Essais historiques sur
la ville d’Étampes
Étampes, Fortin, 1836
Chapitre X, pp. 119-134
et Note IX, pp. 213-215. |
Étampes
sous le roi Philippe II Auguste |
CHAPITRE DIXIÈME
ÉTAMPES SOUS LE ROI PHILIPPE II AUGUSTE
SUIVI DE LA
NOTE IX
Compte général des revenus tant ordinaires
qu’extraordinaires du roi (Philippe-Auguste) pendant l’année 1202.
Chapitre
X: Règne de Philippe-Auguste. — Juifs chassés d’Étampes. — Église collégiale de Sainte-Croix.
— Faits et gestes divers de Philippe-Auguste relatifs à
Étampes. — Anecdote historique. — Note IX: Compte général
des revenus tant ordinaires qu’extraordinaires du roi pendant l’année
1202
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Nous arrivons au règne de Philippe-Auguste.
Depuis Charlemagne, aucun prince plus grand ne s’était assis sur le
trône de France. Une nouvelle croisade en Palestine, une expédition
chevaleresque à Constantinople, où les barons français
se couvrirent de gloire; de nombreux combats, de brillantes conquêtes,
et par dessus tout l’immortelle victoire de Bouvines; tels sont les principaux
événemens qui signalèrent cette époque. Mais
détournant la vue de ces nobles faits d’armes étrangers à
notre plan, et rentrant dans le cercle étroit que nous nous sommes
tracé, [p.136] empressons-nous de rechercher
quelles furent, durant ces temps mémorables, les destinées
particulières de la ville d’Étampes.
Dès les premières années de son
règne, nous voyons Philippe-Auguste jeter sur elle ses regards, et
l’embellir d’un somptueux édifice dont nos yeux regrettent de ne plus
retrouver aucune trace aujourd’hui. Mais, peu de temps avant cette construction,
un événement important était venu agiter l’enceinte de
la ville. Je veux parler de l’expulsion des Juifs, ordonnée par le
roi. Depuis Clovis, premier roi chrétien, les monarques français
n’avaient souffert qu’avec peine la présence des Juifs dans leur royaume.
On avait déjà vu plusieurs d’entre eux, tels que Dagobert et
Robert, les bannir du territoire de la France. Sous le règne de Philippe-Auguste,
leurs usures intolérables, leur mépris sacrilège pour
le christianisme, et leurs cruautés envers les chrétiens, provoquèrent
de nouveaux contre eux des mesures rigoureuses et violentes. Ce monarque renouvelant
donc, en l’an 1182, les édits portés contre les Juifs par les
rois ses prédécesseurs, les chassa du royaume; et, afin de
leur ôter toute espérance de retour, il voulut que leurs synagogues,
changeant de destination, fussent consacrées désormais au culte
des chrétiens (1).
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(1) Rigord., Hist. Phil.-Aug.
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Les ordres sévères du monarque furent exécutés.
C’est ainsi qu’à Orléans, les habitans érigèrent
une église, sous le titre de Sainte-Croix, à la place
d’une synagogue [p.137] établie en leur
ville. Ceux d’Étampes imitèrent cet exemple. Il est à
croire que les Juifs se trouvaient en grand nombre dans son enceinte, puisqu’ils
possédaient aussi un bel édifice de leur culte, situé
au centre d’Étampes le Châtel, dans cette partie de la ville
qui porte aujourd’hui encore le nom de rue de la Juiverie. Par des
lettres patentes de Philippe-Auguste, datées de Fontainebleau, l’an
1182, ce monument fut concédé à des ecclésiastiques
(clericis Stampensibus) chargés d’y célébrer le
service canonial. La nouvelle église prit, comme à Orléans,
le nom de Sainte-Croix; et le roi y institua un chapitre composé
d’un doyen, d’un chantre, de dix-sept chanoines et de dix chapelains (1).
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(1) V. Rigord., Hist. Philip.-Aug. —
Antiq. d’Étampes (ici).
