Bernard Gineste
Les procureurs du roi à Étampes
au XVIe siècle
Étude prosopographique, 2010
Scène de Pentecôte
sculptée sur la façade intérieure
de l’Hôtel d’Esprit Hattes en 1554, alors receveur du
domaine.
C’est une sculpture à clef
désignant les commanditaires de cet hôtel
particulier, Esprit Hattes et Marie Paulmier
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Introduction
État de la
question
Le seizième marque à Étampes comme ailleurs
l’apparition progressive d’une administration moderne
du territoire, contrôlée toujours de plus
près par l’autorité centrale, c’est-à-dire
royale.
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Dès 1931, Paul Dupieux a donné de cette évolution
générale une synthèse pionnière
intitulée Les Institutions
royales au pays d’Étampes (1), qui s’appuie sur une documentation
jusqu’alors négligée par les historiens locaux,
mis à part Charles Forteau (2), non seulement aux Archives nationales
et à celles d’Orléans, mais encore à
Étampes même. Certains des documents qu’il a
pour ce dépouillés, voire édités
en certains cas, ont depuis disparu, les uns des archives municipales
d’Étampes, dont l’histoire tourmentée reste
à écrire; les autres des archives du Loiret, presque
entièrement détruites par le funeste bombardement
allemand de 1940.
Dupieux s’inspire
étroitement du plan et de la méthode d’un ouvrage
de référence de son maître Gustave
Dupont-Ferrier, paru en 1902: Les officiers royaux
des bailliages et sénéchaussées et les
institutions monarchiques locales en France à la fin
du moyen âge (3). Sur
cette base extrêmement solide et bien documentée,
qui trace un tableau général de ce qu’étaient
ces institutions dans l’ensemble du royaume jusqu’au
début du seizième, l’auteur s’est attaché
à traiter particulièrement du bailliage d’Étampes
et a étendu ses recherches jusqu’à la fin
du XVIe siècle.
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(a1)
Les institutions royales au pays
d’Étampes (comté puis duché,
1478-1598), Versailles, Mercier, 1931.
(a2) Les historiens d’Étampes
s’intéressaient moins jusqu’alors aux principaux acteurs
de l’histoire réelle du bailliage d’Étampes
qu’aux trois favorites royales qui reçurent alors
successivement le titre de duchesses d’Étampes, bien
qu’aucune ne paraisse y jamais avoir mis les pieds (comme
le simple bon sens aurait dû le leur faire entendre, sans
qu’il soit besoin d’autre preuve); ils n’avaient donc rien dépouillé,
et ce travail reste encore en grande partie à faire
pour ce qui concerne le XVIe siècle: seul Charles Forteau
avait travaillé dans ce sens, sans que ses travaux d’ailleurs
aient fait beaucoup d’émules.
(a3) Paris, Émile Bouillon, 1902,
1043 pages.
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Il
a donc ainsi écrit les grandes lignes de l’histoire institutionnelle
du pays d’Étampes au XVIe siècle avec
une grande sûreté, et cela même quand
les données concrètes récoltées
étaient dans le fait, en certains cas, assez maigres.
De fait il avoue clairement à plusieurs reprises
que la matière lui a manqué sur bien des points,
et que s’il est fier de pouvoir donner une liste enfin complète
des baillis d’Étampes, il est bien loin de pouvoir produire
une telle liste pour quelque autre catégorie d’officiers
que ce soit (4). Concernant même
le cas des lieutenants du bailli, leurs subordonnés
immédiats, il exprime clairement ce regret: “Des recherches
assez longues aboutiraient peut-être à dévoiler
les origines familiales de ces officiers, leurs attaches
dans le pays d’Étampes. Nous souhaiterions être
mieux renseignés à ce sujet” (5). Et au sujet du receveur du domaine du
roi: “Malheureusement nous ne pouvons insister sur lui, car les
textes sont assez rares, qui le concerne personnellement” (6).
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(a4)
Institutions, p. 236.
(a5) Institutions,
p. 79.
(a6) Institutions,
p. 87.
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Il reste donc bien aujourd’hui à préciser
cette présentation schématique par plus
de renseignements de détails, et par des études
particulières s’appuyant sur les sources les plus
riches, quoique les plus arides, de l’histoire locale: censiers,
registres paroissiaux, actes notariés et autres
documents dispersés, généralement
lacunaires et de lecture parfois difficile.
Très modestement je donne ici tout ce que
j’ai trouvé jusqu’à présent au sujet
de l’un seul de ces hauts fonctionnaire étampois (7), le procureur du roi, qui m’intéresse
plus que le bailli ou ses lieutenants, parce que c’était,
si l’on peut dire, une sorte de fonctionnaire territorial
dont le recrutement était local, et que cette charge
constituait à Étampes l’aboutissement final d’une
carrière locale. En parcourant pour un autre propos (8), la plupart des registres paroissiaux
conservés du XVIe siècle étampois, et
quelques censiers, je me suis accessoirement attaché
à y relever ce qui concernait les personnages qui y exercèrent
cette fonction. |
(a7)
Je donnerai cependant en note ce que j’ai trouvé
sur quelques autres, comme l’avocat du roi, sans le
garder jalousement sous le coude, à l’usage de
ceux qui voudraient développer des recherches du même
genre, recherches qui seraient bien souhaitables, pour donner
des bases solides à l’histoire d’Étampes.
(a8) En cherchant à identifier
le commanditaire de l’hôtel particulier du n°4
de la rue Sainte-Croix, qui est l’un d’entre eux, Esprit
Hattes.
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Dupieux ne mentionne que cinq d’entre eux, et encore en y incluant
un procureur du XVe siècle, Pierre de Gilles (9); bien que dès le XVIIe siècle
l’Étampois Pierre Plisson, sur la base d’archives
aujourd’hui disparues, en ait relevé davantage dans
sa Rapsodie (10),
éditée en 1909 par Charles Forteau, qui
en avait ajouté en note deux autres qu’il avaient
trouvé mentionnés par des registres paroissiaux
(11), Dupieux ne leur emprunte aucune
donnée que n’aient vérifiée ses propres
recherches.
Or la consultation
des premiers registres paroissiaux étampois conservés
et de quelques censiers permet d’établir avec
assez de précision la série de ces officiers,
qui furent au nombre de neuf, les dates où ils se succédèrent,
et en certains cas la manière dont il accèdérent
à cette charge. On voit se dessiner des carrières
et on observe le rayonnement social de ces personnages
et de leur famille. On peut localiser le domicile et la généalogie
de nombre d’entre eux, en croisant les données
des censiers avec celles des registres paroissiaux, et on
pourra ultérieurement arriver à plus de précision
encore en faisant usage sur la base de ce premier travail d’actes notariés actuellement
inaccessibles (12).
Je donnerai ici ce tout que j’ai trouvé sur
chacun d’eux à ce jour, soit chez Dupieux ou dans
des sources qu’il n’avait pas eu le bonheur de rencontrer,
ou pris le temps de consulter. Il ne s’agira donc pas d’une
véritable synthèse, sauf, brièvement,
en conclusion; c’est plutôt une base de données
rangées, pour chacun de ces officiers, par ordre chronologique,
à l’usage des historiens et des curieux, et susceptible
surtout d’être indéfiniment augmentée
à l’avenir de tous les nouveaux renseignements qui
viendront à notre connaissance.
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(a9)
Il ne cite que ceux-ci: Pierre de Gilles (1491);
Guillaume Cormereau (1518); Guillaume Ducamel (1520
et 1543, la date de 1520 n’étant pas justifiée
par Dupieux); Esprit Ducamel (1564); Nicolas Guilleton
(1578).
(a10) Édition Forteau,
Annales du Gâtinais 1909, p. 248: “Pierre
de Gilles, procureur de M. le comte (1491); Guillaume Cormereau
(1503); Guillaume du Camel, procureur du Roi (1520); Esprit du Camel
(1553); Esprit Hatte (1560); Nicolas Bergeonneau (1588);
Simon Égal (1613); Isaac Blanchard (1624); etc.”.
(a11) Ibid., note
4: “Pierre Legendre, procureur du roi à Étampes,
1572; Nicolas Guillotin, 1575”. Forteau précise
aussi en note que Esprit Hatte est procureur “au bailliage”,
sans indiquer ses sources.
(a12) Aux archives départementales
de l’Essonne.
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1. Pierre de Gilles, procureur de Jean de Foix
(…1491-1495…)
Mention de de feu
Pierre de Gilles ( Censier de Notre-Dame pour 1500,
copie de 1519)
1.1. Origines et antécédents
de Pierre de Gilles
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Nous commencerons comme Dupieux par Pierre de Gilles, bien
que nous versions au dossier une pièce qui permet
de savoir qu’il était mort dès avant le
30 octobre 1500, et qu’il ne s’agit donc pas à proprement
parler d’un procureur du XVIe siècle.
Le patronyme de Pierre de Gilles me semble tiré
de la commune de Gilles, en Eure-et-Loir, au canton d’Anet.
Ce Pierre de Gilles était établi à
Étampes avant que d’y être procureur du comte,
car nous l’y trouvons cité comme “notaire” dès
le 4 mars 1479 (1), à
l’époque où le procureur du roi est encore,
selon toute apparence, Pierre Lescuier (2). Nous verrons plus tard que, de manière
similaire, Guillaume Ducamel sera tabellion avant que de
passer procureur du roi.
Était-il pour autant Étampois de souche?
Probablement pas, car nous ne voyons pas d’autre représentant
de sa famille avant lui dans les environs, dans l’état
actuel de notre documentation.
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(1.1.1)
Les comptes de la maladrerie Saint-Lazare étudiés
par Charles Forteau, Annales du Gâtinais
21 (1903), p. 105, le mentionnent comme le notaire devant
lequel la métairie de Gandeville a été
en bail viager à Macé Perdrigon.
(1.1.2) Pierre Lescuier était
procureur du roi en 1473 selon Gustave Dupont-Ferrier,
Gallia regia, ou État des officiers royaux
des bailliages et des sénéchaussées
de 1328 à 1515, Paris, Imprimerie nationale, 1947, p.273,
n°12378. On conservait de plus autrefois à Orléans,
avant le bombardement de 1940, un aveu de “Michel L’Écuyer,
procureur du Roi” en date de 1468 (AD45 A. 1226, cf. Inventaire-Sommaire
de la série A, p. 276a). Sa famille ne paraît
guère représentée à Étampes
où nous ne trouvons qu’un Jaquelin Lesquier de Ville
Nuefve censitaire des dames de Longchamp en 1300 (AD91 E.
3869, édition Gineste, http://www.corpusetampois.com/che-13-longchamp1292a1306.html,
n°56); un Mahi Lescuier en 1323 (AD91 E. 3880,
édition Gineste, http://www.corpusetampois.com/che-13-longchamp1323.html,
n°27), et un Perrot Lescuyer censitaire des
mêmes en 1394 (E. 3889).
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1.2. Pierre de Gilles procureur du roi
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Ce personnage est qualifié le 25 juillet 1484
“honorable homme et sage Pierre de Gilles, procureur
fiscal de Monseigneur le comte d’Estampes” (1). Il se transporte alors
avec le prévôt Jean Laurent, le tabellion
Oudin de Monerville, deux sergents et quelques autres témoins,
à la chapelle Saint-Jacques du cimetière,
à la requête des chanoines de Notre-Dame, qui
veulent faire constater qu’ils sont empêchés
d’y chanter la messe de la Saint-Jacques par le doyen Louis Boisquemin,
sous peine d’excommunication.
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(1.2.1)
Cartulaire de Notre-Dame d’Étampes,
éd. Alliot, n°77, p. 84 (source négligée
par Dupieux).
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Le lundi
20 août 1487, un arrêt du Parlement
de Paris fut rendu entre d’une part le procureur de
Jean de Foix à Étampes, et d’autre part
maître Michel Dumoulin, licencié en décret,
chanoine de l’église de Chartres et prévôt
d’Auvers. Il exempta ce dernier de la juridiction d’Étampes
malgré les réquisitions du procureur (2).
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(1.2.2)
Selon un document autrefois conservé à
Orléans (AD45 A1237, fol. 31v°) et consulté
par Paul Dupieux en 1931 (Institutions, p. 64).
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Le 27 juillet 1490, Jean de Foix rend un édit
accordant aux Étampois le droit de creuser un
port sous les murs de la ville; les termes dont use sa conclusion
manifestent bien que le comte considère bien les officiers
du bailliage, et notamment le procureur, comme les siens
et non pas comme ceux du roi:
“Si donnons en mandement par ces mesmes presentes
à noz bailly, prevost, procureur, et autres officiers
audit Estampes, ou à leurs lieuxtenants ou commis,
et à chacun d’eulx en son regard, que noz presents
edict, decrect et ordonnance ilz entretiennent et acomplissent
et facent entretenir et acomplir de point en point sans aucune
difficulté; et à ce faire et souffrir, contraignent
ou facent contraindre tous ceulx qu’il appartiendra par
toutes voyes et manieres deues et en tel cas requises” (3).
Le 28 mars 1491, permission est accordée
aux célestins de Marcoussis de relever les fourches
patibulaires de Villesauvage qui tombaient en ruine. Mais
il y a enquête et procès, le procureur intervenant
pour les sommer de détruire un pilier qu’ils avaient
ajouté à ces fourches, le nombre de ces piliers
signifiant l’étendue de leurs degrés de juridiction
(4).
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(1.2.3) Le texte suivi est celui qu’a
établi Clément Wingler en 1993 sur l’original
conservé aux Archives communales d’Étampes,
préféré à celui de l’édition
de Fleureau, Antiquitez, p.
195.
(1.2.4) Selon un document autrefois
conservé à Orléans (AD45 A. 1238,
fol. 192) et consulté par Paul Dupieux en 1931 (Institutions,
p. 107, note 8). Ci-contre un croquis du XVIIe siècle
représentant les fourches patibulaires de
Villeneuve-Montfaucon, analogues à celle de Villesauvage,
sur le plan de dîmage des dames de Maubuison.
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Pierre de Gilles porte en 1491 le titre de “procureur
de monsieur le comte” (5), et, le 31 mars 1495, celui
de “procureur général du comté” (6). Ce n’était
donc pas alors un fonctionnaire royal, mais bien un agent fiscal du comte
d’Étampes, qui se trouvait alors être Jean
de Foix (depuis 1478 et jusqu’en 1500).
On sait maintenant
qu’il habitait une maison proche de l’église Notre-Dame,
devant le carrefour de cette église, dans la censive
des chanoines, et qu’après sa mort, survenue avant
le 30 octobre 1500, cette maison, alors appartenant à
sa veuve et à ses héritiers, fut habitée par
son successeur Guillaume Cormereau (7).
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(1.2.5)
Selon Pierre Plisson, qui avait l’occasion de consulter
d’anciennes archives à Étampes, et
dont la Rapsodie a jadis été
éditée par Charles Forteau, Annales
du Gatinais 1909, p. 248.
(1.2.6) Selon un document autrefois conservé
à Orléans (AD45 A1238, fol. 84) et consulté
par Paul Dupieux en 1931 (Institutions, p. 84, note 2).
(1.2.7) Censier de Notre-Dame
d’Étampes pour 1500, édition Gineste
2010, cf. infra.
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Il apparaît de plus, et les deux faits sont liés,
la chose n’ayant pas encore été observée,
que ce Guillaume Cormereau était le gendre de Pierre
de Gilles (8): c’est le premier exemple à notre connaissance
de transmission héréditaire de cette
charge à Étampes.
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(1.2.8)
AD91 E. 3930:“Marie de Gilles, veuve de Guillaume
Cormereau, procureur du roi au comté d’Etampes”;
E.3933: “la veuve Guillaume Cormereau”.
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1.3. Sur la descendance de Pierre de Gilles
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Pierre de Gilles a visiblement fait souche à Étampes,
car sa famille n’est guère dans la suite représentée
à notre connaissance que par des personnages
qui portent le même prénom que lui et qui
paraissent donc ses descendants directs.
Pierre de Gilles II. Outre sa fille Marie, mariée
à Guillaume Cormereau, et dont nous évoquerons
la descendance à l’article suivant, Pierre de Gilles
I eut pour fils un Pierre de Gilles II que nous trouvons censitaire
des dames de Longchamp de 1532 à 1538 (1).
Pierre
de Gilles III. Nous le voyons à son tour censitaire
des mêmes dame de Longchamp de 1561 à 1564,
qualifié les dernières de ces années
de “bourgeois d’Estampes” (2), cité
avec le même titre en 1570 (3) et sans en
1577 (4), décédé avant 1579 (5).
Il
assiste le 22 septembre 1556, parmi de nombreux autres
représentants du Tiers-État, à la
rédaction de la Coutume d’Étampes
(6). Il est mentionné comme échevin en
1562 (7), et nous voyons que le 24 novembre 1567, après le
départ des Huguenots, une assemblée de ville lui
confie, ainsi qu’à Pierre Forest, la charge de recevoir
les grains et farine qui serait amenés en la ville d’Étampes
dans les greniers de l’hôtel de Mesnilgirault (8).
Sa femme Simone Lecoup est marraine à cinq reprises
à Notre-Dame de 1564 à 1568, dont une
fois en même temps qu’un descendant du procureur
du roi Guillaume Cormereau, et une autre fois en compagnie
de la mère d’un futur procureur du roi, Simon Égal
(9). Deux de leurs filles sont signalées
comme marraines à Notre-Dame, Jeanne en 1565
et Alison en 1566 et 1567 (10).
Pierre
IV de Gilles. Ce prêtre, chanoine
et boursier de la collégiale Sainte-Croix, est signalé
comme parrain à Notre-Dame à trois reprises
de 1564 à 1568 (11); il représente
vers 1565 sa communauté devant la justice du bailli de
Guillerval (12); il est censitaire vers la même époque
du fief des Longs (13), et prend à
bail un autre bien dans la censive de Longchamp (14); on le
retrouvera encore lui-même procureur de ces mêmes
dames de Longchamp en 1592 (15); il est
toujours vivant en 1617 et maintenant aussi chanoine de Notre-Dame
(16).
On trouve aussi
plus tard, parrain à Notre-Dame en 1588, un Guillaume
de Gilles marchand qui doit être son frère
(17); il a lui-même une fille Marie de Gilles, maraine à
Notre Dame en 1590 (17), veuve en 1612-1614 d’un certain
Étienne Desanges, marchand étampois
et remariée en 1617 à Nicolas Thibault contrôleur
au grenier à sel d’Étampes (19).
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(1.3.1)
AD91 E. 3899.
(1.3.2) AD91 E. 3900. — (1.3.3) AD91 E. 3901. — (1.3.4) AD91 E. 3902. — (1.3.5)
AD91 E. 3902: “la veuve Pierre de Gilles”.
(1.3.6) Coustumes des
bailliage et prevosté d’Estampes, Paris, Jean
Dallier, 1557, p. 39. — (1.3.7)
Rapsodie de Pierre Plisson,
éditée par Forteau, Annales du Gâtinais
1909, p. 61. — (1.3.8)
Rapsodie, ibid.,
pp. 68-69.
(1.3.9) Notre-Dame jeudi
16 novembre 1564: “Simonne Le Coup femme de sire Pierre
de Gilles” en même temps que: “honneste personne
maistre Jehan Cormereau procureur au bailliage d’Estampes”;
16 juin 1565: “Symone femme de sire Pierre de Gilles et Katherine
femme de Daniel Egal”; 3 janvier 1568, “Symonne femme de Pierre
de Gilles”; 10 janvier 1568, “Symonne Le Coup femme de Pierre
de Gilles”; 21 décembre: “Symonne femme de Pierre de Gilles”.
(1.3.10) Notre-Dame 30 octobre 1565:
“Jehanne fille de Pierre de Gilles”; 20 juin 1566: “Alison
de Gilles fille de Pierre de Gilles”; 20 mars 1567: “Alyson
fille de Pierre de Gilles”.
(1.3.11) Notre-Dame 10 avril 1564: “maistre
Pierre de Gilles chanoyne de l’eglise Saincte Croix”;
6 juin, “venerable et discrette personne maistre Pierre de
Gilles chanoyne en l’eglise Saincte Croix d’Estampes”; 19
décembre 1568: “venerable personne maistre Pierre
de Gilles chanoyne de Saincte Croix d’Estempes”. — (1.3.12) AD 91, E. 3780: “Sentence rendue
par Etienne Le Vassor, bailli de la châtellenie de Guillerval,
pour l’abbé de Saint-Denis, en faveur du chapitre
de la collégiale de Saint-Croix d’Etampes, représentée
par Pierre de Gilles, chanoine et boursier de la collégiale,
et Gilles Buchon, son procureur, contre Gabriel Nyord, Pierre
Millet et Jean Lebarbier, le jeune” (Inventaire-Sommaire
de la série E). — (1.3.13)
AD91 E. 3934.1 (1565-1572). — (1.3.14)
AD91 E. 3927 (1565-1637). — (1.3.15)
AD91 E. 3905: “Etat des cens reçus à Étampes,
pour le compte des religieuses de Longchamp, par Pierre
Degilles, prêtre, pour termes échus en 1592 ou
à échoir à des années suivantes”.
— (1.3.16) Notre-Dame 11 mars 1617:
“venerable et discrette personne maistre Pierre de Gilles prebstre
chanoine de l’eglise Nostre Dame du dict Estampes”.
(1.3.17) Notre-Dame 1er octobre 1588:
“Guillaume de Gilles marchant du dict Estampes”. —
(1.3.18) Notre-Dame 5 octobre 1590: “Marie fille
de Guillaume de Gilles”. — (1.3.19) Notre-Dame
28 février 1613: “Marie de Gilles veufve feu honeste personne
Estienne Desanges”; 8 janvier 1614: “Marie de Gilles veufve feu
Estienne Desanges vivant marchant bourgeois d’Estampes”; 6 avril:
“Marie de Gilles veufve feu honnorable Estienne Desanges”; 23 avril:
“Marie Gilles [sic] veufve feu Estienne Desanges vivant marchant
bourgeois d’Estampes”; 14 juin: “Marie de Gilles veufve
feu Estienne Desanges”; 3 août: “Marie de Gille [sic] veufve
feu Estienne Desanges”; 27 octobre: “Marie de Gille [sic] veufve
feu Estienne Desanges”; 4 janvier 1617: “Marie de Gilles femme de
Nicolas Thibault controleur au grenier et gabelle à sel du dict
Estampes”.
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2. Guillaume Cormereau, l’Orléanais
(…1500-1518…)
Mention de Guillaume Cormereau
en 1515
2.1.
Origines et antécédents de Guillaume Cormereau
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Le successeur
de Pierre de Gilles, Guillaume Cormereau, qui fut à
la fois le dernier procureur des comtes de Foix et le premier
procureur du roi à Étampes, était issu
d’une famille orléanaise (1).
Nous voyons par exemple un “Estienne Cormereau” receveur
des deniers communs de la ville d’Orléans en 1493-1495 (2); ce dernier,
mort avant 1512, était notaire et praticien en cour
laie (3); en 1495 un sergent Aignan Cormereau (4) et bien d’autres édiles ou officiers
du même nom.
Les liens d’Étampes avec Orléans et
les occasions de contact étaient nombreuses, et nous
verrons par exemple que c’est à la municipalité
d’Orléans que s’adresseront les édiles étampois
pour leur demander copie vers 1512 des actes royaux qui avaient
institué leur municipalité, afin de demander
au roi la même faveur (5). Quoi qu’il en soit c’était
donc peut-être un homme du comte de Foix arrivé
à Étampes vers 1478 dans le même temps
que son prédécesseur. Peut-être commença-t-il
comme lui par être notaire, ou bien tabellion,
comme son successeur immédiat, ou encore receveur
du domaine, comme les suivants: notre documentation actuelle
ne nous permet pas de trancher ces différentes possibilités.
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(2.1.1)
Le Maire, Histoire d’Orléans, 1648,
tome 1, passim (cité par
Dupieux, Institutions, p. 84, note 5)
(2.1.2) Denis Lottin,
Recherches historiques sur la ville d’Orléans,
pp. 242 et 342.
(2.1.3) François Bonnardot,
Essai historique sur le régime municipal à
Orléans, Orléans, Jacob, 1881, p.
16; Bulletin de la Société
archéologique et historique de l’Orléanais
18 (1884), p.128; (1965), p. 58; Pierre Bouvier, Étude
sur l’Hôtel-Dieu d’Orléans au Moyen Age et au
XVIe siècle, Orléans, Pigelet, 1914, p.
166; Neithard Bulst, Die französischen Generalstände
von 1468 und 1484, Thorbecke, 1992, p. 294.
(2.1.4) Philippe Mantellier,
Histoire de la communauté des marchands fréquentant
la rivière de Loire et et fleuves descendant en
icelle, Orléans, Jacob, 1867, pp. 119-120.
(2.1.5) Pierre Plisson,
Rapsodie, éd. Forteau, in Annales du Gâtinais
(1909), p. 35.
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2.2.
Guillaume Cormereau dernier procureur du comte
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Guillaume
Cormereau nous est d’abord signalé en ces termes
par le censier de Notre-Dame d’Étampes, le 30 octobre
1500: “Maistre Guillaume Cormereau procureur à
present de monsieur le conte d’Estampes, demourant en la maison
que apartient à la vefve (1)
et hoirs feu maistre Pierre de Gilles jadys procureur, assise
auprès de l’eglise Nostre Dame, tenant d’une part à
Perre Piegelé, aboutissant au carrefour de devant l’eglise”
(2).
L’an 1503, il est qualifié
“procureur fiscal” (3), et la même
année simplement signalé une autre fois comme
procureur (4). Dupieux remarque que cette qualification de procureur
fiscal est spécialement usitée dans
les possessions de la maison de Foix (5).
Le 30 juin 1511, c’est sur sa réquisition
qu’est confisqué le manoir de Malicorne à
Boutervilliers, et que son propriétaire Michaud Louffier
assigné à comparaître devant le prévôt
d’Étampes pour dire ses causes d’opposition
(6).
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(2.2.1)
Le copiste a écrit par distraction: vefvent.
(2.2.2) Item n°74 de l’édition
Gineste 2010.
(2.2.3) Selon un document autrefois conservé
à Orléans (AD45 A 1169, passim)
cité par Dupieux (Institutions, p. 84,
note 5).
(2.2.4) Selon la Rapsodie,
éd. Forteau, p. 248.
(2.2.5) Institutions,
p. 84.
(2.2.6) Selon un document autrefois conservé
à Orléans (AD45 A 1197, tabl. 182, layette
2, liasse 4, pièce 2) cité par Dupieux (Institutions,
p. 106). L’Inventaire-Sommaire de 1878, p. 277b,
porte seulement: “saisie féodale (1511) du manoir de
Malicorne”.
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2.3.
Guillaume Cormereau premier procureur du du roi
|
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Après
la mort sans héritier de Gaston de Foix à
Ravennes, le 11 avril 1512, le comté
tomba à nouveau dans le domaine royal et Guillaume Cormereau
fut alors confirmé dans ses fonctions de procureur, au
témoignage de Fleureau, dès le 28 avril de la même
année, à Blois où était arrivé
la nouvelle de la mort de Gaston: “Guillaume Cormereau et Jérôme
de Villette furent aussi pourvu en même temps [que le lieutenant
général Jean Tuelieu] des offices de procureur
et d’avocat.” (1) Il faut entendre par là
que de procureur fiscal du comte de Foix, Guillaume passa
alors procureur du roi.
Cette même année 1512,
c’est dans sa maison que se réunirent les échevins
de la ville d’Étampes, qui n’avaient pas encore de
maison de ville. Mais cela n’était pas un usage,
car on les voit se réunir parfois dans la salle des plaids,
au dessus de la Halle ou Boucherie (sur l’emplacement de l’actuelle
place de l’Ancienne-Comédie), et une fois chez Jean
Guy, le receveur des deniers communs de 1507 (2).
A cette époque, selon Fleureau, le procureur
du roi avait un rôle plus important que d’héberger
épisodiquement chez lui les réunions du
conseil municipal. Les habitants en effet se plaignaient de
ce que leurs représentants n’avaient aucun pouvoir réel,
et que “toutes les choses se faisoient de l’Ordonnance du Lieutenant
General, à la réquisition du Procureur du Roy:
de sorte qu’ils ne pouvoient même assembler les habitans
pour les affaires de la ville, qu’ils n’en eussent auparavant
obtenu la permission de ces Officiers. Et ils n’avoient le pouvoir
de disposer des deniers communs, sans Ordonnance de Justice, que
jusques à vingt sols parisis. La maniere de proceder en cette
élection étoit, que les Echevins obtenoient du Lieutenant
General la permission de faire assembler les habitans. Ceux-cy
assemblez, en la presence du même Lieutenant General, &
du Procureur du Roy, en l’audience, où l’on tenoit les
plaids (c’étoit au-dessus de la Halle, aujourd’huy la
Boucherie.) le Procureur du Roy requeroit que l’on fit la nomination
des nouveaux Echevins” (3).
Pierre Plisson remarque de plus dans son analyse du
compte de 1512 que ces officiers se faisaient
évidemment rémunérer en chacune
de ces occasions: “Nota que le présent compte et tous
les autres sont rendus avec l’avocat du roi et le procureur
du Roi, à chacun desquels est fait taxe pour la vacation”
(4).
C’est en cette même année 1512
que sur réquisition de Cormereau, le bailli imposa
un nouveau règlement aux échevins pour éviter
des errements passés: ils ne pourraient plus engager
aucune dépense supérieure à 20 livres parisis
sans ordre de justice, c’est-à-dire des officiers du
roi (5).
Le 13 janvier 1513, à
la requête des échevins et sur ordonnance de Jean
de Villette lieutenant du bailli, il est procédé à
une réunion des échevins et des “gens du roi”pour
faire l’inventaire des titres détenus par la ville, en présence
de l’avocat du roi Jérôme de Villette et d’un substitut
du procureur du roi, qui se trouve être Guillaume Audren
(6). Il
est manifeste qu’on est ici en présence, comme ce sera encore
le cas en 1556 (§ 3.6), d’un simple remplacement à titre
occasionnel et exceptionnel, et non pas d’une charge fixe, car Guillaume
Audren est alors en réalité prévôt, depuis
le 12 avril de l’année précédente (7).
Le 9 octobre 1513,
“maistre Guillaume Cormereau procureur
du roy à Estampes” est cité comme
tenant une parcelle au champtier de Machefer voisine de la vigne du mercier
Jehan Chandelier. L’aveu en question est enregistré par son futur successeur, “Guillaume Ducamel, tabellion d’Estampes” (8). Le 8 janvier 1514, “maistre Guillaume
Cormereau” est cité comme tenant la même
parcelle au champtier de Machefer voisine de la vigne du foulon Pierre
Boassé ou Boessé (Boissé). L’aveu en question est
à nouveau enregistré par son futur
successeur, “Guillaume Ducamel, tabellion d’Estampes” (9). La dite parcelle sera encore tenue par sa veuve en 1524,
et à sa veuve et à ses héritiers en 1527 (10).
Le 24 juin 1514,
le procureur du roi, de concert avec l’avocat du roi
et le prévôt Guillaume Audren, firent obstacle
à la vérification et l’exécution de
la charte accordée par Louis XII en mai 1514 (11), qui
donnait au échevins le droit d’avoir une maison
de ville, dans la crainte que les élus municipaux ne finissent
par usurper leurs fonctions judiciaires et administratives.
Blaise Galois, examinateur au Châtelet qui était
arrivé à Étampes la veille, les cita
devant le prévôt de Paris. Le procès
traîna jusqu’en 1518. “Nonobstant lesdites lettres,
le procureur du Roi et autres officiers d’Étampes
voulaient contraindre lesdits habitants d’élire échevins
par devant M. le Bailli” (12).
En 1515, la procédure continuait
entre d’une part les échevins d’Étampes,
et d’autre part le procureur du roi et le prévôt;
un long procès-verbal des péripéties
juridiques de cette période nous est conservé aux
Archives municipale; il contient notamment une assez précieuse
liste des bourgeois d’Étampes de cette époque,
réalisée par le futur successeur de Cormereau,
alors tabellion du bailliage, Guillaume Ducamel; Cormereau
y est naturellement fréquemment cité, par exemple,
les 26 avril et le 1er septembre, en ces termes: “maistre
Guillaume Cormereau procureur du roy nostre sire audict lieu”; une autre fois il est qualifié: “maistre Guillaume
Cormereau procureur fiscal oudit conté” (13).
Cependant, très curieusement, il est qualifié
aussi une fois par ce document “maistre Cormereau advocat
du roy audict lieu d’Estampes” (14). Mais il s’agit évidemment
d’une étourderie du notaire. La charge d’avocat
du roi a été créée à
Étampes, comme on l’a déjà dit en passant,
en même temps que celle de procureur du roi, en 1512;
avant cela c’étaient les procureur et avocat du comte (15); en 1515,
la charge d’avocat du roi est clairement occupée
par Jérôme de Villette, fils et successeur
du dernier avocat du comte, Jean de Villette (16), et lui-même
premier avocat du roi à Étampes, depuis 1512
jusqu’en 1536 au moins (17). Elle sera tenue
ensuite successivement par Claude Prévôt
(18), Claude Mignault (19), Nicolas Prevôt (20) et Simon
Chauvin (21).
Le 7 février 1518 est encore
cité: “G. Cormereau procureur” (22).
Le 28 mars 1518 (23) il est
mentionné, “Maître Guillaume Cormereau procureur du
dit comté d’Estampes”, comme s’opposant à
la requête des échevins d’Étampes
dont on vient de parler, de concert avec le prévôt
Guillaume Audren et le comte en titre, Artus Gouffier (24).
Le 22 novembre 1518, c’est entre autres
à son procureur que la reine Claude adressa depuis
Blois la lettre par laquelle elle autorise la ville à
user de son palais comme d’un auditoire, c’est-à-dire
d’un palais de Justice; quoique, curieusement, le procureur
ne soit pas cité à sa place parmi les destinataires
de cet édit, entre l’avocat et le receveur (25). L’office était-il
alors provisoirement vacant?
En revanche,
il est bien fait mention du procureur du roi par une lettre
de François Ier en date du 27 juillet 1519
relative au droit de haute-justice et de foire du seigneur
de Saint-Cyr-la-Rivière, François du Monceau,
qui avait été lui-même bailli d’Étampes
l’espace de quelques mois l’année précédente
(26).
Guillaume Cormereau précisément paraît
être mort vers ce moment-là, c’est-à-dire
en tre le 28 mars 1518 et le 19 avril 1520, première
mention explicite de son successeur Guillaume Ducamel.
|
(2.3.1)
Antiquitez, p. 31. Fleureau,
comme on le voit, ne sait pas que Cormereau occupait cette
fonction depuis déjà une douzaine d’années.
(2.3.2) Selon la Rapsodie
de Pierre Plisson éditée par Forteau,
Annales du Gâtinais 1909, p. 29.
(2.3.3) Antiquitez,
pp. 211-212.
(2.3.4) Rapsodie
éd. Forteau, p. 30.
(2.3.5) Rapsodie
éd. Forteau, p. 29.
(2.3.6) Archives municipales d’Étampes AA 2
(copie du XVIIe siècle): “en la personne [lisez: en la presence] de
sage et honorable homme maitre Jerosme Devillette avocat du roy, et maitre
Guillaume Audren substitut du procureur dudit seigneur” (le document
est daté de 1512, en ancien style). — (2.3.7) Fleureau, Antiquitez, p. 29:
“Depuiz le Roy Loüis onziéme l’an 1471. erigea les Prevsotez
en garde en titre d’Office. Guillaume Aludreu (sic) a été
le premier pourveu de celle d’Estampes, en ectte qualité,
par Lettres Patentes du 27. d’Avril 1512”; texte discuté par
Dupieux, Institutions, p. 90.
(2.3.8) Censier
de Louis Lelong éd. Gineste 2011 n°38.
— (2.3.9)
ibid. n°72. — (2.3.10)
ibid. n°57 et n°21.
(2.3.11)
Rapsodie, p. 35: “Le prévôt
et le procureur du Roi ont été opposé
à l’entérinement desdites lettres”.
(2.3.12) Rapsodie,
p. 36.
(2.3.13) Archives municipales d’Étampes,
AA 227 (cahier folioté 21 à 58), f°21r°,
22r°, 23v°, 27r°, etc., 52r°, etc. (f°39:
du conté). Léon Marquis
a eu entre les mains ce cahier qu’il a daté par étourderie
de 1315 et où il n’a pas su lire le nom de Cormereau: “une
enquête faite les 1er, 6, 7 et 8 septembre 1315 (sic),
relative à un procès entre gentilhommes et manants,
Me Guillaume.... (sic) Procureur fiscal, et Guillaume Andran, prévôt
d’Étampes” (Les Rues d’Étampes, 1881, p.
114).
(2.3.14) Ibid.,
f°40. — (2.3.15) Le 5 novembre 1505,
cet avocat est un certain “Jean de Billault, conseiller
et avocat de Gaston de Foix, agent féodal par la suite
(Dupieux, Institutions, p. 86, s’appuyant
sur deux registres autrefois conservées aux archives
du Loiret, A. 1168, f°26 et A. 1238, f°184; cf.
Inventaire-Sommaire de 1878, pp. 264b
et 278b). — (2.3.16) Procès
de 1520 entre Jean de Villette et Jean de Lépin,
édité par Dupieux, Institutions,
p. 262: “Dit qu’il a gardé l’estat d’advocat jusques
à VcXII qu’il l’a resigné à son filz”
(cf. Fleureau, Antiquitez, p. 31, déjà
cité); dans le procès de 1517 également
édité par Dupieux, p. 258, Jean de Villette
semble prétendre ceci: “a esté procureur du roy
à Estampes jusques à l’an VcXIIII, qu’il a résignée
au prouffit son filz”; il s’agit là évidemment
d’une double erreur matérielle de son défenseur
ou d’un notaire, et non pas d’un mensonge maladroit de Jean de Villette
comme le croit Dupieux, p. 258, note 1. Nous verrons une autre
erreur de ce genre en 1515, où Cormereau sera dit “avocat
du roi” en un certain passage d’un document qui le qualifie ailleurs
régulièrement “procureur du roy”). — (2.3.17) Il est encore mentionné
le 14 août 1536 dans un procès verbal des délibérations
de l’assemblée de ville relatives aux fortifications
d’Étampes (Archives municipales, AA 159; texte connu
de Dupieux, Institutions, p. 86). Sa veuve est encore
citée le 6 avril 1571: “mademoyselle Marie de Guy
vefve feu noble homme maistre Hyerosme de Villette en son vivant
advocat du roy au dict Estampes”. — (2.3.18)
Le registre des baptêmes de Notre-Dame, qui commence
en 1545, note comme parrain le 20 mars 1549, “maistre Claude
Prevost advocat du roy à Estampes”, le 17 juillet 1552:
“maistre Claude Prevost avocat du roy à Estampes”; cité
comme tel pour l’an 1554 par la Rapsodie de
Plisson (édition Forteau, p. 147), toujours en place en
1556 (Coutume d’Étampes), et encore parrain à
Saint-Basile le 18 août 1568, “noble homme et saige maistre
Claude Prevost advocat du roy à Estampes”, puis à
Notre-Dame les 18 septembre 1570, “Marie fille de Claude Prevost
advocat du roy” et 15 mars 1571, “Claude Prevost advocat du roy notre
sire à Estampes”. — (2.3.19)
En 1580 selon Forteau, Annales du Gâtinais
(1909), p. 247, note 2, auteur d’une Notice sur
les saint Can, Cantien et sainte Cantienne. —
(2.3.20) Forteau, Annales du Gâtinais
(1909), p. 248, note 1, note qu’il est “fréquemment mentionné
dans les Registres paroissiaux à partir de 1588”;
il est defait parmi les officiers d’Étampes qui signe
le serment de Blois (Fleureau, Antiquitez,
p. 254). Je l’ai noté par ailleurs parrain à Saint-Basile
le 26 décembre 1591: “maistre Nicolas Prevost advocat du
roy”; mentionné en 1594 par les “statuts des maîtres
tailleurs d’habits de cette ville” qu’avait pu consulter Pierre Plisson
(Rapsodie, éd. Forteau, p. 248); parrain à Saint-Basile
le 2 mai 1596: “Chaterine (sic) Alleaume femme de Nicolas Prevost
advocat du roy”; 20 juillet: “Catherine Alleaume femme de noble homme
Nicollas Prevost advocat du roy à Estampes”; 13 octobre 1596:
“nobles hommes Nicollas Prevost advocat pour le roy nominatif et Simon
Egal procureur du dit seigneur”; 16 octobre 1597: “maistre Nicollas
Prevost advocat du roy au baliage d’Estampes”; 9 janvier 1598: “honorable
homme maistre Symon Egal procureur du roy à Estampes”; 4 mars:
“Catherine Alleaume femme honorable homme maistre Nicollas Prevost
advocat du roy au bailiage d’Estempes”; il passe ensuite lieutenant
du prévôt. — (2.3.21) Saint-Basile
mercredi 23 février 1600: “noble homme et sage maistre
Nicollas Prevost lieutenant de la prevosté d’Estampes et
noble homme maistre Symon Chauvin advocat du roy nostre sire à
Estampes”; 23 mars: “nobles hommes maistre Simon Chauvin advocat
du roy et Simon Egal procureur du dict seigneur au bailliage et prevosté
du dict Estampes, ledict Egal parrain nominatif”; Saint-Basile 3
septembre 1602: baptême de “Anthoine filz de honorable homme
Simon Chauvin advocat du roy au bailliage et prevosté d’Estempeset
de honorable femme Margueritte Memin” (marraine “Margueritte Chauvin”);
15 septembre 1602: “honorable homme Simon Chovin advocat du roy au
bailliage d’Estempes”; samedi 9 août 1603: “noble homme maistre
Simon Chauvin advocat du roy à Estampes”; 2 novembre 1605: “honorable
homme maistre Simon Chauvin advocat du roy à Estampes”; Saint-Martin
28 novembre 1605 (Forteau, La paroisse de Saint-Martin
d’Étampes, 1912, p. 34): “noble homme Simon Chauvin avocat
du roy au bailliage et prevosté”; Saint-Basile lundi 6 novembre
1606: baptême de “Guillaume filz de honorable homme maistre Symon
Chauvin advocat du roy à Estampes et de honorable femme Margueritte
Memin” (marraine “Jehanne Hacte femme de deffunct Françoys Cheron”;
Notre-Dame 23 novembre 1612: “Symon Chovin advocat du roy au bailliage
et prevosté d’Estampes”.
(2.3.22) Selon un document autrefois
conservé à Orléans (AD45 A1170)
et consulté par Paul Dupieux en 1931 (Institutions,
p. 84, note 3).
(2.3.23) Fleureau dit 1517, comme le
document qu’il édite, sans prendre garde qu’elle
est donnée dans l’ancien style; or la Pâques tombant,
en nouveau style, les 12 avril 1517 et le dimanche 4 avril,
un document daté du 28 mars 1517 dans l’ancien style
est en réalité du 28 mars 1518 selon le nouveau
style en vigueur depuis 1568. — (2.3.24)
Sentence arbitrale éditée par Fleureau,
Antiquitez, pp. 215-216.
(2.3.25) Fleureau, Antiquitez,
p. 27: “A nos amez & feaux Conseillers, les Bailly,
Lieutenant, Prevôt, Advocat, Receveur, & autres
Officiers de nôtre Comté, & Ville d’Estampes.”
(2.3.26) Archives nationales P 8, n°2460
(cf. Catalogue des actes de François Ier,
tome V, p. n°17154), texte édité par Paul Dupieux,
in Bulletin philologique et historique jusqu’à
1715 du Comité des travaux historiques et scientifiques
(1930-1931), p. 252: “Françoys,
par la grace de Dieu roy de France, à noz amez et féaulx,
gens de noz comptes et trésoriers à Paris, au
bailly d’Estampes ou à son lieutenant, et à noz
procureur, receveur et autres officiers au dict
bailliage, salut et dilection.”
|
2.4.
Sur la veuve de Guillaume Cormereau
|
|
Le 18
octobre 1524, “Marie de Gilles vefve de feu maistre Guillaume Cormereau
en son vivant procureur du roy nostre sire en sa conté d’Estampes,
tant en son nom que comme ayant la garde de ses enffans” avoue tenir de
Louis Lelong, pour 4 deniers de cens, “demy arpent de vigne assis au chantier
de Macheffer, tenant d’une part à Pierre Boisse, foullon, d’autre
part à [blanc], aboutissant d’un bout à la vefve et heritiers
Colin Bary, et d’autre bout au chemin de Machefer” ainsi que, pour 2 deniers,
“demy quartier de vigne assis au dit chantier, tenant d’une part à
elle mesmes et ses dits enffans à cause de la piesce dessus declairée,
d’autre part à la vefve Jehan Dan, aboutissant d’un bout à
la vefve et heritiers Colin Bary, et d’autre bout au chemin de Macheffer”,
cette dernière pièce ayant été acquise par Cormereau
de Colas Lochereau (1).
Ces parcelles (signalées come on l’a vu plus
haut du vivant de Cormereau en 1513-1514) appartiennent encore le 14
août 1527 “à la vefve et heritiers feu maistre Guillaume
Cormereau” (2).
|
(2.4.1) Censier
de Louis Lelong [AD91 E. 3930; voir aussi
E.3933: “la veuve Guillaume Cormereau”] éd. Gineste
2011 n°57. — (2.4.2)
ibid. n°21.
|
Le 26
octobre 1526, nous voyons que Marie de Gilles, veuve de Guillaume
Ducamel, habitait encore la maison qu’elle avait héritée
de son père et qui touchait à l’église
Notre-Dame, car elle y héberge Madame de la Trémoille,
qui conduisait le cortège funéraire de
la reine Claude, de Blois à Saint-Denis, deux ans après
sa mort.
Marie
de Gilles en est défrayée moyennant
60 sols, plus 118 sols pour le bois qu’elle a fourni. Voici
le compte conservé à la Bibliothèque
nationale:
“A la veufve feu maistre Guillaume Cormereau,
d’Estampes, pour deux cens bûches de gros boys et
soixante-douze fagotz, pour le jourd’huy et le lendemain
disner, CXVIII sols;
“A ladite veufve, pour le desroy [dérangement] du logis
de madame de la Trémoille et cuysine, et avoir fourny de
linge pour les tables et cuysine, baterie et ustancilles de cuysine,
pour le soupper d’arsois [hier soir]
et le disner du jour subséquent, LX sols”
(3).
Ceci nous
donne une idée, si vague soit-elle, de ce que
pouvaient être le logis et le mobilier de Pierre de Gilles
et de Guillaume Cormereau comparés à ceux
de leurs voisins du quartier Notre-Dame. |
(2.4.3) BNF, K. 83, n°18 (“Despence
de madame de la Trémoille et aultres dames et
damoiselles qui ont accompaigné et conduict le corps
de la feue royne Claude, que Dieu absoille, depuis Bloys jusques
à Sainct-Denys en France”; extrait édité
par Bigot de Fouchères, Tablettes historiques
d’Étampes, Étampes, Auguste Allien, 1876, p.
97).
|
En
1555, à Notre-Dame, elle se porte encore marraine
en même temps que la femme du deuxième successeur
de son mari, Esprit Ducamel (4).
|
(2.4.4) Notre-Dame
2 août 1555: “fut baptisé Marie fille de maistre
Claude Paulmier et de Jeanne sa femme; les parrins [sic] Jehan
Hamoys, les marennes Marie Veufve de deffunct maistre Guillaume
Cormereau et Marie femme de maistre Esprit Ducamel procureur
du roy”.
|
2.5. Descendance de Guillaume Cormereau
|
|
Comme
son prédécesseur Pierre de Gilles, Guillaume
Cormereau a fait souche à Étampes, et paraît
avoir eu au moins deux fils, Jean et Philippe.
Nous trouvons en effet vers le
milieu du XVIe siècle un certain “Philippe Cormereau,
bourgeois d’Étampes” censitaire comme sa mère
Marie de Gilles du fief des Longs (1), marié
à une certaine Marie Guettard qui fait une donation
à l’Hôtel-Dieu (2); ce Philippe Cormereau
assistera à la rédaction de la Coutume d’Étampes
le 22 septembre 1556 (3), et sera maire de la
ville d’Étampes en 1558 (4).
Par ailleurs un certain
Jean Cormereau est signalé
en 1538 lors d’une procédure d’adjudication à
la prévôté d’Étampes.
Dans
ce cadre, il rédige et signe un acte au nom
du prévôt Guillaume Audren les 18 octobre
1537 et 23 février 1538 comme suit: “Cormereau commis”;
il assiste par ailleurs aux quatre criées successives
qui sont opérées opérées place
Saint-Gilles, les jeudis 1er novembre, 15 novembre, 29 novembre et 13 décembre 1537
avec ce titre: “Jehan Cormereau clerc commis au greffe de la
dicte prevosté”; il est présent
enfin lors de la distribution finale du 25 juin 1538, avec
cet autre: “Jehan Cormereau clerc notaire royal au dict lieu” (5).
|
(2.5.1)
AD91 E. 3933.
(2.5.2) AD91 E. 3778.
(2.5.3) Coustumes des
bailliage et prevosté d’Estampes, Paris, Jean
Dallier, 1557, f°40r°: “Honorable homme Philippes
Cormereau”.
(2.5.4) Maxime de Montrond,
Essais historiques sur la ville d’Etampes, Étampes,
Fortin, 1836-1837, tome 2, p. 232, donne une liste d’édiles
d’après ce qu’il a pu trouver, de son temps “dans
les registres de l’Hôtel de Ville” et notamment ceci
“1558. Philippe Cormereau, maire. Ferry
Hue, Simon de la Lucasière, échevins”; Clément
Wingler, Hôtel de Ville et Institution municipale
1150-1850, Étampes, Archives Municipales, 2002,
p. 36.
(2.5.5) Archives municipales d’Étampes,
AA 241, f°8v°, f°13v°, f°14r°,
f°14v°, f°15v°, f°19r°, 34r°.
|
Dans un long
registre de comptes minicipaux pour les années
1564-1566, malheureusement
non paginé, et qu’il serait bien intéressant
d’éditer, il est fait fait mention de plusieurs quitances
signées de Jean Cormereau, comme celle-ci: “quictance du dict Gourmont signée Cormereau
notaire royal au dict Estampes en dacte du XXIIe jour de juillet
mil Vc soixante cinq” (6).
|
(2.5.6) Archives municipales d’Étampes,
AA 13.
|
Dans le même
registre Jean Cormereau est cité en temps que procureur
des échevins d’Étampes, comparaissant par exemple
avec eux devant le lieutenant du prévôt le 6 octobre
1564, à l’occasion de la prestation de serment du nouveau
receveur des deniers communs de la ville Jean Delaunoy (7).
Nous le
voyons encore, après 1565, tenancier du même
fief des Longs, “Jean Cormereau, procureur au baillage
d’Etampes” (8).
Il
est parrain à Notre-Dame à quatre reprises
de 1564 à 1570, qualifié alors tantôt “procureur” et tantôt “praticien” (9). On voit en la première de ces occasions que les
liens sont restés vivaces entre les descendants
de Pierre de Gilles et ceux de son gendre Guillaume Cormereau,
car il s’agit alors de jumeaux, et le deuxième enfant
a pour marraine “Simonne Le Coup femme de sire Pierre de Gilles”.
|
(2.5.7)
Ibid., p. 1.
(2.5.8) AD91 E. 3934 (1565-1572).
(2.5.9) Notre-Dame jeudi 16 novembre
1564: “honneste personne maistre Jehan Cormereau procureur
au bailliage d’Estampes”; 1er juin 1566: “honneste personne
maistre Jehan Cormereau procureur au bailliage d’Estampes”;
30 octobre 1568, “Jacquette femme de maistre Jehan Cormereau
praticien”; 2 octobre 1570: “honnorable homme maistre Jehan Cormereau”
(parrain de Jean, fils posthume, fils de Pierre Leverryer, chirurgien du
roi).
|
|
3. Guillaume Ducamel, le fils du laboureur
(…1518-1544…)
Maison seigneuriale des
dames de Maubuisson, résidence de Colin puis
Guillaume Ducamel (2009)
3.1. Sur Colin Ducamel, père de Guillaume
|
|
L’origine de la famille Ducamel, d’où sortirent les
deux premiers successeurs de Jean Cormereau, me semble locale,
et liée au terroir de Villeconin, où signalé
dès le XIIIe siècle un “clos du Camel” (1). En 1556 par ailleurs le curé
de La Forêt-le-Roi s’appelle Maurice Ducamel:
c’est sans doute l’un de leurs parents éloignés
(2).
Quoi
qu’il en soit une branche de la famille Ducamel est
établie dès la fin du XVe à Étampes
dans le secteur de l’actuelle rue Louis Moreau. Nous y trouvons
dès 1482 un Colin Ducamel qui paraît la souche de tous
les autres: il tient une maison Grand Rue Saint-Basile qui touche à
celle des dames de Maubuisson (3). En 1498, ils sont trois
censitaires des dames de Longchamp, Colin Ducamel
(4), son fils et voisin François Ducamel (5), ainsi
qu’un certain Pierre alias Pernet Ducamel tout récemment
encore possessionné dans un autre secteur de la censive,
sur le plateau (6). Colin tient alors
une maison qu’on peut situer au n°12 de la rue Louis-Moreau,
et son fils une parcelle attenante, sous le château.
Le 30 octobre 1500,
le censier de Notre-Dame nous montre de plus, de l’autre
côté de la rue, un certain Jean Ducamel tenant
une maison dans la censive des chanoines, “à cause
de sa femme” (7).
On apprend le 17 août 1507 que Colin Ducamel était
“laboureur”, au moment où il prend à bail
la maison seigneuriale des dames de Maubuisson, au n°10
de la rue Louis-Moreau, qui touche la maison qu’il tient
déjà à cens des dames des Longchamp
(8); on note à cette occasion la présence
en temps que témoin de “Pernet Ducamel”.
A la Saint-Rémi, c’est-à-dire
le 1er octobre, des années 1509
et 1511, Colin est toujours censitaire des mêmes
(9).
Il doit être
mort dans le courant de ce mois d’octobre 1511, car, le 6 novembre
1511, c’est à Guillaume Ducamel que les dames de Maubuisson
donnent à bail leur maison du n°10 de la rue Louis-Moreau:
“Guillaume Ducamel procureur et practicien en court laie
au dict Estampes” (10). Il apparaît
par là que Guillaume Ducamel était lui aussi fils
de Colin, et frère certainement aîné
de François. |
(3.1.1)
Nous voyons qu’au XIIIe siècle il existait
à Fourchainville (apud Foucheinvillam),
hameau de Villeconin, un clos du Camel (clausum de Camel)
où étaient possessionnés les moines
de Morigny (Cartulaire de Morigny, éd. Menault:
en 1230, n°37, pp. 103-104; en 1234, n°40, p. 104; en
1235, n°43, 44 et 45, pp. 100-101, 103 et 105-106; en 1237,
n°46, pp 101-102. — (3.1.2)
Coustumes des bailliage et prevosté d’Estampes,
Paris, Jean Dallier, 1557, f°34r°: “Maistre Morice du
Camel curé de la forest le Roy, present”.
(3.1.3) Censier de Longchamp pour 1482
(AD91, E. 3896), édition Gineste, item n°12:
“Colin du Camel, pour sa maison, court, cave, jardin, et appartenances
assis en la dite Grant Rue Saint Basille tenant d’une part à l’ostel
des dames de Maub[u]isson et d’autre part à Jehan Picart, abutant
au pavé de la dite Grant Rue et par derriere à Guillaume
Hemes ; pour ce : X s. VIII d.”. —(3.1.3)
Censier de Longchamp pour 1498 (AD91, E. 3895), édition
Gineste, item n°6: “Collin du Camel, pour sa maison, court,
jardin et appartenances assis en la grant rue Saint Jacques,
tenant d’une part à l’ostel des dames de Maubuysson,
d’autre part à Jehan Pezart à cause de sa femme,
aboutissant d’un bout à ladite grant rue, d’autre bout
par derriere à Guillaume Hemes: VI s.VIII d. t.”. — (3.1.5) Ibid.,
item n°40: “François Ducamel, pour partie de l’eritage
Collin Ducamel son pere où il fait faire maison, tenant
d’une part audit Collin, d’autre part aux dames de Maubuysson, aboutissant
à la dite grant rue: IIII s. t.” — (3.1.6) Ibid., item
n°128-129: “Jehan Boissiere (…) ou lieu de Pierre du Camel,
pour ung quartier de vigne assis en Espinant (…) aboutissant
d’un bout au chemin des vignes, d’autre bout au murgier: IIII
d. t.” et item n°169: “Loys Johannes filz d’Estienne Johannes
demourant à Brieres les Scellées, pour demi arpent
et demi quartier de terre assis au Boys Belon, lequel il a achacté
de Pierre Ducamel”.
