| Marie Angélique Arnauld, abbesse
de Port-Royal
                                       
      Deux lettres à 
  la reine de Pologne sur la misère de Paris et d’Étampes,
   mai-juin 1652                                                                                           
 
             
               
                 | Voici un document intéressant directement l’histoire
d’Étampes,   où l’on voit en œuvre, au milieu des épouvantables
épreuves   de la Fronde, trois femmes atterrées autant par
la cruelle insouciance   de l’aristocratie de leur temps que par les atrocités
qui se multiplient   alors. 
 La reine de Pologne est alors une princesse française, 
  Marie-Louise de Gonzague, ou de Gonzague-Nevers, ou encore de Mantoue (1611-1667). 
  Elle avait d’abord épousé le roi de Pologne Ladislas IV Vasa 
  en 1646. Quand elle en fut veuve, elle se remaria à son frère 
  Jean II Casimir Vasa en 1649. Ce dernier, avant d’être appelé 
  à succéder à son frère, avait songé à
  se faire jésuite. Un an après la mort de sa femme, il abdiqua
  et se retira en France  où il devint abbé de Saint-Martin 
de  Nevers. Tout ceci indique à quel point de piété se
portait  alors une partie de l’aristocratie européenne. De son côté
 la reine de Pologne était en relation épistolaire constante
 avec l’abbesse de Port-Royal.
 
 L’abbaye de Port-Royal est alors au centre d’une 
mouvance   spirituelle qu’on caractérise généralement 
sous le terme  générique de jansénisme, et qui est animée 
de  débats parfois assez vifs, notamment à l’encontre de la 
spiritualité  jésuite. Ce n’est cependant 
qu’en 1653 que les thèses fondamentales du jansénisme seront 
officiellement condamnées par la bulle Cum occasione.
 
 La reine de Pologne est aussi en relation avec Mademoiselle 
  de Lamoignon, fille de Chrétien de Lamoignon (1567-1636), président à mortier
du Parlement de Paris en 1633, et de Marie des Landes, autres personnages de grande piété, activement 
  soucieux de la misère du peuple. Marie des Landes déjà avait crée une Association pour la
délivrance des prisonniers pour dettes.
 
 Madeleine de Lamoignon (1609-1687), l’une de leurs 
 vingt  enfants, préparé à sa première communion 
 par saint François de Sales, se fit très tôt la collaboratrice
  de saint Vincent de Paul (1580-1660), à qui elle fut très
utile  lors de la fondation de plusieurs organisations charitables, dont
surtout  l’hôpital des Enfants-Trouvés de Paris. La reine de Pologne était d’ailleurs aussi en relation
épistolaire avec Vincent de Paul, qui avait envoyé dès
1651 certains de ses missionnaires soigner les pestiférés de
Varsovie.
 
 Au début de mai 1652, Marie-Louise de Gonzague, 
  avertie de la grande misère qui découlait pour le peuple de
  France des continuels combats de la Fronde, envoya 12.000 livres pour les
  œuvres de charité qu’on ferait en leur faveur,
  et elle confia la gestion de cet argent tant à Mlle de Lamoignon 
qu’à  la mère Angélique de Sainte-Magdeleine. Le 16 mai,
l’abbesse  de Port-Royal la remercie de cette donation. Le 28 juin elle l’avertit
qu’elle  a pris sur elle d’en consacrer un tiers à soulager la misère
 effroyable des Étampois.
 
 Avec cet argent, on put recruter à Étampes 
  des hommes capables d’enterrer les monceaux de cadavres qui encombraient 
 alors la ville, et soulager pour un temps la faim des survivants. Il ne faut
 pas perdre la mémoire de tous les héros qui moururent sur
ce  front-là de la Fronde. Car les missionnaires de Vincent de Paul
tombaient  comme des mouches, pour l’amour de Dieu et de ses pauvres créatures.
 
 
 Bernard Gineste, novembre 2008
 |   La reine de Pologne.
 
 
 
 
   L’abbesse de Port-Royal
 
 
 
 Madeleine de Lamoignon
 
 |  
 
 
 
                                    
      Marie Angélique Arnauld, abbesse
de Port-Royal
                                                                        
      Deux lettres à 
  la reine de Pologne
                                                                       
      sur la misère de Paris et d’Étampes,
   mai-juin 1652                  
 
 
                               