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La synagogue
des Juifs d’Étampes ne fut point conservée et transformée
seulement en église chrétienne, ainsi qu’il arriva sans doute
alors en d’autres pays de la France; mais l’on doit croire qu’elle fut détruite,
et que ses ruines servirent de fondement à la belle et vaste église
de Sainte-Croix. C’est du moins ce qui résulte des paroles d’une
bulle publiée à ce sujet par le pape Luce III, et datée
de Vérone, le 26 juillet 1185. Cette bulle contient une clause remarquable
et bien digne des souverains pontifes qui surent, dans plus d’une occasion,
maintenir, en faveur des peuples, les libertés chrétiennes dont
on avait essayé de les dépouiller. Elle défendait aux
clercs de la nouvelle église de s’attribuer sur elle aucun droit, aucune
redevance, afin que ce même lieu, libre auparavant de toute servitude,
ne fût pas, sous la sainte liberté du [p.138] christianisme, de pire condition qu’avait
été la synagogue au temps des Juifs, ses premiers possesseurs.
Quelques années à peine s’étaient
écoulées depuis la fondation de l’église collégiale
de Sainte-Croix, et déjà, loin de, vivre en bonne intelligence
avec celle de Notre-Dame, sa voisine, elle se trouvait en rivalité,
avec elle, à l’occasion de leurs droits respectifs. On doit croire
que les chanoines de Notre-Dame voulant exercer leur juridiction sur le nouveau
chapitre, celui-ci, fier de ses prérogatives, refusa de se soumettre
au joug qu’on prétendait lui imposer. L’affaire fut portée devant
Philippe-Auguste, qui, pour la terminer, eut recours aux lumières de
Maurice, évêque de Paris, et d’autres hommes prudens. Le monarque,
d’après leurs conseils, se résolut à donner à
l’abbé Odon et aux chanoines de Notre-Dame l’église de Sainte-Croix,
avec tous ses revenus, biens et attributions, ainsi que le pouvoir de disposer
de ses prébendes.
Cette mesure, loin de terminer les différends,
ne servit qu’à les rendre plus vifs et plus animés. Le doyen
et le chapitre de Sainte-Croix, menacés dans leur existence, eurent
recours à l’autorité royale, la suppliant de révoquer
une si funeste décision. Le roi voulut bien condescendre à leurs
prières; il révoqua la sentence, et, sur le point de partir
pour la Terre-Sainte, il confia à de nouveaux commissaires l’examen
de ce procès, enjoignant au bailli et au prévôt l’Étampes
de ne rien innover jusqu’au prononcé du futur jugement.
Mais à peine Philippe-Auguste avait-il quitté
la France, que le bailli et le prévôt d’Étampes, au lieu
d’exécuter ses ordres, rétablirent le chapitre de Sainte-Croix
dans tous [p.139] ses privilèges. Nouvelles
plaintes de la part de celui de Notre-Dame. Cependant arriva la sentence des
juges. Elle plaçait en quelque sorte l’église de Sainte-Croix
sous la dépendance de Notre-Dame, en la laissant jouir pourtant de
quelques-unes de ses prérogatives. Cette sentence fut ratifiée
par le roi, ainsi qu’on le voit par ses lettres patentes datées de
Ptolémaïs ou Saint-Jean-d’Acre, l’an 1191. Elle fut confirmée
également dans la suite par les souverains pontifes Célestin
III et Innocent III (1).
L’ancienne église de Sainte-Croix, entièrement
détruite aujourd’hui, laisse à peine apercevoir quelques fragmens
de chapiteaux gisans dans la poussière. C’est là tout ce qui
reste de son ancienne splendeur; mais, dans ce même quartier, et perpendiculaires
l’une à l’autre, on trouve encore les rues de la Juiverie et
de Sainte-Croix. Ces deux noms, rapprochés l’un de l’autre,
rappellent ainsi à la fois le souvenir des deux monumens juif et
chrétien, construits à différens âges sur un
même fondement, et détruits aussi tous deux à diverses
périodes, sans laisser aucune trace de leur belle construction. [p.140]
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(1) On trouve dans un vieux cartulaire conservé
dans les archives de l’église de Notre-Dame d’Étampes, la plupart
des chartes relatives aux différends dont il s’agit ci-dessus. Ce cartulaire
contient également une copie des titres des rois de France et des
souverains pontifes, concernant les nombreuses concessions faites à
ces deux collégiales. C’est à cette source que j’ai puisé
de précieux documens pour mon travail; je saisis avec plaisir cette
occasion de témoigner ici ma reconnaissance envers M. Baron, respectable
curé de Notre-Dame, qui a bien voulu à mon intention exhumer
ce curieux manuscrit de la poussière, et le laisser long-temps entre
mes mains [Ce cartulaire a été versé après
1905 aux Archives départementales de Seine-et-Oise, puis reversé
aux Archives départementales de l’Essonne, où il a été
retrouvé récemment sous une cote improbable par notre infatigable
ami Frédéric Gatineau, auquel les études essonniennes
doivent beaucoup. (B.G.)].
