conserver à l’œuvre le caractère archaïque
de l’ancien.
Le groupe a 55 centimètres
de hauteur avec le socle. Les trois malades sont assis, mains jointes,
dans le même grand lit de bois; leurs corps en partie cachés
par la couverture. La garde, habillée comme une paysanne beauceronne
de nos jours avec un bonnet serrant la tête, tenant son chapelet
à la main, est agenouillée près d’une petite table
ou d’une sorte d’escabeau sur lequel est posée une lampe.
Au pied du lit, la Vierge par
rapport aux autres personnages est de grande taille. Elle est couronnée,
portant l’enfant Jésus dans sou bras gauche, et elle étend
sa main droite protectrice au-dessus des malades. Les trois saints
martyrs ne sont pas représentés. Le socle du groupe
porte la date de 1787, ainsi que l’inscription: «Notre-Dame
de Visitation».
La paroisse Notre-Dame d’Etampes
conserve bien précieusement ce groupe comme un souvenir de
la charité qui s’exerçait autrefois dans notre vénérable
église, et comme un gage de la protection maternelle de la
Sainte Vierge, patronne de la paroisse.
Étampes Ville Royale, 1957, pp. 57-58.
|
|
|
|
ANNEXE
6
Frédéric
Gatineau sur l’Hôtel-Dieu (2003)
BAUGIN (rue)
Cette
rue, rendue sombre par les grands murs noirs de l’ancien
Hôpital, est désignée comme rue de la
Feusterie au 18e siècle, rue de l’Hospice ou rue de
l’Hôtel-Dieu jusqu’en 1877. Pierre-François Baugin
est l’un des bienfaiteurs de l’hospice. Il est l’auteur d’un
legs en 1829 qui permit, entre autres, la construction de l’hospice
des vieillards c’est-à-dire «le bâtiment
blanc» de l’ancien Hôtel-Dieu. Un pont couvert
enjambe la petite rue, il relie les deux parties de l’ancien Hôtel-Dieu.
Cette galerie date du 19e siècle, mais un premier pont
fut établi ici dès 1757. [PV J6]
Au n°
12, maison ancienne avec porte de pierre en arc de cercle,
au profil élégant.
|
|
HÔPITAL GÉNÉRAL
D’ÉTAMPES
Le projet de construction d’un nouvel hôpital
remonte à 1978. Il faudra attendre le 10 octobre 1987 pour
voir poser la première pierre sur les terrains du domaine
du château du Petit-Saint-Mars. L’hospice de vieillards
était déjà installé sur le site depuis
1954. Le transfert de l’ancien hôpital commencera avec le service
«maison de retraite» en 1988. Le transfert des malades
aura lieu en septembre 1990. L’établissement sera officiellement
inauguré le 10 novembre 1990 (architecte Korniloff).
|
|
HOSPICE (moulin de l’)
Situé au n°2 rue de Bressault, cet ancien
moulin porta divers noms: moulin de l’Hôtel-Dieu, moulin
Bressault, moulin de la Grande-Roue.
En 1820, le site comprenait deux moulins,
à savoir: quatre paires de meules montées sur
deux lignes (ADE 1X43).
En 1825, c’est un des deux premiers
moulins d’Étampes à être équipé
à «l’anglaise». Le bâtiment fut reconstruit
en 1856 (ADE 1X43).
Le moulin a été déclassé
en 1934 et aménagé en appartements en 1935 sous
le nom de Villa Bressault (ADE7S49).
