LA
PRISE D’ÉTAMPES
POËME LATIN INÉDIT
DE PIERRE BARON
Maire de la ville en 1652
Traduit en français, avec le texte en regard & des
notes
& précédé d’une notice biographique sur
l’auteur
PAR PAUL PINSON
PARIS
LIBRAIRIE ANCIENNE L. WILLEM
8, rue des Beaux-Arts, 8
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M.DCCC.LXIX
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Il n’a été tiré
de ce livre que 150 exemplaires, tous numérotés par l’éditeur:
130 sur papier de Hollande, fabriqué au dix-septième
siècle;
17 sur papier de Chine Nankin;
3 exemplaires sur peau de vélin.
N° 122
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AVERTISSEMENT
Nous pensons être agréable
aux amis des lettres en général & à nos compatriotes
en particuliers, en mettant au jour ce charmant petit poëme latin,
que nous avons exhumé d’un manuscrit qui est conservé religieusement
depuis deux siècles dans la famille de l’auteur comme une relique
précieuse. Grâce à l’obligeance de M. Vermot de Jeux,
son propriétaire, qui a bien voulu nous le communiquer, nous nous
faisons un devoir de le publier, comme un monument élevé à
la gloire du savant et vertueux Étampois dont le nom est à
peine connu de la génération actuelle. Puisse ce petit opuscule
faire [p.2] revivre dans
le cœur des habitants d’Étampes le souvenir de l’administrateur
intègre & bienfaisant qui sut montrer dans des circonstances
extrêmement difficiles un grand courage civique allié à
un rare désintéressement. [p.3]
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NOTICE
BIOGRAPHIQUE
SUR
PIERRE BARON
LE personnage faisant l’objet de cette esquisse biographique
est un de ceux dont le nom, comme tant d’autres soldats obscurs de la
défense du bien public qui ont illustré la ville d’Étampes
& que nous ferons connaître plus tard à nos compatriotes,
est plongé depuis longtemps dans un oubli immérité.
Ce fâcheux état de choses ne peut être attribué
qu’à l’injustice de nos pères, lesquels, entraînés
sans doute par cet esprit de dénigrement qui a de tout temps fait
élection dans notre bonne ville, ont poussé l’ingratitude jusqu’à [p.4] taire les noms et les actions
de ces hommes remarquables aux génération qui les ont
suivis. Ce spectacle affligeant de rivalités mesquines, entretenues
par les commérages des nombreuses coteries & alimentées
par l’envie ou des ambitions déçues ou mal satisfaites,
donne malheureusement raison au proverbe populaire que nul n’est prophète
en son pays.
Aussi, pour faire revivre ces figures
ensevelies systématiquement dans les ténèbres les
plus épaisses, la tâche est difficile, et ce n’est qu’à
force de patience et de recherches toujours pénible & parfois
très-coûteuses, que l’on peut parvenir à recueillir
sur elles quelques données souvent bien incertaines. Heureusement
que de nos jours les choses se passent autrement, & nos arrière-neveux
n’auront pas lieu de formuler contre nous les justes plaintes que nous
venons de faire entendre.
Pierre Baron, seigneur de l’Humery, secrétaire
du roi, naquit à Étampes en 1574 d’une famille distinguée
du pays. On ne sait rien sur sa jeunesse ni sur le lieu où il
fit ses études, mais tout porte à croire que ce fut dans
quelque collège de Paris ou d’Orléans, puisque l’établissement
enseignant des Pères Barnabites d’Étampes ne fut fondé
qu’en 1629. [p.5]
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Après avoir achevé ses classes, le jeune Baron, à
l’exemple de ses illustres compatriotes, Jacques Houillier & Gérard
François, étudia la médecine & se fit recevoir
docteur. Mais, possesseur d’une assez belle fortune, il exerça
plutôt cet art plutôt en amateur qu’en praticien cherchant
à se créer des ressources.
En 1623, ses concitoyens ayant pu apprécier
sa droiture de caractère jointe aux qualités de cœur les
plus élevées, le choisirent pour échevin, &
quelques années plus tard, en 1630, ils l’élurent maire.
Peu de temps après son élection, une peste épouvantable
fondit sur la ville d’Étampes & fit de nombreuses victimes.
Dans cette circonstance critique, Baron montra une énergie
peu commune, &, plus soucieux de la conservation de la ville &
de ses semblables que de la sienne propre, il se dévoua corps et
âme au soulagement des habitants atteints par le fléau.
Son mandat de maire expiré, il
fut remplacé en 1635 par Michel Plumet, qui avait été
avec lui échevin en 1623, & il rentra de nouveau dans a vie
privée. En 1649, le maire Jacques Bourdon ayant accompli ses quatre
années de mairie, les habitants procédèrent à
une nouvelle élection. Le prévôt en charge d’alors,
César-François Provensal [p.6], réunit une partie des voix contre son concurrent Gabriel
de Bry, lieutenant-général au bailliage, homme ambitieux
& vénal qui briguait avec ardeur cet emploi, qui honores in
municipiis ambitiose petunt, videntur in somniis laborare. Mais ce dernier,
furieux de l’échec qu’il venait d’essuyer, engagea l’avocat du roi
à s’opposer à la prestation de serment du nouveau maire sous
prétexte de cabale dans les suffrages. Ce démêlé
ayant été porté devant M. de Vendôme, duc souverain
d’Étampes, ce prince judicieux ne prit parti pour aucun des deux
candidats, &, sans perdre de temps, il écrivit de son gouvernement
de Provence à Pierre Baron, qu’il connaissait de longue date &
dont il avait pu apprécier l’intégrité et les capacités
administratives, de vouloir bien accepter cette charge. Baron s’excusa sur
son grand âge, mais pressé par une seconde lettre qui lui laissait
la liberté de ne garder cet emploi que le temps qu’il le désirerait,
& dévoué tout entier à sa patrie, il finit par
accepter des fonctions qui devaient mettre par la suite son cœur & sa
fortune à de bien rudes épreuves.
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Il était facile de prévoir dès cette époque
que l’orage politique qui avait éclaté l’année précédente
à Paris sous le nom de la Fronde n’était [p.7] point dissipé &
que de nouveaux nuages plus menaçants encore se formaient à
l’horizon. En effet, les menées du cardinal de Retz & des princes
révoltés répandaient par toute la France une effervescence
telle qu’en 1650 chaque ville susceptible d’être attaquée prenait
des mesures pour parer le coup qui pouvait fondre sur elle. Comme la ville
d’Étampes, par la situation & la richesse de son sol, devait
plus que tout autre être le point de mire des deux partis, Pierre
Baron, en magistrat prévoyant, s’empressa de prendre toutes les
précautions que la prudence lui commandait en pareil cas. La présence
dans la ville des régiments du Duc d’Orléans qui y tenaient
garnison depuis quelque temps étant une cause d’alarme pour tous,
en ce qu’ils pouvaient être attaqués ou servir l’un ou l’autre
parti, Baron chercha à les faire partir, mais ils refusèrent
d’abord de quitter le ville, & ce ne fut qu’au prix des plus grands
sacrifices qu’il parvint à les éloigner, c’est-à-dire
en empruntant des sommes considérables tant en son nom que sous le
nom privé des habitants en charge & dont le remboursement devait
être pris sur les tailles courantes.
Le départ de ces régiments
ramena parmi les habitants la confiance ébranlée, &,
au commencement [p.8] de l’année
1652, l’on vit affluer dans l’enceinte de la ville d’Étampes tous
les blés des villages environnants. Le duc de Vendôme, qui
tenait pour la Cour, s’empressa de tirer de grandes sommes d’argent des
particuliers à qui ce blé appartenait; de son côté
le duc de Beaufort, son fils, du parti des princes, s’en fit aussi donner
sous prétexte de les garantir du pillage & d’empêcher
que ses troupes ne s’en emparassent dans le cas où on les forcerait
d’agir.
En présence de pareilles assurances,
& le maire sachant que la ville n’avait aucune intelligence avouée
avec l’un ou l’autre des deux partis, tous s’endormirent avec sécurité
sur le bord du précipice sans en soupçonner la profondeur.
Mais, hélas! le réveil fut bien douloureux pour les malheureux
habitants, que leur trop grande confiance dans la parole des grands,
qui leur avaient extorqué de fortes sommes, devait réduire
à la plus forte misère.
Le 23 avril 1652, à dix heures
du soir, l’armée des princes, commandée par le comte de
Tavannes & le baron de Clinchamp, se présenta à la
porte du faubourg Saint-Pierre. Cette nouvelle se répandit promptement
dans la ville, &, mus sans doute par le danger, plusieurs jeunes [p.9] gens allèrent aussitôt
avertir Pierre Baron de ce qui se passait. Ce vénérable vieillard,
les voyant le visage bouleversé & le pistolet au poing, leur
dit, les larmes au yeux: Courage, Messieurs, il s’agit du service du
roi! que ne suis-je pas en âge, ou n’ai-je assez de force pour aller
à votre tête, & sacrifier ce reste de vie à la défense
de ma patrie. Nobles & belles paroles qui devaient être effacées
cent quarante ans plus tard, par la réponse sublime que fit aux émeutiers,
en 1792, un de ses successeurs, Jacques-Guillaume Simonneau, qui, moins
heureux, périt victime de son attachement à la religion du
devoir. Après quelques pourparlers inutiles & quelque tentatives
de résistance de la part de la milice bourgeoise, l’armée
força l’entrée du faubourg & se rendit maîtresse
de la place.