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On a déjà vu, dans l’un des chapitres
précédens, comment Philippe-Auguste priva les habitans d’Étampes
d’un certain droit communal dont la source est demeurée inconnue (1). Ce même prince, comme s’il eût voulu
faire oublier cette mesure violente, signala aussi sa bienveillance envers
une ville qu’il avait traitée en cette occasion avec sévérité.
Considérant que le voisinage de la Beauce, pays favorable à
l’entretien des bêtes à laine, donnait aux habitans de la vallée
d’Étampes la facilité de faire un grand commerce de draperie,
ce monarque, afin de les attacher avec plus d’affection à un genre
d’industrie si utile, accorda aux tisserands en drap ou en toile de cette
ville quelques privilèges. Il les déchargea de toutes coutumes,
tailles et autres levées qu’il pourrait faire sur eux, moyennant
une simple redevance de vingt livres par an. Il leur accorda aussi le pouvoir
d’élire quatre prud’hommes, choisis parmi eux, pour diriger et surveiller
les travaux de tous les membres de leur corporation.
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(1) Voir au chapitre VII,
page 86 (ici).
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Philippe-Auguste
avait déjà, quelques années auparavant, étendu
sa sollicitude sur une autre classe nombreuse d’individus, et il avait fait
construire un vaste bâtiment à leur usage. C’est ce même
prince, en effet, qui fit édifier, dès les premières
années de son règne, la grande boucherie d’Étampes. Elle
était située vers l’extrémité de la rue Évezard,
proche du lieu-dit aujourd’hui place Dauphine. L’auteur des Antiquités
d’Étampes, qui en parle comme d’un établissement existant
à l’époque où il écrivait, ajoute qu’il s’en
trouvait d’autres du même [p.141] genre
à Saint-Martin, à Saint-Gilles et à Saint-Pierre (1). On ne découvre plus aujourd’hui aucune
trace de ces constructions; et l’on doit regretter vivement la perte de ces
anciens édifices, qui, s’ils ne contribuaient pas à l’ornement
de la ville, étaient du moins éminemment utiles à sa
salubrité.
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(1) Antiquités d’Étampes, p. 134 (ici). On découvre
dans un texte rapporté à cette occasion par le même historien,
p. 135, le nom de Vallis odoris, Val d’odeur, qui rappelle, l’une
des gracieuses promenades de la vallée d’Étampes. C’est ce même
lieu, que l’on trouve dans les titres postérieurs français,
désigné sous le nom de Vau douleur, par corruption du mot Vau
d’odeur. [Il y a là une erreur de Montrond, qui
ignore visiblement qu’en ancien français subsistait un nomcommun,
olor, ou oleur, venu directement du latin olor,
et qui signifiait odeur . Vallis Odoris traduit donc en latin
le toponyme Vaudouleur, intreprété, à tort ou
à raison, Val d’Oleur, sans qu’il soit besoin de supposer une
corruption (B.G.)].
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Si l’étude
attentive d’une charte du roi Henri 1er nous a déjà fait découvrir
ailleurs de quel genre de possessions se composait le fisc royal à
Étampes, sous le règne de ce prince (2),
nous pouvons, à l’aide d’un autre document, reconnaître avec
plus de précision encore de quelle valeur étaient pour le roi
ses domaines en la même contrée, au commencement du treizième
siècle. Cette pièce nous apprend en outre comment. Philippe-Auguste
pourvoyait à l’entretien de divers établissemens qu’Étampes
possédait alors, et fournissait les secours nécessaires aux
réparations de ses murailles et de ses tours. Il s’agit ici du Compte
général des revenus tant ordinaires qu’extraordinaires du roi
Philippe II, pendant l’année 1202 (3).