Son nom de moulin de l’Hospice lui vient
de ce qu’il était, au 13e siècle, propriété
de la maladrerie Saint-Lazare d’Étampes avant de devenir,
au 18e siècle, propriété de l’Hôtel-Dieu
de la ville.
|
|
HOSPICE (rue de l’)
Ancien nom de l’actuelle rue Baugin. Elle longe
l’Hôtel-Dieu et particulièrement l’aile de l’ancien
hospice de vieillards.
|
|
HÔTEL-DIEU
A l’origine, l’Hôtel-Dieu
était situé dans l’enceinte même de l’église
Notre-Dame. Au début du 13e siècle, il est
établi à peu près à son emplacement
actuel. La «domus Dei stamparum» desservie par des
frères laïcs est citée en 1199. En 1537, les
premières religieuses Augustiniennes viennent prendre la
charge des soins des malades. Jusqu’au 16e siècle, les bâtiments
de l’Hôtel-Dieu étaient situés à angle
des actuelles rues de la République et Baugin. Le bâtiment
de l’actuelle chapelle date de 1559. C’était l’ancien dortoir
de ce premier site. Il fut transformé en chapelle en 1632
alors que l’on construisait un nouveau dortoir dans un bâtiment
attenant (l’aile ouest de la cour de l’Hôtel-Dieu). L’établissement
n’a cessé par la suite de s’étendre. En 1701, on
construit le portail (refait en 1766). En 1705, est construite l’aile
de la communauté au fond de la première cour, destinée
à loger les sœurs Augustines. En 1713, le nouveau dortoir
est prolongé par l’aile ouest de la deuxième cour
afin de séparer les hommes et les femmes. En 1757, on construit
de l’autre coté de la rue Baugin une aile pour les accouchées.
Cette aile est reliée, dès cette époque, par
un pont couvert sur la rue Baugin. En 1783, on construit un deuxième
étage sur les dortoirs. La maison du chapelain occupait l’espace
devant le parvis. Au début du 19e siècle, l’Hôtel-Dieu
s’étend, en incluant en particulier les anciennes maisons canoniales.
Pendant la période révolutionnaire, l’établissement
est dénommé «hospice de l’humanité»
ou «Hôtel d’Humanité» (ADY 1Q353). En 1814
et 1815, il devient en partie hôpital militaire. En 1834,
est construit l’hospice de vieillards avec son gros portique dorique.
Ce pavillon, parfois appelé asile Baugin, sera couramment dénommé
par la suite le «bâtiment blanc» (architecte Pierre
Magne). L’aile de la chirurgie (le pavillon rouge) est construite
en 1894, la maternité en 1905 (architecte Anjubert). A partir
du début du 20e siècle, l’accès principal de
l’hôpital est retourné vers le nord (côté
rue des Remparts).
Le bombardement du 14 juin 1940 endommage l’établissement.
Au cours du 20e siècle, le bâtiment blanc est
attribué à la médecine. Un plan de 1961
nous donne les noms des différentes salles qu’il abritait.
Au premier étage: salles Castelot, Coquard. Au deuxième
étage: salles Barthélémy-Durand, Lutard
et Grenet. Le bâtiment des vieillards, le long de la rue
Baugin, devient le nouvel asile. Il comprend, au premier étage,
les salles: Jacquard, Vacher, Petit. Au deuxième étage
les salles: Bonté, Bourgeois et Sainte-Colombe. Le bâtiment
chirurgie comprenait alors, au premier étage, les salles
Poisson, Muret, Lamodru, Pasturaud (ADE H dépôt 1B).
En 1967, est construit
un dernier bâtiment, le «bloc chirurgical».
En 1990, l’hôpital trop à l’étroit, déménage
pour le nouvel établissement construit au Petit-Saint-Mars.
En 1994, pour démarrer un projet de réhabilitation,
le pavillon rouge et la maternité sont démolis.
En 1996, on profite du chantier pour procéder à des
fouilles. Dans le nord du site apparaissent des structures de bâtiments
datables des 11e et 12e siècles.
Côté
rue Évezard, ces mêmes fouilles ont révélé
un puits et des latrines. Une rue médiévale partait
du portail d’entrée pour aboutir au débouché
de la rue Baugin et de la rue des Remparts.