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Il n’entre pas dans le plan de cette notice biographique de retracer les
péripéties de ce siège meurtrier qui dura près
de deux mois entiers. Nous dirons seulement que pendant toute sa durée,
Baron, malgré son grand âge, se conduisit avec un courage
bien au-dessus de ses forces & faillit être victime de
son dévouement au roi. Un jour que le jeune monarque était
avec son armée aux portes de la ville, Pierre Baron hasarda, tant
en son nom qu’au nom des [p.10] échevins,
de lui envoyer un billet de pur respect que son impuissance désarmée
devait sauver de toute suspicion envers l’armée des princes.
Cependant cet acte innocent faillit lui coûter la vie, car l’émissaire
qui portait la lettre ayant été pris, le colonel du
régiment de Conti-Cavalerie menaça Baron d’en rendre compte
à M. de Tavannes & de le faire pendre lui & ses échevins.
Mais soi qu’on ait eu des égards pour son âge ou qu’on ait
compris que la violence ne pouvait rien sur un grand cœur, cette menace,
heureusement pour lui, ne fut pas suivie d’exécution (1).
Aussitôt le siège levé,
Pierre Baron se mit à l’œuvre pour cicatriser le mieux qu’il
put les plaies saignantes de la pauvre ville qu’il administrait. Il
commença d’abord par faire enlever et donner sépulture
aux nombreux cadavres en putréfaction entassés pêle-mêle
les uns sur les autres dans les rues & jardins, qui répandaient
de toute parts des miasmes empoisonnés. Toutefois [p.11], ne pouvant suffire seul à une telle besogne, il fit
appel au charitable Vincent de Paul, qui s’empressa avec d’autres missionnaires
de le seconder dans cette triste tâche. Grâce à leurs
soins, il fut aussitôt établi quatre hospices pour recevoir
les malades de la ville & des environs, & Pierre Baron, dans cette
circonstance, montra encore que son cœur était à la hauteur
de son courage, en faisant don à la ville de sa propre maison, à
laa condition qu’elle serait transformée en établissement
hospitalier.
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(1) Ce colonel du régiment de Conti-Cavalerie
était Henry de Hautfay, marquis de Jauvel. Plus tard il fut nommé
lieutenant-général & capitaine de la 2e compagnie des
mousquetaires. Il mourut le 1er juin 1692, gouverneur du Maine.
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Lorsque l’ordre fut rétabli, les officiers de la ville cherchèrent
à se libérer de l’emprunt fait en 1652. Pierre Baron
comptait sur les levées faites sur toute l’élection pour
amortir la dette qu’il avait contractée au nom de tous les habitants,
ainsi qu’il en avait été décidé par un arrêt
du Conseil. Mais le receveur des tailles, sous de sépcieux prétextes,
retenant indûment les sommes d’argent qu’il avait perçues,
quelques prêteurs mécontents, entre autre un sieur de Bordes,
firent saisir les biens du maire & sa charge de secrétaire du
roi qu’il avait acquise en 1649. Cette mesure humiliante le força
d’intenter un procès à ce comptable concussionnaire, lequel,
par suite d’arrêts contradictoires & de diverses interventions,
dura huit [p.12] années.
Enfin le 14 mai 1661, sur le rapport de M. de Brillac, conseiller rapporteur,
survint un arrêt définitif de la Grand’Chambre du Parlement
qui déclara ce receveur responsable envers la ville et celle-ci
responsable envers le maire du montant de l’emprunt. Malgré cette
issue avantageuse, les frais immenses que ce procès avait occasionnés
& la déconfiture du receveur, qui mourut en prison quelques
années après, compromirent singulièrement la fortune
de Pierre Baron & celle de ses enfants.
En 1654, il résigna ses fonctions
de maire, que son grand âge et sa santé chancelante ne lui
permettaient plus de remplir. Une attaque d’apoplexie dont il fut frappé
en 1657 mit un moment ses jours en danger; mais, grâce à
la vigueur de son tempérament, il finit par se remettre de cette
rude secousse, sans toutefois recouvrer la santé. Au commencement
de l’année 1661, il déclina très-fort, & le 21
novembre de lamême année il rendit le dernier soupir agé
de 87 ans. Son corps fut inhumé dans la nef de l’église collégiale
de Sainte-Croix, à côté de ses ancêtres, de
sa femme & de son fils. Son gendre, René Hémard, fit
son épitaphe, qui n’a pu être gravée sur sa tombe
par suite des petites contestations qu’il eut avec les [p.13] chanoines du chapitre de
cette église. Comme cette épitaphe, malgré son
emphase ridicule, mérite d’être conservée, nous la
reproduisons dans son entier.
Ad. Æter. Memor.
Clariss°,
Eruditiss°, Interroque
Petro Baron
Dom°
de l’Humery &a…
Regis aulæ, coronæ, Ærariique
Galliarum
A Secretis:
Stemparum iterum atque iterum;
Hoc est, semel liberi populi suffragiis,
Pestifera grassante per urbem lue, anno 1630;
Denuo principis arbitri jussu, bello fameque
per eandem
Interclusam, obsessamque sævientibus,
anno 1652
Majori
Tria contra flagella invictissa.
EPITAPH.
Septem octoginta natus Baronius annos
Nobile Palladium patriæ morientis,
in isto
Marmore, victores ætatum condidit artus:
Viribus hunc juvenem stupuit rediviva senectus,
Quem procul ante fenem ingenio est mirata
juventus,
Urbs Stempana dole, imo vel omnis Gallia
plange,
Asperior monstris, quem mors orbe invidaa
tollit;
Hunc totum virtus, totum doctrina requirunt, [p.14]
Vique unus per mille oritur vir sæcula
tantus.
Sed neque da lacrymas, præstant pia
vota, viator,
Funde lubens, ea cras aderunt tibi forsan
egenti.
Ingrati, sed mœste parentarunt piis mannibus,
Renatus
Hemard & Carolus Dupuis, generi dolentissi,
Mariaque &
Claudia Baron, filiæ amantissæ.
Obiit die 21 nov.
anno 1661. Eodem ad corpus clauduntur saxo Maria Vaillant, uxor ejus
illustrissa,
quæ desiit anno 1651, april. 28, & Franciscus Baron, generosus
utriusque partus ann. 1653, mar 3 præpostere; quorum avi circumsepulti,
his sacris ædibus 50 libras annuas, Dæ
Mariæ 5, Sti
Basilii 20, ipse diu ante vivus
domum nosocomio, pactis legibus, dictaque Vaillant alia numerato jam
soluta, gratis ab hærede legarunt.
Æternum ut vivant apprecare.
Pierre Baron avait épousé Marie
Vaillant, qui mourut en 1651, dont il eut trois enfants, un fils &
deux filles. Son fils mourut sans postérité en 1653. L’aînée
de ses filles épousa René Hémard, qui fut d’abord
prévôt des maréchaux, ensuite lieutenant particulier
au bailliage & maire de la ville d’Étampes en 1667. La cadette
fut mariée à un gentilhomme picard nommé Dupuis.
Baron eut toute sa vie une prédilection
prononcée pour les poëtes latins, qu’il connaissait à
fond. La langue latine avait pour lui tant de charmes que [p.15] ses conversations intimes étaient
généralement entremêlées de citations empruntées
à Virgile, Horace, Juvénal, ses auteurs favoris, & parfois
aussi il les assaisonnait des pointes de son cru, marquées au coin
du plus pur atticisme. Ainsi un jour son gendre René Hémard,
à la sortie de son audience, lui racontant qu’un avocat du bailliage,
le plus ignorant, mais, selon la coutume, le plus hardi, avait empoisonné
son plaidoyer d’onguents, de gourme & de pareilles drogues, Baron fit
deux ou trois tours dans sa chambre en se boutonnant & dit en riant:
Voilà son fait:
Effudit phialis, sine legis
odore, liquores
Causidicus juris nescius, anne sapit?
Quand il apprit la mort du garde des sceaux
Molé, ce fut avec la même vivacité qu’il fit cette
épitaphe, qui peint bien en quelques mots cet illustre magistrat:
Mole sub hæc terræ,
Molœi est condita moles
Terræ; cœlestis spiritus astra
petit.
C’est en 1654, à l’âge de 81 ans,
que Baron composa sa Stemparum Halosis qui nous a été [p.16] conservée grâce
aux soins pieux de son gendre. Ce petit poëme de 180 vers, qui
roule sur l’un des épisodes les plus sanglants des troubles de
la Fronde, est écrit dans un style clair, coulant & facile;
le latin, généralement pur, est rempli de réminiscences
des grands poêtes du siècle d’Auguste. A la grâce
du style, & quoique renfermée dans un cadre restreint, cette
pièce joint en outre le mérite, non moins précieux,
d’une grande exactitude historique, qualité rare dans un ouvrage
de ce genre, où la fiction joue presque toujours le principal
rôle. On est à la fois charmé & surpris de rencontrer
une veine si robuste, une imagination si vive & une mémoire
si prodigieuse chez un vieillard de cet âge, qui ne pouvait mieux
terminer sa belle & longue carrière qu’en chantant les
malheur de la pauvre ville qu’il avait administrée avec tant de
désintéressement & de dévouement.