Étampes figure dans ces comptes avec quelque importance. Hugues de
Gravelle était alors [p.142] bailli de
cette ville, et son nom se trouve plus d’une fois mentionné dans ce
monument d’une sage économie, qui, tout en réglant les revenus
du prince, fait connaître en même temps les dépenses de
toute sorte auxquelles ils étaient consacrés. Les maisons de
Saint-Lazare, de Saint-Jacques de l’épée, les Templiers, etc.,
dont nous avons parlé ailleurs, se trouvent ici rappelées. Enfin
l’on découvre aussi dans ces comptes une somme de quarante livres parisis,
portée en dépense pour le poisson d’Étampes (pro
piscibus Stamparum). Nul doute que parmi ces poissons, il ne soit question
des précieuses écrevisses de la vallée d’Étampes,
dont la renommée, dès lors célèbre dans toute
la contrée, leur méritait ainsi l’honneur de figurer sur la
table du roi.
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(2) Voir chapitre VI, page
73 (ici).
(3) Brussel. Usage des fiefs, t. II (notes) (bib). Voyez à la note IX à la fin du volume,
les fragmens de cette pièce, concernant les revenus de la ville d’Étampes
(ici).
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Mais sans nous en tenir aux indications fournies par
ce précieux document, apprenons de la bouche du roi lui-même,
quel rang il assignait à sa ville d’Étampes, entre toutes celles
du royaume. Une vieille chronique relative aux faits et gestes de Philippe-Auguste,
rapporte à ce sujet une curieuse anecdote qui mériter de trouver
place dans ces récits.
Durant les troubles qui suivirent la mort d’Henri VI,
roi des Romains et empereur d’Occident, Othon, comte de Poitou, duc de Brunswick,
disputait le trône vacant à Frédéric II, fils de
Henri VI, et à Philippe le Souabe, oncle du jeune prince (1197). Soutenu
par les seigneurs du Poitou, il traversait la France avec un sauf-conduit
du roi. Passant près du monarque, il vint en grande [p.145] pompe lui présenter ses félicitations.
«— On nous a raconté, lui dit Philippe-Auguste,
que vous êtes appelé à l’empire. — Cette nouvelle est véritable, répartit
Othon: que Dieux me soit seulement en aide durant mon voyage ! — Gardez-vous bien de croire, poursuivit
le roi de France, que vous puissiez prendre possession d’une si éminente
dignité. Si la Saxe seule reconnaît votre loi, laissez-moi choisir
dans votre escorte le plus beau de vos coursiers. De mon côté,
quand vous monterez sur le trône, je m’oblige à vous livre les
trois meilleures villes de mon royaume, Paris, Étampes et Orléans.»
Or, le roi Othon emmenait avec lui de riches trésors qu’il avait
reçus de son oncle Richard, roi d’Angleterre. Cent cinquante mille
marcs étaient portés par cinquante chevaux qui lui servait d’escorte,
et parmi eux se trouvait ce coursier plus beau, sur lequel Philippe avait
jeté les yeux. Le prince Othon accepte la gageure, et après
avoir fait livrer au roi de France le cheval qu’il avait désigné,
il poursuit son voyage, le cœur plein d’espérance (1). |
(1) Ex Arnaldi Lubecensis Chronico Slavorum, apud
Godef. Guillelm. Leibnitium, t. II. Script. Brunswicensium (bib). — Voyez
aussi le Voyageur françois, par l’abbé de la Porte, t.
23 (bib).
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La prédiction
du roi Philippe ne s’accomplit point: Othon VI fut couronné empereur
à Rome par Innocent III, l’an 1209. On pense bien que Philippe n’eut
garde de remplir une promesse qu’il n’avait point faite sans doute sérieusement.
Cependant, quatre années après, on vit ce même prince
Othon se liguer avec Richard, roi d’Angleterre [p.144]
et le comte de Flandre contre le roi de France. C’est contre ces princes confédérés
que ce vaillant monarque gagna la célèbre bataille de Bouvines;
et peut-être son refus d’exécuter les conditions de cette singulière
gageure, n’avait-il point été entièrement étranger
aux motifs qui firent armer contre lui la ligue redoutable dont il sut avec
tant de gloire déjouer les audacieux projets.