(3.1.7) Censier de Notre-Dame d’Étampes
pour 1500, Archives Nationales, édition Gineste,
item n°35: “Jehan Ducamel, pour sa maison assise audict
lieu, tenant d’une part à Jehan Boissiere, aboutissant
sur ladicte rue [=“en la grant rue Sainct Anthoine”]”; cf. item
n°34: “Les hoirs Jehan Marie, pour leur maison assise en
la grant rue Sainct Anthoine, tenant à Jehan Ducamel à
cause de sa femme, aboutissant sur ladicte rue”. — (3.1.8) Bail de la maison seigneuriale des
dames de Maubuison en 1507 (AD95 72H 108), édition Gineste;
“Colin Ducamel, laboureur demourant à Estampes”. — (3.1.9) AD91 E. 3897: “Collin Ducamel”.
(3.1.10) AD95 72H 108, édition
Gineste 2010; Monique Chatenet le donnait déjà
comme “procureur” et tenant cette maison en 1511, quoique
sans préciser sa source, peut-être différente
de la nôtre (Étampes, un canton entre
Beauce et Hurepoix, Paris, Éditions du Patrimoine,
1999, p. 201).
|
3.2. Sur les frères de Guillaume Ducamel |
|
En
cette même année 1511 ce censier des dames
de Longchamp nous précise que François est
“marchand hôtelier” (1); il nous
est aussi signalé aussi un peu plus tard, pas avant 1513,
comme censitaire du fief des Longs en même temps
que son frère: “François du Camel, marchand;
(…) Guillaume Ducamel, praticien en cour laye” (2); en septembre
1515 il apparaît dans une liste des bourgeois d’Étampes
établie par son frère Guillaume entre temps
devenu tabellion du bailliage d’Étampes (3). François
Ducamel est mort entre 1515 et 1529. Un registre de Longchamp
mentionne sa veuve et ses héritiers de 1529 à
1536, puis ses seuls héritiers de 1537 à 1539
(4).
Dans le même temps ce même registre mentionne,
à la place de Colin, et donc sans doute pour la maison
du n°12, d’abord “Pernet Ducamel” en 1529, puis “maistre
Guillaume Ducamel” de 1530 à 1540, qui a dû en
hériter à son tour. Ce Pernet devait donc bien
être un troisième fils de Colin Ducamel mort sans
descendance.
|
(3.2.1)
AD91 E. 3898 “François du Camel, marchant
hôtelier (…) Collin Ducamel”.
(3.2.2) AD91 E. 3930 ( à une date
indéterminée entre 1513 et 1541).
(3.2.3) Archives municipales d’Étampes
AA227, f°45r°v°.
(3.2.4) AD91 E. 3899. Cf
Inventaire-Sommaire de la série E, tome 2, pp.
290-298.
|
3.3.
Antécédents de Guillaume Ducamel
|
|
Revenons maintenant à Guillaume Ducamel, que nous avons
déjà vu signalé le 6 novembre 1511
comme “procureur et practicien en court laie au dict Estampes”
lorsque les dames de Maubuisson lui donnent
à bail leur maison du n°10 de la rue Louis-Moreau (1).
|
(
3.3.1) AD95 72H 108, édition Gineste 2010.
|
Le 9
octobre 1513 “Guillaume Ducamel tabellion d’Estampes” enregistre des
aveux de douze censitaires de Louis Lelong: Guillemin Durant, Jean Belier,
Jehan Sablon, Jean Paris l’esné, Jean Chausson, Jean Chandelier,
la vefve Cancian Girault, Macé Aleaume, Pierre Moreau, Pierre Girault,
Pierre Bourdin, Pierre Mencion (2).
|
(3.3.2) Censier de Louis Lelong [AD91 E. 3930] éd.
Gineste 2011 Lelong n°19, 24, 25, 27, 28, 38,
44, 58, 68, 69, 70, 71.
|
Le 8
janvier 1514 “Guillaume Ducamel tabellion d’Estampes”
enregistre des aveux de sept censitaires de Louis Lelong: Cancien Louvet, Ferry Saillart, Louis Julin, Jehan Guyllart,
Loys du Chesne, Pierre Boesse, Princet Guiart (3)
|
(3.3.3) Censier de Louis Lelong éd.
Gineste 2011 Lelong n°11, 16,
20, 23, 45, 72, 73.
|
Le 9
octobre 1514, “Guillaume Ducamel praticien” est cité comme voisin
d’un censitaire de Louis Lelong au champtier de Machefer, le cordonnier
Jehan Fiette. Est-ce à dire qu’il ne soit plus tabellion? Tout indique
le contraire, car dans tous les items de ce censier où il apparaît,
comme tenancier, ou comme voisin, ou comme témoin, l’aveu est enregistré
non pas par le tabellion, mais par son substitut, ici “Charles Bonnaurdon, clerc substitut juré au tabellionnage
d’Estampes” (4). Il doit obéir en cela à un principe
de déontologie.
|
(3.3.4) Censier de Louis Lelong éd.
Gineste 2011 Lelong n°36.
|
Le 9 septembre 1515 nous le retrouvons
bien de fait tabellion du bailliage: “Guillaume du Camel tabellion
et Pierre de Vedye notaire et substitut jurez commis ès
ville et conté d’Estampes” (5). C’est sous sa direction qu’est
alors établie une très précieuse liste,
celle des nombreux bourgeois de la ville qui constituent alors
comme leur procureur Pierrot de Feugères, procureur au
Châtelet de Paris, pour y défendre leurs intérêts.
|
(3.3.5) Archives
municipales d’Étampes AA227, f°45r°.
|
Le
11 juillet 1516, “Guillaume Ducamel, praticien au dit
Estampes” se porte témoin de l’aveu d’un censitaire de Louis Lelong,
à savoir de “Maistre Guillaume Audren, licencié en decret,
garde de la prevosté d’Estampes”, l’aveu étant enregistré
par “Charles Bonnaurdon, substitut du tabellion
d’Estampes” (6).
|
(3.3.6) Censier de Louis Lelong éd.
Gineste 2011 Lelong n°64.
|
Le 22 février 1517 “ Guillaume Ducamel, praticien
en court laye à Estampes” avoue devant “Philipe Hebart, clerc substitut
juré au tabellionnage d’Estampes”, tenir lui-même de Louis
Lelong, pour 12 deniers de cens, “demy arpent de vigne en une piece, assis
ou chantier de Machefer, tenant d’une part à Cancian Tourneville,
aboutissant d’un bout à maistre Michel Poynet et d’autre bout à
la vefve et heritiers Fiette”. L’aveu est reçu par “Philipe Hebart clerc substitut juré au tabellionnage
d’Estampes” (7). Il doit donc être
toujours lui-même tabellion.
|
(3.3.7) Censier de
Louis Lelong éd. Gineste 2011 Lelong n°22.
|
On conservait enfin autrefois à Orléans, avant
le bombardement de 1940, copie d’un titre de cette époque relatif,
malheureusement non daté, à un cens ou rente qui était
perçu par le receveur du roi sur une maison sise à Étampes
et tenue par Guillaume Ducamel “praticien
en cour laye” (8).
|
(3.3.8) AD45 A. 1226
(registre de copies de titres), cf. Inventaire-Sommaire de
la série A, 1878, tome 1, p. 276b.
|
Il apparaît
donc que Guillaume Ducamel a été tabellion au moins de 1513
à 1515, et certainement au-delà. C’est une donnée
très intéressante sur sa carrière.
Nous avons vu que Pierre de Gilles avait commencé
pour sa part par être notaire.
Reste à déterminer à quelle
date Ducamel est passé procureur du roi. Nous avons
vu que la dernière mention que nous connaissions
de son prédécesseur Guillaume Cormereau dans cette
fonction était du 28 mars 1518.
|
|
3.4. Guillaume Ducamel procureur du roi
|
|
Pierre
Plisson, qui a connu comme on l’a dit de nombreuses pièces
d’archives étampoises aujourd’hui disparues,
signale dans sa Rapsodie Guillaume Ducamel
comme “procureur du Roi” dès 1520 (1). Il l’était même peut-être
depuis déjà 1519.
Le 19 avril 1520, de fait, nous le
voyons renouveler le bail de la maison seigneuriale des dames
de Maubuison, au n°10 de l’actuelle rue Louis-Moreau,
avec ce titre: “honnorable homme maistre Guillaume Ducamel procureur
du roy nostredit seigneur ou conté d’Estampes”
(2).
|
(3.4.1)
Édition de Forteau, Annales du Gatinais
1909, p. 248; c’est probablement sur cette base que Dupieux
avance aussi sans référence cette date
de 1520.
(3.4.2) AD95 72H 108, édition
Gineste, ligne 5-6.
|
Le vendredi
14 novembre 1522, le procureur du roi se rend
à la maladrerie Saint-Lazare, de concert avec
le lieutenant général du bailliage, qui était
alors Jean de l’Épine, assisté de son
greffier, et avec deux échevins d’Étampes
(3). Ils y procèdent
à la prise de possession de la charge d’administrateur
de cet établissement par Pierre Marchant, clerc de la
chapelle de la reine Claude alors comtesse d’Étampes,
nommé à ce poste par François Ier le
23 octobre (4).
|
(3.4.3)
Archives nationales, Papiers des Princes, Apanage
d’Orléans, R4.940, liasse 1, pièce 3
(cité par Dupieux, Institutions,
p. 143, note 1).
(3.4.4) Texte édité par
Dupieux, pièce justificative n°20.
|
En
1532, Guillaume Ducamel rédigea un inventaire,
sur un registre de papier de 148 feuillets, et ce grand
in-quarto porte le titre suivant:
C’est le papier mis par forme d’inventaire des
registres, vidimus, adveuz, dénombremens, declarations,
foys et hommaiges et aultres enseignemens, concernans les
fiefz du conté d’Estampes, pour le Roy notre sire; aussy des
fiefz et arrière-fiefz tenuz et mouvans dudict seigneur,
à cause de sa grosse tour, chastel et conté dudict
Estampes.
Selon l’Inventaire-Sommaire, “ce papier est l’œuvre de Guillaume
Ducamel, procureur du roi. Il lui fut enjoint de le faire
par Jean De Pouche, lieutenant général de
Languedoc, gouverneur, bailli et capitaine d’Estampes; et
par Jean de La Barre, comte d’Étampes, gouverneur de
Paris” (5).
|
(3.4.5)
F. Maupré et Jules Doinel, Inventaire-Sommaire
des archives départementales antérieures
à 1790. Loiret. Archives civiles. Série A.
Nos 1 à 1799. Tome premier, Paris, Paul Dupont, 1878,
p. 268, article A. 1181. Cette transcription du titre est précieuse
parce que la première page du registre est aujourd’hui pratiquement
illisible. Ce très précieux registre a été
sauvé par miracle lors de l’incendie de 1940, et son texte sera édité
dans le présent Corpus Étampois, nous l’espérons,
avant la fin de l’année 2011.
|
Vers 1535, date de la mort de Guillaume
de Paviot seigneur de Boissy-le-Sec (6), c’est probablement à Guillaume
Ducamel que fut adressée par sa veuve Anne d’Autry une réquisition
de souffrance en faveur de ses héritiers mineurs Philippe et
Jacques, c’est-à-dire une suspension provisoire de leur devoir
d’hommage, jusqu’à leur majorité (7). Comme on le verra
à nouveau à la génération suivante, le procureur
du roi dut transmettre cette demande à la Chambre des Comptes,
seule habilitée à y accéder.
Le 17 octobre 1537, à Saint-Cyr-la-Rivière,
le sergent étampois Pierre Lamy vient réclamer
l’exécution des clauses obligatoires d’un contrat
de mariage passé à Étampes quatre
ans auparavant. Le curé de Saint-Cyr s’était
engagé à fournir au ménage une certaine somme
d’argent et certains biens, mais il est mort avant de s’être
entièrement acquitté de ses obligations.
L’exécuteur
testamentaire oppose au sergent Lamy, devant le prévôt
de Saint-Cyr, qu’il ne dispose à cet effet d’aucun bien
qui ne soit mis sous séquestre par le procureur du roi
(8).
Cependant il doit s’agir d’une erreur, car le prévôt
d’Étampes, en relatant cette affaire quelques
mois plus tard, le 1er juin 1538, rectifie visiblement cette
assertion en précisant qu’il s’agissait plutôt
du procureur du seigneur de Saint-Cyr (9).
|
(3.4.6)
Jean-Pierre Dobler, Boissy-le-Sec, Écomar,
2002, p. 58 (qui ne donne pas sa source pour cette date). — (3.4.7) Selon un document autrefois conservé
à Orléans, AD45 A. 1195; cf Inventaire-Sommaire
de la série A, 1878, p. 270b (premières
pièces d’une série datées par l’inventaire
de 1535 à 1738): “Paroisse de Boissy-le-Sec. — Boissy-le-Sec:
— acte de souffrance concédé à Anne d’Autry veuve
de Guillaume Pavyot, au nom de ses enfants mineurs; — réquisition
de souffrance pour les mêmes mineurs, Philippe et Jacques; — acte
de fois et d’hommage des mêmes; — [évidemment
à la génération suivante] réquisition
de souffrance de Jeanne De Brissay, veuve de Jacques Pavyot, au nom des
mineurs Pierre, Claude, Louise, Suzanne et Jacqueline; — offres de foi
de Pierre de Pavyot; — etc.”.
(3.4.8)
Archives municipales d’Étampes AA254 (autre cote
portée par le dossier: L.241), f°7r°,
édition Gineste 2010: “ceulx qu’il en a en sont
empeschez à la requeste du procureur du roy mon sire”.
(3.4.9) Ibid. f°1v°:
“tout estoit empeché à la requeste du procureur
du [rayé: roy] seigneur du dict lieu de Sainct Cire”;
f°8r°: “à la requeste du procureur du
dict seigneur de Sainct Cire”.
|
En revanche, le 25 juin 1538, c’est bien au procureur
du roi Guillaume Ducamel que sont versées
deux indemnités dans le cadre de la même affaire.
Une
maison appartenant au défunt, à Étampes,
à côté de l’Hôtel de Ville, a
été mise en adjudication, et elle est finalement
achetée par le maire et les échevins d’Étampes.
Selon l’usage, le prix de la vente est ensuite distribué,
pour rembourser d’une part les créanciers du défunt
et pour payer leurs avocats et procureurs, d’autre part pour
rémunérer les officiers du baillaige de leurs diligences
dans le cadre de cette affaire. C’est dans ce cadre que Guillaume
Ducamel se voit attribuer 10 livres et 9 sols parisis. Le prévôt
précise en effet que le bailli en personne lui a déjà
attribué 10 livres et 5 sols, et il y ajoute lui-même
4 sols pour avoir assisté à la dite distribution:
“A esté baillé et distribué
au procureur du roy nostre sire au bailliage et duché
d’Estampes ad ce present la somme de dix livres cinq solz
parisis, laquelle luy a esté par cy devant taxée
par monsieur le bailly d’Estampes comme il nous est apparu
par taxe faicte le vingt cinquiesme jour de jung dernier passé
[sic], et pour avoir assisté à la dicte
distribution avons taxé au dict procureur du roy quatre
solz parisis presentement payez par le dict de la Lucariere
recepveur, qui est somme toute à tournoys, treize
livres ung sol et troys deniers tournoys.”
(10)
C’est un exemple
concret de ce que constate ailleurs Dupont-Ferrier: “Les
enquêtes, les examens de témoins et autres actes
de procédures, onéreux pour les parties, étaient
souvent lucratifs pour le procureur”
(11).
|
(3.4.10)
Ibid., f°26v°. La date
du 25 juin doit constituer ici une erreur, puisque c’est
la date de la distribution en cours, tandis que le 25 juin
1537 le curé de saint-Cyr était encore en vie.
(3.4.11) Les officiers
royaux des bailliages et sénéchaussées,
Paris, Émile Bouillon, 1902, pp. 153-154.
|
En cette
même année 1538, quelques jours
plus tard, le 5 juillet, est renouvelé
le bail de la maison des dames de Maubuisson au bénéfice
de “honorable homme et saige maistre Guillaume Du Camel procureur
du roy nostre sire ou bailliage d’Estampes” (12).
Le 9 juin 1543 est adressé
par le roi le “mandement au bailli d’Étampes de procéder
à la vente des bois de Chantropin, nonobstant le
procès pendant entre le procureur du roi audit Etampes
et le vidame de Chartres, et sans préjudice des droits
desdites parties” (13). Ce bois sépare
les communes de Saint-Chéron et de Breux, au canton
de Dourdan. Fleureau au siècle suivant
cite de fait “Champtropin”
parmi les hameaux dépendants de “Saint
Cheron, village, & paroisse” (14).
Ce conflit
est toujours en cours en 1557, où il se poursuit devant
le Parlement, au témoignage de ces deux mémoires conservés
au Trésor des Chartes sous la cote J 737/41-41bis: “41. Cahier de copies collationnées
de titres de 1334 à 1548 produits par Jean Le Roux, grènetier
d’Étampes, en l’instance pendante au Parlement de Paris entre le
procureur général du roi, demandeur pour son substitut à
Étampes, et ledit grènetier, défendeur pour le vidame
de Chartres et les religieuses de La Saussaye, sur les bois de Champturpin,
dépendant du duché d’Étampes (cahier papier,
6 avril 1557); 41bis. Mémoire au procureur général
du roi pour contredire ladite nouvelle production de titres de Jean Le
Roux (original, sans date [XVIe s., après le 6 avril 1557]).” (15)
|
(3.4.12)
AD95 72H 108.
(3.4.13) Mandement rendu à Épineuseval
le 9 juin 1542, d’après une copie du temps signée
Moynerie (Archives de Seine-et-Oise, série D, fonds
de Saint-Cyr, 19e carton de la Saussaye, résumé
par le Catalogue des actes de François Ier.
Tome VI, Paris, Imprimerie nationale, 1896, p. 671, n°22410).
— (3.4.14) Antiquitez, p. 62 (ici).
(3.4.15) Centre Historique
des Archives Nationales. Série J. Trésor des Chartes.
Supplément. Inventaire par Henri de Curzon, relu et complété
par Jean-Marc Roger, conservateur en chef. J 736 - 741. Ile de France,
1912, dont une réédiiton numériqu een ligne (cliquez ici), p. 12.
|
Au début de 1544,
il dépose comme procureur lors du procès
verbal d’évaluation du duché (16). Il est
alors interrogé par Nicolas Dupré, maître
des Comptes, et Pierre le Maistre, greffier de la Chambre
des Comptes, en janvier ou février (17).
En cette occasion,
Ducamel déclara entre autres que le droit de guet perçu
à son époque par le bailli d’Étampes
sur les contribuables imposés pour la taille du roi pouvait
valoir à son bénéficiaire la somme de trois
à quatre cents livres par an, somme qui étonne Dupieux,
qui se demande si on n’est pas là en présence d’une
exagération dictée par la jalousie envers un supérieur
non résident, d’autant qu’un autre témoin que ce
revenu serait plutôt inférieur à soixante livres
(18).
Nous apprenons à cette date un usage en vigueur
à Étampes: lorsqu’un nouveau lieutenant général
est nommé au bailliage d’Étampes, “il comparaissait
dans la salle qui servait d’auditoire, en présence
de tous les dignitaires du bailliage. On entendait le procureur
du roi qui lui souhaitait la bienvenue, on lisait sa lettre de
nomination, puis on tenait session” (19).
Le 31 juillet
1544, un bourgeois d’Étampes sollicite du roi
la création de douze nouveaux offices à Étampes.
En juin 1545 deux offices d’auneurs de draps sont effectivement
crés par édit royal. Mais ce qui nous intéresse
ici, c’est le rôle que joue dans cette affaire le procureur
du roi à Étampes, tel que nous le révèle
le texte de cet édit enregistré à la Cancellerie
de France, jadis édité par Dupieux, et que nous
rééditons intégralement ci-après.
|
(3.4.16)
Selon un document autrefois conservé à
Orléans (A 1237, passim)
cité par Dupieux (Institutions, p. 85,
note 5, qui donne par erreur A. 1236). En voici le résumé
par l’Inventaire-Sommaire de 1878, p. 278b: “procès-verbal
d’évaluation des domaines de la Ferté-Aleps
(Alais) et d’Étampes en 1543. Droits de reclins
et amendes. Reclin ou reclaim,
de reclamium, action de réclamer
son bien.” Il faut faire attention que cette date doit être corrigée,
l’évaluation ayant eu lieu en janvier et février
1543 ancien style, c’est-à-dire au début de
1544 (cf. Dupieux, Institutions, p. 38,
note 1). — (3.4.17) Archives nationales,
anc. J. 961, n°124, cf. Catalogue de actes de François
Ier, t. VIII, p. 131, n°30462 (mention de la rétribution
des enquêteurs), cité par Dupieux, Institutions,
p. 38, note 1)
(3.4.18) Institutions, pp. 74-75.
(3.4.19) Dupieux, Institutions,
pp. 79-80, d’après un document aujourd’hui
disparu des Archives du Loiret (A1236, folio 273), dont malheureusement
il ne précise ni la nature ni la date; mais il semble
que ce soit le procès-verbal d’évaluation
du 1544, où dépose Guillaume Ducamel et qu’il cite
avec la même référence (p. 85, note 5).
|
“François, etc., à
tous présens, etc.,
comme, dès le dernier jour de juillet dernier
passé, Anthoine Regnault, sommellier ordinaire de
panneterre de nostre très cher et très amé
filz le Daulphin, et Pierre Gytton, marchant dappier de la ville
d’Estampes, nous eussent présenté requeste tendant,
par icelle et pour les causes y contenues, de créer et ériger
en la dicte ville, duché et bailliage d’Estampes les offices
qui s’ensuivent,
c’est assavoir ung office d’enquesteur
et examinateur, ung office d’esleu, oultre celluy qui
y est de présent, deux offices de vendeurs de vins en
la dicte ville et faulxbourgs, deux offices de aulneurs et
courtiers de draps en la dicte ville et faulxbourgs, deux offices
de priseurs de biens, tant héritaiges que meubles, et
deux commissaires sur les boullengers, et deux offices de jaulgeurs
de muyz et poinssons de vins en la dictes ville et faulxbourgs,
sur quoy eussions décerné
noz lettres patantes aux bailly et prévost d’Estampes
ou leurs lieuxtenans, pour, appelé nostre procureur,
informer sur le contenu en la dicte requeste, et de la commodité
ou incommodité de nous et de la chose publicque, sur
les dictes érections et créations d’offices,
et la dicte information,
avec leur advis sur ce et de [p.266]
nostre dict procureur, renvoyez par devers nous et nostre dict
conseil, pour pourveoir comme de raison,
savoir faisons que nous, suivant
les dictes requestes, lettres, informations et advis cy
attachez soulz le contre-seel de nostre chancellerie, avons
en la dicte ville, faulxbourgs, duché et bailliage d’Estampes
créé, érigé et estably, créons,
érigeons et establissons par édict perpétuel
et irrévocable les offices qui s’ensuivent,
c’est assavoir deux aulneurs et
courtiers de draps en la dicte ville et faulx-bourgs,
pour estre par nous pourveuz ès dictz estatz et offices
de personnaiges capables et suffisans, à telz droiz, honneurs,
auctoritez, proffictz, revenus et émolumeus qui y appartiennent,
et à tels et semblables que ont et prennent ceulx des autres
villes de nostre royaume.
Si donnons en mandement par ces
dictes présentes aus dictz bailly et prévost
d’Estampes et à tous noz autres justiciers que de noz
présent édict, création et érection
des dictz offices ilz facent enregistrer, lyre et publier, et
du contenu en icelle joïr et user, etc., ceulx qui seront par
nous pourveuz des dictz estatz et offices et leurs successeurs,
cessans et faisans, etc.,
nonobstant oppositions, etc. et sans préjudice
d’icelles, etc. Et affin, etc., sauf etc.,
Donné à Argentein,
ou mois de juing, l’an de grace mil et Ve XLV, et de nostre
règne le XXXIe. Ainsy signé: Par le Roy: Maistre
Arnole Dupic, maistre des requestes de l’hostel, Chrispin
Cerfier. Visa. Et scellé de nostre verd en laz de soye.”
(20).
|
(3.4.20) Archives nationales JJ
2571, n°64, f°31 (cf. Catalogue des
actes de François Ier, tome IV, p. 753, n°14502),
texte édité par Paul Dupieux, in Bulletin
philologique et historique jusqu’à 1715 du Comité
des travaux historiques et scientifiques (1930-1931),
pp. 265-266 (n°11).
|
Ce document illustre à merveille le rôle
du procureur lors de lors de toute prise de décision
royale d’intérêt local: c’est lui qui est en charge
de mener l’enquête de commodo et incommodo, c’est-à-dire
de peser le pour et le contre de toute innovation locale,
tant du point de vue des intérêts particuliers
du roi que du point de vue de l’intérêt public en
général.
|
|
En 1546
(21),
c’est très probablement à Guillaume Ducamel que fut
adressé une réquisition de souffrance en faveur
des enfants mineurs de Simon Hardy, seigneur de la Fosse à
Chalo-Saint-Mars.
La date
de la mort de Guillaume Ducamel est incertaine; il est
probable mais non certain qu’elle est antérieure
1547; cependant, dans l’état actuel de notre documentation,
c’est seulement en 1550 que son fils et successeur Esprit Ducamel
est mentionné expressément comme procureur
du roi.
Comme nous l’avons déjà vu et le verrons
à nouveau dans la suite, la détention de la
charge de procureur du roi à Étampes paraît
donc bien avoir revêtu dès avant le XVIe siècle
un caractère héréditaire, qui persistera
encore pendant toute la première moitié de ce
siècle (22).
|
(3.4.21) AD45 A. 1198, cf. Inventaire-Sommaire
de la série A, tome 1, 1878, p. 271a: “1546-1744. —
Paroisse de Châlo-Saint-Marc (suite). — Justice de la Fosse:
— réquisition de souffrance par Alexandre Midon, sieur de
Vaully, demeurant à Guay-Gaillard, paroisse de Férolle,
au nom et comme tuteur de Simon-Nicolas-Isidore Hardy, François
Hardy et Marie-Louise Hardy, enfants mineurs du premier lit de Simon-Nicolas
Hardy, seigneur de Guay-Gaillard, La Motte, Férolle et La Fosse,
et de Marie-Louise Midon”. A l’époque de Fleureau, vers 1668, “Auguste
Hardi est seigneur du hameau de la Fosse”, mais il nous dit curieusement,
Antiquitez, p. 44, que ce dernier l’aurait acheté
au “successeurs de Messieurs de Thou”.
(3.4.22) C’est pourquoi d’ailleurs
il n’est impossible que l’épouse de Guillaume Ducamel,
mère d’Esprit Ducamel, ait été elle-même
une fille de Guillaume Cormereau, quoique rien ne l’indique
positivement dans l’état actuel de notre documentation.
|
3.5. Descendance de Guillaume
Ducamel
|
|
Nous connaissons avec certitude trois enfants de
Guillaume Ducamel, auxquels il faut joindre ccertainement une certaine
Louise première épouse d’Esprit Hattes son deuxième
successeur.
1. Esprit Ducamel, fils
et premier successeur de Guillaume, sur lequel nous ne étendrons
pas ici puisqu’il fait l’objet de l’article suivant.
2. Marie Ducamel épouse
de Girard Garnier, dont nous allons parler ci-après.
3. Jean Ducamel II. Installé dans la paroisse Notre-Dame, il paraît
y avoir fait souche. Le 5 mai 1552,
il s’y porte parrain, et le 13 août de la même année
il y fait baptiser un Jean
Ducamel III que vient de lui donner sa femme Cantienne; le
parrain est son frère Esprit Ducamel, et la marraine
sa sœur Marie (1). On trouve sa veuve Cantienne toujours
censitaire des dames de Longchamp de 1562 à 1571
au moins (2).
Jean Ducamel III sera lui-même parrain
à Notre-Dame le 28 octobre 1577, âgé
de 15 ans. En 1582 nous le retrouverons, âgé de
trente ans, contrôleur du domaine d’Étampes (3).
4. Louise, première
épouse d’Esprit Hattes, était probablement aussi
une fille de Guillaume Ducamel, comme nous aurons l’occasion de
le dire au sujet de son deuxième successeur.
|
(3.5.1) Notre-Dame 13 août 1552: “Le dict
jour fut baptisé Jehan filz de Jehan Ducamel et de Cancienne
sa femme; les parrins maistre Esprit Ducamel procureur du roy ou dict
lieu et Jehan Dallier et la marenne Marie fille de maistre Girard
Garnier advocat”. Nous reviendrons sur cette Marie Ducamel fille de
Guillaume et femme de Girard Garnier.
(3.5.2) AD91 E. 3900: (1562): “la veuve
Jehan Ducamel; (…) M. Esprit Ducamel; M. Esprit Hacte”;
(1563) “la veuve Jehan Ducamel; (…) M. Esprit Ducamel; M. Hacte,
procureur du roy”; (1564) “les enffans Jehan Ducamel”; AD91
E. 3901 (1571-1576): “la veuve Jehan Ducamel”.
(3.5.3) Notre-Dame 28 octobre 1577: “Jehan
Ducamel”; Saint-Gilles 9 juillet 1582: “honeste personne
maistre Jehan du Camel contrerouleur du domaine d’Estampes”
(marraine: “Perrine Haste”).
|
3.6. Sur son gendre Girard Garnier I et sur son petit-fils Girard Garnier
II
|
|
Outre
son fils et successeur Esprit, dont nous parlerons dans l’article
qui suit, Guillaume Ducamel a
eu au moins une fille, sinon deux. Il est en effet vraisemblable
que la Louise qui fut la première épouse
d’Esprit Hattes, receveur du domaine au moins à partir
de 1549, était une fille de Guillaume Ducamel; nous
en verrons ultérieurement plusieurs indices; cependant
la seule de ses filles que nous connaissions pour telle avec certitude
esst une certaine Marie
Ducamel.
On la trouve marraine à Notre-Dame et à
Saint-Basile, mentionnée comme épouse de Girard
Garnier de 1545 à 1554, puis comme sa veuve de 1564
à 1566 (1).
Ce Girard
Garnier est signalé dès 1533 comme un avocat
en activité, licencié ès lois, avocat
et conseiller du bailliage, dont on a conservé un
plaidoyer, également signé de Louis Lambert,
vantant les mérites d’Étampes comparés
à ceux de Montfort-l’Amaury, également siège
d’un grenier à sel, à l’occasion d’un
différent relatif à des localités frontalières.
Je ne peux résister au plaisir de citer ce bel éloge
patriotique de la ville d’Étampes:
“Premierement
que la ville d’Estampes est une belle grant ville close
d’un beau et fort chastel et de fossez à eaue et
fortes murailles, populée de grant nombre de bons et riches
marchans, assis en l’un des meilleurs pays et passaiges
dedans France et la Beaulse, et sur le grant chemyn de Paris et
Orleans, sur la riviere de Juysne qui est navigable et de moult
grant apport et proffit à la chose publicque du pays.
“Et sy est douée et enrichie
de Maison de Ville, en laquelle y a maire et eschevyns
et aultres officiers de ville, et grant apport & affluence
de marchandises qui y arrivent tant par eau que par terre, à
cause de la bonne assiete de dicte ville et des marchez quant
y ils sont chacune sepmaine les jours de jeudi et vendredi et samedi,
et chacun jour y a marché de regraterye sans aucunes subsides.
“Item en
oultre en la dicte ville y a bailly, prevost, lieutenant
general, particulier, advocat et procureur du roy, et grant
affluence de notables sçavans advocatz et gens de bon
conseil; dont le roy nostre sire est conte et seigneur, en grant
estandue de pays qui ressortist tant en premiere instance que
par appel par devant les bailly et prevost de la dicte ville” (2).
Le 22
septembre 1556, à l’occasion de la rédaction
de la Coutume d’Étampes, nous le trouvons prévôt
de la chatellenie de Mesnilgiraut; il assiste un grand nombre
de participants: il est conseil de l’Eglise
d’Orléans, avocat et conseil de l’abbaye de Morigny,
ainsi que des célestins de Marcoussis, conseil de
Claude de Châtillon seigneur de Bouville,
de François d’Alonville
seigneur d’Oisonville, de Jacques de Paviot seigneur de Boissy-le-Sec,
de Claude de Percy seigneur de la Tour d’Auvers, et de Claude
Desmaris (des Mazis) seigneur de Marchais
(3).
Trois mois plus tard, les trois
parlementaires parisiens qui avaient présidé
à la rédaction de la Coutume d’Étampes s’étant
transportés à Dourdan pour y faire de même,
lors de rédaction de la Coutume de cet autre bailliage,
le 29 décembre 1556, nous voyons intervenir “maistre
Girard Garnier, Advocat à Estampes, substitut du procureur
du Roy, audit Bailliage d’Estampes” (4).
Nous reviendrons
plus loin sur cet épisode, dans notre article
sur le mandat d’Esprit Ducamel. C’est deuxième cas avéré que nous
ayons relevé pour l’instant au XVIe siècle
d’un substitut du procureur du roi à Étampes, après celui de Guillaume Audren
prévôt faisant l’office du procureur du roi le 13 janvier 1513 en remplacement occasionnel
de Guillaume Cormereau (§ 2.6); il nous semble qu’il s’agissait
ici aussi d’un mandat exceptionnel, et non pas d’une charge fixe, dont
il n’est pour l’instant aucun autre exemple avéré à
Étampes au XVIe siècle.
On remarquera
seulement ici qu’il intervient également à
Dourdan en temps qu’avocat de “messire Alof de l’Hospital chevalier
seigneur de sainte-Mesme, le Jallier, Denisy, Corpeaux, Roullon,
Semonz, les Jourriatz, Grousteau, Chenevelles & Vausoleil”
(5). C’est bien là sa sa véritable
fonction ordinaire, car en 1557 et 1560, il est à nouveau
cité avec le simple titre d’avocat (6).
|
(3.6.1) Notre Dame 2 octobre 1545 “[espace blanc]
du Camel femme de maistre Girard (sic)”; 16 août
1552: “Le dict jour fut baptisé Jehan filz de
Jehan Ducamel et de Cancienne sa femme; les parrins maistre
Esprit Ducamel procureur du roy ou dict lieu et Jehan Dallier
et la marenne Marie femme de maistre Girard Garnier advocat”; 10
octobre 1564: “M. Marie veufve de honorable homme Girard Garnier
en son vivant advocat à Estampes”; Saint-Basile les 10 février
et 28 décembre 1566: “Marie du Camel veufve de deffunct
Girard Garnier” (nous trouvons en même temps pour parrain
“maistre Esprit Haste procureur”, qui doit être son beau-frère,
si comme nous le supposons sa première épouse
Louise était aussi une fille de Guillaume Ducamel, et “venerable
et discrette personne maistre Nicolle Petot [Nicolas Pétau]
baillif d’Estampes”; 28 décembre 1566: “Marye du Camel
veufve deffunct maistre Girard [rayé: du] Garnier advocat
à Estampes.”
Signature de Girard Garnier (vers 1533)
(3.6.2) Archives municipales d’Étampes
AA 47 ( 31 pièces de procédure au sujet de
la perception de la gabelle), pièce n°23. Archives
municipales d’Étampes, AA 47 n°23. Ce texte n’est
pas daté, mais appartient à une liasse de trente-et-une
pièces relative à une procédure que
Marie-Anne Chabin date de 1532-1534. On notera que l’auteur dit
que le conté est dans la main du roi, ce qui signifie qu’on
est avant le 22 juin 1534, date à laquelle le conté
d’Étampes fut donné par François Ier Jean
de Penthièvre et à son épouse Anne de Pisseleu
(Fleureau, Antiquitez, pp. 223-224). Ce texte est connu par Dupieux
(Institutions, p. 79, note 1), qui en donne même
un résumé (ibid., pp. 211-212).
(3.6.3) Coustumes des
bailliage et prevosté d’Estampes, Paris, Jean Dallier,
1557, f°32r° (bis), 32v°, 35r°, 36r°,
37v°. — (3.6.4) Charles
A. Bourdot de Richebourg, Nouveau coutumier general. Tome troisième,
Paris, Théodore Legras, 1724, p. 136. — (3.6.5) Ibid., p.134. — (3.6.6) Notre-Dame 12 novembre: “honorable homme maistre
Girard Garnier licencié ès loix avocat à
Estampes”; 26 octobre 1560: “honorables hommes maistre Girard
Garnier advocat ou bailliage d’Estampes et le sire Françoys
Bidault”.
|
Enfin, à
l’occasion des événements de 1562,
où la ville fut prise un temps par les huguenots, Girard
Garnier fut un temps, au témoignage de Pierre Plisson, “lieutenant général, commissionné à
faire l’exercice” (7).
Il devait
sans doute alors remplacer provisoirement dans cette
fonction Claude Cassegrain, qui avait
été condamné, par arrêt du Parlement
du 21 novembre 1562, pour avoir trahi la cause catholique,
à “estre pendu
et estranglé à potences croisées,
qui seront mises et plantées en la place des Halles
de cette ville de Paris” (8).
Il est
bien clair que cette deuxième charge était
comme la première (celle de substitut du procureur en
décembre 1556) était revêtue à titre
provisoire, puisque après sa mort il est mentionné
à nouveau comme simple avocat (9).
Nous
voyons par là que ce gendre de Guillaume Ducamel,
et beau-frère de son successeur Esprit Ducamel,
était loin d’être un
personnage négligeable, et que c’était surtout
un catholique hors de tout soupçon de connivence avec
le protestantisme.
|
(3.6.7)
Rapsodie, éd. Forteau,
p. 245; Dupieux, Institutions, p.
79, le qualifie sur cette base “lieutenant général
par interim vers 1562”. — (3.6.8)
Arrêt perdu du Parlement, cité par Denis-François
Secousse, Mémoires de Condé,
Londres, C. Du Bosc et G. Darrès, 1743, t. IV, pp. 94
& 122. — (3.6.9) Notre-Dame 10 octobre
1564: “Marie veufve de honorable homme Girard Garnier en son vivant advocat
à Estampes”.
|
3.7. Sur son petit-fils Girard Garnier
II
|
|
Une autre chose le manifeste
évidemment quelques années après sa mort, c’est
le comportement de son fils Girard Garnier II, lors d’une troisième
prise de la ville par les Huguenots en mars 1568.
Cette troisième occupation
de la ville par les Huguenots, remarquons-le au passage, nous est
révélée par le registre des baptêmes
de Saint-Basile, car elle avait jusqu’ici complément échappé
à l’attention des historiens d’Étampes (10). Le témoignage absolument remarquable de ce registre n’est pas tout à fait isolé: il éclaircit une allusion également jusqu’ici
non remarquée que faisait un autre document à deux
prises successives de la ville en 1567 (11),
et il explique le baptême à la huguenote d’un enfant de la
paroisse Saint-Martin en février 1568 (12).
Au folio 216 on passe brusquement
du 10 février au 20 avril; mais il a été ultérieurement
ajouté à droite dans la marge:
“Mars.
— Le IXe jour de mars à huict heures du soir fut baptisée
Katherine fille de honorable homme maistre Girard Garnier et de
Claude Canto sa mere; le parrain Pierre Sedillot, les marraines dame
Katherine Garnier femme de honorable homme maistre Barthelemy Marcial
advocat à Estampes et la femme de Nicolas Mahon. Au dict moys
estoient les huguenotz en ceste ville, qui estoit cause qu’on [n’]ousoit
baptiser les enfans à l’eglise, et fut le pere contrainct faire
baptiser la dicte Katherine en sa maison par messire Anthoine Rallé
prebstre vicaire en l’eglise Sainct Basille.
[signé:] Lelong [paraphe]”.
Ce que nous apprend donc le registre de Saint-Basile, c’est que
Girard Garnier a opéré à son propre domicile
un baptême clandestin, par fidélité au rite catholique
et pour échapper à l’oppression des Huguenots qui forçaient
tout le monde à suivre leurs propres rites. Il semble que ces
baptêmes forcés avaient lieu à Notre-Dame (13), tandis
que Saint-Basile était au nombre des églises dont usèrent
les Huguenots comme d’écuries (14).
Je reviendrai dans une autre étude sur ces aspects peu étudiés
de l’histoire du protestantisme à Étampes.
|
(3.6.10)
Fleureau, Antiquitez, pp. 236-241, n’en dit rien. Il ne connaît
que deux occupations d’Étampes par les Huguenots, la première
du 13 novembre au 18 décembre 1562 (pp.238-239), et la deuxième
du 17 octobre au 16 novembre 1567 (p. 204); il passe ensuite à
la paix de Longjumeau du 23 mars 1568, sans paraître savoir qu’Étampes
est alors à nouveau occupé par les Huguenots depuis
semble-t-il les environs du 10 février. De même René
de Saint-Périer, La grande histoire d’une
petite ville, Étampes,
Étampes, Caisse d’Épargne, 1938, p. 42 (mis en ligne
par le Corpus Étampois ici).
Comme sur bien d’autres points on s’est contenté en gros
de gloser Fleureau. — (3.6.11) Mandement
de Charles IX du 21 octobre 1573 édité par Dupieux, Bulletin
philologique et historique jusqu’à 1715 du Comité des
travaux historiques et scientifiques (1930-1932), p. 282: “Noz
chers et bien amez les manans et habitans de nostre ville, faulxbourgs,
bailliage et ellection d’Estampes nous ont faict remonstrer que, en
l’année cinq cens soixante sept, ilz auroient par nostre ordonnance
receu en la dicte ville d’Estampes et pour la conservation d’icelle en
nostre obéissance les seigneurs de Montluc, et Tilladet, et les
cappitaines de la Motte de Bonnelle, Saint Martin, et autres avec leurs
troupes, pour le payement et entretenement desquelz ilz auroient fourny
et fraié la somme de trois mil deux cens quatre vingtz quinze livres
huit solz tournois, auroient aussy pour la nourriture de nostre camp et
armée faict amas et magasin de bledz en la dicte ville, laquelle
auroit esté prinse par deux fois, et tous et chacuns leurs biens
meubles raviz et emportez avec les dietz bledz ainsi mis audit magasin,
etc.” — (3.6.12) Saint-Martin 14 décembre
1567 (deuxième occupation) puis 12 février 1568 (troisième
occupation), textes cités par Charles Forteau, Bulletin
de la Société historique et archéologique de Corbeil,
d’Étampes et du Hurepoix 18 (1912), pp. 81-82. — (3.6.13) Un des baptêmes enregistrés
en mars à Notre-Dame, semble-t-il d’ailleurs a posteriori,
porte en marge que l’intéressé était de la paroisse
Saint-Basile. — (3.6.14) Fleureau,
Antiquitez, p. 239.
|
3.8.
Sur l’hôtel particulier de Guillaume Ducamel
|
|
La question
de l’hôtel particulier de Guillaume Ducamel mériterait
une longue étude particulière et ne saurait
être traitée ici suffisamment au long, d’autant
que toutes les pièces de ce dossier assez bien conservé
n’ont pas encore été suffisamment étudiées.
La question
est d’autant plus complexe que cette maison seigneuriale
des dames de Maubuisson touchait d’un côté
à la censive des dames de Longchamp (qui tenaient l’actuel
numéro 12), et de l’autre à celle des célestins
de Marcoussis (qui tenaient le numéro 8); et comme les
Ducamel s’agrandirent semble-t-il de ces deux côtés,
il en résulta une situation complexe pour leurs successeurs,
autant que pour les historiens, qui doivent naviguer entre ce
qui reste de trois fonds d’archives distincts, actuellement dispersés,
entre autres, entre Pontoise (pour Maubuisson), Chamarande (pour
Longchamp et pour une partie des achives des Célestins
de Marcoussis) et les Archives nationales (pour une autre partie des
archives des célestins).
Nous
donnerons ici ultérieurement un résumé
des questions qui se posent, et de ce qu’on peut déjà
savoir sur cette maison. Mais, pour ne pas avoir l’air d’ici
là de garder jalousement sous le coude ce que j’ai trouvé,
je donne déjà ci-contre ce beau plan de la maison
seigneuriale des dames de Maubuisson conservé à
Pontoise, où est figuré sous la lettre I le
bâtiment qu’avait érigé Ducamel sur une
parcelle que lui avaient vendue ces dames, qui s’étaient
réservé naturellement les autres parties
de cet ensemble, et surtout la grange où elles stockaient
le fruit de leurs dîmes.
|
|
|
4.
Esprit Ducamel, fils de Guillaume
(…1550-1566…)
Maistre Esprit Ducamel procureur
du roy (Notre-Dame 28 décembre 1550)
Esprit Ducamel procureur
du roy audit Estampes ( Coutume d’Estampes,
édition de 1557)
4.1. Antécédents d’Esprit Ducamel
|
|
Quelles fonctions avait occupées Esprit Ducamel, fils
et successeur de Guillaume, avant d’accéder au poste
de procureur du roi à Étampes? C’est ce que
nous ne savons pas en l’état actuel de notre documentation.
On peut légitimement se demander s’il n’avait pas
été, comme deux de ses prédécesseurs,
Pierre de Gilles et Guillaume Ducamel, soit notaire
ou tabellion, ou bien encore, comme ses deux premiers successeurs,
Esprit Hattes et Pierre Legendre, receveur du domaine (1). Mais nous n’avons pour l’instant aucun
indice positif en ce sens.
|
(4.1.1)
Comme le sera aussi en 1582 son petit-cousin Jean
II Ducamel, puis après lui son gendre Damien Provensal
en 1599.
|
Esprit
Ducamel nous est signalé en premier lieu par le registre
des baptêmes de Notre-Dame, où il se porte
parrain quatre fois de suite l’an 1547. Il ne porte alors
pas d’autre titre que “maistre Esperit Ducamel” (2). Seulement il faut observer qu’à
cette date ancienne le registre ne mentionne les dignités
des parrains, dont il ne donne que les noms. Comme la fréquence
de ces parrainages indique un grand rayonnement social,
il nous est loisible, mais seulement loisible de supposer qu’Esprit,
dès cette année-là, a succédé
à son père comme procureur du roi à Étampes.
|
(4.1.2)
Notre-Dame 22 mars, 14 juin, 25 juillet et 4 septembre.
|
4.2. Esprit Ducamel procureur du roi
|
|
Le 28 décembre
1550 en tout cas se porte marraine à Notre-Dame
d’Étampes “Marie femme de Esprit du Camel procureur
du roy”.
Le 15 avril 1551 se porte lui-même
parrain au même lieu “maistre Esprit du Camel procureur
du roy”; le 26 juillet s’y portent marraines
de concert “Loyse femme de maistre Esprit Hacte et Marie femme
de maistre Esperit Ducamel procureur du roy à Estampes”.
Il y a bien des apparences que cette Loyse était soit une
fille d’Esprit Ducamel, ou bien sa sœur, fille comme lui de Guillaume
Ducamel.
Cette même année 1551
“maistre Crespin [sic] du Camel procureur du roy au bailliage
d’Estampes” reconnaît la seigneurie des célestins
de Marcoussis sur son Hôtel des Carneaux, au n°8
de l’actuelle rue Louis-Moreau (1).
Nous avons précédemment qu’il avait déjà
hérité de son père le n°10, relevant
de la censive des dames de Maubuisson, et le n°12, relevant
des celle des dames de Longchamp.
|
(4.2.1)
D’après un résumé du XVIIIe
siècle dû aux célestins de Marcoussis
et conservé actuellement dans les anciennes archives
des dames de Maubuisson, qui tenaient l’actuel n°10;
le notaire a lu par erreur Crespin au lieu de Esprit (AD95
72H 108).
|
Cette même année 1551, le procureur du roi se rendit
à Méréville pour y instruire, en compagnie
du doyen de la chrétienté d’Étampes, de son
clerc et du promoteur, le procès de deux femmes veuves accusées
d’hérésie (2). On
voit par là que le procureur du roi à Étampes
était aussi en charge de veiller à l’ordre public
en matière religieuse, en temps que représentant
du bras séculier de l’église catholique.
|
(4.2.2) AD89
G. 307 (registre 1510-1584). Cf. Inventaire-Sommaire des archives
de l’Yonne, Archives ecclésiastiques, série G,
tome deuxième, Auxerre, Gallot, 1878, p. 81: “Dépenses
faites par le doyen, son clerc, le promoteur et le procureur
du roi, d’Étampes à Méréville, pour
instruire le procès de deux femmes veuves accusées
d’hérésie, 8 livres.” J’éditerai ultérieurement
ce texte en latin que j’ai eu le plus grand mal à retrouver, tant
les indications de l’Inventaire sont imprécises.
|
Le 16 août
1552 se porte parrain à Notre-Dame “maistre
Esprit Ducamel procureur du roy ou dict lieu”.
Cette même
année 1552 eut lieu un procès
entre l’administrateur de la maladrerie de Saint-Lazare
et les détenteurs de plusieurs métairies situées
à la Grange-Saint-Lazare. Le procureur du roi, l’avocat
du roi et le prévôt constatèrent personnellement
les démolitions de ces métairies
(3). Nous voyons en cette occasion, comme le fait remarquer Dupieux,
que chaque enquête en vue d’opérer une constatation quelconque,
rapportait à ces officiers une somme non négligeable:
20 sols tournois pour le procureur, contre 22 sols 8 deniers pour l’avocat
(soit deux testons) et plus de deux livres pour le seul prévôt.
|
(4.2.3) Archives nationales. Papiers des Princes.
Apanage d’Orléans, R4.941 folio 62: comte de
la maladrerie Saint-Lazare. Enquête pour constater
les démolitions des métairies sises à
la Grange Saint-Lazare (cité par Dupieux, Institutions,
p. 85, note 2; p. 86, note 9; p. 93, n. 4; p. 160, note 4).
|
De 1552 à 1556 furent tenues des comptes
de la maladrerie Saint-Lazare qui nous ont été
conservés, et qui précisent notamment que,
lorsqu’ils réclamaient chaque année l’autorisation
d’exercer le droit de marché qui leur avait été
accordé par Louis VII (4), les administrateurs
de Saint-Lazare avaient pour coutume ancestrale de régler
un teston (c’est-à-dire 11 sols 4 deniers) tant
au bailli ou à son lieutenant qu’au procureur et à
l’avocat du roi (5).
En 1553 Esprit Ducamel est encore mentionné
comme procureur du roi (6).
Le 2 août 1555 se porte marraine
à Notre-Dame “Marie femme de maistre Esprit Ducamel
procureur du roy”.
|
(4.2.4)
Marché qui est à l’origine de la toujours
vivante foire Saint-Michel.
(4.2.5) Archives nationales R4.941, folio
48, texte cité par Dupieux, p. 85; texte d’ailleurs édité
par Forteau d’après une copie du XVIIIe siècle, Annales
du Gâtinais 1903, p. 114: “les maistres et administrateurs
de ladicte Maladrerie ont de tous tems et d’ancienneté accoustumé
de présenter requeste à M. le Bailly d’Estampes ou
son lieutenant, advocat et procureur du Roy pour avoir dellivrance
et permission delad. foire et droictz d’icelle ausquels pour répondre
lad. requeste les maîtres et administrateurs de lad. Maladrerie
ont accoustumé de bailler à chacun un teston”.
(4.2.6) Selon la Rapsodie
de Pierre Plisson éditée par Forteau
(Annales du Gâtinais 1909, p. 248).
|
Le 27 octobre 1555,
Henri II rend un édit important pour la vie du bailliage,
où nous voyons qu’il a d’abord consulté pour ce faire
son procureur à Étampes, dont l’avis paraît
avoir été décisif. Il semble même que
ce soit Esprit Ducamel lui-même qui avait saisi le roi de
cette affaire.
Trois ans auparavant,
pour désencombrer le Parlement de Paris il avait
créé le présidial de Chartres qui devait
statuer en dernier appel sur les cas importants des bailliages
environnants, notamment celui d’Étampes. Or, par ailleurs,
depuis une ordonnance de François Ier, les baillis pouvaient
déclarer exécutoires en premier ressort les jugements
qu’ils prononçaient sur des affaires purement personnelles
lorsque les amendes n’excédaient pas 40 livres parisis ou
10 livres de rente. Seulement les conseillers du présidial
de Chartres s’arrogèrent aussi cette faculté, et déclaraient
à nouveau exécutoires leurs propres sentences d’appel,
de sorte que d’une part les justiciables subissaient doubles frais
et double peine, et que d’autre part l’autorité du bailli d’Étampes
était comme vidée de toute substance.
Nous citons donc
ci-après les termes de l’édit qui reprend
selon toute apparence l’argumentation développée
par Esprit Ducamel lui-même, et rend la décision
qu’il appelait de ses vœux:
“Comme nostre
procureur en nostre duché et bailliage d’Estampes
nous a faict dire et remonstrer, les conseillers
magistratz de nostre bailliage et siège présidial
de Chartres s’efforcent de jour en jour infirmer les sentences
de nostre bailly d’Estampes ou son lieutenant de la qualité
susdicte, en ce qu’ilz les déclairent exécutoires
suyvant la dicte ordonnance, nonobstant le dict appel, et révoquer
comme attentat tout ce que par luy est faict, condamnant les parties
aux despens, dommaiges et interestz, soulz umbre que les appellations
pour les sommes susdites contenues aus dictz édictz ressortissent
par devant eulx, qui est en ce faisant grandement diminuer l’auctorité
de nostre dict bailly d’Estampes, travailler et constituer
en fraiz et mises les dictes pauvres parties,
“à ces causes, nous, désirans les
édictz et ordonnances faictz par nostre dict seigneur
et père, que Dieu absolve, sortir leur effect, relever
noz subjectz de vexations indeues, à ce que soubz couleur
des appellations qui ressortissent par devant noz juges magistratz
pour raison des jugements donnez par les juges à eulx inférieurs,
au cas de notre dict édict, nos dictz subjectz ne soient
consommez en fraiz et mises, ensemble donner reiglement certain
à nos dictz juges, magistratz et juges inférieurs,
“avons dict, déclairé,
statué, voulu et ordonné, et de nostre grace
spécial, plaine puissance et auctorité royal,
disons, déclairons, statuons, voulons et ordonnons et nous
plaist par ces présentes que le dict bailly d’Estampes
ou son lieutenant puissent doresnavant déclairer
leurs sentences exécutoires de la qualité susdicte,
subjectes à la dicte ordonnance faicte par feu nostre dict
seigneur et père, tout ainsi qu’ilz faisoient et souloient
faire auparavant l’édict de la création
des dictz magistratz” (7).
|
(4.2.7) Archives nationales JJ
2571, n°64, f°31 (cf. Catalogue des
actes de François Ier, tome IV, p. 753, n°14502),
texte édité par Paul Dupieux, in Bulletin
philologique et historique jusqu’à 1715 du Comité
des travaux historiques et scientifiques (1930-1931),
pp. 268-270 (n°14); voir aussi Dupieux, Institutions,
pp. 162-163.
|
Le
22 septembre 1556 Esprit Ducamel est
cité parmi les “officiers du roy” assistant à
la rédaction de la Coutume d’Étampes. Si l’on se reporte au récit des auteurs de
la coutume, qui étaient trois parlementaires parisiens,
on constate qu’ils qualifient bien d’abord notre homme “Esprit
du Camel, Procureur du Roy audit Estampes”, sans d’ailleurs
lui doner le titre de “maistre”, qu’ils accordent pourtant
à une grand nombre de personnages (8); mais dans la suite,
lorsqu’ils rapportent les prétentions respectives
des procureurs du roi à Orléans et à Étampes,
ils qualifient ostensiblement et presque systématiquement
chacun d’eux de “substitut du procureur général
du roi” de tel ou tel bailliage (9).
|
(4.2.8) Coustumes des bailliage et prevosté
d’Estampes, Paris, Jean Dallier, 1557, f°39r°.