                                 
                 | Lettre CCCXXXII.
       A la Reine 
  de Pologne. Elle lui parle en detail de l’etat de Port-Royal des Champs, 
 des Solitaires, & des malheurs de la guerre. 
 16. Mai. De P. R. de Paris
 
 | 
 |  
                 | MADAME. Ayant appris que les malheurs de nos guerres n’empêchent
  pas pas qu’on ne puisse avoir l’honneur d’écrire à Votre
Majesté   surement, j’ai cru que je ne devois pas differer davantage
à lui rendre  compte de ce qu’il lui a plu me commander touchant l’état
des Hermites  de la Maison des Champs. Je vous dirai, Madame, qu’ils sont
vingt cinq qui  par la grace de Dieu servent le Seigneur avec grande vertu
& devotion.  Il en est deja mort cinq très heureusement*,  & s’il y avoit plus de bâ[ti]mens il
seraient bientôt remplis,  y ayant des personnes qui demandent tous
les jours place, qui viennent de  cinquante, soixante & quatre vingts
lieues, pour faire penitence. Ceux  qui sont engagés dans le monde
s’en retournent; les autres ne s’y peuvent resoudre, & demeurent proche
d’ici quand ils ne peuvent avoir place à Port-Royal. 
 | 
 * MM. Lindo, Manguelen, 
Vizaquet, Magnart & Pallu. [note de l’édition 
de 1742]
 
 |  
                 | J’ai deja écrit à Votre Majesté que M. le Duc de Luines
  a fait bâtir un petit Château tout proche l’Abbaye, pour se
retirer.  En attendant qu’il ait été fait, il a demeuré
avec les  autres, vivant avec une humilité & devotion toute extrordinaire 
              [sic]. Lui & quelques autres 
  de nos amis †, voyant [p.111] que nous étions très incommodées 
  & que nous n’avions point de cellules, & d’ailleurs peu de place 
 pour recevoir le grand nombre de Filles qui se presentent à nous, 
même de Religieuses d’autres Maisons dont nous avons deja plus de vingt, 
se sont resolus, sans que nous ayons jamais songé à les en prier,
de faire rehausser notre Parloir, y faisant deux étages, où 
il y aura soixante cellules; & parce que notre Eglise étoit très 
  humide, ce bon Seigneur la faite [sic] rehausser 
  de huit pieds, de sorte qu’au lieu qu’on y descendoit, on y monte des lieux
   bas, où elle est à plein pied du Dortoir: ce qui la rendra 
  très saine. Il a fait commencer cet ouvrage avant Pâques, &
  le fait continuer au milieu de la guerre qui l’a obligé de se retirer
  dans son Château avec tous nos Messieurs, & tous nos domestiques.
  On y a mis tout ce que nous avons laissé de meubles, que nous n’avons
  pu apporter à cause qu’on ne pouvoit passer, les troupes qui pillent
  tout étant sur le chemin. Ce bon Seigneur passa la nuit entiere
à   faire tout demenager & porter en sa presence dans les galettas
de son   Château & dans les caves. Il a mis ses chevaux & les
nôtres   aussi bien que nos vaches dans les fossés. 
 | 
 
 
 † Comme M. Du 
Gué de Bagnols. [note de l’édition de 
1742]
 
