CORPUS HISTORIQUE ÉTAMPOIS
 
 
André Bellon
Antoine Pecaudy
[Carrière d’un soldat de Turenne blessé devant Étampes en 1652]
 2002
 
 
     Les récits de Baron, de Hémard, de Fleureau (mis en ligne par notre Corpus) et des autres chroniqueurs des événements étampois de 1652 font allusion à bien des morts et des blessés anonymes. Voilà l’un d’eux, sorti de l’obscurité par André Bellon: Antoine Pecaudy, surnommé Contrecœur, est alors un soldat de 56 ans, sous les ordres de Turenne. Il est capitaine et vient d’épouser au pays la veuve d’un maître de poste. Il va être blessé sous les murs d’Etampes.
 
Antoine Pecaudy
     
     Antoine Pecoud dit Contrecœur, dont la déformation du nom deviendra Antoine Pecaudy de Contrecœur, était né en 1596 à Vignieu quartier du mandement de Saint-Chef. Durant cette première moitié du XVIIème siècle, Richelieu recrute, sur la frontière des Alpes, tous les hommes qu’il lui faut pour sa politique italienne.  

     Contrecœur s’engage dans l’armée et gravit peu à peu tous les échelons inférieurs dans les régiments de Maugiron, de Sault, et de Carignan; il termine par le grade de capitaine dans cette dernière unité. S’affublant du nom de guerre de Contrecœur, c’est en 1632 que Antoine Pecoud entra au service du Roi de France, et il participa au siège de Pignerol sous les ordres du maréchal Montmorency. Sa carrière fut longue, il fit campagne en Italie, en Guyenne, à Paris pendant la Fronde, et enfin en Hongrie avant d’embarquer pour le nouveau Monde.   
   
Turenne
     Il a été touché par de nombreuses mousquetades. En 1635 il est blessé à la cuisse lors du siège de Valenza sur Po. Le 22 juin 1636 il est blessé à l’épaule au combat du Tessin, puis à la tête au passage de l’Agogne en 1645. En 1652, sous les ordres de Turenne, il reconduisait le Roi à Paris pendant les troubles de la Fronde, lorsqu’il fut blessé deux fois en quelques jours, une première fois au travers du corps, à Etampes, et une seconde fois au bras au faubourg Saint-Antoine. Cette dernière blessure le laissera estropié. C’est en 1661 qu’il recevra ses lettres de noblesse et deviendra Antoine Pecaudy de Contrecœur.  
   
     Pendant les quartiers d’hiver, il revient à Saint-Chef, et le 11 janvier 1652 il y épouse Anne Dubois, veuve de Jacques Lemort. Ce dernier avait tiré un large bien-être des privilèges importants que lui valait sa profession de maître de la poste qui circulait entre Lyon et Genève. A sa mort, sa veuve se trouvait en possession d’un domaine bien établi, à la Grande Chanas, au couchant de Saint-Chef. Contrecœur obtint que son épouse accédât à un testament en sa faveur en 1662. Peu de temps après elle décéda, et Contrecœur revint en hâte de sa garnison d’Arras, il arriva au soir des funérailles et ne put y participer. Le 10 juillet 1663, le corps de Anne était porté en terre et sa succession s’ouvrait dans le maquis de la procédure puisque François et Philippe Dubois, les frères de la malheureuse, exhibaient eux aussi un testament en leur faveur.  
   
     Cependant Contrecœur part bientôt pour le Canada avec son régiment, il y débarquera le 18 ou le 19 août 1665. La mission de pacification des lieux terminée, le capitaine Antoine Pécaudy de Contrecœur recevra une vaste concession où il fondera un nouveau foyer le 17 septembre 1667, dont il aura trois enfants. Il est décédé le 1er mai 1688 à Contrecœur, village qui prit son nom au sein de sa concession.

Avec l’aimable autorisation de l’auteur (courriel du 8 septembre 2002 19:33), © Andre Bellon, 2002, http://perso.wanadoo.fr/correspondances.saint-chef.dauphine/ANTOINE%20PECAUDY.htm
 
 
 
BIBLIOGRAPHIE
   
Éditions

     André BELLON, «Antoine Pecaudy», in Chronique de Saint-Chef en Dauphiné: célébrités locales, http://perso.wanadoo.fr/correspondances.saint-chef.dauphine/ANTOINE%20PECAUDY.htm, en ligne en 2003.  
  
     André BELLON, «Antoine Pecaudy», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-17-1652pecaudy-bellon.html, 2003. 

1652 dans le Corpus Étampois

     Bernard GINESTE [éd.], «Petrus Baron: Stemparum Halosis (texte latin de 1654)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/cls-17-baron-halosis.html, janvier 2003.

     Bernard GINESTE [éd.], «Pierre Baron: La Prise d’Étampes (édition bilingue annotée de Pinson, 1869)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/cls-17-baron-halosis-bilingue.html, janvier 2004. 

     Bernard GINESTE [éd.], «Pierre Baron: La Prise d’Étampes (traduction Pinson seule)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/cle-17-baron1654prisedetampes.html, janvier 2004. 

     François JOUSSET & Bernard GINESTE [éd.], «René Hémard: La Guerre d’Estampes en 1652 (édition 1884 de Pinson)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/cle-17-renehemard-guerre.html, janvier 2003.   
 
     Bernard GINESTE [éd.], «Basile Fleureau: Recit veritable de ce qui s’est passé au siege de la Ville d’Estampes en l’année 1652 (édition de 1681)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-17-fleureau-b44.html, janvier 2003. 2e édition illustrée et annotée: mai 2007.

     André BELLON, «Antoine Pecaudy», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-17-1652pecaudy-bellon.html, 2003.

     Bernard GINESTE [éd.], «Turenne: Lettres relatives au siège d’Étampes (avril-mai 1652)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-17-turenne1652lettres.html, 2007.

 

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