(4.2.9) Ibid.,
f°42v°: “pour le substitut du procureur general du Roy du
Bailliage d’Orleans”; f°43r°: “à la requeste
du substitut dudit procureur general du Roy, oudit bailliage
d’Estampes”; f°44r°: “les substituts dudit procureur
general du Roy, esdits Balliages d’Orleans & Estampes”,
etc.
|
C’est un bon indice des
forces centralisatrices qui sont alors à l’œuvre dans
le royaume. C’est un fait qu’avait déjà noté
Dupont-Ferrier: “Le Procureur général du roi
au Parlement affectait de considérer tous les procureurs,
dans le ressort de la cour, comme de simples substituts par rapport
à lui-même; il estimait qu’ils faisaient corps avec
lui et que leur pouvoir n’était qu’une émanation
du sien. Il n’est pas douteux qu’ils fussent, à certains
égards, ses subordonnés. Cela ne les empêchait
pas d’avoir le sentiment très vif qu’ils étaient,
avant tout, sous la dépendance du roi. Ils recevaient de la Monarchie
la qualification de procureur du roi dans tel de ses bailliages; ils
prenaient cette désignation eux-mêmes et chacun la leur
reconnaissait à l’intérieur du bailliage”
(10). Chacune de ces assertions est étroitement
vérifiée, sans aucune exception, par le cas
des procureurs du roi à Étampes au XVIe siècle.
Je n’ai pour l’heure
trouvé aucune source locale qui use de cette dénomination
de substitut avant 1653, où elle
paraît entrer dans l’usage seulement après la
catastrophe de 1652, qui a brisé toute fierté
locale (11).
|
(4.2.10) Les officiers royaux des bailliages
et sénéchaussées, Paris, Émile
Bouillon, 1902, p. 150. — (4.2.11)
Présence, lors de l’élection d’un nouveau maire
en 1653, après les événements catastrophiques
de 1652, de “Claude Le Vassor, substitut du procureur du roi à
Etampes”, cité par Forteau, Annales du Gâtinais
23 (1909), p. 253, note 1, d’après un registre des délibérations
apparemment aujourd’hui disparu. Cette qualification est
confirmée par un censier de Longchamp, AD91 E.
3906 (daté par l’Inventaire-Sommaire de 1600
à 1661): “maistre Claude Le Vassor procureur ès
siege royal d’Estampes et substitut de monsieur le procureur du roy”.
La ville n’est plus alors qu’une bourgade dépeuplée,
où on n’élit plus que deux échevins au lieu
de quatre.
|
Nos trois commissaires précisent
par ailleurs nettement que les autorités qui ont
convoqué à Étampes tous ceux qu’y trouvent
en vue de procéder à cette rédaction
l’ont été par l’avocat du roi, assisté
du procureur: “Maistre Claude Prevost,
advocat du roi audit lieu assisté du procureur dudit
seigneur, a dit & remonstré que suivant le commandement
d’iceluy seigneur, & en vertu desdites lettres de commission,
il avoit fait adjourner, & donner assignation audit jour
vingt uniesme de Septembre, & autres jours ensuivans a comparoir
en ladite ville d’Estampes audit auditoire pardevant nous: aux
gens de trois estats desdits Bailliage & Prevosté, &
anciens ressorts” (12).
|
(4.2.12) Ibid., f°31v°/r°.
|
On voit alors plusieurs représentants
des États émettre des contestations, principalement
relatives à leur rattachement au bailliage d’Étampes.
On les écoute à tour de rôle. Dès le
départ le procureur du roi intervient pour suggérer
aux trois présidents de demander aux premiers de ces requerants
s’il n’est pas vrai que les jugements portés dans la châtellenie
de Guillerval relèvent bien d’habitude en appel du bailliage
d’Étampes; les commissaires s’exécutent
alors et consignent les précisions ainsi obtenues (13).
|
(4.2.13)
Ibid., f°43r°/v°.
|
Surtout, lors de cette séance
du 22 septembre 1556, si importante pour l’histoire d’Étampes
et de ses institutions, Esprit Ducamel prononça
un réquisitoire final circonstancié à
l’encontre de tous les particuliers et collectivités
qui avaient la velléité de se soustraire à
l’autorité du bailliage d’Étampes. J’en
donne ci-après le texte, tel qu’il a été
transcrit dans le Procès verbal édité
en 1557 (14).
|
(4.2.14) Ibid., f°46v°-f°50v°.
Autre édition: Charles A. Bourdot de Richebourg
(avocat au Parlement), [éd.], Nouveau coutumier
general. Tome troisième, Paris, Théodore
Legras, 1724, pp. 114-116.
|
4.3. Réquisitoire d’Esprit Ducamel du 22
septembre 1556
|
|
“Et
par le substitut du Procureur general du Roy audit Estampes,
a esté dit & maintenu que [lisez:
quant]
à la Chastellenie du dit Guillerval
& Monnarville membre d’icelle, que la Jurisdiction ordinaire
appartient audit Abbé de Saint Denys, mais ressortist,
& a tousjours ressorty par appel, par devant ledit Bailly
d’Estampes.
|
|
“Et quant à Angerville,
ledit Abbé soubz umbre d’une Jurisdiction fonciere,
a usurpé Jurisdiction ordinaire, sur quelque partie
des habitans dudit Angerville: combien que tous les habitans
soyent de la Jurisdiction ordinaire dudit Estampes. Ont mesmes
esté les lettres patentes du Roy, par iceux habitans d’Angerville
obtenuës, pour la closture d’icelle ville, enterinées
audit Bailliage d’Estampes: & aussi ont esté, &
sont tous les habitans desdits lieux de Guillerval, Monnarville,
& Angerville, Justiciez pour les cas Royaux, par ledit Bailly
d’Estampes, comme estans du ressort d’iceluy Bailliage. Et ont
esté tous les subjets desdits lieux, tousjours regis et gouvernez,
comme encores sont, notoirement souz lesdites Coustumes d’Estampes.
|
|
“Quant
au Plessis Saint Benoist, Auton, Sainville, Meronville, &
Souchamp (1), ledict procureur
du Roy a dit que l’Abbé de Sainct Benoist a Jurisdiction
sur les habitans de Sainville, Meronville [Mérouville], & Souchamp [Sonchamp]. Et pour exercer
ceste Jurisdiction auroit anciennement, Et a eu, jusques
à quarante ans sont, une maison en [f°47r°] la parroisse Saint Gilles dudit Estampes, appellée
la Greneterie, en laquelle pend pour enseigne le Cigne, & a une boucle
d’arain ou de fer, qui estoit sur le pend de ladite maison: en plaine
rue se tenoit sa Jurisdiction, qui s’appeloit, la Justice de la
Boucle. Mais depuis ledit temps de quarante ans, un nommé
Beauvillier, Juge desdits lieux, a prins & usurpé
Jurisdiction sur les habitans dudit Plessis, Meronville &
Sainville, & la [l’a]
tenuë & exercée audit Plessis: mais n’a jamais
ledit Abbé eu Jurisdiction sur les habitans d’Auton,
lesquels sont subjets, & Justiciables du Roy: en premiere
instance du Prevost d’Estampes, & par appel du Bailly, dudit
lieu: & n’ont recongneu ny recongnoissent autres Juges. Est
ledit lieu d’Auton, un gros bourg, composé de plusieurs fiefz
& seignenries [seigneuries],
tenuz par nobles & roturiers: y a séel aux contratz
de la Prevosté d’Estampes, Peages pour le Roy, qui se baillent
de deux ans en deux ans à ferme, au plus offrant & dernier
encherisseur, à la chandelle estainte, par le Bailly dudit Estampes,
ou son lieutenant, avec les autres fermes muables du dommaine du Roy,
audit Estampes. Et aussi ne dient les Curés, Nobles, & habitans
dudit Auton, ne aucun d’eux user, ou avoir usé d’autres Coustumes
que de celles dudit Bailliage d’Estampes: & assistent par devant
nous, à la redaction desdites Constumes, comme y ayans interestz,
sachant qui [qu’ils] sont des
ressortz & Coustumes d’iceluy Bailliage d’Estampes. Se sont aussi
lesdits habitans d’Auton, comme semblablement ceux des autres lieux &
vilaiges, qui sont assis dedans les destroitz [districts] d’iceluy Bailliage d’Estampes, tousjours
[f°47v°] regis & gouvernez, selon les Coustumes d’iceluy Bailliage.
N’ont esté appelléz les estats ne aucun deux
[d’eux] à la redaction
des Coustumes d’Orleans, & si lesditz lieux du Plessis, Sainville,
Meronville & Souchamp, se sont eclipsez du ressort, &
Bailliage d’Estampes, & ressorty à Orleans: ce auroit
esté par ce que lors Estampes n’estoit Royal, & que
l’Abbé de Saint Benoist sur Loyre, d’ou dependent lesdites
terres, avoit par une garde gardienne ses causes commises par devant
ledit Bailly d’Orleans. |
(4.3.1)
Fleureau a résumé ainsi cette section:
“Quand on reforma la Coûtume d’Estampes, en 1556.
il y eut une grande contestation pour sçavoir sous
quelles Jurisdictions & Coûtumes ces lieux devoient
estre reduits; les uns disant qu’ils étoient des Bailliages
& Coûtumes d’Orleans: Les autres de Dourdan: &
les autres d’Estampes. Le Procureur du Roy en ce dernier Bailliage
soutint aussi que l’Abbé de S. Benoist n’avoit que simple
Mairie sur les habitans de Sainville, Merouville, & Souchamp,
pour l’exercice de laquelle il avoit eu d’ancienneté une
maison en la Paroisse de S. Gilles d’Estampes, appellée la
Greneterie, où pendoit pour enseigne le Cygne, avec une boucle
de fer, ou d’airain, sur le pan, pour marque de cette Jurisdiction,
dite de la Boucle, laquelle s’exerçoit en plaine ruë: &
que depuis environ 40. ans auparavant un nommé Argenvillier
avoit usurpé une jurisdiction ordinaire sur les habitans de
tous ces lieux. Quoi qu’il en soit, les choses sont presentement en l’état
que j’ay dit: & la boucle reste encore attachée reste encore
attachée au pan de la maison qui touche celle du Lion d’or,
en la Paroisse S. Gilles, à laquelle pendoit anciennement pour
enseigne le Cygne, comme je l’ay appris d’une declaration de cette
maison passée au Roy le 10. de Juillet 1527. Le vulgaire dit
par erreur que cette boucle est la marque de la franchise de Challo
S. Mard, et qu’anciennement elle servoit d’azile” (Antiquitez,
pp. 33-34).
Léon
Marquis fait là-dessus ce commentaire: “Tout
le monde n’est pas de l’avis de l’historien d’Étampes
qui rapporte ces faits, et l’on doit respecter les traditions.
Monteil, dans son histoire des Français, où
il n’avance rien sans preuves, dit qu’il y avait à Étampes
une maison où un descendant de Chalo Saint-Mard donnait
l’hospitalité à de nombreux pèlerins.
Les armes de la femme de Chalo, qui sont: un serpent
entortillé cherchant à mordre sa queue (Montfaucon,
Monuments de la monarchie), ressemblent assez
à une boucle, et l’hôtellerie du Cygne était
sans doute l’ancienne maison des descendants du fameux pèlerin.
(Les rues d’Étampes, pp. 116-117)
Dupieux
fait remarquer que ces deux interprétations ne
se contredisent pas, vu que, selon le texte de la Coutume, la
justice dont il est question se rendait en plein air, ce
qui ne préjuge donc pas du propriétaire de l’Hôtel
du Cygne (Institutions, p. 61).
|
“Quant
aux villages de Boisseau, Orvau, & Bellesauve, sont
les habitans d’iceux lieux de la Jurisdiction du Prieuré
Saint Pierre: Faulxbourg d’Estampes & la [là] s’est tenuë de tout
temps, comme encores tient, de present la Jurisdiction.
Sur [sur] les habitans d’iceux lieux [;] lesquelz
sans difficulté se sont tousjours gouvernez selon
la Coustume dudit Estampes & l’a ainsi presentement accordé
maistre Macé Poylasne Curé dudit Orvau.
|
|
“Quant
à la comparition pretendue avoir esté faicte
l’an mil cinq cens & neuf, à la redaction des
Coustumes d’Orleans, les trois estatz des ditz lieux & villages
ne aucuns d’eux ne sont comparus, ains seulement maistre Pierre
Daniel Bailly de l’Abbaye dudit Saint Benoist, Pierre Foubert,
& Estienne Peigne leurs procureurs generaulx, Gervais Belier
& Jehan Bouguyer tous demourans en la ville d’Orleans: &
ladite comparition, n’ont fait apparoir quils feussent fondez de pouvoir
suffisant des manans & habitans de tous lesdits villages.
|
|
“Quant
à Intreville pretendu estre de la Chastellenie
d’Exenville, est iceluy lieu d’Intreville de la Jurisdiction
[f°48r°] ordinaire
de la Prevosté d’Estampes, & y respondent ordinairement
les subjets qui aussi se sont regiz et regissent selon
les Coustumes desdits Bailliage & Prevosté.
|
|
“Quant
à Sermaises en Beausse (2)
appartenant a l’Abbaye Sainte Colombe lez Sens, ledit
Procureur du Roy a dit, que la Jurisdiction est divisée
en telle sorte que la primitive Jurisdiction est & appartient
au Prieur dudit lieu, & le Bailliage à l’abbé
de Sainte Colombe: est la Chastellenye dudit Sermaises au dedans
dudit Bailliage d’Estampes, & ont tousjours les habitans
d’iceluy lieu de Sermaises suby Jurisdiction en tout cas de superiorité,
dont la primitive congnoissance est attribuée aux Juges Royaux,
par devant ledit Bailly d’Estampes: par devant lequel mesmes, dix
ou douze ans sont les lettres patentes du Roy, pour la closture
dudit Sermaises, ont esté enterinées, & outre que
le Conte dudit Estampes a donné auditz Abbé & convent
Sainte Colombe, la Seignenurie dudit Sermaises, reservée
une pension laquelle il auroit apres l’avoir longuement perceuë,
donné au Chapistre de nostre Dame d’Estampes, qui depuis
la [l’a] tousjours
receuë & reçoyvent. Et pour plus amplement monstrer
que à tort ledit substitut dudit Procureur du Roy dudit Orleans,
se debat dudit Sermaises, les habitans d’iceluy lieu dient n’estre
du ressort ne Coustumiers dudit Orleans, ains dient ressortir immediatement
en la court de Parlement à Paris, & user des Coustumes
de la Prevosté & Viconté dudit Paris, à
la redaction desquelles ou d’Orleans ilz ne furent neantmoins oncques
appelléz, & aussi ne se [f°48v°] y regissent, mais
au contraire se sont tousjours regis & gouvernez comme ilz font,
par ladite Coustume d’Estampes: & n’a ledit Jehan Godin Procureur
d’aucuns habitans dudit lieu, procuration des seigneurs ne des principaux
manans d’iceluy Sarmaises.
|
(4.3.2)
Fleureau a résumé ainsi cette section:
“Lors que la Coûtume d’Estampes fut reformée,
l’an 1556. il y eut grande contestation entre les Substituts
du Procureur General du Roy, aux bailliages d’Orleans, &
d’Estampes, chacun d’eux pretendant que les appels de celuy de
Sermaises devoient être portez à son ressort;
mais ils ne furent pas écoutez, parce qu’ils vont directement
à la Cour de Parlement, par privilege du Roy Charles VI.”
(Antiquitez, p. 60).
|
“Au
regard dudit Brouy pretendu par le Chapitre de l’Eglise de Sens,
estre du ressort du Bailliage dudit Sens et des Coustumes de Lorris,
a dit que ledit lieu & habitans de Brouy, sont du ressort dudit
Bailliage d’Estampes, y a un notaire commis par le tabellion dudit
Estampes y recevant tous contratz. Et se sont lesdits habitans
tousjours regis & gouvernez selon les Coustumes dudit Estampes.
A esté la seigneurie de Brouy qui est assise dedans ledit
Bailliage d’Estampes, donnée par le Conte d’Estampes audit
chapitre de Sens, comme celles dudit Sarmaises, à l’Abbé
Sainte Colombe dudit Sens, reservé pension qui est annuellement
receuë & payée.
|
|
“Au
regard du Mesnil Girault, a dit que la Chastellenye dudit
Mesnil Girault, est assise en & au dedans dudit Bailliage
d’Estampes: & en ladite ville d’Estampes, ont les officiers
d’icelle Chastellenye tousjours exercé, comme encores
font, leur Jurisdiction, en la maison appellée la
maison du Mesnil Girault: en laquelle ils ont un notaire ou tabellion,
recevant tous contratz que lon [l’on] luy offre & presente. Se sont tousjours
les habitans de la dite Chastellenye regiz & gouvernez,
selon la Coustume d’Estampes. Vray est que depuis quarante
ou cinquante ans en ça, ilz ont prins leur ressort à
Montargis: & au paravant & de tout temps
[f°49r°] ressortissoient
les appellations du Bailly de ladite Chastellenie, & se
relevoient par devant ledit Bailly d’Estampes, s’en sont exemptez
par ce que cinquante ans sont, le Conté dudit Estampes estoit
en la main des seigneurs de Fovez: sous la main desquels, & non
sous l’auctorité du Roy, s’exerçoit la jurisdiction
dudit Estampes: & ont prins ce ressort audit Montargis par simples
lettres Royaux, en forme de garde gardienne. Ne sont les habitans
de ladite Chastellenie, ne aucun d’eux de quelque estat qu’il soit,
comparuz à la convocation & redaction des Coustumes dudit
Montargis. Ains les aucuns des villages de ladite Chastellenie de Mesnil
Girault comparent & s’offrent comparoir, comme ilz sont tenuz &
doivent faire par devant nous, à la redaction desdites Coustumes
dudit Estampes.
|
|
“Et
pour les Chastellenies, Justices & seigneuries de Villiers,
Vaires & Duyson, a dit que ces trois seigneuries
qui sont pres dudit Estampes de deux lieues, ont appartenu
aux seigneurs de Fovez, & unies avec le Conté d’Estampes,
ou temps que iceux seigneurs de Fovez en ont esté joussans
[joyssans] & proprietaires:
& depuis à leurs successeurs & heritiers
ont les mesmes officiers dudit Estampes, comme Bailly, Prevost,
Advocat, & Procureur, & pareillement le receveur du
dommaine dudit Estampes fait & exercé leurs estats
& offices, chacun comme à luy appartient, sur les
dommaine, seigneurie & habitans desdits lieux en pareille
loy & Coustume, que celle d’Estampes, & ce par le temps
& espace, de soixante ans & plus: et jusques à ce
que le [f°49v°]
President de Seve ait acquis
les seigneuries de Villiers, & d’Huison & un appelé
de Hacqueville, la seigneurie dudit Vaires (trente ans a, peu plus
ou moins,) ont changé leurs officiers, mais n’ont immué
ne peu immuer, leur loy & Coustume: & neantmoins ont les
appellations dudit Vayres ressorty, comme encores font par devant le
ledit Bailly d’Estampes, dont est d’accord le seigneur dudit Vayres,
& quant aux Coustumes n’y a eu differance aucune.
|
|
“Quant à Bouville, Farcheville & Champmoteux,
a dit que lesdits lieux sont juxte les portes d’Estampes. Se
sont les seigneurs voulu exempter du ressort dudit Bailliage
d’Estampes, ou temps que ledit Estampes estoit, & a esté
mis hors de la couronne de France & souveraineté
du Roy. Mais leurs tiltres bien veuz sont desdits lieux dudit Bailliage
d’Estampes, esquels lieux ont eu les seigneurs Contes dudit Estampes,
droit de seigneurie qu’ils ont puis aucun temps changé &
permuté sans par cela aliener la souveraineté & ressort.
Et aussi se sont tousjours les seigneurs desdits lieux pourveuz par devant
ledit Bailly d’Estampes: es cas dont la primitive congnoissance appartient
aux juges Royaux, mesme l’an mil cinq cens vingt neuf ou environ ce temps,
deffunct Claude de Chastillon seigneur desdits lieux se pourveut oudit
Bailliage d’Estampes, pour la refection des fourches patibulaires dudit
Bouville, lesquelles par ordonnance dudit Bailly furent plantées
ou [où] elles sont. Se
y est aussi pourveu le dit Jehan de Neuf-Carré, seigneur en
partie [f°50r°]
dudit Bouville & Farcheville (3), pour informer sur la commodité
ou incommodité de l’assiete de son moulin à grain dudit
Bouville: lequel a esté dressé ou [où] il est, par ordonnance dudit Bailly
d’Estampes, qui se y seroit avecques les officiers du Roy audit Estampes,
transporté pour cest effect. Et oultre que Loys, Conte dudit Estampes,
seigneur de Lunel, avoit cinq minots d’avoyne annuels, de revenu sur
la seigneurie de Champmoteux: que son receveur audit Estampes recevoit
par droit foncier et de seigneurie, lequel droit foncier et de seigneurie,
il a baillé aux Chantre, & chanoines de l’Eglise nostre
dame d’Estampes, pour la fondation d’une messe que lon [l’on] dit en ladite Eglise nostre dame d’Estampes,
par chacun jour, à sept heures du matin: avec ce leur a donné
plusieurs autres droits qu’il avoit en son Conté, à l’entour
dudit Estampes, & sçavent bien lesdits seigneurs & aucun
des habitans esdits lieux, comme aussi la verité est, que quand
leurs biens & heritages sont tombez en differend, et que jugement
s’en est deu faire par Coustume, ont allegué & articulé
les Coustumes dudit Bailliage d’Estampes, & icelles par les habitans
dudit Estampes prouvées & verifi[é]es
en tourbes, sans soy estre aidez d’autres Coustumes, ny en prendre
& faire extrait.
|
(4.3.2)
Ce Jean de Neuf-Carré était personnellement
présent lors de la rédaction de la coutume
(cf f°37v°: “Jehan de Neuf-carre Escuyer, seigneur,
de la Pierre, & de Bouville en partie en personne”;
f°45v°: “Iehan de Neufcarré, seigneur de la
Pierre, en la paroisse de Villiers, & en partie desdits lieux
de Bouville & Farcheville”); ses droits lui venaient
de son mariage avec Catherine de Châtillon fille aînée
d’Antoine de Châtillon seigneur de Varennes et de Bouville
en partie (Fleureau, Antiquitez,
p. 615). Il est donc vraisemblable que la visite du site du moulin
de Bouville par les officiers du bailliage d’Étampes,
au rang desquels étaient évidemment le procureur
du roi, devait être récente, et avait été
effectuée soit par Esprit Ducamel lui-même, ou
bien par son père et prédécesseur Guillaume
Ducamel.
|
“Finalement
a ledit substitut dudit procureur general du Roy oudit Bailliage
d’Estampes, dit & remonstré que tous lesdits seigneurs
temporels & habitans desdites villes, lieux & villages,
sont des election & gabelle d’Estampes, y viennent par chacune semaine
[f°50v°] se conseiller
de leurs affaires & differents qui ont tousjours esté
dressez et diffiniz selon la Coustume dudit Estampes, par les practiciens
de ladite ville. Comme le confesseront lesdits seigneurs & habitans,
bien enquis en leurs sermens & consciences: & declareront
qu’ils veulent estre reduits & subjets à ladite Coustume
d’Estampes. Ont esté les habitans desdits lieux, villes &
villages empeschez de ce faire, & suadez de passer les procurations
par aucuns petits Procureurs de village, qui seroient marriz de veoir
le populaire hors de trouble sans leur faire entendre & remonstrer
les commoditez & soulagement qu’ils peuvent avoir, & prendre
sur la redaction desdites Coustumes, & les inconveniens & interests
qu’ils porteront cy apres estans exemptez & non comprins en icelles
Coustumes.
“Partant pour les causes susdites & autres
qui ont esté plus au long alleguées, &
que ledit substitut entend desduire en temps & lieu, a requis
que sans avoir esgard aux dires impertinens, alleguez par tous
les dessusdits, ils soient à tout le moins par provision,
comme ils doivent estre declarez subjects aux Coustumes dudit
Bailliage d’Estampes: joint qu’ils, ne aucun d’eux, n’ont esté
appelez à la redaction des coustumes, esquelles ils se
dient estre subjets: comme il appert par le proces verbal desdites
constumes”
(3).
|
(4.3.3)
Coustumes des bailliage et prevosté
d’Estampes, Paris, Jean Dallier, 1557, f°46v°-f°50v°.
Autre édition (sans intérêt pour l’établissement
du texte puisqu’elle reproduit celui de la première édition
en y ajoutant des coquilles): Charles A. Bourdot de Richebourg
(avocat au Parlement), [éd.], Nouveau
coutumier general, ou Corpus des coutumes generales et particulières
de France et des provinces connues sous le nom des Gaules,
exactement verifiées sur les originaux conservez au
greffe du Parlement de Paris & des autres cours du royaume,
avec les notes de MM. Toussaint Chauvelin, Julien Brodeau,
& Jean-Marie Ricard, avocats au Parlement, jointes aux annotations
de MM. Charles Du Moulin, François Rageau, & Gabriel-Michel
de la Rochemaillet, mis en ordre, & accompagné de
sommaires en marge des articles, d’interprétations des
dictions obscures employées dans les textes, de listes alphabétiques
des lieux régis par chaque coutume, et enrichi de nouvelles
notes tirées des principales observations des commentateurs,
& des jugemens qui ont éclairci, interprété,
ou corrigé quelques points & articles de coutumes.
Tome troisième, Paris, Théodore Legras, 1724,
pp. 114-116.
|
4.4.
Plaidoyer à Dourdan de son beau-frère et substitut
Girard Garnier
|
|
Nous avons
déjà signalé, parlant de Girard Garnier,
gendre de Guillaume Ducamel (§
3.5) et beau-frère d’Esprit, que ce personnage était
intervenu en cette même occasion comme conseil ou
représentant de plusieurs personnages ou collectivités
du bailliage.
Il nous
reste à mentionner l’une de ses interventions,
le 23 septembre 1556, au nom des nobles en général
du bailliage, en laquelle il fut particulièrement appuyé
par son beau-frère:
“Et continuant la lecture desdits articles, maistre
Girard Garnier, pour les nobles a presenté un article
de la teneur qui s’ensuit.
“Quant un heritage censuel est baillé
à rente fonciere rachatable, pour tel bail &
rente sont deues ventes. Mais pour le rachat de ladite
rente ne sont deues ventes.
“Lequel article ledit Garnier a dit estre
fort ancien, & comme tel requis estre inseré au
cayer desdites Coustumes, ce que particulierement a requi le
substitut dudit procureur general du Roy audit Estampes. Mais pour
la diversité des rapports, qui ont esté faits par
lesditz estats, officiers & praticiens dudit siege, les avons
renvoyez au lendemain des Roys en ladite court de Parlement.” (1).
|
(4.4.1)
Coustumes des bailliage et prevosté
d’Estampes, Paris, Jean Dallier, 1557, f°52v°;
Charles A. Bourdot de Richebourg, Nouveau
coutumier general. Tome troisième, Paris, Théodore
Legras, 1724, p. 117.
|
Trois mois plus tard, comme nous l’avons déjà
signalé (§ 3.5), lors de la rédaction de la
Coutume de Dourdan, le 29 décembre 1556,
devant les trois mêmes parlementaires parisiens
qui avaient présidé à la rédaction
de la Coutume d’Étampes, le beau-frère d’Esprit
Ducamel nous est signalé comme son substitut, et
prend la parole au nom d’Esprit Ducamel.
Comme nous
venons de le voir, trois mois plus tôt Girard Garnier
ne se voit pas attribuer de titre de ce genre, et nous ne
ne le voyons plus jamais, à notre connaissance, le porter
dans la suite: d’où il faut croire qu’il était
plutôt en cette occasion quelque chose comme le procureur
du procureur du roi.
Nous donnons
ci-après le texte de son plaidoyer ainsi que
celui de la réponse qui lui fut faite par le procureur
du roi à Dourdan.
|
|
“Par
maistre Girard Garnier, Advocat à Estampes, substitut
du procureur du Roy, audit Bailliage d’Estampes, a
esté remonstré comme le Duché d’Estampes,
avoit esté de grande antiquité de la maison de
France, tenu par les Roys, & baillé en appanage
au enfans de la maison de France, qu’en faisant l’erection d’iceluy
en Duché par le feu Roy François dernier decedé,
auroient esté adjoustez à iceluy les chastellenies
de Dourdan, & la ferté Aleps, pour le tout estre dit
& nommé Duché d’Estampes, & une seule seigneurie.
“Et combien que par ce moyen, les habitans
de Dourdan fussent sujects, & se deussent gouverner
et reigler par les Coustumes dudit bailliage d’Estampes;
& les assises des bailliages de Dourdan: & la Ferté
Aleps; eussent esté ou deu estre publiez, comme estans
du Duche d’Estampes, tenuz aux sieges de Dourdan, & la Ferté
Aleps, toutesfois ceux de Dourdan se seroient ingerez de vouloir
faire rediger quelques pretendues Coustumes, & à ce
faire appeler les habitans d’Authon, le Plessis sainct Benoist. Congerville,
& Sainville, qui estoient de la jurisdiction ordinaire dudit
bailliage d’Estampes,
“icelles Coustumes d’Estampes auroient
ja esté reduictes & accordées, &
à la redaction et lecture d’icelles, se seroit le
procureur du Roy à Dourdan opposé pour raison
de Sonchamp, sans pretendre aucun droict de jurisdiction pour
raison d’Authon, le Plessis sainct Benoist, Congerville, &
Sainville,
“sur lequel differend de Sonchamp, les
parties auroient esté par nous lors procedant
à la redaction des dictes Coustumes renvoyées
à la Cour de Parlement au l’endemain des Rois,
“à cette cause protestoit de nullité,
de tout ce qui se feroit pour raison desdites pretendues Coustumes de Dourdan,
& de faire cy-après contraindre iceux habitans de Dourdan à
se reigler selon les Coustumes d’Estampes,
“aussi que l’évocation qui avoit
esté faite à Dourdan, desdits villages
d’Authon, le Plessis sainct Benoist, Congerville, Sainville,
& Sonchamp, ne peut aucunement prejudi[ci]er
audit procureur du Roy à Estampes.
|
|
“A quoy par
ledit procureur du Roy à Dourdan, a esté
dit […], en respondant audit
Garnier, que la chastellenie de Dourdan avoit esté
anciennement & de tout temps unie à la couronne
de France, & jamais n’en avoit esté demembrée,
ainsi qu’avoit esté le Comté d’Estampes, n’agueres
incorporé au domaine du Roy, par le decez du Comte de
Foix dernier decedé sans hoirs de son corps.
“Que combien que depuis peu de temps
ledit Comté ait esté érigé en Duche,
& baillé par le Roy François à messire Jean
de Brosses, à present Duc d’Estampes. Toutefois il n’auroit
jamais jouy de ladite chatellenie de Dourdan, comme estant du tout separée
dudit Duché d’Estampe: mais en auroit toujours le Roy jouy
comme il faisoit encores à present,
“et se trouveroit le plaidoyé
dudit Garnier impertinent & sans raison, parce que
le dit procureur du Roy à Dourdan, s’estoit opposé
en personne pardevant nous, procédans à l’émologation
des Coustumes d’Estampes, pour lesdits villages de Sonchamp,
Sainville, le Plessis Sainct Benoist & Authon, comme estant
du domaine du Roy, redevables et cens & rentes, à sa
recepte de Dourdan,
“aussi que les officiers d’Estampes,
n’avoient jamais fait appeler à la redaction de
leurs Coustumes, les habitans de Dourdan, comme ne recognoissans
en rien Estampes.
“Aussi que la chastellenie de Dourdan
n’a jamais recongneu en aucune chose les Comtes ou Ducs
d’Estampes, mais au contraire que les habitans d’Estampes
avoient autrefois ressorti à Dourdan pour les cas Royaux.
“Et ont tousjours les habitans dudit
Dourdan tenu & gardé Coustumes autres que
celles qui estoient à Estampes, lesquelles avoient
esté introduictes par Bretons, qui s’estoient habituez
audit lieu d’Estampes, à cause que dès longtemps,
le Comté d’Estampes avoit esté tenu par les
Ducs de Bretagne, ou par leurs enfans.
“Et pour le regard desdites terres
de Sonchamp, Sainville, Authon, & le Plessis sainct
Benoist, que des le deuxiesme jour d’Aoust, cinq cens trente-deux,
lesdits villages & leurs dependances auroient esté
reunis au domaine du Roy à la chastellenie de Dourdan,
suivant les lettres patentes du Roy, [p.137] envoyées
à cette fin.
“Quoy que ce soit avoient esté
saisies afin de ladite reunion, & n’estoient encores
apparu d’aucune main-levée: Que les habitans desdits
lieux doivent pour leurs maison & terres plusieurs droicts
seigneuriaux au Roy à cause de Dourdan, ainsi qu’il
seroit verifié par plusieurs comptes, estans en la chambre
des Comptes à Paris, que iceux villages estoient dans
les fins & limites dudit bailliage de Dourdan, & près
ledit Dourdan:
“requerant par ces moyens qu’il feust
par nous ordonné que lesdits villages se reigneront
par les Coustumes dudit Dourdan.
“Nous sur les dites remonstrances &
protestations, avons lesdites parties renvoyées
à la Cour de Parlement au lendemain des Roys, pour
icelles ouies avec le Procureur general du Roy, leurs estre
fait droit ainsi que de raison.” (1). |
(4.4.2) Charles
A. Bourdot de Richebourg, Nouveau coutumier general.
Tome troisième, Paris, Théodore Legras,
1724, p. 136.
|
Le 23 juin 1558 le roi
Henri II donne commission à son maître des requêtes
Étienne Potier d’aller à Étampes enquêter
de commodo et incommodo, sur l’opportunité
d’une taxation des bâteau transitant par le port de cette
ville que réclame la municipalité pour en financer
la réparation.
Le roi précise
qu’une enquête de ce genre a déjà été
diligentée sur cette requête et qu’il a déjà
reçu sur cette affaire le rapport de son procureur
à Étampes. On voit ici cependant les limites du
crédit que rencontre à la cour l’avis de
ce magistrat local, puisqu’on juge nécessaire de rexaminer
les choses en présence d’un représentant du pouvoir
central qui viendra sur place assister le procureur du lieu.
“Sur laquelle les aurions renvoyez par
devant le bailly du dict Estampes ou son dict lieutenant,
pour, oy et appelé nostre procureur du dict lieu, informer
de la commodité ou incommodité du contenu en icelle,
pour, la dicte informacion faicte et rapportée par devers
nous, estre pourveu aus dictz supplians, ce qui auroit
esté faict;
“toutesfois desirans, attendu qu’il est question
d’un bien publicq, estre plus amplement informez et certroiez
de la commodité ou incommodité, nous mandons
et commectons par ces présentes que, appeliez nos officiers
du dict lieu, vous estant sur les lieux, informez derechef,
dilligemment et bien du contenu en la dicte requeste et de la commodité
ou incommodité, que nous et la chose publique pourrions
avoir, faisant ce qui est requis par icelle, pour, la
dicte informacion faicte et renvoyée par devers nous, ayans
prins conseil, ensemble avis, et celluy de nos officiers au dict
lieu, estre pourveu aux supplians, comme de raison. Car tel est nostre
plaisir. De ce faire vous donnons pouvoir, mandons et commandons à
tous nos justiciers, officiers et subgectz que à
vous, ce faisant, obéissent” (6).
|
(4.2.6) Archives municipales d’Étampes AA 127
(non cotée à l’époque de Dupieux),
texte édité par Paul Dupieux, in Bulletin
philologique et historique jusqu’à 1715 du Comité
des travaux historiques et scientifiques (1930-1931),
pp. 273-274 (n°16); Dupieux note, ibid.,
p. 273, note 2, que “ces lettres ne sont pas mentionnées
dans la brochure du docteur Justin
Bourgeois, Le port d’Etampes,
Etampes, 1860, in-8°, ni dans l’article de Paul
Pinson, Recherches sur la navigation
d’Etampes à Corbeil, depuis le XIe siècle
jusqu’à
sa suppression en 1676, dans
Bulletin de la Société historique
et archéologique de Cor-
beil, d’Etampes et du Hurepoix,
1899, p. 119-158”.
|
4.5. Sur la fin énigmatique du mandat
d’Esprit Ducamel
|
|
A partir du
4 janvier 1560 (1)
se produit une anomalie: nous trouvons mentionné
un nouveau procureur du roi, Esprit Hatte, sans qu’Esprit
Ducamel cesse de son côté d’en porter le titre.
|
(4.5.1)
Notre-Dame 4 janvier 1560: “Pierre filz de maistre
Esprit Hacte procureur du roy à Estampes”.
|
En
1562 sont signalés côte à côte,
et sans mention de titre, comme censitaires des dames de
Longchamp, Esprit Ducamel et son successeur Esprit Hattes:
“Maistre Esprit Ducamel. — Maistre Esprit Hacte” (2). Il faut noter que les montants des cens
dus par l’un comme par l’autre ne sont pas mentionnés,
ce qui tend à indiquer qu’ils en étaient probablement
exempts, par un de ces droits coutumiers informels et variés
justement soupçonnés par Dupieux, sur lesquels
nous sommes mal renseignés, mais qui, cumulés,
devaient constituer des sources de revenu conséquentes
pour les détenteurs de cette charge.
|
(4.5.2)
AD91 E 3900, f°18r°.
|
L’année
suivante 1563 le même registre n’accorde
curieusement son titre qu’à Esprit Hattes: “Maistre Esprit
Ducamel. — Maistre Esprit Hacte procureur du roy” (3). Le 10
mars se porte marraine à Saint-Basile “Marie Paulmier
femme de honorable homme maistre Esperit Hacte procureur du roy
au dict lieu”.
Que se passe-t-il ? Nous avons vu en effet que les registres
de baptême pour leur part continuent à qualifier
Esprit Ducamel de “procureur du roy”, et qu’il n’est mort qu’entre
février et septembre 1564. Il y a donc bien deux procureurs
du roi en titre à Étampes entre 1559/1560 et 1564.
|
(4.5.3) AD91 E 3900, f°37v°.
|
On pourrait
supposer évidemment que, pendant un temps, tout simplement,
l’autorité royale considéra comme nécessaire
la coexistence de deux procureurs du roi à Étampes.
Dupont-Ferrier a montré que c’était le cas
de certains bailliages (4), et qu’on en avait parfois
davantage ailleurs; mais ils siégeaient alors à chaque
fois en des villes différentes du bailliage
(5), et l’on voit mal où cela aurait pu être
dans le cas d’Étampes; surtout, la cas ne se reproduira
plus jamais à ma connaissance.
|
(4.5.4)
Il cite en ce sens les bailliages de Chartres, Chaumont,
Cotentin, Mantes, Orléans, Melun et Gisors.
(4.5.5) Cf. Les officiers
royaux, 1902, pp. 146-147.
|
Un autre
solution serait de supposer qu’Esprit Hattes ne fut au départ
qu’un simple substitut du procureur du roi.
Nous avons
déjà en effet constaté à
deux reprises l’existence d’un tel procureur à Étampes, tout d’abord le 13 janvier 1513,
lorsque le prévôt Guillaume Audren est qualifié
à titre exceptionnel de substitut du procureur du roi Guillaume
Cormereau, puis le 29 décembre
1556 lorsque Girard Garnier, beau-frère
d’Ésprit Ducamel, le remplace également à
titre exceptionnel à Dourdan lors de la rédaction de la
coutume de cette ville. Nous avons déjà fait allusion
au fait qu’il existe plusieurs indices qu’Esprit Hattes était
lui aussi un beau-frère d’Esprit Ducamel.
Mais nous avons noté
également que Guillaume Audren autant que Girard Garnier
n’avaient très visiblement exercé chacun cette
fonction qu’à titre exceptionnel: il ne s’agissait en
aucun de ces deux cas d’une charge fixe.
L’existence
d’un, voire de plusieurs substituts du procureur du roi,
est avérée en ce temps dans plusieurs autres
bailliages. Et, à ce que note Dupont-Ferrier, “il est
impossible de distinguer toujours entre ces deux appellations,
la vanité encourageant d’habitude l’usurpation du
titre” (6).
Cependant
là aussi, il resterait à expliquer pour
quoi cette charge usuellement stable, n’a pas d’autre titulaire
connu dans la suite à Étampes, du moins à
ma connaissance.
|
(4.5.6)
Cf. Les officiers royaux, 1902, pp. 156-158.
|
Il est
donc plus vraisemblable donc qu’à partir de 1559 ou 1560
Esprit Ducamel, pour une raison indéterminée,
par exemple d’ordre médical, a été empêché
d’exercer ses fonctions de procureur du roi, et que son
successeur a été nommé de son vivant, de
telle manière qu’il a continué à en
porter le titre sans vraisemblablement en assumer réellement
les fonctions.
Le 29 janvier 1564, selon Dupieux, Esprit
Ducamel est toujours cité comme procureur en activité
(7), et le 28 septembre
se porte marraine à Saint-Basile d’Étampes
“Marie fille de maistre Esperit du Camel procureur du roy à
Estampes”.
Cependant le 3 octobre 1564, à Notre-Dame,
se porte marraine “Jehanne Ducamel fille de defunct maistre
Esprit Ducamel en son vivant procureur du roy à Estampes”.
|
(4.5.7)
Selon un document autrefois conservé à
Orléans (A 1220, liasse 1re, pièce 1re)
et cité par Dupieux (Institutions, p. 85,
note 6). C’est ce qui sans doute a conduit Dupieux à négliger
le témoignage de Plisson sur le fait qu’Esprit Hattes
était procureur du roi dès 1560.
|
On croit
d’abord pouvoir en conclure qu’il est mort précisément
entre les 28 septembre et 3 octobre 1564. Mais son décès
est peut-être antérieur à cela. Ce qui est
troublant en effet, c’est qu’on semble ignorer son décès
à Saint-Basile pendant deux ans. Le 19 janvier 1565
en effet s’y porte parrain “Medard du Camel filz de maitre
Esprit du Camel procureur du roy à Estampes”; le 18 mars
1566 s’y porte marraine “Jehanne fille de maistre Esprit du Camel”
et à nouveau le 20 novembre “Jehanne fille de maistre Esprit
du Camel procureur du roy à Estampes”.
Plus troublant encore, le 7 octobre 1566, le desservant
se trompe en mentionnant le même Médard que
ci-dessus comme s’il était le fils d’Esprit Ducamel:
“Medard Hatte filz de monseigneur le procureur du roy”.
Bien qu’on se demande comment le desservant de Saint-Basile
a pu commettre une confusion aussi étrange, concernant
de tels paroissiens, cette confusion n’est pas douteuse
en elle-même, d’autant plus qu’Esprit Hattes est mentionné
en 1567-1568 comme censitaire des dames de Longchamp en temps
que tuteur des enfants de son défunt prédécesseur:
“Maistre Esprit Hacte procureur du roy tant pour son non que
pour sa femme — Luy comme tuteur des enffens feu maistre Ducamel”
(8).
|
(4.5.8)
AD91 E 3900, f°83v°.
|
Esprit
Ducamel n’est clairement signalé comme defunt à
Saint-Basile qu’à partir du 10 février 1568,
date à laquelle se porte marraine à Saint-Basile
“Jehanne fille deffunct Esprit du Camel en son vivant procureur
du roy à Estampes”.
En 1571 ses enfants continuent à sa porter parrains
et marraines à Saint-Basile. Ainsi le 4 avril: “Medard
filz deffunct maistre Esprit du Camel”, et le 24 mai: “fille
de deffunct maistre Esprit du Camel en son vivant procureur
du roy à Estampes”.
|
|
4.6. Descendance d’Esprit Ducamel
|
|
Quelle a été la descendance d’Esprit Ducamel?
Nous avons vu que son épouse s’appelait Marie,
et qu’elle se porta marraine à Notre-Dame à
quatre reprises, à une époque où le registre
de Saint-Basile fait défaut, de 1550 à 1555. Elle
lui avait donné au moins quatre enfants, Guillaume, Marie,
Médard et Jeanne.
1. Guillaume Ducamel II, qui se porte
parrain à Notre-Dame le 28 juillet 1557 (1), mais dont nous n’entendons plus parler
ensuite: il est sans doute mort jeune.
2. Marie Ducamel, encore jeune fille,
est mentionnée comme marraine à Saint-Basile
les 28 septembre 1564 et 12 juin 1570 (2). Elle
se marie avant le 5 avril 1582 sans qu’on puisse préciser
davantage à cause de la grande lacune du registre
de Saint-Basile de 1572 à 1588. Elle réapparaît
en effet mariée au médecin Gérard François,
à partir du 5 avril 1582, marraine à Notre-Dame,
puis ensuite régulièrement jusqu’en 1590
tant à Saint-Basile qu’à Notre-Dame, voire à
Saint-Pierre (3). Son mari lui-même
se porte parrain à Notre-Dame, à Saint-Basile
et à Saint-Gilles au moins à dix reprises
de 1578 à 1599 (4). Ils eurent au moins deux
fils, Jacques et Jean, dont l’un se porte parrain à Notre-Dame
en 1593, et l’autre en 1595 (5). Le couple héritera,
avant 1593, de l’hôtel des Carneaux au n°8 de la
rue Louis-Moreau auparavant détenu par Esprit Ducamel (6), et tient
aussi, au moins en 1599, le n°6 de la rue Sainte-Croix,
à côté de l’hôtel d’Esprit Hattes (7).
3. Médard Ducamel est mentionné
comme parrain à Saint-Basile les 19 janvier 1565
et 4 avril 1571 (8); il doit être
mort jeune, car nous n’en entendons plus parler dans
la suite.
4.
Jeanne Ducamel se porte marraine à Saint-Basile
encore jeune fille de fin 1566 à début 1568
(9). La même année elle
épouse Tristan Charron II, avocat et élu d’Étampes,
c’est-à-dire officier de l’élection, à qui elle donne un fils Tristan III baptisé
à Saint-Basile en février 1569.
Ce gendre posthume
d’Esprit Ducamel mérite un développement
à part.
|
(4.6.1)
“Guillaume filz de maistre Esprit Ducamel”.
(4.6.2) “Maraines Marie du Camel et
Katherine Paulmier”. — (4.6.3)
Notre-Dame 5 avril 1582: “Marie Ducamel femme de honnorable
homme maistre Girard Françoys docteur en medecine”;
Saint-Pierre 27 octobre 1584 [cité par Charles Forteau,
Annales du Gâtinais 13 (1907), p. 98); Notre-Dame
mardi 18 février 1586: “Marie Ducamel femme de maistre [rayé:
Franc] Girard Françoys docteur en medecine”; 15 juin
1586: “Marie Ducamel”; 20 avril 1587: “Honneste femme Marie Ducamel
espouse de Girard Françoys medecin à Estampes”; Saint-Basile
29 mai 1588: “dame Marie Du Camel femme d’honorable homme maistre
Girard Françoys docteur en medecine”; 5 mai 1590: “Marie
Ducamel femme de honorable homme maistre Gerard François
medecin au dict Estampes”. — (4.6.4) Notre-Dame
28 mars 1578: “honneste homme Gerard Françoys medecin à
Estempes”; 7 juin 1582, “venerable et discrette personne maistre
Girard Françoys docteur en medecine à Estampes”;
28 janvier 1583: “honnorable homme maistre Girard François
docteur en medecine”; 20 septembre: “honnorable homme et discrette
personne Girard Françoys docteur en medecine”; Saint-Gilles
24 octobre 1584: “honorable et discrete personne maistre Gerard François
docteur en medecine”; Saint-Basile 7 septembre 1589: “noble homme
maistre Gerard Françoys docteur en medecine”; 18 novembre
1590: “maistre [rayé: Françoys] Girard Françoys
docteur en medecine”; 4 septembre 1591: “maistre Girard Françoys
docteur en medecine”; Notre-Dame 16 mars 1593: “maistre Girard Françoys
docteur en medecine”; Saint-Gilles 25 janvier 1599: “noble homme
maistre Girard Françoys docteur en medecine”. — (4.6.5) Notre-Dame 8 juin 1593: “Jacques filz de
maistre Girard Françoys docteur en medecine”; 6 avril 1595:
“Jehan filz de maistre Girard Françoys docteur en medecine”.
— (4.6.6) D’après un résumé
du XVIIIe siècle dû aux célestins de Marcoussis
et conservé actuellement dans les anciennes archives
des dames de Maubuisson (AD95 72H 108), Girard François
reconnaît alors la seigneurie des célestins en temps
que gendre et héritier d’Esprit Ducamel. — (4.6.7) Censier de Notre-Dame pour 1599 (extrait
édité par par Monique Chatenet, Étampes,
un canton entre Beauce et Hurepoix, Paris, Éditions
du Patrimoine, 1999, pp. 148-149).
(4.6.8) La marraine étant la fille
de son tuteur, “Jehanne Hacte femme de Françoys Cheron”.
(4.6.9) Les 18 mars et 20 novembre 1566,
puis le 10 février 1568. — (4.6.10) Saint-Basile le 21 février
1569: “Tristan filz de honorable homme maistre Tristan Charron
esleu d’Estampes et de Jehanne du Camel sa femme; les parrains
honorable homme maistre Tristan Charron [rayé: esleu]
bailly de [rayé: Dorudan] Dourdan et maistre Gilles Paulmier
bailly de la Forest le Roy, la maraine Marie Paulmier à
present femme de maistre Esprit Hatte procureur du roy à
Estampes”.
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4.7. Sur son gendre
Tristan Lecharron
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Tristan Charron, ou plutôt
Lecharron, apparaît dans le registre paroissial de
Saint-Basile en cette même année 1568 où
il épouse Jeanne Ducamel, dans le cercle familial d’Esprit
Hattes, successeur d’Esprit Ducamel et tuteur de ses enfants
mineurs.
Le 20 septembre
1568 en effet, alors que sa femme est enceinte de leur
premier enfant Tristan, il se porte parrain à Saint-Basile
de Tristan Delorme, fils “noble homme maistre Jehan de
Lorme lieutenant du prevost d’Estampes”; lui-même est qualifié
“noble homme maistre Tristan Charron esleu du dict Estampes”;
la marraine est la seconde épouse d’Esprit Hattes, Marie Paulmier;
l’autre parrain est Gilles Paulmier, bailli de la Forêt-le-Roi,
probable père de cette dernière (1).
Le 21 février 1569, lorsqu’est baptisé
son premier fils, Tristan, la marraine est toujours
Marie Paulmier; l’un des parrains Pierre Hattes, fils d’Esprit
Hattes, avec lequel a été élevé
sa femme; mais surtout le parrain qui donne le nom est “maistre Tristan Charron bailly de Dourdan”, selon toute apparence
son père (2).
|
(4.7.1)
Saint-Basile 20 septembre 1568: “fut baptisé Tristan
filz de noble homme maistre Jehan de Lorme lieutenant du
prevost d’Estampes; les parains noble homme maistre Tristan
Charron esleu du dict Estampes et Pierre Hacte, la maraine
Marye Paulmier”.
(4.7.2). Voir ci-dessus la note (4.6.10).
|
On remarquera à ce sujet
que le dit Tristan Charron I bailli de Dourdan était
présent et déjà bailli trois ans
auparavant, le 29 décembre 1566, lors de la rédaction
de la Coutume de cette ville (3); on a d’ailleurs
conservé la lettre de convocation à la rédaction
de la coutume de Dourdan qu’il avait envoyée quelques
jours auparavant (4). On se rappelle qu’à cette occasion
Girard Garnier beau-frère et substitut d’Esprit
Ducamel, n’avait pas craint de réclamer le rattachement
de Dourdan à Étampes, propos que le procureur
du roi à Dourdan avait qualifié d’impertinent
(§ 3.5). On voit qu’au-delà de ces conflits d’ordre
administratif, les liens personnels entre les familles d’officiers
de ces deux bailliages étaient en coulisses fréquents
et profonds, et que le fils d’un officier de Dourdan pouvait
facilement trouver femme et faire carrière à
Étampes.
|
(4.7.3)
“maistre Tristand Le Charron, bailly” (Charles A. Bourdot
de Richebourg, Nouveau coutumier general.
Tome troisième, Paris, Théodore Legras,
1724, p.135). — (4.7.4) “Tristand Le
Charron licencié en loix, conseiller du roy nostre sire,
bailly de Dourdan pour le dit seigneur” (Ibid., pp. 133-134).
|
Le 5 janvier 1572 nous voyons
baptiser un second Tristan Charron, dont le frère
aîné est sans doute mort en bas âge. Son
père, qui était encore qualifié
simple “avocat et eleu d’Estampes”
en octobre 1570 (5), est désormais
“lieutenant du prevost de la marechaussée d’Estampes”
ou “lieutenant du prevost des marechaulx
à Estampes” (6), à la place
de Jean Delorme apparemment décédé dans
le cours de l’année 1571, et dont il avait tenu le fils
sur les fonts trois ans plus tôt; le parrain de ce nouveau Tristan
est Pierre Hattes, fils du tuteur de sa femme, élévé
avec elle, et par ailleurs beau-frère du défunt
Jean Delorme, puisque mariée en secondes noces à
sa sœur Marie Delorme, ainsi que nous le verrons
plus bas au sujet des enfants de la descendance d’Esprit Hattes
(§ 5.8 n°3).
|
(4.7.5)
Notre-Dame 11 mai 1569: “maistre Tristan Lecharron
advocat et eleu d’Estampes”; 2 octobre 1570: “honneste homme
maistre Tristand le Charron advocat et eleu au dict
Estampes”. — (4.7.6) Saint-Basile 5 janvier
1572: “Tristan filz de honneste homme maistre Tristan Le Charron lieutenant
du prevost de la marechaussée d’Estampes et de Jehanne Ducamel
sa femme”; 8 août 1572: “Jehanne du Camel femme de honorable homme
maistre Tristan le Charron lieutenant du prevost des marechaulx à
Estampes”.
|
En 1575 il est encore qualifié
à Notre-Dame: “lieutenant de la prevosté
au dict Estampes” (7).
Mais il passe ensuite,
avant avril 1577, “conseiller du roi
et lieutenant general au bailliage d’Estampes” (8); ce
n’est pas donc par erreur que vers la même époque
le censier de Longchamp le qualifie “lieutenant du bailly à
Estampes”, voire “lieutenant du bailliage d’Estampes”. Il gardera cette charge au moins jusqu’en 1580, date à
laquelle il est encore signalé avec ce titre comme
censitaire du fief de Longchamp, en même temps que son
probable frère Girard Lecharron à son tour bailli
de Dourdan à la place de leur père Tristan (9).
|
(4.7.7)
Notre-Dame 6 janvier 1575: “maistre Tristan Lecharon
lieutenant de la prevosté au dict Estampes”. — (4.7.8) Notre-Dame 20 avril 1577: “maistre
Tristand Lecharron conseiller du roy et lieutenant general
au bailliage d’Estampes”. — (4.7.9)
AD91 E. 3901 (1571-1576): “mestre Tristan Lecharron lieutenant
au bailiage à Estampes; (…) mestre Girrard (sic) Lecharron
bailly de Dourdan; mestre Triste Lecharron lieutenant du bailly
à Estampes”; E. 3904 (1580): “maistre Girard Le Charron
bailly de Dourdan; maistre Tristan Le Charron, lieutenant du bailliage
d’Estampes”.
|
4.8. Un autre gendre remarquable: Gérard
François
|
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Nous
avons déjà mentionné un autre gendre
posthume d’Esprit Ducamel qui mérite quelque
attention, car tous les auteurs qui en ont parlé à
ma connaissance l’ont présenté, bien à
tort, comme un médecin personnel d’Henri IV
(1), alors que c’était, à mon sens, un simple
médecin municipal.
Il nous apprend lui-même en 1583 qu’il
est originaire d’Étampes, et que son père était
déjà médecin (2); il prétend
même qu’il avait été celui de la famille
des Hurault vicomtes de Cheverny, dont le chef est de son
temps garde des sceaux (3). Seulement, à
mon humble avis, cela peut vouloir simplement dire que son
père, à l’occasion, a été consulté
quelque membre de cette famille.
Que savons-nous de sa famille? Peu de choses, et surtout
rien de bien cohérent. Un Yvonnet François
déjà était censitaire des dames de
Longchamp en 1498, également censitaire, une quinzaine d’année
plus tard du fief des Longs (4). Quand commencent
les registres de baptêmes étampois, plusieurs
membres de cette famille nous sont signalés sans que
nous puissions pour l’instant en établir la généalogie.
Nous trouvons en 1546 à Notre-Dame un Jean François marié
à une Catherine et père d’une Simonne
(5); entre 1568 et 1582, un Alexandre François sergent
royal, marié à une certaine Nicole, puis à
une Noëlle Delorme, et censitaire du fief de Longchamp (6); en 1568,
une Anne François, sans doute la fille du précédent
mariée au procureur Pierre Provensal (7); en 1575
un Claude François bourgeois et marchand (8).
