CORPUS HISTORIQUE ETAMPOIS
 
 Dom Basile Fleureau 
De I’Hôtel-Dieu d’Estampes. 
Antiquitez d’Estampes II, 13
1668
     
Secau de Marguerite de Provence (1294)
Sceau de l'Hôtel-Dieu d'Etampes (1337) Sceau de l’Hôtel-Dieu d’Étampes (1337)
Sceau de Philippe III le Hardi
 
     Fleureau, qui écrit vers 1668, n’a rien trouvé sur l’Hôtel-Dieu qui soit antérieur au XIIIe siècle. Il donne une charte de 1226, et une autre de 1274, et rien d’autre avant le XVIe siècle.
     Pour la période antérieure à 1226, il évoque une tradition orale selon laquelle les malades auraient d’abord été hébergés dans l’église même. Après lui tout le monde paraît avoir accepté cette fable, et cela, étrangement, jusqu’à nos jours. On sait pourtant ce que valent les traditions orales au-delà de trois cents. Il suffit de lire l’Illiade ou la Chanson de Roland. Or Fleureau écrit quatre cents après ces faits supposés. Au reste il me paraît personnellement quelque peu étrange que nos bons chanoines aient mis plus de deux cents ans à s’apercevoir
que cela étoit trop incommode pour beaucoup de raisons”.

      La saisie des textes anciens est une tâche fastidieuse et méritoire. Merci de ne pas décourager ceux qui s’y attellent en les pillant sans les citer.
        
Les Antiquitez de la Ville et du Duché d’Estampes
Paris, Coignard, 1683
Deuxième Partie, Chapitre XIII,
pp. 412-420.
De I’Hôtel-Dieu d’Estampes. 
 
CHAPITRE PRÉCÉDENT
TABLE DES MATIÈRES
CHAPITRE SUIVANT


DEUXIÈME PARTIE, CHAPITRE XIII.
De I’Hôtel-Dieu d’Estampes.
  
NOus apprenons des saints Conciles, en divers lieux, que le soin des pauvres fait une partie de celuy que les Evêques doivent prendre dans leurs Dioceses: & c’est pour cela que les Hôpitaux sont ordinairement bâtis prés des maisons Episcopales, comme à Paris le grand Hôtel-Dieu; & dans la suite des temps ces Prelats voyans qu’ils ne pouvoient satisfaire à toutes les fonctions de leurs charges specialement à celles qui requeroient une residencc actuelle, à cause qu’ils étoient obligez de faire tous les ans la visite de leurs Dioceses, & d’assister à des Conciles qu’on celebroit souvent, ils s’en déchargerent d’une partie sur le Clergé qu’ils avoient auprés d’eux, & qui residoit toûjours au même lieu, à l’imitation des Apôtres, qui laisserent aux premiers Diacres le soin de la nourriture corporelle des pauvres, pendant qu’ils vaqueroient à la nourriture spirituelle des autres. Delà est venu que les Chanoines des Eglises Cathedrales sont demeurez en partie chargez du soin des Hôpitaux. Et depuis comme la pieté des Chrétiens s’augmentant, les a portez à fonder, dans les villes des Colleges de Chanoines sur le modele de ceux qui étoient auprés des Evéques; on leur a de méme qu’à ceux des Cathedrales, donné le soin des pauvres.

     Tout ce que je viens de dire de la fondation & de l’établissement des Hôpitaux dans l’étenduë de la Chrestienté se verifie dans l’établissemcnt de celuy dont je parle presentement: car la tradition porte qu’anciennement les lits des pauvres malades étoient dans l’Eglise de Nôtre-Dame, au bout de la Nef, au dessus de la porte du marché: & que l’experience ayant fait connoître que cela étoit trop incommode pour beaucoup de raisons, on fit bâtir un lieu separé hors de l’Eglise, toutefois au dedans de la Cour des Chanoines, laquelle s’étendoit jusques au dessus du lieu, où l’on voit aujourd’huy l’Hôtel-Dieu bâty, cet Hôpital est nommé dans de vieux titres, l’aumônerie de Nôtre-Dame. La Chapelle de cet Hôpital n’étoit autrefois qu’un appenty, la place duquel sert aujourd’huy de Cimetiere pour enterrer les Religieuses qui y servent; & l’ancien Dortoir des pauvres, qui avoit esté bâty l’an 1559. a esté converty en Chapelle, derriere laquelle l’on fait bâtir l’an 1631. la Salle des pauvres, qui leur sert aujourd’huy [p.413] de dortoir: laquelle a esté construite en partie des épargnes des revenus, & en partie des aumônes des particuliers: dont Jacques Petau Lieutenant General d’Estampes y a contribué plus que les autres. Cet Hôtel-Dieu ne reconnoît aucun Fondateur particulier, & tous les biens qu’il possede sont des bien-faits des habitans d’Estampes, & de quelques personnes de pieté du voisinage.

     Les Oblations faites par les fideles dans les Chapelles situées dans l’étenduë d’une Paroisse, appartiennent de droit commun au Prêtre, c’est à dire au Curé de la Paroisse: Et c’est en vertu de ce droit que le Curé Chevecier de l’Eglise de Nôtre-Dame recevoit anciennement les oblations dans la Chapelle de l’Hôtel-Dieu: mais cela ne pouvant être sans qu’il arrivât quelquefois des differends entre ce Chevecier, & le Maître des Freres dc cet Hôtel-Dieu: pour couper la racine à toutes sortes de debats, le Chantre & le Chapitre de Nôtre-Dame du consentemcnt de Regnault Chevecier de leur Eglise, & même à sa requeste, cederent à titrc d’échange au Maître & aux Freres dudit Hôtel-Dieu les Oblations & tout autre droit que leur Chevecier pouvoit pretendre dans cette Chapelle; suivant ce qui en avoit esté auparavant reglé par Michel de Corbeil, Archevéque de Sens: & l’on donna en échange au Chevecicr deux muids de bled de rente sur une dixme située à Pussay, au Diocese de Chartres, que l’Hôtel-Dieu tenoit en gage. Le titre de cet échange est du mois de Janvier 1225. expedié sous les sceaux du méme Chapitre de Nôtre-Dame, de la teneur suivante.

     G. Cantor & Capitulum Beatæ Mariæ Stamparum, omnibus presentes litteris inspecturis in Domino salutem: Noverit universitas vestra quod nos, ex assensu & voluntate Reginaldi Capicerii Ecclesiæ nostræ, & ad ipsius petitionem, concessimus Magitro & fratribus Domus Dei Stamparum pacifè in perpetuum possidere omnes oblationes, & omne jus, quæ oblationes & quod jus ad Capicerium Ecclesiæ nostræ pertinebat, sicut in privilegio Domini Metropolitani Michaëlis, bonæ memoriæ inter Ecclesiam nostram & dictam domum confectum continetur: ita tamen, quod in ejus recompensatione Magister & Fratres Domus Dei concesserunt, dederunt, quittaverunt dicto Capicerio Ecclesiæ nostræ duos modios bladii percipiendos singulis annis, in quadam decima, sita in Parrochia de Puceio, Carnotensis Diœcesis, quæ decima dictæ domui erat nomine pignoris obligata. Ne verò super hoc alicujus fomes litigii poßit de cætero suboriri, nos de assensu partium, præsentes [p.414] litteras rei seriem continentes sigilli nostri impreßione fecimus communiri. Actum anno Incarn. Dominicæ MCCXXV. mense Ianuario.

Enluminure du Livre de vie active par Jean Henry, chanoine de Notre-Dame de Paris et proviseur de l'Hôtel-Dieu, à l'intention des religieuses augustines
LHôtel-Dieu de Paris vers 1482

Sceau de l'Hôtel-Dieu d'Etampes (1337)
Sceau de l’Hôtel-Dieu d’Étampes (1337)

Sceau du chantre Guillaume (1221)
Sceau du chantre Guillaume

Traduction en Annexe 1

     Il est tres-probable que pendant que les pauvres malades logeoient dans l’Eglise dc Nôtre-Dame, les Chanoines avoient la disposition & le gouvernement de tout ce qui les regardoit, tant au spirituel qu’au temporel, qu’ils cesserent de l’avoir lors que les pauvres furent logez hors de leur Eglise: mais l’on ne trouve point de memoires qui apprennent le temps de ce changement, que l’on peut avec raison raporter à l’Archevêque Michel de Corbeil, qui succeda à Guy de Noyers l’an 1191. ou quelqu’un de ceux qui l’avoient precedé peu de temps auparavant; veu ce qui est dit dans le titre de la cession des oblations: que ce Prelat avoit reglé le droit de Chevecier de Nôtre-Dame dans l’Hôtel-Dieu; d’où il faut inferer qu’il en étoit Superieur, & qu’il y pourvoyoit d’un Maître & Administrateur, entre lequel & le Chevecier étoient les differends qu’il regla. Et pour une plus evidente preuve que c’étoit le Diocesain qui commettoit tel Prêtre qu’il luy plaisoit, pour administrer le spirituel & le temporel de cet Hôpital, il ne faut que considerer quel en a esté le gouvernement dans la suite du temps jusques en l’an 1537. qu’il changea de forme quant au temporel seulement parce qu’il est à croire que jusques alors il n’y eut aucun changement; au moins n’en a-t’on point de memoire ny par écrit, ny par tradition.