 |  
                 | Ils sont plus de cent dans ce Château, qui est petit & qui n’étoit 
  pas achevé quand nous sommes parties. M. le Duc de Luines a encore 
  mis vingt cinq ou trente hommes pour garder notre Monastere, & a garni 
  tout ce monde de fusils & de mousquets. Tous nos Hermites ont repris 
 l’épée,& avec cela par permission ils ont ôté 
 le très saint Sacrement de l’Abbaye, parce qu’il n’y étoit 
pas             [p.112] en sureté, &
 l’ont mis au Château, où ils font jour & nuit l’assistance
 du S. Sacrement, ceux qui sont de garde y allant les uns après les
 autres. 
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 |  
                 | Notre bon Duc fait de plus fortifier l’Abbaye, afin que nous ne soyons
plus   obligées d’en sortir une autre fois. Il y a plus de deux cens
cinquante   ouvriers qui travaillent. Il me dit en sortant que notre Monastere
se bâtiroit   comme le Temple de Jerusalem avec la truelle & l’épée,
 & qu’il le feroit si bien depêcher que nous le trouverions tout
 en état. Il a fait faire une ligne de communication entre son Château
 & l’Abbaye pour le secourir en cas d’attaque, & il vient tous les
 jours plusieurs fois voir les ouvriers. Les gens de guerre n’y ont pas encore
 été, graces à Dieu, bien que les environs soient tous
 pillés & qu’on n’ait du respect pour personne. Il en a logé
 mille en notre ferme qui est tout proche de la Maison, mais il n’ont point
 fait de desordre. On avoit ôté tous les meubles & bestiaux,
 de sorte qu’ils n’ont brulé que du bois, & un peu scié
de notre bled, mais par tout aux environs ils n’en ont point laissé
du tout; ce qui desespere les pauvres laboureurs deja ruinés des années
 passées qui ont été tres steriles. Celle-ci promettoit
 une extraordinaire  abondance, mais Dieu veut châtier nos pechés
 par toute sorte de miseres. 
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                 | Sans les travaux de M. de Luines & les aumônes qu’il fait, qui
 nourrissent plus de cinq cens personnes, la plûpart retirées
 dans les bois par la crainte des soldats qui assomment ceux qu’ils trouvent,
 tous periroient de faim. La bonne mere Louise qui [p.113]
 a l’honneur d’être connue de Votre Majesté, & que nous
ayons   laissée pour garder la Maison avec trois autres femmes de
son âge,   est aussi au Château. Comme par le tracas du demenagement
depuis notre   sortie, on avoit manqué de faire le potage des pauvres,
lequel en  nourrit deux cens qui se passent pour cela de toute nourriture,
elle alla  trouver M. de Luines & lui dit: Mon bon Monsieur, vos armes
sont des fusils & des mousquets, mais la grande chaudière de nos
pauvres c’est un gros canon, il la faut retablir, s’il vous plait: ce qui
a été  fait. 
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                 | J’ose dire toutes ces particularités à Votre Majesté,
  sachant que sa bonté est si grande qu’elle aura agreable la peine
 qu’elle aura a les lire. Avec toute la defense du Château & de
l’Abbaye nous  ne laissons pas d’être en crainte qu’on ne les force,
si Dieu ne nous donne bientôt la paix. 
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 |  
                 | La licence des soldats est si horrible & tout le pays si ruiné,
  qu’entre ci & Port-Royal il n’y a pas une ame dans les villages; de
sorte  que ne trouvant plus de pain, ils forcent tous les lieux où
ils croient  qu’il y en a. Jamais on n’a vu de si grands desordres, &
on nous fait  tous les jours peur ici & aux Carmelites, en disant que
nous ne sommes  pas en sureté, & que nous devrions nous retirer
dans la ville,  où d’ailleurs on craint beaucoup la sedition, le peuple
étant  tout en furie de la grande cherté que causent toutes
ces ruines. 
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 |  
                 | Tout Paris est rempli de Religieuses: ce qui nous a obligées de
recevoir   de très bonnes Filles qui ne savoient où se retirer,
de sorte   que nous sommes cent soixante. Madame de Guimené a eu la
bonté   de nous [p.114] prêter
son logement pour   nous mettre, une partie n’ayant pas assez de place; &
Dieu nous pourvoit   par sa grace d’une telle maniere que nous ne manquons
de rien. Madame des   Essarts nous a appris avant-hier que la Lettre de l’aumône 
de deux  mille francs, qu’il plaît à Votre Majesté nous 
envoyer  pour nos Hermites, est arrivée. Nous en rendons très 
humblement  graces à Votre Majesté. Je l’emploierai à 
achever un  bâtiment qui fut commencé l’an passé, & 
à reparer ce que la guerre aura gâté de leurs ameublemens. 
 | 
 |  
                 | Pour ce qui est des fondations l’on n’a point pensé a en faire.
Nous   voyons que la misere est si grande que toutes choses dechoient avec
le tems,   même les meilleures & les plus saintes; de sorte qu’il
faut faire   ce que l’on peut pour le present, et laisser l’avenir à
la divine  providence. Mais on pense seulement, quand Dieu le voudra, à
bâtir  proche  de la Maison douze Hermitages, où se retireront
ceux de nos  Messieurs à qui Dieu en donne le desir & qu’on y
croiroit appelles,  & à mesure qu’ils mourroient, on les rempliroit
de ceux qui seroient   deja éprouvés, tant qu’il plairoit à
Dieu y en appeller.   Tous pourroient sans sortir aller à une Chapelle
où un Prêtre   leur diroit la sainte Messe. Nous en avons quatre.
Que si Dieu inspire à   Votre Majesté de bâtir quelques-uns
de ces Hermitages, elle  le pourra, mais je la supplie très humblement
qu’elle continue dans  cette pureté d’intention de ne le faire que
pour lui seul, afin que  ceux qui les habiteront demandent misericorde pour
elle, qui d’ailleurs ne  peut manquer de rencontrer des occasions d’employer
saintement son [p.115] bien dans son Royaume,
qui doit toujours être preferé aux pays qui lui sont étrangers. 
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 |  
                 | J’ai aussi appris, Madame, que Votre Majesté ayant compassion des 
 miseres de nos pauvres de France, envoie douze mille livres pour être 
 distribuées aux pauvres, & qu’il lui a plu d’ordonner que ce seroit
 par les ordres de Mademoiselle de Lamoignon & de moi. Or, Madame, afin
 qu’on suive en tout l’intention charitable de Votre Majesté, je la
 supplie très humblement de nous faire savoir si elle approuve la
pensée  que j’ai que l’aumône ne peut être mieux employée 
qu’aux  pauvres de la campagne qui sont entierement ruinés, même 
les  laboureurs qui ne se releveront jamais s’ils ne sont secourus. On pourroit 
 prêter à quelques- uns pour un tems une somme qu’on donneroit après à d’autres 
  pauvres, quand ils auroient moyen de le rendre. J’ai encore une autre pensée 
  qui seroit de faire acheter des vaches pour les donner à louage à
  nos pauvres gens, & s’ils peuvent payer on en donneroit le prix à
  d’autres. Une vache nourrit toute une famille à la campagne sur
tout   les pauvres petits enfans, dont les meres mal-nourries n’ont presque
point   de lait; & quand ils ont de la bouillie cela leur sauve la vie.
Je ferai   tout mon possible pour soigner à la leur conserver, afin
qu’il plaise   à Dieu donner à Votre Majesté un enfant
qui vive.
 