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STEMPARUM
HALOSIS |
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LA PRISE D’ÉTAMPES |
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HUC ades, aspiraque meis, pia musa, querelis:
Fert animus miseros urbis describere casus,
Quam medio tractu complexam Belsia cingit
Quæque hujus nota est merito primaria jure; |
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VIENS,
Muse, seconder mes pieux gémissements; je veux décrire
les malheurs de cette ville, que les plaines de la Beauce environnent,
& qui occupe à juste titre le premier rang dans la province. |
5
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Hæc vulgo Stempæ, proprie sed Gallica Tempe
Dicitur, atque situ pulchro, cœli benigna
Temperie, superat felicis & ubere glebæ,
Thessalicam: sed enim speciosa gaudet & æqua
Planitie, nitidis etiam gratissima vicis; |
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Je veux parler d’Étampes, Stempæ, comme on l’appelle communément,
ou mieux de cette Tempé des Gaules, qui, par la beauté
de son site, la fertilité de son sol & la douceur de son climat,
surpasse l’antique vallée de Thessalienne de ce nom, aussi joyeuse
de sa belle plaine que des riches bourgs qui l’entourent (1). |
10
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Latæ sunt plateæ, nectuntur & ædibus ædes
Ordine composito, nihil ut properantibus obstet;
Hanc recreat zephyris semper spirantibus aer
Purus, & in varios usus argenteus amnis
Præcipitat latices, mediamque interluit urbem; |
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Ses places sont larges, ses édifices bien disposés, de
manière à en favoriser l’accès à ceux qui
se pressent dans son enceinte.
De doux zéphyrs y soufflent
un air toujours pur; une rivière aux ondes argentées la
traverse & pourvoit à tous les besoins des habitants. |
15
20
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Undique finitimi vernantes gramine campi
Proximaque externos hilarant pomœria sensus:
Colliculus tumet hic, depressa hic vallis amœne
Ridet, inextincto florum variata colore;
Hunc gelidi fontes, illincque fluenta Juinæ
Dissiliunt, mediis flexus sinuantia pratis; |
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Dans toutes les campagnes avoisinantes, les yeux sont récréés
par une riche verdure, & l’odorat réjoui par les fruits dont
se couvrent de nombreux vergers. Ici s’élève un coteau;
là s’incline une riante & délicieuse vallée,
émaillée d’un riche tapis de fleurs. Sous vos pas sortent
de terre des sources aux eaux glacées; plus loin c’est la Juine
qui promène son cours tranquille & serpente au milieu de vertes
prairies; |
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Hic salientis aquæ trepidat cum murmure rivus
Oblitus arbustis, & opaca umbracula præbet;
Hic genialis odor viridi de cespite manat,
Et resonis volucres concentibus aera mulcent. |
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à quelques pas, c’est un ruisseau qui précipite avec fracas
ses eaux frémissantes sous l’ombre épaisse des arbrisseaux
qui en couvrent les bords.
On respire partout le parfum des
fleurs qui émaillent les gazons, & les oiseaux réjouissent
l’air de leurs gazouillement |
25
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Hic tandem pulchrisque locis, cœlo sereno
Propria quemque trahit gratis quæsita voluptas:
Molliter hic recubans rivorum in margine captat
Et manibus cancros, alios & arundine pisces;
Hunc lustrare juvat sumptu sata patriæ patrum, |
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C’est là que la beauté du site & la sérénité
de l’air procurent sans frais à tous les plaisirs qu’ils convoitent.
Mollement assis sur le bord des
eaux, l’un se plaît pêcher soit les écrevisses à
la main, soit à la ligne d’autres poissons. Celui-ci prend plaisir
à parcourir les champs que ses aïeux ont plantés. |
30
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Hic resonante lyra incedit per opaca viarum
Sole sub occiduo, noctisque instantibus umbris;
Insequitur nymphis juvenum sociata caterva,
Indulgens choreis, modulosque ad carmina ducens. |
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Un autre s’avance sous l’ombrage des bosquets aux derniers feux du soleil,
& à l’approche de la nuit, en faisant vibrer sa lyre champêtre,
suivi d’un essaim de jeunes gens & de jeunes filles dansant en chœur
& mêlant aux danses des chants joyeux. |
35
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Nec tot nominibus sola urbs celebranda videtur,
Sed vicini etiam tractus, ubi Juppiter ipse
Ver longum præbere solet, rabiemque Leonis
Lenire, & rigidas boreali tempore brumas:
Non segetes extinguit hyems, non æstus adurit,
Rarius & nostras vis frigoris enecat uvas, |
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La ville ne mérite pas seule ces éloges, mais aussi les
campagnes voisines pour lesquelles chaque année l’arbitre souverain
prolonge la durée du printemps, tempère les ardeurs de la
canicule & adoucit les froids rigoureux, où les moissons n’ont
jamais à souffrir ni des étés ni des hivers, où
presque jamais les gelées excessives ne nuisent aux raisins. |
40
45
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Sicque Ceres pleno fundit sua munera cornu,
Sæpius ut gravidæ disrumpant horrea messes;
Luxuriantque satis fœcundo palmite vites,
Fertilis ut plenis spumans vindemia labris
Distendat vacuas generoso nectare cellas
Et genus omne parit frugum ditissima tellus. |
|
— Aussi Cérès y répand-elle à pleines mains
ses dons, & les greniers y cèdent-ils sous le poids des
moissons; aussi les vignes produisent-elles assez abondamment pour qu’à
la vendange, le vigneron presse à pleins bords le jus écumeux,
& que les celliers vides soient remplis d’un doux nectar, & cette
terre fertile se couvre-t-elle d’une riche récolte de toutes sortes
de fruits (2). |
50
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Jam qualis facies! Heu quantum corruit urbis
Omne decus! quantum squalet mutata venustas!
Hei mihi Stempanæ quam sordet gratia terræ!
Eloquar? An sileam? Cur impia fata ruinæ
Damnant immeritam, diis impugnantibus urbem? |
|
Mais, hélas! quel changement!Combien la cité est aujourd’hui
déchue! Quelle horreur succède à son ancienne beauté!
Malheureuse Étampes, que sont devenus les agréments de
ton séjour enchanteur? Parlerai-je ou garderai-je le silence? Pourquoi
ô ma patrie, des destins impies te condamnent-ils, en dépit
du Ciel, à une ruine imméritée? |
|
Eloquar? An sileam? Sed quæ tam dissita terris
Barbaries, Francæ discrimina nesciit aulæ?
Scinduntur proceres studia in contraria Galli: |
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Dois-je parler ou me taire? Mais quelles sont les plages, mêmes
les plus reculées & les plus sauvages, qui ignorent les malheurs
de la Cour royale de France? Les grands se divisent en factions ennemies. |
55
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Regis in obsequio perstat prudentior, alter
Deficit, atque boni communis nomine culpam
Prætexens, resonat quod vulgi semper in ore
Una salus populi, nobis lex esto suprema. |
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L’un plus sage demeure fidèle à son roi, l’autrese révolte
&, couvrant sa faute du prétexte du bien public, comme il
arrive toujours en ces circonstances, ne reconnaît de loi que le
salut du peuple. |
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65
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Protinus exsurgit stygia de sede Megæra,
Atque venenatis errans crinita colubris
Per medias urbes, miserique per oppida regni
Sæviit, & bellis civilibus omnia miscet,
Accenditque animos insani Martis amore:
Armorum strepitu, toto mox Gallia cœlo
Personat, & proprio motu convulsa fatiscit,
In sua convertens strictum præcordia ferrum. |
|
A ce cri, sort des demeures infernales la cruelle Mégère,
la tête entourée de ses serpents tout gonflés de poisons;
elle parcourt les villes & les bourgades de l’infortuné royaume;
elle excite partout les fureurs de la guerre civile & allume dans
les esprits l’amour d’une lutte insensée. Bientôt la France
entière retentit du bruit des armes, &, tournant contre elle-même
le glaive homicide, ne semble occupée que de sa propre ruine. |
|
Proh! Superi, insultum primos Aquitania sentit,
Inpendensque malum metuunt cervicibus Andes;
Ast gravius nostras tandem grassatur in oras. |
|
O dieux, à peine les premiers mouvements ont-ils éclaté
dans l’Aquitaine, que les Angevins voient tomber sur eux le fléau;
mais ce sont nos contrées qui ressentent surtout ses fureurs. |
70
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Sexcentenus abit lapsis jam millibus annus,
Lethalisque subit post quinquaginta secundus,
Mensis & incessit, quo lustrat cornua Tauri
Phœbus, & orta dies bis denis ante peractis
Tertis, & emenso jam cesserat hesper Olympo,
Ipsaque nox medium cœli confecerat orbem; |
|
C’est en l’an seize cent; la cinquante-deuxième année du
siècle est commencée; on est dans le mois où le soleil
parcourt le signe du taureau, au vingt-troisième du mois, l’étoile
du soir avait disparu & la nuit avait achevé la moitié
de sa course. |
75
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Omnia tuta silent, incautæ mœnia nusquam
Nec portas urbis, vigilum custodia, nostræ
Servat; at indomitus festos sopor occupat artus
Municipum, & stupido languent in corpore vires. |
|
Tout est dans le silence & le repos, aucune garde ne veille sur les
remparts ni aux portes de la ville sans défiance. Les bourgeois
fatigués dorment d’un sommeil profond qui paralyse & les sens
& les forces. |
80
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Ecce repente ruunt equitum peditumque phalanges,
Quæ nos densato circumdant agmine, moxque
Invadunt divi indefensa suburbia Petri,
Et simul imbellem collectis viribus urbem
Obsidione premunt, armisque virisque carentem,
Bellicaque invalidas minitatur machina portas. |
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Tout à coup se précipitent des cavaliers & des fantassins
dont les épais bataillons entourent la ville; ils envahissent
le faubourg Saint-Pierre sans défense; ramassant tous leurs efforts,
ils assiègent la cité dépourvue d’armes & de défenseurs.