     Or en l’an 1537. les habitans ne pouvant plus supporter que les biens destinez à la nourriture des pauvres fussent mal administrez, & les pauvres abandonnez sans secours à mourir dans les ruës faute de retraite & de secours, ils formerent leurs plaintes contre Jacques de la Vallée, Maître & Administrateur de l’Hôtel-Dieu, devant Loüis Cardinal de Bourbon, Archevéque de Sens, afin qu’il luy plût d’apporter le remede convenable à un si mauvais gouvernement: ce qui fut enfin fait, par une transaction passée devant Jean Tabourt, & Richard de Bordelles commis de Jean Guy Notaire Royal à Estampes, le quinzième jour d’Avril de la méme année: laquelle fut confirmée le dix-huitiéme jour de May de l’année suivante 1538. par Jean de Salazar, Archidiacre en l’Eglise de Sens, Abbé Commendataire des Abbayes de sainte Colombe & de saint Remy lez Sens, de l’Ordre de saint Benoist, Vicaire general de ce Cardinal , & en confirmant cette transaction il permit de faire quester pour l’Hôtel-Dieu dans les Paroisses de la ville: accorda quarante jours d’indulgence, à ceux qui [p.415] donneroient des aumônes. Cette transaction fut passée entre ce de la Vallée & Simon Audren Maire, Gilles Paumier, & les autres Echevins pour les habitans de la ville d’Estampes, pretendans que 1’administration du bien, & du revenu dudit Hôtel-Dieu leur appartenoit, pour étre employé à la nourriture des pauvres malades par les soins, & la diligence de ceux des habitans qui seront commis à cette administration, à la charge d’en rendre compte de deux ans en deux ans, elle contient les articles suivans que j’en ay extraits.

Le cardinal Louis de Bourbon, archevêque de Sens (sanguine, école de jean Clouet, Musée Condé)
Le cardinal Louis de Bourbon

     C’est à sçavoir, que ledit de la Vallée Maître & Administrateur dudit Hôtel-Dieu & Hôpital Nôtre-Dame a accordé & consenty pour luy & ses successeurs que lesdits Bourgeois & habitans d’Estampes, & ceux qui seront par eux élûs ayent le gouvernement & administration dudit Hôpital, biens & revenus d’iceluy.
     2. Que pour mieux administrer ledit Hôpital & biens d’iceluy ils puissent élire nombre d’entre eux les plus suffisans & capables de ce faire; lesquels élûs auront la pleine administration de tout le revenu temporel d’iceluy: Oblations qui se feront en la chapelle, dons, legs, aumônes, & toutes autres gratifications faites audit Hôpital, pour les employer à la nourriture & gouvernement des pauvres malades en iceluy, entretenement & decoration, sous le bon plaisir & auctorité de Monseigneur le Reverendißime Archevêque de Sens, à la charge d’en rendre bon compte & reliquat par lesdits élûs de deux ans en deux ans pardevant les Vicaires, ou autres de par mondit Seigneur le Reverendißime à ce commis: le Maître & ses successeurs ou Vicaires à ce appellez.
     3. Les Maire & Echevins pour eux & leurs successeurs ont, moyennant ce que dessus, accordé payer chacun an audit Maître dudit Hôpital & à ses successeurs franchement la somme de soixante livres tournois: laquelle somme luy sera payée & à sesdits successeurs par lesdits élûs, du revenu dudit Hôtel-Dieu, de trois en trois mois par egale portion: & outre de fournir audit Maître & à ses successeurs une maison prés ledit Hôpital pour y faire sa residence.
     4. Ledit de la Vallée Maître a promis pour luy & ses successeurs, & seront tenus â toûjours, d’administrer les saints Sacremens de I’Eglise aux pauvres dudit Hôtel-Dieu, comme les confesser, leur administrer le Corpus Domini, & autres Sacremens de l’Eglise: enterrer
ceux qui decederont audit Hôpital, & vaquer à faire le Service divin que l’on est tenu de faire en l’Eglise d’iceluy.


     De cette transaction & du titre des oblations dont j’ay [p.416] parlé, l’on apprend comme le gouvernement de cet Hôpital étoit déchû de son ancienne forme; parce que dans le titre des oblations il est fait mention d’un Maître, & de Freres, comme de parties contractantes; & par consequent qui avoient part à l’administration, au moins du temporel, le spirituel étant peut-étre reservé au Maître seul, qui étoit seul Prêtre: & les autres Freres étant des Laïque dediez au service des pauvres: comme les Freres du bien-heureux Jean de Dieu surnommez de la Charité: & que dans cette transaction il n’est fait mention que d’un Maître, & nullement de Freres: ce qui donne sujet de croire qu’ils avoient déja cessé dans cet Hôpital, & avec eux l’assistance & le bon gouvernement des pauvres malades. Il y reste encore un lieu qu’on appelle la Chapelle des Freres, où ils s’assembloient pour faire le Service divin: une partie duquel sert aujourd’huy de lieu Capitulaire aux Religieuses.
Un hôpitam médiéval (enluminure du Canon d'Avicenne, bibliothèque Laurenzina de Florence)
Un hôpital médiéval (Florence)


L'Hôtel-Dieu de Paris vers le début du XVIe siècle
Hôtel-Dieu de Paris vers le début du XVIe siècle
     Depuis cette transaction, plusieurs Edits, Ordonnances & Reglemens ont esté faits par nos Roys dans les Etats generaux du Royaume, sur le fait des Hôpitaux, qui servent à l’éclaircissement de ce qui pourroit faire de la difficulté dans cette transation.

     D’abord que cette transaction eut esté mise entre les mains des Maire & Echevins, ils appliquerent leurs soins à y mettre quelque ordre: & comme il n’y a rien de si propre pour le service des malades que des filles, ils firent en sorte d’y établir des Religieuses hospitalieres de l’Ordre de saint Augustin. Ils n’en allerent point querir en d’autres villes; mais il se presenta des filles d’Eatmpes qui se vouërent ce service, sous la jurisdiction de l’Archevêque qui les reçeut à la véture, & à la profession, selon l’ordre des Canons, & leur prescrivit des Constitutions, qu’Octave de Bellegarde Archevêque de Sens, a reveuës & confirmées: & depuis luy, Loüis Henry de Gondrin son successeur.

     Ces Religieuses font honnorées du titre de Filles servantes des Pauvres de l’Hôtel-Dieu: titre qui leur est tres-glorieux, & qu’elles cherissent plus que tout autre qu’on leur pourroit donner.

     L’an 1653. il s’éleva quelques differends entre elles, & les Maire & Echevins de la ville, en qualité de Directeurs temporels: parce que ceux-ci vouloient connoître de quelques choses qui sembloient regarder la regularité. Mais le tout fut reglé par une transaction passée devant Pierre de Lambon Notaire Royal à Estampes les 15. 18. 19. de Janvier & le 3. de Fevrier 1654. en laquelle [p.417] l’Archevêque de Sens, en qualité de Superieur spirituel dudit Hôtel, est partie contractante. J’en ay extrait les articles suivans qui y furent arrétez du consentement de toutes les Parties.