Mais c’est sans doute
plutôt dans la paroisse de Saint-Basile qu’il nous
faut chercher le père de Gérard François.
Nous y trouvons, entre 1564 et 1569, un Augustin François
mariée à Alison Leprêtre, père
au moins d’un Charles et d’un Cancien, et mort avant 1569 (9); il n’est
pas impossible qu’il s’agisse du père de Girard
François.
Dans la même
paroisse est signalé de 1587 à 1603 un certain
Jacques François, marchand qualifié tantôt
mercier tantôt épicier, marié d’abord
à une Simone, puis à une Jaqueline Bourdon; c’est probablement
le frère de Gérard François; nous le
voyons en effet choisir pour parrain de son fils Gabriel, en 1587,
le chirurgien Julien Dubref (10); or ce Julien Dubref
est cité juste après Gérard François
dans le registre des censitaires du Bourgneuf de 1580-1585,
ce qui indique un partage récent; d’ailleurs, peu après
la mort de Gérard François, c’est “Jacques François,
marchand épicier” nous trouvons censitaire du Bourgneuf
(ainsi qu’une certaine Anne François, peut-être
fille de Gérard) (11). Rappelons qu’à
cette date celui qu’on appelle l’épicier
est une sorte de droguiste qui peut fournir notamment les apothicaires
ancêtres de nos pharmaciens.
La question de la généalogie de cette
famille de médecins se complique encore après
la mort de Gérard François, lorsque nous voyons
en 1602 deux de ses membres installés à Paris venir
à Saint-Basile d’Étampes se porter parrains
du fils d’une certaine Simone François, mariée
à un huissier de l’élection d’Étampes.
Ce sont Robert François, maître chirurgien et barbier,
et François François, tous deux établis à
Paris (12): sont-ce des enfants ou des neveux de Gérard
François? Et cette Simonne François elle-même
est-elle une sœur, une nièce ou une fille de Gérard
François?
|
(4.8.1)
Claude-Pierre Goujet, Bibliothèque françoise.
Tome XIII, Paris, Guérin & Lemercier,
1752, pp. 415-416; Hippolyte Daniel, Biographie
des hommes remarquables de Seine-et-Oise, Paris,
Angé, 1837, p. 234; Violet le Duc, in Bulletin du bibliophile
10e série (janvier 1851), pp. 1101-1102; Achille Chéreau,
Le Parnasse médical français, ou Dictionnaire
des médecins poètes de la France, Paris,
A. Delahaye, 1874, p.; Léon Marquis, Les rues
d’Étampes, Étampes, Brière, 1881,
pp. 357-358; Pascal Pia, Bouquet poétique des
médecins, chirurgiens, dentistes et apothicaires,
Paris, Collection de l’Ecritoire, 1933, p. 106; Étampes-Histoire,
Étampes Almanach 2000, Étampes,
1999, p. 3 de “septembre”.
(4.8.2) Dans l’épître dédicatoire
de son premier ouvrage au vicomte de Cheverny. — (4.8.3) Raoul Hurault avait été
contrôleur général des finances de François
Ier, et son fils Philippe, dédicataire du premier
ouvrage de Gérard François en 1583, était
garde des sceaux d’Henri III depuis 1578.
(4.8.4) Censier de Longchamp de 1498,
éd. Gineste, n°248 et n°249 (“ung quartier
de vigne assis en Antioche, tenant d’une part à Yvonnet
François” et “ung quartier de vigne assis en Espinant”);
AD91 E. 3930 (1513-1541): “Yvonnet François”. — (4.8.5) Notre-Dame 23 avril 1546: baptême
de “Symonne fille de Jehan Françoys et Katherine
sa femme”. — (4.8.6) Notre-Dame 28
mars 1568: “Nicolle femme de Alexandre Françoys”; Censier
de Longchamp pour 1580 (AD91 E. 3904): “Alexandre François,
sergent royal à Estampes”; Saint-Gilles le 6 juin 1582: “Noelle
Delorme femme de Alexandre Françoys”. — (4.8.7) Notre-Dame 18 mars 1568 à
Notre-Dame, “Bonne fille de honorable homme maistre Pierre Prouvensal
procureur et de Anne Françoys” (l’une des marraines est
“Nicolle femme de Alexandre Françoys”). — (4.8.8) Notre-Dame 1er septembre 1575: “Claude
Françoys bourgeoys marchant à Estampes”.
(4.8.9) Saint-Basile 11 juin 1564: baptême
de “Cancian filz de Augustin Françoys et Alizon
Le Prebtre sa femme”; 2 novembre 1565: parrain “Charles filz
de Augustin Françoys”; 2 août 1569 “Alizon Leprebstre
veufve de deffunct Augustin Françoys”.
(4.8.10) Saint-Basile 23 août
1587: baptême de “Gabriel filz de Jacques Françoys
marchant mercyer et Simonne” (parrain: “honorable homme maistre
Julian du Bref maistre cirurgian”); Saint-Gilles 1er mars 1597
“sire Jacques François”; Saint-Basile 16 octobre 1597:
“Jacqueline Bourdon femme de Jaques Françoys marchant mercier
demeurant à Estempes”; Saint-Gilles 29 août 1599, “Jacqueline
Bordon femme de sire Jacques Françoys”; censier du Bourgneuf
de 1598-1601 (AD91 E. 3834): “ Jacques François, marchand épicier
(…) Anne François, veuve d’Etienne Charpentier”; Saint-Basile
13 août 1603: “Jacques Françoys”. — (4.8.11) Censier du Bourgneuf pour 1580-1585 (AD91
E. 3834*): “Girard François, docteur en médecine;
Julien Dubref, chirurgien et barbier”; Censier du Bourgneuf de
1598-1601 (AD91 E. 3834): “ Jacques François, marchand
épicier (…) Anne François, veuve d’Etienne Charpentier”.
(4.8.12) Saint-Basile mercredi 1er mai
1602: au baptême de “Robert filz de Pierre Hervé
[rayé: sergent] huissier ordinaire en l’election
d’Estempes (…) et de Simonne Françoys”, les parrains
sont “honorables hommes Robert Françoys maistre barbier
et chirurgien demourant à Paris et Françoys
Françoys demourant au dict Paris”; s’agit-il de fils
ou de frères de Gérard François?
|
Gérard
François dit lui-même avoir composé
à Étampes son premier ouvrage, s’étant alors
réfugié dans sa patrie pour fuir une peste
qui sévissait à Paris; cette peste doit être,
plutôt que celle qui a éclaté lors de l’été
1580 (13), la peste noire de 1578, car, ainsi que nous
l’avons vu, il est déjà
mentionné comme médecin exerçant
à Étampes le 28 mars de cette année-là
(14); c’est alors aussi
qu’il a dû épouser Marie Ducamel, fille de l’avant-dernier
procureur du roi, pupille du dernier procureur, élevée
en même temps que la femme du procureur alors en exercice.
|
(4.8.13)
Voyez par exemple Sylvie Daubresse, Le parlement
de Paris, ou La voix de la raison: (1559-1589), Paris,
Droz, 2005, p. 350, qui nous montre en 1580 presque tous
les parlementaires fuyant Paris. — (4.8.14)
Sur les mentions de Gérard François comme
parrain dans les registres d’Étampes, voyez la note (4.6.4).
|
C’était
un homme cultivé, qui certainement avait fait d’assez
longues études à Paris. Il avait dans sa bibliothèque
au moins une édition latine d’Avicenne prince
des médecins arabes (15), grand in-folio de plus
de mille pages publié à Bâle en 1556,
qui portait un ex-libris manuscrit: Gerard François
Stempanus Senonensis, ce qui signifie “Gérard François
d’Étampes au diocèse de Sens” (16).
|
(4.8.15)
Andreas Alpagus [éd], Avicennae Medicorum
Arabum principis, Liber canonis de Medicinis cordialibus
et cantica, iam olim quidem à Gerardo Carmonensi
ex Arabico sermone in latinum conversa [in-folio, XLII+1104
p.], Basileae (Bâle), J. Hervagius, 1556. — (4.8.16) D’après une page web de
bibliophilie, www.bibliorare.com/cat-vent_nantes15-10-05.htm,
en ligne en 2009.
|
Il a
lui même composé deux ouvrages. Dans le premier,
publié en 1583, in-16 de plus de 200 pages et intitulé
Les trois premiers livres
de la santé, il prend le simple titre de “docteur
en médecine” (17). Ce sont essentiellement
des conseils de diététique en 6000 vers,
dont la suite, annoncée par le titre lui-même,
n’a jamais été publiée. En voici le résumé
donné par l’abbé Goujet en 1752: “Le premier
livre traite des élemens, des humeurs, & de la diversité
des tempéramens: le second livre, de l’air & de
ses qualités, des alimens et de leur usage; le troisiéme
des exercices qu’il faut prendre ou éviter, du sommeil,
du tems, de la saignée, de l’acte vénérien
& de diverses choses qui concernent cet acte; enfin, des passions”
(18).
|
(4.8.17)
Les Trois premiers livres de la
santé, par M. Gérard François,
docteur en médecine [in-16; privilège
du 16 juin 1583; pièces liminaires; 195 p.], Paris,
Jehan Richer, 1583. — (4.8.18) Claude-Pierre
Goujet, op. cit., pp. 415-416. Autre
résumé par Violet le Duc: “Le premier livre de
la santé contient de fort bons principes d’hygiène,
il donne des conseils applicables à chaque tempérament.
Dans le second, il reconnaît d’après Hippocrate,
l’influence des lieux, des airs et des eaux. II indique la
différente nature et les qualités des divers aliments.
Le troisième livre traite de la gymnastique, des travaux
qu’il faut éviter, du sommeil, etc.” (op. cit.).
|
On ne peut résister au plaisir de citer ici l’extrait qu’en
a donné Léon Marquis (19):
Sitôt qu’au matin tu
seras descendu
De ton lict, et qu’à Dieu grâces
aura rendu,
Pour t’avoir réservé cette
nuit de dommage,
Lui offriras ton corps et ton âme en
hommage.
………………
Cela fait, aussitôt te faudra-t-il tâcher,
Au lieu le plus secret de ton ventre lâcher;
Et quand tu n’en aurais aucunement envie,
Il faut qu’à tout le moins toi-même
t’y convie;
Il n’est pas que nature, en s’y offrant souvent,
Ne se décharge enfin, ne fût-ce
que de vent.
Le second ouvrage
de Gérard François est un volume
in-octavo de 92 pages publié à
Paris par Jamet Mettayer et Pierre Lhuillier en 1595:
La maladie du grand corps de la France, des
causes et première origine de son mal, et des remèdes
pour le recouvrement de sa santé. Après deux
épîtres au roi, l’une en prose, l’autre en vers,
on y trouve une longue description en vers des maux dont souffre
alors la France. L’abbé Goujet, tout en louant la matière
de ce poème, y relève cependant ce travers: “Le
Poëte a rendu au reste son écrit fort désagréable
à lire en le remplissant de termes de Médecine, &
de noms de plantes que la plus grande partie de ses lecteurs n’étoit
pas en état d’entendre”. Violet le Duc va jusqu’à
écrire que son talent poétique est “absolument
nul”; mais il s’agit là d’une appréciation purement
subjective, portée à une époque où
le plus grand reproche qu’on puisse faire à un poète
est celui que lui fait Violet le Duc, à savoir d’être
“bien terre à terre”.
On relèvera surtout que l’auteur s’attribue
la qualité de “médecin de Sa Majesté”.
Les registres de baptême d’Étampes ne lui donne
qu’une seule fois un titre du même genre, lorsqu’il
se porte parrain le 1er mars 1597 à Saint-Basile:
“maistre Girard François medecin du roy” (20). Il prendra
aussi la qualité de “noble homme” en 1598 et 1599
(21).
Les ouvrages de Gérard François ne paraissent
pas avoir rencontré un grand écho. La réputation
de ce médecin, au reste, ne devait pas dépasser
Étampes (22).
A mon sens, contrairement à ce qu’ont conjecturé
un peu légèrement tous les auteurs qui ont
parlé de lui, le titre de médecin du roi qu’il
s’attribue seulement à deux reprises, en 1595 et 1597,
ni avant cela, ni après, n’était qu’un titre bailliager,
voire seulement municipal, comme on le voit clairement vers la
même époque à Grenoble
(23), ou à Brive (24). D’autres médecins
municipaux ornent leurs ouvrages de ce titre (25); en 1578,
un charlatan avait même été poursuivi
pour en avoir abusé par la faculté agacée
de ce titre ambigu et sans caractère universitaire, qu’on
se procurait de manière peu claire, apparemment en jouant
de l’influence de ses protecteurs à la cour (26); dans
le cas de Gérard François, ce protecteur
a pu être Philippe Hurault de Cheverny, rappelé aux
affaires en août 1590 par Henri IV qui lui rend alors
la charge de garde des sceaux.
Il semble que, au moins en théorie, les médecins
du roi étaient localement en charge de veiller à
la santé publique (27); il semble aussi
que cet office comme bien d’autres entraînait le titre
de conseiller du roi. Remarquons d’ailleurs qu’on trouve aussi
à Étampes, d’ailleurs, et cela dès le
1er juin 1566, parrain à Notre-Dame, un certain “maistre
Pierre Verrier cirurgien du roy nostre sire”, mort en 1570 (28).
Voilà donc quel était le gendre d’Esprit
Ducamel; les très rares auteurs qui paraissent avoir
réellement lu ses ouvrages, à savoir l’abbé
Goujet puis Violet le Duc, y reconnaissent, une sincère
piété catholique, à défaut de
véritable poésie, un solide bon sens, hostile
à l’astrologie comme aux saignées préventives.
|
(4.8.19) Les
rues d’Étampes, 1881, p. 457.
(4.8.20) Saint-Basile 1er mars 1597:
“maistre Girard François medecin du roy”; le même
registre, le 11 octobre 1598, ne l’appelle plus que: “honorable
homme Girard Françoys”. — (4.8.21) Saint-Gilles 14 octobre 1598: “noble
homme maistre Girard Françoys docteur en medecine”;
Saint-Basile lundi 25 janvier 1599: “noble homme maistre Girard
François docteur en medecine”.
(4.8.22) Léon Marquis le prétend
célèbre, mais lui-même intervertit
son nom et son prénom.
Il est possible, dans l’absolu, personnellement
consulté par Henri IV en juin ou novembre 1589 ou
bien ultérieurement; mais rien ne l’indique positivement
et cette supposition est en fait aussi inutile que gratuite.
— (4.8.23) “Les prérogatives,
les honneurs de l’ancien medicus pecuniarius, de
l’ancien médecin municipal sont attribués en partie
au médecin du roi, titre qui implique celui de conseiller
d’Etat; c’est le médecin et conseiller ordinaire du roi.
(…) Dans les provinces, ce titre était donné à
un certain nombre de médecins qui, le cas échéant,
eussent pu soigner le roi, mais qui ne l’avaient peut-être
jamais vu. Ces médecins du roi étaient, sinon les
princes de la science, du moins les princes de la médecine
professionnelle dans leur province. Or, en 1550, Lesdiguières
avait amené avec lui [à Grenoble] un médecin du
nom de Davin, qui ne le quittait jamais. En reconnaissance de ses nombreux
services, il le fit nommer conseiller et médecin du roi pour
avoir l’œil et tenir exactement la main, en ce qui sera à
l’assistance et secours des malades et blessés, moyennant quoi
Davin recevra, sur tous les butins qui se feront sur l’ennemi, tant par
les gens de cheval que de pied, de quelque qualité et condition
qu’ils soyent, ung sol par livre, revenant à cinq pour cent. Ces honoraires
sentent un peu le brigandage de l’époque et le connétable
faisait payer Davin plus militairement que royalement; mais lorsque les
troubles seront finis, les médecins du roi auront des prérogatives
d’une origine plus pacifique” (Arthur Bordier, La médecine à
Grenoble, 1896, p. 26). — (4.8.24) Testament
le 17 août 1573 de “Guillaume Feyssac, docteur médicin
du roy, habitant de Brive” (Inventaire-Sommaire des archives hospitalières
de Corrèze, Tulle, 1911: Hôpital de Brive, série
A, A4, f°150). — (4.8.25) Par exemple:
Discovrs des Admirables Qualitez et Vertus des Eavx
Minerales retrouvvées dans le Terroir de la Ville de Baignolz.
Faict par Noble Esprit Defournier, Conseiller et Médecin du
Roy de la Ville de Valreas, Lyon, Louis Odin. 1636. — (4.8.26) Roch le Baillif, protégé
par le duc de Mercœur, fut poursuivi devant les tribunaux par
la faculté de médecine de Paris en 1578, mais il en
fut protégé par son statut de médecin du roi,
énoncé dans tous ses ouvrages, et que lui avait sans
doute procuré son puissant protecteur. Didier Kahn (Alchimie
et Paracelsisme en France à la fin de la Renaissance, 1567-1625,
Paris, Droz, 2007, pp. 310-311) note que ce titre était “purement
gratuit” car “le nom de Le Baillif n’apparaît à aucun
moment sur les état de la maison du roi”; il renvoie à
Arch. Nat. KK 139, fol. 16v°-17v°, 42v°-43v° (état
de la maison du roi, 1584), et renvoie, sur la possibilité
d’acheter la charge de médecin du roi, tout au moins au XVIIe
siècle, à H. Baudry, Contribution à l’étude
du paracelsisme, 1998, p. 427, n. 26. — (4.8.27)
En 1608 Guillaume de Lérisse dédie sa Méthode
excellent et fort familière pour guarir la peste
(Grenoble Guillaume Verdier) à “Monsieur noble Loys
de Villeneuve conseiller et médecin ordinaire du roy habitant
Grenoble” (La médecine à Grenoble, p.36).
Or ce dernier était surintendant de la santé à
Grenoble lorsqu’y éclata la peste de 1597. A son arrivée
en ville il était qualifié seulement de “docteur
médecin” (ibid. p.32). — (4.8.28) Son fils posthume est baptisé
le 2 octobre 1570: “Jehan filz de maistre Pierre Leverryer
en son vivant chirurgien du roy nostre sire et de Marie Boyleve”.
On notera aussi le 3 juin 1582 à Notre-Dame une marraine
sans doute parisienne: “M. Catherine Debeaumont veufve de maistre
Françoys Brigart luy vivant sieur des Boulenz (?) conseiller
et medecin ordinaire du roy”.
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4.9. Sur quelques autres Ducamel
|
|
La généalogie exacte et complète de
la famille Ducamel est pour l’instant impossible à
reconstituer, car nous trouvons mentionnés à
Notre-Dame, en même temps que les descendants avérés
de Guillaume et d’Esprit le sont à Saint-Basile,
d’autres Ducamel dont nous ne pouvons préciser l’ascendance,
mais dont nous pouvons supposer avec une grande vraisemblance
qu’ils descendent de François Ducamel frère de
Guillaume.
C’est
ainsi que nous trouvons mentionnés dans le registre
des baptêmes de Notre-Dame de 1559 à 1582:
une Hélène Ducamel, fille probable de Jean I,
qui se porte marraine encore jeune fille
en 1559, et y réapparaît en 1570 veuve d’un
certain Léon Morin (1);
une Perrine Ducamel pareillement marraine encore jeune fille le 19 avril 1577; un Esprit Ducamel II enfin, parrain en 1582 (2), ces derniers tous deux enfants probables de Jean
III Ducamel.
Jean
Ducamel III, que nous avons déjà signalé
comme fils de Jean Ducamel II, lui-même fils probable
de François Ducamel frère de Guillaume, est signalé
à Saint-Gilles en 1582 comme contrôleur du
domaine d’Étampes (3).
En 1599 est signalée
comme marraine à Saint-Gilles une Marie Ducamel qui doit être sa fille, car elle
est alors mariée au nouveau receveur du domaine, Damien
Provensal. Elle réapparaît huit ans plus tard marraine
à Saint-Basile, en 1607, veuve, alors que le parrain
est le successeur de son mari, Jacques de Beauvillier, receveur
du domaine; Marie Ducamel, veuve, est alors remariée à
un archer de la garde du corps du roi. Il s’agit de Charles de Craffort, alias de Crawford (4); j’ai de fait retrouvé
cet archer mentionné par le registre de cette garde
royale de 1571 à 1575 (5);
il avait déjà eu fils d’une certaine Madeleine Selves,
qui n’est pas mentionnée comme son épouse, baptisé
à Saint-Basile en 1589, avec pour parrain François
Chéron, lui-même gendre du procureur du roi Esprit Hattes
(6); et il s’était déjà
porté parrain à Saint-Pierre en 1604, en compagnie
de la fille du procureur du roi d’alors, Simon Égal, Madeleine.
|
(4.9.1)
Notre-Dame 22 février 1559: “Heleyne Ducamel”;
21 mai 1570: “Helene Ducamel veufve feu Leon Morin”.—
(4.9.2) Notre-Dame 22 septembre
1582: “sire Esprit Ducamel”.
(4.9.3) Saint-Gilles 9 juillet
1582: “Le neufviesme jour des dictz moys et an fut baptizée
Loyse fille de Jehan Moret et de Marye Haste; son parain
honeste personne maistre Jehan du Camel contrerouleur du
domaine d’Estampes, ses mareines Loyse Boutet femme de Jacques
Brechemier et Perrine Haste”.
(4.9.4) Saint-Basile 5 octobre 1606:
“le parrain honorable homme Jacques Beauvillier receveur
du dommaine d’Estampes, les marraines damoiselle Marie Paulmier
[à corriger d’après la signature: Marie Ducamel]
femme de noble homme Charles de Craffort nominatifve, dame
Helaine Petau femme de noble Musnier esleu en l’election du dict
Estampes, tous de ceste paroisse. [signé:] J. Beauvillier
— Helaine Petau — M. du Camel — Guyton [paraphe]”; 25 mars 1607:
“damoiselle Marie Du Camel femme de noble homme Charles de Craffort”.
— (4.9.5) William Forbes-Leith,
The Scots men-at-arms and life-guards in France: From
their formation until their final dissolution, Edinburgh, William
Paterson. Volume second [ouvrage qui par coïncidence
fut illustré par le major Henry Babin de Grandmaison, fils
du propriétaire de la tour de Guinette], pp. 173 (Charles
de Craffort, écuyer, archer du corps en janvier 1571),
177 (1574) et 179 (janvier 1575). Les registres paroissiaux dÉtampes
mentionnent d’autres archers de ce corps. — (4.9.6) Saint-Basile 16 mars 1589: “a
esté baptizé en l’eglise de ceans ung filz nommé
Charles filz de Charles de Crafor archer de la garde du cor du roy
et seigneur de Lagrange; la mere Magdelaine Selves (ou nom approchant);
les parins François Cheron etc.”
|
On voit
donc bien ici que toutes les familles dont un membre a tenu la charge
de procureur du roi constituent une sorte d’élite de la caste
des officiers étampois, qui pratique volontiers l’entre-soi.
C’est une chose que nous constaterons à plusieurs reprises
en parlant des autres procureurs étampois du XVIe siècle.
|
|
Maison seigneuriale des
dames de Maubuisson, résidence de Colin puis
Guillaume Ducamel (2009)
|
5.
Esprit Hattes, l’ancien receveur
(…1560-1571…)
5.1 Premières
traces de la famille d’Esprit Hattes à Étampes
|
|
Nous avons
déjà parlé du successeur d’Esprit Ducamel,
Esprit Hattes. Le nom de sa famille (1) connaît différentes graphies
(2), dont la plus fréquente à l’époque
d’Esprit Hattes est sans nul doute Hacte, fantaisie
orthographique caractéristique du XVIe siècle (3).
La présence
de la famille Hattes paraît attesté à
Étampes dès avant 1237 où est signalée
en ville la maison d’un certain Girard Hattes
(4); mais comme la prosopographie
étampoises des XIIIe et XIVe siècle reste entièrement
à faire, nous ne pouvons pas pour l’instant déterminer
s’il existe un lien entre ce premier Hattes étampois
et ceux qu’on y retrouvent à partir du milieu du XVe siècle.
Plus sûrement,
on trouve un Jean Hattes censitaires
des dames de Longchamp de 1464 à 1498, décédé
avant 1509 (5); un Oudin
Hattes échevin d’Étampes de 1506 à
1507 (6), ainsi qu’en 1513 (7), et dont la stèle
funéraire se voit encore en l’église Saint-Gilles (8); un Julien
Hattes enfin mentionné par le censier des Harangeries
en 1511 (9).
Mention de Julien Hattes ( Julian
Hacte) en 1512 (Censier des Harengeries)
|
(5.1.1)
Il s’agit en fait d’un nom de personne germanique qui
a connu à date ancienne deux formes, celle du cas sujet,
Hattes, et celle du cas régime,
Hatton, sur le même modèle
que Gilles et Gillon,
Hue (Hugues) et Huon,
Yves et Yvon, Guy et
Guyon, etc., et qui par suite a donné deux patronymes
dont seul le premier est attesté à Étampes
à l’époque qui nous occupe. — (5.1.2) Hacte, Hactes, Halte, Haste, Hastes,
Hate, Hates, Hatte, Hattes; latin Hato, génitif Hatonis.
— (5.1.3)
On se souviendra
en effet qu’à cette époque on écrit régulièrement
mectre et lectre pour mettre et lettre,
latin mittere et littera, ces lettres
C n’ayant jamais été prononcées.
(5.1.4) La charte de
création de la paroisse de Saint-Basile donne entre
autres pour point de repère la “maison du défunt
Girard Hattes” (usque ad domum deffuncti Girardi Hatonis).
(5.1.5)
Longchamp 1464 (AD 91 E. 3894):
“Jean Haste le jeune”; 1465 (E. 3894): “Jean Hacte le jeune”;
1477-1478 (E. 3895) “Jean Hacte”; 1482 (E. 3896): “Jean Hacte”;
1498, f°6v° (édition Gineste): “Jehan Hacte,
pour une piece de vigne contenant troys quartiers ou environ,
assis ou chantier de Barbion, tenant d’une part à messire
Loys George, d’autre part aux hoirs de feux Loys Duisy, aboutissant
à Jehan Damours et d’autre bout à luy mesmes. Pour
ce: IIII deniers obole tournois”; 1509 (E. 3897): “hoirs de Jehan
Hacte”. — (5.1.6)
Rapsodie de Pierre Plisson éditée
par Forteau, Annales du Gâtinais
1909, p. 25. — (5.1.7)
Au témoignage du moins de Maxime de Montrond qui dit
l’avoir trouvé mentionné cette année-là
comme échevin, Essais historiques sur
la ville d’Etampes, Étampes, Fortin, 1836-1837,
tome 2, p. 232, d’après ce qu’il a pu trouver, de son temps
“dans les registres de l’Hôtel de Ville”. — (5.1.8) Léon Marquis,
Les rues d’Étampes, 1881, p. 244,
a lu par erreur “Oudry”, la stèle étant très
abîmée: “Ci gisent / les corps de très honorables
p(ers)onnes / Oud[in] Hacte en son vivant marchant bourgeois
d’Estampes / qui trespassa le … / personne … sa femme, qui trespassa
le … j(ou)r / de décembre l’an mil VC… / Priez Dieu pour
leurs âmes.”. — (5.1.9)
Archives Municipales d’Étampes AM AA1, f°14r°
(n°76), édition Gineste 2010: “Jehan Hacte ou nom
et comme procureur de Nicolas Amelot pour la moictié d’un
jardin et pré qui fut feu maistre Jehan Guy, tenant d’une
part à Jehan Guy bonnetier et d’autre part à maistre
Jehan de Villecte, aboutissant d’un bout à la Filliere, d’autre
bout aux Murs Neufz. — XII d. p. — Fait ès presences de Jehan
Guillotin et Jehan Massue les an et jour dessus dictz [mercredi IXe
jour de mars mil Vc et XII ]”.
|
5.2 Sur
les frères ou cousins d’Esprit Hattes
|
|
Cette
famille paraît avoir au XVIe siècle constituée
deux branches bien distinctes, de sorte que, de tous les
Hattes qui paraissent à Étampes de la même
génération qu’Esprit Hattes, certains n’étaient
peut-être que des cousins éloignés. J’en
ai trouvé cinq: François, Louis, Gérault, Pierre
I et Marguerite.
François
Hattes qui est mentionné comme censitaire de
Longchamp chaque année de 1532 à 1541, à
la même époque qu’Esprit, qui l’est de 1535 à
1538; mais le scribe prend soin généralement
de les distinguer par des graphies artificiellement différentes:
Haste pour l’un, et Hacte pour l’autre
(1). Au reste Esprit y est censitaire seulement “à cause
de sa femme”, de sorte que les biens en question ne viennent pas
de ses ascendants. François ne paraît donc qu’un lointain
cousin d’Esprit Hattes. François Hattes appartient sans
doute à une branche lointaine de la famille restée
proche de la terre, et c’est sans doute de lui que descend à
la génération suivante un Nicolas Hattes
vigneron à son tour censitaire de Longchamp, dont le nom
est aussi régulièrement et intentionnellement orthographié
Haste (2).
Louis
Hattes est procureur du chapitre de Sainte-Croix en
1537 et 1538 lors d’une procédure d’adjudication
à Étampes dont tout le dossier nous a été
conservé (3). Nous
le trouvons encore, le 21 septembre 1556, lors de la rédaction
de la Coutume d’Étampes, procureur de plusieurs membres
des trois états, comme d’ailleurs tous ses confrères
en cette occasion; il est toujours procureur du chapitre de Sainte-Croix,
mais aussi du prevôt d’Auvers; de quatre curés, ceux de Saint-Georges d’Auvers,
de Buno, de Gironville et de Duyson; de Louis d’Arbouville, seigneur
de Buno; et enfin des manants de quatre villages différents:
Boigneville, Prunay, Buno et Gironville (4).
Jérôme Hattes
I (alias Hiérosme,
alias Hérosme, alias Gérault,
Girault, Girault)
est cité de 1536 à 1576 et mort avant 1579.
Il fut échevin en 1536 et à nouveau en 1556. Il
eut de sa femme Perrine au moins deux enfants: Jérôme
II et Perrine, et peut-être une Marie (5). Son fils
Jérôme-Gerault II épousa
avant 1583 Barbe Aupe, dont il eut au moins deux enfants, François
en 1583 et Barbe en 1586 (6). Sa
fille Perrine est signalée comme marraine
de 1579 à 1582 (7), notamment
à Saint-Gilles en juillet 1582, d’une fille de Jean
Moret et de Marie Hattes I; cette dernière étant
vraisemblablement sa sœur, est déjà cité
comme marraine à Saint-Basile en 1567, puis en 1570 en
même temps qu’Esprit Hattes est parrain (8).
Il n’est pas impossible
que ce Jérôme Hacte I ait été
le frère d’Esprit Hattes; mais nous n’en avons aucune
sorte de preuve pour l’instant.
Pierre
Hattes I, cité de 1546 et peut-être encore
en 1567, était mariée à une certaine Charlotte,
dont il eut une fille Guillemette baptisée en 1546
(9). Nous retrouverons sa fille Charlotte
Hattes veuve du vigneron Claude Belloy entre 1580 et 1604 (10).
Marguerite
Hattes, citée de 1546 à 1579, mariée
après 1549 à Cantien Sainsard, dont elle est
veuve dès avant 1567 (11).
A la génération
suivante sont signalés deux à trois autres
Hattes qui paraissent être de ses neveux et nièces,
sans qu’on puisse préciser même leur nombre
exact. En effet, d’une part les registres paroissiaux ne sont pas
toujours très bavards; d’autre part plusieurs personnages
d’une même famille porte souvent à l’époque
le même prénom, parfois même entre frère
et sœurs; enfin les veuvages et les remariages sont si fréquents
et parfois si rapides qu’on ne peut jamais exclure une identification
de deux personnages signalés avec un conjoint différent.
La situation ne pourra être éclaircie qu’avec des
données complémentaires découvertes à
l’avenir spécialement dans les études notariales
actuellement inaccessibles.
Y a-t-il eu une ou deux Louise Hattes, outre la Louise Hattes fille d’Esprit Hattes dont nous
parlerons plus bas? En 1563 est signalée à Notre-Dame une Louise
Hattes épouse de Jean Hue qui lui donne un fils Jean
Hue II (12). De
1567 à 1572 est signalée quatre fois à
Saint-Basile une Louise Hattes mariée à Michel
Moinet, greffier au bailliage d’Étampes, à
qui elle donne deux enfants, avec à chaque fois avec
pour marraine sa probable cousine Louise Hattes fille d’Esprit
Hattes (14). Certains indices tendent à montrer que cette
dernière était une fille de Jérôme
Hattes I, lui même vraisemblablement frère d’Esprit
Hattes. Et, par ailleurs il n’est pas impossible que Jean
Hue ait été son premier mari décédé
entre 1563 et 1567.
Par ailleurs en
plusieurs cas il est impossible de savoir de laquelle
de ces Louise Hattes veulent parler nos registres qui ne mentionnent
alors ni le père ni le mari de l’intéressée
(15).
Enfin
nous trouvons deux fois à Saint-Basile en 1572 un
certain Jacques Hattes bourgeois et marchand
d’Étampes marié à une certaine
Marguerite Paris, qui se
porte parrain le 16 mars du fils de Pierre Hattes, lui-même
fils d’Esprit Hattes (15).
Voilà
donc quelques membres de cette foisonnante famille, dont
je n’ai pu élucider pour l’instant la généalogie:
une étude plus systématique des registres,
et surtout des études notariales le permettra sans doute
à l’avenir. |
(5.2.1)
AD91 E. 3899. —
(5.2.2)
AD91 E. 3901 (1571-1576): “Nicollas Haste”; E. 3904 (1580):
“Nicolas Haste vigneron”; E. 3905 (1592): “Nicolas Haste”.
(5.2.3) Archives
Municipales d’Étampes, AA254 (édition Gineste,
2010), f°19r°, 24r°, 27r°: “Loys Hacte”.
— (5.2.4)
Coustumes des
bailliage et prevosté d’Estampes, Paris, Jean
Dallier, 1557, f°31v°: “Reverand Pere en Dieu Messire
Loys Guillard Evesque de Chalons Seigneur Prevost d’Anvers [sic,
pour: Auvers], en l’Eglise de Chartres, par maistre Loys Hacte son
Procureur assisté de Maistre Barthelemy Marcial advocat
au dit Estampes son Conseil”; f°32v°: “Les Doyen, Chantre,
& Chapitre de l’Eglise sainte Croix dudict Estampes, par Maistres
Pierre Desmons Doyen, Pierre Loreau Chantre, Ioseph Guichart,
& Iehan Paris Chanoines d’icelle Eglise assistez de L. Hucte [sic]
leur Procureur, & maistre Iehan de Lorme leur Advocat &
conseil”; f°33v°-34v° “Aussi les curez qui s’ensuyvent:
(…) De saint Georges d’Auvers, par Q. [sic] Hacte. (… ) Dudit Buno,
par L. Hacte son Procureur. De Gironville par ledit Hacte. De Duyson
par ledit Hacte son Procureur (…) ”; f°35v°: “Messire Loys
d’Arbouville Chevalier, seigneur de Buno, Boingueville, Moignanville,
Prunay, & Guesteville, par ledit Hacte”; f°40r°/v°:
“Les manans & habitans des villes (…) de Boingneville par L. Hacte,
& Guillot leurs Procureurs, De la paroisse de Pounay [Prunay] souz
Buno par ledit Hacte, dudit Buno par ledit Hacte. De Gironville par
ledit Hacte (…).
(5.2.5)
1) Maxime de Montrond, Essais historiques sur la
ville d’Etampes, Étampes, Fortin, 1836-1837,
tome 2, p. 232 donne une liste d’édiles d’après
ce qu’il a pu trouver, de son temps “dans les registres
de l’Hôtel de Ville” et notamment ceci “1536. Simon
Audren, maire. Jean Allard, Ant. Paris, Gilles Paulmier,
Girault Hacte, échevins”; 2) Notre-Dame
5 mai 1546: “Perrine femme Hierosme Hacte”; 3) Coustumes
d’Étampes (22 septembre 1556): “Girault Hacte” cité
parmi les échevins; 4) Saint Basile 2 août 1567:
“le parain Hierosme Hacte”; 5) Censier de Longchamp pour 1571-1576
(AD91 E. 3901): “Herosme Hacte”; 6) Censier de Longchamp pour
1571-1576 (AD91 E. 3904): “Hiérosme Hacte”; 7) Notre-Dame
14 avril 1579: marraine “Perrine fille du deffunct Jerault Hatte”.
(5.2.6)
Saint-Gilles 21 septembre 1583: “Hierosme Hacte”; 12
novembre 1583: “fut baptizé Françoys filsz
de Jerosme Hacte et de Barbe Aupe; 17 mars 1584: “Jherosme Haste”;
Saint-Gilles ”; 28 avril 1586: “fut baptisée Barbe fille
de Jherosme Hacte et de Barbe Upe; ses parrain et marraines Jherosme
Sainsart et Loyse Hacte et Perrine Brechemier” — (5.2.7) Notre-Dame 14 avril 1579:
“Perrine fille du deffunct Jerault Hatte”; 3 mars 1582: “Perrine
Hacte”. — (5.2.8)
Saint Basile 13 août 1567: “Marye Hacte”; 20 septembre
1570: “Marie Hacte” (le parrain est alors Esprit Hattes); Saint-Gilles
9 juillet 1582: “fut baptizée Loyse fille de Jehan Moret
et de Marye Haste; son parain honeste personne maistre Jehan du Camel
contrerouleur du domaine d’Estampes, ses mareines Loyse Boutet
femme de Jacques Brechemier et Perrine Haste”.
(5.2.9) Notre Dame 31 octobre
1546: “fut baptisée Guillemette fille de Pierre Hacte
et de Charlotte sa femme”; Saint Basile 20 septembre 1568: “Pierre
Hacte”; à moins qu’il ne s’agisse alors du Pierre fils
d’Esprit. — (5.2.10)
Censier du fief des Longs (entre 1580 et 1606): “Guillemette
Haste veuve de Claude Belloy vigneron” (AD91 E. 3935).
(5.2.11) Notre Dame 19 février
1546: “Marguerite Hacte”; 2 septembre 1546: “Marguerite
Hacte”; Notre Dame 7 juillet 1549: “Margueritte Hacte”; Saint
Basile 12 mars 1569: “Margueritte Hatte vefve de Cancian Sainxard”;
12 mars 1569: “Margueritte Hatte vefve de Cancian Sainxard” (le
parrain étant “maistre Pierre Hatte advocat”); Notre Dame
3 octobre 1579: “Marguerite Hatte vefve du deffunct Cancian
Sinxart”.
(5.2.12) Notre-Dame
18 juillet 1563: “fut baptisé Jehan filz de Jehan
Hue et de sa femme Loyse Hacte”. —
(5.2.13) Saint Basile 2 août
1567: “a esté baptisée Loise fille de Michel
Moynet et de Loyse Hacte sa femme; les maraines Loyse Bonté
et Loyse Hacte, le parain Hierosme Hacte”; 25 sept 1567: “Loyse
Hacte femme de maistre Michel Moynet”; 18 août 1568: “Loyse
Hacte femme de maistre Michel Moynet greffier au dict bailliage”;
5 mars 1572: “fut baptisé Claude fille de honorable homme
maistre Michel Moinet procureur à Estampes et de Loyse Hacte;
le parrain honorable homme maistre Claude Prevost advocat du roy
à Estampes, les marraines Jehanne Hacte femme de Françoys
Cheron et Noelle Fanier femme de Macé Moynet”. — (5.2.14) Saint Basile 23 janvier 1570:
“Loyse Hatte” (bis); Saint-Gilles 11 septembre 1585: “Loyse Hacte”;
Saint Basile 28 novembre 1588: “honeste femme Loyse Hacte”.
(5.2.15) Saint Basile
16 mars 1572: “Jacques Hactes marchant et bourgeoys d’Estampes”;
8 mai 1572: “Margueritte Paris femme de Jacques Hactes”.
|
5.3 Premières
mentions d’Esprit Hattes
|
|
De 1535
à 1538, Esprit Hacte est d’abord
cité comme simple censitaire des dames de Longchamp,
“à cause de sa femme” (1). Nous avons aussi conservé
de cette époque une sentence de la prévôté
d’Étampes du 4 janvier 1537 “par laquelle Esprit Hatte et
Charles Guettard sont condamnés à se désister
au profit de l’hôpital Saint-Antoine de la jouissance d’un
arpent et demi de pré situé derrière le clos
Saint-Lazare” (2).
En 1540,
Esprit Hattes était déjà au nombre
des vassaux du roi à Étampes, d’après
une déclaration autrefois conservée à Orléans
et aujourd’hui détruite (3). Il détenait donc également des biens
relevant du domaine royal, soit en fief, ou en arrière-fief.
Sa première
épouse, à laquelle il est fait allusion
dès 1535, s’appelait Louise et nous avons sujet de
supposer que c’était une fille de Guillaume Ducamel.
Elle est encore mentionnée comme marraine quatre fois
de 1548 à 1551 (4). Elle donna à son mari au moins deux filles, Louise (5) et Jeanne
(6). Elle est morte sans doute peu après
1551, et en tout cas plusieurs années avant que ne
commence ce qui nous reste du registre de Saint-Basile, en
1563. Nous avons plusieurs indices de ce que cette Louise était
une Ducamel, et de ce qu’elle est morte avant 1554
(7).
De
1547 à 1552 nous voyons Esprit Hattes se porter
parrain au moins deux fois à Notre-Dame sans autre titre
que celui de “maître Esperit Hacte”, et sans que soient
mentionnées malheureusement ses fonctions d’alors, ce
qui est fréquent au début du registre, assez
laconique. (8).
|
(5.3.1)
AD91 E 3899, f°40v°
(1535); f°49r° (1536); f°54v° (1537); f°62v°
(1538).
(5.3.2) AD91
D. 2 (copie dans un registre), résumé de l’Inventaire-Sommaire
de la série D, p. 3a.
(5.3.3) D’après
un registre autrefois conservé à Orléans,
AD45 A. 1175 (F. Maupré et Jules Doinel, Inventaire-Sommaire
des archives départementales antérieures à
1790. Loiret. Archives civiles. Série A. Nos 1 à
1799. Tome premier, Paris, Paul Dupont, 1878, p. 267a).
(5.3.4) Notre-Dame
23 mars 1548: “Loyse femme de Esprit Hacte”; 29 juillet
1548: “Loyse femme de maistre Esprit Hacte”; 12 novembre 1549:
“Loyse Hacte fille de Esprit Hacte”; 26 juillet 1551: “Loyse
femme de maistre Esprit Hacte et Marie femme de maistre Esperit Ducamel
procureur du roy à Estampes”. — (5.3.5) Mentionnée
comme marraine à partir de 1549 et mariée
peu avant 1564. — (5.3.6)
Mentionnée comme marraine
à partir de 1552 et mariée peu avant 1569.
(5.3.7) Voici
ces indices: 1) Esprit Hattes détient le n°4
de la rue Sainte-Croix tandis que le n°6 est tenu par maître
Girard François gendre d’Esprit Ducamel; 2) Esprit
Hattes est cité comme censitaire de Longchamp “à
cause de sa femme” toujours juste avant ou juste après
Esprit Ducamel; 3) il l’est pour finir comme tuteur des enfants
du défunt Esprit Ducamel; 4) il lui succède comme
procureur du roi (comme son propre gendre Pierre Legendre lui succèdera,
et comme Guillaume Cormereau avait succédé à
son beau-père Pierre de Gilles).
(5.3.8) Notre-Dame 3 septembre
1547: “maistre Esperit Hacte”; 15 septembre 1552: “maistre
Jehan [à corriger en: Esprit] Hacte”.
|
5.4 Esprit
Hattes receveur du domaine
|
|
Avant d’être
procureur du roi, Esprit Hattes est signalé comme receveur
du domaine du roi. Cette remarque est importante, car nous verrons
que son propre gendre, d’abord simple avocat, passe receveur
du domaine lorsque lui-même accède au titre de procureur
du roi, et qu’il lui succèdera également en temps
que procureur du roi après son décès.
Le 1er
décembre 1549 (1), Esprit Hattes est cité
comme receveur du domaine d’Étampes pour le comte de
Jean de Brosse, époux d’Anne de Pisseleu, et alors
duc d’Étampes (2). Le duc cède
“à Esprit Hatte, receveur, tous les profits de fiefs
échus, au prix de 500 écus d’or; mais si les sommes
à lever excédaient mille écus, Esprit Hatte
devait en payer la moitié à Jean de Brosse” (3). Après avoir donné
ce précieux résumé de cette pièce aujourd’hui
disparue, Dupieux remarque: “On voit par les chiffres que les droits
de rachat, de quint et de requint étaient lucratifs” (4).
Un des indices les plus nets
du caractère lucratif de cette charge est aujourd’hui
encore sous les yeux de tous le monde: c’est l’hôtel particulier
que se fit bâtir en 1554 Esprit Hattes,
et dont nous allons parler ci-après.
Le 22
septembre 1556 nous trouvons cité, parmi les
“officiers du roy” qui participent à la rédaction
de la Coutume d’Étampes, “maistre Esprit Hacte,
receveur du dommaine dudit seigneur” (5).
Il est alors cité juste après Esprit Ducamel,
procureur du roi.
|
(5.4.1)
Et non 1543 comme Dupieux le porte par erreur, Institutions,
p. 87; cf. Inventaire-Sommaire, p. 268b et Dupieux
lui-même, Institutions, p. 200.
— (5.4.2)
Comte d’Étampes à
partir du 23 juin 1534, duc d’Étampes à partir
de janvier 1537, jusqu’en 1553 où le duché passe
à Diane de Poitiers, avant de faire retour en avril 1562
à Jean de Brosse (dit aussi de Bretagne ou de Pentièvre)
jusqu’à sa mort survenue au début de 1565.
— (5.4.3)
Selon un document
autrefois conservé à Orléans, AD45 A.
1183, cité, résumé Dupieux,
Institutions, p. 87, note 2 et p. 200, note
5. Dupieux précise que l’Inventaire-Sommaire des Archives
du Loiret, tome 1, p. p. 268b, commet une erreur en précisant
que le prix de la ferme était de 1500 écus.
Voici le texte de l’Inventaire-Sommaire de 1878, p.
268b: “Cession par Jean De Bretagne, duc d’Étampes, à
Esprit Hatte, receveur du domaine d’Étampes, de tous les
profits échus, au pri de 1,500 écus d’or (1549);
— obligation subie par Esprit Hatte, au profit de Jean De Bretagne,
de lui payer moitié des sommes qu’il recouvrerait desdits
profits, dans le cas où ces sommes excderaient 1,000 écus”.
— (5.4.4)
Je comprends moins sa remarque
selon laquelle, par cette disposition, “le duc d’Étampes
voulait se prémunir contre l’avidité de son receveur”.
(5.4.5) Coustumes
des bailliage et prevosté d’Estampes, Paris,
Jean Dallier, 1557, p. 39.
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5.5 L’Hôtel
particulier d’Esprit Hattes
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On peut se demander
où logeait Esprit Hacte pendant la période.
Était-ce déjà dans l’aile du Palais du Séjour
opposée à celle de la prison, comme ce sera
clairement le cas des receveurs du domaine à l’époque
de Fleureau (1)? C’est peu probable,
car il habite clairement au n°4 de la rue Sainte-Croix
à partir de 1554.
En 1554 en effet fut bâti un hôtel
particulier qui se trouve actuellement au numéro
4 de la rue sainte-Croix. Son ornementation caractéristique
de la renaissance bellifontaine confirme la date de 1554 qui
est portée nettement et sans doute possible sur sa façade
intérieure dans une partie non restaurée. Déjà
en 1999, Monique Chatenet avait émis l’hypothèse
que la construction en était due à quelque membre
de la famille Hattes, soit Esprit Hattes, receveur en 1556,
soit Girault Hattes, échevin à la même date,
ou Louis Hattes, honorable bourgeois signalé la même
année. En effet elle avait trouvé trace dans le
censier de Notre-Dame d’Étampes que cet hôtel particulier
était tenu en 1599 par une certaine
“Jeanne Hacte, veufve de François
Cheron, demourant à Estampes”, en ajoutant cette réserve:
“On n’a identifié ni François Cheron, ni Jeanne
Hacte” (2).
J’ai démontré
en 2009 que le commanditaire de cet hôtel particulier
était Esprit Hattes, d’une part en démontrant
que Jeanne Hattes était sa fille, et d’autre part en
attirant l’attention sur une sculpture insolite et jusqu’alors inexpliquée
de la façade intérieure de ce bâtiment.
En effet la porte monumentale intérieure de cet hôtel
bourgeois est décorée d’une scène de Pentecôte
nettement centrée sur le Saint-Esprit et la Vierge Marie.
Il s’agit très évidemment d’une sculpture à
clef évoquant les prénoms d’Esprit Hattes et de sa
seconde épouse Marie Paulmier (3).
Cet hôtel
passera ensuite à leur fille Jeanne Hattes et à
son gendre le marchant François Chéron; puis,
en l’absence d’héritier de ce couple, au début
du XVIIe siècle, à un descendant de la deuxième
fille d’Esprit, Louise Hattes (4).
Les visages de la Vierge et des douze
apôtres, dans la scène de Pentecôte que nous venons
d’évoquer, ont été consciencieusement martelé,
avec un fanatisme méthodique typiquement huguenot. Il faut
remarquer que les registres de baptême conservés Saint-Basile ne commencent qu’après
leur premier passage en 1562. Cette église est sans doute du
nombre de celles qui leur servit d’étables. On en peut excure
cependant que ces dégradations prirent place seulement lors
de leurs séjours suivants, soit en 1567 ou en 1568. C’était
en tout cas du vivant de leur commanditaire que furent mises dans l’état
où elles sont aujourd’hui ces scupltures que Henri Stein a proposé
d’attribuer à Jean Goujon.
|
(5.5.1)
Antiquitez de la ville et du duché
d’Estampes, Paris, Coignard, 1683 (ouvrage rédigé
en fait vers 1668), p. 26 “Le surplus des bâtimens d’un
côté sert à la geole ou prison, & de
l’autre côté à loger le Receveur du Domaine,
qui joüit aussi des Jardins, qui sont de grande étenduë”.
On pourrait supposer que cette disposition est très ancienne,
et peut-être même antérieure à la transformation
du palais en auditoire, ceci pour garder en lieu sûr
la recette des revenus du domaine; mais nous n’en avons pas d’indice
positif avant l’époque de Fleureau.
(5.5.2) Censier de Notre-Dame
pour 1599 (extrait édité par par Monique Chatenet,
Étampes, un canton entre Beauce et Hurepoix,
Paris, Éditions du Patrimoine, 1999, pp. 148-149).
(5.5.3) On notera que par coïncidence l’épouse
du prédécesseur d’Esprit Hattes, Esprit
Ducamel, s’appelait aussi Marie; de sorte qu’on ne
peut pas exclure a priori une hypothèse plus complexe,
dont j’ai fait état dans ma conférence du 21 novembre
2009. Dans le cadre de cette seconde hypothèse, l’hôtel
aurait été bâti par Ducamel et serait ensuite
tombé entre les mains de Hattes par le biais de sa première
épouse Louise, qui aurait été une Ducamel.
On notera deux faits en ce sens: l’hôtel voisin du numéro
6 était tenu en 1599 par Gérard François, époux
de Marie Ducamel, fille d’Esprit Ducamel;
d’autre part, c’est aux
seuls enfants de Louise, et non à ceux de Marie Paulmier,
que passera cette maison (d’abord à Jeanne Hattes, puis au
fils de Louise Hattes, Sébastien Legendre). De fait nous ignorons pour l’instant la date de la
mort de la première épouse d’Esprit Hattes, Louise, survenue
avant le commencement du registre paroissial de Saint-Basile. Louise est
mentionnée de 1535 à 1551. Marie Paulmier, seconde épouse
d’Esprit Hattes, est mentionnée de 1566 à 1591, le registre
de Saint-Basile ne commençant précisément qu’en 1566.
Seulement il faut observer d’une part qu’Esprit Ducamel jouissait déjà
de trois hôtels particuliers aux numéros 8, 10 et 10 rue
Louis Moreau; d’autre part, si Louise a bien été une
Ducamel (ce qui reste une pure hypothèse), elle a été
dans ce cas une fille de Guillaume, et non de son fils Esprit. On voit
mal donc comment elle aurait pu ainsi hériter de son frère,
au détriment de ses neveux et nièces.
Le plus vraisemblable donc,
et de très loin, reste qu’Esprit Ducamel, devenu veuf en 1552
ou 1553, s’est très vite remarié, selon l’usage, à
Marie Paulmier, en 1553 ou 1554, et qu’il a fait édifier cet
hôtel, peut-être sur une parcelle qui lui venait de sa première
épouse, tandis que la parcelle attenante était échue
à Esprit Ducamel, et de celui-ci à sa fille Marie,
épouse de Gérard François.
(4) Il appartient au début du
XVIIe siècle aux héritiers mineurs de Sébastien
Legendre III, fils de Sébastien Legendre II, fils de Pierre
Legendre et de Louise Hattes.
|
5.6 Esprit Hattes l’un
des deux procureurs du roi (1559/1560-1564)
|
|
Dupieux ne mentionne Esprit
Hattes qu’en temps que receveur du domaine du roi à
Étampes. Il était pourtant signalé
en 1560 comme “procureur du roi” par la Rapsodie de Nicolas
Plisson, qui avait eu l’occasion de consulter des archives
conservées à Étampes et aujourd’hui disparues
(1); mais
Dupieux, visiblement, n’a pas cru devoir sans doute s’appuyer
sur cette source indirecte en l’absence d’autres sources confirmant
cette donnée, vu surtout qu’il a trouvé Ducamel
mentionné comme encore en activité le 29 janvier
1564, dans un document lui aussi depuis disparu (2).
|
(5.6.1)
Rapsodie de Pierre Plisson éditée
par Forteau (Annales du Gâtinais 1909, p.
248): “Esprit Hatte”. — (5.6.2)
AD45 A. 1220, liasse 1re, pièce 1re, cité
par Dupieux, Institutions, p. 85,
note 6.
|
Or, le 4 janvier 1560,
se porte bien parrain à Notre-Dame d’Étampes
“Pierre filz de maistre Esprit Hacte procureur du roy à
Estampes”, alors que comme nous l’avons déjà vu,
Esprit Ducamel n’est mentionné comme défunt qu’à
partir du 3 octobre 1564.
En 1562
sont signalés côte à côte et
sans mention de titre comme censitaires des dames de Longchamp:
“Maistre Esprit Ducamel. — Maistre Esprit Hacte” (3). Comme nous l’avons
déjà signalé, le montant du cens dû
par l’un comme par l’autre n’est pas mentionné, ce qui
tend à indiquer qu’il en étaient probablement exempts,
par un de ces droits coutumiers sur lesquels nous sommes mal renseignés,
mais qui, cumulés, devaient constituer des sources de
revenu conséquents pour les détenteurs de cette
charge. L’année suivante 1563
le même registre n’accorde curieusement son titre qu’à
Esprit Hattes: “Maistre Esprit Ducamel. — Maistre Esprit Hacte
procureur du roy” (4). Et le 10 mars 1563 se porte
encore marraine à Saint-Basile “Marie Paulmier femme de honorable
homme maistre Esperit Hacte procureur du roy au dict lieu”.
|
(5.6.3) AD91 E. 3900, f°18r°.
(5.6.4) AD91 E. 3900, f°37v°.
|
Que se passe-t-il? Nous avons
vu en effet que les registres de baptême pour leur
part continuent à qualifier Esprit Ducamel de “procureur
du roy”, et qu’il n’est mort que peu avant le 3 octobre 1564.
Il y a donc bien eu deux procureurs du roi en titre à Étampes
entre 1559 ou 1560 et 1564.
On pourrait
supposer évidemment que, pendant un temps, tout
simplement, l’autorité royale considéra comme
nécessaire la coexistence de deux procureurs du roi à
Étampes. Dupont-Ferrier a montré que c’était
le cas de certains bailliages (5), et qu’on en avait parfois davantage
ailleurs; mais ils siégeaient alors à chaque fois
en des villes différentes du bailliage (6), et l’on voit mal où
cela aurait pu être dans le cas d’Étampes; surtout,
la cas ne se reproduira plus jamais à ma connaissance.
|
(5.6.5)
Les officiers royaux, 1902, pp. 146.