 | Madeleine de Lamoignon (1609-1687), collaboratrice de saintVincent de Paul
 
 |  
                  | Mademoiselle de Lamoignon aura peut-être d’autres pensées
qui   pourront être aussi bonnes que les nôtres; & je serai
bien   aise que Votre Majesté ordonne de tout. Cependant nous prierons
Dieu   que les cris d’actions de graces que les pauvres feront, [p.116] parviennent jusqu’au ciel, & en rapportent
  mille benedictions pour Votre Majesté & pour tout son Royaume,
  y confirmant la paix & nous la donnant. Nous envoyons à Votre
 Majesté la moitié du second Tome de la Vie des saints Peres
 des deserts , qu’elle trouvera encore plus beau que le premier: le reste
s’imprime. On travaille à la Vie des Saints; mais cette miserable
guerre reculera bien cette bonne œuvre, qui est desirée de tout le
monde. En attendant je prie Dieu du plus profond de mon cœur, de donner à
Votre Majesté de si saintes dispositions qu’elle puisse tenir un jour
un aussi grand rang entre les Bienheureux du ciel, qu’elle en tient entre
les Grands de la terre. C’est le souhait de celle, &c. 
 
 
 | 
 
 |  
                  | LETTRE CCCCLIV. 
        A la Reine 
  de Pologne. Au sujet des miseres de la France & en particulier de Paris.
  28 Juin 1652.
 MADAME. Puisque l’extrême bonté de Votre
 Majesté   daigne toujours vouloir que je me donne l’honneur de lui
 écrire, j’y satisferai avec joie, s’il s’en peut recevoir dans le
miserable état   ou nous sommes reduites par le juste chatiment de
Dieu, qui nous rend participantes   des maux que nous avons faits aux autres.
Je ne doute pas que Votre Majesté   ne sache que la France est toute
desolée, qu’il n’y a point de Province   qui ne souffre à l’extrémité,
             [p.140]  & que Paris &
ses  environs qui avoient  toujours été  épargnés,
 sont à cette heure  des plus maltraités.  Tous les villages
 d’alentour sont entierement  deserts, & ce qui reste  d’habitans sont
 retirés dans des bois,  les autres étant morts  de faim, ou
 ayant été assommés  par les soldats.
 
 |   Jacqueline-Marie Arnauld (1591-1661)
 |  
                  | Les  Abbayes ont été presque toutes pillées, &
ce  qui  est de plus horrible, les Religieuses qui n’ont pu se sauver ont
été   indignement traitées. Un soldat mort à
l’Hôtel-Dieu,   a confessé avec grande douleur que de tous les
horribles crimes qu’il   avoit commis celui qui l’affligeoit le plus étoit
que comme il poursuivoit   une Religieuse, elle avoit monté par le
moyen de la grille jusqu’au   crucifix qu’elle tenoit embrassé: ce
que voyant, de rage il l’avoit   tuée d’un coup de fusil. J’estime
cette Fille trop heureuse d’être   ainsi morte aux pieds de Notre Seigneur
pour un si bon sujet. La maison* de mon Frere
d’Andilly, a été non   seulement pillée des Lorrains,
mais presque demolie, les arbres arrachés   & tous les pauvres
paysans estropiés. La même chose est  arrivée à
un de nos villages †, & il faut dire par tout. Car ceux des Princes, Marêchaux
  de France, Capitaines des gardes, n’ont point été considerés,
  n’y ayant nulle obeissance ni discipline dans pas une armée; &
  il semble que tous les soldats soient possedés du demon. 
 |      * 
Pomponne. [note de l’édition   de 1742]
 
 † 
Mondeville.
 