Enluminure du Livre de vie active par Jean Henry, chanoine de Notre-Dame de Paris et proviseur de l'Hôtel-Dieu, à l'intention des religieuses augustines
Les Augustines de l’Hôtel-Dieu de Paris (vers 1482)
     Il n’y aura pour le present, que quatre Religieuses servant les pauvres suivant l’ancienne institution.
     2. L’une desdites Religieuses sera éleuë pour Superieure pour trois ans, selon les constitutions, par la pluralité des libres suffrages des autres Sœurs, sans que l’ancienneté puisse donner aucun droit. Laquelle Superieure ainsi éleuë sera approuvée & confirmée par Monsieur l’Archevêque de Sens, & ses  successeurs.
     3. Aprés ladite élection faite & confirmée, il en sera donné avis ausdits sieurs Directeurs temporels.
     4. Les Filles qui se presenteront pour entrer audit Hôtel-Dieu & y servir les pauvres, & qui n’auront pas une dot pour leur nourriture & entretien se pourvoiront, comme il a esté pratiqué, par requeste pardevant le Lieutenant general, sur laquelle le Procureur du Roy, Maire & Echevins seront ouïs. Ladite Requefle ayant esté admise, lesdites Filles entreront audit Hôtel-Dieu pour y vivre, être instruites, & étre receuës à la vêture & profeßion aprés le temps prefix
[sic] par les constitutions, qui est ordinairement d’un an, en habit seculier, & un autre an avec le voile blanc & l’habit regulier, sous la conduite & direction desdites Religieuses, par la pluralité des suffrages d’icelles, dont elles feront rapport audit sieur Archevéque, pour étre par luy donné ordre & commißion, pour lesdits vêtures & profeßion, à qui il luy plaira, sous son nom & autorité.
     5. Les Filles qui voudront entrer audit Hôtel-Dieu sans y étre à charge, ayant une dot suffisante pour leur nourriture & entretien, se poirvoiront par requeste, comme les precedentes non dotées: avec laquelle requeste sera mis és mains desdits sieurs Directeurs un état de ce qu’elles apporteront, pour juger de sa qualité & quantité suffisante, et sera tout le bien qu’elles apporteront meslé & confus parmy l’ancien bien dudit Hôtel-Dieu, regy & gouverné de même: & lesdites Filles, quant au spirituel, dirigées, instruites, & admises à la probation, vêtures, & profeßion comme les autres non dotées, avec lesquelles elles vivront & s’employeront au service des pauvres, selon leur pouvoir, conformément ausdites conslitutions, sans qu’elles puissent sous aucun pretexte que ce soit, faire communauté à part: Et pour cet effet lesdits Administrateurs temporels leur fourniront la nourriture comme aux autres: & de plus mettront és mains de la Superieure
[p.418] pour les entretenir de vétemens, chacun an, la somme de quarante livres tournois, pour chacune d’icelles Filles: laquelle somme sera prise de la masse totale du bien dudit Hôtel-Dieu.
     6. Monseigneur l’Archevêque, ny la Superieure, ou autres Religieuses ne pourront s’entremettre ny prendre aucune connoissance du bien temporel, ny du revenu appartenant audit Hôtel Dieu: comme de leur part lesdits Lieutenant general, Procureur du Roy, Maire & Echevins ne pourront s’entremettre, ny prendre connoissance de la direction spirituelle, probation, vêture, profeßion & régularité desdites Religieuses: ains appartiendront icelles choses ausdites Religieuses, à Monseigneur l’Archevêque, ses Vicaires & deputés seulement.


     Voila l’état present de toutes les choses sans qu’il y ait esté rien innové.

Le cardinal Louis de Bourbon, archevêque de Sens (sanguine, école de jean Clouet, Musée Condé)
Le cardinal Louis de Bourbon

     Jean de Bourginel natif d’Estampes serviteur domestique, (d’autres disent qu’il étoit un des Gentils-hommes ordinaires de la Chambre du Roy saint Loüis porté de pieté envers Dieu, & de reconnoissance envers le Roy son Maître, dont il avoit reçeu plusieurs bien-faits, entre autres une Seigneurie qui relevoit du Château de Dourdan, legua par son testament à l’Hôtel-Dieu d’Estampes, trente-neuf livres de Cens annuel & perpetuel, avec les droits qui en dépendoient, mouvans en fief du Roy, à prendre sur plusieurs heritages assis à Estampes, & au dedans de la banlieuë, lequel cens il avoit acquis de Philippe de Veres & d’Eremburge sa femme, pour la dotation de deux Chapellenies, qu’il ordonna étre fondées dans l’Hôtel-Dieu d’Estampes, pour prier Dieu pour le repos de l’ame du Roy, de la sienne, & de celle de Marguerite sa femme. Les executeurs du testament de ce Bourginel trouvant peut-être de la difficulté en l’execution de sa derniere volonté, ou pour d’autres motifs qui ne sont pas venus à ma connoissance, proposerent à la Reine Marguerite, veuve du même Roy Loüis, laquelle joüissoit du domaine d’Estampes en doüaire, de prendre les cens & droits Seigneuriaux destinez par Bourginel à la fondation de ces deux Chapellenies, de les unir & incorporer à son domaine d’Estampes pour y demeurer annexés à perpetuité en donnant en contr’échange quarante livres tournois de rente à perpetuité, à prendre sur le même domaine, pour la dotation de ces Chapellenies. La Reine agrea cette proposition, & la fit aussi agréer au Roy Philippe le Hardy son fils. L’échange fut fait, & les quarante livres tournois de rente payables moitié à la feste de tous les Saints, & l’autre moitié le jour [p.419] de 1’Ascension de Nôtre Seigneur, furent assignées sur le domaine d’Estampes, pour la fondation des deux Chapellenies, comme on l’apprend par le titre suivant, donné à saint Germain en Laye au mois de May MCCLXXIX.
Philippe III le Hardi d'après un camée des années 1630 (BNF)
Philippe III le Hardi      Philippus Dei gratia Francorum Rex, Notum facimus universis tàm præsentibus quàm futuris, quòd nos litteras charißimæ Dominæ & genitricis nostræ Margaretæ Francorum Reginæ, vidimus in hæc verba. Margaretæ [Lisez: Margareta] Dei gratia Francorum Regina universis præsentes litteras inspecturis salutem. Notum facimus quòd cùm Ioannes Burguineus de Stampis, quondam serviens inclitæ recordationis Carißimi Domini nostri Ludovici Francorum Regis acquisivisset, dum viveret, titulo emptionis, unà cum aliis, à Philippo de Verez milite & Eremburgé [sic] uxore usque ad triginta novem libratas annui & perpetui census, cum droituris & obventionibus ad dictum censum pertinentibus, sitas apud Stampas & infra banleucam Stampensem super certis locis, moventis de feodo Domini Regis: ac idem Ioannes ultima voluntate sua dedictis XXXIX. libratis census ordinaverit, & præceperit duas capellanias, pro remedio animæ dicti Domini nostri Regis & animarum ipsius Ioannis & defunctæ Margaretæ ejus uxoris institui & fundari in Domo Dei Stampensi: Executoresque ejus Ioannis nos requisierint ut prædictis triginta novem libratis census, à nobis quamdiu vixerimus nomine dotalitii nostri habendis & percipiendis, & post decessum nostrum carißimo filio nostro Philippo Regi Francorum illustrißimo & ejus hæredibus, sive successoribus in perpetuum remansuris, dare & concedere vellemus quadraginta libras turonenses, ad opus duorum capellanorum dictis duabus capellaniis pro tempore deservientium: videlicet quolibet viginti libras in præpositura nostra Stampensi, quolibet anno, terminis inferiùs annotatis, scilicet decem libras in festo omnium SS. & decem libras in festo Ascensionis Domini percipiendas ab ipsis in perpetuum & habendas. Nos deliberatione præhabita cum prædicto filio nostro Rege, & assensu ejus requisito super hoc & obtento, præmißis nostrum præbuimus assensum, volentes quantum in nobis est, quod pro prædicto censu & ejus pertinentibus, dicti duo Capellani, qui pro tempore fuerint, dictas XL. lib. turonenses scilicet decem libras prædictis terminis habeant & percipiant in præpositura nostra Stampensi prout superiùs est expressum, per manus præpositi Stampensis quilibet Capellanorum ipsorum , qui pro tempore fuerit; ita quòd si dictus præpositus deficeret in toto vel in parte in solutione dictarum 40. lib. ad dictos terminos dictis Capellanis, ut dictum est, facienda, volumus quod pro quolibet die, in quo [p.420] deficiet quinque solidos parisienses pro pœna & nomine pœnæ dictis Capellanis, de suo solvere teneatur. In cujus rei testimomium præsentes litteras fecimus sigilli nostri munimine roborari. Actum apud S. Germanum à Laïa, die Iovis post Trinitatem, anno Domini MCCLXXIV. Nos autem omnia & singula suprascripta, pro ut superiùs continentur, rata & grata habentes & approbantes concedimus quod Capellani, qui pro tempore fuerint in dictis capellaniis instituti, dictas quadraginta libras turonenses annui redditus, dictis terminis in perpetuum percipiant indicta præpositura Stampensi, sicut est superiùs annotatum, prodictis triginta novem libratis parisiensibus annui census, cum eorum pertinentiis nobis, & nostris hæredibus perpetuò permansuris. Quòd ut ratum & stabile permaneat in futurum, præsentibus litteris nostrum fecimus apponi sigillum. Actum apud S. Germanum à Laïa, anno Domini MCCLXXIV. mense Maio.
Traduction en Annexe 2


Secau de Marguerite de Provence (1294)
Sceau de Marguerite

Sceau de Philippe III le Hardi
Sceau de Philippe III
     Dans l’évaluation du Domaine d’Estampes faite en 1579. au chapitre des charges en deniers, ces deux Chapelains sont qualifiez Chapelains de l’aumône de Nôtre-Dame: & emploiez pour dix livres parisis seulement.