Il cite en ce sens les bailliages de Chartres, Chaumont, Cotentin,
Mantes, Orléans, Melun et Gisors.— (5.6.6) Comme on s’en convainc
en lisant attentivement les notes de Dupont-Ferrier, bien
qu’il ne le fasse pas remarquer explicitement lui-même,
ibid., pp. 146-147.
|
Un autre solution serait
de supposer qu’Esprit Hattes ne fut au départ qu’un
simple substitut du procureur du roi, comme il en existait de façon
stable dans plusieurs autres bailliages, généralement
seul à y exercer cette charge; car, à ce que
note Dupont-Ferrier, “il est impossible de distinguer toujours
entre ces deux appellations, la vanité encourageant
d’habitude l’usurpation du titre” (7). Cependant là aussi, il resterait à expliquer
pour quoi cette charge usuellement stable, n’a pas d’autre
titulaire connu dans la suite à Étampes, du moins
à ma connaissance. |
(5.6.7)
Op. cit., pp. 156-158.
|
Il est donc plus vraisemblable
donc qu’à partir de 1559 ou 1560 Esprit Ducamel,
pour une raison indéterminée, par exemple
d’ordre médical, a été empêché
d’exercer ses fonctions de procureur du roi, et que son
successeur a été nommé de son vivant, de
telle manière qu’il a continué à en
porter le titre sans vraisemblablement en assumer réellement
les fonctions.
|
|
Fin
juillet 1563, alors que la peste s’est abattue sur
la ville, le procureur du roi intervient en faveur de l’intérêt
public et des administrateurs de l’Hôtel-Dieu, contre les chanoines
qui voulaient interdire à leur lavandières de passer par
le cloître Notre-Dame pour aller laver le linge des malades: “Par sentence rendue au bailliage d’Etampes le dernier juillet
[p.115] 1563 — en temps de peste — entre le Procureur du Roy, les administrateurs
de l’Hostel-Dieu et quelques particuliers habitans, les administrateurs
de l’Hostel-Dieu sont maintenus et gardés en la possession et
jouissance dudit lavoir ; il est enjoint auxdits particuliers de faire
ôter incontinent et sans délai les pierres et autres empêchemens
faits audit lavoir pour que les administrateurs et leurs gens puissent
y aller touttefois et quantes que bon leur semblera pour y laver les linges
de l’Hostel-Dieu, sous peine d’amende arbitraire ; et sans avoir égard
à l’intervention des Sieurs du Chapitre de Notre-Dame et autres
particuliers, est ordonné que les serviteurs et servantes dudit
Hoste-Dieu laveront leurs linges et drappeaux de tous les malades indifféremment,
même des pestiférés étant audit Hostel-Dieu
(1) à son lavoir comme le plus commode et le moins dommageable qui
se puisse trouver selon l’avis des habitants de la ville, pour ce fait deux
fois assemblés, avec défense aux chanoines d Notre-Dame et
particuliers habitant et de tous autres généralement de
troubler et empêcher lesd. serviteurs et servantes en la possession
et jouissance du lavoir, à peine de chacun 100 livresparisis d’amende
et par prison, nonobstant opposition ou appel, laquelle amende est, dès
à présent déclarée encourue, pour cet effet
les laisser et souffrir passer par le cloître Notre-Dame, comme étant
le chemin le plus commode, plus sûr et moins dommageable. Défenses
auxdits serviteurs et servantes et conducteurs des corps morts d’aller
par la ville sans porter une grande verge blanche, de même quand
ils porteront les drappeaux laver à leur lavoir, afin que chacun
se puisse donner de garde, de ce, sous peine de punition corporelle, et
de porter laver les drappeaux aux heures plus commodes et moins dommageables,
et avec moins de scandale public que faire se pourra. Laquelle sentence,
attendu la matière dont il s’agit sera exécutée nonobstant
opposition ou appel.» (8)
|
(5.6.8)
Sentence rapportée au XVIIe
siècle par Pierre Plisson dans son manuscrit dit la Rapsodie,
ce passage étant édité par Charles Forteau in “Les Restes de l’Hôtel-Dieu”,
in Bulletin de la Société historique et archéologique
de Corbeil, d’Étampes et du Hurepoix (1903), pp. 114-115. Forteau
y ajoute deux remarques: 1) “Les mémoires
de Claude Hatton, cités par M. Léon Marquis, parlent de la
peste qui régna à Étampes en 1562-1563 et enleva un
grand nombre d’habitans.” 2) “Quel
puissant moyen de propagation de la contagion que d’en envoyer ainsi tous
les germes au cours de la rivière! Peut-on s’étonner de
la gravité des épidémies qui désolaient alors
nos populations?”
|
5.7 Esprit Hattes,
seul procureur du roi, et remarié (1564-1571)
|
|
Le 14 septembre
1564 se porte marraine à Saint-Basile “Marie
Paulmier femme de honorable homme maistre Esperit Hacte procureur
du roy au dict Estampes”. Rappelons que ce registre de cette
église ne commence qu’en 1563, et que, par ailleurs,
la première épouse d’Esprit Hattes, Louise,
est mentionnée comme marraine pour la dernière
fois à Notre-Dame en 1551.
On est
donc porté à croire que Louise est morte
vers 1552 en lui laissant trois enfants comme nous le verrons
ensuite: Louise, Jeanne et Pierre; et qu’Esprit Hattes s’est
remarié presque aussitôt, comme il est était
alors d’usage, pour donner une nouvelle mère à
ces enfants. Cette nouvelle épouse, Marie paraît lui
avoir donné deux enfants supplémentaires: Françoise
et Esprit II.
Le 6
octobre 1564 a lieu devant Claude Cassegrain, lieutenant
général du bailliage représentant le
bailli Nicolas Petau, la prestation de serment du nouveau receveur
des deniers communs de la ville, Jean Delaunoy, “le procureur
du roy joinct en personne, assisté de l’advocat du dict
seigneur” (1). Il s’agit bien alors d’Esprit Hattes,
puisque c’est trois jours avant cela que le registre de
Notre-Dame mentionne son prédécesseur comme décédé.
Le registre
paroissial de Saint-Basile fait de fréquentes mentions
d’Esprit Hattes ou de membre de sa famille en précisant
sa qualité de procureur du roi, de 1565 à 1571,
mais présente ensuite une regrettable lacune de mars 1572
à mars 1587. Esprit Hattes y est quatre fois lui-même
parrain, plus une autre fois à Notre-Dame (2); sa seconde épouse Marie Paulmier
cinq fois (3); sa fille Jeanne une fois, et son fils Pierre une fois
également à Notre-Dame (4).
.
Le 7 octobre 1566 on y trouve également
pour parrain un certain “Medard Hatte (sic) filz de monseigneur
le procureur du roy”, mais il s’agit évidemment d’une
étourderie du desservant, car ce Médard est en réalité
un fils de son défunt prédécesseur Esprit
Ducamel, dont Esprit Hattes est désormais tuteur. En
1568 en effet (5),
comme on l’a déjà signalé, Esprit Hattes
est signalé comme censitaire des dames de Longchamp
tant pour lui-même qu’au nom de sa femme (comme en 1535-1538),
mais aussi comme tuteur des enfants d’Esprit Ducamel
(6).
Les 9
et 23 décembre 1566, c’est à la requête
du procureur du roi que sont rendues et expédiées
deux sentences de Nicolas Petau, bailli d’Étampes
aux fins d’être procédé au bail à
ferme de la terre d’Oinville-Saint-Samson, saisie sur le sieur
de Blaizes, comme portant les armes contre le roi (7). Il s’agissait
apparemment de Louis de Clermont d’Amboise, seigneur de Bussy, dit Bussy
d’Amboise, homme de guerre, gouverneur de l’Anjou en 1576, premier gentilhomme
de la chambre du duc d’Anjou en 1577, assassiné la même année
par les spadassins de Charles de Chambes, comte de Montsoreau, dont
il avait séduit la femme: épisode qui a inspiré
le roman d’Alexandre Dumas, la Dame de Montsoreau.
Le 27
mars 1570, au lendemain de la Pâques, Esprit Hattes
assista avec les autres principaux personnages du bailliage à
la reconnaissance officielle des reliques des Corps saints
qui avaient été arrachées de leur châsse
par les Huguenots en 1567, épisode curieusement tu par Fleureau,
mais qui nous est rapporté par la Rapsodie,
dont l’auteur, Pierre Plisson, a eu entre les mains le procès-verbal
de la cérémonie (8).
Il apparaît
de cette mention, soit dit en passant, qu’Esprit Hattes
, comme le supposait Dupieux (9), était gradué sans pour autant avoir atteint
le grade de licencié, à la différence
du bailli “docteur ès droits” et du lieutenant et de l’avocat du roi tous deux “licenciés ès lois”: il ne
partage avec eux que le titre de “maître”, le seul qui lui soit régulièrement accordé.
Après
cette date, malheureusement, le registre des baptêmes
de Saint-Basile fait défaut, car il s’arrête
en mars 1572 pour ne reprendre qu’en mars 1587, bien après
la mort d’Esprit Hattes et celle de son gendre et successeur
Pierre Legendre. La première mention expresse de son décès
ne se trouve que dans le registre de Notre-Dame en 1575 (10). Comme il est encore vivant le 17 octobre 1571 (11), et que la première mention
de son gendre en temps que procureur du roi du 27 janvier 1572
(12), il faut croire qu’il est mort
fin 1571 (13).
|
(5.7.1)
Archives municipales d’Étampes AA 13, p. 2.
(5.7.2) Saint-Basile 17 juin 1565: “maistre
Esprit Hacte procureur du roy au dict lieu”; 22 septembre
“maistre Esprit Hate procureur du roy à Estampes”; 18
août 1568: “maistre Esprit Hacte procureur du roy au dict
lieu”; Notre-Dame 9 février 1569 se porte parrain à
Notre-Dame “honorable homme maistre Esprit Hatte procureur du
roy de ceste ville d’Estampes”; 20 septembre 1570: “maistre Esprit
Hacte procureur du roy en ceste ville d’Estampes”. — (5.7.3) Saint-Basile 5 août 1565: “Marie
[espace blanc] femme du procureur du roy à Estampes”; 5 septembre
1566, “Marie Paumyer femme de discrette personne maistre Esprit Hacte
procureur du roy à Estampes”; 21 février 1569: “Marie
Paulmier à present femme de maistre Esprit Hatte procureur
du roy à Estampes”; 13 novembre 1570: “Marie Paulmier femme de
honorable homme maistre Esprit Hacte procureur du roy au dict Estampes”;
14 octobre 1571 “femme de [honorable] homme maistre Esprit Hacte procureur
du roy”. — (5.6.4) Saint-Basile 7
août 1565: “Jehanne Hate fille de maistre Esprit Hate procureur
du roy”; Notre-Dame 4 octobre 1569: “Pierre Hatte filz de maistre Esprit
Hatte procureur du roy”.
(5.7.5) Ou peut-être en 1567.
— (5.7.6) AD91 E 3900, f°83v°:
“Maistre Esprit Hacte procureur du roy tant pour son non
que pour sa femme — Luy comme tuteur des enffens feu maistre
Ducamel”.
(5.7.7) Selon deux documents autrefois
conservés à Orléans (A 1213, liasse
1, pièces 9 et 10) cités Dupieux (Institutions,
p. 106, note 2). Il s’agissait d’un certain Louis de Clermont,
cf. François Dumont, Inventaire des arrêts
du Conseil privé. Règne de Henri III et de Henri IV,
Paris, CNRS, 1973, n°3347. Voici un acte le concernant édité
en ligne par le généalogiste François Bigey (ici),
avec ces références: “AD52 EDepot03089 Image 147 Baptêmes
des cloches”, et cette transcription: “Du neuf juillet mil six cens
quatre vingt dix a esté benite Marie Angelique la grosse cloche
de ce lieu et a eü pour parain haut et puissant seigneur messire
Louis de Clermont d’Amboise chevalier, marquis de Renel, baron de Blaise,
et autres lieux et pour maraine dame madame Marie Angelique de Coustin
[?] St Denis, veuve de haut et
puissant seigneur messire Louis de Clermont d’Amboise vivant chevalier marquis
de Renel comte de Champlite baron de Blaise lieutenant general et maitre
de camps general de toutes la cavalerie leger de France qu’estranger, et
en leurs place maistre François Cornet maistre de forges et (...)
dudit Renel et Damoiselle Marguerite Courtier son epouse par moy curé
soussigné. Cornet - M.A. Courtier [?]
- Lormier”.
(5.7.8) Rapsodie,
édition de Forteau, Annales du Gâtinais 23 (1909),
pp. 197-199: “nobles et sages maistres Nicolas Petau docteur
ès droits, bailli et gouverneur d’Étampes, Jean
Delorme licencié ès lois, lieutenant en la prévôté
dudit lieu, Claude Prevost, aussi licencié ès lois,
avocat du Roi, juge et maire des justices de ladite église
Notre-Dame, Esprit Hatte, procureur au bailliage d’Estampes” (p.
199). — (5.7.9) Institutions,
p. 87: “Nous nous croyons en mesure d’affirmer qu’Esprit Hatte,
honoré du titre de maître, était gradué”.
(5.7.10) Notre-Dame d’Étampes
“Francoyse Hacte fille de deffunct Esprit Hacte en son vivant
procureur du roy à Estampes”. — (5.7.11)
Saint-Basile 14 octobre 1571 “femme de [honorable] homme
maistre Esprit Hacte procureur du roy”. — (5.7.12) Saint-Basile 9 mai 1571: “honorable
homme maistre Pierre Le Gendre recepveur du doumaine d’Estampes”;
Notre-Dame 27 janvier 1572: “Jehanne Hatte [sic, pour Louise
Hattes] femme de honorable homme maistre Pierre Legendre procureur
du roy à Estampes”. — (5.7.13) A
moins que tous deux n’aient exercé quelque temps la même
charge concurremment, comme dans le cas précédent;
mais rien n’appuie une conjecture de ce genre, ce précédent
paraissant exceptionnel.
|
5.8 Sur la veuve et
la descendance d’Esprit Hattes
|
|
Marie Paulmier
est mentionnée comme veuve
d’Esprit Hattes jusque dans la dernière décennie
du XVIe siècle, soit en temps que marraine (1), ou en temps que censitaire du fief de
Longchamp (2) et de celui des Harengeois
(3).
|
(5.8.1)
Notre-Dame 4 juin 1578: “dame Marie Paulmier vefve deffunct
maistre Esperit Hatte en son vivant procureur du roy à
Estampes”. — (5.8.2) Censier
de Longchamp pour 1580 (AD91 E. 3904): “Marie Paulmier, veuve
de Esprit Hacte, vivant, procureur du roy à Estampes”;
1592 (AD91 E. 3905): “Marie Paulmier, veufve de maistre Esprit
Hacte, procureur du roy à Estampes”; entre 1591 et 1596 (AD91
E. 3901): “Marie Paulmier, veufve de mestre Esseprit Haste”. — (5.8.3) Censier des Harengeois, à une
date non déterminée pour l’instant (AD91 E. 3855): “Marie
Paulmier, veuve d’Esprit Hacte, vivant, procureur du Roi au bailliage
et duché d’Etampes”; “Marie Paulmier, veuve d’Esprit Hacte,
procureur du roi à Etampes, fille et héritière
en partie de feu Giles Paulmier, procureur à Etampes”.
|
Les enfants avérés
d’Esprit Hattes sont au nombre de cinq, comme on peut
le constater dans les registres paroissiaux, en prenant garde
cependant aux étourderies des desservants, que l’on y
constate à plusieurs reprises (4), sans
parler de leur imprécision en certains cas. Les trois premiers
de ces enfants étaient de Louise, les deux deniers de la
seconde épouse d’Esprit Hattes, Marie Paulmier.
1) Louise Hattes, née sans doute
avant 1535, est mentionnée six fois comme marraine de
1546 à 1559, encore jeune fille (5); puis, à partir
de 1564 jusqu’au 2 mai 1571, comme épouse de Pierre
Legendre successeur d’Esprit Hattes comme receveur du domaine Elle
lui donne trois fils: Pierre, avant 1563, Sébastien Legendre II, baptisé
à Saint-Basile le 5 août 1565, puis Esprit Legendre, baptisé 18 août
1568 (6). Elle est ensuite citée en 1572 comme épouse
du même Pierre Legendre devenu procureur du roi à
Étampes (7); et enfin, comme
veuve du même, de 1581 à 1597 (8); nous verrons
qu’elle en était veuve en fait depuis au moins 1573.
Sur son époux
Pierre Legendre, et sur ses fils, nous reviendrons naturellement
dans l’article suivant, puisque ce gendre d’Esprit Hattes
fut aussi son éphémère successeur en
temps que procureur du roi.
Louise
jeune fille fille d’Esprit Hattes, marraine en 1549 à
Saint-Basile
Louise
Hattes veuve de Pierre Legendre, encore marraine en 1597
à Saint-Gilles
|
(5.8.4)
Le Médard Hattes mentionné comme parrain
à Saint-Basile 7 octobre 1566 (“Medard Hatte filz
de monseigneur le procureur du roy”) doit être en réalité
Médard Ducamel, parrain l’année précédente,
confusion du desservant de Saint-Basile d’autant plus vraisemblable
qu’Esprit Hattes est mentionné en 1567-1568 par le
censier de Longchamp comme tuteur des enfants de son prédécesseur.
— Pierre Legendre époux de Louis Hacte est appelé
une fois par étourderie Pierre Hacte — Louise Hattes
est par ailleurs confondue à deux reprises avec sa soeur
Jeanne (à Notre-Dame en 1572 et à Saint-Gilles en
1585); etc.
(5.8.5) Notre-Dame 12 novembre 1549:
“Loyse Hacte fille de Esprit Hacte”; 1er novembre 1553: “Loyse
fille de Esprit Hacte”; 6 septembre 1556: “Loyse fille de maistre
Esprit Hacte”; 25 avril 1557: “Loyse fille de maistre Esprit
Hacte”; 4 septembre 1557: “Loyse fille de maistre Esprit Hacte”;
20 février 1559: “Loyse Hacte fille de maistre Esprit
Hacte”. — (5.8.6) Saint Basile 1er decembre
1564: “Loyse Hacte femme de honorable homme maistre Pierre Hacte
[à corriger en: Legendre] recepveur d’Estampes”; 5 août
1565: “fut baptisé Sébastien filz de Pierre
Le Gendre recepveur du dommaine d’Estampes et Loyse Havet [à
corriger en: Hacte] sa femme; les parrains Pierre Pouville et Guillaume
Le Gendre; la mareine Marie [espace blanc, à restituer: Paulmier]
femme du procureur du roy à Estampes [à savoir Esprit
Hatte]”; 28 juillet 1566: “Loyse Haste femme de honeste
homme maistre Pierre Legendre recepveur du domaine d’Estampes”;
18 août 1568: “fut baptisé Esprit [rayé:
Legendre environ 2 heures] filz de maistre Pierre Le Gendre [ajouté
dans l’interligne: et de Estiennette (sic) Hacte sa femme]; les parains
noble homme et saige maistre Claude Prevost advocat du roy à
Estampes et maistre Esprit Hacte procureur du roy au dict lieu, la mar[a]ine
Loyse Hacte femme de maistre Michel Moynet greffier au dict bailliage”;
Notre-Dame 7 juin 1569: “Loyse Hatte femme de Pierre Legendre recepveur
d’Estampes”; Saint-Basile 19 mars 1571: “Loyse Hacte femme de honorable
homme maistre Pierre Legendre recepveur du domaine d’Estampes”; 2
mai 1571: “Loyse Hacte femme de honorable homme maistre Pierre Legendre
recepveur du doumaine d’Estampes”. — (5.8.7)
Notre Dame 27 janvier 1572: “Jehanne (sic) Hatte femme de honorable
homme maistre Pierre Legendre procureur du roy à Estampes”.
— (5.8.8) Notre-Dame 12 mars 1581: “Loyse
Hacte veufve de feu honeste personne maistre Pierre Legendre en
son vivant procureur du roy”; Saint Gilles 27 décembre 1585:
“Jehanne (sic) Hacte veufve de deffunct Pierre Le Gendre”; Saint
Basile 20 octobre 1587: “honorable femme Louise Hacte veufve de deffunct
honorable homme et saige maistre Pierre Le Gendre en son vivant procureur
du roy au bailliage d’Estampes”; Saint-Gilles 6 octobre 1597: “Loyse
Hacte veufve Pierre Legendre procureur du roy”.
|
2a) Jeanne
Hattes, née sans doute vers 1535, est citée
comme jeune fille de 1552 à début août
1565 (9), puis comme épouse
de François Chéron de début septembre 1565
à 1588 (10), et enfin comme veuve du même de 1597 à
1606 (11).
On notera spécialement
que le 9 décembre 1574 elle se porte marraine en
même temps que le procureur du roi Nicolas Guillotin,
deuxième successeur de son père Esprit Hattes et
successeur de son beau-frère Pierre Legendre (12); que le 30 février 1600 elle
est marraine en même temps que le lieutenant de la prévôté
Nicolas Prévôt et que l’avocat du roi Simon Chauvin
(13); et que le 6 novembre 1606 elle sera
marraine d’un fils du même avocat du roi (14).
Elle est citée
à une date indéterminée entre 1601
et 1604 comme censitaire des dames de Longchamp, et à
nouveau en 1615 (15). Mais surtout c’est
elle qui qui héritera de l’hôtel particulier
de son père au numéro 4 de la rue Sainte-Croix,
comme le montre clairement le censier de Notre-Dame de 1599: “Rue
du carrefour de l’eglise Sainct Basille […] Jeanne Hacte
veufve de Françoys Cheron demourante à Estampes
pour sa maison assis au dict lieu jouxte et tenant d’une part
au dict maistre Gerard Françoys, d’autre à la dicte
veufve Cheron à cause d’une petite maison à elle appartenant
qui tient en censive d’un autre seigneur, d’un bout à
la dicte rue et carrefour, d’aultre sur le dicte ruelle descendant
de la dicte rue Sainct Jacques au dict carrefour Saincte Croix”
(16).
En
1999 encore, Monique Châtenet s’interrogeait sur
la manière dont cet hôtel était venu
en possession de Jeanne Hattes et de François Chéron:
“On n’a identifié ni François Chéron
ni Jeanne Hacte” (17). Nous pensons avoir
avoir comblé cette lacune de notre documentation,
en ce qui concerne Jeanne Hacte. Qu’en est-il
maintenant de son mari François Chéron, gendre d’Esprit
Hattes?
Signature de
Jeanne Hattes (1606)
Signature de
François Chéron (1606)
|
(5.8.9)
Notre-Dame 15 juillet 1552: “Jehanne Hacte”; Saint Basile
7 août 1565: “Jehanne Hate fille de maistre Esprit
Hate procureur du roy”. — (5.8.10)
Notre-Dame Jehanne 13 septembre 1565: “femme de Françoys
Cheron”; Notre-Dame 13 septembre 1567: “Jehanne Reves (sic) femme
de Françoys Cheron”; Saint Basile 15 mai 1569: “Jehanne
Hattes femme de Françoys Cheron”; 3 mars 1571: “Jehanne
Hacte femme de Françoys Cheron”; 4 avril 1571: “Jehanne Hacte
femme de Françoys Cheron”; 5 mars 1572: “Jehanne Hacte femme
de Françoys Cheron et Noelle Fanier femme de Macé
Moynet” (marraine de Claude fille de Louise sa cousine Louise Hattes);
24 octobre 1572: “Jehanne Hacte femme de Franç[o]ys Cheron”;
Notre-Dame 9 mars 1580: “Jehanne Hacte femme de Françoys Cheron
et Jeanne fille de Pierre Legendre”; Saint Basile 22 août 1588:
“honeste femme Jehanne Hacte femme d’honorable homme Françoys
Cheron marchant en ceste ville d’Estampes”; Notre-Dame 16 avril 1596:
“Janne Hacte” (on ne sait si elle est alors déjà veuve).
— (5.8.11) Saint-Basile 12 février
1597: “honneste femme Jehanne Hatte vefve deffunct honneste personne
François Cheron”; 4 novembre 1598: “Honorable femme Jehanne Hacte
vefve de honorable homme Françoys Cheron vivant bourgeoys
d’Estempes”; dimanche 3 mai 1609: “a esté baptisée
Jehanne et Françoise filles de maistre Pierre Parent procureur
à Estampes et de [rayé: Jehanne] Marie Hacte; les parrains
Cancien Mercier et […] Lambert filz de Jacques Lambert sergent
royal au dict Estampes, les marraines Jehanne Hacte femme de deffunct
François Cheron nominatifve, Marie de Lorme femme de deffunct
maistre Esprit [confusion du desservant: lisez Pierre] Hacte advocat
au dict Estampes, Françoise Martin nominatifve femme de maistre
Lambert Lambert procureur au dict Estampes et Marie Boudignon fille
de Nicollas Boudignon. [signé:] Lambert [paraphe] — Françoise
Martin — Marie Delorme — Janne Hacte — Guyton [paraphe]”. — (5.8.12) Notre-Dame 9 décembre 1574: “maistre
Nicollas Guillotin procureur du roy à Estampes … Jehanne
Hacte femme de François Cheron”. — (5.8.13)
Saint-Basile: “Le mercredi XXXesme jour du present moys de febvrier
1600 fut baptizé Nicollas filz de [rayé: Nicol] Didier
Nicollas et de Margueritte Jouan ses pere et mere; les parrains noble
homme et sage maistre Nicollas Prevost lieutenant de la prevosté
d’Estampes et noble homme maistre Symon Chauvin advocat du roy nostre
sire à Estampes, et la maraine honorable femme Jehanne Hatte
vefve honorable homme François Cheron vivant bourgeoys à
Estampes. [signé:] N. Prevost — Chauvin — Vincent.” — (5.8.14) Saint-Basile lundi 6 novembre 1606:
“Le lundy VIe de novembre fut baptisé Guillaume filz de
honorable homme maistre Symon Chauvin advocat du roy à Estampes
et de honorable femme Margueritte Memin ses pere et mere; les
parrains honorables hommes maistre Leon Laureau advocat au bailliage
d’Estampes et prevosté du dict Estampes, nominatif, Pierre
David, la marraine Jehanne Hacte femme de deffunct Françoys
Cheron. [signé: ] Laureau [paraphe] — David — Janne Hacte —
Guyton [paraphe]”.
(5.8.15) AD91 E. 3905.2: “Jeanne
Halte, veuve de François Chéron”; E. 3908:
“honorable femme Jehanne Hatte veuve d’honrable homme François
Chéron bourgeois d’Estampes” censitaire de Longchamp
entre 1615; voir aussi AD91 3905.1 (mal daté: entre
1580 et 1646). (5.8.16) — Extrait édité
par Monique Chatenet, Étampes, un canton entre
Beauce et Hurepoix, Paris, Éditions du Patrimoine,
1999, pp. 148-149.
(5.8.17) Op. cit.,
p. 149. Elle écrit aussi, p. 148: “Il n’est en revanche
pas possible de rendre à la demeure le nom de son constructeur”.
La sculpture dont elle a elle-même relevé
le caractère “insolite” (p. 151) désigne pourtant
clairement Esprit Hattes et sa femme Marie Paulmier.
|
2b) François
Chéron, gendre d’Esprit Hattes.
La présence de la famille Chéron
est attestée depuis le XIIIe siècle parmi les
censitaires des dames de Longchamp, dans la paroisse Saint-Basile,
tout d’abord sous la graphie Chieron.
François
Chéron lui-même est d’abord signalé
de 1569 à 1580, comme on l’a vu, en temps qu’époux
de Jeanne Hattes lorsqu’elle se porte marraine à Saint-Basile
ou Notre-Dame,voire lorsqu’il l’est lui-même; jusqu’alors
il est simplement appelé “François Cheron”
(18).
Le 8
décembre 1583 à Notre-Dame il est lui-même
parrain, “honnorable homme Françoys Cheron marchant”,
et le sera fréquemment jusqu’en 1592 avec les titres de
“honorable homme”, ou de “honnête personne”, voire de
“sire”, et avec les qualités de “bourgeois” et de “marchand”.
On remarquera spécialement que le 10 avril
1592, lui-même gendre du défunt procureur Esprit
Hattes et beau-frère du défunt procureur Pierre
Legendre, il est parrain en même temps qu’est marraine
Catherine, fille du défunt procureur du roi Nicolas Guillotin. (19).
On conservait autrefois, dans les archives de l’apanage
d’Orléans détruites en 1940, des offres
de foi de “François Chéron, bourgeois”, pour
un bien situé dans la paroisse de Saint-Germain-lez-Étampes,
c’est-à-dire à Morigny, au terroir de la Montagne
(20).
Il est mort, comme nous avons déjà
vu en parlant de sa veuve, avant le 12 février 1597
où l’on voit sa veuve se porter marraine à Saint-Basile,
visiblement sans laisser de descendance. En effet, au début
du XVIIe siècle, nous trouvons l’hôtel d’Esprit
Hattes entre les mains des héritiers mineurs d’un certain
Sébastien Legendre III. Ce dernier doit être un fils
ou petit-fils de Sébastien Legendre II, lui même fils
de Pierre Legendre et de Louise Hattes, sœur de Jeanne
(21).
|
Signature de Jeanne Hacte (Saint-Basile
22 août 1588)
(5.8.18)
Saint-Basile, les 15 mai 1569, 3 mars et 4 avril 1571, 5 mars
et 24 octobre 1572; Notre Dame le 9 décembre 1574
et le 9 mars 1580
(5.8.19) Notre-Dame 2 aoust 1585: “Françoys
Cheron bourgeois“; 23 janvier 1587: “François Cheron”;
Saint-Basile, 19 août 1588, “honorable homme Françoys
Cheron marchant d’Estampes”; le lendemain 20 août,
“Françoys Cheron marchant d’Estampes”; le 22 août:
“honeste femme Jehanne Hacte femme d’honorable homme Françoys
Cheron marchant en ceste ville d’Estampes”; le 22 février
1589: “Jehanne Hatte femme de honeste personne François Cheron
bourgeois du dict Estampes”; le 16 mars: “François Cheron”;
le 9 janvier 1590: “honorable homme Françoys Cheron marchant
demourant en la paroisse dessus dicte Sainct Bazille”; Notre-Dame
28 août 1590: “honorable homme Françoys Cheron”; Saint-Gilles
le 29 janvier 1592, “sire Françoys Cheron aussy marchant
et bourgeois au dict lieu”; Notre-Dame 10 avril 1592: “Françoys
Cheron marchant” en même temps que “Katherine fille de deffunt
Nicollas Guillotin en son vivant procureur du roy à Estempes”.
(5.8.20) AD45 A. 1222 (Inventaire-Sommaire
de la série A des archives du Loiret, édité
en 1878), p. 275b. La pièce n’a malheureusement
pas été datée par les archivistes, mais
côtoie bien des pièces relatives à ses contemporains.
(5.8.21) Nous y reviendrons en parlant
des descendants de Pierre Legendre, gendre et successeur
d’Esprit Hattes.
|
3) Pierre Hattes,
né sans doute après 1540, parrain sans titre
en 1560, titré “maistre” à partir de 1567, et
“avocat” à partir de 1569, est mentionné comme
vivant jusqu’en 1592, puis comme défunt en 1609 (22).
Il existe malheureusement
des incertitudes sur ce personnage, et il est possible
que nous confondions ici deux Pierre Hattes contemporains
dont l’un seul était le fils d’Esprit.
Nous
le voyons en 1572 marié à une certaine Jeanne
Martial, fille d’un avocat étampois, Barthélémy
Martial, qui lui donne un fils baptisé à Saint-Basile
le 16 mars, Martial Hattes, avec pour parrain
Jacques Hattes, marchand à Étampes (23).
Nous le retrouvons
en 1588 veuf remarié à une certaine Marie
Delorme. C’est la fille née
en 1547 de l’ancien lieutenant du prévôt Pierre
Delorme (24) et la sœur du lieutenant du prévôt en activité
Jean Delorme (25). Elle lui donne alors un fils baptisé
également à Saint-Basile en 1588, Pierre
II (26). Il est probable
qu’elle lui a donné aussi une fille, Marie
Hattes II, mariée avant 1606 à un procureur d’Étampes,
Pierre Parent, à qui elle donne en 1609 deux jumelles baptisées
avec pour marraines leur tante Jeanne Hattes et leur grand-mère
Marie Delorme (27).
Pierre signe 19 août 1588, avec les autres officiers
d’Étampes, le serment commandé par l’édit
de Blois (28), et on le trouve encore censitaire de Longchamp en
1592 (29).
Marie
Delorme et Jeanne Hattes, 3 mai 1609
|
(5.8.22)
Notre-Dame 4 janvier 1560: “Pierre filz de maistre Esprit
Hacte procureur du roy à Estampes”; Saint Basile
10 février 1567: “maistre Pierre Hate”; 12 mars 1569:
“maistre Pierre Hatte advocat” (la marraine est “Margueritte
Hatte vefve de Cancian Sainxard”); Notre-Dame 4 octobre 1569:
“Pierre Hatte filz de maistre Esprit Hatte procureur du roy”; 5 avril
1571: “honorable homme maistre Pierre Hacte advocat à Estampes”;
11 avril 1571: “honorable homme maistre Pierre Hacte advocat”; Saint
Basile 16 mars 1572: “honorable homme maistre Pierre Hacte advocat
à Estampes ”; Saint-Basile 7 septembre 1572: “Pierre Hactes
advocat à Estampes”; Saint-Basile: “Pierre filz d’honorable
homme maistre Pierre Hacte advocat à Estampes”; Saint Basile
5 mai 1590: “maistre Pierre Hate advocat au dict lieu”; Censier de
Longchamp en 1592 (AD91 E. 3903): “Pierre Hacte avocat”; Saint-Basile
3 mai 1609: “Marie de Lorme femme de deffunct maistre Esprit [confusion
du desservant: lisez Pierre] Hacte advocat au dict Estampes”.
(5.8.23) Saint Basile 16 mars
1572: “fut baptisé Marcial filz de honorable homme
maistre Pierre Hacte advocat à Estampes et de Jehanne
Marcial sa femme; les parrains honorables hommes maistre Barthelemy
Marcial advocat à Estampes et Jacques Hactes marchant
et bourgeoys d’Estampes, la marraine honorable femme Blaise
Haillard veufve deffunct honorable homme Charles Guectard”.
(5.8.24) Notre-Dame 18 mars 1547: “fut
baptisée Marie fille de Pierre de Lhorme lieutenant
du prevost d’Estampes”. C’est donc par erreur que la Rapsodie
mentionne à ce poste Jean Delorme en 1545 (édition
Forteau, Annales du Gâtinais
1909, p. 247). — (5.8.25) Forteau a
trouvé Jean Delorme mentionné comme lieutenant
de la prévôté d’Étampes en 1563
(Annales du Gâtinais, 1909, p. 247, note 1), et moi
en 1571: Notre-Dame 16 juillet 1571: “M. Marie D… femme de honorable
homme maistre Jehan de Lorme lieutenant du prevost d’Estampes”.
— (5.8.26) Saint Basile 19 août
1588: “fut baptizé Pierre filz d’honorable homme maistre
Pierre Hacte advocat à Estampes et [rayé: Marie]
honeste femme Marye De Lorme ses pere et mere”. — (5.8.27) Saint-Basile 19 octobre 1606: “honeste
femme Marie Haste femme de maistre Pierre Parent procureur au
dit Estampes” (marraine d’une Marie fille de Cancien Chéron,
signant “Marie Hacte”); dimanche 3 mai 1609: texte cité
en note (5.8.11).
(5.8.28) Fleureau, Antiquitez,
p. 254: “Hatte”. — (5.8.29) AD91 E.
3903: “Pierre Hacte avocat”.
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4a) Françoise
Hattes, né sans doute vers
1553 de la deuxième union d’Esprit Hattes
avec Marie Paulmier, mentionnée comme jeune fille de 1575 à 1582, est mariée peu après à maître Siron, commissaire au Châtelet. Nous la retrouvons en effet en 1590 marraine à Saint-Basile
d’une fille de son frère Pierre Legendre (30).
Elle réapparaît
censitaire de Longchamp en 1605
et 1615, veuve remariée
à un chirurgien parisien, Lucas Cracher, Cacher
ou plutôt Crochart, dont elle est à nouveau veuve
au début des années 1630 (31). Elle a eu pour fils noble homme maître Jean Crochard,
et pour petit-fils Pierre Crochard, bourgeois
d’Étampes, à leurs tours censitaires du fief de
Longchamp (32).
|
(5.8.30)
Notre-Dame 1er septembre 1575: “Francoyse Hacte fille
de deffunct Esprit Hacte en son vivant procureur du roy à
Estampes”; 4 janvier 1579: “Françoisse Hatte”, 7 septembre
1582: “Françoise Hacte fille de deffunct maistre Esprit
Hacte procureur du roy”; Saint Basile 25 novembre 1590: “
le parain honorable homme Jacques Siron grenetier en la
ville d’Estampes, ses maraines Françoise Hate femme de
maistre??? Siron commissaire du Chastelet” [signé:]
J. Syron [paraphe] — Françoise Hacte”. — (5.8.31) AD91 E3905* (1605): “Françoise
Halte, femme de Lucas Cracher, maitre chirurgien et barbier, à
Paris”; E. 3908 (1615): “Françoise Hatte femme de honorable
homme Lucas Cacher maistre chirurgien et barbier demeurant à
Paris”; E. 3909 (1630-1640): “Françoise Hacte, veuve de Lucas
Crochart” (...). — (5.8.32) E. 3910
(1638-1648): “noble homme maistre Jehan Crochard”; E.3911 (1655): “les
héritiers maistre Jean Crochart”; E. 3906 (1600-1661): “honorable
homme Pierre Crochard, bourgeois d’Estampes”; E. 3911.1 (1558-1559):
“Pierre Crochard, bourgeois”.
|
4b) Maître
Siron gendre d’Esprit Hattes. La famille du premier mari de Françoise Hattes,
qui était commissaire au Châtelet, paraît
avoir des attaches tant à Étampes qu’à Paris
et Orléans, car nous trouvons parrain, en maême temps
que François Hattes en 1590, un Jacques Cyron grenetier de la
gabelle à Étampes, de la paroisse Saint-Gilles, déjà
parrain avec ce titre en 1588, et alors lié à un
défunt Noël Siron dont la veuve réside à
Orléans; sans parler d’une Louise Siron femme de Mathurin
Berault prévôt des maréchaux d’Étampes,
également marraine à Saint-Basile en 1588
(33).
|
(5.8.33)
Saint-Gilles 10 avril 1588: “honnorable homme Jacques
Cyron grenetier an la gabelle d’Estampes”; 3 juillet: baptême
de “Mathurin filz de honnorable homme Jacques Cyron grennetier
du magazin à scel à Estampes et de Cancienne
Cheron sa femme” avec pour parrain “Françoyse Lefaure femme
de deffunct Noel Cyron demourant à Orleans”; Saint-Basile
7 novembre 1588: “Loyse Sirron femme de honorable homme maistre Mathurin
Berault prevost des mareschaux d’Estampes. (…) [signé:] Loyse
Syron [paraphe]”. Notons aussi un Barthélémy Ciron
censitaire de Longchamp en 1571-1576 (AD91 E. 3901, lu “Giron” par
l’Inventaire-Sommaire de la série E, tome 2, p. 302a).
|
5) Esprit
Hattes II, baptisé le 10 février 1567
(34), avec pour parrain son beau-frère Pierre Legendre et
son frère Pierre désormais avocat, et pour
marraine une autre Marie Paulmier fille de Claude Paulmier
le tanneur, tandis que sa mère doit l’être de maître
Gilles Paulmier. Il doit être mort jeune car nous n’en
entendons plus parler dans la suite.
|
(5.8.34)
Saint Basile 10 février 1567: “fut baptisé
Esprit filz de maistre Esprit Hate et de Marie Paumier sa
femme; les parrins honorables personnes maistre Pierre Legendre
recepveur du dommaine d’Estampes et maistre Pierre Hate, la
mareine Marie Paumier fille de honorable homme maistre Claude Paumier
marchant de ceste ville”; ce Claude Paiulmier est à distinguer
d’un autre Claude Paulmier, parrain à Notre-Dame le 12
octobre 1564, “honorable homme maistre Claude Paulmier licencié
ès loix advocat et granetier à Estampes”.
|
Citons enfin, parmi
les probables descendants d’Esprit Hattes, un Jean
Hattes décédé en 1631, “vivant officier
du roy et de l’eschansonnerie de la reine” dont la stèle
funéraire est à Saint-Gilles (35).
|
(5.8.35)
Léon Marquis, Les rues d’Étampes,
1881, p. 241; Charles Forteau, “Jean Alleaume maire d’Étampes
(1664-1667)”, in Bulletin de la Société
historique et archéologique de Corbeil, d’Étampes
et du Hurepoix 11 (1905), p. 7.
|
5.9 Gendres et brus
d’Esprit Hattes
|
|
Il ne sera peut-être pas
inutile de résumer ici ce que nous savons désormais
des alliances des enfants d’Esprit Hattes, qui avait lui-même
peut-être d’abord épousé une fille de
Guillaume Ducamel, puis Marie Paulmier, probable fille de l’échevin
Gilles Paulmier.
1. Louise
a épousé l’avocat Pierre Legendre, fils d’un
échevin Étampois, qui a succédé
à son beau-père d’abord comme receveur du domaine,
puis comme procureur; mais il est mort prématurément
peu après son beau-père, laissant trois enfants:
Pierre, Sébastien et Esprit.
2. Jeanne
a épousé un marchand, François Chéron.
Ils ont hérité de l’hôtel particulier
bâti par Esprit mais ne paraissent pas avoir eu de descendance.
3. Pierre,
devenu avocat, a épousé la fille d’un collègue,
Barthélémy Martial, dont il eu un fils, Martial;
puis, devenu veuf, s’est remarié à Marie Delorme,
fille du lieutenant du prévôt Pierre Delorme et
sœur du lieutenant du prévôt Jean Delorme.
4. Françoise
a été mariée à maître Siron, commissaire au Châtelet,
dont le père était probablement Jacques Siron grenetier de la gabelle à Étampes
et dont la sœur Louise Siron était
la femme de Mathurin Berault prévôt des maréchaux
d’Étampes; puis, une fois veuve, elle s’est remariée
à un chirurgien parisien, Lucas
Cracher, ou Crochart.
5. Esprit
II, enfin, le benjamin, paraît être mort
jeune et sans descendance.
Il faut aussi remarquer que les
personnages dont nous avons traité antérieurement
comme des gendres d’Esprit Ducamel, l’étaient plutôt,
d’une certaine manière, d’Esprit Hattes, dont ils avaient
épousé les pupilles:
Jeanne Ducamel avait été
mariée à Tristan Lecharron, fils du bailli de Dourdan,
qui fut lui-même à Étampes lieutenant du prévôt
puis du bailli.
Marie Ducamel avait épousé
Gérard François, docteur en médecine qui fut
un temps médecin du roi, titre probablement bailliager.
|
|
Scène de Pentecôte sculptée
sur la façade intérieure de l’Hôtel
d’Esprit Hattes et de Marie Paulmier en 1554
|
6.
Pierre Legendre, gendre d’Esprit Hattes
(…1572…)
avec un petit excursus sur les receveurs du domaine
d’Étampes
Louise Hattes femme du receveur
du domaine Pierre Legendre, marraine à Saint-Basile
le 25 juillet 1566
6.1. Sur la famille
de Pierre Legendre
|
|
Ce procureur du roi a déjà
été signalé par Charles Forteau pour
l’année 1572, dans une note à son édition
de la Rapsodie de Pierre Plisson (1).
Il a échappé en revanche à l’attention
de Plisson comme de Dupieux parce que son ministère
a été si bref qu’il laissé fort peu de traces
dans les archives.
|
(6.1.1)
Annales du Gâtinais 1909,
p. 248, note 4. Soit cette note a échappé à
Dupieux, ou bien n’a-t-il pas voulu tenir compte d’une indication
sans référence et donc invérifiable.
Forteau l’avait probablement glané dans nos registres
qu’il paraît avoir fréquemment consultés.
|
La famille
Legendre est alors étampoise depuis fort longtemps et
divisée en plusieurs branches entre lesquelles il est difficile
de se retrouver au milieu du XVIe siècle, d’autant que
le prénom Pierre y est alors très fréquent,
de sorte que nous trouvons cités à cette époque
cinq à six Pierre Legendre différents.
Trois ou quatre
d’entre eux sont de la paroisse Notre-Dame: le premier est
curé de Notre-Dame; un deuxième marchand poissonnier
et marié à une Anne Loreau; un troisième
est marié à une certaine Adrienne; un autre encore
est plus tard marié à une certaine Marie, mais
c’est sans doute l’un des deux précédents, remarié;
enfin, dans la paroisse Saint-Basile, nous trouvons encore un Pierre
Legendre tout à fait contemporain de son homonyme gendre
d’Esprit Hattes: il est marié à une certaine Françoise
Moteux.
Il est
par suite difficile de dire qui était le père
de notre futur procureur. Cependant, comme Pierre Legendre
appellera son second fils Sébastien, on est fondé
à supposer qu’il était lui-même l’un des
fils de Sébastien Legendre, receveur des deniers communs
de la ville d’Étampes du 1er octobre 1534 au 30 septembre
1536 (2), dont la veuve est encore
citée en 1566, précisément
à Saint-Basile (3).
|
(6.1.2) Rapsodie
de Pierre Plisson éditée par Forteau, Annales du
Gâtinais 1909, p. 39. — (6.1.3)
Saint-Basile 21 mars 1566: “Katherine veufve de feu honorable
homme Sebastien Legendre”.
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6.2.
Pierre Legendre receveur du domaine
|
|
Pierre Legendre
est clairement cité comme receveur du domaine du
domaine du roi à Étampes pour la première
fois le 2 mai 1563, et pour la dernière
fois le 9 mai 1571.
On se souviendra
que son beau-père est lui-même signalé
comme receveur de 1549 à 1556, puis comme procureur
du roi au tout début de 1560. Il est donc probable que
Pierre Legendre est passé receveur au moment même
où son beau-père est devenu procureur, à
une date indéterminée comprise entre 1556 et 1559.
Pendant cette
période, pour autant que les registres paroissiaux
alors conservés nous permettent de le savoir, Pierre
Legendre se porte parrain six fois de 1563 à 1571, dont une fois du
benjamin de son beau-père Esprit Hattes (1); et sa femme Louise Hattes, pendant la même période, cinq fois
(2).
Peu
avant 1563 Pierre Legendre a de sa femme Louise un premier
fils, Pierre (3).
En 1565
il fait baptiser à Saint-Basile son second fils Sébastien; la marraine est la seconde
épouse de son beau-père, Marie Paulmier (4); les parrains sont l’avocat du roi Claude
Prevôt et son beau-père Esprit Hattes, désormais procureur du roi.
Le 27 février 1567
le revenu du duché d’Étampes fut confié à
Pierre Legendre pour six ans, précisément jusqu’au
24 juin 1473, par un bail sur lequel nous avons conservé quelques
détails. En effet, lors de l’évaluation du duché
d’Étampes qui fut faite en 1579, où l’on essaya de déterminer
quels avaient été les revenus de ce duché de
1568 à 1578, on retrouva deux “baulx à
ferme faictz de tout le revenu du dict duché, consistant ès
choses qui sont declarées par le menu au premier des dicts baulx,
faict et passé le jeudi XXVIIe jour de febvrier mil cinq cens
soixante sept, par devant Claude Saillart et Pierre Parent, notaires
royaulx à Estampes, par messire Jehan d’Inenville chevalier, sire
de Chantelou, lors conseiller du roy et tresorier de France en la generalité
d’oultre Seyne et Yonne, Picardie et Champaigne, et maistre Pierre l’Aisné
[f°3v°] aussi
conseiller du dit seigneur, sur le faict de la justice de son tresor
à Paris. […]
“Par le premier desquelz baulx tout le proffict, revenu et emolumens
du domaine du bailliage et duché d’Estampes à la
reservation toutes fois des reliefs, rachaptz, quintz et requintz,
aubeynes et autres droicts seigneuriaulx, et les amendes contre
les usuriers, a esté affermé pour six années
finissant au jour sainct Jehan Vc soixante treize, à
maistre Pierre le Gendre receveur [f°4r°] ordinaire
en tiltre, et Michel Moynet procureur au dict Estampes pour la somme
de deux mil huict cens quarante livres tournois payables par chascun
an en la recepte generalle de Paris à la charge d’acquitter par
les fermiers, par chascune des années la charges ordinaires
estans sur la dite recepte d’Estampes.
“Assavoir, pour le regard des charges
en grains: XXXIIII muids bled. — Pour les feifz et aulmosnes
en deniers: huict vingtz dix livres dix-huict solz quatre deniers
parisis vallans en tournois IIc XIII l. XII s. XI deniers. — Pour
les gaiges d’officiers: VIc XXIIII livres. — Pour les deniers payez
en acquit du roy, la somme de deux mil soixante six livres treize
solz quatre deniers tournois, à savoir, à celluy qui
a esté pourveu du greffe du bailliage d’Estampes, la somme de
IIIIc XVI livres XIII s. IIII den. tourn.; à celluy qui a esté
pourveu du greffe de la prevosté: Vc livres; et à celluy
qui a esté [f°4v°]
pourveu du greffe du tabellionnage, scel et escripture
du dict Estampes, la somme de Xic I livres; et pour ce que les dicts
greffes et tabellionnages ont esté remis en tiltre d’office,
pour lesquelz pourtant ne se reçoit plus de revenu annuel et
semblablement n’eschet pour iceulx payer aucuns deniers en acquit du
roy, sinon pour le greffe de la prevosté d’Estampes, comme
il sera dict cy après, ne sera la dicte somme de IIm LX.VI liv.
XIII s. III d. t. à tirer pour la ditte année et les quatre
ensuivantes. — Pour les frais de justice menuz, necessitez de la chambre
du conseil et les pain des prisonniers: IIIc LXXV liv. — Pour les ouvraiges
et reparations necessaires à faire en l’audience et la geolle
des prisons: XXV liv. — Droictz et especes de messieurs des Comptes: XL
liv. seulement par ce que semblable somme est par ce [f°5r°] sur la recette generalle
de Paris, cy: XL liv. — Et oultre à la charge de payer à
la recepte generalle de Paris par chascun an la dite somme de IIm VIIIc
XL liv.
“Somme du revenu d’une année
tant en deniers comptans que en charges: IIIIm CLXXIII liv. XII
s. XI d. t. et XXXIIII muids de bled. — Et pour les dictes cinq
années du dict premier bail la somme de XXm VIIc LXVIII l.
IIII s. VII d. t. et VIII.XX.X muids bled”
(5).
Le 5 août
1568 Pierre Legendre fait baptiser son troisième
fils Esprit; le parrain est naturellement Esprit Hattes. Le
desservant est ce jour-là extrêmement distrait parce
qu’il oublie d’abord de mentionner la mère, qui porte les
même noms et prénoms que la marraine (sa cousine
Louise Hattes épouse de Michel Moinet); puis il la mentionne
enfin dans l’interligne, mais en lui donnant bizarrement le prénom
d’Étiennette (6).
Esprit Hattes paraît
encore en vie le 14 octobre 1571, mais son gendre Pierre
Legendre lui a succédé comme procureur du roi dès
avant le 27 janvier 1572 (7).
Qui succède
alors à Pierre Legendre comme receveur du domaine?
Nous avons vu qu’il était en charge de cet office théoriquement
jusqu’au 24 juin 1573. Il semble donc qu’il cumula les deux offices
jusqu’à sa mort, puisque le bail suivant, également de
six ans, et accordé à un certain Pierre Turgis, bourgeois
de Paris, devait se terminer le 24 mars 1579, ce qui suppose qu’il
avait commencé en 1573, date probable de la mort de Legendre
(8).
|
(6.2.1)
Notre-Dame 2 mai 1563 “honorable homme maistre Pierre
Legendre recepveur du domaine du roy à Estampes”;
Saint-Basile 7 novembre 1566: “honneste personne maistre Pierre
Legendre recepveur du dommaine d’Estampes”; Notre-Dame mercredi
11 novembre 1566: “honneste personne maistre Pierre Legendre recepveur
du domaine d’Estampes”; Saint-Basile 10 février 1567 (baptême
du fils de son beau-frère Esprit Hattes II): “honorables
personnes maistre Pierre Legendre recepveur du dommaine d’Estampes
et maistre Pierre Hate”; 20 avril 1568: “maistre Pierre Legendre
recepveur”; Notre-Dame 9 mai 1571: “honorable homme maistre Pierre
Le Gendre recepveur du doumaine d’Estampes”. — (6.2.2) Notre-Dame: 12 mars 1563: “Loyse femme
de honorable homme Pierre Legendre”; Saint-Basile 25 juillet 1566:
“Loyse Haste femme de honeste homme maistre Pierre Legendre recepveur
du domaine d’Estampes”; Notre-Dame 7 juin 1569: “Loyse Hatte
femme de Pierre Legendre recepveur d’Estampes”; 19 mars 1571: “Loyse
Hacte femme de honorable homme maistre Pierre Legendre recepveur
du domaine d’Estampes”; 2 mai: “Loyse Hacte femme de honorable homme
maistre Pierre Legendre recepveur du doumaine d’Estampes”.
(6.2.3) Les indices de cette filiation
sont seulement indirects, mais suffisamment probants.
(6.2.4) Saint-Basile 5 août 1565:
“Le dict jour environ dix heures du matin fut baptisé
Sébastien filz de Pierre Le Gendre recepveur du dommaine d’Estampes
et Loyse Havet [à corriger en: Hacte] sa femme; les
parrains Pierre Pouville et Guillaume Le Gendre; la mareine Marie
[espace blanc] femme du procureur du roy à Estampes”.
(6.2.5) Archives nationales Q1. 1515.1,
f°5r°/v°, dont une excellente copie manuscrite du XIXe
siècle aux archives municipales d’Étampes, AA 3.
(6.2.6) Saint-Basile 18 août 1568: “fut
baptisé Esprit [rayé: Legendre environ 2 heures]
filz de maistre Pierre Le Gendre [ajouté dans l’interligne:
et de Estiennette (sic) Hacte sa femme]; les parains noble homme
et saige maistre Claude Prevost advocat du roy à Estampes
et maistre Esprit Hacte procureur du roy au dict lieu, la mar[a]ine
Loyse Hacte femme de maistre Michel Moynet greffier au dict bailliage.”
(6.2.7) Saint-Basile 14 octobre 1571:
“femme de [honorable] homme maistre Esprit Hacte procureur
du roy”; Notre-Dame 27 janvier 1572: “Jehanne Hatte femme de honorable
homme maistre Pierre Legendre procureur du roy à Estampes”.
(6.2.8) Archives nationales Q1.
1515.1, f°6r°, dont une excellente copie manuscrite du XIXe
siècle aux archives municipales d’Étampes, AA 3,
f°4r°.
|
6.3.
Pierre Legendre procureur du roi
|
|
Le mandat de Pierre Legendre en
temps que procureur du roi à Étampes a été
fort court, et c’est comme nous l’avons déjà
dit ce qu’il explique ait échappé à l’attention
tant de Plisson que de Dupieux, et qu’il n’ait été
remarqué que par Charles Forteau lors de son exploration
des registres paroissiaux étampois (1): car il n’a laissé que fort peu
de traces dans notre documentation, dont il faut rappeler le caractère
extrêmement lacunaire: même le registre des baptêmes
de Saint-Basile fait alors défaut, avec sa grande lacune
de décembre 1572 à mars 1587.
Pierre Legendre
n’est mentionné que trois fois en temps que procureur,
dans les trois premiers mois de 1572 (2).
Son décès n’est mentionné explicitement
qu’en mars 1581 à Notre-Dame lorsque sa veuve s’y porte
marraine, puis à Saint-Basile lorsque recommence peu après
le registre de cette église (3).
Il est cependant
clair que Pierre Legendre est mort bien avant cela, puisque
nous voyons mentionner son successeur Nicolas Guillotin dès
le 12 novembre 1574 (4), et que nous avons
des raisons de penser que ce dernier était en place dès
le 3 juillet 1573. Nous avons vu aussi que le bail accordé
à son successeur Pierre Turgis était de six ans et devait
se terminer le 24 juin 1579, ce qui
suppose qu’il avait commencé également en 1573. Il est donc clair que Legendre est mort à une
date indéterminée entre le 29 mars 1572 et le 3 juillet
1573. On comprend mieux ainsi que sa carrière de procureur du roi n’ait guère
laissé de traces dans le peu qui qui nous reste des
archives de cette époque.
