Essais historiques sur la ville
d’Étampes
Étampes, Fortin, 1836
Chapitre XI et Note X, pp. 147-167
& 217-220. |
Histoire
de la reine Ingelburge
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CHAPITRE
ONZIÈME
HISTOIRE DE LA REINE
INGELBURGE
SUIVI DE
NOTE X, SUR LA REINE INGELBURGE
Son mariage avec Philippe-Auguste.— Elle est repoussée du trône.— Douleurs de son exil.— Sa captivité
au château d’Etampes. — Lettres de cette
reine infortunée. — Note X. sur la
reine Ingelburge.
Après la mort d’Isabelle de Hainaut,
première femme du roi Philippe-Auguste, ce monarque, afin d’assurer
des héritiers à la couronne, avait demandé en mariage
Ingelburge, fille de Waldemar, roi de Danemarck, et de la reine Sophie.
Étienne, évêque de Noyon, et les comtes de Never et
de Montmorency, chargés de solliciter sa main, venaient de réussir
dans leur message; et bon nombre d’otages ayant été fournis
de part et d’autre, le roi Canut [p.148]
avait permis aux envoyés de France
d’emmener sa sœur confiée à la garde de prudens chevaliers
danois.
Cette jeune princesse était douée
d’une beauté merveilleuse. On rapporte qu’elle avait les plus
beaux cheveux blonds du monde, et les mains d’une éclatante blancheur.
Le roi Philippe, dès qu’il apprit son arrivée sur le territoire
du royaume, vint à sa rencontre, et se rendit à Amiens.
Monté sur son grand cheval de bataille, le casque en tête,
et revêtu de son haubert à mailles d’argent, il reçut,
à peu de distance de la ville, la nouvelle reine, qui s’avançait
vers lui, assise sur une blanche haquenée, et suivie de ses damoiselles
et du vénérable évêque de Noyon. Le monarque
lui fit joyeux accueil; il voulut qu’on procédât ce jour-là
même à la célébration du mariage; et le lendemain
de cette première entrevue, la jeune Ingelburge fut couronnée
reine de France (1).
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Monnaie de Canut IV
(1) Marlot, Hist. metrop. Remens., t. II, p. 444 (bib).
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Qui
aurait cru alors, en voyant cette union s’accomplir sous de si heureux auspices,
qu’aux joies pompeuses de l’hymen succéderaient bientôt les
larmes amères de la douleur? Par un bizarre et funeste caprice, le
roi conçut soudain pour sa nouvelle épouse une extrême
répugnance; et son aversion prenant chaque jour un nouveau degré
de force, il avisa aux moyens de faire dissoudre le mariage qu’il avait
contracté. Une affinité prétendue avec cette princesse
fut le prétexte dont il se servit pour arriver à ses fins.
Il résulta d’un faux acte de généalogie, dressé
à cette occasion, qu’Anne de Russie, femme de Henri Ier roi de
France, trisaïeul du roi, était grand’tante d’Isemburge [p.149] de Russie,
épouse de Canut IV, bisaïeul de la jeune reine (2).
Un parlement de grands et d’évêques fut donc convoqué
par le cardinal de Champagne pour prononcer sur la question du divorce.
La reine y comparut elle-même; mais privée de l’appui de ses
fidèles serviteurs, elle ne put se défendre; et l’infortunée,
victime de l’erreur ou de la mauvaise foi des membres de l’assemblée,
vit dissoudre aussitôt les liens qui venaient de l’unir à un
puissant monarque. Lorsqu’elle entendit prononcer cette inique sentence,
on rapporte qu’elle s’écria fondant en larmes: Mauvaise France!
France! puis elle ajouta avec force: Rome! Rome! et ne put faire
entendre d’autres paroles (3).
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(2) On peut voir, pour tous les détails relatifs à
cette alliance, l’Histoire des antiquités de Corbeil, par
Jean de la Barre (bib).
(3) De legato misso in Franc. super trib. articul.
Duchesne, t. V (bib).
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On vit alors commencer un spectacle
digne d’une éternelle pitié. La noble fille de Waldemar,
la sœur de Canut, l’épouse d’un grand roi, repoussée du trône,
ne voulut point quitter la terre hospitalière où son âme
neuve et candide avait cru rencontrer le bonheur (4).
Cette résistance lui devint fatale. Ce fut alors, dit-on, que l’on
vit cette malheureuse Princesse traînée de tourelle en tourelle,
de monastère en monastère, et traitée partout avec
une indigne rigueur. Une sombre tour de l’ancien château d’Étampes
devint aussi la demeure de l’illustre captive; et, s’il faut en croire
nos vieux historiens, ce fut sous ses épaisses voûtes que
s’écoulèrent pour cette [p150]
infortunée les plus dures années
de sa triste prison.
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(4) Labbe, Mélanges curieux, t. II, p. 631.
— Epistol. Innocent. III (bib).
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Cependant, lorsque tout semblait abandonner la jeune princesse danoise,
un vénérable prélat avait pris hautement sa défense:
c’était Étienne, évêque de Tournay, qui ne
cessa de parler généreusement en sa faveur, et de réclamer
pour elle les droits de la justice et de l’humanité. L’histoire
nous a conservé une lettre de ce digne pasteur au cardinal de Champagne,
archevêque de Reims, et l’un des principaux fauteurs du divorce.