Une formidable artillerie menace les portes. |
85
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Classica jam resonant, abrumpunt tympana somnos,
Exoritur clamor, cœlum tonat omne tumultu,
Quisquis & e molli properans consurgere lecto,
Attonitus præcepsque ruit, nudusque vagatur,
Nescius unde fragor crepitantibus ingruat armis. |
|
Les tambours & les clairons réveillent en sursaut les habitants
& appellent aux armes. On n’entend qu’un tonnerre de cris & on
ne voit partout que tumulte. Chacun se lève à la hâte,
erre tout nu, saisi d’effroi, & ne sachant d’où vient ce
bruit terrible des armes. |
90
|
Consilium cives agitant, jactatur utrinque
An satius minimas tantis opponere vires
Viribus, anne jugo supponere colla minaci: |
|
Les citoyens tiennent conseil; on ne sait lequel vaut mieux ou de résister
avec si peu de monde, ou de céder devant la tempête. |
95
100
|
Hic ait, ille negat, potior sententia vincit,
Lilia sic fidis alte insita cordibus hærent;
Sed dubio jussu, stridenti cardine portæ
Forte patent, trepidamque potens exercitus urbem
Occupat, & nostris succedit sedibus hospes,
Invitosque lares nostros sibi subjicit audax
Miles, & excrucians hostili more colonos,
Hospitii leges, sacrataque jura resolvit
Et sic quisque suos patimur sine crimine manes. |
|
Après avoir entendu les avis différents, le parti de l’honneur
l’emporte, l’amour des lis triomphe dans ces cœurs dévoué;
mais on ne sait à qui obéir. Les portes s’ouvrent & livrent
passage à une armée nombreuse qui s’empare de la ville effrayée;
toutes les maisons sont envahies; nous voyons malgré nous nos
demeures profanées par un soldat audacieux qui nous traite en
ennemis & foule aux pieds les lois sacrées de l’hospitalité.
Tous nous sommes punis sans être coupables (3). |
105
|
Proxima post noctem cum sese aurora moveret
Post bis quinque dies, & juncta ordine noctes,
Regia continuo Turenius agmina ducens
Appulit, & cinctum fossis ac mœnibus hostem
Provocat, intentans numeroso milite pugnam; |
|
Ce n’est qu’après cinq jours & autant de nuits, qu’au point
du jour Turenne apparaît tout à coup à la tête
des troupes royales, qu’il attaque l’ennemi renfermé dans nos murs
& le provoque au combat avec une armée nombreuse. |
|
Erumpit portis acies hostilis, & ecce
Obruitur densis & circumfunditur armis:
Impetus hinc illinc servet, furit undique mavors; |
|
Les rebelles sortent de l’enceinte fortifiée, mais ils sont investis
& accablés par le nombre. On s’élance de part &
d’autre; la fureur anime partout les combattants. |
110
|
Stant modo, moxque cadunt alterna sorte cohortes;
Regius expugnat, cedit; perit advena miles
Plurimus, atque fuga repetit sua claustra superstes,
Et sibi commissum properat defendere limen. |
|
Les cohortes
triomphent ou succombent tour à tour. Les troupes royales enfin
s’élancent; le soldat étranger recule & est moissonné
par la mort. Celui qui peut s’échapper s’empresse de fuir, de chercher
un abri sûr & de défendre la maison où il
s’est réfugié. |
115
120
|
Sponte movet tandem victricia castra Turenus;
Solvitur obsidium; tum sese jactat in urbe
Asperior miles, præfectus & ipse Tavannus
Sævior exultat, viresque animosque resumit,
Excubat exercetque vices, quod cuique tuendum
Imperat, atque audax nova propugnacula condit;
Et nimis extensam præcidere cogitat urbem, |
|
Enfin Turenne lève spontanément son camp victorieux &
abandonne le siège. C’est alors que s’accroît dans la ville
la jactance & la cruauté de la soldatesque. Tavanne, leur chef,
redouble lui-même d’orgueil & de cruauté; il ranime ses
forces & son courage; il fait monter la garde, assigne à chacun
son poste, élève de nouvelles défenses, & forme
le projet d’abattre une partie de la ville trop étendue. |
125
|
Mœnia præruptis firmatque labantia vallis;
Excitat & crebras aggestis molibus arces,
Proxima tecta domus, sua quæ fastigia tollunt,
Aut quorum oppositus muros portasque minatur,
Cuncta, ducum arbitrio subeunt damnata
ruinam,
Strata solo tabulata jacent, disrepta labascunt
Culmina, & emotis recidunt titubantia tignis,
Igne cremata, manu, vel ab ipso diruta fundo. |
|
Il fortifie par des retranchements escarpés les remparts ébranlés;
il entasse les matériaux & élève de nombreuses
redoutes. Les maisons qui élèvent leurs faîtes trop
près des murs, ou dont la position est une menace pour les portes
ou pour les remparts, sont jetées par terre au gré des généraux.
Le sol est couvert de débris de maisons démolies, après
avoir été saccagées ou bien brûlées
& détruites de fond en comble. |
130
|
Regia, sicque novis nitentes arcibus, arma
Excipiunt, risu Turennum & voce lacessunt:
Qui tandem lapsis septem & bis quinque diebus
Advolat, atque iterum nostris allabitur oris;
Hunc variis, numeroque potens exercitus, armis
Stipat, & ad pugnas urget præsentia regis: |
|
Ainsi fortifiées de nouveau, ils attendent audacieusement l’armée
royale & insultent Turenne de leurs sarcasmes & de leurs railleries
(4).
Ce vaillant capitaine, après
dix-sept jours, accourt & se présente de nouveau devant nos
murs. Il est entouré d’une armée nombreuse, que la présence
de son roi anime au combat. |
135
|
Nec mora, mox aditus omnes circumdedit urbis,
Imperioque ducum, cuneis se quisque coactis
Agglomerans miles, muros perrumpit & agmen,
Arcibus & fossis sublimibus undique septum
Obstitit, & vim vi propellere nititur hostis; |
|
Sans perdre un moment, il intercepte toutes les communications
de la ville avec le dehors: au signal des chefs, les bataillons se forment
& se précipitent sur les murs. Mais défendus de tous
côtés par des fossés profonds & des citadelles élevées,
les rebelles résistent & repousse la force par la force. |
140
145
|
Pugnaces cogunt acies, fera prælia miscent,
Pectora pectoribus tunduntur & ensibus enses.
Interea horrisonis circumtonant ænea bombis
Machina, in adversas vibrata utrinque catervas.
Fulminis acta modo, muros tormenta fatigant
Bellica, continuis sternuntur & ictibus arces,
Mœnia dissultant, disjectaque turbine, faxis
Saxa labant, multoque exundat pulvere fumus. |
|
Les armées se mêlent: on en vient aux mains corps à
corps; les poitrines se heurtent contre les poitrines, les épées
contre les épées. De part & d’autre une artillerie formidable,
semblable à la foudre, épouvante l’air et sème la
mort dans les rangs; les murs sont ébranlés, & les redoutes
frappées à coups redoublés; les murailles sont renversées,
tout vole en éclat au milieu d’un nuage épais de poussière
& de fumée. |
150
|
Proh dolor! Innocuæ quantum gravis imminet urbi
Clades! quam miseris sors est insensa colonis!
Prodigus, annonæ congesta cibaria miles
Dissipat, obsessos sterilisque penuria vexat; |
|
Hélas! quel affreux désastre afflige cette ville innocente!
Quel funeste sort est réservé à ses malheureux habitants!
Les vivres amassés sont bientôt dissipés par la
prodigalité du soldat & une cruelle disette sévit parmi
les assiégés. |
155
|
Occidit hic ferro, fractus morboque fameque
Alter, vix tolerat languentis tœdia vitæ.
Horrida quam strages! quotque intumulata premuntur
Corpora! Quot fuso stagnant immersa cruore!
Quotque jacent putri respersa cadavera tabo! |
|
Celui qui ne meurt pas sous le fer, épuisé par la faim
& par la maladie, porte avec peine le fardeau d’une vie qui lui est
devenue à charge. Quel horrible carnage! Que de morts sans sépulture!