   
CHAPITRE PRÉCÉDENT
TABLE DES MATIÈRES
CHAPITRE SUIVANT
NOTES

Les Apôtres demandent à la communauté de choisir sept diacres (dessin de Nicolas de la Hire, vers 1650) A l’imitation des Apôtres. Allusion aux Actes des Apôtres, début du chapitre VI: En ce temps-là, le nombre des disciples augmentant, les Hellénistes murmurèrent contre les Hébreux, parce que leurs veuves étaient négligées dans la distribution qui se faisait chaque jour. Les douze convoquèrent la multitude des disciples, et dirent: Il n’est pas convenable que nous laissions la parole de Dieu pour servir aux tables. C’est pourquoi, frères, choisissez parmi vous sept hommes, de qui l’on rende un bon témoignage, qui soient pleins d’Esprit Saint et de sagesse, et que nous chargerons de cet emploi. Et nous, nous continuerons à nous appliquer à la prière et au ministère de la parole. Cette proposition plut à toute l’assemblée. Ils élurent Étienne, homme plein de foi et d’Esprit Saint, Philippe, Prochore, Nicanor, Timon, Parménas, et Nicolas, prosélyte d’Antioche. Ils les présentèrent aux apôtres, qui, après avoir prié, leur imposèrent les mains (traduction Segond).
 
L'Hôtel-Dieu de Paris vers le début du XVIe siècle Jacques Petau Lieutenant General d’Estampes. On trouve aux Archives municipales d’Étampes des traces intéressantes de l’évergétisme de la famille Petau (ou Peteau): 1) deux déclarations de 1560 du grand-père de Jacques Petau, Nicolas Petau, conseiller du roi, bailli et gouverneur d’Étampes relatives au choix d’un bâtiment pour l’ouverture d’une école à Étampes (AA 192); 2) un Extrait du testament de Jacques Petau de 1626 (AA 195); 3) un dossier de 1732-1733 sur un Contentieux entre la ville et les Barnabites au sujet du respect du testament de J. Petau de 1626 (AA 201); 4) un dossier de 1768-1780 sur l’affaire de la bourse du collège et la place de boursier fondée par J. Petau (AA 207). Nous avons mis par ailleurs en ligne l’un de ses décisions de 1613: Clément WINGLER [éd.], «Pierre Dubois et Jacques Peteau, bailli et lieutenant-général d’Étampes: Remplacement du principal Walfard (3 juillet 1629)» [transcription révisée], in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-17-dubois-walfard.html, 2003-2005.

L’Archevêque Michel de Corbeil, qui succeda à Guy de Noyers l’an 1191. ou quelqu’un de ceux qui l’avoient precedé peu de temps auparavant. Voici la liste des archevêques de Sens dont il est question, depuis la fondation de Notre-Dame d’Étampes jusqu’à la fin du XIIIe siècle: Sewin ou Seguin (978-999), Léotheric ou Lierry (999-1032), Gelduin (1032-1049), Mainard (1049-1062), Richer II (1062-1096), Daimbert (1097-1122), Henri Ier Sanglier (1122-1142), Hugues de Toucy (1142-v.1168), Guillaume aux Blanches Mains (1169-1176), ensuite archevêque de Reims, Guy Ier de Noyers (1176-1193), Michel de Corbeil (1194-1199), Pierre de Corbeil (1199-1221), Gauthier Le Cornu (1221-1241),  Gilles Le Cornu (1241-1254), Henri Le Cornu (1254-1258), Guillaume de Brosse (1258-1267), Pierre de Charny (1267-1274), Pierre d’Anisy (1274), Gilles II Cornut (1275-1292), Étienne Béquart (Bécard) de Penoul (1292-1309). On remarquera que la date donnée par Fleureau ne paraît tout à fait exacte.

In quadam decima, sita in Parrochia de Puceio, Carnotensis Diœcesis. Sur une certaine dîme assise dans la paroisse de Pussay au diocèse de Chartres. Pussay (canton de Méréville, arrondissement d’Étampes, Essonne) relevait du diocèse d’Étampes mais du bailliage d’Étampes.
Le cardinal Louis de Bourbon, archevêque de Sens (sanguine, école de jean Clouet, Musée Condé)
1537... Loüis Cardinal de Bourbon, Archevéque de Sens. Il s’agit du cardinal Louis de Bourbon-Vendôme (1493-1557), archevêque de Sens de 1536 à 1557. On trouvera une biographie détaillée de ce personnage à la page anglophone suivante, http://www.fiu.edu/~mirandas/bios1517-ii.htm#Bourbon, en ligne en 2007.

1654.... l’Archevêque de Sens. L’archevêque de Sens était alors Louis-Henri de Pardaillan de Gondrin (1646-1674).

  Droituras. La forme étymologique de ce mot est directura. Le Lexicon de Niermeyer donne les graphies: directura, derectura, drictura, drectura, dreitura, drettura, dretura, drictura, drittura, dritura, droitura. Il s’agit selon le même lexique du “droit d’exiger des redevances” ou bien même plus simplement d’une “redevance” en tant que telle.

Serviteur domestique.. d’autres disent... un des Gentils-hommes ordinaires de la Chambre du Roy.
Fleureau fait ici allusion au titre de serviens donné à Jean Bourguinel par la charte latine qui suit. Il a déjà touché incidemment de cette question au chapitre 24 de la première partie, pages 79 à 81. Mais ces passages ne sont pas harmonisés, car il donne alors une tout autre et bien meilleure explication du mot serviens, en l’étayant judicieusement par l’exemple d’une charte du XIIe siècle: “au même sens qu’on prenoit celuy de servientes, qui signifioit gens de guerre à cheval, que l’on appelloit anciennement, sergens, par le changement de la lettre V, en G, assez usité parmy les anciens François, & que l’on a depuis nommez Escuyers”. C’est l’une des nombreuses traces de ce que l’œuvre de Fleureau est inachevée, et qu’il n’a pas toujours harmonisé les plus anciens passages qu’il avait rédigés avec ceux qui témoignent d’un état plus avancé de ses recherches.

Bernard Gineste, mai 2007

Toute critique ou contribution sera la bienvenue. Any criticism or contribution welcome.
ANNEXE 1
Chartes de janvier 1226

Texte latin donné par Fleureau (1682)
Traduction proposée par B. G. (2007)
    G. Cantor & Capitulum Beatæ Mariæ Stamparum, omnibus presentes litteris inspecturis in Domino salutem:
     Le chatre Guillaume et le chapitre de Notre-Dame d’Étampes, à tous ceux qui consulteront le présent document, salut dans le Seigneur.
     Noverit universitas vestra quod nos, ex assensu & voluntate Reginaldi Capicerii Ecclesiæ nostræ, & ad ipsius petitionem, concessimus Magitro & fratribus Domus Dei Stamparum pacifè in perpetuum possidere omnes oblationes, & omne jus, quæ oblationes & quod jus ad Capicerium Ecclesiæ nostræ pertinebat, sicut in privilegio Domini Metropolitani Michaëlis, bonæ memoriæ inter Ecclesiam nostram & dictam domum confectum [Lisez: confecto] continetur: ita tamen, quod in ejus recompensatione Magister & Fratres Domus Dei concesserunt, dederunt, quittaverunt dicto Capicerio Ecclesiæ nostræ duos modios bladii percipiendos singulis annis, in quadam decima, sita in Parrochia de Puceio, Carnotensis Diœcesis, quæ decima dictæ domui erat nomine pignoris obligata.
     Sachez tous ceci. Nous, avec l’accord et l’assentiment du chevecier de notre Église, et à sa demande, nous autorisons le Maître et les frères de la Maison-Dieu d’Étampes à jouir paisiblement et à perpétuité des oblations et de tous les droit, lesquels droits et oblations appartenaient au chevecier de notre Église, comme il est porté dans le privilège de Monseigneur le métropolitain Michel de bonne mémoire établi entre notre Église et ladite Maison; étant entendu cependant qu’en guise de compensation le Maître et les frères de la Maison-Dieu ont concédé,  donné et délaissé au dit chevecier de notre Église deux muids de céréales à percevoir chaque année sur une certaine dîme située dans la paroisse de Pussay du diocèse de Chartres, laquelle dîme était à la dite Maison à titre de gage. 
     Ne verò super hoc alicujus fomes litigii poßit de cætero suboriri, nos de assensu partium, præsentes [p.414] litteras rei seriem continentes sigilli nostri impreßione fecimus communiri. Actum anno Incarn. Dominicæ MCCXXV. mense Ianuario.
     Et pour qu’en cette affaire il ne puisse à l’avenir naître aucun germe de contestation, nous, avec l’accord des parties, nous avons fait certifier le présent document contenant l’exposé de cette affaire par l’impression de notre sceau. Fait l’an de l’Incarnation 1225 au mois de Janvier [c’est-à-dire, en nouveau style, en janvier 1226].
 