Je n’ai trouvé
trace pour l’heure que d’une seule affaire qu’il ait eu à
gérer. C’est en cette année 1572
que mourut Jacques II de Paviot, sieur de Boissy-le-Sec.
Sa veuve Jeanne
de Brissay lui demanda selon l’usage une souffrance,
c’est-à-dire une suspension du rite annuel de l’hommage jusqu’à
la majorité des héritiers mineurs.
Notre procureur
la transmit à la Chambre
des Comptes, qui seule était habilitée à
accorder ce type de dérogation (5).
Sa mort apparemment inattendue
provoqua quelque désordre dans les comptes qu’il avait
à rendre en temps que receveur du domaine, car, en 1579,
les gens de la Chambre des comptes qui furent en charge de procéder
à une évaluation des revenus du duché de 1568
à 1578 ne trouvèrent pas trace de ce qui dans ces comptes
concernait la perception des droits seigneuriaux:
“Plus il se trouve que
par le dict compte du dict de Pouville [receveur des deniers communs de la ville d’Étampes]
rendu pour les dictes deux années quatre
moys vingt jours [du 3 février 1572
au 24 juin 1573], il est faict recepte à cause des
droicts seigneuriaulx reservés par le premier bail de la
somme de IIIc IIII.XX.XVII liv. II s. VIII d. parisis vallans à
tournois IIIIc.IIII.XX.XVI liv. VIII s. V d. t. de laquelle il convient
cy faire recepte.
“Et au regard des comptes
precedens [f°5v°]
qui ont deu estre renduz pour raison du dict premier
bail [ du 27 février 1567 au 24 juin 1473], il ne s’en trouve aucuns
pour cognoistre de la recepte des dicts droictz seigneuriaulx reservez,
et sur ce nous avons mandé maistre Jehan Repichon procureur
des dictz Le Gendre et Moynet pour sçavoir s’il avoit charge
d’eulx pour rendre les dicts comptes, mesmes s’il avoit memoires
pour coucher en recepte aucuns droictz seigneuriaulx pour le dict
temps.
“Lequel nous a faict response que iceulx Le Gendre et Moynet
avoient baillé leurs acquitz ès mains de maistre
[espace blanc] le Roy greffier
des tresoriers et generaulx des finances pour en dresser l’estat; et
que après avoir iceulx veuz de nostre ordonnance, entre
les mains du dict Le Roy, il n’a trouvé aucuns mémoires
ny instructions pour coucher aucune recepte pour raison des dictz droictz
seigneuriaulx au dict estat à dresser par les dictz seigneurs
tresoriers et generaulx, ains [= mais] seulement
les acquitz et quittances des payemens par eulx faictz.
“Et partant n’avons peu faire estat des dictz droits seigneuriaulx
s’aucuns y a eu” (6).
|
(6.3.1)
Annales du Gâtinais 1909,
p. 248, note 4.
(6.3.2) Notre-Dame 27 janvier 1572:
“Jehanne Hatte femme de honorable homme maistre Pierre Legendre
procureur du roy à Estampes”; Saint-Basile 15 mars:
“honorable homme et saige maistre Pierre Legendre procureur
du roy à Estampes”; 29 mars 1572: “honorable homme et saige
maistre Pierre Legendre procureur du roy à Estampes”.
— (6.3.3) Notre-Dame 12 mars
1581: “Loyse Hacte veufve de feu honeste personne maistre Pierre
Legendre en son vivant procureur du roy”.
(6.3.4) Notre-Dame 12 novembre 1574:
“maistre Nicollas Guillotin procureur du roy d’Estampes”.
(6.3.5) Selon un document autrefois conservé
à Orléans (A 1195; cf Inventaire-Sommaire
de la série A, 1878, p. 270b) cité Dupieux
(Institutions, p. 106, note 4). Jean-Pierre Dobler mentionne
aussi cette requête de sauvegarde (Boissy-le-Sec, Écomar,
2002, p. 58). L’union datait de 1552. Leurs enfants Louise, Pierre
et Claude étant nés respectivement en 1556, 1559 et
dernier à une date inconnue, avaient respectivement en 1572,
pour les deux premiers, approximativement 16 et 13 ans. D’après
Dobler, la seigneurie de Boissy sera attribuée en 1578 à
Pierre (âgé de 19 ans), et Louise ne sera mariée
qu’en 1588 (à l’âge de 32 ans).
(6.3.6)
Archives nationales Q1. 1515.1, f°5r/v°, dont une
excellente copie manuscrite du XIXe siècle aux archives
municipales d’Étampes, AA 3.
|
6.4. Sur la descendance
de Pierre Legendre
|
|
Louise Hattes comme nous
l’avons dit est mentionnée comme veuve à partir
du 12 mars 1581; elle sera encore marraine de temps à autre
jusqu’en 1597, tant à Saint-Basile qu’à Notre-Dame
ou à Saint-Gilles (1). Elle semble
s’être installée avec ses fils dans cette dernière
paroisse après la mort de son mari.
1) Pierre Legendre
II son fils aîné, né avant le commencement
du premier registre des baptêmes conservé de
Saint-Basile, c’est-à-dire avant septembre 1563, est
ensuite cité continuellement dans la paroisse Saint-Gilles
à partir de 1585, où on lui donne le titre d’avocat
à partir de 1587 (2).
Il épousa
en premières noces Jaqueline Audren, fille de l’ancien
prévôt Simon Audren, et sœur du prévôt
Jean Audren alors en exercice (qui fut pendu par la soldatesque
deux ans plus tard, en 1589). Cette Jaqueline
lui donna une fille, Marie, baptisée à
Saint-Basile en 1587, avec pour marraine sa grand-mère Louise
Hattes (3);
puis un fils, Pierre III, baptisé à Saint-Gilles
en 1592 avec pour parrain son oncle maternel par alliance François
Chéron (4); mais elle mourut peu après.
Pierre se remaria
avant 1595 à Marie Paulmier, qui lui donna un autre
fils, Esprit, baptisé aussi à
Saint-Gilles en 1596 (5).
En 1599 nous le voyons à nouveau
remarié à une certaine Anne Doulcet (6).
A partir de 1597, nous le voyons bailli de la
châtellenie de Mesnilgirault, c’est-à-dire de
toutes les terres et biens que possédait en Étampois
le chapitre de la collégiale de Sainte-Croix d’Orléans,
spécialement dans le secteur d’Ormoy-la-Rivière (7).
2) Sébastien Legendre II, né
comme nous l’avons dit en 1565, est encore mentionné
comme parrain en 1585, âgé d’une vingtaine d’années
(8).
3) Esprit Legendre,
né comme on l’a vu en 1568, ne fait plus parler de lui
dans la suite, de sorte qu’il est permis de supposer qu’il est mort
jeune et sans descendance. A moins qu’il ne s’agisse ici du même
Esprit Legendre avocat que mentionne la Rapsodie
comme ayant été emporté par l’épidémie
de 1652, qui en cas aurait été âgé
de 84 ans (9).
?) Sébastien Legendre
IV. Nous entendons parler au début du XVIIe siècle
d’un Sébastien Legendre, premier huissier-audiencier
au bailliage d’Étampes, mort peu avant 1635, mais
nous ne savons pas pour l’instant duquel des trois fils de
Pierre Legendre il descendait, même si le plus vraisemblable
est qu’il était le fils de Sébastien II.
Quoi qu’il en soit,
c’est lui qui finalement hérita de l’hôtel
particulier d’Esprit Hattes, après le décès
de Jeanne Hattes, morte sans enfants après 1615, comme
nous l’avons vu à son sujet. Ses biens allèrent
naturellement aux descendants de sa sœur Louise,
c’est-à-dire aux petits-fils de Pierre Legendre.
Ainsi
que je l’ai montré ailleurs, c’est ce qui explique
que l’hôtel particulier bâti en 1554 par Esprit
Hattes soit revenu en 1635 aux héritiers mineurs de ce
Sébastien Legendre IV, et qu’à cette date leur tutrice,
Anne d’Aigremont, épouse de Martin Porteau (10), puisse le vendre au procureur étampois Charles Dupré
(11). |
(6.4.1)
Notre-Dame 12 mars 1581: “Loyse Hacte veufve de feu honeste
personne maistre Pierre Legendre en son vivant procureur
du roy”; 28 mai 1582: “honnorable femme Loise Hacte femme
de honnorable homme Pierre Legendre procureur du roy à
Estampes”; Saint-Gilles 27 décembre 1585: “Jehanne (sic)
Hacte veufve de deffunct Pierre Le Gendre”; Saint-Basile
20 octobre 1587: “honorable femme Louise Hacte veufve de deffunct
honorable homme et saige maistre Pierre Le Gendre en son vivant
procureur du roy au bailliage d’Estampes”; Saint-Gilles 6 octobre
1597: “Loyse Hacte veufve Pierre Legendre procureur du roy”.
(6.4.2) Saint-Gilles mercredi 31 decembre
1586: “parain maistre Pierre Legendre advocat au dit Estampes
(...) tous de ceste paroisse”; 24 septembre 1587: “maistre Pierre
Legendre advocat à Estampes”; 21 janvier 1592: “parain honnorable
homme maistre Pierre Legendre advocat au bailliage d’Estampes”;
30 juin 1593: “honnorable homme maistre Pierre Legendre advocat
au bailliage d’Estampes”; 26 juillet 1594: “honorable homme maistre
Pierre Legendre”; 2 mai 1596: “honnorable homme maistre Pierre
Legendre advocat au dict bailliage”.
(6.4.3) Saint-Basile 20 octobre 1587:
“Le XXe jour du moys d’octobre fut baptisée Marie fille
de honorable homme Pierre Legendre advocat au dict Estampes et Jacquelline
Audren sa femme ses peres et meres [sic], et furent les parain
et maraine honorable homme maistre Estienne Le Vassor advocat au
dict Estampes, demoyselle Marie Saucier veufve de feu noble
homme Begnine le Ragois en son vivant notaire et secretaire du roy
seigneur de Guignonville et honorable femme Louise Hacte veufve de deffunct
honorable homme et saige maistre Pierre Le Gendre en son vivant procureur
du roy au bailliage d’Estampes. [signé:] Le Vassor [paraphe]
— Marie Saulcier — Loise Hacte — Morin [paraphe]”. — (6.4.4) Saint-Gilles 29 janvier 1592: “Dudit
jour et an. Fut baptisé Pierre filz de maistre Pierre Legendre
advocat au bailliage d’Estampes et de Jacqueline Audren; les parins
celluy qui a nommé fut Pierre Pouville marchant et bourgeois
au dit lieu et sire Françoys Cheron aussy marchant et bourgeois
au dict lieu et la marenne Marie Audren, environ quatre heures après
midy”. — (6.4.5) Saint-Gilles 3 janvier
1595: “les marennes celle qui a nommé Jehanne Paulmier [rayé:
fille de] femme de maistre Pierre Legendre advocat au bailliage d’Estampes”;
6 mai 1596: “Fut baptisé Esprit filz de honnorable homme
maistre Pierre Legendre advocat au bailliage d’Estampes et de Jehanne
Paulmier sa femme; les parrins celluy qui a nommé noble homme
Jehan Lehardy, marechal des logis ordinaire du roy et de ses armées,
et Françoys Paulmier; la marenne Catherine Paulmier veufve de
deffunct sire Jacques de Croix, environ quatre heures après mydy”.
— (6.4.6) Saint-Gilles 20 août 1599:
“honorable femme Anne Dosset femme de honnorable homme maistre Pierre
Legendre advocat au dit Estampes et baillif de Mesnilgirault”; 18
avril 1603: “Anne Doulcet femme de honnorable homme maistre Pierre Legendre
advocat au dict Estampes [signé:] Anne Doulcet”. — (6.4.7) Saint-Gilles 10 août 1597: “honnorable
homme maistre Pierre Legendre baillif de Mesnilgirault et advocat
au bailliage d’Estampes”; 3 juillet 1601: “honnorable homme maistre
Pierre Legendre advocat au bailliage et prevosté d’Estampes
et baillif de Mesnilgirault”; 2 mars 1602: “honnorable homme maistre
Pierre Le Gendre baillif de Mesnilgirault et advocat au bailliage d’Estampes”.
(6.4.8) Saint-Gilles 24 août 1585
“Sebastien Legendre”
(6.4.9) Rapsodie,
édition Forteau, p. 257.
(6.4.10) Et non Forteau
comme le porte Maxime Legrand porte par erreur: il s’agit en
fait de “noble homme Martin Porteau, valet de chambre du roi”
qui nous est connu par plusieurs pièces d’archives conservées
à Chamarande. — (6.4.11) Maxime
Legrand, Étampes pittoresque. La ville,
Étampes, Humbert-Droz et Brière, 1897, p. 104,
d’après des documents alors en possession de la Caisse
d’Épargne, dont l’érudit étampois Charles
Forteau était alors trésorier.
|
6.5.
Sur les receveurs
et contrôleurs du domaine qui succédèrent à
Pierre Legendre |
|
Pierre Legendre a plus longtemps
exercé la charge de receveur du domaine que celle de
procureur du roi. Qui lui succéda dans cette charge, lorsque
vers 1571 il passa procureur du roi? Voici la liste que j’ai pu constituer
à ce jour des receveurs du domaine du roi à Étampes.
J’y ai joint les contrôleurs du domaine, personnages d’autant
plus intéressants que ni Dupieux ni avant lui Dupont-Férier
ne paraissent connaître cette charge, pourtant attestée
ailleurs qu’à Étampes, comme j’ai pu le constater, comme
coexistante à celle de receveur. Tout cela reste à éclaircir
et mériterait une étude particulière.
1) Esprit Hattes
(...1549-1559...). C’est pour l’instant le premier receveur
du domaine du roi à Étampes que j’ai trouvé
mentionné nominativement pour ce qui est du XVIe siècle.
2) Pierre Legendre
(...1560-1573). Nous avons vu que sa mort, survenu fin 1572
ou début 1573, interrompit ou empêcha de renouveler
le bail qui lui avait été accordé le 22 février
en 1567 jusqu’au 24 juin 1573.
3) Pierre Turgis (1573-1576).
Les registres paroissiaux, sauf erreur de ma part, ne mentionnent
pas le premier successeur de Pierre Legendre, et pour cause, car
c’était un bougeois parisien. Comme nous l’apprenons par
l’évaluation du duché de 1579, il lui avait été
accordé un bail de six ans qui devait finir le 24 juin 1579,
mais, pour des raisons que nous ignorons, il ne semble être
resté en charge que jusqu’en 1576 (1). |
(6.5.1)
Archives nationales Q1. 1515.1, f°6r°-7r°,
dont une excellente copie manuscrite du XIXe siècle aux
archives municipales d’Étampes, AA 3, f°4r°/v°.
|
4) Dreux Fleury ou de Fleury
pour la première fois (1576-1582). L’évaluation du duché d’Étampes qui fut
faite en 1579 nous apprend que bail des revenus du duché lui avait
été accordé le 27
septembre 1576 pour trois ans, à savoir
jusqu’au 24 juin 1579 (2). Ce bail fut prolongé de trois ans par lettres patentes
du 8 octobre 1579, non sans conflit entre le lieutenant du bailli,
qui entretemps avait mis cette ferme en adjudication, et Fleury, qui
avait été obligé de monter les enchères pour
la conserver, et qui essaya de faire annuler cette procédure (3).
Le registre des baptêmes
de Saint-Gilles le mentionne par ailleurs en 1585 avec le titre
de contrôleur du domaine d’Étampes;
il lui accorde aussi alors une particule qu’il ne recevait pas
dans le texte de l’évaluation du duché en 1579
(2).
Je n’en ai pas trouvé
d’autre mention de ce Fleury dans les registres
(3). A-t-il un lien
généalogique avec le Jacques de Fleury, c’est-à-dire
de Fleury-Mérogis, mort avant 1557, dont l’abbé
Lebeuf ne connaît qu’une fille Anne, mariée en seconde
noces avec Georges de Vuicardel? (4) Il existait dès 1561 un
fief de Fleury dans la paroisse d’Auvers, pour lequel rend alors hommage
Baugeois de Wycardel comme héritier de Nicolas de Wycardel (5). Dreux Fleury est-il encore apparenté
à un certain Jean de Fleury seigneur de
la Bretonnerie, présent lors de la rédaction de
la coutume d’Étampes le 22 septembre 1556? (6) A l’époque de Fleureau encore,
vers 1668, un Jacques de Fleury est mentionné
seigneur de Champigny en qualité de seigneur de Villemartin; le dit Fleureau nous donne les armes de cette famille:
“De Fleury, d’argent à un chêne au naturel;
au chef d’azur chargé de deux croissans d’argent montans,
supports, deux Lions lampassez de gueules” (6). On conservait
par ailleurs autrefois à Orléans, dans une
liasse datée de 1485 à 1750, des titres détruits
par le bombardement de 1940, dont on ne connaît pas que
le résumé fait par l’Inventaire sommaire,
un “aveu de Guillaume de Fleuri, écuyer, seigneur
de la Grenouillère, pour le manoir de la Maison-Simple, sis
au carrefour de Boutarvilliers, les terres et les bois, la censive,
la dîme et les champarts” et un “aveu de
François De Fleuri, seigneur de Boutarvilliers”
(7). Toutes
ces données confuses restent entièrement à débrouiller.
Quoi qu’il en soit
de cette question de l’extraction de ce Dreux Fleury, ou de Fleury,
il semble avoir été remplacé, au terme de son
deuxième mandat de trois ans, en juin 1582, par Jean Ducamel.
|
(6.5.2)
Ibid, f°7r°— (6.5.3)
Ibid., f°7r°/v°.
(6.5.2)
Saint-Gilles 10 mai 1585: “honeste personne sire Dreulx de
Fleury controleur du dommaine d’Estampes”. — (6.5.3) Il n’a rien à voir avec le prétendu
Jacques de Fleury, en réalité de Fleurigny, cité
lors du baptême d’une fille de Pierre de Paviot, seigneur de
Boissy-le-Sec et gouverneur de Dourdan, le 9 mars 1589 à Saint-Basile:
“demoiselle Marie de Pierre Vive veufve de deffunct noble homme
Jacques de Fleury [sic, pour: de Fleurigny] escuier seigneur baron
de La Forest le Roy gentilhomme ordinaire de deffunct Monsieur”.
Fleureau (qui écrit vers 1668), Antiquitez, p. 51: “les
enfans de feu Messire Charles le Clerc de Fleurigny, vivant,
Chevalier, Baron dudit lieu, tiennent cette seigneurie de sa succession”;
cf. Archives nationales, P 8, n°92: hommage de la terre et seigneurie
de Beauvais-sous-Dourdan rendu le 22 juin 1575 par Jacques Hurault,
acquéreur de Philippe du Moulin, veuve de Charles Le Clerc,
chevalier, seigneur de Fleurigny, bailli et
capitaine de Sens. Cf. surtout François-Alexandre
Aubert de La Chesnaye des Bois, Dictionnaire
de la noblesse, vol. 13, pp. 289-290. — (6.5.4)
Jean Lebeuf, Histoire de Paris, tome 12, pp. 23-24, cite
de cette famille François de Fleury (aveu du 10 juin 1454),
puis Pierre de Fleury, puis son fils aîné François
(aveu du 1er février 1512), la terre de Fleury-Mérogis
passant ensuite en partie à Jacques de Fleury, qui eut pour
fille Anne de Fleury. Cette Anne épousa 1) Fiacre de Saint-Berthevin
(aveu du 24 mars 1557 pour Fleury en partie); 2) Georges de Villecardel,
seigneur de Saudreville, maître d’hôtel du roi (aveu
du 19 juin 1571); 3) François de Rivière, seigneur
de Mongrenon (aveu du 1er mars 1584). — (6.5.5) Archives nationales, P 8, n°76: “Hommage
des fiefs de Gravelle et de Fleury, paroisse d’Auvers, rendu
le 17 novembre 1561 par Baugeois de Wycardel, en son nom et
en celui de ses cohéritiers, enfants de Nicolas de Wycardel
et d’Adrienne de Coincte”. —(6.5.6)
Coustumes, 1557, f°38r°:
“Jehan de Fleury, Escuier, pour son fief de la Bretonnerie”. —
(6.5.6) Antiquitez, p. 46.
— (6.5.7)
AD45 A. 1197, d’après l’Inventaire-Sommaire de la série
A, tome 1, 1878, p. 271.
|
4) Jean Ducamel
II (1582-1585). Né en 1552, il est qualifié
en août 1582 contrôleur
du domaine, comme nous l’avons déjà
signalé (8). Vu que cette charge n’est pas autrement signalée,
ni par Dupont-Ferrier dans l’ensemble du royaume, ni par
Dupieux au bailliage d’Étampes à l’époque
qui nous occupe, et que surtout cette dénomination apparaît
seulement à ma connaissance sous la plume du desservant
de saint-Gilles en 1582 et 1585, puis 1601, on peut supposer ou
bien qu’il s’agit d’une simple erreur ou fantaisie de cette seule
personne, ou bien que ces officiers sont seulement en charge de surveiller
le travail d’un autre personnage qui tient du roi la ferme de ces revenus.
|
(6.5.8)
Notre-Dame 13 août 1552: “Le dict jour fut
baptisé Jehan filz de Jehan Ducamel et de Cancienne
sa femme; les parrins maistre Esprit Ducamel procureur du
roy ou dict lieu et Jehan Dallier et la marenne Marie fille de
maistre Girard Garnier advocat”; 28 octobre 1577: “Jehan Ducamel”;
Saint-Gilles 9 juillet 1582: “honeste personne maistre Jehan
du Camel contrerouleur du domaine d’Estampes”.
|
5)
Jean de Mazeaux (...1585...). On trouve dans les archives du Bourgneuf
la déclaration comme censitaire, le 11 novembre 1585, de “Jean de
Mazeaux, receveur ordinaire du domaine d’Etampes”.
|
(6.5.9)
AD91 E 3834.1 (d’après l’Inventaire Sommaire)
|
6) Dreux Fleury pour la deuxième
fois (1585-1588). Il semble que
Jean Ducamel n’ait effectué qu’un mandat de trois ans, et que la
charge fit ensuite retour à Dreux Fleury, que nous voyons parrain
à Saint-Gilles, comme nous l’avons déjà dit,
le 10 mai 1585, qualifié à son tour
de contrôleur du domaine.
|
|
7) Simon Compotier (1588-1596...). Marchand de la
paroisse de Saint-Gilles, il occupe cette
charge au moins d’avril 1588 à avril 1596 (10); il avait pour épouse une certaine
Michelle Brière, ou Brier qui lui avait donné
un fils, Simon Compotier II, lui même parrain à
Saint-Gilles en 1595.
Début avril 1596 il est parrain d’un fils
de son futur successeur Damien Provensal.
Le 26 novembre
1596, Jean Sanse, bourgeois de Paris et
fermier général du domaine d’Étampes,
lui donne à bail les censives d’Étampes moyennant
120 écus, pour lui, ses héritiers et ses ayant-causes.
Le texte de ce contrat autrefois conservé aux Archives départementales
du Loiret, et depuis détruit par le bombardement de 1940,
a été heureusement édité par Dupieux
en 1931 (11). On
note la présence lors de la signature du bail de Damien
Provensal, l’un des successeurs de Compotier. L’année précédente
à Notre-Dame, d’ailleurs, Simon Compotier s’était
porté parrain d’un fils de Damien Provensal.
Vers la fin du
mandat de Compotier, au moins à partir de 1595, il
semble bien qu’il y ait eu deux receveurs
du domaine à Étampes, et cette situation, inconnue
de Dupieux mais bien documentée dans d’autres bailliages
(12), semble avoir perduré
jusqu’à la fin du siècle, comme on va le voir.
|
(6.5.10)
Saint-Gilles 20 avril 1588: “Michelle Briere femme de
Symon Compotier recepveur du domaine d’Estampes”; 27 juin
1588: “Symon Compottier recepveur du domaine d’Estampes; 20
janvier 1589: “sire Symon Compotier recepveur du domaine d’Estampes”;
15 février 1589: “Simon Compotier marchant [ajouté
par un appel de croix: recepveur du domaine]; 23 mars 1592: “honnorable
homme maistre Symon Compotier recepveur du domaine d’Estampes”;
2 avril 1592: “Michelle Brier femme de maistre Symon Compotier recepveur
du domaine d’Estampes”; 29 aoust 1592: “honnorable homme Symon
Compotier recepveur du domaine d’Estampes”; Notre-Dame 30 octobre
1592: “ maistre Symon Compotier receveur du domaine d’Estampes”;
Saint-Gilles 2 avril 1593: “Michelle Brier femme de honnorable
homme maistre Symon Compotier recepveur du domaine d’Estampes”; Notre-Dame
7 août 1593: “dame Michel (sic) Briet (sic) femme de maistre
Symon Compotier recepveur du domaine d’Estampes”; Saint-Gilles 6 septembre
1593: “Michelle Briere femme de maistre Symon Compotier recepveur du
domaine d’Estampes”; 2 mars 1594: “Symon Compotier recepveur du domaine
d’Estampes”; 2 mai 1595: “Symon Compotier filz de Symon Compotier recepveur
du domaine d’Estampes”; 22 novembre 1595: “maistre Symon Compotier
receveur du domaine d’Estampes”; Notre-Dame 1er avril 1595: “mestre
Simon Chanpotier (...) [signé:] Compotier”; Saint-Gilles 28
février 1596: “Michelle Brier, femme de M. Symon compotier”; 7
avril: “marenne Michel Briet femme de maistre Symon Compotier recepveur
d’Estampes”. — (6.5.11) AD45 A. 1232,
pièce 2e (cf Inventaire-Sommaire de 1878,
p. 278a), texte heureusement édité par Dupieux,
Institutions, pp. 268-269, cf. p. 261. — (6.5.12) Les officiers royaux, 1902,
pp. 166-167.
|
5) Jacques
Beauvillier (...1595-1606...). Il est cité comme
receveur du domaine de la fin décembre 1595 à début
octobre 1606; la première fois, il se porte parrain
d’un fils de Michel Boutevillain, qui lui succèdera en
1610; la deuxième fois, la marraine est Marie Ducamel, fille
probable de son prédécesseur Jean Ducamel II, et
veuve de son collègue également receveur du domaine,
Damien Provensal (13).
En 1623 nous trouvons
sa veuve censitaire du fief de Longchamp, fief où
est aussi possessionné son fils et successeur Jean
Beauvillier (14).
Il est probable que Beauvillier était
en fait un subordonné de Compotier, dont le véritable
successeur paraît être Damien Provensal.
9) Damien Provensal (...1599...).
Il est receveur du domaine en 1599. Il a alors pour femme une
Marie Ducamel qui est sans doute la fille de son prédécesseur
Jean Ducamel II (15). En 1595 il avait eu d’une première union un fils
Simon baptisé à Notre-Dame avec pour parrain
Simon Compotier. Il paraît être mort avant 1606,
date à laquelle Marie Ducamel est remariée à
un archer de la garde écossaise du roi, Charles de Crawford,
ou de Craffort.
10) Michel Larsonneur
(...1601-1607...). Il
est cité comme contrôleur du domaine
à Saint-Gilles en 1601 lors du baptême de son
fils. La marraine est Marie Ducamel épouse de Damien Provensal.
En 1602 et 1603 il est qualifié notaire
royal, mais en 1604 il porte ces deux titres
simultanément, et encore en 1607 (16).
11) Michel
Boutevillain (...1610-1613..). Nous l’avons déjà
rencontré en 1595, lorsque son prédécesseur
Jacques Beauvilliers s’était porté parrain de
son fils. Il faut le distinguer d’un autre Michel Boutevillain marchand
tanneur son contemporain, plus jeune que lui. Il est marié
à une certaine Marguerite Lucas, sans doute apparentée
à l’épouse de l’ancien procureur du roi Nicolas
Guillotin, Ythière Lucas, dont nous allons bientôt
parler. Le 29 mai 1610, les parrains à Saint-Gilles de son fils
Simon sont alors le procureur du roi en exercice, Simon Égal,
et le lieutenant général d’Étampes Nicolas Cousté,
qui est aussi bailli de la Ferté-Alais. Il est alors qualifié
receveur du domaine, mais curieusement, quelques mois plus tard, en
octobre, seulement marchand bourgeois, peut-être par confusion
avec son homonyme; en 1613 il est qualifié recepveur
general du domaine, ce qui conforte notre hypothèse
de la coexistence de deux receveurs du domaine à Étampes
à la fin du XVIe siècle, sans parler des contrôleurs
dont le statut reste à éclaircir (17).
12) Jean Beauvillier (...1610-1630...)
est cité comme receveur du domaine en temps que censitaire
du fief de Longchamp, d’abord à une date
indéterminée entre 1604 et 1610, puis en
1615, et encore après 1630 (18);
comme nous avons vu qu’en 1623 c’est la veuve de Jacques qui
est mentionné par ce censier, il est bien certain que
Jean est le fils de Jacques.
|
(6.5.13)
Notre-Dame 26 decembre 1595: “Jehan filz de Michel Boutevillein
et de Marie Berchemier, les parrains honorables hommes Jacques
Beauvillier recepveur du domaine d’Estampes et Jacques Boutevillein,
la marraine Nicole fille de Marin Jumeline [signé:]
Beauvillier [paraphe] — Boutevillain — Jumeline
[paraphe]”; Saint-Basile 5 octobre 1606: “le parrain honorable
homme Jacques Beauvillier receveur du dommaine d’Estampes,
les marraines damoiselle Marie Paulmier [à corriger
d’après la signature: Marie Ducamel] femme de noble homme
Charles de Craffort nominatifve, dame Helaine Petau femme de noble
Musnier esleu en l’election du dict Estampes, tous de ceste paroisse.
[signé:] J. Beauvillier — Helaine Petau — M. du Camel — Guyton
[paraphe]”. — (6.5.14) AD91 E. 3909
(1623-1624) “la veuve Jacques Beauvilliers”.
(6.5.15) Saint-Basile vendredi 15
octobre 1599: “honorable femme Marye du Camel femme d’honeste
personne Damyen Provensal receveur du domaine du dict Estempes”.
(6.5.16) Saint-Gilles 18 mars 1601: “Le
XVIIIe mars 1601 fut baptisé Marie fille de honnorable
homme maistre Michel Larsonneur controleur du domaine d’Estampes
et de Marie Siron sa femme; le parrin maistre Michel Cousté
procureur au bailliage et prevsoté d’Estampes, les marennes
Guillemette Chaulde femme de Esmery Ciron et Marie Ducamel femme
de [rayé: Jacques Provensal] Damien Provensal, environ cinq
heures après mydy. [signé:] Gamoys [paraphe] — M. Couté
[paraphe]”; 6 février 1602: “maistre Michel Larsonneur
nottaire royial à Estampes”; 19 novembre 1603: “fut baptisé
Michel filz de maistre Michel Larsonneur nottaire et de Marie Cyron;
les parrains celluy qui a nommé Damien Hillayt sergent royal
au bailliage et prevoste d’Estampes et Pierre Larsonneur nottaire
royalen la prevosté d’Estampes, la marenne Michelle Imbault
veufve de deffunct Mathurin Cyron, environ cinq heures après
mydy”; 6 juillet 1604: “maistre Michel Arsonneur nottaire royal à
Estampes et controleur du domaine du dicts Estampes”; Saint-Martin
13 ami 1606, selon Forteau, Bulletin
de la Société historique et archéologique de Corbeil,
d’Étampes et du Hurepoix 18 (1912), p. 12: “Michel Larsonneur,
notaire royal, contrôleur du domaine”.
(6.5.17) Saint-Gilles 29 mai 1610: baptême
de “Symon filz de Michel Boutevillin recepveur du domayne
d’Estampes et de damoiselle Margueritte Lucas”; Saint-Gilles
9 octobre 1610: “damoyselle Marguerite Lucas femme de honnorable homme
Michel Bouttevilain marchant bourgeoys demourant en la paroisse
de M. Sainct Bazille”; Notre-Dame 29 mars 1612 (baptême de Marguerite
fille de Michel Boutevillain marchant taneur et de Marie Brechemier):
“Marguerite Lucas femme de Michel Boutevillain recepveur du domaine du dict
Estampes et Marguerite Boutevillain femme de François Delisle maistre
chirurgien au dict Estampes de la parroisse Sainct Gilles du dict Estampes”
(le parrain: “Jacques Boutevillain maistre chirurgien à Estampes
de la paroisse Sainct Basille”); 22 novembre 1613: “Damoiselle Margueritte
Lucas femme de noble homme Michel Boutevillain recepveur general du domaine
du dict Estampes”; 13 janvier 1615: “Damoiselle Magdelaine (sic) Lucas femme
de noble homme Michel Boutevillain l’aisné recepveur general du
domaine du dict Estampes”; 15 juillet 1617: “Damoiselle Magdelaine
(sic) Lucas” (la signature est toujours la même, il s’agit bien
de Marguerite).
(6.5.18) AD91 E. 3905.2 (entre 1604 et
1610; cf. Inventaire-Sommaire de la série E,
tome 2, p. 308b): “Jean Beauvilier receveur du domaine d’Estampes”;
E. 3908 (1615): “maistre Jehan Beauvillier receveur du domaine
d’Estampes”; E.3909 (1630-1640): “maistre Jehan Beauvillier
recepveur du domaine d’Estampes”.
|
Je ne prétends pas avoir
épuisé ce que pourraient nous apprendre les
registres paroissiaux, ni surtout les autres sources disponibles, au
sujet des receveurs du domaine d’Étampes, et je donne seulement
ici ce que j’y ai glané au passage, en laissant échapper
probablement de nombreuses autres données intéressantes.
Cette matière en effet sort de mon sujet: mais il serait
dommage qu’elle se perde, au lieu de donner envie à d’autres
de reprendre et de poursuivre ces premières trouvailles.
Rappelons que
Dupieux se plaignait de n’avoir pas trouvé beaucoup
de données concernant personnellement les receveurs
du domaines d’Étampes. La Rapsodie de
Plisson n’avait relevé le nom d’aucun d’entre eux, et
Dupieux lui-même n’en a connu que deux, Esprit Hattes
et Simon Compotier. Nous avons porté ce nombre à
dix et suggéré entre eux des liens et des apparentements
qu’il importerait de préciser par des recherches plus
poussées.
Il est
temps de revenir à notre sujet principal, qui est
la série des procureurs du roi à Étampes,
en l’occurence au successeur de Pierre Legendre, qui fut Nicolas
Guillotin.
|
|
Louise Hattes veuve du procureur
du roi Pierre Legendre, marraine à Notre-Dame le
12 mars 1581
|
7.
Nicolas Guillotin, le premier noble
(…1574-1582…)
Acte de baptême
de Nicolas Guillotin (Notre-Dame, 4 décembre 1546)
Maistre Nicollas Guillotin procureur
du roy d’Estampes (Notre-Dame, 12 novembre 1574)
Du neuviesme du dict moys. Fut baptisé Thomas
filz de Thomas Guestar et Barbe Broussart et les parins maistre
Nicollas Guillotin procureur du roy d’Estampes et Jehan filz
de deffunct Charles Guestart et la marene Jehanne Hacte femme de
François Cheron. (Registre des baptêmes de Notre-Dame
d’Étampes, 9 décembre 1574).
|
7.1. Sur
les origines et le grand-père de Nicolas Guillotin
|
|
Le nom du procureur
Nicolas Guillotin connaît plusieurs variantes orthographiques:
Nicolas Guilleton, alias Nicolle
Guilleton, alias Nicolas Guillotin,
sans compter d’autres fantaisies encore plus étonnantes
telles que Guillautin, Guiotin, voire
Niquolas Guiliautin, etc. Il était
issu lui aussi d’une famille étampoise.
La famille Guillotin,
sans être pléthorique à Étampes,
nous y est bien signalée par certains documents épars.
D’autres sont perdus malheureusement, comme surtout ceux qui
se trouvaient à Orléans avant le funeste bombardement
de 1940. On y conservait un dossier concernant un arrière-fief
dénommé “Guillotin”, que l’Inventaire-Sommaire
de 1878 ne fait que citer sans lui donner de date (1); un autre dossier est heureusement mieux résumé.
Daté
précisément de 1502, il concernait un certain
“Jean Guillotin, pour l’hôtel de la Couronne, actuellement
de l’Homme-Sauvage, rue de la Foulerie” (2). C’est
l’actuelle rue Paul-Doumer, qui se trouvait alors dans le
territoire de la paroisse Saint-Basile (3).
C’est dans cette même auberge qu’en 1526 le cortège qui accompagnait les restes
de la reine Claude régla “à l’oste du Sauvaige,
d’Estampes, pour huict pintes de vin cleret viel, X sols” (4).
Ce Jean Guillotin
est aussi cité en 1512 comme censitaire du fief des
Harengeries, rue du Perray (4). Nous savons
par ailleurs et surtout qu’il fut l’un des quatre échevins
de la ville de 1512 à 1514 (5);
il est aussi cité comme tel par une pièce de procédure
de 1515 (6), qui le qualifie aussi “Jehan Guillotin bourgois dudict Estampes”
(7). Il semble de fait avoir été encore
échevin en 1517 (8).
Le père
de Nicolas Guillotin est un personnage qui a laissé
moins de traces. Rappelons que malheureusement
le registre des baptêmes de Saint-Gilles ne commence qu’en
1581. Je l’ai repéré cependant
dans le registre des baptêmes de Notre-Dame, malgré une graphie
particulièrement bâclée mais récurrente dans le
registre du G initial.
|
(7.1.1) AD45 A.
1172 (registre de copies de titres allant de 1380 à 1630), cf. Inventaire
de la série A, 1878, p. 265.
(7.1.2) AD45 A. 1226,
“copies de titres relatifs aux cens et rentes perçus
sur des maisons sises dans la ville d’Étampes”, document
aujourd’hui détruit, d’après l’Inventaire-Sommaire
de 1878, p. 276b: “Jean Guillotin, pour l’hôtel de la
Couronne, actuellement de l’Homme-Sauvage (1502), rue de la
Foulerie”. — (7.1.3) BNF, K. 83, n°18 (“Despence de madame
de la Trémoille et aultres dames et damoiselles qui ont
accompaigné et conduict le corps de la feue royne Claude,
que Dieu absoille, depuis Bloys jusques à Sainct-Denys en
France”; extrait édité par Bigot de Fouchères,
Tablettes historiques d’Étampes, Étampes,
Auguste Allien, 1876, p. 97). Léon Marquis,
Les rues d’Étampes, 1881, p. 101,
l’identifie à l’auberge du Sauvage qui existait encore au
faubourg Saint-Martin, rue des Belles-Croix en 1842. On voit ici
qu’il avait tort (Ce n’en est pas d’ailleurs le seul exemple, car
il suppose trop facilement, d’une manière générale,
que les enseignes des siècles passés étaient
locailsées aux mêmes endroits qu’au XIXe siècle).
De l’autre côté d’Étampes, rue Évezard,
a existé aussi une auberge du Sauvage qui fit même
appeler un temps sa rue du Sauvage (Marquis, p. 183). Selon Gatineau,
Étampes en lieux et places, 2003, p.
63, le nom de Grand Sauvage (par opposition sans doute à
l’autre auberge du Sauvage) serait aussi attesté en 1702 (AD91
1J 23). Ce qui est troublant, c’est qu’on a appelé aussi la
porte Evezard, en 1776, porte de la Couronne (Gatineau, p. 42, alléguant
AD 136J 16): mais c’est sans doute un coïncidence, tous ces
noms d’auberge étant stéréotypé et
ayant pu être repris par différents établissements
à différentes époques. — (7.1.4) Archives municipales d’Étampes
AA 1, f°14r° (édition Gineste n°75): “Jean
Guillotin ou nom et comme procureur de Cancian Tartarin, pour
ung arpent de pré assis en la prairie d’Estampes, tenant
d’une part à la riviere, d’autre part à Jehan Da[illisible]
et au dict Cancian, aboutissant d’un bout et d’autre auxdits
[nom effacé]. — V solz parisis. — Faict le mercredi IXe jour
de mars mil Vc et XII ès presences de [illisible] Garsonner
et Pierre Dufour. — Jehan Hacte ou nom et comme procureur de Nicolas
Amelot pour la moictié d’un jardin et pré qui fut
feu maistre Jehan Guy, tenant d’une part à Jehan Guy bonnetier
et d’autre part à maistre Jehan de Villecte, aboutissant
d’un bout à la Filliere, d’autre bout aux Murs Neufz. — XII
d. p. — Fait ès presences de Jehan Guillotin et Jehan Massue
les an et jour dessus dictz”. — (7.1.5) Rapsodie,
édition Forteau, pp. 112. — (7.1.6) Archives municipales d’Étampes,
AA 227, f°29v°. — (7.1.7) Ibid.,
f°46r°. — (7.1.8) Maxime de Montrond, Essais historiques
sur la ville d’Etampes, Étampes, Fortin, 1836-1837,
tome 2, p. 231, donne une liste d’édiles d’après
ce qu’il a pu trouver, de son temps “dans les registres de l’Hôtel
de Ville” et notamment ceci: “1517. Jean Guillotin”.
|
7.2. Sur
les parents de Nicolas Guillotin
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Voici ce que nous lisons au registre
de Notre-Dame le 3 décembre 1546: “Le dict jour fut baptisé
Nicolas filz de deffunct Nicolas Guillotin et de Gabrielle sa
femme; les parrins Jehan Hue et Michel Sainsart, la marrine
Marie Cheron”.
Il s’agit ici de la
naissance de notre futur procureur, et que nous ayons là
l’explication du curieux silence de nos sources sur son père:
c’est qu’il serait jeune mort très peu de temps après
son mariage avec une certaine Gabrielle, avant même la naissance
de son fils. Deux faits confirment cette identification.
D’une part on trouve à
la même époque dans la même paroisse une “Perrine Guillotin” alias “Perrine Guillotin femme
de Jacques Paulmier” (1), qui était
certainement fille de Jean Guillotin: on la retrouve ensuite
en effet censitaire à son tour du fief des Harengeois
(2).
D’autre part et surtout
les parrains de cet enfant appartiennent tous deux à
des familles d’échevins, comme celle des Guillotin.
Jean Hue descend de toute apparence d’un Jean Hue échevin
en 1504 (3);
il est sans doute le fils de Ferry Hue échevin en 1556 (4) et 1558
(5); lui-même surtout, cité
simple bourgeois en 1556 (6), sera échevin en
1562 (7). Quant au second parrain, Michel Sainsard,
également présent en temps que simple bourgeois
(8), il sera lui aussi échevin en
1562 (9).
Il apparaît donc
que Nicolas I Guillotin, père de Nicolas II, était
prédestiné à être échevin mais
qu’il mourut jeune en 1546 avant même la naissance de son
fils aîné Nicolas II, notre procureur.
|
(7.2.1) Notre-Dame
les 18 octobre 1545 et 5 mai 1546. — (7.2.2) AD91 E. 3855 (de 1493 à 1648): “Perrine
Guillotin, veuve de Jacques Paulmier, tanneur; Claude Paulmier,
tanneur”; rappelons que la famille Paulmier est elle-même
très proche de la famille Hattes.
(7.1.3) Montrond,
Essais, tome 2, p. 231. — (7.1.4) Coustumes des bailliage et prevosté
d’Estampes, Paris, Jean Dallier, 1557, f°39v°:
honorables hommes Ferry Alleaume Maire, ledit de Lambon, Girault,
Hacte [lisez Girault Hacte], Ferry, Hue [lisez Ferry Hue], &
Simon de la Luccaziers [lisez: de la Lucasière], Eschevins
de la ville d’Estampes.— (7.1.5) Montrond, Essais,
tome 2, p. 232. —
(7.1.6) Coustumes,
1557, f°40r°. — (7.1.7) Clément
Wingler, Hôtel de Ville et Institution municipale
1150-1850, Étampes, Archives Municipales,
2002, p. 36. — (7.1.8) Coustumes, 1557,
f°40r°: “Michel Sinxart” — (7.1.9) Wingler,
ibid..
|
Nicolas II, orphelin dès
sa naissance, grandit donc dans le milieu et sous la protection
des familles qui à Étampes se partageaient le pouvoir
municipal. En juillet 1552, agé de sept ans, il est parrain à
Notre-Dame (10).
Il fit vraisemblablement ses études au
collège, et les poursuivit à Paris, puisque, la première
fois que nous réentendons parler de lui, apparemment en
1573, il est qualifié “avocat en Parlement”,
ce qui constituait en ce temps-là, plutôt qu’une charge
à proprement parler, un titre universitaire,
que pouvait seul arborer un étudiant
liencié ès lois qui, au terme de ses études,
avait prêté serment à
Paris (11).
|
(7.2.10) Notre-Dame
le 23 juillet 1552: “Le dernier jour du dit moys fut baptisé Katherine
fille de Jehan Bruslart et de Barbe sa femme. Le parrin Nicolas Guillotin,
les marrines Cancianne Aupert et Katherine Sainsart”.
(7.2.11) AD45 A. 1222, d’après
l’Inventaire-Sommaire de 1878, p. 275b: “Offres de foi
de Nicolas Guillotin, avocat au Parlement”.
|
7.3. Nicolas
Guillotin procureur du roi
|
|
Le premier
auteur à signaler qu’un “Nicolas Guillotin” avait été
procureur du roi à Étampes fut Charles Forteau
qui l’avait trouvé mentionné comme tel en l’année
1575 (1); Dupieux de son côté
l’avait trouvé mentionné dans un document orléanais aujourd’hui perdu,
et qui aurait porté selon lui la date du 3 juillet 1578 pour
la nomination de ce procureur du roi, date problématique
qui doit constituer une erreur (2).
En fait les registres
paroissiaux étampois signalent bien notre homme comme
procureur du roi à Étampes dès novembre
1574 et sans interruption jusqu’en octobre 1583 (3). Il est donc clair que Dupieux s’est trompé,
dans la note de bas de page où il porte cette date de
1578. La source
disparue à laquelle il renvoie, d’une manière
malheureusement bien elliptique, était, selon l’Inventaire-Sommaire
un ensemble de liasses contenant surtout des “offres de foi”, dont celle, non datée par l’Inventaire,
de “Nicolas Guilleton, avocat au Parlement”
(4). Il s’agissait donc sans doute, vu le
résumé qu’en donne Dupieux de son côté,
d’une offre de foi de Guillotin à l’occasion de sa nomination
comme procureur du roi. Mais la date en est évidemment erronnée,
et doit être corrigée en 1573. Dupieux n’est pas exempt
de ce genre d’erreur (5).
C’est donc très probablement le 3 juillet 1573,
et non 1578, que Nicolas Guillotin, âgé de 27 ans,
rendit hommage au roi à l’occasion de sa nomination comme
procureur du roi. Cette nomination marque une
rupture dans la transmission héréditaire de la charge,
due sans doute au fait que Pierre Legendre n’avait pas laissé
d’héritier en âge de lui succéder, son fils
cadet Sébastien n’ayant que huit ans en 1573, et son fils
aîné Pierre ne devant être plus guère
âgé.
En 1574, c’est certainement
sur la réquisition de Nicolas Guillotin qu’est opérée
une saisie féodale du fief de Dommerville à l’encontre
de Charles de La Villeneuve (6), sans doute pour retard
d’hommage, car nous le voyons toujours “seigneur de Dommerville” en mars 1578 (7).
Le 12 novembre
1574 se porte parrain à Notre-Dame d’Étampes
“maistre Nicollas Guillotin procureur du roy d’Estampes”, et
à nouveau le 9 décembre de la même année;
par un fait remarquable, la marraine est alors “Jehanne Hacte femme
de François Cheron”, belle-sœur de son prédécesseur
Pierre Legendre, et fille de leur prédécesseur
Esprit Hattes. Les registres nous le montre parrain à
onze reprises de 1574 à 1583 (2).
Le 21 octobre 1576, le roi accorde à
son procureur à Étampes une somme annuelle de
80 livres sur le revenu des défauts et amendes
(8). On peut s’étonner d’une telle générosité
royale à une époque où les caisses de l’État
sont vides. Mais il faut se représenter que cette mesure
ne lui coûte rien. En effet il vient de donner Étampes
au comte protestant Jean Casimir du Palatinat, le 24 mai pour acheter
son départ de France, et les émoluements des officiers
du bailliage sont prélevés sur les revenus du comté
(9); augmenter ses officiers, c’est
donc à la fois diminuer les ressources de cet inquiétant
personnage et s’assurer la fidélité de ses agents locaux
dans cette période difficile. D’ailleurs l’administration
du territoire est alors tellement perturbée, et les revenus du
duché d’Étampes tellement aléatoires et diminués,
que Jean Casimir en viendra à y renoncer de lui-même
le 17 janvier 1579.
Le 6 novembre 1576 nous voyons pour
la première fois Nicolas Guillotin qualifié
“noble homme”, alors qu’il se porte
parrain à Notre-Dame. Ce titre lui est ensuite régulièrement
accordé, comme après lui à ses successeurs (10). Nous
y reviendrons.
Le 10 septembre 1577 nous trouvons pour
la première fois mentionnée à Saint-Basile
“damoyselle Ythiere Lucas femme de maistre Nicollas Guilleton
procureur du roy au dict bailliage” Elle citée cinq
fois comme son épouse de 1577 à 1581, puis au
moins trois fois comme sa veuve de 1596 à 1603
(11). Nous parlerons plus loin particulièrement de cette
noble épouse et de la famille de procureurs du roi dourdannais
dont elle était issue.
En 1579 eut lieu une Évaluation
du duché d’Étampes et du comté de Senlis qui
venaient d’être engagés à Catherine de Lorraine,
dame de Montpensier (12), évaluation à laquelle
notre procureur prit part pour ce qui concernait le duché d’Étampes,
comme avant lui Guillaume Ducamel pour l’évaluation
de 1543. Le 17 janvier 1579 le roi commanda
à ses gens de la Chambre des comptes d’y procéder en
s’associant ses lieutenants et procureurs des dits lieux (13).
A cette occasion nous voyons que “les gages ordinaires
du procureur s’élevaient à trente livre tournois.
Cette somme s’ajoutait en fait à une pension ancienne
du même montant, et à une autre somme de 80 livres,
que le roi avait déjà récemment accordée
au procureur, le 21 octobre 1576” (14).
Le lundi 22 février 1580, Nicolas Guillotin assiste
à la rédaction de la coutume de la prévôté
et vicomté de Paris, en la grande salle de l’évêché
de Paris. Il est là pour y protester que c’est sans
fondement qu’ont été convoqués en cette
occasion les représentants de localités frontalières
relevant selon lui du bailliage d’Étampes.
“Et par maistre
Nicolas Guillotin, substitut du procureur general du Roy à
Estampes, a esté remonstré, que les manans
& habitans de la chastellenie de la Ferté Aleps,
ont esté appellez, combien qu’ils ne soient de la prevosté
& vicomte de Paris, & que lors que le défunt Roy
François, premier de ce nom, érigea la comté
d’Estampes en Duché, par ses lettres patentes vérifiées
en la cour de Parlement, & chambre des Comptes, pour embellissement
& augmentation dudit Duché, il y a annexé &
comprins les chastellenies de Dourdan, & la Ferté Aleps.
Tellement que faisant ladite chastellenie de la Ferté Aleps,
part et portion du duché d’Estampes, il est bien plus raisonnable
qu’ils soient regis & gouvernez sous les coustumes d’Estampes
que de Paris.
|
(7.3.1) En note
à son édition de la Rapsodie de Pierre
Plisson (Annales du Gâtinais 1909, p. 248, note
4); sa source doit être comme d’habitude un registre paroissial,
mais lequel? — (7.3.2) Institutions, p. 85, note 6. On
voit mal l’occasion d’une telle confirmation. Le comté,
donné par Henri III au prince Jean Casimir le 24 mai 1576,
avait été rendu par ce dernier au roi dès
le 8 mars 1577; il fut ensuite engagé à la duchesse
de Montpensier le 17 janvier 1579.
(7.3.3) Notre-Dame 12 novembre 1574: “maistre
Nicollas Guillotin procureur du roy d’Estampes”; 9 décembre:
“maistre Nicollas Guillotin procureur du roy à Estampes”;
11 février 1575: “maistre Nicollas Guillotin procureur
du roy au dict Estampes”; 16 mars 1576: “maistre Nicolle Guilleton
procureur du roy au dict Estampes”; 24 avril 1577: “noble homme maistre
Nicolas Guilleton procureur du roy au bailliage et duché
d’Estampes”; 1er avril 1577: “maistre Nicolle Guilleton procureur
du roy à Estampes”; 24 avril 1577: “noble homme maistre Nicolas
Guilleton procureur du roy au bailliage et duché d’Estampes”;
1er avril 1577: “maistre Nicolle Guilleton procureur du roy à
Estampes”; Saint-Martin 20 janvier 1582: “Nicolas Guillotin procureur
du roy” (Charles Forteau, La paroisse
de Saint-Martin d’Étampes, Étampes, Libraire
historique, 1912, p. 33); Notre-Dame 4 octobre 1583: “honnorable
homme maistre Nicolas Guillotin procureur du roy au bailliage d’Estampes”.
— (7.3.4) AD45 A. 1222, d’après l’Inventaire-Sommaire
de 1878, p. 275b: “Offres de foi de Nicolas Guillotin, avocat
au Parlement”; Dupieux, Institutions, p. 85, note 6:
“Nicolas Guillotin est nommé procureur du roi le 3 juillet
1578. Arch. Loiret, A 1222, liasse 1re, pièce 5e”. — (7.3.5) Par exemple il date la première mention
d’Esprit Hattes comme receveur de 1543 à la page 87,
et plus justement de 1549 à la page 200, en accord avec
le témoignage de l’Inventaire-Sommaire, p. 268b;
on constate aussi çà et là des erreurs de
cotes archivistiques, nul n’étant parfait.
(7.3.6) AD45 A. 1206, d’après l’Inventaire-Sommaire
de la série A, tome 1, 1878, p. 272b: “1529-1743.
— Paroisse de Domarville. — Domarville: — ordonnance de réception
d’aveu; — saisie féodale (1574) sur Charles de Villeneuve; — déclaration
de 1574; — renonciation à la garde noble des mineurs de La Villeneuve
(1583); réquisition de souffrance pour les mêmes mineurs; —
offres de foi de Charles de Languedoue à la reine de Navarre, duchesse
d’Étampes; — vente par Noël Duret, au sieur de Languedoue, d’une
petite grange; — états du fief et mémoires; — saisie féodale
(1602) des fiefs de Domarville et l’Aleu; — nouvelle saisie (1618),
à la requête de madame de Boiville; —etc.” — (7.3.7) Charles Forteau, Annales du Gâtinais
17 (1899), p. 269, l’a trouvé parrain à Angerville,
“seigneur de Dommerville”. D’après l’Inventaire-Sommaire
il ne paraît être vers qu’en 1583, voire 1582.
(7.3.8) Archives
nationales, Q1.1515.1, f°11, cité par Dupieux,
Institutions, p. 85.
(7.3.9) Cela n’est pas précisé dans
les termes de la donation de 1576 (Fleureau, Antiquitez,
pp. 243-244), mais l’était expressément dans celui des
donations précédentes, qui faisaient évidemment
jurisprudence, tant celle de 1526 à Jean de la Barre (Antiquitez,
p. 222: “en payant & acquittant par luy les fiefs, & aumônes,
gaiges d’Officiers, & autres charges ordinaires estant par icelluy
Comté, ainsi qu’il appartiendra”) que celle de 1534 à
Jean de Penthièvre (Antiquitez, p. 225: “Les gaiges d’Officiers,
fiefs & aumônes, & autres charges ordinaires, & anciennes,
estant sur ledit Comté, & grenier, terre, & Seigneurie
d’Estampes, toutefois, préalablement payées, & acquittées”);
cette condition n’avait pas non plus été explicitement
reformulée en 1543 ni 1562 (Antiquitez, pp. 229-230 et
231-232).
(7.3.10) Notre-Dame 24 avril 1577: “noble
homme maistre Nicolas Guilleton procureur du roy au bailliage
et duché d’Estampes”; Saint-Gilles 1er mai 1587: “noble
homme Nicolas Brejoneau procureur du roy au bailliage et prevosté
et marechaussé d’Estampes”; Saint-Basile 8 janvier 1593: “noble
homme maistre Simon Egal procureur du roy pour le roy au bailliage
d’Estampes”.