Combien gisent au milieu d’un fleuve de sang! Combien défigurés
dans l’ordure & dans la poussière! |
160
|
Hinc vapor exhalat, spargitque per aera labens
Pestis, & incautum vulgus grassatur in omne;
Vir cadit & conjux, puerisque dolentibus atrox
Imminet exitium, nullum est sine funere funus,
Nec perimit mors una semel; metit omnia falce,
Nec pecudum generi parcit. Quid fata requirunt
Amplius? Omne sacrum nobis inimica profanant. |
|
L’air souillé d’émanations délétères
produit bientôt une peste cruelle qui sévit contre le peuple
sans qu’il puisse s’en garantir: ils sont suivis bientôt au cruel
trépas par leurs enfants désolés: un cadavre est toujours
accompagné d’un autre cadavre; la mort ne marche jamais seule,
elle moissonne tout sous ses coups: elle n’épargne point les animaux
eux-mêmes. Que peuvent demander de plus les destins? Dans leur fureur
contre nous, rien qu’ils n’attaquent & qu’ils n’outragent. |
165
|
Nec genus id labis silet, obsidione soluta,
Ast etiam in totum gravius producitur annum.
Civibus extinctis jacet urbs deserta, vacantque
Proxima dejectis mapalia nostra colonis;
Nil tandem superest urbis nisi tristis imago,
Nec quivis pagus nobis conterminus expers |
|
Ce fléau ne s’arrête pas avec le siège, il se prolonge
avec fureur pendant une année entière; la ville est déserte,
les maisons sont abandonnées; il n’y reste rien que l’image du
deuil & de la tristesse. |
170
175
|
Cernitur, aut morbi, mortis, bellive, ruinæ:
Fertilis en campus nuper renovatus aratro
Indomitis calcatur equis, hunc turba rotarum
Duraque protritis sterilem facit ungula glebis,
Præpropera, heu! Messis jamjam resecatur in herba,
Pabulaque armentis seges immatura ministrat,
Et sine seminibus tot culta novalia languent,
Stirpitus avulsæ squallent sine palmite vites,
Sicque solum fit iners & restat inutile nostrum. |
|
Aucun village voisin qui n’ait souffert de la guerre & de la maladie
et qui n’offre l’aspect de la ruine & de la mort. Les champs fertiles
récemment retournés par la charrue ont été
foulés sous les pieds des chevaux ou durcies par les roues des chars;
es moissons coupées encore tendres sont données comme fourrage
aux bestiaux; les campagnes si bien cultivées ne reçoivent
aucune semence; les vignes arrachées ne donnent point de raison:
la terre reste stérile & sans rien produire. |
180
|
Hæc super excidio Stemparum, monstra notabam
Vix credenda mihi, sed quæ ipse miserrima vidi,
Quamquam animus meminisse horret, refugitque dolore. |
|
Telles sont les horreurs que j’ai notées dans le saccagement d’Étampes,
horreurs à peine croyables que j’ai vues de mes yeux, & dont
le souvenir épouvante mon esprit & me navre de douleur (5). |
N.B. v. 125: subeunt conjeci pro subenne.
|
NOTES DE PINSON
[pp. 37-45]
NOTE 1.
LA ville d’Étampes, par sa situation entre plusieurs collines
& sa longueur démesurée, mérite une attention
toute particulière. Le paysage qu’offre la vallée, vu des
hauteurs de Guinette ou de Vauroux qui se font face, peut être considéré
comme l’un des plus beaux de France. Plusieurs rivières ou ruisseaux,
tel que la Juine, le Juineteau, la Louette, la Chalouette, sur les bords
desquels sont bâties un grand nombre d’usines à farine, arrosent
en serpentant cette vallée gracieuse couverte d’immenses prairies,
entourées d’aunes & de peupliers, où le promeneur, pendant
l’été, vient goûter sous leur ombrage solitaire une
délicieuse fraîcheur.
La description
louangeuse faite par Pierre Baron n’est donc pas exagérée;
il n’a fait que reproduire, en les [p.38]
amplifiant & en leur donnant une autre tournure, les
vers charmants que Clément Marot composa en l’honneur de la maîtresse
de François Ier, Anne de Pisseleu, duchesse d’Étampes,
qui ont bien pu contribuer à accréditer que l’étymologie
de cette ville, dont la riante situation rappelle le souvenir de la belle
vallée de Thessalie chantée si souvent par les favoris
des Muses, vient du mot grec Tempé. Cette erreur, qui a encore
de nos jours des partisans, a été réfutée victorieusement
par M. E. Dramard, dans sa savante Notice sur l’origine de la ville
d’Étampes, publiée en 1855:
«Ce
plaisant val que l’on nommoit Tempé,
«Dont mainte histoire est encore embellie,
«Arrousé d’eaux, si doux, si attrempé,
«Sçachez que plus il n’est en Thessalie:
«Jupiter roy qui les cœurs gaigne & lie,
«L’ha de Thessale en France remué
«Et quelque peu son nom propre mué,
«Car pour Tempé veut qu’Estampes s’appelle.
«Ainsy luy plaist, ainsy l’a situé,
«Pour y loger de France la plus belle.»
|
|
NOTE 2.
Au XVIIe siècle, tous les terrains situés aux alentours
des faubourgs Saint-Pierre & Saint-Martin, y compris le hameau du
Petit-Saint-Mard & la butte du Rougemont, étaient plantés
en vignes, ce qui donnait à cette étendue de pays l’aspect
d’un vignoble d’une certaine importance. Aujourd’hui [1869] tout est bien changé:
les céréales remplacent les raisins, &, si l’on rencontre
encore quelques plantations de vinicoles, elles tendent à disparaître
de jour en jour pour faire place à une culture moins dispendieuse
& d’un plus grand produit.
|
|
NOTE 3.
Nous empruntons au journal inédit du siège, laissé
par René Hémard, les naïfs & curieux détails
qui suivent sur l’entrée de l’armée des Princes dans la
ville d’Étampes:
«Sur le soir du 23e du lois d’avril 1652, il vint quelque murmure
que les maréchaux des logis des deux armées s’estoient
trouvés confusément à Briare-le-Bruslé,
& à la Ferté-Aleps, à qui plutôt gagneroit
Paris, dont le grand poids faisoit pencher touste la France. Cela nestoit
pas tout à fait vray, car les Royaux grossis de nouvelles troupes
poursuivoient les Princes, qui taschoient à se couvrir de la coulevrine
de la capitale; ce que nous n’avons appris que depuy, & ce qui sembloit
bien mériter un mot d’advis par la cour à nos officiers,
pour prendre quelques mesures, éviter surprises, & faire avec
la teste ce que nous ne pouvions pas exécuter avec les bras, en
gagnant temps par assemblées de ville, & par autres addresses
accoutumées en ces extrémités.
«Environ
les dix heures, au retour de la promenade avec les dames, je me couche
comme les autres, qui ne voyaoient point de péril imminent en la
vérité ou fausseté [p.40]
de cette nouvelle incertaine, & ne sçay
pourtant par quel hazard j’amusay à charger mes écritoires.
Mais à estions-nous au lit, que voilà l’armée des
Princes au faubourg Saint-Pierre, la ville s’assembla assés tumultuairement;
le coeur estant sur les lèvres des habitans, l’on résolut
hautement de refuser l’entrée, d’autant plus qu’il fut représenté
par un officier d’artillerie, selon sa pensée ou autrement, que
ce n’estoit qu’un camp volant composé de six ou sept cents hommes.
Pour cet effet l’on se transporte en corps vers ce faubourg, où M.
de la Boulaye, ne trouvant que des paysans à la première porte,
s’estoit déjà fait aisément ouvrir la barrière,
& à sa suite, sous les noms de MM. le Prince & de Beaufort,
que ces rustres ont juré depuis avoir creu estre du costé
du roy, ainsy que le premier estoit aux mouvemens de 1649. J’estois alors
au premier sommeil, & quelques bruits qui vinssent à mes oreilles,
je n’en faisois pas compte. Néanmoins je m’éveille, saute
du lit & m’habille bien viste. Nous venons à l’hostel de ville,
d’où chacun estoit déjà sorti, & parmi les alarmes
de ceux de l’un ou de l’autre sexe, nous arrivons au Perray, ou les rumeurs
estoient extresmes, & où l’officier cy-dessus, assisté
de quelques autres, notamment du bonhomme Septier, capitaine de la paroisse
Notre-Dame, qui crioit plus fort que pas un, continuoit ses premiers discours.
Aussy-tost la plus grande partie de l’armée paroissant sur les éminences
de Saint-Symphorien, à la lueur des eschalas allumés, cette
petite troupe à laquelle je me joignis proposa [p.41] aux commandans qui
estoient déjà dans les faubourgs, & feignoient peut-estre
ne demander qu’à passer la rivière, de leurfaire un pont
à Morigny un quart de lieue plus bas que la ville, ce que j’appuyay
fort auprès de M. Garnier l’Intendant, & mesme qu’il y avoit
un pont tout fait deux lieues au-dessous, au Mesnil-Cornuel. Mais cela
ne leur plaisoit pas, il pressoient le passage comme s’ils eussent eu l’ennemy
à dos, dont nous n’avions aucune nouvelle.