ANNEXE 2
Charte de Marguerite de Provence de 1274
et sa confirmation par Philippe III le Hardi


Texte donné par Fleureau (1682)
Traduction proposée par B.G. (2007)
     Philippus Dei gratia Francorum Rex, Notum facimus universis tàm præsentibus quàm futuris, quòd nos litteras charißimæ Dominæ & genitricis nostræ Margaretæ Francorum Reginæ, vidimus in hæc verba.
     Philippe par la grâce de Dieu roi des Francs. Nous faisons savoir à tous, tant présents qu’à venir, que nous avons eu sous les yeux un acte de notre chère Dame et mère Marguerite reine des Francs, de la teneur suivante.
     Margaretæ [Lisez: Margareta] Dei gratia Francorum Regina universis præsentes litteras inspecturis salutem.
     Marguerite par la grâce de Dieu reine des Francs, à tous ceux qui consulteront le présent acte, salut.
     Notum facimus quòd cùm Ioannes Burguineus de Stampis, quondam serviens inclitæ recordationis Carißimi Domini nostri Ludovici Francorum Regis acquisivisset, dum viveret, titulo emptionis, unà cum aliis, à Philippo de Verez milite & Eremburgé [sic] uxore usque ad triginta novem libratas annui & perpetui census, cum droituris & obventionibus ad dictum censum pertinentibus, sitas apud Stampas & infra banleucam Stampensem super certis locis, moventis de feodo Domini Regis:
     Nous faisons savoir ceci. Jean Bourguineux d’Étampes, autrefois sergent de notre très cher Seigneur Louis, roi des Francs de glorieuse mémoire, avait acquis de son vivant, en l’achetant avec d’autres biens au chevalier Philippe de Verez et à son épouse Arembour, jusqu’à trente-neuf livres de cens annuel et perpétuel, avec les perceptions de redevances et les revenus afférents au dit cens, sises à Étampes et dans la banlieue d’Étampes sur certains lieux mouvants du fief de monseigneur le roi.
ac idem Ioannes ultima voluntate sua dedictis XXXIX. libratis census ordinaverit, & præceperit duas capellanias, pro remedio animæ dicti Domini nostri Regis & animarum ipsius Ioannis & defunctæ Margaretæ ejus uxoris institui  & fundari in Domo Dei Stampensi:
     Et le dit Jean dans cses dernières volontés a disposé de ses dites 39 livres de cens et a ordonné que soient fondées et instituées deux chapellenies, pour le salut de l’âme de notre seigneur le roi et des âmes du dit Jean et de feue Marguerite son épouse, dans la  Maison-Dieu d’Étampes.
     Executoresque ejus Ioannis nos requisierint ut prædictis triginta novem libratis census, à nobis quamdiu vixerimus nomine dotalitii nostri habendis & percipiendis, & post decessum nostrum carißimo filio nostro Philippo Regi Francorum illustrißimo & ejus hæredibus, sive successoribus in perpetuum remansuris, dare & concedere vellemus quadraginta libras turonenses, ad opus duorum capellanorum dictis duabus capellaniis pro tempore deservientium: videlicet quolibet viginti libras in præpositura nostra Stampensi, quolibet anno, terminis inferiùs annotatis, scilicet decem libras in festo omnium SS. & decem libras in festo Ascensionis Domini percipiendas ab ipsis in perpetuum & habendas.
     Et les exécuteurs testamentaires du dit Jean ont requis de nous que nous acceptions, avec les les susdites trente-neuf livres de cens — qui sont tenir et à percevoir de nous tant que nous vivrons, au titre de notre douaire, et, après notre décès, de notre très cher fils Philippe, très illustre roi des Francs, et de ses héritiers ou de ses successeurs qui subsisteront, à jamais — de donner et concéder quarante livres tournois au bénéfice des deux chapelains qui déserviront successivement ces deux susdites chapellenies: à savoir vingt livres à notre prévôté d’Étampes, chaque année, aux échéances précisées ci-après: à savoir dix livres à la fête de la Toussaint, et dix livres à la fête de l’Ascension du Seigneur, à percevoir et détenir par ceux-ci à jamais.
     Nos deliberatione præhabita cum prædicto filio nostro Rege, & assensu ejus requisito super hoc & obtento, præmißis nostrum præbuimus assensum, volentes quantum in nobis est, quod pro prædicto censu & ejus pertinentibus, dicti duo Capellani, qui pro tempore fuerint, dictas XL. lib. turonenses scilicet decem libras prædictis terminis habeant & percipiant in præpositura nostra Stampensi prout superiùs est expressum, per manus præpositi Stampensis quilibet Capellanorum ipsorum, qui pro tempore fuerit; ita quòd si dictus præpositus deficeret in toto vel in parte in solutione dictarum 40. lib. ad dictos terminos dictis Capellanis, ut dictum est, facienda, volumus quod pro quolibet die, in quo [p.420] deficiet quinque solidos parisienses pro pœna & nomine pœnæ dictis Capellanis, de suo solvere teneatur.      Quant à nous, après en avoir préalablement délibéré avec notre susdit fils le roi, après avoir requis son accord pour cette affaire et l’avoir obtenu, nous avons donné notre accord à ce qui vient d’être exposé, voulant autant qu’il est en notre pouvoir que, en raison du susdit cens et de ce qui lui est afférent, chacun des dits chapelains qui se succèderont jouissent des dites 40 livres tournois, à savoir dix livres aux susdites échéances ci-dessus précisées, et qu’ils les perçoivent à notre prévôté d’Étampes comme il a été dit ci-dessus, de la main du prévôt d’Étampes; étant précisé que si le dit prévôt manquait à faire le versement de tout ou partie des dites 40 livres aux susdites échéances aux susdits chapelains, selon ce qu’il a été précisé, nous voulons que pour chaque jour de retard il soit tenu de verser de sa poche aux dits chapelains cinq sous parisis pour amende et à titre d’amende.
     In cujus rei testimomium præsentes litteras fecimus sigilli nostri munimine roborari. Actum apud S. Germanum à Laïa, die Iovis post Trinitatem, anno Domini MCCLXXIV. 
     En témoignage de cette affaire, nous avons fait certifier cet acte au renfort de notre sceau. Fait à Saint-Germain-en-Laye, le jeudi après la Trinité, l’an du Seigneur 1274.
     Nos autem omnia & singula suprascripta, pro ut superiùs continentur, rata & grata habentes & approbantes concedimus quod Capellani, qui pro tempore fuerint in dictis capellaniis instituti, dictas quadraginta libras turonenses annui redditus, dictis terminis in perpetuum percipiant indicta præpositura Stampensi, sicut est superiùs annotatum, prodictis triginta novem libratis parisiensibus annui census, cum eorum pertinentiis nobis, & nostris hæredibus perpetuò permansuris. 
     Quant à nous, tenant pour établies et agréables toutes et chacune des dispositions ci-dessus précisées, et les approuvant, nous avons autorisé que les chapelains qui seront tour à tour  investis des dites chapellenies perçoivent à perpétuité les dites quarante livres tournois de rente annuelle aux dites échéances, à notre susdite prévôté d’Étampes, comme il a été porté ci-dessus, en raison des susdite trente-neuf livres parisis de rente annuelle avec les revenus afférents, qui demeureront notre propriété et celle de nos héritiers à jamais.
     Quòd ut ratum & stabile permaneat in futurum, præsentibus litteris nostrum fecimus apponi sigillum. Actum apud S. Germanum à Laïa, anno Domini MCCLXXIV. mense Maio.
     Et pour que cela demeure établi et sans conteste à l’avenir, nous avons fait apposer au présent acte notre sceau. Fait à Saint-Germain-en-Laye, l’an du Seigneur 1274 au mois de mai.
Secau de Marguerite de Provence (1294)
Sceau de Philippe III le Hardi
   