(7.3.11) Saint-Basile 10 septembre 1577:
“damoyselle Ythiere Lucas femme de maistre Nicollas Guilleton
procureur du roy au dict bailliage”; 15 octobre: “noble demoyselle
Ythiere Lucas”; le 7 janvier 1578: “damoyselle Ithiere Lucas
femme de Nicollas Guillotin procureur du roy à Estampes”; Notre-Dame
24 octobre 1579: “la femme de maistre Nicolas Guilleton procureur
du roy à Estampes”; Saint-Gilles 9 novembre 1581: “damoysele
Ytiere Lucas femme de honorable Nicollas Guillotin procureur au baliage
(sic)”; Saint-Gilles 8 mai 1596: “demoyselle Ytiere Lucas vefve de
deffunct noble homme maistre Nicolas Guilleton procureur du roy au
dict bailliage d’Estampes”; Notre-Dame 7 mars 1599: “damoyselle Ytiere
Lucas fame de deffunct noble homme mestre Nicolas Guillotin en son
vivant procureur du roy au bailliage d’Estampes”; Saint-Basile 3 février 1603: “Ythiere Lucas
veufve de feu noble homme maistre Niquolas Guiliautin vivant procureur
du roy au baillage d’Estampes”.
(7.3.12) On en a une excellente copie manuscrite
du XIXe siècle aux archives municipales d’Étampes,
AA 3: “Evaluation du duché d’Étampes et Comté
de Senlis, engagés à dame Catherine de Lorraine, dame
de Montpensier, 1579” (16 p.). L’original est aux Archives nationales,
Q1. 1515.1. — (7.3.13) AN Q1. 1515.1. f°2v° = Étampes
AA 3,: “en vostre presence et de nos lieutenant et procureur des
lieux” — (7.3.14) Résumé de Dupieux, Institutions,
pp. 84-85. Voici le texte: “Au procureur du roy pour ses
gaiges: XXIIII l. p. — A luy pour sa pension antienne: XXIIII l.
p. — Audit procureur du roy la somme de quatre vingtz livres tournois
par forme de pension à luy accordée par lettres patentes
du roy en date du XXIème jour d’octobre mil Vc soixante-seize
veriffiées en la chambre et par le trésorier de la charge
les XXVIIème mars et IIIe juillet Vc LXXVII à prendre
sur les deniers qui proviendront des deffaultz et amendes qui seront
adjugées ès sièges du bailliage et prévosté
d’Estampes. Pour ce cy: LXIIII l. p.” (AN Q1. 1515.1. f°11r°
= Étampes AA 3, f°6v°).
|
“Et quant aux seigneuries de Veres, Villiers & d’Huison,
a soustenu qu’elles sont assises dedans ledit bailliage d’Estampes,
à deux lieues près dudict Estampes. Lesquelles
seigneuries ont appartenu anciennement au seigneur de Foix,
& ont esté unies avec le comté d’Estampes, au
temps que les seigneurs de Foix en estoient propriétaires.
Et depuis ont les officiers dudit Estampes, comme bailly, prevost
& procureur, & pareillement le receveur du domaine dudit
Estampes, fait & exercé leurs estats & offices sur
le domaine & seigneuries desdits lieux. Et ce par le temps &
espace de soixante ans, & jusques à ce que le president
de Selve ait acquis les seigneuries de Villiers & d’Huisson, &
un appellé de Hacqueville la seigneurie dudit Veres, lesquels ont
changé les officiers, mais n’ont pas immué la coustume:
Et ont les appellations dudit Veres longuement depuis ressorti par-devant
le bailly d’Estampes, & usé des mesmes coustumes que ceux
d’Estampes.
“Et au regard de Bouville,
& Farcheville, dit que lesdits lieux sont près
les portes d’Estampes enclavez de toutes parts, au dedans dudit
bailliage, se sont voulu les seigneurs exempter du ressort dudit
bailliage, lors qu’Estampes estoit hors de la couronne de France,
mais leurs tiltres y résistent. Et aussi se font tousjours
les seigneurs desdits lieux pourveus par-devant le bailly d’Estampes,
és cas dont la premiere cognoissance appartient aux juges
Royaux.
“A ces causes soustient, que lesdits
lieux & habitans d’iceux n’ont peu ne deu estre appellez
à la reformation des coustumes de Paris, & qu’ils doivent
estre gouvernez selon les coustumes d’Estampes.
“Et par ledit Marion, pour ledit
procureur general de Monsieur, seigneur de la Ferté
Aleps, a esté soustenu, que c’est un bailliage à
part; ne recognoissant aucunement en ressort, ny en coustume la prevosté
de Paris, ny le bailliage d’Estampes; protestant que leur evocation
en celle assemblée, ny la remonstrance des officiers d’Estampes
puissent préjudicier aux droits de Monsieur.”
(15)
|
(7.3.15) Charles
A. Bourdot de Richebourg, Nouveau coutumier général:
ou corps des coutumes générales et particulières
de France, et des provinces connues sous le nom des Gaules.
Tome 1, Paris, Brunet, 1724, p. 72. Source inconnue de Dupieux,
à ce qu’il semble.
|
On aura remarqué
que dans ce texte, dû à des parlementaires parisiens,
comme dans le suivant, Guillotin n’est pas qualifié proprement
de procureur du roi à Étampes, mais de
substitut du procureur général du roi
à Étampes, comme avant lui Esprit Ducamel en
1556. Nous renvoyons à ce que nous en avons déjà
écrit (§ 4.2).
Le lundi
11 avril 1583, nous le trouvons à Orléans,
à l’occasion de la rédaction de la coutume des duché,
bailliage et prévôté d’Orléans. Il
s’oppose à nouveau, cette fois de concert avec le maire d’Étampes
Étienne Poignard (16), à
ce que soient soustraites du bailliage d’Étampes et annexées
à celui d’Orléans certaines localités frontalières
et litigieuses.
|
(7.3.16) Nous
verrons que ce maire, qui dirigea aussi l’Élection
d’Étampes en 1588, donnera sa fille Françoise
en mariage au successeur de Guillotin, Nicolas Berjonneau.
|
“Par M.
Nicolas Guillotin, Procureur du Roy à Estampes, &
Estienne Poignard, Maire de ladite ville, pour les habitans d’icelle,
a esté remonstré que les habitans d’Arbouville,
Boisseaux, Angerville, Guillerval, Merouville, Sonchamp, Sainville,
Authon, le Plessis et Ezarville, ont esté appeliez à
cette présente reformation, combien qu’ils soient notoirement
du Bailliage d’Estampes, enclavez de toutes parts au dedans d’icelui;
et ne furent onques les habitans susdits appellez à la redaction
ancienne de la coustume d’Orléans, s’estans tousjours gouvernez
selon la coustume d’Estampes, requerans que les assignations et
comparutions, si aucunes y a, soient rayées du roolle: Protestant
que tout ce qui sera fait en cette presente reformation ne puisse
nuire ne prejudicier au Roy, & à son duché d’Estampes.
“Par ledit
Chenu pour le procureur du Roy, a esté protesté
au contraire, & que les declarations et remonstrances
desdits Substitut du procureur du Roy d’Estampes, & Maire
de ladite ville, & généralement que toutes les
remonstrances ci-dessus faites ne puissent prejudicier aux droits
du Roy, ressort, & jurisdiction dudit bailliage, et à
chacune d’icelles pouvoir respondre particulièrement en temps
& lieu, & quand il appartiendra.” (17)
|
(7.3.17) Charles
A. Bourdot de Richebourg, Nouveau coutumier général:
ou corps des coutumes générales et particulières
de France, et des provinces connues sous le nom des Gaules.
Tome 1, Paris, Brunet, 1724, p. 816.
|
Cette même année 1583 c’est certainement
à notre procureur du roi que fut adressée une réquisition
de souffrance en faveur des héritiers mineurs de
Charles de La Villeneuve, seigneur de Dommerville (18).
|
(7.3.18) AD45
A. 1206, d’après l’Inventaire-Sommaire de la série
A, tome 1, 1878, p. 272b, texte cité ci-dessus, note
(7.3.6).
|
Bien que son décès
ne soit pas mentionné explicitement avant 1596, Nicolas
Guillotin paraît être mort avant le 1er mai 1587,
première mention connue à ce jour de son successeur
Nicolas Berjonneau.
|
|
7.4. Sur
un annoblissement des procureurs du roi à
Étampes en 1576
|
|
Nous avons
vu qu’à partir de 1576, Nicolas Guillotin commence d’être
qualifié “noble homme”,
titre que n’avait porté aucun de ces prédécesseurs,
et qu’en revanche porteront aussi ses successeurs Nicolas Berjonneau,
Simon Égal et Isaac Blanchard.
Voici les faits: du 12 novembre 1574 au 16 mars 1576 il est mentionné sans
titre de noblesse; à partir du 24 avril 1577 il est assez régulièrement
qualifié “noble homme”.
Il est deux explications
possibles à cette promotion. La première est
que ce titre de noblesse lui serait venu de son mariage avec demoiselle
Ithière Lucas, qui, comme nous allons le voir ensuite, descendait
du fameux Eudes de Chalo. Comme on le sait, les descendants de ce
fiscalin du roi Philippe Ier, maire, c’est-à-dire régisseur,
de Chalo-Saint-Mars, prétendait alors à une noblesse
très particulière qui se transmettait par les femmes,
et même par les épouses. Cette prétention exorbitante
et disons même tout à fait extravagante, si on veut bien lire le texte sur lequel ils fondaient
cette prétention, ne leur était pas encore contestée.
En faveur de cette
explication, on notera que précisément, dans
ce qui nous est conservé des registres paroissiaux étampois,
Ithière Lucas n’est citée comme l’épouse
de Guillotin qu’à partir de cette époque: c’est
le 10 septembre 1577 que se porte marraine
à Saint-Basile pour la première fois, sauf erreur, “damoyselle
Ythiere Lucas femme de maistre Nicollas Guilleton procureur du
roy au dict bailliage”.
Par ailleurs, ce que
nous savons de leurs deux enfants (dont nous parlerons ensuite)
n’est pas incompatible avec un mariage datant de 1576. Nicolas
II est parrain en 1589: il aurait eu alors une douzaine d’année;
et Catherine est marraine à partir de 1592: elle pouvait très
bien alors être âgée d’une quinzaine d’années.
Cependant il est bien difficile avec cela d’expliquer
pourquoi et comment les successeurs de Nicolas Berjonneau et
surtout Simon Égal portèrent eux aussi ce titre
de “noble homme”. On peut en
effet imaginer, comme il en est des indices, que Nicolas Berjonneau
était le fils d’un échevin de la ville de Cognac,
dont les officiers municipaux étaient nobles depuis 1471;
mais Simon Égal, ainsi que nous le verrons, était
le fils d’un simple bourgeois d’Étampes, qui fut bien receveur
des deniers communs de la ville, mais ne fut pour autant jamais lui-même
qualifié de noble.
Le soudaine noblesse des procureurs du roi à Étampes
découle donc presque certainement d’un édit assez
célèbre que Henri III rendit à Paris
en juin 1576.
Les finances du royaume
sont alors à sec. Le mois précédent,
le roi pour acheter le retrait dans ses États du Palatinat
du prince protestant Jean Casimir, n’a pas trouvé d’autre
expédient que de lui donner le duché d’Étampes.
Aussi le roi crée-t-il
alors, moyennant finances, mille nobles d’un coup, par cet
édit de juin 1576, suivi par des déclarations
des 20 janvier et 10 septembre 1577 (1),
édit où il exposait clairement la nécessité
où il trouvait de trouver de l’argent pour acheter le départ
des troupes étrangères (2).
Plusieurs auteurs
citent des cas où l’on dut forcer la main des intéressés,
à qui l’on extorquait pour cela jusqu’à mille
écus (3), dans toutes les généralités
du royaume, et spécialement dans celle de Paris qui
comprenait Étampes. Dans cette circonstance,
les procureurs du roi des différents bailliages étaient
des candidats tout désignés pour se porter volontaires,
de gré ou de force.
Quoique je n’ai pas
trouvé pour l’instant de preuve absolument décisive
en faveur de cette hypothèse sur l’origine de l’anoblissement
des procureurs du roi à Étampes, il faut tout
de même relever un parallèle troublant au moins
en Lorraine, où nous voyons bien un certain Mengin Warnot, tabellion
et substitut du procureur général à Prény,
anobli précisément en 1576 (4).
|
(7.4.1) Gilles-André de la Roque, Traité de
la noblesse, Paris, Estienne Michallet, 1678, p. 68: “Henry III. en créa mille par
l’Edit donné à Paris en Juin 1576. & par des
Déclarations données à Blois le 20. Janvier,
& à Poitiers le 10. Septembre”; L.-N.-H. Chérin, Dictionnaire
héraldique [...]: Suivi de L’Abrégé
chronologique d’édits [...] concernant le fait de la
noblesse, Montrouge, Migne, 1861, colonne 878: “Édit du roi, juin 1576. Anoblissement de plusieurs personnes
dans les généralités de Paris, Rouen,
Caen, Amiens, Châlons, Tours, Bourges, Poitiers, Riom,.Lyon
et Orléans, pour jouir par elles et leurs enfants nés
en loyal mariage, de tous les privilèges dont jouissent
les nobles du royaume; et à la charge par eux de contribuer
au ban et arrière-ban, pour les fiefs qu’ils tiendront,
et de payer les sommes pour lesquelles ils scrdieut taxés
par les commissaires à ce députés” (cf. Armorial de France, registre
1, seconde partie, p. 635). — (7.4.2) Extrait du texte: “Henry... Comme par la longue calamité
des troubles de nostre royaume soit grandement diminué
le nombre de personnes et plusieurs bonnes maisons et familles
yssûes de personnages qui ont suivi les armes et ont fait
service à nos prédécesseurs roys et à
nous; ou d’officiers qui ont tenu les premiers lieux, tant en
nostre justice qu’en nos finances, continuent la même
vocation de leurs pères et ancestres, soient à présent
en possession et jouissance des exceptions et immunitez de noblesse
laquelle, comme la principale force de nostre royaume, nous désirons
augmenter et conserver; estant aussi advertis qu’il y a en cestuy
nostre royaume, un bon nombre de personnes non nobles recommandables
toutes fois de leurs vertus et qualitez, qui auraient à grande
gratification et faveur d’être honorez du titre de noble moyennant
quelque honeste secours en deniers comptans, en l’urgente nécessité
de nos affaires et finances, telles que chacun sait, avons anobly
et anoblissons èz provinces et généralitez
établies à Paris, Rouen, Caen, Amiens, Chaalons, Tours,
Bourges, Poictiers, Ryon, Lyon et Orléans, le nombre de personnes
contenu au roolle et cahier sur ce fait pour jouir par eux et leurs enfanz
nais et à naître, etc., etc à la charge aussi pour
le regard de ceux qui tiennent ou tiendront des fiefs, du service ou
contribution au ban et arrière-ban, comme ceux qui tiennent fiefs
en nostre royaume, y subjects et contribuables et en payant la finance
à laquelle chacun d’eux sera pour une fois seulement taxé
pour ledit anoblissement tous lesquels deniers nous avons affectez au
paiement des sommes promises et accordées aux estrangers par la
dernière pacification des troubles.” (extrait édité
Le Spectateur militaire. Recueil de science, d’art et
d’histoire militaires n°XLII (15 octobre 1846-15 mars 1847), pp.
650-651. — (7.4.3) Un exemple en est célèbre,
celui de Richard Graindorge, marchand de bœufs du
pays d’Auge obligé de payer 1000 écus, donné par La Roque en 1678, repris par l’Encyclopédie,
à l’article
“Noblesse”, et par Ernest
Lavisse, Histoire de France
illustrée depuis les origines jusqu’à la révolution, Paris, Hachette, 1911, tome 7, p. 375. —
(7.4.4) Dom Ambroise Pelletier, Armorial général
de la Lorraine et du Barrois, p. 839.
|
7.5. Sur
son épouse, demoiselle Ithière Lucas |
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Nous avons
vu que les registres baptismaux conservés signalent à
partir de septembre 1577 “damoyselle Ythiere Lucas femme de
maistre Nicollas Guilleton procureur du roy au dict bailliage”,
qui survivra à son défunt mari au moins jusqu’en
1603. Il est intéressant de se demander qui était
cette noble personne.
Le plus ancien membre de cette famille que j’ai trouvé
pour l’instant à Étampes, est un certain Pierre
Lucas, qui tenait en 1500 une maison sise au bout de la rue d’Enfer
et touchant à la porte Saint-Martin, paroisse Saint-Gilles
(1). Il avait épousé une
demoiselle Pétronille Boutet de la lignée de Chalo-Saint-Mars
(2), et par suite avait fait enregistrer le 9 mars 1517,
par un arrêt du Parlement, les privilèges qui en découlaient
pour lui et pour sa descendance (3).
Nous savons par ailleurs,
grâce aux travaux de Joseph Guyot, que le dit Pierre
Lucas, époux de la dite Pétronille, ou Perrine
(qui sont l’un la forme savante et l’autre la forme vernaculaire
du même prénom) est enterré à Dourdan
sous la lampe du chœur de l’église
Saint-Pierre; le reste de sa famille a été enseveli
dans la chapelle dite de la Conception de l’église Saint-Germain
de la même ville, tant ses grands-parents et ses parents
que certains de ses descendants. Son grand-père, qui fit
son testament en 1484, était Léger Lucas, seigneur
de Douaville: il s’agit de Paray-Douaville, actuellement dans la
pointe sud du dépatement des Yvelines; son père était
Guillaume Lucas, élu de Rochefort et
procureur du roi à Dourdan; sa sœur Marie-Anne
Lucas était l’épouse de Balthazar Govin, prévôt
de Corbreuse. On trouve aussi dans cette chapelle la tombe d’une Marie
Lucas femme de Louis David, premier receveur des tailles de Dourdan,
décédée en 1570 (4).
Guyot précise par ailleurs que Pierre Lucas et sa femme Perrine
auraient demeuré vers 1510 dans leur maison “des Châteaupers”, fief situé à
Roinville-sous-Dourdan (5).
A la génération
suivant celle de Pierre Lucas, on trouve mention à
Dourdan, le 13 juin 1538, de “honorable et sage personne maître
Giles Lucas, procureur du roi en tous les sièges royaux
de Dourdan” (6),
et, à Étampes d’un vassal du roi
dénommé Jean Lucas, en 1540 (7).
A l’époque
d’Ithière, où commence le registre de Saint-Gilles,
le nombre des Lucas mentionnés est plus important sans
qu’on puisse malheureusement établir leur généalogie,
ni être certain que tous descendent de Pierre Lucas; mais
on peut remarquer qu’ils marient leurs filles soit à des
marchands soit à des officiers du lieu.
Un Lucas Lucas
mentionné en 1579; un Charles Lucas en 1582;
un François Lucas, marchant d’Étampes, apparemment
de la paroisse Notre-Dame, mentionné au moins de 1582
à 1591, marié à Jeanne Charron, père
au moins d’un Étienne Lucas; un Mathurin Lucas, mentionné
de 1585 à 1601, marchand hôtelier et tonnelier de
la paroisse Notre-Dame, censitaire des dames de Longchamp, et
lui-même père d’au moins quatre garçons, Étienne,
François, Mathurin et Pierre; une Marie Lucas mentionnée
au moins de 1581 à 1588, mariée à Jean Lesage
l’aîné, dont deux enfants sont baptisés à
Saint-Gilles en 1582 et 1584 (8).
Signalons enfin
une une Marguerite Lucas, qui était peut-être
une sœur ou nièce d’Ithière, mentionnée
en 1601 comme épouse du greffier de la prévôté
Simon Simonneau; quelques années plus tard nous la
retrouvons remariée avant 1610 au receveur du domaine
Michel Boutevillain; son fils Simon reçoit pour parrain
le procureur du roi Simon Égal (9).
Notre demoiselle Ithère Lucas descend évidemment
de cette famille d’origine dourdannaise
dont un ancêtre tenait déjà au XVe siècle
la seigneurie de Douaville, et qui jouit depuis 1527 des privilèges
d’exemption fiscale reconnus à tous les descendants avérés
du fameux Eudes de Chalo. Elle était certainement soit
la fille ou la sœur du Gilles Lucas que nous trouvons procureur du
roi à Dourdan en 1583, et descend à coup sûr
du Guillaume Lucas que nous y avons vu également procureur
du roi à la génération précédente.
On se rappellera, dans
un même ordre d’idée que huit ans plus tôt,
en 1568, le procureur du roi Esprit Hattes avait marié
Jeanne Ducamel, fille de son défunt prédécesseur
Esprit Ducamel, dont il était tuteur, à Tristan Lecharron
II fils de Tristan Lecharron I bailli de Dourdan, qui d’ailleurs
fit carrière ensuite à Étampes. Les liens entre
les officiers d’Étampes et ceux de Dourdan étaient
évidemment étroits, et dans chacune de ces villes
on n’hésitait pas à rechercher un parti présentable
dans l’autre, pour éviter toute mésalliance. C’était
d’ailleurs l’usage général de cette époque.
Signature d’Ythière
Lucas (Saint-Basile, 3 février 1603)
|
(7.5.1) Censier de Notre-Dame pour 1500, éd.
Gineste 2010, n°248: “Pierre Lucas demourant en la voulte
de la porte de la Barre à present appellée la
porte Sainct Martin du costé de vers le chastel”. — (7.5.2) Un Guillaume
Boutet est signalé en 1498 par le censier de Longchamp
tenant une pièce de terre au chantier d’Épinant
près du chemin d’Étampes à Boissy-le-Sec
(éd. Gineste 2010, n°166); un Noël Boutet fut à
Étampes “procureur et receveur des deniers communs pour
deux années” du 1er octobre 1502 au 30 septembre 1504 (Rapsodie,
édition Forteau, p. 24); un certain Ferry Boutet est élu
avec Pierre Legendre aux fonctions de gardes de la Franchise
de Chalo le dimanche 2 juin 1624 (Archives nationales, V.4 1498,
fol. 2 r°., cité par Noël Valois, Annuaire
Bulletin de la Société de l’Histoire de France
Un 23/2, 1886, p. 213); cette lignée des Boutet d’Étampes
descendant d’Eudes de Chalo est encore représentée
en 1700, comme le montre un factum rédigé à cette
date par un certain Thibault, Mémoire pour damoiselle Anne Boutet,
veuve de M. Sébastien Bredet,... conseiller au baillage
d’Etampes,... contre Sébastien Bredet, son fils..., conservé
à la BNF. — (7.5.3) Fleureau,
Antiquitez, pp. 81-82: “Il faut dire qu’elles
affranchissoient, & annoblissoient leurs mari; & c’est
en ce sens là, que le Parlement qui est l’organe, & l’interprete
des Volontez de nos Rois, a entendu ce privilege, & l’a confirmé
par ses Arrests rendus en divers temps du 9. Mars 1516 au profit de
Pierre Lucas, & de Petronille Boutet sa femme à cause d’elle:
du premier Avril 1522. au profit de Claude Besnard, & de Marie
Bedeau sa femme, à cause d’elle, & de plusieurs autres en
tres-grand nombre, qui sont dans les Archives de cette franchise”.
Je corrige 1516 en 1517, car Fleureau ne prend jamais garde à
la différence des deux styles. — (7.5.4) Joseph Guyot, Chronique de Dourdan,
1869, pp. 196-197: “Chapelle
de la Conception. — La chapelle que l’on voit dans le bas-côté
sud, avant la sacristie, et qui est aujourd’hui dédiée
au Sacré-Cœur, remonte au XVe siècle. C’est la fondation
et le caveau mortuaire d’une ancienne famille de Dourdan. En 1484,
par testament, Léger Lucas, seigneur de Douaville, et sa
femme fondent une messe par semaine le mercredi,
ordonnent deux tombes être mises devant le
crucifix et donnent une rente de quatorze setiers de blé
à prendre sur le moulin de Malassis, savoir 2 à la
fabrique et 12 au sieur prieur; plus 10 sols aux marguilliers le jour
saint Etienne, à prendre sur terres et maisons des Maillets.
— “Suivant
titres, leur fils, Guillaume Lucas, procureur du roi à
Dourdan, élu de Rochefort, et Marie Hardy, sa femme, ont
fait bâtir la chapelle de la Conception où ils ont
fait inhumer leurs père et mère fondateurs de ladite
messe. Ils y sont inhumés eux-mêmes sous la grande
tombe où sont écrits leurs noms et qualités, avec
leurs armes, conformes à celles de la voûte, de 3 roses
sans queue. [p.197] — “Le fils, Pierre Lucas,
qui acquiert par son mariage avec Périne Boutet le privilège
de Châlo-Saint-Mard, a sa sépulture sous la lampe
du chœur de Saint-Pierre; mais la fille Marie-Anne Lucas, épouse
de Balthazar Gouin, prévôt de Corbreuse, vient avec
toute sa descendance peupler de cercueils le caveau de la nouvelle
chapelle de Saint-Germain. Marie Lucas, femme de Louis David, premier
receveur des tailles de Dourdan, y est enterrée en 1570. Après
elle y descendent: “Geneviève, épouse
d’André Le Roux, receveur des tailles à Dourdan,
mort à Potelet pendant les grandes maladie,
etc.” Voir aussi Bulletin
monumental 38 (1872), p. 622. — (7.5.5) Chronique
de Dourdan, p. 360 (il ne cite pas sa source).— (7.5.6) Il est
témoin d’un contrat cité par Guyot, Chronique
de Dourdan, p. 85. En 1556, lors de la rédaction de
la Coutume de Dourdan, le procureur du roi à Dourda, était
un certain Jean Govin (Charles A. Bourdot
de Richebourg, Nouveau coutumier general. Tome troisième,
Paris, Théodore Legras, 1724, p. 134: “maistre Jehan
Gouyn, procureur du Roy audit bailliage”), plutôt que Gouyn
comme le comprend Guyot. — (7.5.7) Vassal du roi en 1540 à Étampes
pour un fief ou arrière-fief non identifié,
d’après un registre autrefois conservé à
Orléans, AD45 A. 1174 (F. Maupré et Jules Doinel,
Inventaire-Sommaire des archives départementales antérieures
à 1790. Loiret. Archives civiles. Série A. Nos 1
à 1799. Tome premier, Paris, Paul Dupont, 1878, p. 266b).
— (7.5.8) Notre-Dame 26 décembre 1579:
“Lucas Lucas”; — Notre-Dame 26 février 1582: “Charles
Lucas”; — 7 novembre 1582: “Françoys Lucas”; 17 octobre
1583: “Jehanne Charron femme de Françoys Lucas”; 22 août
1587: “François Lucas”; 1er octobre 1588: “Estienne Lucas
filz de François Lucas”; Saint-Basile: “Estienne Lucas
filz de Françoys Lucas marchant d’Estampes”; Notre-Dame 8 janvier
1591: “Françoys Lucas”. — Notre-Dame 17 octobre 1585: baptême
de “Mathurin filz de Mathurin Lucas et de Janne sa femme”; 21 novembre
1588: “Mathurin Lucas”; censier de Longchamp de 1592 (AD91 E. 3905):
“Mathurin Lucas”; Notre-Dame 29 mars 1595: baptême de “Pierre
filz de Mathurin Lucas et de Jehanne sa femme”; Saint-Basile 28
septembre 1597: “P. Mathurin Lucas tonnelier demeurant à Estempes”;
Saint-Basile vendredi 15 septembre 1600: “François Lucas
filz de Mathurin Lucas”; censier de Longchamp pour 1600-1610 (E.
3905*): “Mathurin Lucas, marchand hôtelier- tonnelier”. —
Saint-Gilles 1er novembre 1581: “Marie Lucas”; 29 septembre 1582:
baptême de “Michel filz de Jehan Le Sage et de Marie Lucas”;
21 octobre: “Marie Lucas”; 24 avril 1584: baptême de “Perrine
Lucas fille de Jehan Le Sage et de Marie Lucas”; Notre-Dame: “28
septembre 1586: “Marie Lucas femme de Jehan Lesage”; Saint-Gilles 17
janvier 1588: “Marie Lucas femme de Jehan Lesage l’esné”; 10
mars 1589: “Marie Lucas”. — (7.5.9) Saint-Basile 29 janvier 1601: “Marguerite
Lucas femme de maistre Simon Simoneau greffier de la prevosté”;
29 mai 1610: baptême de “Symon filz de Michel Boutevillin
recepveur du domayne d’Estampes et de damoiselle Margueritte Lucas”
avec pour parrain “noble homme maistre Symon Egal procureur du roy
du roy au dict Estampes”; Saint-Gilles 9 octobre 1610: “damoyselle
Marguerite Lucas femme de honnorable homme Michel Bouttevilain marchant
bourgeoys demourant en la paroisse de M. Sainct Bazille”.
|
7.6. Sur
la descendance de Nicolas Guillotin
|
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Nous avons
vu que la veuve de Nicolas Guillotin se porte marraine à
Saint-Gilles le 8 mai 1596, à Notre-Dame
le 7 mars 1599 et encore à Saint-Basile
le 3 février 1603. Combien d’enfants
lui avait-il laissés?
Sans parler de
trois autres enfants dont le cas est douteux (1), Nicolas Guillotin a eu au moins un fils,
Nicolas III, mentionné comme parrain en 1589, apparemment
mort jeune (2), et surtout une fille, Catherine, fréquemment mentionnée
après la mort de son père. Elle se portera marraine
à neuf reprises, de 1592 à 1605 au moins (3).
Il est instructif
de remarquer qui se porte parrain en même temps que
la veuve, puis que la fille de Nicolas Guillotin.
A Notre-Dame, voici ces parrains et marraines, le
7 mars 1599: “Furent parins noble homme maistre Simon Egal procureur
du roy au bailliage d’Estampes et noble homme Loys Le Vassor
aussi procureur du roy en l’election du dict Estampes,
maraine damoyselle Ytiere Lucas fame de deffunct noble homme
mestre Nicolas Guillotin en son vivant procureur du roy au bailliage
d’Estampes.”
Il en va souvent de même pour sa fille Catherine.
Une fois, le parrain est François Chéron, pour
sa part gendre de l’ancien procureur Esprit Hattes et beau-frère
de son successeur Pierre Legendre; une autre fois, c’est le
procureur du roi en exercice lui-même, Simon Égal;
une autre encore, c’est le lieutenant particulier du bailliage,
Nicolas Cousté ; et la dernière enfin, la fille
de Nicolas Guillotin se porte marraine d’une fille du bailli lui-même,
Jean Camus de Saint-Bonnet.
Il est par là
manifeste, une fois de plus, que la charge de procureur du
roi à Étampes fait accéder la famille
de son détenteur, et ses descendants, à une sorte
de sous-caste nettement déterminée au sein de
la caste des officiers royaux de la ville. |
(7.6.1) Trois jeunes Guillotin sont signalés
à Notre-Dame sans mention de filiation: “Estiennette
Guilotin” (27 décembre 1585); “Madeleine Guilotin”
(28 octobre 1595) et “Pierre Guillotin” (15 mai 1596, avec signature).
— (7.6.2) Saint-Gilles 21 mai 1589: “Nicolas
Guillautin fils de deffunct Nicolas Guillautin procureur du
roy à Estampes”. — (7.6.3) Notre-Dame 10 avril 1592: “Katherine
fille de deffunt Nicollas Guillotin en son vivant procureur du roy
à Estempes” (en même temps que “Françoys
Cheron marchant”); Saint-Gilles 7 janvier 1594: “Catherine Guillotin
fille de deffunct maistre Nicolas Guillotin en son vivant procureur du
roy au bailliage d’Estampes”; Notre-Dame 1er mai 1595: “Katherine Guiotin
fille de deffunct noble personne maistre Nicollas Guiotin procureur
du roy au dict bailliage”; Saint-Basile 13 décembre 1599:
“Chaterine Guillotin fille deffunct noble homme maistre Nicollas
Guyllotin vivant procureur du roy au dict Estampes”; Saint-Martin
lundi 3 janvier 1600: “Catherine, fille de Nicolas Guillotin, vivant
procureur du Roy”; le parrain est alors son deuxième successeur,
“Simon Egal, procureur du Roy” [cité par Charles Forteau, in
Bulletin de la Société historique et
archéologique de Corbeil, d’Etampes et du Hurepoix 19 (1913),
p. 28]; Saint-Basile 27 mars 1600: “Damoiselle Katherine Guillrautin
(sic) fille de [2e main: deffunct] noble homme Nicollas Gilrautin (sic).
[signature: C. Guiletin]”; Notre-Dame 16 mars 1602: “Damoyselle Chatherine
Guillotin fille de deffunct noble homme Guillotin en son vivant procureur
au bailliage et prevosté d’Estampes”; Saint-Basile vendredi
2 septembre 1605: “Damoyselle Catherine Guillotin fille de noble homme
Nicollas Guyllotin vivant procureur pour le roy au balliage et prevosté
du dict Estampes”.
|
Il est temps
de parler maintenant du seul de ces procureurs qui n’ait pas
été lui-même étampois, et qui surtout
n’ait pas fait souche à Étampes, Berjonneau,
dont la brève carrière marque une nette parenthèse
dans la série des procureurs du roi étampois
du XVIe siècle.
|
|
Demoiselle Itière Lucas
vefve de de deffunct noble homme maistre Nicolas Guillotin
procureur du roy au dict bailliage d’Estampes (Saint-Gilles,
1596)
|
8.
Nicolas Berjonneau, le poète supplicié
(…1587-1589…)
Avec un petit excursus sur les procureurs du roi en
l’élection d’Étampes
Signature de Berjonneau (Saint-Basile,
9 mars 1589)
|
|
Signature de Berjonneau (Saint-Basile,
5 avril 1589)
|
Le bon roi Henri IV, qui fit pendre Berjonneau
le 23 juin 1589
8.1.
Origine cognaçaise de Nicolas Berjonneau
|
|
Ce procureur
a été négligé par Dupieux, bien
qu’il ait déjà été signalé Pierre
Plisson dans sa Rapsodie: “1588. Nicolas Bergeonneau”
(1). Le personnage ne manque pourtant
pas d’intérêt: ses débuts furent aussi poétiques
que sa mort fut dramatique, car il fut pendu sur ordre du roi,
dans des circonstances rocambolesques qui ne semblent pas jusqu’ici
avoir été portées à la connaissance des
Étampois.
|
(8.1.1) Édition
Forteau, Annales du Gâtinais 23 (1909), p.
248.
|
Le patronyme
Berjonneau, formé sur un mot caractéristique
de la langue d’oïl de l’Ouest est surtout représenté
à date ancienne dans le territoire de l’actuel département
de la Charente (2). De fait Nicolas Berjonneau
ne semble pas avoir été d’Étampes, où
il paraît le premier représentant de sa famille. Il y
a visiblement été parachuté, comme on dit
aujourd’hui, à l’instar de son contemporain, collègue,
et probablement ami Claude Mignault, avocat du roi à Étampes,
et comme lui poète: sans doute dans le cadre d’une reprise en
main du bailliage d’Étampes par l’administration centrale
du royaume.
|
(8.1.2) Un berjon y
est un angle, un recoin. D’où les patronymes
Berjon, Bréjon, Berjonnel, Berjonnelle,
Berjonneau, Bergeonneau, Bréjonneau, etc.
|
Il n’est
pas impossible qu’il ait été originaire de la région
de Cognac, où nous voyons une famille homonyme occuper
plusieurs offices depuis la génération précédente
et jusqu’au siècle suivant.
Un André
Berjonneau est signalé échevin de Cognac en
1514 et maire en 1519 (3); un Adam Berjonneau,
échevin en 1525 (4), est nommé
lieutenant particulier de la ville et principauté de Cognac
le 20 novembre 1546 (5); un Jean Berjonneau est maire en 1559 (6); un Henri Berjonneau
est reçu conseiller municipal le 21 décembre 1572
et maire en 1581 (7); un Adam Berjonneau
II est cité à la fois échevin et lieutenant
particulier en 1621 (8), 1627 et 1631
(9); un Michel Berjonneau est maire en 1654
(10).
Il est à espérer que quelque érudit
local cognaçais, en lisant cette page, aura l’heureuse
idée d’essayer de trouver trace de sa naissance, et de nous
faire savoir précisément auxquels de ces personnages
il était apparenté.
En faveur de cette
origine charentaise de Nicolas Berjonneau, il faut encore
remarquer que les échevins de la ville de Cognac avaient
collectivement été anoblis par Louis XI en 1471
et que cette dignité ne fut retirée à leurs
descendants qu’en 1600 (11). Or Nicolas Berjonneau est bien toujours qualifié
“noble homme” par les registres paroissiaux d’Étampes,
même s’il est vrai que cette noblesse a pu lui venir, comme
dans les cas de son prédécesseur et de son successeur,
de l’édit de juin 1576 dont nous avons parlé au sujet
du procureur du roi précédent, Nicolas Guillotin.
|
(8.1.3) François
Marvaud, Études historiques sur la ville de Cognac
et l’arrondissement, Niort, Clouzot, 1870, tome 1, p. 239
(échevin le 6 décembre 1514), 233 et 275 (maire
le 16 juin 1519, d’après “Comptes des receptes et despences”
conservés aux archives municipales de Cognac). — (8.1.4) Marvaud, Études
historiques, t. 1, p. 249. — (8.1.5) Collection
des ordonnances des rois de France: 2 janvier 1546-mars 1547, Paris,
Impr. nationale, 1892, p. 305; Marvaud, Études historiques,
tome 1, p. 242 et 268: “Adam Berjonneau licencié en droit, lieutenant
par autorité royale de la ville et principaulté de Coingnac”.
— (8.1.6) Cf. Bulletin de la Société
archéologique et historique de la Charente (1883), p. 218.
— (8.1.7) Marvaud, Études historiques,
tome 1, pp. 275-276, note 1; tome 2, p. 4, 65, 81 et 157. — (8.1.8) Revue de Saintonge & d’Aunis. Bulletin
de la Société des archives 25 (1905),
p. 190. — (8.1.9) Marvaud,
Études historiques, tome 2, pp.
56, 70, 74, 75, 80, 83 et 157). Cf. Revue de Saintonge et
d’Aunis 30 (1910), p. 292: “feu Adam Berjonneau, lieutenant particulier,
assesseur civil et criminel à Cognac, père de Michel
et Étienne”.— (8.1.10) Marvaud,
Études historiques, tome 2, p.214, note 1.
Cf. aussi Revue de Saintonge et d’Aunis 2 (1886), pp. 207-208:
“Les Berjonneau de Cognac (1559-1668)”.
(8.1.11) Gilles-André
de la Roque, Traité de la noblesse, Paris,
Estienne Michallet, 1678, p. 148.
|
8.2.
Antécédents de Nicolas Berjonneau
|
|
Il n’est pas
impossible non plus que Nicolas Berjonneau ait fait ses études
de droit soit à Paris ou à Orléans et qu’il
ait rencontré dans l’un de ces deux lieux son futur collègue
avocat du roi à Étampes, Claude Mignault, dont nous
savons que, fuyant la peste qui sévissait à Paris vers
1578, il alla faire ses études de droit à Orléans.
Berjonneau était en effet un homme cultivé à
qui l’on doit au moins deux pièces de vers, composé
sans doute alors qu’il était encore un étudiant en
droit, avant d’être nommé à Étampes, comme
avant lui son ami Claude Mignault, avocat du roi à Étampes
au début des années 1580, et poète d’un plus grand
renom.
Nicolas Berjonneau
se fait remarquer en 1579, alors que son prédécesseur
Nicolas Guillotin est encore en place à Étampes,
par une pièce de vers latins publiée dans un ouvrage
de Jean-Édouard du Monin (Ioannis Edoardus du Monin)
intitulé Cyani Beresithias sive Mundi Creatio,
publié à Paris par Hilaire Le Bouc en 1579 et dédié
au garde des sceaux Philippe Hurault, le même que nous avons
soupçonné d’avoir été le protecteur de
Gérard François et de lui avoir procuré le
titre de médecin du roi (1).
Il faut remarquer que
cet ouvrage contient aussi un éloge par l’auteur principal
de “notre ami Minos” (amicus noster Minos), qui n’est
autre que Claude Mignault. Ce dernier, poète assez connu
en son temps pour son immense érudition, et sa prolixité,
signait en effet ses ouvrages latins du pseudonyme de Minos.
Il fut au début des années 1580 avocat du roi à Étampes, où il reste connu pour avoir composé la traduction
en français de son œuvre principale, comme il raconte lui-même
en 1583, lors de ses allées et venues par voie d’eau de Paris à Étampes (2).
En 1585 on trouve
encore des vers signé de “Nicolas Berjonneau” parmi
les pièces préliminaires d’un ouvrage à
succès de Philbert Boyer, procureur en la cour de Parlement,
intitulé Le Stille de la cour et justice des
requestes du Palais. Cet ouvrage tout d’abord publié
à Paris par la veuve Lucas connut un vif succès, puisque
nous voyons qu’il fut réédité au moins huit
fois (3). On y trouve, de Berjonneau,
un sonnet dédié à l’auteur, plus un quatrain
à l’adresse du lecteur (4).
Ce n’est qu’ensuite,
semble-t-il, que nous trouvons notre poète procureur
du roi à Étampes, à partir du printemps
1587.
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(8.2.1) Je ne l’ai pas eu pour l’heure
entre les mains, et serait reconnaissant à toute personne
qui y aurait accès de me communiquer la teneur du poème
latin de Berjonneau qu’il contient.
(8.2.2) Claude Mignault, né en
1536 à Talant près Dijon, se fait remarquer dès
1574 à Paris par ses éditions commentées
d’auteurs classiques. “Fuyant la peste, il quitta la capitale vers 1578
pour gagner Orléans où il étudia le droit et
fut pourvu de la charge d’avocat du roi au bailliage d’Étampes.
[….] On le retrouve à Paris en 1597 devenu professeur de droit
canon et doyen de la faculté de droit” (Jean Paul Barbier-Mueller,
Ma bibliothèque poétique: Éditions
des 15e et 16e siècles des principaux, Volume 4, Partie
4, Paris, Droz, 2008, p.151, note 600), Paris ou il meurt en 1606.
(8.2.3) J’ai trouvé mention d’au
moins neuf éditions de cet ouvrage: Galiot Corrozer, 1584;
Paris, veuve Lucas, 1585; Félix le Mangnier, 1586; Tours,
C. de Montr’oeil, 1591; Tours, S. Moulin, 1594; 1596; Paris, J.
Houzé & Robinot, 1600; J. Richer, 1602; Paris, P. Pautonnier
& G. Robinot, 1606. Je n’ai eu pour l’heure accès à
aucune d’elle, et serait reconnaissant à toute personne qui
pourrait et voudrait bien me communiquer la teneur du bref poème
en français de Berjonneau que contient cet ouvrage.
(8.2.4) Trevor Peach & Béatrice
Drecq, Catalogue descriptif des éditions françaises,
néo-latines et autres, 1501 501-1600 de la Bibliothèque
municipale de Poitiers: un fonds renaissant, Bibliothèque
municipale de Poitiers, Genève, Delon-Biblio, 2000, pp.
118-119.
|
8.3.
Sur sa femme et son beau-père, le maire Étienne
Poignard
|
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Avant que d’évoquer
ce que j’ai pu reconstituer de la brève carrière de procureur
du roi de Nicolas Berjonneau, et des circonstances rocambolesque de
sa mort par pendaison sur ordre du bon roi Henri IV, disons ici quelques
mots de son épouse et de son beau-père.
Nicolas Berjonneau,
arrivé semble-t-il au printemps de 1587 à Étampes,
où il venait d’être nommé dans des circonctances
que nous ignorons, y épousa peu après, sans doute
en 1588, une fille du pays, Françoise Poignard, comme nous
l’apprenons seulement après sa mort, quand elle est mentionnée
comme sa veuve (1).
La famille Poignard
est fort représentée à Étampes
au XVIe siècle, où elle donne à la ville
un échevin signalé en 1510, 1517 et 1523, Jean Poignard (2), mort entre 1545 et 1549
(3).
Elle lui donne ensuite
un deuxième échevin, Pierre
Poignard, presque certainement fils du précédent,
receveur des deniers communs du 1er octobre 1550 au 30 septembre
1552 (4), encore échevin en 1555 (5) , mais non plus en 1556 (6) et toujours vivant en 1567 (7).
Elle lui donne enfin
un maire, Étienne Poignard (8), à nouveau sans
doute fils du précédent, que nous avons vu en 1583
à Orléans aux côtés du prédécesseur
de Berjonneau, Nicolas Guillotin (§
7.3), pour y défendre les intérêts
du bailliage (9).
Les registres de baptême
nous permettent heureusement d’établir la généalogie
de cette Françoise Poignard épouse de Berjonneau.
Elle nous est signalée en 1583 encore jeune fille, comme
une fille d’Étienne Poignard; et nous voyons avant cela que
sa mère s’appelait Jeanne Fleureau (10). Cette
Jeanne Fleureau était sans doute elle-même, comme l’a supposé
Charles Forteau, une grand-tante de dom Basile Fleureau, père
de l’historiographie étampoise,
lui-même né en 1612 (11).
En 1588, alors que
l’année précédente Étienne Poignard
avait été remplacé à la mairie
par Guillaume Vincent (12), nous entendons
parler d’une sœur de Françoise appelée
Marie, et nous voyons que leur père Étienne
Poignard est désormais élu, c’est-à-dire
officier de l’Élection d’Étampes (13). Remarquons au passage que cette sœur de François Poignard est plus tard qualifiée
“noble femme” et qu’elle est mariée à un “noble homme” (14). Étienne et Françoise
sont aussi qualifié “noble
homme” et “noble noble femme” en 1588 (15); il s’agissait vraisemblablement de
la noblesse que l’on contractait à Étampes en s’alliant
à des familles reconnues pour descendre d’Eudes de Chalo.
Ainsi que l’a
montré Dupieux, la circonscription fiscale qu’était
l’élection d’Étampes comprenait alors soixante-treize
paroisses; en 1556, elle n’avait qu’un seul élu, deux
à partir de 1557, cinq à partir de 1583 (16). Étienne Poignard est donc,
sans doute depuis 1587 l’un des cinq principaux officiers
de l’élection d’Étampes. La tâche était
des plus délicates, parce que les besoins de la guerre
civile avaient amené une élévation considérable
de la taille, tandis que, simultanément, la population
vivait dans une misère et une insécurité
croissante. Nous le retrouvons plus tard, en 1600, onze ans après
l’exécution de son gendre, simple bourgeois (17).
Voilà quel
était le beau-père de notre nouveau procureur.
Revenons à la carrière de son gendre. |
Signatures d’Etienne Poignard
et de sa fille Françoise
(Saint-Basile, 23 mai 1588)
(8.3.1) AD91 E. 5047, cf.
Inventaire-Sommaire de la série E, tome 4. Nous
y reviendrons.
(8.3.2) Fleureau, Antiquitez,
p. 216 (en 1517); Maxime de Montrond, Essais
historiques sur la ville d’Etampes, Étampes, Fortin,
1836-1837, tome 2, pp. 57 (en 1517), 231 (en 1510) et 232 (en 1523). —
(8.3.3) “Jehan Poignard” est parrain
à Notre-Dame 11 octobre 1545, et “Marion veufve de deffunct
Jehan Poignard” le 28 juillet 1549. — (8.3.4)
Rapsodie, édition Forteau,
p. 39. — (8.3.5) Montrond, ibid.,
p. 232. — (8.3.6) Lors de la
rédaction de la Coutume le 22 septembre 1556 il n’est pas
rangé avec les échevins mais avec les autres bourgeois:
“Pierre Ponignard” (édition de 1557, f°40r°), “Pierre
Ponignarg” (édition de 1724, qui n’est pas retourné au
manuscrit contrairement à ce qu’elle prétend, p. 111);
le manuscrit portait évidemment “Pierre Poingnard”. — (8.3.7) “Pierre Poignart” est parrain à
Notre-Dame le 6 mai 1565 de “Jehanne fille de Hierosme Poignard”;
“Marie femme de Pierre Poignard” est marraine à Saint-Basile
le 20 mai 1566 (et le 15 août de la même année
“Margueritte femme de Pierre Poignard le jeune”); au même lieu
“Pierre Poignard” (sans doute l’ancien) les 21 mai et 13 août
1567.
(8.3.8) Montrond, ibid.,
p. 233 (en 1583); Clément Wingler, Hôtel
de Ville et Institution municipale 1150-1850, Étampes,
Archives Municipales, 2002, p. 36. — (8.3.9)
Charles A. Bourdot de Richebourg, Nouveau coutumier
général: ou corps des coutumes générales
et particulières de France, et des provinces connues
sous le nom des Gaules. Tome 1, Paris, Brunet, 1724, p. 816:
“M. Nicolas Guillotin, Procureur du Roy à Estampes, &
Estienne Poignard, Maire de ladite ville, pour les habitans d’icelle”.
(8.3.10) Saint-Basile 28 avril 1571:
“Jehanne Fleureau femme de maistre Estienne Poignard”; Saint-Gilles
21 janvier 1572: “honorable Estienne Poignard”; 3 mars 1582:
“Françoise fille de honorable maistre Estienne Poignard”.
— (8.3.11) Bulletin de
la conférence des sociétés savantes de Seine &
Oise (1908), p.
(8.3.12) Montrond, ibid.,
p. 233 (en 1583); Clément Wingler, Hôtel
de Ville et Institution municipale 1150-1850, Étampes,
Archives Municipales, 2002, p. 36. — (8.3.13)
Saint-Gilles 11 novembre 1588: “Marie Poignard fille de honorable
homme maistre Estienne Poignard esleu au dict Estampes”. — (8.3.14) Saint-Gilles le 25 mai 1600: “noble
femme Marie Poygnard femme de noble homme Phillibert Hafflin”. —
(8.3.15) Saint-Gilles le 27 mai 1587:
“noble homme Estienne Poignard esleu à Estampes et damoiselle
François Poignard femme de noble homme maistre Nicollas Berjonneau
procureur du roi au dict Estampes”.
(8.3.16) Institutions,
pp. 202-211. — (8.3.17) Saint-Gilles
28 mai 1600: “sire Estienne Poygnard bourgeois au dit lieu”.
|
8.4.
Nicolas Berjonneau procureur du roi
|
|
Nicolas Berjonneau
avait déjà été signalé comme
procureur du roi à Étampes en poste en 1588 par
la Rapsodie de Pierre Plisson (1).
Les registres paroissiaux
de Saint-Gilles et de Saint-Basile nous le montrent en charge
au moins du 1er juin 1587 au 5 avril
1589, à six reprises (2); le registre de Notre-Dame
en revanche a connu d’importantes perturbations toujours visibles
en 1589 et ne conserve pas de traces de lui.
Le 28 octobre 1587, Nicolas
Berjonneau hébergea chez lui le président Brisson,
venu à Étampes organiser le ravitaillement en blé
de la ville de Paris; c’est là que le rencontra le général
de l’armée royale venu défendre la ville contre des bandes
de pillards huguenots, François Rivière de Sainte-Marie.
Voici le récit d’un témoin oculaire que je n’ai pu identifier,
arrivé lui-même à Étampes le 23 octobre depuis
Montargis, apparemment en mission de renseignement.
“Or le mercredy
vingt huictiesme octobre, j’entendis que messieurs les presidens
Brisson sieur de Gravelle (3) & Chandon sieur de saint
Escobille (4) pres ladite ville, estoient
arrivez sur les cinq heures du soir: j’entendis aussi que le mesme
jour le sieur Alphonse de Corse envoyé de la part de la royne
mere du roy, & messire [p.7]
François de la Riviere gentilhomme de la chambre
du roy, sieur de sainte Marie & gouverneur des ville & chasteau
de Dourles, arriverent en ceste ville, sans que je peusse rien entendre
au vray de la cause de l’arrivée de ces seigneurs, jusqu’au
lendemain: vray est que je sceu bien que les sieurs de sainte Marie
& de Corse furent visiter les sieurs presidens qui soupoient ensemble
chez le procureur du roy, où le sieur president Brisson estoit
logé lors.
“Le lendemain sceu que les mesmes
sieurs estoient arrivez à Estampes pour y commander, le sieur
de sainte Marie de la part du roy, & l’autre de la part de la
roine sa mere, & que le sieur de sainte Marie y demeuroit gouverneur
pour sa majesté, & que le sieur de Corse s’en retournoit
à la royne mere du roy [p.8]
qui l’avoit envoyé, avec lettres des sieurs
presidens, pour la mercier au nom des habitans d’Estampes, du soin
& bonne souvenance qu’elle avoit eu d’eux en telle necessité.
D’autre part, j’entendis que les sieurs presidens y estoient arrivez
pour faire battre les grains qui se trouveroient en gerbe en la ville
& au plat pays, & de là les faire enlever & conduire
en la ville de Paris: ce qu’ils executerent fort dextrement, comme je
l’ay apprins depuis” (5).
Un baptême à
Saint-Basile le 27 mai 1588 est particulièrement
instructif sur l’environnement dans lequel évolue notre
procureur, somme toute assez limité: “Fut baptisé Nicollas filz de honorable homme maistre
Mathias Bonault et Geneviefve Sevestre ses pere et mere, et
sont les parains et maraine noble homme Nicollas Petau lieutenant
general d’Estampes et noble homme Estienne Poignard esleu à
Estampes et damoiselle François Poignard femme de noble
homme maistre Nicollas Berjonneau procureur du roi au dict Estampes”.
Suivent les signatures de tous ces personnages (dont je donne
une photographie à la fin de cette notice). De même
le 5 avril 1589 il est parrain d’une fille de Pierre des
Mazis seigneur de Brières-les-Scellés.
On doit remarquer la qualification singulière
qu’il reçoit dès la première de ces occurences:
“noble homme Nicolas Brejoneau (sic) procureur du roy au bailliage
et prevosté et marechaussé d’Estampes”. Pourquoi
tant de précision sur l’étendue exacte de ses domaines
de compétence?
C’est
qu’il semble que dans cette période troublée
il y ait eu d’une part
une vacance de l’office de procureur du roi à Étampes,
et que, par ailleurs, un autre office ait pris alors une place croissante
dans la vie du bailliage, celui de procureur du roi en l’élection
d’Étampes. On remarque en effet alors dans les registres
paroissiaux un grand rayonnement social de deux tenants de cet
office, Pierre Thibault de 1556 à 1576, puis Esprit Thibault
de 1577 à 1590. En certains cas ces officiers aux compétences
uniquement fiscale sont simplement qualifiés
“procureur du roy à Estampes”, ce qui naturellement pouvait occasionner
une certaine confusion. Nous consacrerons ci-après un petit
excursus à ces officiers.
|
(8.4.1) Edition Forteau, in Annales du Gâtinais
23 (1909), p. 248: “1588. Nicolas Bergeonneau”.
(8.4.2) Saint-Gilles 1er juin 1587: “noble
homme Nicolas Brejoneau procureur du roy au bailliage et prevosté
et marechaussé d’Estampes”; 3 juin 1587 (baptême
de Nicolas fils de Louis Pelletier, greffier du prévôt):
“honnorable homme maistre Nicolas Berjonneau procureur du roy au
bailliage et prevosté et marechossé d’Estampes”;
3 janvier 1588 (baptême de Nicolas fils de Jean Fouldrier
marchand étampois): “noble homme et sage maistre Nicolas Bergeoneau
procureur du roy”; Saint-Basile 27 mai: “Nicolas Berjonneau procureur
du roy”; 9 mars 1589: “noble homme maistre Nicolas Brejonneau procureur du roy
au bailliage, prevosté et marechaussée d’Estampes”
parrain de “Elisabet de Paviot fille de Pierre de Paviot escuier seigneur
de Boissy le Sec et gouverneur de Dourdans et de demoiselle Suzanne de
l’Isle”; mercredi 5 avril (baptême de Susane
fille de Pierre Desmazis seigneur de Brières-les-Scellés)
“maistre Nicollas Berjonneau procureur du roy à Estampes”.
(8.4.3)
Barnarbé Brisson, dont on donne un portrait ci-contre, seigneur
de la Boisière, alors président à mortier,
c’est-à-dire président de la Grand’Chambre du Parlement
de Paris, fut promu par les Ligueurs en 1589 premier président
du tribunal de Paris, c’est-à-dire troisième magistrat
de France après le roi et le chancelier; mais il fut ensuite
pendu par les mêmes après un simulacre de procès,
le 15 novembre 1591, soupçonné de mener un double-jeu.