 
 
 
 
 |  
                  | Jusqu’à  present Dieu a protegé notre Maison des Champs par
  la charité  extrême de M. le Duc de Luines,qui ne l’a point
 voulu abandonner, quoique  ses amis l’en aient prié. Il a fait faire
 huit tours pour la defendre,  & a fait avoir quantité d’armes
            [p.141]  pour tous les Hermites.
Il y a des Gentils-hommes du pays qui s’y sont aussi  retirés, avec
quantité de pauvres & les ouvriers de sorte  qu’il y a bien mille
personnes qui y vivent par la charité de ce bon  Seigneur. Il y fait
toujours continuer notre Dortoir, afin que nous puissions  retourner, sitôt
qu’il plaira à Dieu de nous donner la paix.  Cependant Dieu nous oblige
de recevoir tous les jours de pauvres Religieuses,  dont les Monasteres sont
ruinés; de sorte que les quatre-vingts cellules  qui se font aux Champs,
ne seront pas plutôt seches qu’elles seront  remplies. Cependant on
couche par-tout ceans jusques dans les Parloirs, &  si nous sommes obligées
de refuser des Filles avec grand regret. 
 On nous 
menace   de la peste, & on dit qu’il y en a deja en quelques quartiers 
de la ville:  il se faut preparer à tout ce qu’il plaira à Dieu.
Votre Majesté  sera, je m’assure, bien aise d’apprendre les grandes
charités qui se font ici. Les malheureux soldats ont tant commis de
crimes que toutes les femmes & filles de la campagne qui l’ont pu, se
sont sauvées en cette ville; & la rage des demons qui veut toujours
multiplier les maux , faisoit que de mechantes personnes les attendoient
 aux portes, pour sous de belles promesses les mener se perdre.
 
 |   Marie-Louise de Gonzague (1611-1667)
 reine de Pologne
 
 |  
                     | Pour y remedier M. du Hamel Curé de S. Merri a le premier, par le
 moyen des Dames de sa paroisse, fait louer une grande maison, & les
autres  Curés à son imitation, pour loger & nourrir ces
pauvres  creatures; en sorte qu’il y en a plus de cent à S. Merri,
& aux  autres paroisses de même. On a soin de les instruire [p.142] en la crainte les nourrir. On leur donne
à filer, afin qu’elles ne soient pas oiseuses, & qu’elles gagnent
quelque chose qu’elles puissent emporter quand elles retourneront. Ainsi
l’infinie bonté de Dieu tire du bien des maux. 
 Il se fait encore de très grandes aumônes
   à Paris. Tous les Corps se sont taxés pour nourrir les pauvres
   qui y abordent de toutes parts. On eut il y a quelques jours un grand
sujet    de pitié. Deux batteaux pleins de pauvres blessés,
arriverent    au port au soin, pensans être reçu à l’Hôtel-Dieu:
   mais cela ne se put, y en ayant deja un si grand nombre qu’ils sont sept
  dans chaque lit, quoiqu’on ait fait deux sales depuis que Votre Majesté
   est partie; de sorte qu’on coucha ces pauvres malades sur le foin. Aussitôt
   que cela fut su, des Dames y coururent & chacune en prit ce qu’il
put    chez soi; de sorte que ces pauvres furent beaucoup mieux qu’ils n’eussent
   été à l’Hôtel-Dieu, où il en meurt près
   d’un cent par jour. On a été contraint d’ouvrir l’Hôpital
   de S. Louis, pour mettre les blessés qu’on apporte des armées
   qui se sont horriblement battues à Etampes, dont tous les environs
   sont dans une destruction & une desolation incomparable. Car tous
les    bleds y sont perdus, les vignes arrachées, les villages brulés,
   de sorte que Mademoiselle de Lamoignon a jugé qu’il falloit secourir
   ce quartier. Pour cela on y en a envoyé de bons Prêtres,
avec    quatre mille livres de l’aumône de Votre Majesté. C’est
ce  qui  empêchera de perir ce qui reste du pauvre peuple, qui par
leurs  benédictions  attirera les graces de Dieu sur Votre Majesté
             [p.143], dont la pieté s’est
 étendue  si loin.
 | Madeleine de Lamoignon (1609-1687),collaboratrice de saintVincent de Paul
 