ANNEXE 3
Aux Archives municipales d’Étampes (Inventaire Chabin de 1990, pp. 22-23)

AA 182
Inventaire des titres de l’hôtel-Dieu d’Étampes (13 pièces de 1537 à 1739). Fin XVIIIe s.
AA 183
Note sur l’hôtel-Dieu, s.d. [XVIIe s.]; projet de supplique des maire et échevins à “Monseigneur de la Chambre de la Charité Chrétienne”, s.d. [XVIe s.]; mémoire pour une réforme de l’hôtel-Dieu et pièces annexes, dont un état comparatif des dépenses (1640/1651/1663) et un projet de règlement pour une association de secours, s.d. [XVIIIe s.].
XVIIe-XVIIIe s.
AA 184
Extrait du testament d’Opportune Durant, veuve d’Etienne Boivin, léguant une maison à l’hôtel-Dieu, 1596; extrait du testament de Denis Fouldrier, marchand drapier, léguant un pré à l’hôtel-Dieu, 1744. [p.23]
1596 & 1744
AA 185
Ensemble de titres, baux, quittances, notamment procès-verbal de réception de Pierre Berceau, chirurgien, 1693; nomination de Pichonnat, médecin, pour visiter les pauvres malades de l’hôtel-Dieu, 1697; adjudication d’une maison rue Saint-Antoine, 1708; constitution dune rente perpétuelle de 250 livres, 1731. , 21 pièces.
XVIIe-XVIIIe s.
AA 186
Quittance de rachat de rente, 1765; quittance du responsable de la rénovation du terrier du fief Saint-Lazare pour l’hôtel-Dieu, 1768.
1765 & 1768
AA 187
Liste des malades susceptibles d’être admis en 1770 (2 exemplaires); notes. Pièces numérotées 2 à 29. 1770-1779.
 
ANNEXE 4
Léon Marquis sur l’Hôtel-Dieu (1881)

     Rue Baugin. — De la rue de la Cordonnerie à la promenade du Port. Elle s’appelait autrefois rue de l’hospice, [p.171] parce qu’elle longe en effet cet établissement dans toute sa longueur.

       Dans sa séance du 18 juin 1877, le conseil municipal d’Étampes a décidé que cette rue s’appellerait rue Baugin, en souvenir du philantrope qui légua au commencement du siècle une somme de 50,000fr. à l’hospice d’Etampes, somme qui servit à construire un bâtiment pour les vieillards, et connu sous le nom d’Asile Baugin.

     Pierre-François-Cantien Baugin est né à Etampes.

     C’est au coin des rues Baugin et de la Cordonnerie, à côté de Notre-Dame, qu’est situé l’Hôtel-Dieu, desservi par les religieuses de l’ordre des Augustines d’Étampes (1).

     L’établissement hospitalier était situé primitivement dans l’église même de Notre-Dame, vers le côté gauche, et s’appelait au XIIe siècle l’aumônerie de Notre-Dame.

     L’Hôtel-Dieu était desservi par des frères laïques jusqu’au commencement du XVIe siècle, et ce n’est que vers l’année 1537 que le maire et les échevins y établirent des religieuses de l’ordre de Saint-Augustin, qui sont en général des personnes de la ville.

     L’hospice se compose actuellement d’une file de grands bâtiments longeant la rue Baugin et joignant deux autres bâtiments à angle droit avec les premiers.

     Ces bâtiments forment deux grandes cours et sont terminés par un beau jardin allant jusqu’à la promenade du Port.

     La chapelle qui forme la façade principale remonte presque à l’origine de l’établissement; c’est ce qui résulte de l’inscription suivante, gravée au-dessus de la porte d’entrée:


MDLIX
AMEN DICO VOBIS, QUANDIU FECISTIS UNI
EX FRATRIBUS MEIS MINIMIS, MIHI FECISTIS.
(Mathieu, XXV.)
     «Je vous le dis en vérité, ce que vous aurez fait pour un de mes frères les plus infirmes, c’est à moi-même que vous l’aurez fait.»

     Le clocheton qui est au-dessus de la chapelle des religieuses [p.172] contient une cloche ancienne qui porte cette inscription en lettres gothiques:
NOUS FUSMES FAICTES L’AN MIL Vc L ET FU
NOMMÉE LAZARE PAR….. AMIS.
      Son diamètre est de 52 centimètres et sa hauteur de 45 centimètres.
 
     Le bâtiment qui fait suite à la chapelle date de 1652 et a été bâti en partie à l’aide d’un don de Jacques Petau, lieutenant général d’Étampes.
Chapelle
     L’Hôtel-Dieu avait deux chapellenies fondées au XIIIe siècle et rapportant 10 livres parisis de revenu.

     En 1648, le revenu de l’Hôtel-Dieu était de 15,000 livres, et celui de la chapelle de 60 livres (1). [(1) Pouillé de Sens. V. la note 42.]

     Cet établissement rendit de grands services surtout dans les moments de guerre et d’épidémie.

     Le remède de la Sœur d’Etampes, contre le choléra, a fait le tour du monde (2). L’hôtel-Dieu d’Étampes a 117 lits et un revenu de 61,116 fr.

     L’épisode le plus remarquable concernant cette maison remonte à l’année 1652.

     Ce fut à cette époque que les prêtres de la Mission envoyés par saint Vincent de Paul arrivèrent à Étampes, où on ne voyait que des hommes ou plutôt que des spectres desséchés, livides, défigurés, et à qui les corps morts qu’ils trouvaient entassés soit aux portes de leurs villes, soit dans l’enceinte de leurs murailles, faisaient sentir par avance toute la rigueur de leur destinée. Ce fut ce premier objet d’horreur que les missionnaires leur ôtèrent de devant les yeux. Comme ils ne trouvaient à Etampes que des personnes abattues de langueur, il fallut chercher au loin des hommes forts et robustes, qui se chargèrent d’enlever du milieu des rues des monceaux de fumier, lesquels servaient de sépulture aux hommes, aux chevaux et à tout ce qui était mort depuis le premier séjour que les troupes avaient fait dans la ville. [p.173]

     Les loups dévoraient non seulement les cadavres que les cimetières rejetaient, mais encore les vivants; l’un deux dévora trois femmes. Alors on vit apparaître à Étampes les aéreux, sorte de vidangeurs de cadavres qui débarrassèrent les rues des monceaux d’horribles ordures, et l’accumulation en était si grande qu’en juin 4655, une année après la guerre, ils ne purent faire autre chose que de vider l’infection des maisons dans les rues.

     Les missionnaires rétablirent l’hôpital d’Étampes, où ils établirent une marmite pour plus de deux cents pauvres, et c’est sans doute en mémoire de cet acte charitable qu’une partie de l’établissement a conservé le nom de salle Saint-Vincent-de-Paul.

     On fit venir des Sœurs de charité, car personne à Étampes ne pouvait aider les missionnaires dans leur besogne, au point qu’on ne put trouver dans la ville une femme pour veiller une Sœur malade (3).

     Dans l’envoi de l’argenterie des églises et couvents d’Étampes, le 25 novembre 1792, à la Monnaie de Paris, par les administrateurs et procureur syndic du district, nous voyons figurer l’hôtel-Dieu d’Étampes pour:
     Une lampe en argent pesant 9 marcs 6 onces 5 gros.
     Une croix d’autel, 11 marcs 4 gros.
     Un encensoir, une navette avec sa cuillère et sa chaîne, 4 marcs 5 onces 7 gros et demi.
     Un bénitier et goupillon, déduction faite de 2 gros pour le crin non ôté, 5 marcs 1 once 4 gros.
     Deux burettes et leur plat d’argent, 5 marcs.
     Six chandeliers l’autel, 58 marcs 6 gros.
     (1) V. les notes 112, 123.— (2) V. la note F.— (3) Vie de saint Vincent de Paul, par l’abbé Collet.— Id. par l’abbé Maynard — Magasin charitable.
Les Rues d’Étampes et ses monuments, 1881, pp. 170-173.

Chapelle
 

 
ANNEXE 5
Léon Guibourgé (1957)

LA MA1SON NOTRE-DAME, SOIN DES MALADES, GUÉRISON MIRACULEUSE, NOTRE-DAME DE VISITATION.

     Dans notre visite de la sacristie de l’église Notre-Dame nous avons remarqué un groupe de statuettes représentant la Vierge qui étend sa main sur des malades couchés dans un lit. Cette représentation rappelle un miracle de la Sainte Vierge, Notre Dame d’Etampes, dû à l’intercession des saints martyrs d’Etampes. Ce miracle aurait eu lieu dans l’église.