Cette lettre, pleine de noblesse, de simplicité, et d’une sensibilité
exquise, se rattache trop naturellement à notre sujet pour que
nous résistions au plaisir d’en traduire ici quelques fragmens:
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«….. Il est dans notre pays une perle précieuse
que les hommes foulent aux pieds, mais que les anges honorent, et qui
est digne du trésor royal, digne d’un palais, digne du ciel. Je
parle de la reine, renfermée à Cisoin comme dans une prison,
accablée de misère, et reléguée en exil. Nous
pleurons sur sa destinée, abandonnant à Dieu la cause de
son sort et la fin de ses malheurs. Qui aurait pourtant le coeur assez
de fer, la poitrine assez de pierre, et les entrailles assez de diamant,
pour n’être pas touché de voir dans une telle adversité
une jeune et illustre princesse, issue de tant de rois, vénérable
dans ses mœurs, modeste dans ses paroles, et pure dans ses actions? Belle
comme la vierge Ambroisienne, elle est plus belle encore par sa foi; jeune
d’années, elle est vieille par sa prudence: je dirai presque qu’elle
est plus mûre que Sara, plus sage que Rebecca, plus gracieuse que
Rachel, plus dévote qu’Anne, plus
[p.151] chaste que Suzanne. Ceux qui
disputent de la beauté des femmes disent qu’elle n’est pas moins
belle qu’Hélène ni moins noble que Polixène. Son
occupation journalière est de lire, de prier ou de se livrer à
un travail des mains. Elle prie Dieu, depuis le matin jusqu’à Sexte,
avec des larmes et des soupirs, moins encore pour elle que pour le roi
son souverain. Elle ne s’assied jamais dans son oratoire; elle y est toujours
debout, ou à genoux, ou prosternée sur la terre. Ah! sans
doute, si notre Assuérus connaissait notre reine telle qu’elle est,
il la trouverait agréable comme Esther, et étendant vers elle
le sceptre de sa bienveillance, le sceptre de sa dilection, le sceptre de
son empire, il la rappellerait dans ses bras.... Oui, sans doute, il lui
dirait: Avancez -vous, et régnez par votre bonne
mine et par votre bonté (5)! ou
ces paroles pleines d’amour de Salomon: Revenez, revenez, afin que nous
ayons le bonheur de vous revoir (6). Revenez à
cause de votre noblesse, revenez à cause de votre beauté,
revenez à cause de votre vertu; revenez, afin que nous puissions
vous revoir, ô vous dont l’élégance et la pureté
de mœurs ont touché notre âme! — Hélas! cette princesse,
illustre rejeton de rois et de martyrs, cette princesse si noble, si sainte,
est contrainte, pour exister, de vendre ou d’engager le peu qui lui reste
de meubles et de vêtemens! Elle demande sa nourriture; elle sollicite
l’aumône; elle tend la main afin de recevoir, [p.152] et
supplie pour qu’on lui donne des secours. Je l’ai vue souvent en pleurs,
et j’ai pleuré avec elle, et mon cœur s’est attendri et s’est pâmé
en la voyant. Je l’ai exhortée de tout mon pouvoir à mettre
son espérance en Dieu. C’est aussi là ce qu’elle ne cesse
de faire. Mais elle me répondait alors: «Mes amis et mes proches se sont éloignés de moi
comme des étrangers (7); mon unique refuge est monseigneur l’archevêque de
Reims, qui m’a libéralement secourue et nourrie depuis le commencement
de mes douleurs.» Oh! Laissez-vous toucher, mon père, par les
soupirs, les gémissemens et les larmes d’une jeune princesse qui a
pour aïeuls et pour bisaïeuls un si grand nombre de rois. Vous
qui faites de si grandes aumônes à tant de pauvres, fermerez-vous
donc les entrailles de votre miséricorde à une reine qui, après
une si grande gloire, est réduite à mendier!…» (Baluze,
Miscellanea, t. I, p. 420.) (bib)
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Plaque mortuaire d’Isembour
(5) Psalm. 44. [Psaume 44 (45), 4]
(6) Cant. 6. [Cantique des Cantiques 7, 1]
(7) Psalm. 37 et 107. [Psaumes 37 (38), 12 et ?? (fausse référence)]
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Cependant Canut, roi de Danemarck, avait appris le cruel traitement qu’on
faisait endurer à la princesse sa sœur. Ému de pitié
et d’indignation, il fait aussitôt reléguer dans une étroite
prison les otages qu’il avait entre les mains; ensuite deux évêques
se rendent par ses ordres auprès du souverain pontife, pour y
porter appel de la sentence rendue contre le mariage du roi de France.
Déjà Ingelburge avait elle-même fait au souverain
pontife le récit de ses malheurs; et le généreux
Étienne de Tournay, son fidèle appui, s’était chargé
de défendre à Rome ses droits outragés. [p.153]
Célestin III occupait alors le trône
pontifical. Vivement blessé de la prompte décision rendue
par l’assemblée des prélats, il confia l’examen de cette
affaire au cardinal Melior, son légat en France, et à Censius,
diacre et notaire du Saint-Siége. Leur première démarche
fut de déclarer au roi que, jusqu’à la future décision
de la cour de Rome, il devait regarder comme nulle la sentence du divorce,
et suspendre tous les effets qui pouvaient en résulter.
Philippe-Auguste accueillit fort mal les
paroles des délégués du pape. Le cardinal Melior
essaya alors de rassembler un concile à Paris. Des difficultés
s’y opposèrent, et il fut contraint de retourner à Rome
sans avoir accompli sa mission. En même temps, on voyait arriver
à la cour pontificale les évêques de Noyon et de Soissons,
envoyés par le roi pour y faire confirmer la sentence du divorce.
Le pape Célestin n’eut garde de condescendre à 1eurs sollicitations;
mais, touché du sort d’une reine si malheureuse, et vivement affligé
de la conduite qu’avaient tenue dans cette affaire le cardinal de Champagne
et les prélats français, il cassa leur inique décision.
Dans une lettre adressée à l’archevêque de Sens, il
se plaignit amèrement d’une mesure qui portait atteinte en même
temps à la foi jurée, à la dignité du mariage,
et aux droits imprescriptibles dont le vicaire du Christ était seul
dépositaire. Il conjurait en suite le prélat de donner tous
ses soins à ce que Philippe ne brisât point, par un second mariage,
le lien qui l’unissait encore à l’Église (8). [p.154]
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Début d’une bulle de Célestin III
(8) Epistol.
Cælest. du 13 mars (avant Pâques 1197). — Bulœus Hist.
Univers. t. II, p. 502 (bib).
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Jusqu’alors en effet, le monarque n’avait pas contracté de nouvelle
union. Ses mauvais traitemens envers la reine Ingelburge, ses menaces contre
les légats, bien que repréhensibles aux yeux du souverain
pontife, n’avaient pu toutefois attirer sur sa tète l’excommunication
et faire planer l’interdit sur le royaume. Pour en venir à ces extrémités,
il fallait que le choix d’une autre épouse eût dissout violemment
le mariage du roi avec la princesse danoise. Or, cette nouvelle alliance
que chacun redoutait, ne tarda point à se former. Agnès
de Méranie, sœur d’Othon, duc de Moravie et marquis d’Istrie, vint
s’asseoir à la place de la fille de Waldemar, sur le trône
de France (1196) (9). Cette princesse était aussi d’une beauté ravissante;
le roi, passionné pour elle, ne la quittait plus un seul instant.
Les jeunes chevaliers, reconnaissant la belle Agnès pour leur souveraine,
se disputaient ses couleurs aux tournois et aux passe-d’armes; et vainqueurs
dans la joute, ils baisaient en rougissant cette main royale qui, leur
distribuant des écharpes et de riches épées, couronnait
noblement leurs intrépides efforts.
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(9) Voy. Rigord.— Guill. Le Breton.— Alberic Triafont. Chron.
(bib)
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Oh! qui redira les larmes et la douleur
de la pauvre Ingelburge, quand du fond de la tour du château d’Étampes,
où captive elle gémissait alors, elle apprit les succès
de sa trop brillante rivale? Que faire dans sa détresse? à
qui recourir dans son exil? L’infortunée, privée de tout appui,
tourna des regards éplorés vers une autorité suprême,
devenue sa seule espérance dans ses malheurs. Elle écrivit
au pape deux lettres successives, que [p.155]
l’histoire a recueillies, comme deux
fidèles échos de ses plaintes et de ses gémissemens.
Je me plais à traduire ici ces documens précieux, témoignage
touchant des sentimens élevés de l’illustre prisonnière.
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I. (1198).
Les anxiétés de ma cruelle
douleur me pressent de m’adresser à vous, et de déposer les
yeux en pleurs, dans votre sein apostolique, les tristes secrets de mon
âme. Voilà déjà trois ans écoulés,
depuis que le roi de France m’a épousée dans un âge
nubile, et m’a rendu, selon l’ordre naturel, le devoir conjugal. Et voilà
qu’un peu après, séduit par les conseils diaboliques de
quelques seigneurs pleins de malice, il vient d’épouser Agnès,
fille du duc de Moravie. Pour moi, il me tient renfermée dans le
fond d’un château, où, ainsi exilée, je gémis
de ne pouvoir élever vers le ciel des yeux supplians. Il n’allègue
d’autre motif pour ces mauvais traitemens et cette séparation,
qu’une petite parenté; mais il a fait de sa volonté un ordre,
de son obstination une loi, et de sa passion une fureur. Je pleure donc,
et je mange tristement le pain de ma douleur, et je mêle mon breuvage
de mes larmes. Ce n’est pas seulement sur moi que je pleure; c’est encore
sur le roi mon époux, qui, par son mépris pour une foi sainte,
donne aux peuples chrétiens et à tous ses sujets un si funeste
exemple. O douleur! il ne craint pas de mépriser les lettres de
votre sainteté; il refuse d’écouter les ordres des cardinaux;
il dédaigne les paroles des prélats; et repousse loin de
lui les avis de [p.156]
tous les gens de bien. Pour moi, que dois-je
dire? que dois-je foire? je l’ignore entièrement: de toutes parts
d’innombrables piéges m’environnent. Ah! si votre miséricorde
ne daigne me secourir, dans peu de temps, oui, je le sens, je succombe à
ma douleur (10).