«Aussy
cependant, les deux personnes d’authorité suspecte, soit par prudence,
ou par autre motif, après avoir envoyé & receu sourdement
divers émissaires, s’accordèrent autrement que nous, sçavoir
que quarante officiers principaux de l’armée resteroient seulement
dans la ville, & tout le surplus dans les faubourgs jusqu’au lendemain
qu’elle promit partir vers Paris. De vérité ou bien pour
jour le stratagème, tous les habitans du premier faubourg qui estoient
la plupart vignerons, pleins d’effroy, meslés avec les gens de guerre
accoururent vers nous, criant que sans Madame de Chastillon, qui s’estoient
jettée à genoux, aux pieds de M. le Prince (c’estoit M. de
Tavannes), l’on auroit déjà tiré les canons, lesquels
estoient sur lepavé de la rue, & qu’on alloit décharger
si nous ne nous retirions. A ces mots aydés de la terreur de la nuit,
de mille hurlemens d’enfans & de femmes fuyans à demi-nus, &
de tous les désordres qui se voyent à la prise des villes,
nous fusmes dans la presse entraisnés jusque sur le pont de la porte
Saint-Pierre, où le mesme officier d’artillerie, auquel
[p.42] le lieutenant-général,
la hallebarde en main, fit quelques discours, me prenant d’amitié
par le bras, me dit: Retirons-nous, il faut cedder, nous sommes trahis.
En effet il vint prendre son cheval, & gaigna pays, comme j’aurois
peut-estre fait si mon nom avoit été aussy connu que le sien
dans les troupes.
«Je
voulus encore rester en cet endroit pour voir la suite, ce ne fut plus
qu’embarras d’hommes, de harnois & de bestes entrant en foule; je faillis
d’y estre estouffé & fus emporté bien loin de là
sans toucher à terre, ainsy que beaucoup d’autres. Sur les sept
ou huit heures du matin, toutes les troupes qui devoient loger aux autres
faubourgs entrèrent l’espée nue à lamain, comme en
une ville de conqueste, à la manière allemande. La plupart
s’en estoient promis le sac & le viol, pour rendre, disoient-ils, ce
qu’on leur avoit presté chés eux. Ils se renversèrent
aux hameaux & villages voisins jusqu’à deux ou trois lieues
d’alentour, du costé d’Orléans & de Chartres, où
peu de fille & de femmes qu’ils rencontrèrent purent éviter
leurs brutalités.»
|
|
NOTE 4.
Ce fait de destruction est ainsi rapporté par le barnabite Basile
Fleureau, témoin oculaire, dans son livre des Antiquitez de
la ville d’Estampes, Paris, 1683, in-4.
«Tous
les édifices tant dedans que dehors la ville proche des murailles
furent razez, même les murailles des clôtures des cimetières,
quoy qu’elles fussent fort basses. Ceux qui entreprirent d’abattre la chapelle
de Saint-Jacques de Bedegond, qui est au bout du cimetiere, du côté
de Paris, furent, par un effet visible de la divine justice, écrasez
sous les ruines. Le Comte de Tavannes fit mettre le feu dans les faubourgs,
au premier avis qu’il reçut que l’armée du roi venoit assiéger
Estampes. Et le dimanche 26 may, qu’elle s’approcha jusques à Estrechy,
il fit derechef mettre le feu dans ce que la première incendie avoit
épargné.»
|
|
NOTE 5.
Cette peinture navrante de la désolation de la ville d’Étampes
après le siège est de la plus grande exactitude. Au témoignage
de l’auteur, nous joignons celui de son gendre, qui lui aussi a été
témoin des faits qu’il rapporte.
Dans l’épître dédicatoire à son ami Dubin,
qui précède son recueil d’épigrammes intitulé:
Les Restes de la guerre d’Estampes, imprimé à
Paris en 1653, nous lisons le passage suivant:
«Tu as sceu que cette jadis ville est devenue depuis, un moyen
village, un cimetière. Jamais la Parque ne fit une si belle moisson,
elle a fauché de tous les biais, & les lancettes y ont été
aussi mortelles que les espées: quelques privilèges que
le roy accorde à ce païs, il pourra bien l’empêcher de
mourir, mais non pas de languir un long temps.» [p.43]
Nous trouvons également dans son journal cité plus haut
ces curieux détails, qui peuvent servir de commentaires aux vers
de son beau-père.
«Les armées ne furent pas plutôt retirées,
que les fumiers, les haillons, les cadavres & les autres puanteurs
infectant l’air, reduisirent presque la ville & ses environs en un
hospital. Il se forma de vilaines mouches de grosseur prodigieuse, qui
estoient inséparables des tables & des lits; le plus charitable
amy & le meilleut parent, estant malade luy mesme, n’avoit que le
cœur de reste pour soulager les siens. C’estoit une grande pompe funèbre
d’estre traîné sur une brouette au cimetiere, sans bière
ny prestres, au lieu desquels l’on entendoit que [sic]
croassement en l’air d’oyseaux sinistres & carnassiers, inconnus
jusqu’alors au pays, qui se rabattoient à tous momens dans nos
prés, nos terres & nos jardins, pour y faire curée
de charongnes des hommes & des bestes.»
Dix-huit années après le siège, & comme l’avait
pressenti René Hémard, la ville d’Étampes n’était
point encore remise de la terrible secousse qu’elle avait éprouvée
en 1652. voici le tableau qui en a été fait en 1670 par
le même auteur:
«Estampes est la plus malheureuse ville du royaume; sa grande
enceinte, dont le milieu n’est plein que de trous à retirer des
mendiants ou des chétifs manœuvres, & dont les faubourgs qui
en font la moitié, ne sont propres qu’à des cancres de vignerons
& à des laboureurs en fable, ne laisse pas de passer por une
communauté importante. Le [p.45]
surplus consiste presque ne quelques hostelleries barbouillées
& en maisons refaites par des Parisiens, originaires sablonniers, lesquels
n’y ont souvent qu’une pauvre femme pour garde. Ou bien ce sont de vastes
logis de deux ou trois arpens quasi vuides, & sans autres locataires
que de quelques jardiniers, dont les chambres ne sont tapissées que
d’oignons, de poireaux, de chicorée, & de pareilles menues verdures.
Les traffics de bleds & de laine autrefois si celèbres y demeurent
entièrement rompus, tant par le nouvel établissement du
canal de Briare & les fréquens logemens des troupes, que par
la hauteur des tailles, lesquelles ont chassé la moitié
du peuple, que les maladies d’armée y avoient laissé de
reste en 1652.»
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ACHEVÉ D’IMPRIMER
le 5 novembre 1869
pour LÉON WILLEM, libraire
à Paris
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UN POÈME PLEIN
DE RÉMINISCENCES CLASSIQUES
NOTES DE BERNARD GINESTE
(2002)
Ainsi que l’a fort justement
noté Pinson dans l’introduction qu’il a donnée à
son édition princeps, le poème de Baron est truffé
de réminiscences littéraires.
Une étude
exhaustive en est probablement impossible, et le résultat fastidieux
d’un travail si ardu ne serait pas d’un intérêt majeur; mais
il est possible de donner une idée de leurs fréquence par
quelques sondages aléatoires.
Nous donnons donc
ici en vrac le résultat de quelques recherches éparses effectuées
sur les 50 premiers vers de cette élégie, en combinant
les ressources d’un bon dictionnaire poétique, tel que le Gradus
ad Parnassum de Noël, et celles de la Toile, où nombre
de poèmes latins sont désormais en ligne, et principalement
les auteurs classiques. Nous citons aussi d’autres poètes qui ne
sont certainement pas les sources de Baron, mais qui manifestent la même
tradition savante à laquelle il se rattache.
Nous nous sommes servi du tirage de 1843 de la 2é édition
de Fr. NOËL, Gradus ad Parnassum, ou Nouveau dictionnaire
poétique Latin-Français, fait sur le plan du Magnum dictionarium
poeticum du P. Vanière, enrichi d’exemple et de citations tirés
des meilleurs poëtes anciens et modernes. Ouvrage adopté pour
l’usage des Classes par l’Université. Nouvelle édition, revue,
corrigée et considérablement augmentée [984 p.],
Paris, Ve Le Normant, 1843.
v.1, Huc ades aspiraque mihi:
Baron emprunte d’emblée la première moitié de son
premier vers à TIBULLE, Carmina II, I, 33-36: Gentis
Aquitanae celeber Messalla triumphis / Et magna intonsis gloria uictor
auis, / Huc ades aspiraque mihi, dum carmine
nostro / Redditur agricolis gratia caelitibus. «Messala, qu’on
célèbre comme vainqueur des Aquitains, toi qui surpasses
par la grandeur de ta gloire tes ancêtres chevelus, viens ici m’inspirer
pendant que notre chant rend grâce aux divinités agricoles.»
Messala est ici remplacé par la Muse, pia
Musa, épithète qui ne paraît pas d’origine
classique [Cf. cependant ANONYME, Anthologiae Latinae VIII, 43;
JEAN D’HILDESHEIM (†1375), Speculum fontis vitae, dédicace;
THOMAS CAMPION (†1620), De pulverea conjuratione I, I, 15-16:
Pars ego tam magni populi levis, hoc tibi struxi / Laudis opus,
cecinit quod pia musa mihi. J.-H. BISTERFELD,
Epitaphe d’Albert Szenci Molnár (1634), 9; JEAN-MATHIAS
GESNER Strenae III (1724), 104]. Cette Muse «pieuse»
est invoquée pour évoquer les «malheurs» d’Étampes
(casus, en fin d’hexamètre),
comme celle qu’invoque VIRGILE pour lui conter ceux du «pieux»
Énée, au célébrissime commencement de cette
épopée, Énéide I, 8-11: Musa, mihi causas memora, quo numine laeso, /
Quidve dolens, regina deum tot volvere casus
/ Insignem pietate virum, tot adire labores
/ Impulerit...