 |  
                  | Je  me suis donné l’honneur d’écrire à Votre Majesté 
   mes pensées pour le secours des pauvres du quartier de Port-Royal.
   Nous attendons vos ordres, Madame, pour le reste de votre aumône.
 Mais  le secours d’Etampes étoit si pressé, que nous avons
cru que  Votre Majesté auroit agreable que ce tiers y allât.
Nous avons  reçu les deux mille livres qu’il a plu à Votre
Majesté  de donner pour les Hermites: je vous en rends encore de très
humbles  graces, Madame. Ils reconnoîtront devant Dieu, & moi avec
eux,  la bonté du cœur de Votre Majesté, qui s’est daigné
  souvenir d’eux. J’emploierai cette somme à faire achever un logement
  & à tous leurs besoins, afin que partout voyant les effets de
 votre bonté, ils implorent sans cesse la misericorde de Dieu sur
Votre  Majesté. 
 | 
 |  
                  | On  nous faisoit esperer la paix, & tous les jours elle se rompt. On
 dit que les affaires sont tellement aigries de tous les côtés,
 qu’il  faut un miracle singulier pour l’avoir. Pour moi j’en desespere,
voyant  l’endurcissement  des cœurs: car hors le petit nombre de bonnes ames
qui s’appliquent à  la charité, les autres sont autant dans
le luxe que jamais. Le Cours  & les Thuilleries sont aussi frequentés
que ci-devant, les collations  & tout le reste des superfluités
vont à l’ordinaire; sans  que l’horrible image de la calamité
dont les rues sont pleines, les  meurtres si ordinaires dans les rues &
aux portes & la cherté  de toutes choses, puissent toucher les
cœurs & faire apprehender   la colere de Dieu: tant les pecheurs
sont endurcis! Et c’est ce qui me fait  croire que nous [p.144] ne sommes pas à  la fin de nos maux. 
 Je loue Dieu, Madame, de ce que votre Royaume 
  est dans la paix. Je le supplie qu’il fasse la grace à Votre Majesté
   de jouir toute sa vie de ce grand bien, & qu’elle fasse tout son possible
   pour faire que ses sujets en jouissant du bien de la paix, ne fassent
pas    la guerre à Dieu. Nous ne manquons point de le prier pour l’accomplissement
   des desirs de Votre Majesté. Nous donnons de quoi vivre à
 de  pauvres petits innocens à cette intention. Je crains d’abuser
de Votre  Majesté par la trop favorable audiance qu’il lui plaît
  me donner.  Je me jette à ses pieds avec un cœur plein de respect,
  & si je  l’ose dire, d’affection,
 
 pour être à jamais, &c.
 
 
 
 
 |   Mère Marie-Angélique
 
 |  
                | LETTRE CCCCLXVIII.
 
      A Mademoiselle
  de Lamoignon. Au sujet des aumônes de la Reine de Pologne pour les
 pauvres de France.
 Vers le même temps *.
 |      * 
              La lettre précédente  est 
datée du 19 juillet (B.G.).
 |  
                | Ayant  appris, Mademoiselle, que M. Vincent a reçu une Lettre de la 
Reine  de Pologne par laquelle il dit qu’elle entend que les douze mille livres
qu’elle a envoyées soient distribuées par les Dames de sa compagnie,
 je n’ai pas voulu differer davantage à vous dire que je suivrai d’aussi
 bon cœur ce nouvel ordre de la Reine que celui qu’elle avoit donné
  auparavant à Madame des Essarts, & qu’elle a encore confirmé
 depuis par la Lettre du 9. Juin en reponse de ce que j’avois écrit
 à Sa Majesté, sur les pensées que j’avois eues pour
la distribution de cette aumône, & ou elle me fait l’honneur de
me dire que j’en fasse ce que je jugerai le plus à propos pour le
bien des pauvres. 
 | 
 |  
                | Il  est vrai, ma très chere Sœur, que ce changement m’a un peu surprise,
  vû principalement que je sai que l’intention de la Reine n’est pas
 que ses aumônes soient si [p.166] publiques 
  & fassent un si grand bruit, & que je pense la connoître assez
 pour ne pas me tromper lorsque je me persuade qu’elle eût été
  aussi satisfaite que cette aumône eut été employée
  à secourir des besoins d’autant plus extrêmes et plus dignes
  de pitié qu’ils sont connus de moins de personnes, qu’à subvenir 
  à des necessités publiques qui sont très grandes, mais
 qui étant sues de tout le monde peuvent plus aisement trouver du
secours  dans la charité des gens de bien, qui en se defaisant d’une
partie  de leur luxe, & de leurs superfluités comme ils y sont
obligés  selon toutes les loix de l’Eglise, y remedieront comme je
crois sans beaucoup  de peine. 
 | 
 |  
                | Il  me semble que si Sa Majesté n’aavoit point eu d’autre dessein sinon
 que cette aumône fut employée en ces sortes de bonnes œuvres
 dont les Dames ont la direction, & on en d’autres dont je puis connoître
 la necessité, ellen’auroit point temoigné desirer que je prisse
 part à la dispensation de cette charité. Neanmoins puisqu’on
 dit que ce nouvel ordre vient de Pologne & qu’il est plus conforme aux
 intentions de la Reine que le premier, je n’ai garde de m’y opposer; &
 je trouverai fort bon que Madame des Essarts vous donne tout ce qui reste
 pour en disposer comme il vous plaira. Je suis, &c. | 
 |  
 
                              
      
          
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                             |                             BIBLIOGRAPHIE 
         PROVISOIRE
                                                                                     