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(10)
Miscellanearum Baluzii lib. I, t. I, p. 422 (1196)
(bib).— Rigord. Ad ann. 1193 et 1196. (bib) — Rec. des hist. de Fr., t. XIX, p. 320
(bib).
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II.
Au pape Célestin, la reine
de France.
C’est vers le trône des miséricordes
que nous devons recourir dans nos malheurs, afin que la bonté
divine nous regarde du haut du ciel, et exauce les vœux de ceux qui mettent
en elle leur espoir. Ainsi, ô mon très cher père,
lorsque nuit et jour mon cœur est percé par l’aiguillon de la douleur,
vers Dieu d’abord, ensuite vers votre siége apostolique, je ne
cesse d’élever ma voix. Un jour peut-être enfin, le Seigneur
entendra-t- il la prière de son humble servante, et éloignera-t-il
de moi ces flèches ennemies dont les coups meurtriers ont épuisé
mon âme. Peut-être aussi qu’un jour le successeur de Pierre,
jetant sur moi un œil compatissant, versera la rosée de sa bénédiction
sur mon cœur desséché, et apportera-t-il remède consolateur
à celle qui gémit au sein de l’infortune. Quel est en effet,
ô mon père, celui ne compâtit point aux plaintes de
sa fille? Quel est celui qui n’est point affligé de ses douleurs? [p.157] Non certes ce ne
sera point vous! Tombée du faîte de la gloire, abattue et
humiliée, je cherche un consolateur, et je n’en trouve point: je
déplore la ruine de ma grandeur passée; et il n’est personne
qui veuille me la rendre, personne qui veuille me sauver. J’ai honte de
ma misère: mon esprit se tourmente, et mon cœur est dans le trouble.
Une seule chose, ô mon père, me ranime et adoucit les angoisses
de mes douleurs: c’est l’espoir d’un consolateur; et ce consolateur ne
peut être que vous. Quelles que soient mes demandes et mes plaintes,
je ne reçois aucune réponse. Je mets donc tout mon appui
dans votre clémence apostolique; et je vous conjure, ô père
très compatissant, de replacer votre fille dans la mesure de sa
gloire. Abaissez l’orgueil de l’auteur de mes maux, afin que je me réconcilie
avec lui; et cette réconciliation pleine de joie, je répéterai
partout que je la dois à Dieu et votre paternité: car dans
tout jugement, pour l’honneur de Dieu et le salut des hommes, la vérité
toute entière doit briller au grand jour (11).
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Sceau
de Philippe Auguste
(11) Epist. S. Guillelmi, Abbat. S. Thomæ de Paracleto.—
Rec. des hist. de France, t. XIX (bib).
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Il est, pour les cœurs nobles tombés dans le malheur, une source
de consolations à laquelle ils ne manquent guère de puiser,
lorsque les coups du sort, en s’apesantissant sur eux, leur laissent du
moins quelques amis et quelques débris de leur fortune, pour les
répandre sur de fidèles serviteurs. Heureuse encore la reine
Ingelburge, si, [p.158] conservant
dans sa captivité quelques restes de ses trésors, elle avait
pu les distribuer d’une main libérale à ceux que la vue de
ses maux n’avait point séparés de sa cause! Mais qu’avait-elle
à donner dans le triste état où elle était réduite?
Durant son séjour à l’abbaye de Cisoin, la reine de France
avait été vue, vendant ses meubles et ses vêtemens
pour vivre, et demandant l’aumône. Elle tendait la
main, dit son généreux défenseur, l’évêque
de Tournay (12); et cependant, lorsqu’elle ne possédait rien, l’infortunée
trouvait encore le moyen de répandre quelques bienfaits. Elle envoyait
aux églises divers ornernens ouvrés sans doute par ses mains.
Le chapitre de l’église cathédrale d’Amiens, dans l’enceinte
de laquelle cette princesse avait vu pour la première fois sa
tête parée d’une couronne, lui fut redevable, dit-on, d’un
calice et d’une coupe, seuls débris échappés à
la ruine de son ancienne opulence (13). Un personnage
dont l’histoire nous a conservé le nom, Philippe Cené,
avait rendu quelques services à la noble prisonnière. La
princesse reconnaissante, n’ayant point d’argent à lui offrir,
lui donna une masse de métal qui se trouvait alors dans le château
d’Étampes (14). C’est ainsi qu’lngelburge cherchait encore, [p.159] par la bienfaisance,
à charmer les ennuis de sa captivité, et répandait
quelque baume sur ses cuisantes douleurs.
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(12) Anec. des reines et régentes de France,
t. II, p. 430 (bib).
(13) Antiq. de la ville d’Amiens, t. I, p. 194 (bib). — Gall. Christ., 2e édition,
t. X, col. 333 (bib).— Rec. des hist. de Fr.
t. XIX (bib).
(14) Cette masse, qualifiée de poids de la monnaie
d’Orléans, fut revendiquée plus tard par le fisc, qui
la retira des mains des héritiers de Philippe Cené. (Voy.
Registres du parlement intitulés Olim, sous
l’année 1260.— Dulaure, Hist. des environs de Paris, t. VII.
(bib)).
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Cependant un nouveau pontife venait de s’asseoir sur le siége
de Rome: c’était Innocent III, souverain ferme, actif et ami de
la justice, qui prit ouvertement la défense de la malheureuse reine.
Mais sa hauteur et ses menaces n’avaient fait qu’accroître les difficultés,
en irritant le caractère altier du roi. Philippe, aveuglé
par sa passion, partageait toujours son trône avec Agnès de
Méranie. En vain les évêques, se rangeant à
l’avis du pape, rappelaient-ils qu’Agnès n’était point l’épouse
légitime du monarque; les barons et les chevaliers ne pouvaient,
en la voyant, s’empêcher de la reconnaître pour leur belle
suzeraine, et la fleur des dames.
Après de nouvelles menaces, demeurées
sans effet, Innocent III nomma un légat à latere, chargé
de l’exécution de ses bulles (15). Pierre de Capoue,
cardinal, arrive donc en France, et se présente auprès du
roi, qui l’accueille avec respect (1198). Mais lorsqu’il lui parle de se
séparer d’Agnès, le monarque, regardant cette séparation
comme impossible, rejette toute conférence. Le légat informe
aussitôt de son obstination le souverain pontife, et reçoit
cette réponse: «Faites réunir les évêques
et les abbés, et que l’interdit soit au plus tôt jeté
sur le royaume.» Le légat, docile à ces ordres, convoqua
alors une sorte de concile à Dijon. Les archevêques de Lyon,
de Reims, de Besançon, de Vienne, dix-huit évêques, etc., [p.160] s’y trouvèrent
rassemblés. Et ce fut là qu’en présence du peuple,
réuni dans l’église de Saint-Bénigne, le légat,
revêtu d’une étole violette, élevant la voix, annonça
à la multitude que tous les domaines du roi de France étaient
mis en interdit. De profonds gérnissemens se firent soudain entendre,
et des larmes coulèrent des yeux de tous les assistans (16).