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Durant
le règne belliqueux de Philippe-Auguste, le château d’Étampes,
comme la plupart des châteaux à cette époque, était
devenu une prison; et les paisibles habitans de cette contrée, bien
qu’éloignés du théâtre de la guerre, voyaient parfois
amener captif dans ce sombre séjour, quelqu’un de ces fiers guerriers,
trahi par le sort des armes et vaincu par celles du roi. C’est ainsi que
vers l’an 1194, lors des démêlés de ce monarque avec
Richard, roi d’Angleterre, Robert, comte de Leicester, fait prisonnier à
l’attaque du fort de Léon en Normandie, vint subir une dure captivité
sous les épaisses voûtes de ce castel (1).
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(1) Selecta ex variis chronicis, etc. — Rec. des hist. de Fr., t. XIX (bib).
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Plus tard,
sous le règne de saint Louis, ce sera Jean Britaut, chevalier, qui
accusé d’avoir fait assassiner le fils de Pierre Dubois, chambellan
et secrétaire du roi, viendra à son tour expier dans cette
même demeure l’odieux soupçon qui pesait sur lui.
Mais parmi tous les illustres personnages qui virent
s’écouler de tristes jours dans les sombres murs du château d’Étampes,
aucun n’est plus célèbre que la reine Ingelburge, épouse
infortunée de Philippe-Auguste. [p.145]
L’histoire de cette princesse se rattache donc à
celle de cette ville par l’un de ces faits que l’on voudrait pouvoir supprimer
des annales de nos rois mais que la postérité juste et sévère
n’a pas craint de recueillir, comme une tache honteuse imprimée sur
la couronne d’un de nos plus brillans monarques. On sait que la malheureuse
lngelburge repoussée loin du trône, expia par une longue et dure
captivité le tort de n’avoir pas su gagner le cœur de son royal époux.
Or, tous les historiens s’accordent à dire que le château d’Étampes
fut l’un de ces sombres asiles d’où l’illustre prisonnière,
comme elle nous l’apprend elle-même, ne voyait pas même les
cieux, auxquels elle élèverait ses mains suppliantes, et où
elle plaignait le roi, en mangeant, sans l’accuser, le pain de sa douleur
(1). L’histoire des malheurs de cette princesse
doit donc trouver une place dans les annales de la ville d’Étampes.
On me permettra de les décrire ici avec quelque détail, et de
leur consacrer un chapitre entier en présentant, sous forme d’épisode,
cet événement important de l’histoire générale
de la France.
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(1) Baluz. Miscellan., t. I, p. 422 (bib).
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Chapitre X: Règne de Philippe-Auguste. — Juifs chassés d’Étampes. — Église collégiale de Sainte-Croix.
— Faits et gestes divers de Philippe-Auguste relatifs à
Étampes. — Anecdote historique.
— Note IX: Compte général des revenus tant ordinaires qu’extraordinaires
du roi pendant l’année 1202.
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Compte général des revenus tant ordinaires qu’extraordinaires
du roi (Philippe-Auguste) pendant l’année 1202.
(Chap X., p. 141.)
Fragmens relatifs à
Etampes
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Stampae. De I° termino, V.C l.
Expensa:
Hugo de Gravella. LXIIII l.
Ad claustrum de Auvers vindemiandum. VIII. l., V. s.
Magister Richerius. LX. s.
Capellani S. Jacobi. XXV. l.
Templarii. XXX. l. [p.214]
Sanctus Lazarus. IIII l.
Capellanus Regis. XX. s.
S. Lazarus, pro XII. modiis vini IIII l. et XVI. s.
Consergius, pro II. modiis vini. XVI. s.
Capella, pro II. modiis vini. XX. s.
Pro redecima Prioris Stamparum Veterum. IIII. l.
De X modiis vini pro expensa Auberti qui ivit vendere
blados Stampis. XXV. s.
Summa. VII.XX et VI. l. et XII. s.
Frater Haimon. XVIII.XX. l. c. s. minùs. Et debentur
ei XXXII. s.
..........
..........
CANT. STAMPARUM.