     Nous avons dit précédemment que l’église Notre-Dame a été agrandie en plusieurs fois et en dernier lieu dans la seconde moitié du XIIe siècle par l’élargissement du bas-côté droit, dans le but d’y recueillir des malades. Cette partie de l’église s’appelait alors «la Maison-Dieu». C’est ce que dit le vieil historien d’Etampes Dom Fleureau:

     «Nous apprenons, dit-il, des Saints Conciles, qu’en divers lieux le soin des malades fait partie de celui que les évêques doivent prendre dans leurs diocèses, et c’est pour cela que les hôpitaux sont ordinairement bâtis près des maisons épiscopales, comme à Paris le grand Hôtel-Dieu... De là est venu que les chanoines des églises cathédrales sont demeurés en partie chargés du soin des hôpitaux. Et depuis. comme la piété des chrétiens s’augmentant les portés à fonder dans les villes des collèges de chanoines sur le modèle de ceux qui étaient auprès des évêques, on leur a donné de même qu’à ceux des cathédrales, le soin des pauvres...»

     C’est ainsi qu’à Notre-Dame d’Etampes, autrefois desservie par un collège de chanoines, la tradition rapporte qu’ancienne ment les lits des malades étaient dans l’église même à droite de la nef, du côté du marché. Une petite porte aujourd’hui bouchée [p.57] permettait d’entrer directement dans cette partie de l’église réservée aux malades.

     Mais l’expérience fit connaître que cela était trop incommode pour beaucoup de raisons principalement pour la tranquillité des offices. On fit alors construire un bâtiment séparé hors de l’église, mais toutefois au-dedans de la cour des chanoines, dans cette partie qu’on appelle encore de nos jours «le Cloître
», qui était alors beaucoup plus étendu. Ce bâtiment est nommé dans les vieux titres: «L’Aumônerie de 1’Hospital».

     Dès lors, les chanoines n’ont plus directement le soin des malades, mais ce soin est confié à un chevecier ou administrateur. En 1191, on voit l’archevêque de Sens, Guy de Noyers, régler le droit de ce chevecier. Tant bien que mal, et plutôt mal que bien, cette situation dura jusqu’en 1537. A cette époque, les habitants ne purent plus supporter que les biens destinés à la nourriture des pauvres fussent mal administrés et les pauvres abandonnés sans secours jusqu’à mourir dans les rues faute de retraite et de secours. Ils formulèrent leurs plaintes contre Jacques de la Vallée, administrateur de l’Hôtel-Dieu devant Louis, cardinal de Bourbon, archevêque de Sens, afin qu’il lui plut d’apporter le remède convenable à si mauvais gouvernement. En 1538, Jean de Salazar, archidiacre de Sens, permit de faire des quêtes pour l’Hôtel-Dieu dans les paroisses de la ville. Le soin des malades fut alors confié non plus à un administrateur servi par des laïques appelés frères, mais aux maires et échevins de la ville. Ceux-ci pensèrent, ajoute Dom Fleureau, qu’il n’y a rien de si apte pour le service des malades que des filles, et ils firent cri sorte d’y établir des Religieuses hospitalières de l’Ordre de Saint-Augustin. Ils n’en allèrent point quérir dans d’autres villes, mais il se présenta des filles d’Etampes, qui se vouèrent à ce service sous la juridiction de l’archevêque. Celui-ci les reçut à la vêture et à la profession, et approuva leurs règles en 1649.

     Ces religieuses ont continué à travers les siècles à soigner les malades, et de nos jours ce sont encore les religieuses du même ordre, les Augustines d’Etampes, rattachées depuis peu aux Augustines de l’Hôtel-Dieu de Paris, qui se dévouent auprès de nos malades.

Chapelle
     Mais revenons à l’époque où les malades étaient hospitalisés dans l’église Notre-Dame d’Etampes et rapportons ce fait merveilleux qui, d’après Pierre Plisson, conseiller du roi en 1658, se passa dans l’église:
     «Or, une nuit, dit celui-ci, une infirmière, qui s’appelait Sulpice, était en oraison tandis que deux malades reposaient [p.58] dans leur lit commun et qu’un troisième veillait sous le porche alors ouvert et qui est â la base du clocher. Soudain, au milieu d’une grande lumière, Sulpice vit descendre par la fenêtre une femme richement habillée, accompagnée de deux jouvenceaux et d’une jouvencelle. La dame vint s’asseoir près du bénitier, et, répondant à sa question, les trois jeunes gens lui demandaient la guérison des malades: alors elle prit dans le bénitier le goupillon qui s’y trouvait et aspergea d’eau bénite les trois malades. Elle promit à ceux qui étaient couchés la guérison et au troisième une prompte délivrance par la mort. Puis, les trois visiteurs mystérieusement se retirèrent par la fenêtre comme ils étaient venus ainsi que la dame. Les prédictions de la dame s’accomplirent, et aux récits troublants de la vieille Sulpice, le peuple étampois ne douta pas qu’elle avait reçu la visite de la Sainte Vierge et des trois saints patrons d’Etampes, Cant, Cantien et Cantienne. Rempli d’une dévotion enthousiaste, il fournit les fonds pour qu’on agrandit la fenêtre miraculeuse et qu’on y mit un vitrail représentant la Sainte Vierge et les Martyrs. Sulpice étant morte trois ans après, elle fut enterrée dans l’église, à l’endroit où elle priait pendant la fameuse nuit, et on entretint sur sa tombe, ainsi qu’au pied du vitrail, des lampes allumées.»

     Cet événement merveilleux a dû se passer vers la fin du XIIe siècle. Le groupe en bois coloré qui est actuellement dans la sacristie de l’église et qui représente le miracle n’est pas de ce temps-là, tant s’en faut. Il n’est que de 1787. On peut seulement supposer qu’il a remplacé un autre tombé en complet état de vétusté et dont l’origine pourrait être fort ancienne. Quoiqu’il en soit, il est évident que le sculpteur de 1787 ne s’est pas beaucoup inquiété de conserver à l’œuvre le caractère archaïque de l’ancien.

     Le groupe a 55 centimètres de hauteur avec le socle. Les trois malades sont assis, mains jointes, dans le même grand lit de bois; leurs corps en partie cachés par la couverture. La garde, habillée comme une paysanne beauceronne de nos jours avec un bonnet serrant la tête, tenant son chapelet à la main, est agenouillée près d’une petite table ou d’une sorte d’escabeau sur lequel est posée une lampe.

     Au pied du lit, la Vierge par rapport aux autres personnages est de grande taille. Elle est couronnée, portant l’enfant Jésus dans sou bras gauche, et elle étend sa main droite protectrice au-dessus des malades. Les trois saints martyrs ne sont pas représentés. Le socle du groupe porte la date de 1787, ainsi que l’inscription: «Notre-Dame de Visitation».

     La paroisse Notre-Dame d’Etampes conserve bien précieusement ce groupe comme un souvenir de la charité qui s’exerçait autrefois dans notre vénérable église, et comme un gage de la protection maternelle de la Sainte Vierge, patronne de la paroisse.


Étampes Ville Royale
, 1957, pp. 57-58.

 
 
ANNEXE 6
Frédéric Gatineau  sur l’Hôtel-Dieu (2003)

BAUGIN (rue)
     Cette rue, rendue sombre par les grands murs noirs de l’ancien Hôpital, est désignée comme rue de la Feusterie au 18e siècle, rue de l’Hospice ou rue de l’Hôtel-Dieu jusqu’en 1877. Pierre-François Baugin est l’un des bienfaiteurs de l’hospice. Il est l’auteur d’un legs en 1829 qui permit, entre autres, la construction de l’hospice des vieillards c’est-à-dire «le bâtiment blanc» de l’ancien Hôtel-Dieu. Un pont couvert enjambe la petite rue, il relie les deux parties de l’ancien Hôtel-Dieu. Cette galerie date du 19e siècle, mais un premier pont fut établi ici dès 1757. [PV J6]
     Au n° 12, maison ancienne avec porte de pierre en arc de cercle, au profil élégant.


HÔPITAL GÉNÉRAL D’ÉTAMPES
     Le projet de construction d’un nouvel hôpital remonte à 1978. Il faudra attendre le 10 octobre 1987 pour voir poser la première pierre sur les terrains du domaine du château du Petit-Saint-Mars. L’hospice de vieillards était déjà installé sur le site depuis 1954. Le transfert de l’ancien hôpital commencera avec le service «maison de retraite» en 1988. Le transfert des malades aura lieu en septembre 1990. L’établissement sera officiellement inauguré le 10 novembre 1990 (architecte Korniloff).