Alors on vit se renouveler en plusieurs provinces du royaume le spectacle
de pitié et de douleur qui déjà, deux siècles
auparavant, au temps du roi Robert, avait affligé la France. La
ville d’Étampes, comprise dans les domaines du roi, ne dut point
échapper elle-même à ces terribles effets de l’interdit.
Pour apprécier dignement la terreur et l’effroi qu’apportaient
alors parmi les peuples ces mesures violentes, il faudrait se transporter
à ces temps du moyen âge où les pratiques de la foi
chrétienne, chères aux multitudes, vivifiaient d’un souffle
bienfaisant chacune de leurs actions. Qu’on se représente donc
ces peuples, privés des cérémonies religieuses qu’ils
entouraient de respect et de [p.161]
vénération. Dans chacune
des contrées sur lesquelles planait l’interdit, toutes les pompes
de la religion étaient suspendues. Les images du Seigneur, de la
Vierge, des apôtres, mystérieusement voilées d’une
bure noire, ne frappaient plus les regards des fidèles, sous le portail
ou sur les murs extérieurs des églises gothiques. Les grandes
portes du temple étaient fermées; et la cloche n’annonçait
plus le soir la fin des travaux du jour et l’heure de la prière.
Elle ne faisait plus entendre aussi la voix de l’agonie autour de la demeure
des mourans. Les jeunes amans demandaient en vain la bénédiction
nuptiale. Un seul prêtre sans aucune pompe ondoyait l’enfant nouveau
né; et les corps des fidèles gisant sur le sol, ne venaient
point reposer dans la terre bénite avec ceux de leurs aïeux.
Mais c’était surtout au retour des grands jours de fête, que
la privation des cérémonies saintes était plus pénible
encore aux peuples des villes et des campagnes. En vain les yeux cherchaient-ils
alors, aux jours de Noël, de Pâques ou des Rameaux, la crêche
héréditaire, ou les branches d’olivier portées dans
les rues, au milieu des chants de l’hosanna. Un voile de deuil planait sur
l’Église, et dans les cœurs vides d’émotions religieuses,
la tristesse et l’effroi avaient établi désormais leur ténébreux
empire.
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Bulle et Rota d’Innocent III
(15) Epistol. Innocent., 171
(16) De legato miss. in Franc., t. V, p. 754, Duchesne
(bib).— Ce concile de Dijon commença le
6 décembre 1199, et dura sept jours. On doit remarquer toutefois
que l’auteur de 1’Art de vérifier les dates, dans la chronologie
des conciles, place cette mise en interdit du royaume au concile de Vienne
en Dauphiné, tenu au mois de janvier 1200, et qui ne fut du reste
qu’une continuation de celui de Dijon. «Le légat, dit-il,
étant sur les terres de l’empire, déploya son autorité
contre le roi de France. Alors, en présence de plusieurs évêques,
…. il publia l’interdit sur tontes les terres de l’obéissance
du roi….» (Art de vérifier les dates, t. I, p. 217.), 345, 346, liv. Ier (bib).
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A la nouvelle de l’interdit lancé sur le royaume, le roi entra
dans une grande colère. Le clergé de France devint surtout
la victime de sa fureur. «Tant fu li Rois corrociéz de
ceste chose, disent les Chroniques de Saint-Denis, que il bouta hors de
leur siége toz les prélaz de son roiaume, pour ce que ils
s’estoient consenti à l’interdit: à leurs chanoines et à
leurs clers tollit toz [p.162] leurs
biens, et commanda que ils fussent tuit chacié de la terre; et
que toutes les rentes et li fié que ils tenoient de lui fussent
sési; les prestres meismes qui manoient aus paroisses fist il ausi
bouter hors, et les fit despoilier de toz leurs biens; et plus en comble
de tout mal, il enclost au chastel d’Estampes la reine Ingebore s’espouse,
sainte dame et religieuse, et aornée de toutes bones mors (17).»
Après de vives supplications adressées à la cour
de Rome, Philippe voyant toute ses démarches inutiles, convoqua
à Paris un parlement composé des barons et des principaux
prélats du royaume. On rapporte que la reine Agnès de Méranie
y parut, revêtue d’habits de deuil, et les yeux humides de larmes.
«Semblable à la veuve d’Hector, dit Guillaume le Breton, elle
eût attendri tout le camp des [p.163] Grecs.» Mais les membres de l’assemblée,
graves et sévères ne furent point touchés à
la vue de ses pleurs aucun chevalier ne se leva pour elle. L’aspect des
funestes effets de l’interdit avait glacé tous les cœurs: les grands
de l’état décidèrent donc que Philippe, accomplissant
la volonté du souverain pontife, romprait ses liens avec Agnès
de Méranie, et ferait asseoir de nouveau Ingelburge sur le trône.
Cependant le cardinal Octavien, légat du saint Siége, arrive
en France et convoque de sa propre autorité un concile à
Néelle en Vermandois (septembre l 200). L’auguste prisonnière
fut tirée alors du château d’Étampes, et mandée
1evant l’assemblée. Elle fut accueillie honorablement, et prit
place à côté du roi. C’est là que le monarque,
outré de dépit et dans l’impuissance de résister plus
long-temps, promit d’accomplir enfin ce qu’on exigeait de lui. Tout à
coup, les cloches se firent entendre, les voiles de deuil qui couvraient
les sanctuaires furent enlevés, et aux acclamations de tout le
peuple, l’interdit cessa de planer sur la France (18).
On vit peu de temps après la belle Agnès de Méranie
préparer à la hâte son départ; elle s’éloigna
de la cour et chercha un lieu de refuge pour y cacher ses chagrins et
ses pleurs. Mais le souvenir de sa grandeur passée la poursuivait
partout; elle ne survécut que deux mois à sa douleur, et
mourut au château de Poissy, en mettant au [p.164] monde un
fils, vivante image de son père, auquel elle donna le nom de Tristan,
en mémoire des tristes événemens qui avaient environné
sa naissance.
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(17) Chroniques de Saint-Denis, Rec. des hist. de
Fr., t. XVII, p. 387 (bib).
Quelques
historiens, comme on le voit ici, semblent ne placer qu’à cette
époque seulement le commencement de la captivité d’Ingelburge
au château d’Etampes: mais d’autres écrivains lui ayant assigné
une époque antérieure, il nous a été permis
d’adopter cette dernière opinion. Peut-être serait-il possible
de faire concorder en quelque sorte les divergences sur ce point, en disant
que le roi, irrité à la vue de l’interdit, et portant les
coups de sa vengeance sur la reine elle-même, fit resserrer alors
les liens qui la retenaient prisonnière dans le castel d’Etampes.
L’histoire des malheurs de cette princesse est du reste, on doit l’avouer,
mêlée de beaucoup d’obscurités, relatives surtout aux
dates précises, aux divers lieux, et au mode de sa captivité.
Si nous n’avons point essayé de les dissiper entièrement,
nous nous sommes efforcés du moins de ne commettre aucune erreur
essentielle, en ne rapportant que les faits les mieux connus, puisés
aux sources les plus pures et les plus originales.