De veteri tallia. X. l.
De veteri brenagio. LXXV. s.
De censu vinearum. XIII l.
De ulmo tronco. VI. s.
De censu desuper fossatos. XIIII. s.
De brenagio Aurel. LXXV. s.
De pocinagio Stamparum. XVII s.
De aera Arnulphi Frambaudi. XII d.
De venditionibus ulmi truncatae. XXV s.
De bociis. L. s.
De pice. V. s.
Summa. XXXVI. l. et VIII. s. computatâ
expensa veteri.
Expensa:
De veteri expensa. LXXV. s.
De censu vinearum. XIII. l.
Et debet XIX. l. et XIII s. [p.215]
..........
..........
STAMPARUM. De ultimo tertio usque ad Natale, V.C et
XX l.
Et pro servientibus Stamparum, V.C et XXXV. l.
Et pro se, XXX. march’.
Expensa:
Hugo de Gravella, à festo Omnium Sanctorum usque
ad quintanam. LVII. l.
Pro ferratis ducendis de Auvers usque ad Meduntam, C.
et XII. s.
Magister molinendorum fullericiorum, X. l. et VIII.
s.
Fratres de Ense, pro decima, XXXVII. l. et dim’.
Summa C. et X. l. et X. s. Et de veteri compoto,
XXXII s. Et de veteri, pro fratre Phil’ Ennen. XX s. Pro domibus et turre
parandis XL. s. Pro fossatis parandis, LX s.
Pro duobus furet’ iis XL. s. Bellus-locus, XXX. s. Pro
rupibus frangendis in clauso Auvers, IIII. l.
Summa totalis VI.XX. l. et C. et XII. s.
..........
..........
Hugonis de Gravella, die Sabbati ante Magdalenam.
..........
Pro piscibus Stamparum, XL. l.
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Chapitre X: Règne de Philippe-Auguste. — Juifs chassés d’Étampes. — Église collégiale de Sainte-Croix.
— Faits et gestes divers de Philippe-Auguste relatifs à
Étampes. — Anecdote historique.
— Note IX: Compte général des revenus tant ordinaires qu’extraordinaires
du roi pendant l’année 1202.
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BIBLIOGRAPHIE
Éditions
Clément-Melchior-Justin-Maxime
FOURCHEUX DE MONTROND (dit Maxime de MONTROND ou de MONT-ROND),
«Chapitre dixième», in ID., Essais historiques sur la ville d’Étampes
(Seine-et-Oise), avec des notes et des pièces justificatives,
par Maxime de Mont-Rond [2 tomes reliés en 1 vol. in-8°;
planches; tome 2 «avec des notes... et une statistique historique
des villes, bourgs et châteaux de l’arrondissement»],
Étampes, Fortin, 1836-1837, tome 1 (1836), pp. 119-134.
Réédition numérique
illustrée en mode texte: François BESSE, Bernard MÉTIVIER & Bernard
GINESTE [éd.], «Maxime de
Montrond: Essais historiques sur la ville d’Étampes
(1836-1837)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/index-montrond.html,
2012.
Réédition
numérique de ce chapitre: François
BESSE & Bernard GINESTE
[éd.], «Maxime de Montrond: Étampes
et la religion aux XIe et XIIe siècle (1836)», in
Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-19-montrond1836chapitre10.html,
2012.
Sources
alléguées par Montrond
Godefridus Guilielmus LEIBNITIUS
(Gottfried Wilhelm LEIBNIZ, 1646-1716), Scriptores rerum Brunsvicensium
illustrationi inservientes, antiqui omnes et religionis reformatione priores.
Opus, in quo non nulla chronica huius vicinarumque regionum et urbium episcopatuumque
ac monasteriorum, praesertim Ostfaliae, res etiam Atestinorum Longobardiae
et Guelforum superioris Germaniae; vitae item Rominum illustrium aut principum;
omnia magno studio sumtuque conquisita, quaedam nunc primum ex manuscriptis
eruta, pars auctiora plurimum vel emendatiora, nonnulla denique ex latebris
aut libellis fugientibus ob raritatem in corpus asserta, diplomatibus passim
interstineta continentur, coeteris Germanis aliisque populis in rebus suis
ad posteritatem transmittendis etiam exemplo profuturum. Cura Godefride Guilielmi
Leibnitii [in-f°; 3 volumes; les tomes II (1710) et III (1711) ont
pour titre: Scriptorum Brunsvicensia illustrantium tomus secundus (tertius)
continens LI autores scriptave, religionis reformatione anteriora], Hanoverae
(Nanovre), N. Foerster, 1707-1711, tome 2 (1710).