Depuis, ce pauvre
Hôtel-Dieu, site occupé depuis presque dix siècles,
est laissé à l’abandon. Il se dégage aujourd’hui
de ces ruines une infinie tristesse. Au cœur de la vieille ville,
huisseries arrachées, tags et squat font de ce lieu l’archétype
du chaos d’une certaine civilisation.
|
La Chapelle en 2003 (cliché emprunté au
site Stampae)
|
HÔTEL-DIEU (rue de l’)
Ce nom désignait la partie ouest de l’actuelle
rue de la Digue en 1790 (AM 1G2). Cette dénomination
s’explique par la présence non loin du moulin de l’Hospice.
|
|
HÔTEL-DIEU (moulin de l’)
Ce moulin est cité sous ce nom en 1583
(ADE 136J16) et encore en 1762 (fPJ)
Étampes en lieux
et places, 2003, pp. 95-96.
|
|
|
Source: Basile Fleureau, Les Antiquitez de
la ville et du Duché d’Estampes, pp. 412-420. Saisie:
Bernard Gineste, 2007.
|
BIBLIOGRAPHIE
sommaire et provisoire, qui sera complétée
ultérieurement
Éditions
Édition
princeps, posthume:
Dom Basile FLEUREAU (religieux
barnabite, 1612-1674),
Les Antiquitez de la ville,
et du Duché d’Estampes avec
l’histoire de l’abbaye
de Morigny et plusieurs remarques considerables,
qui regardent l’Histoire generale
de France [in-4°; XIV+622+VIII
p.; publication posthume par Dom
Remy de Montmeslier d’un texte rédigé
en réalité vers
1668], Paris, J.-B. Coignard, 1683.
Réédition
en fac-similé: Dom
Basile FLEUREAU,
Les Antiquitez de la ville,
et du Duché d’Estampes
avec l’histoire de l’abbaye
de Morigny et plusieurs remarques
considerables, qui regardent l’Histoire
generale de France [23 cm sur
16; XIV+622+VIII p.],
Marseille,
Lafittes reprints, 1997.
Réédition
numérique
en ligne (en cours depuis 2001): Bernard GINESTE [éd.],
«Dom Fleureau: Les
Antiquitez d’Estampes
(1668)», in
Corpus Étampois,
http://www.corpusetampois.com/index-fleureau.html,
2001-2007.
Ce chapitre: Bernard
GINESTE [éd.],
«Dom Fleureau: De I’Hôtel-Dieu d’Estampes (1668)»,
in Corpus Étampois,
http://www.corpusetampois.com/che-17-fleureau-c13.html, 2007.
Sur
le sceau de l’Hôtel-Dieu (pour comparaison)
Nicolas-Michel
TROCHE, Sceau de l’Hôtel-Dieu de Paris [in-8°;
40 p.; extrait de Société de sphragistique de Paris
4 (1855)], Paris, Boucquin, 1859.
Nicolas-Michel TROCHE, Sceau de l’ancienne
léproserie de Saint-Lazare-lez-Paris [in-8°; 32 p. ;
figure; extrait de Société de sphragistique de Paris
3 (1853)], Paris, Boucquin, 1853.
Pierre-Yves LE POGAM, «La matrice
du grand sceau de l’Hôpital Saint-Jacques-aux-Pèlerins par
Jean Pucelle», in Bulletin de la Société nationale
des Antiquaires de France, 1994, p. 33-49.
Sur
l’état de délabrement de l’Hôtel-Dieu et de sa
Chapelle en 2001 et 2003
(On notera que, depuis, une bonne partie du mobilier
de la Chapelle a été sauvé du pillage
et du vandalisme, et que l’ensemble du site est en cours d’aménagement,
en 2007)
François JOUSSET, «Petit-Saint-Mars
(Le)», in ID., Stampae, http://www.stampae.org/plugins/diaporama/diaporama.php?lng=fr&diapo_id=8
(2001) & http://www.stampae.org/plugins/diaporama/diaporama.php?lng=fr&diapo_id=9
(2003), 2001-2003 (en ligne en 2007).
Toute
critique, correction ou contribution
sera la bienvenue. Any criticism or contribution
welcome.
|