(18) La levée de cet interdit fut proclamée,
suivant tous les anciens auteurs, le 7 septembre 1200, c’est-à-dire
après huit mois environ de durée.
|
Cependant, lorsque la mort de cette princesse, simplifiant la question
du divorce, semblait devoir replacer sans difficulté sur le trône
la noble fille de Waldemar, cette reine infortunée n’était
point arrivée encore au terme de ses douleurs. Le roi, malgré
ses promesses, n’en poursuivait pas moins la dissolution de son mariage
avec Ingelburge. Un nouveau concile fut alors convoqué à
Soissons (mars, avril 1201). La reine s’y rendit parée de ses
plus beaux atours, et choisit pour sa demeure l’abbaye de Notre-Dame de
cette ville. Elle y donna l’exemple des plus touchantes vertus, et «les
religieux, dit un vieil historien, s’empressèrent de la festoyer,
comme cela convenoit pour une royne de France (19).»
|
(19) D. Germain, Hist. de l’abb. de N.-D. de Soissons
(bib).
|
Au milieu de cette grave assemblée, on voyait parfois régner
un morne silence. Tous les membres redoutaient la colère du roi,
et personne n’osait prendre ouvertement le parti de la reine: quand soudain,
au rapport des chroniques, un jeune et pauvre clerc, ému pour
elle de pitié, se lève du sein de la foule, et demande
au roi et aux cardinaux la permission de parler pour sa défense.
Il plaide alors avec tant de lucidité et de chaleur la cause de
son auguste souveraine, que tous les assistans demeurent ravis d’admiration.
D’où venait-il, cet inconnu? quel était son nom? on l’ignore,
dit-on: personne ne l’avait vu se glisser dans les [p.165] rangs de l’assemblée;
il avait surgi subitement du milieu de la foule. Puis, sa mission étant
remplie, il avait disparu aussitôt, sans laisser d’autres traces de
son passage dans la cité, que le souvenir de sa noble éloquence
et de son dévouement généreux (20).
Mais voilà qu’au milieu des opérations
du concile, un bruit étrange venu du dehors circule de toutes
parts. On apprend que Philippe vient d’arriver à cheval, qu’il
a mis la reine en croupe derrière lui, et a quitté la ville
avec elle, en déclarant son dessein de lui rendre sa place sur le
trône. Cet événement inattendu fait dissoudre à
l’instant même l’assemblée.
|
(20) «….Regina verò sola, nullum præter
Deum advocatum venit. Cùmque in tantâ multitudine nullus
esset qui pro eâ, metu Regis, litigaret, quidam ignotus pauper clericus,
surgens è medio, cum licentiâ Regis et cardinalium, causam
Reginæ ità literatissimè dilucidavit, ut ipsi Regi
et cardinalibus omnibusque episcopis fieret admirationi: qui post nec anteà,
in eâdem civitate à nullo dictus visus fuisse.»
(Rec.
des hist. de Fr., t. XIX, p. 316; t. XVIII, p. 553.)
(bib)
|
Cependant, à peine s’est-elle dispersée, que le roi, ne
pouvant de nouveau vaincre ses répugnances pour la reine, l’éloigne
encore de sa cour. Alors, il est vrai, modérant les rigueurs de
son exil, il pourvut abondamment à tous les frais de son entretien,
lui donna quelques officiers pour la servir, et s’efforça de plus
d’une manière d’adoucir ses ennuis. Mais que lui importaient les
largesses du monarque! Privée de ses droits et d’épouse et
de reine, Ingelburge, confinée dans l’enceinte du palais d’Étampes,
n’en vit pas moins commencer pour elle une ère nouvelle de captivité.
On dit qu’en effet, jusque vers l’an 1213, elle ne cessa de [p.166] traîner
en ces lieux des jours tristes et languissans, loin du monarque qu’elle
avait aimé, et loin d’un trône que sa beauté et ses
vertus auraient su embellir du plus brillant éclat (21).
Les chroniques rapportent qu’à cette époque seulement, le
roi lui rendant tous ses droits si long-temps méconnus, se réunit
enfin à elle, pour ne s’en séparer qu’au terme de sa vie
Mais cette justice tardive n’a pu laver entièrement Philippe-Auguste
de la tache que ce divorce a imprimée à sa mémoire.
La postérité l’apercoit empreinte sur son front: et les souffrances
et les malheurs d’Ingelburge, jetant comme un voile de deuil sur la tête
de ce grand monarque, feront toujours quelque peu pâlir l’auréole
de gloire dont sa patrie l’a justement couronné pour prix de ses
vaillans exploits (22). |
(21)
Alberic. Chronic. Turonens. — Ex Chronologiâ
Roberti Autissiod.— Rec. des hist. de Fr.
(bib)
(22) Voir la note X à la fin du volume [et ci-dessous dans cette édition numérique].
|
A quelques lieues de Paris, dans une île enchantée, fermée
par les deux bras de la rivière d’Essonne, qui se sépare
ainsi avant de se perdre dans la Seine, à Corbeil, l’œil du voyageur
découvre quelques débris d’un petit château et une
charmante petite église gothique qui faisaient jadis l’ornement de
ces bords. C’est là, dit l’histoire, que la reine Ingelburge, après
la mort de son époux, vint couler paisiblement les dernières
années d’une vie troublée par tant d’orages (1222). Elle s’était
créé elle-même cette douce retraite, et à sa
mort, ces lieux qu’elle avait aimés, reçurent son tombeau. [p.167]
Le palais et l’église d’Ingelburge devinrent plus tard la propriété
des chevaliers de Malte, qui en firent le siége de leur grande
commanderie. Durant plusieurs siècles ils déposèrent
les restes des commandeurs* de leur ordre dans
l’enceinte de ce temple aujourd’hui désert, et où seulement
quelques pierres tumulaires chargées d’inscriptions se laissent
encore apercevoir.
Ce pieux
et élégant édifice a été restauré
de nos jours; et toutes les craintes qu’on avait pu concevoir sur sa
prochaine destruction ont heureusement disparu. Ainsi du moins, sur le
sol de notre France, sont restés debout quelques souvenirs d’une
illustre reine, célèbre par sa beauté, ses vertus
et surtout par ses longs malheurs. Deux monumens antiques rappellent donc
encore sa mémoire. L’un, sur les rives de l’Essonne, est la jolie
église de Saint-Jean en l’Isle qui hérita de son tombeau;
l’autre, dominant la vallée où serpente la Juine, est cette
vieille tour du château d’Étampes qui fut jadis comme une
autre tombe où demeura, long-temps ensevelie dans l’ombre et la
douleur une auguste princesse, file, sœur et épouse de roi (23).
|
Commanderie de Saint-Jean-en-l’Île à Corbeil
*
Le texte porte: grands maîtres, mais
fait l’objet d’un correctif en début de volume. (B.G.)
(23) Voir la note X à la fin du volume [et ci-dessous dans cette édition numérique].
|
|
|
NOTE X.
Sur la reine
lngelburge.
(Chap. XI, p. 166, 167.)
L’histoire des malheurs de la reine Ingelburge
est l’un de ces faits trop peu connus de notre histoire nationale, qui,
sous la plume d’un écrivain habile, pourraient fournir le sujet
d’un drame touchant ou d’un poème rempli du plus tendre intérêt.
Mais s’il est à désirer que le poète s’empare de
ce triste épisode pour l’embellir et le parer de fleurs, il l’est
aussi, qu’un savant consciencieux, par des recherches approfondies, s’efforce
d’éclaircir entièrement un point d’histoire sur lequel les
auteurs français ont donné peu de détails et qui
présente quelques obscurités.