La piété en question
est ici le devoir civique, le culte rendu par l’auteur à sa petite
patrie, comme on le voit dans l’éloge de Bordeaux par AUSONE,
Ordo urbium nobilium: Impia iamdudum condemno silentia, quod
te, / O patria, insignem Baccho fluviisque virisque, / Moribus
ingeniisque hominum procerumque senatu, / Non inter primas memorem, quasi
conscius urbis / Exiguae immeritas dubitem contingere laudes.
20,1-5, où l’auteur commence par se reprocher l’impiété
de n’avoir pas traité plus tôt son sujet :
v.7: Cette fin de vers, ubere glebae, est empruntée à la
description que VIRGILE fait de l’Italie, Énéide
III, 163-164: Est locus, Hesperiam Grai cognomine
dicunt, / Terra antiqua, potens armis atque ubere glebae. Cf. aussi SÉNÈQUE,
Œdipe 154-158: Non silua sua decorata coma / Fundit opacis
montibus umbras, / Non rura uirent ubere
glebae, / Non plena suo uitis Iaccho / Bracchia curuat.
v.10-11: Latae sunt plateæ, nectuntur & ædibus ædes
/ Ordine composito, nihil ut properantibus obstet. BARON
adapte ici en le développant un hexamètre d’HORACE, Épître
II, II, 70-71: Intervalla vides humane commoda. Verum / purae sunt plateae, nihil ut meditantibus obstet.
Lata,
qui est tenu par Noël pour un épithète naturel
de Platea, provient
sans doute de l’éloge de Bordeaux par AUSONE (IVe siécle), où
l’on retrouve aussi l’idée de la bonne disposition des
demeures et de la largeur des places, Ordo urbium nobilium 20,
15-16: Distinctas in terna vias mirere, domorum / Dispositum et latas
nomen servare plateas.
v.11: Ordine composito: épithète répertorié
par Noël. [Même début de vers chez JOSEPHUS ADDISON
(†1719), Machinae gesticulantes (Anglice A puppet-show),
37-39 : Nam, quoties festam celebrat sub imagine lucem, / Ordine composito nympharum incedit honestum /
Agmen, et exigui proceres, parvique Quirites.]
v.12: Cf. CATULLE: Spirat
odoratus Zephyris florentibus aer. Noël répertorie lene
spirans comme épithète de zephyrus.
v.13: amnis argenteus: épithète
répertorié par Noël.
v.15, Vernantes gramine campi. Cette fin de vers,
gramine campi, remonte au moins
à HORACE, Art poétique (Epistula III), 161-165:
Inberbis iuvenis, tandem custode remoto, / Gaudet equis canibusque
et aprici gramine Campi, / Cereus in vitium
flecti, monitoribus asper, / Utilium tardus provisor, prodigus aeris,
/ Sublimis cupidusque et amata relinquere pernix. On la retrouve ailleurs:
OVIDE, Fastes VI, 237-239: Tunc ego me memini ludos in
gramine Campi / Aspicere et dici, lubrice
Thybri, tuos. SILIUS ITALICUS, Punica VII, 287-291: Nam
membra cubili / Erigit et fului circumdat pelle leonis, Qua super instratos
proiectus gramine campi / Presserat
ante toros... [Cf. DAVID VAN HOOGSTRATEN (†1724), Elegia I,
V, 27: Ut lucent tenero viridantes gramine campi!]
Mais surtout Noël cite sans nom d’auteur un hexamètre
que nous n’avons pu identifier, et qui ne paraît pas encore en
ligne (août 2002): Herboso virides, vernantes gramine campi.
v.16: On peut se demander
si PINSON a raison de comprendre l'expression externos... sensus au sens philosophique
de «sensations externes» (puisqu'il l’a rendue par «les
yeux» et «l’odorat»), et non pas comme suit: «les
sens de l’étranger», c’est-à-dire de celui qui découvre
Étampes.
v.17, Colliculus tumet: Pour tumeo au sens
de «s’élever», cf. CLAUDIEN (fin du IVe siècle),
Carmen XXVI, 11-13: Alto colle
minor, planis erectior arvis / conspicuo clivus molliter orbe tumet, / ardentis fecundus aquae... depressa hic vallis amoene: Noël répertorie
depressa et amoena comme épithètes
naturels de vallis.
v.18, Ridet, inex[s]tincto florum variata colore:
Pour Ridet en début d’hexamètre,
avec l’idée métaphorique qu’une étendue de terre
rit par l’instrument de fleurs aux couleurs variées, cf. Cf. OVIDE:
Florumque coloribus
omnis / Ridet ager. pour la fin de l’hexamètre,
florum variata colore, cf.
ALEXANDER NEQUAM (†1217), De Laudibus divinae Sapientiae I, II,
743-744 : Hinc Iris fulget vario variata
colore, / Cum dictis colli motio crebra facit. Et surtout JOHANN
FRIEDRICH CHRIST (1746), Villaticum I, XX, 15-16: Herba recens
pratis florum variata colore / Excipit,
ac nullo murmure transit aqua (Noël donne varius comme épithète
de color). BARON et CHRIST ont peut-être une source commune, que
nous n’avons pu identifier et qui n’est pas encore en ligne (août
2002). [Notez que Noël propose perennis comme synonyme de inexstinctus.]
v.19: Hunc gelidi fontes: épithète repertorié
par Noël, qui remonte à VIRGILE, à qui Baron emprunte
ce début d’hexamètre, à peine modifié, Églogue
10,42: Hic gelidi fontes, hic mollia prata, Lycori, / Hic
nemus: hic ipso tecum consumerer aevo, et qu’on retrouve dans l’APPENDIX
VERGILIANA, Lydia 16-17: Gaudebunt silvae, gaudebunt mollia
prata / Et gelidi fontes aviumque silentia
fient, / Tardabunt rivi labentes (currite lymphae), / Dum mea iucundas exponat
cura querellas. [Ainsi que par exemple, deux fois chez BOCCACE (†1375),
Carmen bucolicum XV, 17: Hic gelidi fontes, hic pascua pinguia. Quid plus?
et Carminum quae supersunt II, 54 : Hic nemus et gelidi fontes
et mollia prata ; deux fois chez HELIUS EOBANUS HESSUS, professeur à
Erfurt (1590), Bucolicum VI, 21sq: Nunc
gelidi fontes manant: et rupibus altis / Frigida milleno labuntur
flumina lapsu / Per virides ripas: et amaena silentia: postquam / Te
nostri accipiunt saltus fugit omnibus omnis / Graminibus serpens: fragrant
suavissima Tempe / Quale apibus dicunt Siculam stipantibus Hyblen;
et ailleurs: O patriæ gelidi
fontes, ô flumina nota,/ O valles, ô antra meis notissima
Musis! Ou encore chez MILTON (†1674), Epitaphium Damonis
71: Hic gelidi fontes,
hic illita gramina musco, / Hic Zephyri, hic placidas interstrepit arbutus
undas...]
v.20: dissilio signifie
sauter de-ci de-là ou s’entrouvir.
v.21: Cette fin d’hexamètre,
trepidat cum murmure rivus,
fait penser à OVIDE, Fastes, III,
273: Defluit incerto lapidosus murmure
rivus. Mais BARON suit ici probablement une autre source
que nous n’avons pu identifier qui sera aussi utilisée par PETRUS
BURMANN, Poemata, II (1742), 385-386: Limpidus &, rauco
trepidans cum murmure, rivus / Evocet ad ripas lene sonantis
aquae.]
v.23: genialis odor, épithète répertorié
par Noël [cf. CASIMIR (MACIEJ KAZIMIERZ SARBIEWSKI, †1640), Ode
IV. 21 (Ex sacro Salomonis Epithalamio): Caedua Pachaeos sudant opobalsama
nimbos; / Et genialis odor / Aspirat,
quoties nutantibus hinc atque illinc / Ingruit aura comis].
v.24,
Et resonis
volucres concentibus aera mulcent: BARON calque ici
OVIDE, Fastes I, 155: Et
tepidum volucres concentibus aera mulcent.
[Cf. SEBASTIEN BRANT, Flugblatt über Krieg und Frieden (1499),
v.41: Suaviloquis volucres concentibus
aera mulcent.]
v.27, hic recubans. Recubans
fait immédiatement penser au premier vers de la première
Bucolique de Virgile, que tout latiniste connaît:
Tityre, tu patulae recubans sub tegmine fagi / Silvestrem tenui
musam meditaris avena. [cf. HUGO DE GROOT (GROTIUS), Myrtilus
(1617), vv.115-116: Hic recubans
cantabo: jubet locus, altaque subter / Saxa supercilio cohibent umbracula
rupes.]
v.28: Pour cette fin d’hexamètre,
arundine pisces, cf. surtout
TIBULLE, Élégies, II, VI, 23-24: Haec laqueo
volucres, haec captat arundine pisces, /
Cum tenues hamos abdidit ante cibus. Mais aussi: OVIDE, Art d’aimer
II, 77-78: Hos aliquis, tremula dum captat arundine pisces, / Vidit, et inceptum dextra reliquit
opus. [Cf. THOMAS CAMPION (†1620), Épigrammes,
II, 63A: Cum tibi tam cordi est, age, perdito arundine pisces, / Fleverit hoc quamvis Pythagorea
anima. JOHN STRADLING (1601), Épigramme II, 50:
Dum tremula incautos praedatur arundine
pisces, / Piscator ripas Longus ad, Isca, tuas, / Decidit in fluvium
male somniculosus, et ipsis / Quos depraedatur piscibus esca fuit.]
v.30: Cette fin d’hexamètre,
per opaca viarum, est empruntée
à VIRGILE, Énéide VI, 633-634: Dixerat,
et pariter, gressi per opaca viarum, / corripiunt
spatium medium, foribusque propinquant (Cf. Ibid. II, 725:
Ferimur per opaca locorum). [Cf. BOCCACE (†1375), Églogue
II, 57: Dant aditus vires animis et opaca viarum.