Stephanus BALUZIUS (Étienne BALUZE, 1630-1718,
bibliothécaire de Colbert, professeur de droit canonique au Collège
de France) [éd.], Stephani Baluzii miscellaneorum liber primus (-septimus)
hoc est Collectio veterum monumentorum quae hactenus latuerant in variis
codicibus ac bibliothecis [in-8°; 7 volumes; «Livre premier
(-septième) des Mélanges d’Étienne Baluze, c’est-à-dire
Collection d’antiques monuments jusqu’alors cachés dans divers manuscrits
et bibliothèques»], Parisiis (Paris), excudebat F. Muguet &
per bibliopalarum societatem, 1678-1715, tome I, p. 422 (Lettre d’Isembour
à Célestin III en date de 1196)
Joannes Dominicus MANSI (Gian Domenico MANSI, 1692-1769,
théologien à Naples, archevêque de Lucques après
1765) [éd.], Stephani Baluzii Tutelensis Miscellanea novo ordine
digesta... opera ac studio Joannis Dominici Mansi Lucensis [in-f°;
4 volumes; «Les mélanges d’Étienne Baluze de Tulle recomposés
dans un nouvel ordre, par les soins et le travail de Gian Domenico Mansi de
Lucques»], Lucae (Lucques), apud Vincentium Junctinium, 1761-1764.
Nicolas BRUSSEL, Nouvel Examen de l’usage général
des fiefs en France pendant le XIe, le XIIe, le XIIIe et le XIVe siècle,
pour servir à l’intelligence des plus anciens titres du domaine de
la couronne [in-4°; 2 volumes], Paris, C. Prud’homme, 1727. — Réédition [in-4°; 2 volumes], Paris, Jacq.
Nicol. Leclerc, 1739. — Réédition [in-4°;
2 volumes], Paris, J. de Nully, 1750.
Michel-Jean-Joseph BRIAL (ancien bénédictin
de l’ordre de Saint-Maur, 1743-1828) [éd.], Rerum Gallicarum et
Francicarum Scriptores. Tomus decimus nonus – Recueil des Historiens des Gaules
et de la France. Tome dix-neuvième, contenant la troisième et
dernière des monumens des règnes de Philippe Auguste et de
Louis VIII, depuis l’an MCLXXX jusqu’en MCCXXVI, par Michel-Jean-Joseph Brial,
ancien religieux de l’ordre de Saint-Maur, Membre de l’Institut de France
[in-8°; CXI+838 p.; sommaire: p. C-CI], Paris, Imprimerie Impériale,
1828. Dont une réédition: Léopold DELISLE (membre de
l’Institut, 1826-1910) [éd.], Recueil des historiens des Gaules
et de la France. Tome dix-neuvième. Nouvelle édition publiée
sous la direction de M. Léopold Delisle [mêmes texte &
pagination], Paris, Victor Palmé, 1880. Dont une réédition
en microfiches: Doetinchem, Microlibrary Slangenburg Abbey. Dont une réédition
numérique en mode image par la BNF sur son site Gallica, http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k50137m,
1995 (en ligne en 2005).
Joseph de LA PORTE (1714-1779) [auteur des tomes I-XXVI],
L.-A. de BONAFOUS abbé de FONTENAY (1736-1806) [auteur des tome XXVII-XXVIII]
& Louis DOMAIRON (inspecteur général de l’instruction publique,
1745-1807) [auteur des tomes XXIX-XLII], Le voyageur françois, ou
la connoissance de l’ancien et du nouveau monde [in-12; 27 volumes], Paris,
Vincent (tomes I-VI, 1765-1767) puis Cellot (tomes VII-XLII, 1768-1795), 1765-1795.
Toute critique, correction
ou contribution sera la bienvenue.
Any criticism or contribution welcome.
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