On a vu que la reine Ingelburge, après
la mort de son époux, était venue passer les années
de son veuvage dans l’île Saint-Jean, près Corbeil, aux rives
de l’Essonne, au [p.218] sein
d’une douce et paisible retraite qu’elle avait fait bâtir. Le roi
par son testament lui avait accordé une somme de dix mille livres
parisis (septembre 1222). S’il ne fit point un don plus considérable
à une épouse qu’il reconnaissait avoir bien mérité
de son amour, ce fut uniquement, comme il l’avoue lui-même, afin de
pouvoir mieux s’amender, et restituer plus facilement les biens dont il
jouissait par une injuste acquisition (24).
Après douze années environ
écoulées dans cette charmante solitude, Ingelburge y rendit
le dernier soupir, et son corps fut enseveli dans l’église qu’elle
avait fondée (1236). Il y reposa long-temps sous un tombeau couvert
d’une lame de cuivre, où son image était gravée,
et sur laquelle on lisait l’épitaphe suivante en vers latins:
|
Denier
de Philippe Auguste (BNF)
(24)
…..Item donamus benè meritæ uxoris nostræ Isemburgi
Reginæ Francorum, decem millia lib. paris. quamvis ampliora eidem
Reginæ possimus donare: sed ità nos taxavimus, ut ea quæ
injustè recepimus, possemus pleniùs emendare. (Testam.
Phil.-Aug.)
|
Hic jacet Isburgis Regum generosa
propago:
Regia, quod Regis fuit
uxor, signat imago.
Flore nitens morum vixit,
patre Rege Danorum,
Inclyta Francorum Regis adepta thorum.
Nobilis hæc erat
in Orbis, quod sanguine claro,
Invenies raro, mens pia, casta caro.
Annus millenus aderat,
deciesque vicenus,
Ter duo terque deceni cum subit ipsa necem (25).
(Anno 1236.) [p.219]
|
(25) Apud Chesnium, t. V Rer. franc., p. 261 (bib). — Epist. S. Guilelmi, Rec. des hist.
de Fr., t. XIX (bib).
|
Celui qui écrit ces ligues, visitait, l’automne dernière,
l’île délicieuse de Saint-Jean, près Corbeil, y cherchait
vivement des yeux tout les traces du séjour d’une princesse que
sa beauté, ses vertus et ses malheurs ont rendue justement célèbre.
Il aperçut des ouvriers occupés à déblayer
les derniers débris du palais qu’elle avait fait construire. Mais
tout à côté, il vit la charmante église, ouvrage
de ses mains, debout encore, et il applaudit avec joie à la conservation
de cc précieux monument. C’est en vain toutefois que l’étranger,
amené sur ces rives par la curiosité ou l’attrait des vieux
souvenirs, cherche la pierre sculptée qui couvrait le tombeau
de l’épouse d’un grand roi. Elle a disparu: on montre seulement
à ses regards avides une autre pierre en marbre noir, encadrée
clans l’une des cloisons d’un petit bâtiment voisin, et sur laquelle
il peut lire l’inscription suivante:
Hic jacet Regina lsburgis
Dacorum
Regis filia, uxor
Philippi-Augusti
Francorum
Regis, hujus
Prioratùs
Sancti Joannis
in Insulâ,
ordinis Sancti
Joannis
Hierosolimitani,
Fundatrix
pia et munifica;
Obiit
anno 1236, mense Julio.
Marmoreum
hoc saxum
In gratitudinis
monimentum
Poni curaverunt
prior et [p.220]
Religios
cum altare vetustate
Dirutum,
novum construxerunt.
(Anno 1736.)
J’ai vu aussi
cette simple pierre, consacrée il a un siècle par des mains
reconnaissantes à la mémoire d’Ingelburge. D’autres regretteront
sans doute qu’un monument plus fastueux n’ait point été
élevé sur ces bords, pour y perpétuer le souvenir
d’une illustre reine de France. Pour moi, je n’ai pu voir sans attendrissement
cet humble témoignage de la gratitude des hôtes du prieuré
de Saint-Jean en l’Isle. Bien que pauvre et isolée, cette pierre
cependant doit paraître précieuse. Mieux que de riches emblèmes,
ne rappelle-t-elle pas dignement la mémoire d’une princesse qui
long-temps, pauvre elle-même et délaissée, vint couler
dans la retraite les derniers jours d’une carrière dont beaucoup
de larmes et quelques courtes joies s’étaient partagé en inégales
parts la touchante destinée?
|
Plaque mortuaire de 1236
|
Son mariage avec Philippe-Auguste.— Elle est repoussée du trône.— Douleurs de son exil.— Sa captivité
au château d’Etampes. — Lettres de cette
reine infortunée. — Note X. sur la
reine Ingelburge.
|
|
|
BIBLIOGRAPHIE
On donne ici avec un certain détail
la bibliographie sous-jacente du travail de Maxime de Montrond, qui, comme
on le voit, travaille autant qu’il peut à partir des sources de première
main éditées de son temps, ce qui n’est pas toujours le cas
des ouvrages récents. En fait, il n’est pas possible d’écrire
quoi que ce soit au sujet de cette princesse sans avoir accès aux
documents du temps, qui sont presque tous en latin, et n’ont été
que très rarement traduits (B.G., 2012).
Éditions
Clément-Melchior-Justin-Maxime FOURCHEUX DE MONTROND (dit Maxime
de MONTROND ou de MONT-ROND), «Chapitre onzième.
Histoire de la reine Ingelburge» & «Note
X. Sur la reine Ingelburge», Essais historiques
sur la ville d’Étampes (Seine-et-Oise), avec des notes et des
pièces justificatives, par Maxime de Mont-Rond [2 tomes reliés
en 1 vol. in-8°; planches; tome 2 «avec des notes... et une
statistique historique des villes, bourgs et châteaux de l’arrondissement»],
Étampes, Fortin, 1836-1837, tome 1 (1836), pp. 147-167 & 217-220.
Réédition numérique
illustrée en mode texte:
François BESSE, Bernard MÉTIVIER & Bernard GINESTE [éd.],
«Maxime de Montrond: Essais historiques
sur la ville d’Étampes (1836-1837)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/index-montrond.html,
2012.
Réédition
numérique de ce chapitre: Bernard GINESTE [éd.], «Maxime
de Montrond: Histoire de la reine Ingelburge (1836)»
[édition numérique illustrée en mode texte], in
Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-19-montrond1836chapitre11.html,
2012.
Sources
alléguées par Montrond
Adrian de LA MORLIÈRE,
Antiquités et choses plus remarquables de la ville d’Amiens,
succinctement traitées par M. Adrian de La Morlière [in-8°],
Amiens, J. Hubault, 1621.
2e édition: ID., Antiquités
et choses plus remarquables de la ville d’Amiens, poétiquement traitées
par M. Adrian de La Morlière [in-8°; en 3 tomes en 1 volume],
Amiens, J. Hubault, 1622. Réimpression: Amiens & Paris, Langelier,
1624.
3e édition: Les Antiquités,
histoires et choses plus remarquables de la ville d’Amiens. Troisième
édition, par M. Adrian de La Morlière [in-f°], Paris,
Moreau, 1627. Réimpression: Paris, S. Cramoisy, 1642.
Tome I (de quelle édition?), p. 194:
offrande d’Ingeburge à la cathédrale d’Amiens.
Jean de LA BARRE
(prévôt de Corbeil), Les Antiquitez de la ville, comté
et chatelenie de Corbeil, de la recherche de Me Jean de La Barre [in-4°;
280 p.; pièces liminaires; table], Paris, N. et J. de La Coste,
1647.