       
                            Édition  Mère  MARIE-ANGÉLIQUE DE SAINTE-MADELEINE,
        Lettres de la Révérende  Mère Marie Angélique
  de Sainte Magdeleine Arnauld, abbesse et réformatrice de Port-Royal,
  Utrecht, Aux depens de la Compagnie, 1742-1744, tome 2 (1742), pp. 110-116,
  139-144 & 165-166. Dont une mise en ligne par Google, http://books.google.fr/books?id=pQMGAAAAQAAJ&, 
   en ligne en 2008.
      Bernard GINESTE,
     «Marie Angélique Arnauld: Deux lettres à la reine 
  de Pologne (misère de Paris et d’Étampes, 
  mai-juin 1652)»,      in Corpus Étampois,       http://www.corpusetampois.com/che-17-16520628arnauld.html,    2008.
                                           
                                                
      Éditions
   de la correspondance de Marie-Angélique Arnauld 
 Jacqueline-Marie ARNAUD (dite Mère 
MARIE-ANGÉLIQUE   DE SAINTE-MADELEINE, 1591-1661), Extraits des 
lettres de la mère   Marie-Angélique Arnauld, divisés 
en deux parties [2 tomes   reliés en 1 volume in-12], Leyde, Willem 
de Groot, 1734.
 
 Mère MARIE-ANGÉLIQUE DE SAINTE-MADELEINE,
         Lettres de la Révérende Mère Marie Angélique
   de Sainte Magdeleine Arnauld, abbesse et réformatrice de Port-Royal
   [3 volumes in-12; t.1 (1742): III+632 p.; t.2 (1742): 651 p. ; t.3: (1744):
   I+546 p.; 1041 lettres; la préface du tome 3 annonce qu’on a renoncé
   au tome 4 qui aurait été constitué seulement de lettres
   non datées traitant de morale seulement], Utrecht, Aux depens de
 la  Compagnie, 1742, 1742 & 1744.
 Dont une mise en ligne par Google (t.1: http://books.google.fr/books?id=cgMGAAAAQAAJ&; 
   t.2: http://books.google.fr/books?id=pQMGAAAAQAAJ&; t.
   3: http://books.google.fr/books?id=wwMGAAAAQAAJ&), en
ligne en 2008.
 
 Bernard GINESTE,
   «Marie Angélique Arnauld: Sur des religieuses fuyant le 
siège d’Étampes (fin mai 1652)», 
     in       Corpus Étampois,       http://www.corpusetampois.com/che-17-16520628arnauld.html,    2008.
 
                                               
                                                                     
      1652 dans le Corpus Étampois      Bernard GINESTE, 
    «Marie Angélique Arnauld: Sur des religieuses fuyant le
 siège d’Étampes (fin mai 1652)», 
      in Corpus Étampois,       http://www.corpusetampois.com/che-17-16520525arnauld.html,    2008.      Bernard GINESTE,     «Marie
 Angélique Arnauld: Deux lettres à la reine  de Pologne (misère de Paris et d’Étampes,  mai-juin 1652)»,
      in Corpus Étampois,       http://www.corpusetampois.com/che-17-16520628arnauld.html,    2008.
      Bernard GINESTE [éd.], 
                     «Petrus Baron: Stemparum 
   Halosis            (texte latin de 1654)», in Corpus Étampois, 
           http://www.corpusetampois.com/cls-17-baron-halosis.html, janvier              2003.
      Bernard GINESTE [éd.], 
                     «Pierre Baron: La Prise 
  d’Étampes             (édition bilingue annotée 
 de Pinson, 1869)»,    in         Corpus      Étampois, 
       http://www.corpusetampois.com/cls-17-baron-halosis-bilingue.html, janvier              2004. 
      Bernard GINESTE [éd.],
                       «Pierre Baron: La Prise
    d’Étampes             (traduction Pinson seule)», in
      Corpus    Étampois,             http://www.corpusetampois.com/cle-17-baron1654prisedetampes.html, janvier                2004. 
      François JOUSSET &
Bernard GINESTE [éd.], «René Hémard:
      La Guerre d’Estampes en 1652 (édition 1884 de Pinson)»,
in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/cle-17-renehemard-guerre.html,
                janvier 2003.   
 Bernard GINESTE [éd.],
                «Basile Fleureau: Recit veritable de ce
qui s’est passé au siege de la Ville d’Estampes en l’année
1652 (édition   de   1681)», in Corpus
  Étampois,            http://www.corpusetampois.com/che-17-fleureau-b44.html, janvier 
               2003. 2e édition illustrée et annotée: 
 mai 2007.
 
      André BELLON, «Antoine 
               Pecaudy», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-17-1652pecaudy-bellon.html,
                    2003.Bernard GINESTE [éd.], 
 «Turenne: Lettres relatives au siège d’Étampes
  (avril-mai 1652)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-17-turenne1652lettres.html,  2007.
 