  HOSPICE (moulin de l’)
     Situé au n°2 rue de Bressault, cet ancien moulin porta divers noms: moulin de l’Hôtel-Dieu, moulin Bressault, moulin de la Grande-Roue.
     En 1820, le site comprenait deux moulins, à savoir: quatre paires de meules montées sur deux lignes (ADE 1X43).
     En 1825, c’est un des deux premiers moulins d’Étampes à être équipé à «l’anglaise». Le bâtiment fut reconstruit en 1856 (ADE 1X43).
     Le moulin a été déclassé en 1934 et aménagé en appartements en 1935 sous le nom de Villa Bressault (ADE7S49).
     Son nom de moulin de l’Hospice lui vient de ce qu’il était, au 13e siècle, propriété de la maladrerie Saint-Lazare d’Étampes avant de devenir, au 18e siècle, propriété de l’Hôtel-Dieu de la ville.

Moulin de la Grande-Roue au XVIIIe siècle
HOSPICE (rue de l’)
     Ancien nom de l’actuelle rue Baugin. Elle longe l’Hôtel-Dieu et particulièrement l’aile de l’ancien hospice de vieillards.

HÔTEL-DIEU
     A l’origine, l’Hôtel-Dieu était situé dans l’enceinte même de l’église Notre-Dame. Au début du 13e siècle, il est établi à peu près à son emplacement actuel. La «domus Dei stamparum» desservie par des frères laïcs est citée en 1199. En 1537, les premières religieuses Augustiniennes viennent prendre la charge des soins des malades. Jusqu’au 16e siècle, les bâtiments de l’Hôtel-Dieu étaient situés à angle des actuelles rues de la République et Baugin. Le bâtiment de l’actuelle chapelle date de 1559. C’était l’ancien dortoir de ce premier site. Il fut transformé en chapelle en 1632 alors que l’on construisait un nouveau dortoir dans un bâtiment attenant (l’aile ouest de la cour de l’Hôtel-Dieu). L’établissement n’a cessé par la suite de s’étendre. En 1701, on construit le portail (refait en 1766). En 1705, est construite l’aile de la communauté au fond de la première cour, destinée à loger les sœurs Augustines. En 1713, le nouveau dortoir est prolongé par l’aile ouest de la deuxième cour afin de séparer les hommes et les femmes. En 1757, on construit de l’autre coté de la rue Baugin une aile pour les accouchées. Cette aile est reliée, dès cette époque, par un pont couvert sur la rue Baugin. En 1783, on construit un deuxième étage sur les dortoirs. La maison du chapelain occupait l’espace devant le parvis. Au début du 19e siècle, l’Hôtel-Dieu s’étend, en incluant en particulier les anciennes maisons canoniales. Pendant la période révolutionnaire, l’établissement est dénommé «hospice de l’humanité» ou «Hôtel d’Humanité» (ADY 1Q353). En 1814 et 1815, il devient en partie hôpital militaire. En 1834, est construit l’hospice de vieillards avec son gros portique dorique. Ce pavillon, parfois appelé asile Baugin, sera couramment dénommé par la suite le «bâtiment blanc» (architecte Pierre Magne). L’aile de la chirurgie (le pavillon rouge) est construite en 1894, la maternité en 1905 (architecte Anjubert). A partir du début du 20e siècle, l’accès principal de l’hôpital est retourné vers le nord (côté rue des Remparts).
      Le bombardement du 14 juin 1940 endommage l’établissement. Au cours du 20e siècle, le bâtiment blanc est attribué à la médecine. Un plan de 1961 nous donne les noms des différentes salles qu’il abritait. Au premier étage: salles Castelot, Coquard. Au deuxième étage: salles Barthélémy-Durand, Lutard et Grenet. Le bâtiment des vieillards, le long de la rue Baugin, devient le nouvel asile. Il comprend, au premier étage, les salles: Jacquard, Vacher, Petit. Au deuxième étage les salles: Bonté, Bourgeois et Sainte-Colombe. Le bâtiment chirurgie comprenait alors, au premier étage, les salles Poisson, Muret, Lamodru, Pasturaud (ADE H dépôt 1B).
     En 1967, est construit un dernier bâtiment, le «bloc chirurgical». En 1990, l’hôpital trop à l’étroit, déménage pour le nouvel établissement construit au Petit-Saint-Mars. En 1994, pour démarrer un projet de réhabilitation, le pavillon rouge et la maternité sont démolis. En 1996, on profite du chantier pour procéder à des fouilles. Dans le nord du site apparaissent des structures de bâtiments datables des 11e et 12e siècles.
     Côté rue Évezard, ces mêmes fouilles ont révélé un puits et des latrines. Une rue médiévale partait du portail d’entrée pour aboutir au débouché de la rue Baugin et de la rue des Remparts.
     Depuis, ce pauvre Hôtel-Dieu, site occupé depuis presque dix siècles, est laissé à l’abandon. Il se dégage aujourd’hui de ces ruines une infinie tristesse. Au cœur de la vieille ville, huisseries arrachées, tags et squat font de ce lieu l’archétype du chaos d’une certaine civilisation.

La Chapelle en 2003 (cliché emprunté au site Stampae)
La Chapelle en 2003 (cliché emprunté au site Stampae)
HÔTEL-DIEU (rue de l’)
     Ce nom désignait la partie ouest de l’actuelle rue de la Digue en 1790 (AM 1G2). Cette dénomination s’explique par la présence non loin du moulin de l’Hospice.

HÔTEL-DIEU (moulin de l’)
     Ce moulin est cité sous ce nom en 1583 (ADE 136J16) et encore en 1762 (fPJ)
Étampes en lieux et places, 2003, pp. 95-96.

 
Source: Basile Fleureau, Les Antiquitez de la ville et du Duché d’Estampes, pp. 412-420. Saisie: Bernard Gineste, 2007.
BIBLIOGRAPHIE
sommaire et provisoire, qui sera complétée ultérieurement

Éditions

 
     Édition princeps, posthume: Dom Basile FLEUREAU (religieux barnabite, 1612-1674), Les Antiquitez de la ville, et du Duché d’Estampes avec lhistoire de labbaye de Morigny et plusieurs remarques considerables, qui regardent l’Histoire generale de France [in-4°; XIV+622+VIII p.; publication posthume par Dom Remy de Montmeslier d’un texte rédigé en réalité vers 1668], Paris, J.-B. Coignard, 1683.

     
Réédition en fac-similé: Dom Basile FLEUREAU, Les Antiquitez de la ville, et du Duché d’Estampes avec lhistoire de labbaye de Morigny et plusieurs remarques considerables, qui regardent l’Histoire generale de France [23 cm sur 16; XIV+622+VIII p.], Marseille, Lafittes reprints, 1997.

     
Réédition numérique en ligne (en cours depuis 2001): Bernard GINESTE [éd.], «Dom Fleureau: Les Antiquitez d’Estampes (1668)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/index-fleureau.html, 2001-2007.

     Ce chapitre: Bernard GINESTE [éd.], «Dom Fleureau: De I’Hôtel-Dieu d’Estampes (1668)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-17-fleureau-c13.html, 2007.
 
Sur le sceau de l’Hôtel-Dieu (pour comparaison)

     Nicolas-Michel TROCHE, Sceau de l’Hôtel-Dieu de Paris [in-8°; 40 p.; extrait de Société de sphragistique de Paris 4 (1855)], Paris, Boucquin, 1859.
     Nicolas-Michel TROCHE, Sceau de l’ancienne léproserie de Saint-Lazare-lez-Paris [in-8°; 32 p. ; figure; extrait de Société de sphragistique de Paris 3 (1853)], Paris, Boucquin, 1853.

     Pierre-Yves LE POGAM, «La matrice du grand sceau de l’Hôpital Saint-Jacques-aux-Pèlerins par Jean Pucelle», in Bulletin de la Société nationale des Antiquaires de France, 1994, p. 33-49.


Sur l’état de délabrement de l’Hôtel-Dieu et de sa Chapelle en 2001 et 2003
(On notera que, depuis, une bonne partie du mobilier de la Chapelle a été sauvé du pillage
et du vandalisme, et que l’ensemble du site est en cours d’aménagement, en 2007)

     
       François JOUSSET, «Petit-Saint-Mars (Le)», in ID., Stampae, http://www.stampae.org/plugins/diaporama/diaporama.php?lng=fr&diapo_id=8 (2001) & http://www.stampae.org/plugins/diaporama/diaporama.php?lng=fr&diapo_id=9 (2003), 2001-2003 (en ligne en 2007).



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