Andreas DU CHESNE [alias André DUCHESNE,
DUCHÊNE, CHESNIUS, DUCHESNIUS, QUERNEUS, QUERCETANUS; surnommé
le Père de l’Histoire française] [éd.] (1584-1640)
& Fransciscus DU CHESNE [François, son fils & continuateur]
(1616-1693) [Duchesne envisageait un recueil de 34 volumes mais la mort
l’arrêta avant que ne parût le 3e; son fils alla jusqu’au tome
5; l’ensemble fut ensuite entièrement recommencé par Dom Bouquet
et les Mauristes], Historiae Francorum scriptores coaetanei...
quorum plurimi nunc primum ex variis codicibus mss. in lucem prodeunt, alii
verò auctiores et emendatiores; cum epistolis regum, reginarum, pontificum,
ducum, comitum, abbatum et aliis veteribus rerum Francicarum monumentis
opera ac studio Andreae Du Chesne [tom. I-II; «Auteurs de l’Histoire
des Francs contemporains des faits… dont la plupart sont édités
pour la première fois à partir de divers ouvrages manuscrits,
tandis que les autres le sont plus au long et plus correctement; avec
les lettres des rois, des reines, des évêques, des ducs,
des comtes, des abbés et les autres anciens monuments des affaires
de la France, par les soins et le travail d’André Duchesne»]
— Historiae, etc., opera ac studio filii post patrem Francisci Du Chesne
[tom. III-V] [5 vol. in-f°; «Auteurs, etc., par les soins et
le travail du fils d’André Duchesne, François, après
la mort de son père»], Lutetiae Parisiorum (Paris), sumptibus
S. Cramoisy (Sébastien Cramoisy), 1636-1649, tome V (1649).
Philippe LABBÉ
(1607-1667), Éloges historiques des rois de France, depuis Pharamond
jusques au roi très-chrétien Louis XIV, avec l’histoire
très-exacte des chanceliers, gardes des sceaux, anciens notaires
et secrétaires, et le mélange curieux de plusieurs pièces
rares et anciennes, pour servir à l’histoire ecclésiastique
et civile par le R.P. Philip. Labbe [in-4°; tirage à part
du tome II de l’Abrégé royal de l’alliance chronologique
de l’histoire sacrée et profane, par le même], Paris,
G. Meturas, 1651.
Cæsar Egassius
BULÆUS (César-Égasse du BOULAY), Historia Universitatis
Parisiensis [6 vol. (1665-1673)], tomus II, ab an. 1110 ad ann.
1200, Parisiis (Paris), F. Noel, MDCLXV (1665).
Dont une réédition numérique
en mode image par la BnF sur son site Gallica, http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k947628/f509.image,
2001, en ligne en 2012, p. 502.
François-Michel
GERMAIN (1645-1694, bénédictin de la Congrégation de
Saint-Maur (depuis 1663), collaborateur de Jean Mabillon), Histoire de
l’abbaye royale de Notre-Dame de Soissons de l’ordre de Saint-Benoît,
divisée en quatre livres, avec les preuves et plusieurs titres tirez
des archives de cette abbaye, composée par un religieux Bénédictin
de la congrégation de Saint-Maur [in-4°; XXII+504 p. &
table (1 exemplaire conservé à la BNF contient 2 lettres
autographes d’Armande de Lorraine d’Harcourt, abbesse de N.-D. de Soissons,
adressées à Le Laboureur, et un projet de réponse
manuscrit de ce dernier)], Paris, J.-B. Coignard, 1675.
Guillaume MARLOT (bénédiction,
grand-prieur de l’abbaye de Saint-Nicaise de Reims, 1596-1667) [éd.
et continuateur], FLODOARD de Reims (v.894-966) [premier auteur], Metropolis
Remensis historia, a Frodoardo primum arctius digesta, nunc demum aliunde
accersitis plurimum aucta, et illustrata, et ad nostrum hoc sæculum
fideliter deducta. Tomus I. In quo Remorum gentis origo... referuntur. Studio,
& labore Dom. Guilelmi Marlot doctoris theologi, S. Nicasii Remensis
M. prioris, & Fiviensis cellæ prope Insulas administratoris
[in-f°; XIV+668+XVI p.; épître dédicatoire à
Nicolas Colbert; table des chapitres; index à la fin], Insulis (Lille),
ex officinâ Nicolai de Rache (Nicolas de Rache), MDCLXVI (1676).
Deuxième tome [in-f°], Remis (Reims),
ex officinâ Protasii Lelorain typographi (Protais Lelorain), MDCLXXIX
(1679).
Jean LACOURT (chanoine de Notre-Dame de Reims)
[traducteur et annotateur], Guillaume MARLOT [premier auteur], Histoire
de la ville, cité et université de Reims, métropolitaine
de la Gaule Belgique, divisée en douze livres, contenant l’estat
ecclésiastique et civil du païs, par le R. P. dom Guillaume Marlot
[28 cm; 4 vol.; contient, en annexe de chaque volumes, de nombreux documents
en latin et moyen français; notes bibliographiques; index général
à la fin du t. 4], Reims, L. Jacquet & Brissart-Binet, 1843-1846.
STEPHANUS BALUZIUS (Étienne
BALUZE, 1630-1718) & RAINERIUS (RAYNIER, diacre à Pomposa)
[éd.], Epistolarum Innocentii III, romani pontificis, libri undecim
accedunt gesta ejusdem Innocenti et prima collectio decretalium composita
a Rainerio diacono et monacho Pomposiano. Stephanus Baluzius Tutelensis
in unum collegit, magnam partem nunc primum edidit, reliqua emendavit [2
volumes in-f°], Parisiis (Paris), apud F. Muguet, 1682.
Maurice-François
DANTINE (1688-1746), Ursin DURAND (1682-1771) & Charles CLÉMENCET
(1703-1778), L’Art de vérifier les dates des faits historiques,
des chartes, des chroniques et autres anciens monumens depuis la naissance
de Notre-Seigneur, par des religieux bénédictins de la congrégation
de S. Maur [in-4°; 7 parties en 1 volume], Paris, G. Desprez, 1750.
François CLÉMENT (1713-1793),
[éd.], L’Art de vérifier les dates des faits historiques,
des chartes, des chroniques et autres anciens monumens, depuis la naissance
de N.-S. 3e édition, par un religieux bénédictin de
la congrégation de S. Maur [in-f°; 3 volumes], Paris, A.
Jombert jeune, 1783-1787.
De SAINT-ALLAIS [éd.], L’Art de vérifier
les dates..., depuis la naissance de Notre-Seigneur... par un Religieux
de la congrégation de Saint-Maur, réimprimé... et continué...
par M. de Saint-Allais [in-80; 19 volumes; table], Paris, 10 rue de
la Vrillière, 1818-1830.
De SAINT-ALLAIS [éd.], L’Art de vérifier
les dates... avant l’ère chrétienne... mis en ordre par M.
de Saint-Allais [in-f°], Paris, 1820.
David Baillie WARDEN [éd.], L’Art
de vérifier les dates. 4e partie. Chronologie historique de l’Amérique,
par M. D. B. Warden [in-8°; 10 volumes & 1 volume de tables;
L’Art de vérifier les dates depuis l’année 1770 jusqu’à
nos jours formant la continuation ou 3e partie de l’ouvrage publié
sous ce nom par les religieux bénédictins de la congrégation
de Saint-Maur. T. IX-XVIII. Le volume de table est relatif aux vol.