VAENIUS, Amorum emblemata XLVII, 1-2: Quæ non tentet
Amor perrumpere opaca viarum, / Qui infidi
spernit cæca pericla maris? GIOVANNI PASCOLI Pedagogium
(1903), 59-59: ...Putemne / Theutaten quandoque ducem per opaca viarum / affore?]
v.31: pour ce début
d’hexamètre, Sole sub,
cf. VIRGILE, Bucolique II, 12-13: At mecum raucis, tua dum
vestigia lustro, / Sole sub ardenti resonant
arbusta cicadis. CATULLE, LXIV, 353-355: Namque uelut densas praecerpens
messor aristas / Sole sub ardenti flauentia
demetit arua, / Troiugenum infesto prosternet corpora ferro. NÉMESIEN
(fin du IIIe siècle), Églogue IV, 45: Tu
quoque, saeve puer, niveum ne perde colorem / Sole
sub hoc: solet hic lucentes urere malas. THÉODULE (XIIe
siècle), Pistilegus, incipit: Sole sub estivo perfecte iam redivivo / Sursum
quarta vehi cum ceperit hora diei. BOCCACE (†1375), Églogue
II, 43: Sole sub ingenti tristis tremor
occupat artus. HELIUS EOBANUS HESSUS (professeur à Erfurt),
Carmen heroicum de recessu studentum ex Erphordia tempore pestilenciae
(1506), 1-2: Tempus erat iam laeta Ceres adoleverat arvis / Sole sub ardenti...
v.35, Juppiter ipse:VIRGILE, Énéide
VII, 107-111: Aeneas primique duces et pulcher Iulus / corpora sub ramis
deponunt arboris altae / instituuntque dapes et adorea liba per herbam /
subiciunt epulis (sic Iuppiter ipse monebat)
/et Cereale solum pomis agrestibus augent.
vv.36-37, ubi Juppiter ipse / Ver longum præbere
solet, rabiemque Leonis / Lenire,
& rigidas boreali tempore brumas: Le soleil, de nos jours, entre
à la fin de juin, dans la constellation du lion, que la mythologie
identifie avec celui de Némée, tué par Hercule près
de Cléone; mais dans l’Antiquité, c’était en juillet,
et c’est ainsi que l’entend probablement Baron à la suite d’Horace.
Cf. LUCRÈCE, Guerre civile VI, 337-338, De natura rerum:
At medios ignes caeli rabidi leonis / solstitiale caput nemorosus summouet Othrys.
(C’est le texte suivi par Noël, tandis que les édition
modernes portent, sans doute à tort: rapidique.) BARON s’inspire ici
surtout, quoique assez librement, d’HORACE (qui parle aussi du Chien,
c’est-à-dire de la Canicule), Épitre
X, 15-17: Est ubi plus tepeant hiemes, ubi gratior aura / Leniat et rabiem Canis et momenta Leonis, / Cum semel accepit Solem furibundus acutum? Cette idée de la modération du climat, et spécialement
d’un long printemps, Ver longum
(en début d’hexamètre), paraît aussi une nouvelle réminiscence
de l’éloge de Bordeaux par AUSONE, Ordo urbium nobilium
20, 8-12: Burdigala est natale solum, clementia caeli / Mitis ubi
et riguae larga indulgentia terrae,/ Ver
longum brumaeque novo cum sole
tepentes / Aestifluique amnes, quorum iuga vitea subter / Fervent aequoreos
imitata fluenta meatus.
v.41,
Sæpius ut gravidæ disrumpant horrea messes:
VIRGILE, Géorgiques I, 49: Illius immensae ruperunt horrea messes.
[La fin d’hexamètre en horrea messes
a été plusieurs fois imitée, OVIDE, Métamorphoses
VIII, 293: Et frustra exspectant promissas horrea messes; APPENDIX VERGILIANA, Aetna
12, Annua sed saturae complerent horrea messes;
MILTON, Epitaphium Damonis (1720), 10: Et totidem flavas numerabant
horrea messes]. Gravida est un épithète naturel de
Messis pour Noël (qui cite par
ailleurs, sans référence: Plena Ceres et vincens horrea messis).
v.49: Ce début d’hexamètre
Eloquar? An sileam? (répété
v.51) est emprunté
à VIRGILE [Énéide III, 38; 37-43: Tertia
sed postquam maiore hastilia nisu / Adgredior genibusque adversae obluctor
harenae, / (eloquar an sileam?)
gemitus lacrimabilis imo / Auditur tumulo et vox reddita fertur
ad auris.] Cette réticence grandiloquente
est très célèbre et parfois parodiée [e.g.
EDWARD FORSETT, Pedantius (Comoedia acta Cantabrigiae in collegia
Trinitatis, 1581), II, 307: PED. Eloquar, an sileam?
Sed cur in re momenti minimi dilemmate utor non necessario? CONSTANTIN
HUYGENS (1643) 141 (De Voetbooghdoelen): Eloquar, an sileam si cui natura nouerca est
/ Artifices inter nomen habere meos? / Eloquar. Hic virtus vitium est:
accurrite lusci; / Plus videt hic oculus quam videant oculi. THOMAS
MAKIN, Descriptio Pennsylvaniae (1729) vv. 183-184: Eloquar an sileam? si quando pecunia desit, / Lex
perit et nihili iustus habetur inops.]
v.53, Scinduntur proceres studia in contraria Galli:
BARON s’inspire ici de VIRGILE, Énéide, II,
39: Scinditur
incertum studia in contraria vulgus. [Cf. STACE, Thébaïde V, 147-148: Nec uarius
fremor aut studia in contraria rapti /
Dissensus, ut plebe solet.]
Bernard Gineste, 2002
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BIBLIOGRAPHIE
Éditions
Paul PINSON [éd.], La
prise d’Etampes, poëme latin inédit de Pierre Baron, maire
de la ville en 1652, traduit en français avec le texte en regard
et des notes, et précédé d’une notice biographique
sur l’auteur par Paul Pinson [in-18; 45 p.], Paris : L. Willem, 1869.
Bernard GINESTE [éd.],
«Petrus Baron: Stemparum Halosis
(texte latin de 1654)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/cls-17-baron-halosis.html, janvier
2003.
Bernard GINESTE [éd.],
«Pierre Baron: La Prise d’Étampes
(traduction Pinson seule)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/cle-17-baron1654prisedetampes.html, janvier
2004.
Bernard GINESTE [éd.], «Pierre Baron: La Prise d’Étampes (édition
bilingue annotée de Pinson, 1869)», in Corpus Étampois,
http://www.corpusetampois.com/cls-17-baron-halosis-bilingue.html, janvier
2004.
1652 dans le Corpus Étampois
Bernard GINESTE [éd.],
«Petrus Baron: Stemparum
Halosis (texte latin de 1654)», in Corpus Étampois,
http://www.corpusetampois.com/cls-17-baron-halosis.html, janvier 2003.
Bernard GINESTE [éd.],
«Pierre Baron: La Prise
d’Étampes (édition bilingue annotée
de Pinson, 1869)», in Corpus Étampois,
http://www.corpusetampois.com/cls-17-baron-halosis-bilingue.html, janvier 2004.
Bernard GINESTE [éd.],
«Pierre Baron: La Prise
d’Étampes (traduction Pinson seule)», in
Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/cle-17-baron1654prisedetampes.html, janvier 2004.
François JOUSSET
& Bernard GINESTE [éd.], «René
Hémard: La Guerre d’Estampes en 1652 (édition
1884 de Pinson)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/cle-17-renehemard-guerre.html,
janvier 2003.
Bernard GINESTE [éd.],
«Basile Fleureau: Recit veritable de ce qui
s’est passé au siege de la Ville d’Estampes en l’année 1652 (édition
de 1681)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-17-fleureau-b44.html, janvier
2003. 2e édition illustrée et annotée:
mai 2007.
André BELLON, «Antoine
Pecaudy», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-17-1652pecaudy-bellon.html,
2003.
Bernard GINESTE [éd.],
«Turenne: Lettres relatives au siège d’Étampes
(avril-mai 1652)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-17-turenne1652lettres.html, 2007.
Toute remarque ou contribution sera la
bienvenue. Any criticism or contribution welcome. Tous nos remerciement à Johann Ramminger,
éminent spécialiste du latin moderne, qui nous a signalé
quatre fautes de saisie dans le texte que nous avions mis en ligne (mai 2005).
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