  Sur
   l’auteur, Jacqueline-Marie Arnaud, dite la mère Agélique,abbesse
   de Port-Royal
 Guillaume DALL (1847-1917), La mère 
  Angélique, abbesse de Port-Royal, d’après sa correspondance 
  [in-16; VIII+319 p.], Paris, Perrin, 1893.
 
 M.-R. MONLAUR, Angélique Arnauld
   [in-8°; VIII+406 p.; préface de Mgr de Cabrières], Paris,
   Plon-Nourrit et Cie, 1901. 2e édition: 1902.
 
 Jane PANNIER, Une grande chrétienne.
   La Mère Angélique [in-16; 208 p.; portrait], Issy-les-Moulineaux,
   “Je sers”, 1930.
 
 Perle BUGNION-SECRETAN, La Mère 
Angélique   Arnauld (1591-1661) d’après ses écrits, abbesse
et réformatrice   de Port-Royal [24 cm; 274 p & 16 p. de planches;
bibliographie pp.   241-247], Paris, Cerf [«Histoire»], 1991.
 
 Fabian GASTELLIER, Angélique Arnauld
   [24 cm; 505 p.; contient un choix de documents; index], Paris, Fayard,
1998.
 
 COLLECTIF D’INTERNAUTES, «Angélique
   Arnauld», in Wikipédia, http://fr.wikipedia.org/wiki/Ang%C3%A9lique_Arnauld, 
   en ligne en 2008.
 
 
  Sur
   la destinataire, Marie-Louise de Gonzague, reine de Pologne
 Daniel DUMONSTIER (dessinateur, 1574-1646), 
       La  princesse Marie, ce 10 d’avril 1627 [dessin à la 
pierre noire,  crayon de couleur, rehauts de pastel; 46 cm sur 35], 1627, 
conservé  à la BNF.
 
 ANONYME, La Magnifique entrée des 
 ambassadeurs  polonais dans la ville de Paris, avec la première audiance 
 qu’ils ont euë de Leurs Majestés et de la Princesse Louise Marie, 
 destinée  reine de Pologne [in-4°, monté in-f° 
paginé 1001-1016;  daté du 29 octobre 1645], Paris, éditeur 
non précisé,  1645
 
 Abraham BOSSE (graveur, 1602-1676), Cérémonie
   observée du contrat de mariage passé à Fontainebleau
   en presence de leurs Majestez entre Vladislaus IIII du nom Roy de Pologne
   et de Suede [...] d’une part, et Louie Marie de Gonzague, princesse de
Mantoue   et de Nevers, d’autre part, le 25ème jour de Septembre 1645,
desseigné   et gravé a leaue forte par A. Bosse le 8me novem.
1645 [eau-forte;   33,5 cm sur 27,5], Paris, sans mention  d’éditeur,
1645.
 
 Karolina TARGOSZ (née en 1938), La
  Cour  savante de Louise-Marie de Gonzague et ses liens scientifiques avec
  la France,  1646-1667 [24 cm; 206 p. & 16 planches; traduction
du   polonais par  Violetta Dimov d’un original Uczony dwór Ludwiki
 Marii Gonzagi (1646-1667): z dziejów polsko-francuskich stosunków
  naukowych; index], Wrocław, Zakład Narodowy im. Ossolińskich [«PAN,
  Komitet Historii Nauki i Techniki»], 1982.
 
 Francesca DA CAPRIO MOTTA (università
  degli  studi della Tuscia, facoltà di lingue e letterature moderne,
  istituto  di studi romanzi), Maria Ludovica Gonzaga Nevers. Una principessa
  franco-mantovana  sul trono di Polonia [21 cm; 194 p. & 4 p. de
planches;  appendice  (pp. 72-185) comprenant des documents en français
et latin;  notes bibliographiques; index], Manziana, Vecchiarelli [«Il
viaggio  e la srittura» 2], 2002.
 
 COLLECTIF D’INTERNAUTES, «Marie Louise
  de  Mantoue», in Wikipédia, http://fr.wikipedia.org/wiki/Marie_Louise_de_Mantoue, 
   en ligne en 2008.
 
 
 Sur Mlle de
Lamoignon
 Louise MASSON, Madeleine de Lamoignon [in-16],
  Lyon, E. Vitte, 1896.
 
 Sur Duhamel,
   curé de Saint-Merry
 Vie de M. Du Hamel, curé de Saint-Merry 
 à  Paris [16 cm sur 13; manuscrit de 70 feuillets relié 
 en parchemin],  XVIIIe siècle, manuscrit conservé à 
la Bibliothèque  de l’Institut de France sous la cote ms 819.
 
 Simon Michel TREUVÉ (1651-1730), Histoire
   de M. Duhamel, docteur de Sorbonne et curé de Saint-Merry [in-12;
   198 p.], sans mention de lieu ni d’éditeur, 1690 [d’après
 Barbier].
 
 
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