9 à 12 de cette 3e partie], Paris, A. Dupont & Roret & A.-J.
Dénain, 1826-1844.
Tome I, p. 217 (de quelle édition?):
établit que l’interdit a été proclamé en janvier
1200 à Vienne en Dauphiné pour l’Interdit, et non à
Dijon.
MONACHI CONGREGATIONIS SANCTI-MAURI (Moines
de la congrégation de Saint-Maur, de l’ordre de saint Benoît),
Gallia Christiana in provincias ecclesiasticas distributa, in qua
series et historia archiepiscoprum, episcoporum et abbatum regionum omnium
quas vetus Gallia complectebatur, ab origine Ecclesiarum ad nostra tempora
deducitur, & probatur ex authenticis instrumentis ad calcem appositis,
operâ & studio monachorum congregationis s. Mauri ordinis s. Benedicti.
Tomus decimus, de provincia Remensi, ejusque suffrageneis Ambianensis, Silvanectensis
& Boloniensi ecclesiis, ubi instrumenta omnium ad calcem colliguntur
[VIII+519+LXIII; partie centrale non paginée, les références
étant données par années], Parisiis (Paris), ex typographia
regia (imprimerie royale), MDCCLI (1751).
Dont une réimpression [35 cm]:
Farnborough (Royaume-Uni), Gregg, 1970.
Dont une mise en ligne par Google sur son site
Google Books, http://books.google.fr/books?id=BK0Uqas_HU8C&hl=fr&pg=PR1#v=onepage&q&f=false,
en ligne en 2012.
Jean-François DREUX DU RADIER (homme
de loi et érudit, 1714-1780), Mémoires historiques, critiques
et anecdotes des reines et régentes de France [in-12; 4
volumes; les titres de départ et titres courants portent: Anecdotes
des reines et régentes de France], Amsterdam, Neaulme, 1764.
Jean-François DREUX DU RADIER,
Mémoires... Nouvelle édition revue et augmentée
[in-8° ou in-12; 6 volumes], Amsterdam, M. Rey, 1776.
Jean-François DREUX DU RADIER,
Mémoires historiques, critiques et anecdotes des reines
et régentes de France, par Dreux du Radier. Réimprimé
pour M. de Sourdon [in-8°; 6 volumes], Paris, Mame frères,
1808.
Michel-Jean-Joseph BRIAL
(ancien bénédictin de l’ordre de Saint-Maur, 1743-1828) [éd.],
Rerum Gallicarum et Francicarum Scriptores. Tomus decimus septimus
– Recueil des Historiens des Gaules et de la France. Tome dix-septième,
contenant la première livraison des monumens des règnes
de Philippe Auguste et de Louis VIII, depuis l’an MCLXXX jusqu’en MCCXXVI,
par Michel-Jean-Joseph Brial, ancien religieux de l’ordre de Saint-Maur,
Membre de l’Institut de France [in-8°; CXXXIV+750 p.; sommaire:
p. CXXIV-XXXIV], Paris, Imprimerie Impériale, 1818. Dont une
réédition: Léopold DELISLE (membre de l’Institut, 1826-1910)
[éd.], Recueil des historiens des Gaules et de la France. Tome
dix-septième. Nouvelle édition publiée sous la direction
de M. Léopold Delisle [mêmes texte & pagination], Paris,
Victor Palmé, 1878. Dont une réédition en microfiches:
Doetinchem, Microlibrary Slangenburg Abbey. Dont une réédition
numérique en mode image par la BNF sur son site Gallica, http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k50135x,
1995 (en ligne en 2005).
Michel-Jean-Joseph BRIAL
(ancien bénédictin de l’ordre de Saint-Maur, 1743-1828) [éd.],
Rerum Gallicarum et Francicarum Scriptores. Tomus decimus octavus
– Recueil des Historiens des Gaules et de la France. Tome dix-huitième,
contenant la deuxième livraison des monumens des règnes
de Philippe Auguste et de Louis VIII, depuis l’an MCLXXX jusqu’en MCCXXVI,
par Michel-Jean-Joseph Brial, ancien religieux de l’ordre de Saint-Maur,
Membre de l’Institut de France [in-8°; CXXXIV+750 p.; sommaire:
p. CXXIV-XXXIV], Paris, Imprimerie Impériale, 1822. Dont une
réédition: Léopold DELISLE (membre de l’Institut, 1826-1910)
[éd.], Recueil des historiens des Gaules et de la France. Tome
dix-huitième. Nouvelle édition publiée sous la direction
de M. Léopold Delisle [mêmes texte & pagination], Paris,
Victor Palmé, 1878. Dont une réédition en microfiches:
Doetinchem, Microlibrary Slangenburg Abbey. Dont une réédition
numérique en mode image par la BNF sur son site Gallica, http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k501368,
1995 (en ligne en 2005).
Michel-Jean-Joseph BRIAL
(ancien bénédictin de l’ordre de Saint-Maur, 1743-1828) [éd.],
Rerum Gallicarum et Francicarum Scriptores. Tomus decimus nonus
– Recueil des Historiens des Gaules et de la France. Tome dix-neuvième,
contenant la troisième et dernière des monumens des règnes
de Philippe Auguste et de Louis VIII, depuis l’an MCLXXX jusqu’en MCCXXVI,
par Michel-Jean-Joseph Brial, ancien religieux de l’ordre de Saint-Maur,
Membre de l’Institut de France [in-8°; CXI+838 p.; sommaire: p.
C-CI], Paris, Imprimerie Impériale, 1828. Dont une réédition:
Léopold DELISLE (membre de l’Institut, 1826-1910) [éd.],
Recueil des historiens des Gaules et de la France. Tome dix-neuvième.
Nouvelle édition publiée sous la direction de M. Léopold
Delisle [mêmes texte & pagination], Paris, Victor Palmé,
1880. Dont une réédition en microfiches: Doetinchem, Microlibrary
Slangenburg Abbey. Dont une réédition numérique en
mode image par la BNF sur son site Gallica, http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k50137m,
1995 (en ligne en 2005).
Jacques-Antoine DULAURE
[dir.], Joseph GUADET, Eusèbe GIRAULT DE SAINT-FARGEAU, etc. [auteurs],
Christophe CIVETON [illustrateur], Histoire physique, civile et morale
des environs de Paris, depuis les premiers temps historiques jusqu’à
nos jours, contenant l’histoire et la description du pays et de tous les
lieux remarquables compris dans un rayon de 25 à 30 lieues autour
de la capitale, enrichie d’une belle carte des environs de Paris et de beaucoup
de gravures... [7 vol. in-8° (t. 1: IV+466 p., 13 pl.; t. 2: IV+473 p.,
11 pl.; t. 3: IV+539 p., 18 pl.; t. 4: IV+444 p., 15 p.; t. 5: IV+470 p.,
10 pl.; t. 5: IV+475 p., 10 pl.; t. 6: IV+617 p., 5 pl.); 82 planches hors-texte
gravées sur acier (vues et scènes); la seconde partie du tome
7 a pour titre: «Dictionnaire topographique des environs de Paris,
pour servir de table et de complément à l’Histoire physique,
civile et morale des environs de Paris» (2 colonnes)], Paris, Guillaume,
1825-1828, tome VII (1828), p. 302
Dont une réédition numérique
en ligne par Google Book, http://books.google.fr/books?id=rTsVAAAAQAAJ&pg=PA314-IA3&dq=#v=onepage&q&f=false,
en ligne en 2010.
Sur la reine
Isembour / Ingeburge
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