Sur les liens de ce personnage avec
Étampes, il importe de relire Noël Valois (Annuaire
Bulletin de la Société de l’Histoire de France
23/2, 1886, p. 207, note 4): “D. Fleurean [Antiquitez, p. 87]
prétend qu’en 1575, le président Brisson fit révoquer
le privilège de Chalo-Saint-Mard parce qu’il était
irrité contre les habitants d’Étampes, qui, l’étant
venus visiter en sa maison de Gravelle, ne lui avaient pas rendu
tous les honneurs dus à son rang. Peut-être veut-il
parler des lettres du 29 janvier 1578, qui ne sont pas une révocation,
mais une restriction de la franchise. M. Guizot a reproduit cette anecdote,
en la reportant par mégarde à l’année 1598,
c’est-à-dire environ au septième anniversaire de
[p.208] la mort du président Brisson (Histoire de la civilisation
en France, t. IV, p. 335)”.
(8.4.4) “Jean Chandon (1535-1610), sieur de la Montagne
et de Saint-Escobille, conseiller au présidial de
Lyon (1555-1556) et avocat au Parlement (v.1559) puis maître
des reqêtes (1578), président du grand-conseil (1586),
conseiller d’État (1586) et premier président des Aides
(1592-1597)” (Loris
Petris, La plume et la tribune. Michel de l’Hospital
et ses dicours, 1559-1562, Genève, Droz, 2002, p. 185,
note 33).
(8.4.5) Discours veritable de ce qui s’est
passé en la ville d’Estampes, & ès environs, depuis le
vingt troisiesme octobre
jusques au cinquiesme de decembre mil cinq cens quatre
vingts sept [42 p.], Paris, Jean Richer, 1588, pp. 6-8. Voyez aussi Fleureau,
Antiquitez, p. 250:
|
Outre qu’il est marié
à la fille du maire, comme nous l’avons vu, Nicolas
Guillotin paraît donc en première analyse bien intégré
à la petite société des officiers et nobliaux
du lieu. Ainsi, 19 mars 1589 nous le voyons à
Notre-Dame parrain de “Elisabet de Paviot fille de Pierre de Paviot
escuier seigneur de Boissy le Sec et gouverneur de Dourdans et
de demoiselle Suzanne de l’Isle”.
Le 19 août de la même année cependant, Berjonneau
n’est pas au nombre des officiers d’Étampes qui se liguent
en application du serment de Blois par lequel on jurait de ne
jamais se soumettre à l’autorité d’un roi protestant
(6). Nous allons voir en effet qu’il a été
pendu haut et court le 30 juin 1589.
|
(8.4.6)
Fleureau, Antiquitez, p. 254. Voici le début
donnée la liste donnée par Fleureau, qui a eu
l’original entre les mains: “Petau. Chardon. Andren [lire
Audren]. N. Prevost. Vincent. Bastard. Bezault. Guectard.
etc”; le premier est le bailli Nicolas Petau, le second le lieutenant
de la prévôté Étienne Chardon, le troisième
le prévôt Jean Audren, le troisième l’avocat
du roi Nicolas Prevôt (encore en fonction en 1594 selon
Pierre Plisson). On peut se faire une idée des officiers alors
absents (sans doute pendus en juin) en comparant cette liste à
celle des officiers présents lors de la rédaction
de la Coutume d’Étampes en 1556: le bailli, son lieutenant général,
son lieutenant particulier, le prévôt, son lieutenant,
le procureur du roi, le procureur du roi, le receveur du domaine,
le greffier du bailliage, le greffier de la prévôté,
etc. On constate que les deux lieutenants du bailli ont disparu
ainsi que le prévôt et le procureur.
|
8.5.
Comment il fut pendu
|
|
Pour mieux comprendre
les circonstances de sa disparition, il faut se replacer dans
le contexte de cette année 1589 si troublée que
même Dupieux s’y est embrouillé (1), se souvenir qu’Henri II a été assassiné le 23 décembre
1588, que Henri IV ne reniera le protestantisme qu’en 1593 et ne sera sacré qu’en 1594; se représenter que
les Étampois sont partagés entre leur loyauté
pour le roi et leur fidélité au catholicisme; et savoir
enfin que la ville d’Étampes a été prise en 1589
quatre fois de suite: une première fois par les Ligueurs, en
février (2); une deuxième
en 30 juin par Henri IV (3); une troisième
le 24 octobre par les Ligueurs menés par le duc du Maine; et
enfin à nouveau le 5 novembre, définitivement, par
Henri IV.
Lorsque les ligueurs
prirent la ville pour la première fois, ils emprisonnèrent
le bailli Nicolas Petau ainsi que ses enfants, et que le prévôt
Jean Audren, suspects d’être des “politiques”, et non
pas de “bons catholiques” (4). La deuxième
fois qu’ils la prirent, Petau trouva la mort dans des circonstances indéterminées
(5), et nous savons plus précisément que Jean Audren
fut pour sa part “pendu par les gens de guerre le 24 octobre
1589” (6).
Ce qui est moins connu, c’est que Berjonneau avait lui été
exécuté par pendaison sur ordre personnel de
Henri IV dès le 30 juin 1589. C’est que nous raconte
d’une manière des plus pittoresques Pierre-Victor Palma
Cayet, dans sa Chronologie novenaire, publiée pour
la première fois en 1606; cela paraît être le seul
récit conservé de cet événement, récit
qui à ma connaissance n’a jamais encore été
signalé aux Étampois.
|
(8.5.1) Dupieux croit que Petau et Audren
ont été massacrés par des protestants,
alors qu’ils le furent par des ligueurs («La Défense
militaire d’Etampes au XVIe siècle» in Revue de
l’histoire de Versailles et de Seine-et-Oise 32 (1930), p. 288;
Institutions, p. 191). Ces événements ont été
résumés plus clairement par René de saint-Périer,
La grande histoire d’une petite ville, Étampes,
Étampes, Caisse d’Épargne, 1938, pp. 45-48, mis
en ligne par le Corpus Étampois
ici. — (8.5.2) Fleureau,
Antiquitez, p. 255. — (8.5.3) Pierre Plisson, Rapsodie,
édition de Forteau, in Annales du
Gâtinais 23 (1909), pp. 66-67: “Or j’ai appris que
la ville, théâtre funeste et perpétuel des guerres
civiles, le vendredi 30 juin 1589, fut prise et pillée par
les gens de Henri de Valois, roi de France, et les habitants pris
à rançon”.
(8.5.4) Fleureau, Antiquitez,
p. 255. — (8.5.5) Pierre Plisson, Rapsodie,
édition de Forteau, p. 67: “Et le vendredi 20 octobre
1589, le sieur de Rosne, commandant et lieutenant de M. du
Maine, entra en ville et chassa les troupes du roi. Et fut tué
M. le bailli Peteau. M. le prévost Jean Audren fut encore
plus maltraité”. — (8.5.6) Plisson,
Rapsodie, édition Forteau, p. 246.
|
“Tout d’une suitte l’armée s’achemina à
Estampes. M. de Mayenne y envoya le baron de Sainct Germain,
et manda à M. de La Chastre qu’il s’allast jetter dedans
Chartres, ce qu’il fit. Ceux d’Estampes, sommez de se rendre, respondirent
mille villenies, comme c’est l’ordinaire des peuples mutinez, et
crioient que le canon du Roy avoit les gouttes, que l’on avoit creuzé
des moyaux de charrue pour leur faire peur. Ceste ville est assez
grande et à my-chemin d’Orleans et de Paris, située au
bord d’une petite riviere fort estroite et creuze. Cependant que l’on
parlementoit après quelques volées de canon qui furent
tirées, les gens du roy de Navarre trouverent l’invention,
par le moyen de quelques arbres coupez, de traverser la riviere, et,
en un endroit du costé de l’eau où les murailles estoient
fort basses, entrerent dans la ville, crians, pour espouvanter les habitans,
que leurs compagnons estoient desjà entrez par la bresche. Ainsi
Estampes se vid prins et pillé en une heure, sans qu’en toutes
ces prises de villes le Roy perdist un homme.
|
|
“Le baron
de Sainct Germain, qui avoit esté nourry page du Roy, devalé
du chasteau avec une corde, pensait se sauver par le moyen
de quelques amis qu’il avoit en l’armée royale; mais, amené
à Sa Majesté, il eut la teste tranchée
(7). Bergeroneau
[sic], procureur du Roy audit
bailliage d’Estampes, fut aussi pendu avec quelques autres.
Il avoit usé d’une finesse pour se sauver, et s’estoit
fait mettre en la prison dans une basse fosse les fers aux pieds,
où il fut trouvé. Amené au Roy, il dit que
les mutins l’avoient mis en tel estat pour avoir voulu soustenir
le service de Sa Majesté. Plusieurs habitans prisonniers et
les gentils-hommes du pays ayans asseuré le Roy du contraire,
et qu’il estoit la cause de la perte du pays (8), Sa Majesté, qui avoit ouy parler
de ses comportemens, commanda qu’on en fist justice”
(9).
|
(8.5.7)
Saint-Périer, Grande histoire d’une petite
ville, 1938, p. 46, croit que cet ancien page fut épargné,
parce qu’il évita la pendaison en faisant valoir sa
condition de noble: “ le seigneur de Saint-Germain, capitaine
du château, qui avait été page d’Henri III,
eût été pendu, quoiqu’il fût gentilhomme,
si le duc d’Épernon, son ami, ne lui eût obtenu
la grâce du roi”; les nobles de France avaient hérité
des citoyens romains de l’Antiquité le privilège
de ne pouvoir être exécutés que de cette
manière, et d’être exempts de tout supplice.
(8.5.8) Sans doute par son engagement
du côté des Ligueurs. — (8.5.9)
Nouvelle collection des mémoires pour
servir à l’histoire de France. Première série.
Tome XXIX, Paris, 1824, p. 185, ou bien: Tome XII,
Paris, 1838, p. 145.
|
8.6.
Descendance de Nicolas Berjonneau
|
|
Après
l’exécution ignominieuse de son mari, Françoise
Poignard quitta Étampes et se remaria à un certain
“noble homme Antoine Rivière”; elle emmenait avec elle
le fils — peut-être posthume
— que lui avait laissé Nicolas
Berjonneau, et qui avait reçu le prénom de son
aïeul Étienne Poignard, maire d’Étampes.
Nous retrouvons donc
Françoise Poignard et son fils Étienne Berjonneau
à Brétigny-sur-Orge en juin
1609 (1).
Étienne Berjonneau, devenu
un temps marchand à
Paris, puis à Brétigny, se marie en juin 1612 avec Madeleine,
fille de Jacques Lerahier, porte-caban du Roi, et de Françoise
Lamy, demeurant à Brétigny (2).
Quelques années plus tard, devenu veuf, il
se remarie à Jeanne Dubois, qui lui donnera plusieurs enfants, dont on peut assez précisément
retracer l’histoire grâce à un important dossier
conservé actuellement aux archives départementales
de l’Essone. Étienne Berjonneau meurt à la fin de
1654 ou dans les premiers mois de 1655. L’un de ses fils, Nicolas,
portant le prénom de son aïeul procureur du roi à
Étampes, sera la souche d’une famille de bourgeois parisiens
marchands bouchers au XVIIe siècle (3).
Signatures
d’Etienne Poignard et de sa fille Françoise
(Saint-Basile, 23 mai 1588)
|
(8.6.1)
AD91 E. 5047: “Procuration générale et spéciale
donnée à X. Decimbielle, marchand et bourgeois
de la Roch(elle), par noble homme Antoine Rivière et
Françoise Poignard sa femme, veuve de Nicolas Bréjonneau,
vivant procureur du Roi en la ville d’Étampes, et par
Etienne Bréjonneau, fils du susdit Nicolas et de ladite Poignard”
(Inventaire-Sommaire de la série E, tome 4). — (8.6.2) AD91 E. 5077 (entre le 1er juillet
et le 5 août 1612): “ Contrat de mariage entre Etienne Berjonnau,
marchand à Paris, fils de feu Nicolas Berjonneau, vivant,
procureur du Roi à Étampes, et de Françoise
Poignard, remariée à Antoine Rivière, écuyer,
d’une part, et Madeleine Lerahier, fille de Jacques Lerahier, porte-caban
du Roi, et de Françoise Lamy, demeurant à Brétigny,
d’autre part”; voir aussi AD91 E. 5081 (décembre 1612): Étienne
Berjonneau, marchand cette fois localisé à Brétigny
même, cède à bail 11 quartiers de terre à
Brétigny à un vigneron et vend trois chevaux à
son beau-père; E. 5089 (septembre 1613): qualifié maintenant
“marchant et laboureur à Brétigny”, il prend lui-même
une terre à bail; E. 5093 (décembre 1613): qualifié
“laboureur à Brétigny”, il y donne lui-même à
bail 9 arpents de terre; etc.; E. 5110 (mai 1615): “marchand hôtelier
audit Brétigny”; etc.; E. 5135 (3 juillet 1617: “Bail d’une
maison sur le pont de Chastres (…) par Antoine Rivières,
écuyer, tuteur de François Rivières, son fils,
et se portant fort de Marie et Isabelle de Fornicon, ses belles-filles,
et Etienne Berjonneau, marchand à Brétigny, tous héritiers
de feue Françoise Poignard, sœur [sic, lisez: veuve] dudit
Antoine Rivière.”; etc.; E. 5188 (janvier 1622: Berjonneau
marguillier de l’église saint-Philibert de Brétigny);
etc. (Inventaire-Sommaire de la série E, tome 4).
— (8.6.3) AD91 E. 5233 (décembre
1625): remarié à Jeanne Duboys; etc. E. 5304 (mars
1636): contrat de mariage de sa fille Jeanne fille de Jeanne Duboys
avec Jean Bourdon, marchand boucher à Montlhéry; etc.;
E. 3557 (1646): “marchand tavernier à Brétigny”; E.
5412 (octobre 1654): dernière mention; E. 5418 (avril 1655):
Jeanne Dubois, veuve d’Etienne Berjonneau, demeurant à Montlhéry;
E. 5433 (août 1656): Jacques Berjonneau marchand à Montlhéry;
E.5439 (1657): Jeanne Dubois est bien sa mère; E.5443 (février
1658): “Bail d’un demi-arpent de vigne, vignoble de Brétigny,
fait (…) à Etienne Berjonneau marchand à Brétigny
par Jean Berjonneau, maître barbier et chirurgien au même
lieu”; E.5445 (avril 1658): “Lots et partage entre les enfants et héritiers
de feu Etienne Berjonneau, vivant, laboureur à Brétigny,
et de Jeanne Dubois, sa veuve”; E. 5447 (juin 1658): “Jean Berjonneau
maître barbier et chirurgien à Brétigny, fils et
héritier, pour un sixième, des feus Etienne Berjonneau
et Jeanne Dubois”; etc. La suite monte qu’un des fils d’Etienne, nommé
aussi Étienne, sans doute l’aîné, est à son
tour hôtelier à Brétigny, et qu’un Nicolas Berjonneau
est boucher à Paris, où il est la souche d’une famille
de marchands bouchers parisiens (Inventaire-Sommaire de la série
E, tome 4).
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8.7.
Excursus: les procureurs du roi en l’élection d’Étampes
|
|
En même
temps que Nicolas Guillotin, puis que son successeur Nicolas
Berjonneau, nous trouvons mentionné par les registres de
baptême, à plusieurs reprises, un autre “procureur
du roi” qui le sera au moins jusqu’en 1589, Esprit Thibault.
Il faut prendre garde
que ce personnage occupe une tout autre charge que celle de
Nicolas Berjonneau, car son domaine d’intervention est limité
à ce qui concerne les deux circonscriptions fiscales qui
ont leur siège à Étampes: l’élection d’une
part, dont relève l’imposition directe appelée taille;
et le grenier à sel dont relève l’imposition indirecte
appelée gabelle. Aussi le titre complet de ces officiers
est-il, bien qu’il soit souvent abrégé,
“procureur du roi en l’élection et
gabelle”.
Il ne saurait être
question ici de traiter de cet office, et mon but est seulement
de donner ici brièvement ce que j’ai trouvé sur
ces officiers au hasard des registres paroissiaux, sans prétendre
être exhaustif, pour éviter que cette matière
ne se perde, comme j’ai fait précédemment pour
ce qui concerne les receveurs du domaine du roi à Étampes
(§ 6.5).
1) Anonyme (...1505...).
L’existence à Étampes d’un office de procureur
du roi pour l’élection est attestée depuis au
moins 1505 (1) et 1543 (2), mais je n’ai pour l’heure trouvé le nom d’aucun
de ceux qui le détinrent avant l’année 1556.
2) Robert Chassecuillier (...1515....)
Les Comptes de la paroisse Notre-dame
d’Étampes mentionnent l’achat d’ardoise fin 1514 ou début 1515
à à un certain
Robert Chassecuillier, alors
procureur du roi aux aides, zet antérieurment édile municipal
(2).
3) Anonyme (...1543...). On trouve mention en 1543 d’un procureur du roi pour l’élection,
sans qu’on connaisse son nom pour l’heure (4).
4) Pierre Thibault
(...1556-1576). Le 22 septembre 1556 on trouve parmi
les “officiers du roy” assistant à la rédaction
de la Coutume d’Étampes “maistre Pierre Thibault Procureur
du Roy es Election & Magazin d’Estampes”, c’est-à-dire
comme précisé plus haut du “Magazin et Grenier
à sel dudit Estampes” (4). Le registre paroissial de Notre-Dame mentionne
en 1571 son fils Esprit Thibault, mais il est encore lui-même
en activité le 10 janvier 1576 (5).
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(8.7.1)
Archives nationales, Cour des Aides Z.1a 33, folio 113v°,
cité par Dupieux, Institutions, p. 204, note
3. — (8.7.2) Comptes de la paroisse
de Notre-Dame d’Étampes pour 1513-1515, édition Gineste
2012 (ici), §:
“Robert Chassecuillier, procureur du roy aux aydes nagueres procureur
et eschevin de ceste ville d’Estampes”. — (8.7.3) Selon un document autrefois conservé
aux Archives du Loiret, AD45 A1236, f°255, cité par
Dupieux, p. 204, note 4.
(8.7.4) Coustumes
des bailliage et prevosté d’Estampes, Paris, Jean Dallier,
1557, p. 40. — (8.7.5) Notre-Dame
2 mai 1571: “Esprit filz de maistre Pierre Thibault procureur”;
10 janvier 1576: “Pierre Thibault procureur du roy en l’eslection
d’Estampes”.
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5) Esprit Thibault
(1577-1590...). Les registres paroissiaux nous montrent
que son fils Esprit lui a succédé dès avant
le 3 mars 1577, et qu’il conservera cette charge au moins jusqu’à
la fin de l’année 1590 (6)
Il est intéressant
de remarquer certaines des personnes qui se portent parrain
ou marraine en même temps que lui. En 1583, c’est le médecin
Gérard François, gendre du procureur du roi
Esprit Ducamel; en 1588, c’est un sergent de la gabelle et la
femme du receveur des tailles (7).
Nous le voyons marié
au moins depuis avril 1580 à une certaine Rose Sergent
(8); cependant
sa fille Marie, marraine en 1586, était peut-être issue d’une
première union (9). Rose Sergent lui donne au moins trois enfants: Agathe
baptisée en 1584, Michel baptisé en 1587, Marguerite
baptisée en 1590 (9).
C’est alors qu’Esprit Thibault exerçait cette charge
qu’un édit de Henri III fixa en décembre 1583
la rémunération du procureur de l’élection
à 33 écus un tiers (11).
La première
mention explicite du décès d’Esprit Thibault
est du 7 novembre 1594, lorsque sa fille Agathe, âgée
de dix ans, se porte marraine à Notre-Dame (12). Sa veuve Rose Sergent
sera mentionnée jusqu’en 1627 tant comme censitaire
du fief du Bourgneuf (13) que de celui de Longchamp (14).
6) Louis Levasseur (...1595-1601...).
Le 25 janvier 1595 se porte parrain
à Saint-Gilles “honnorable homme maistre Loys Levassor procureur
du roy en l’élection d’Estampes”, et le 17 septembre 1601,
à Saint-Martin, “Louis Le Vassor procureur du roy en l’élection”.
Il est temps maintenant
de revenir à notre sujet principal, et de conclure cette
série des procureurs du roi étampois du XVIe
siècle par l’étude du dernier d’entre eux, Simon
Égal.
|
(8.7.6)
Notre-Dame 15 mars 1577: “maistre Esprit Thibault procureur
du roy en l’eslection d’Estampes”; 1er mars 1580: “maistre
Esprit Thibault procureur du roy à Estampes”; 2 décembre:
“honorable homme maistre esprit Thibault procureur du roy en
l’election d’Estampes”; 20 janvier 1582: “maistre Esprit Thibault
procureur du roy en la dicte election”; 4 mars: “honorable homme
maistre Esprit Thibault procureur du roy en l’election d’Estampes”;
28 janvier 1583: “honnorable homme maistre Esprit Thibault
procureur du roy en l’election”; 21 novembre 1584: “maistre Esprit
Thibault procureur du roy en l’election”; 26 juillet 86: “honnorable
homme maistre Esprit Thibault procureur du roy en l’election”; Saint-Basile
le 25 août 1587: “Esprit Thibault procureur du roy en l’élection
et gabelle”; 9 mai 1588: “Esprit Thibault procureur du roy à
Estampes”; Notre-Dame 22 mai 1588: “honorable personne maistre Esprit
Thibault procureur du roy à Estampes”; 23 janvier 1589:, “Esprit
Thibault procureur du roy”; 12 octobre 1590: “honorable homme maistre
esprit Thibault procureur du roy en l’election”. — (8.7.7) Notre-Dame 28 janvier 1583: “honnorable
homme maistre Girard François docteur en medecine et
honnorable homme maistre Esprit Thibault procureur du
roy en l’election”; 22 mai 1588: “honorables personnes maistre Esprit
Thibault procureur du roy à Estampes et Mathurin Thirouyn
sergent royal en la gabelle d’Estampes (...) Anthoynette Boudon femme
de maistre Françoys Hue recepveur des tailles au dict Estampes”.
— (8.7.8) Notre-Dame 4 avril 1580:
“Rose femme de maistre Esprit Thibault procureur en l’election d’Estampes”.
— (8.7.9) Notre-Dame 26 avril 1586: “Marie
fille de Esprit Thibault”. — (8.7.10)
Notre-Dame 4 août 1584: “Le IIIIe d’aoust au dict an, Agathe
fille d’honnorable homme maistre Esprit Thibault procureur du roy
en l’election d’Estampes et de Rose Sergent; le parrin honnorable
homme Jehan Harsent marchant boourgeois d’Estampes, les marrennes Alyson
femme de Jacques Genest, Marie femme de Joachin Hareau”; 21 aoust 1587:
baptême de “Michel filz de maistre Esprit Thibault procureur au
dict bailliage”; 3 novembre 1590: baptême de “Marguerite fille
de maistre Esprit Thibault procureur du roy en l’election de ceste ville
et de Rose sa femme”. — (8.7.11) A. Hardy,
Recueil d’édits, p. 66, cité par
Dupieux, Institutions, pp. 205-206.
— (8.7.12) Notre-Dame 7 novembre
1594: “Agatte Thibault fille deffunct Esperit Thibault”. — (8.7.13) AD91 E. 3834 (entre 1598 et 1601): “Rose
Sergent, veuve d’Esprit Thibault”; et encore jusqu’en 1627. — (8.7.14) AD91 E. 3908 (1615): “Roze Sergent veuve
de maistre Esprit Thibault procureur du roy en l’election et Gabelle
d’Estampes”; AD91 E. 3909 (de 1623-1624 à 1626-1627): “la veuve
Esprit Thibault; (...) la veuve maistre Esprit Thibault; la veuve
masitre Philippe (sic) Thibault; (...) la veuve maistre Esprit Thibault”.
|
Honnorable homme maistre Nicolas
Berjonneau procureur du roy au bailliage et prevosté
et marechossé d’Estampes (Saint-Gilles 3 juin 1587)
Signatures du lieutenant général
Nicolas Petau, de l’élu et ancien maire Étienne
Poignard et de sa fille Françoise épouse de
Nicolas Berjonneau
|
9.
Simon Égal
(…1591-1613…)
Maistre Symon Egal filz de defunct Daniel
Egal (Notre-Dame, le 19 octobre 1581)
Maistre Symon Egal advocat en la cour de Parlement
à Paris (Notre-Dame, le 14 août 1583)
Les parrains maistre Nicolas Prevost advocat
du roy à Estampes
et maistre Simon Egal procureur du roi au dict
Estampes (Saint-Basile, le 26 décembre 1591)
9.1. Sur le père
et la mère Simon Égal
|
|
Avec ce Simon Egal, ou Esgal,
que nous trouvons mentionné pour la première fois comme
procureur du roi le 26 décembre 1591, nous reprenons la série
des procureurs du roi étampois issus de familles locales.
Son père Daniel
Égal était un marchand (1) de la paroisse Notre-Dame, où
il se porte parrain au moins quatre fois de 1551 à 1570
(2). Il fut présent lors de
la rédaction de la Coutume le 22 septembre 1556 (3). Il fut aussi été receveur
des deniers communs de la ville du 1er octobre 1574 au 30 septembre
1576; mais le compte fut rendu par sa veuve Catherine Bidault
(4).
Cette Catherine Bidault,
mère de Simon Égal, apparaît deux fois
dans le registre de Notre-Dame comme jeune-fille de 1545 à
1546 (5). On l’y retrouve ensuite
au moins quatorze fois en temps qu’épouse
de Daniel Égal, de 1564 à 1570, dont une
fois en compagnie de la femme d’un descendant du procureur du
roi Pierre de Gilles, et une autre fois en compagnie de la fille et
du gendre du procureur du roi Esprit Hattes (6). Enfin
elle y est mentionnée comme sa veuve, au
moins à quatre reprises, de 1578 à 1588 (7). Elle nous est également connue
par une rente constituée en sa faveur en 1580 (8), ainsi
que, vers la même époque, comme censitaire du fief
du Bourgneuf et de celui des Longs (9).
21 février 1569: Françoys Bidault...
Katherine Bidault femme de Daniel Esgal
|
(9.1.1)
Cette profession n’est mentionné par qu’après
sa mort, AD91 E. 4392. — (9.1.2) Notre-Dame
2 juin 51: “Daniel Egal”; 25 mars 1564: “honorable homme
Daniel Egal”; 12 octobre: “Daniel Egal”; 22 novembre 1570: “Danyel
Esgard”. — (9.1.3) Coustumes
des bailliage et prevosté d’Estampes, Paris, Jean
Dallier, 1557, f°40r°: “Daniel Egal”; Nouveau coutumier
général, édition de 1724, tome 1, p.
227. — (9.1.4) Rapsodie
de Plisson éditée par Forteau, Annales du Gâtinais
1909, p. 53.
(9.1.5)
Notre-Dame 30 septembre 1545: “Katherine Bidault; 8 avril 1546:
“Katherine Bidault”. — (9.1.6)
Notre-Dame 27 août 1564: “Katherine Bidault femme de Daniel
Egal”; 16 juin 1565: “Symone femme de sire Pierre de Gilles et Katherine
femme de Daniel Egal”, 27 août et 13 octobre 1565 et 16 février
1566: “Katherine femme de Daniel Egal”; 2 janvier et 9 juin 1567:
“Katherine Bidault femme de Daniel Esgard (sic)”; 29 septembre: “honorable
femme Katherine femme de Daniel Egal”; 9 février 1568: “Katherine
Bidault femme de Danyel Esgard”; 21 janvier 1569: “Françoys
Bidault… Katherine Bidault femme de Danyel Esgal”; 7 juin 1569: “Katherine
Bidault femme de Danyel Egard, Loyse Hatte femme de Pierre Legendre
recepveur d’Estampes”; 16 février 1570: “Katherine Bidault femme
de Danyel Esgard”; 17 mars: “Katherine Bidault femme de Danyel Esgard”;
21 octobre: “Chatherine (sic) Bidault femme de Danyel Esgard”. — (9.1.7) Notre-Dame, vendredi 29 octobre 1578:
“dame Katherine Bidault vefve de deffunct Daniel Esgal”; 9 janvier
1581 “M. Katherine Bidault veufve de defunct Daniel Egal”; 19 septembre
1584: “Dame Katherine Egal”; 3 août 1588: “Catherine Bidault”.
— (9.1.8) AD91 E. 4392: “Constitution
d’une rente annuelle de 8 écus sol et 1/3 d’écu faite,
au profit de Catherine Bidault, veuve de Daniel Égal, vivant,
marchand à Étampes, par Jean Pampin, marchand et vigneron
à Lardy, et Françoise Coustellier, sa femme” (Inventaire
sommaire de la série E, tome 3) — (9.1.9)
Censier du Bourgneuf en 1580-1585 (AD91 E. 3834.1); Censier du fief des
Longs pour 1580-1606 (AD91 E. 3935, bis): “Catherine Bidault, veuve de
Daniel Egal / Esgal”.
|
9.2. Simon Égal
neveu de François Bidault?
|
|
Une question qui se pose, au
sujet de cette Catherine Bidault mère de Simon Égal,
est de savoir quels étaient ses liens familiaux avec un
certain François Bidault, personnage assez notable de la
ville, dont j’ai déjà eu l’occasion de parler en 2008 dans mon édition du Traicté
des noms et surnoms des rues de la ville et fauxbourgs d’Estampes
d’Étienne Chardon (1).
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(9.2.1)
Bernard GINESTE [éd.], «Étienne Chardon:
Traité des noms et surnoms des rues de la ville et faubourgs
d’Étampes (vers 1590)», in Corpus Étampois,
http://www.corpusetampois.com/che-16-chardon1590traicte.html,
2008.
|
L’auteur, qui fut lieutenant de la
prévoté, explique ceci, vers 1590, au sujet de
la porte Évezard: “Les anciens l’appellent la porte Bidault
à raison que François Bidault notaire à Estampes
demeuroit de son temps joignant la ditte porte”. Le registre des
baptême de Notre-Dame, dont relevait ce secteur, permet de compléter
ce que j’en ai déjà écrit.
Ce registre qui commence fin 1545 mentionne François
Bidault du début de 1546 à 1563 (2); il fait baptiser son fils François
II en 1547 (3); ses enfants, Cancienne, Claude, puis François
II sont aussi mentionnés sans que lui-même soit
déclaré défunt jusqu’au 18 mai 1564 (4); il décède avant
le 20 août 1565, première mention de sa veuve (5).
De leur côté
les archives du fief des Longs, alias de Saint-Bonnet mentionnent
“François Bidault, bourgeois d’Étampes” comme l’une
de leurs censitaires, puis “la veuve François Bidault” à
une date comprise entre 1565 et 1572 (6). De même les archives
municipales d’Étampes conservent une Procédure
contre François Bidault et autres propriétaires de bateaux,
condamnés à tenir la rivière navigable à
leurs frais, en date de 1561, ainsi qu’une Sentence du bailliage
contre la veuve Bidault, Girard et autres marchands relative au curage
de la rivière, en date de 1569 (7).
|
(9.2.2)
Notre-Dame 11 février 1546: “Françoys Bidault”;
5 novembre 1557: “le sire Françoys Bidault”; 26 octobre
1560: “honorables hommes maistre Girard Garnier advocat ou bailliage
d’Estampes et le sire Françoys Bidault”; 31 octobre 1563:
“Françoys Bidault”. — (9.2.3) Notre-Dame
2 février 1547: “fut baptisé Françoys filz
de Françoys Bidault et de Jehanne sa femme; les parains Helye
Baudequin et Jehan Guectard filz de Nicolas Guectard, la marenne Jehanne
femme de Jehan Paris”. — (9.2.4) 29
avril 1555: “Cancianne fille de François Bidault”; 28 mars
1556: “Cancienne fille de François Bidault”; 25 mars 1557: “Cancianne
fille de François Bidault”; 10 mars 1559: “Claude filz de François
Bidault”; lundi 3 juin 1560: “Claude filz de Françoys Bidault”;
vendredi 17 janvier 1561: “Claude filz de Francoys Bidault”; 26 mars
1563: “Francoys filz de François Bidault”; 18 mai 1564: “Françoys
Bidault filz de Françoy (sic) Bidault”. — (9.2.5) Notre-Dame 20 août 1565: “Jehanne
Pierre veufve de deffunct Françoys Bidault”. — (9.2.6) AD91 E. 3933 (1565-1572), cf. Inventaire
sommaire de la série E, t. 2, p. 330a; E. 3934.1
(1565-1572), cf. Inventaire-Sommaire, p. 332a. — (9.2.7) AA 131 (3 pièces en parchemin) et AA
132 (2 pièces)
|
Vu que Catherine Bidault encore
jeune fille apparaît dans le registre des baptêmes
de Notre-Dame en même temps que François Bidault I,
et comme lui sans mention de filiation, à la différence
des enfants du dit François, il faut croire qu’elle était
plutôt sa sœur que
sa fille. Nous trouvons d’ailleurs aussi mention à cette
époque d’un Jean fils de Simon Bidault (8). Il y a donc toute apparence que François
I, Catherine et Simon étaient trois Bidault de la même
génération, et probablement frères et sœur. Vers
la même époque, en 1540, on entend aussi parler d’une Jeanne
Bidault tenant un fief du roi dans le secteur (9).
Par suite, Simon Égal paraît bien avoir été
un neveu du notaire François Bidault.
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(9.2.8)
Notre-Dame 7 juillet 1561: baptême de “Jehan filz
de Symon Bidault”. — (9.2.9) AD45
A. 1174 (registre de déclarations des fiefs et arrière-fiefs
faites au bailliage d’Étampes en l’an 1540), d’après
l’Inventaire-Sommaire de la série A, tome 1, 1878, p.
266b.
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9.3. Sur la fratrie
de Simon Égal
|
|
Nous connaissons trois et
peut-être même quatre enfants de Daniel Égal et de Catherine Bidault. L’aîné
nous intéresse particulièrement parce qu’il mourra
jeune et que sa fille sera visiblement dans la suite protégée
par son oncle Simon Égal.
Barthélemy
Égal, qui fut marchand, est signalé en 1566
(1), mais il est mort assez jeune avant
1597, laissant une fille, Catherine. Cette Catherine, nièce de Simon, est fréquemment
sollicitée comme marraine, alors que son oncle, qui est très
probablement aussi son tuteur, est déjà procureur du roi:
d’abord jeune fille, de 1597 à 1602, où elle est notamment
maraine de Simon, fils de son oncle; puis mariée au sergent Mathurin
Genest, de 1605 à au moins 1609, dont elle est veuve en 1616 (2).
Jacques Égal, sept fois parrain de 1567
à 1587, paraît être mort jeune et sans
descendance (3).
Cancienne Égal, veuve entre 1580 et 1585 d’un certain Jean Meslin (5).
Simon Égal, qui suit.
|
(9.3.1)
Notre-Dame 17 juin 1566: “Berthelemy Egal filz de Daniel Egal”.
— (9.3.2) Saint-Basile 1er janvier 1597:
“Chaterine Egal fille de feu Berthelemy Egal luy vivant marchant du
dict Estampes”; Notre-Dame 20 juillet 1597: “Khaterine Egal”; jeudi 9
décembre 1599: “Katherine Egal fille de deffunct honorable homme
Berthelemy Egal”; Saint-Basile 14 avril 1602 (marraine Simon Égal
en compagnie du bailli Jacques Petau et de la femme du lieutenant général
Jacques Petau): “Katherine Egal fille d’honorable homme Berthelemy Egal
bourgeois d’Estempes”; mercredi 26 octobre 1605: “Catherine Egal femme
de Mathurin Genez”; 25 février 1608: “Catherine Egal
femme de Mathurin Genetz sergent au dict Estampes”; 13 août
1609: “Catherine Egal femme de Mathurin Genest sergent au dict
Estampes”; Saint-Basile 28 août 1616: “Catherine Egal veufve
feu Mathurin Genest vivant sergent”; Notre-Dame 18 mars 1618: “Catherine
Egal veufve feu Mathurin Genest vivant sergent royal au dict Estampes”.
(9.3.3) Notre-Dame 11 octobre 1567: “Jacques
filz de Daniel Esgard”; 18 juillet 1580: “sire Jacques [rayé:
Eg] Esgal”; 2 juillet 1581: “Jacques Egal”; 27 octobre 1583: “Jacques
filz de defunct Daniel Egal”; 18 décembre 1583, 7 juin 1585,
18 décembre 1586: “Jacques Egal”.
(9.3.5) Censier du Bourgneuf en 1580-1585
(AD91 E. 3834.1): “Cancienne Egal, veuve de Jean Meslin”.
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9.4. Antécédents
de Simon Égal
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Simon Égal n’apparaît dans le registre des baptême
de Notre-Dame que le 19 octobre 1581 à Notre-Dame, où
il reçoit déjà le titre de “maistre” (1). On baptise alors Catherine fille du sergent
Claude Pasquier, et la marraine nominative est Catherine Lhuillier
femme du bailli Nicolas Pétau.
Plus tard, après semble-t-il
qu’il a terminé ses études, il est cité,
de 1583 à 1586, avec le titre universitaire de “advocat en
la cour de Parlement à Paris” (2), ce qui,
rappelons-le, ne désigne pas un office, mais signifie
seulement qu’il a fait des études de droit, qu’il est précisément
licencié en droit, et qu’il a prêté serment
à Paris.
Vers la même époque,
et en tout cas avant 1587, Simon Égal épouse Geneviève
Bonnard, qui lui donne alors ses deux premiers enfants, Madeleine, marraine dès 1597 (3), et Michel,
qui sera plus tard prévôt d’Étampes. Le couple réside dans la paroisse Saint-Basile (4). A cause
de la grande lacune du registre de cette paroisse de 1572 à
1587, nous sommes assez mal renseignés sur cette période.
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(9.4.1)
Notre-Dame 19 octobre 1581: “maistre Symon Egal filz de defunct
Daniel Egal”.
(9.4.2)
Notre-Dame 14 août 1583: “honnorable homme maistre Symon
Egal advocat en la cour de Parlement à Paris”; 21 août
1586: “maistre Symon Egal avocat en la court de Parlement à
Paris”.
(9.4.3)
Saint-Basile 12 janvier 1597: “Magdalainne Egal”; Saint-Gilles
8 mai: “Magdeleine Egal fille de honnorable homme maistre Symon
Egal procureur du roy au bailliage d’Estampes” — (9.4.4) Saint-Martin 1598 [cité par
Forteau, Bulletin de la Société historique
et archéologique de Corbeil, d’Étampes et du Gâtinais
19 (1913), p. 28]:“Geneviève Bonart, femme de maistre Simon
Egal, procureur du Roy dudit Estampes, de la paroisse de Saint-Basile”.
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9.5. Simon Égal procureur du roi
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Après
l’exécution sommaire de Nicolas Berjonneau le 30 juin
1589, il est possible que le roi lui-même lui ait donné
un successeur; mais les circonstances mouvementées de cette
période (puisque la ville fut à nouveau prise par les
ligueurs du 24 octobre au 5 novembre), ainsi que les carences de
notre documentation, ne nous permettent pas de préciser
si ce fut dès ce moment celui que nous trouvons ensuite à
ce poste, et qui y restera pendant près d’un quart de siècle,
à savoir Simon Égal.
La première
mention que j’ai trouvée de lui en temps que procureur
du roi à Étampes est du 26 décembre
1591 lorsque se portent simultanément parrains à
Saint-Basile “maistre Nicolas Prevost advocat du roy à Estampes
et Simon Egal procureur du roy au dict Estampes”. Il est parrain
au moins vingt et une fois de 1591 à 1611 (1), et probablement au-delà, car je n’ai
pas exploré les registres plus avant.
Le 14 avril 1602, Simon Égal fait baptiser
dans sa paroisse de Saint-Basile une autre fille, Geneviève,
avec pour parrain le bailli du temps, et pour marraine l’épouse
de son lieutenant particulier, la deuxième marraine étant
sa nièce Catherine:
“Le jeudy quatorziesme
jour dict mois d’apvril mil six cent et deux a esté
baptisée Geneviefve fille de noble homme Symon Egal procureur
du roy à Estempes et de damoiselle Geneviefve Bonard
ses pere et mere; le parrain Jehen Pierre Le Camus filz de noble
homme Jehan Camus syre de Sainct Bonnet bailly d’Estempes,
les maraines damoisele Geneviefve Le Verrier femme de noble homme
Jacques Petau lieutenant general au bailliage du dict Etempes qui
a nommé, et Katherine Egal fille d’honorable homme Berthelemy
Egal bourgeois d’Estempes.”
Cette
même année 1602, c’est certainement
à la réquisition de notre procureur du roi que fut opérée
une nouvelle saisie féodale des fiefs de Dommerville et de
l’Aleu à l’encontre de Charles de Languedoue (2), qui en était seigneur depuis 1593
(3).
En 1604 Simon Égal est signalé
par ailleurs comme censitaire du fief de Longchamp (4).
En 1613, il
est encore en fonctions selon la Rapsodie de Plisson
(5).
Le 27 janvier 1616, nous voyons
son fils Pierre se porter parrain à Notre-Dame, alors que
sa mère Geneviève Bonnard est semble-t-il récemment
décédée (6).
Il meurt au cours de la même
année 1616, son successeur Isaac Blanchard
étant mentionné comme parrain à Saint-Basile
dès le 17 septembre 1616 (7).
Curieusement, malgré
la longueur de son mandat, soit près sinon plus d’un quart
de siècle, c’est le seul des procureurs du roi à
Étampes que je n’ai pas encore trouvé mentionné
explicitement dans le cadre d’une affaire précise. Cette
lacune sera comblée ultérieurement, sans doute assez
facilement, par tous ceux qui voudront se lancer dans des recherches
de ce genre. |
(9.5.1) Notre-Dame 2 septembre 1592: “maistre
Symon Egal procureur du roy à Estampes”; 16 octobre, “maistre
Symon Égal procureur du roy à Estampes”; Saint-Basile
8 janvier 1593: “noble homme maistre Simon Egal procureur du roy pour
le roy au bailliage d’Estampes”; 16 octobre 1594: “noble homme maistre
Simon Es[g]al procureur du roy”; 22 juin 1595: “nobles hommes maistres
Guillaume Lesmelain conseiller du roy au siege presidial de Chartres
et Symon Egal procureur du roy à Estampes”; Notre-Dame 20 avril
1596: “mestre Symon Egal”; Saint-Gilles 1er mai 1596: “Symon Egal
procureur du roy au bailliage et en la marechaussée d’Estampes”;
Saint-Basile 12 (ou 20 ?) août 1596: “venerable et discrete personne
Symon Egal procureur du roy à Estampes”; 13 octobre 1596: “nobles
hommes Nicollas Prevost advocat pour le roy nominatif et Simon Egal procureur
du dit seigneur” (la marraine étant la femme du lieutenant général
Jacques Petau); Saint-Gilles 13 octobre également: “noble homme
maistre Symon Egal procureur du roy au bailliage et marechaussée
d’Estampes”; Saint-Basile samedi 8 septembre 1597: “noble homme maistre
Simon Egal procureur du roy au bailliage d’Estampes”; 16 octobre: “maistre
Nicolas Prevost advocat du roy au baliage d’Estempes et maistre Simon
Esgal procureur du roy au dict baliage”; 9 janvier 1598: “honorable homme
maistre Symon Egal procureur du roy à Estempes”; Notre-Dame “7
mars 1599: “noble homme maistre Simon Egal procureur du roy au bailliage
d’Estampes (…) maraine damoyselle Ytiere Lucas fame de deffunct noble
homme mestre Nicolas Guillotin en son vivant procureur du roy au bailliage
d’Estampes”; Saint-Basile 21 janvier 1600: “noble homme maistre Symon Egal
procureur du roy nostre sire à Estampes”; 21 février 1600:
“noble homme Symon Egal procureur du roy nostre sire à Estampes”;
23 mars 1600 (baptême d’Accurse, fils du prévôt Accurse
Cassegrain): “nobles hommes maistre Simon Chauvin advocat du roy et Simon
Egal procureur du dict seigneur au bailliage et prevosté du dict
Estampes, ledict Egal parrain nominatif”; Notre-Dame 17 avril 1600: “noble
homme messire Simon Egal procureur du roy au bailliage et prevosté
d’Estampes”; Saint-Basile 17 décembre 1602: “honorable homme Simon
Egal procureur du roy de la ville d’Estampes”; Saint-Gilles: 14 novembre
1603: “honnorable homme maistre Symon Egal procureur du roy au bailliage,
prevosté et marechossée d’Estampes”; Saint-Basile 29 décembre
1609: “noble homme maistre Symon Egal procureur du roy au dict Estampes”;
29 mai 1610: “noble homme maistre Symon Egal procureur du roy du roy au
dict Estampes”; 19 février 1611: “noble homme maistre Symon Egal
procureur du roy au dict Estampes”; etc.
(9.5.2) AD45 A. 1206, d’après
l’Inventaire-Sommaire de la série A, tome 1, 1878, p.
272b, texte cité ci-dessus, note (7.3.6). — (9.5.3) Selon
Fleureau, Antiquitez, p. 48, Jeanne du Ru “eut Mary Charles
de la Villeneuve, Escuyer: ils laisserent seulement trois filles,
Marie, Jeanne, & Antoinette. Marie épousa Charles de
Languedoüe, Escuye, & recuëillit la succession de
ses deux sœurs. Acte de foy donné au Roy le 8. de Novembre
1593”.
(9.5.4)
AD 91 E. 3907: “maistre Symon Egal”. — (9.5.5) Première translation ndes
Corps-Saints: Rapsodie, éd. Forteau, Annales
du Gâtinais 23 (1909), p. 203: “Simon Chauvin avocat
du roi, Isaac Blanchard procureur du roi”. — (9.5.6)
Notre-Dame 27 janvier 1617: “la parrin Pierre Egal filz de Symon Egal
procureur du roy à Estampes et de feu Geneviefve Bonard”.
Il est des plus rares que la mère d’un parrain soit mentionnée.
— (9.5.7) Saint-Basile 17 septembre
1616: “noble homme maistre Isaac Blanchard procureur du roy au bailliage
et prevosté de ceste ville”.
|
9.6. Sur la femme
et la belle-famille de Simon Égal
|
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Nous avons vu que Simon Égal
avait épousé Geneviève Bonnard dès
avant 1587. Elle se porte marraine au moins quatre fois de 1591
à 1604 (1). Nous ne savons rien pour l’heure de son extraction, sinon
qu’elle était d’une noble famille, puisqu’elle porte le
titre de demoiselle.
Nous trouvons bien déjà
Étampes en 1498 deux Jean Bonnard distincts censitaires
des dames de Longchamp (2), et vers 1536 un Antoine Bonnard mentionné
par le censier du Bourgneuf (3). Rien cependant ne permet
d’en conclure à une filiation, et la question de l’origine
de cette Geneviève reste ouverte, d’autant que nous ne
voyons pas Bonnard cité parmi les notables présents
lors de la rédaction de la Coutume d’Étampes en 1556.
Il est donc bien possible qu’elle n’ait pas été d’origine
étampoise.
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(9.6.1) Notre-Dame 31 décembre 1591: “honneste
dame Geneviefve Bonart femme de honorable homme Simon Esgal
procureur du roy au dict Estempes”; Saint-Basile le 31 octobre
1596: “Geneviefve Bonard”; Saint-Martin 1598 [cité par
Forteau, Bulletin de la Société historique
et archéologique de Corbeil, d’Étampes et du Gâtinais
19 (1913), p. 28]:“Geneviève Bonart, femme de maistre Simon
Egal, procureur du Roy dudit Estampes, de la paroisse de Saint-Basile”;
Saint-Basile jeudi 26 février 1604: “damoiselle Geneviefve Bonard
femme de noble homme Simon Egart procureur du roy à Estampes”.
— (9.6.2) AD91 E. 3895 (édition
Gineste 2010): “(103) Jehan Bonart l’esné. (…) (132) Jehan
Bonart le jeune”. — (9.6.3) AD91 E. 3834
(1535-1537): “Cancianne Pichelou, femme d’Antoine Bonnard”.
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9.7. Sur la descendance
de Simon Égal |
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Nous connaissons trois enfants
de Simon Égal et Geneviève Bonnard.
Madelaine Égal
doit être l’aînée, certainement née
avant 1587. Nous la trouvons très souvent marraine de 1597
à 1608, date à laquelle elle n’est toujours pas mariée
(1).
Michel
Égal aussi est certainement leur fils, également
né avant 1587. Il succèdera à Accurse
Cassegrain comme prévôt d’Étampes de 1621
(2), et le restera jusqu’au-delà
de 1633 (3).
En 1632 il est qualifié “prévôt,
lieutenant criminel pour le roi” (4); en 1633, plus précisément, “Michel Égal, conseiller du Roy, nostre sire, prévost,
juge ordinaire civil et criminel, commissaire enquesteur et
examinateur des ville, duché et prévosté
d’Estampes pour nostre dict seigneur Roy et monseigneur le duc
dudict Estampes” (5); et après
sa mort, “conseiller du roi, président prévôt
d’Etampes” (6).
Il avait épousé
Madeleine Defourcroy, fille du seigneur
d’Arrancourt, dont il eut au moins un fils, Guillaume Égal (7).
Madeleine Defourcroy, veuve, est
signalée censitaire de Valnay ou de Courtmeunier à une
date indéterminée postérieure à 1640
(6). Il a eu lui-même apparemment deux fils Michel
et Pierre, dont les héritiers sont signalés censitaires
au Bourgneuf après 1676 (8). On signale aussi une Catherine Egal épouse de
Gabriel Drappier censitaire du fief des Harengeois après
1625 (9).
A ce qu’il me semble, le lieu-dit
“La couture Égale”, encore signalé en 1791 près
de Bois-Renaud par Frédéric Gatineau (10), doit avoir été tenu par
quelque membre de cette même famille.
Geneviève Égal enfin, comme nous l’avons
vu a été baptisée en 1602. Nous n’en savons
pas davantage, et il est probable, dans l’état actuel de
notre documentation, qu’elle est morte en bas-âge.
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(9.7.1) Saint-Basile 12 janvier 1597: “Magdalainne
Egal”; Saint-Gilles 8 mai: “Magdeleine Egal fille de honnorable
homme maistre Symon Egal procureur du roy au bailliage d’Estampes”;
3 mars 1599: “Magdeleine Egal fille de honorable homme maistre
Symon Egal procureur du roy au bailliage et prevosté d’Estampes”;
Saint-Basile 2 septembre: “Magdelaine Esgal fille de noble homme
Simon Egal procureur du roy au baillage d’Estempes”; vendredi 16
juin 1600: “Magdeleine Egal fille de noble homme Simon Egal procureur
du roy à Estempes”; Notre-Dame 1er juillet 1600: “Madaleine
fille de honorable homme Symon Egal procureur du roy en ceste ville”;
Saint-Basile 30 septembre 1600: “Magdellaine Egal fille de noble
homme maistre Symon Egal procureur du roy à Estempes”; Notre-Dame
11 octobre 1600: “damoyselle Madelaine Egal fille de noble homme
maistre Simon Egal procureur du roy à Estampes”; vendredi 16
mars 1601: “damoyselle Magdaleine Leguare (sic) fille de noble homme
maistre Symon Laguare (sic) procureur du roy”; mercredi 20 mars 1602:
“Magdaleine Esgal fille de maistre Symon Esgal procureur du roy au dict
Estempes”; Saint-Pierre 5 août 1604 [cité par Forteau,
Bulletin de la Société historique et
archéologique de Corbeil, d’Étampes et du Gâtinais
13 (1907), p. 99]: “Madeleine Egal fille de noble homme Simon Egal procureur
du roi”; Saint-Basile 3 octobre 1604: “Magdaleine Egal fille de noble
homme maistre Egal procureur du roy au bailliage d’Estampes”; mercredi
6 avril 1605: “Magdelaine Egal fille de noble homme maistre Simon Egal
procureur du roy à Estampes”; lundi 16 mai: “Magdeleine Egal fille
de noble homme maistre Simon Egal procureur du roy au dict Estampes”;
2 mars 1607: “Magdaleine Egal fille de noble homme maistre Simon Egal
procureur du roy au dict Estampes”; 22 septembre 1608: “damoiselle Magdaleine
Egal”.
(9.7.2)
Il assiste à la deuxième translation des Corps
Saints le 12 avril 1621 (Rapsodie, éd. Forteau,
p. 202: “Michaele Egal Prætore, Claudio Prevost proprætore”),
tandis que lors de la première, le 13 juillet 1620, il
n’était pas encore en poste (Fleureau, Antiquitez,
p. 362; Rapsodie, éd. Forteau, p. 203:
“Accurse Cassegrain prévôt”). — (9.7.3) Forteau l’a trouvé mentionné
comme prévôt en 1624, sans doute dans quelque registre
de baptême (Annales du Gâtinais 1909, p. 246,
note 4); Plison l’a trouvé mentionné en 1632 (Rapsodie,
éd. Forteau, p. 246), et moi en 1633. — (9.7.4) Rapsodie,
éd. Forteau, p. 246. — (9.7.5) AD91
G. 431. — (9.7.6) Censier de Valnay pour
1640-1701 (AD91 E. 3941): “Madeleine Defourcroy, veuve de noble homme
Michel Egal, vivant, conseiller du roi, président prévôt
d’Etampes”. — (9.7.7) Charles Forteau,
in Bulletin de la Société historique et archéologique
de Corbeil, d’Étampes et du Hurepoix 9 (1903), p. 121.
— (9.7.8) Censier du Bourgneuf pour 1676-1707
(AD91 E. 3839): “les hoirs maistre Michel Egal et Pierre Egal”. —
(9.7.9) AD91 E. 3856 (1625-1782): “Gabriel
Drappier, ayant épousé Catherine Esgal, 1 arpent de
pré”. — (9.7.10)
Étampes en lieux et places, 2003, p.43, alléguant
Archives municipales d’Étampes 1G 2.
|
9.8. Sur le successeur
de Simon Égal, Isaac Blanchard
|
|
Je n’ai pas proprement mené de recherches sur Isaac
Blanchard mais j’ai rencontré plusieurs données le
concernant en cherchant à dater plus précisément
le moment précis où il succéda à Simon
Égal. Je les donne ici pour conclure, à l’intention
de toute personne qui voudrait poursuivre ces recherches.
On trouve des Blanchard
à Étampes depuis le XIIIe siècle, parmi
les censitaires de Longchamp (1). Les registres des baptêmes,
surtout celui de Notre-Dame, ne nous font connaître semble-t-il
qu’une seule famille de Blanchard à la génération
précédente:
— Bon Blanchard, prêtre
en 1564 (2).
— Louis Blanchard, marchand,
cité de 1568 à 1583 (3); sa fille Denise, jeune
fille en 1568, mariée vers 1569 à Michel Bonnier,
dont elle est clairement veuve avant 1590, et peut-être dès
avant 1582 (4); sa fille Marie, jeune fille en 1570 (5); son fils Louis II,
jeune homme en 1570 (6); sa fille Catherine, jeune fille 1580, mariée ensuite
à Étienne Simonneau, dont le fils Louis est baptisé
à Saint-Gilles en 1583 avec son grand-père pour
parrain (7); plus une certaine Perrine, sans doute également
sa fille, en 1590 (8).
Je n’ai pas pu déterminer
pour l’heure déterminer avec certitude si le procureur
du roi Isaac Blanchard descendait de ce Louis Blanchard I, par
le biais de son fils Louis Blanchard II.
|
(9.7.1)
Censiers de Longchamp (édition Gineste 2009) pour 1268:
“(77) Matheus Blanchart”; pour 1271: “(66) Maci Blanchart”;
pour 1274: “(101) Macy Blanchart”; pour 1292: “(15) Jehanne Blanchart
(...) (151) Vincent Blanchart”; pour 1298: “(146) Vincent Blanchart”;
pour 1300: “(55) Jehennot Blanchart (...) (126) Maci Blanchart et
Vincent son frere”; pour 1306: “(48) Adelot fillie Jehan Blanchart”;
pour 1323: “(45) Item, Michiau Blanchart (...) (163) Item, les anfans
feu Maci Blanchart, de Bruieres.” — (9.7.2)
Notre-Dame 9 juin 1564 “venerable et discrette personne maistre Bon
Blanchart”. — (9.7.3) Notre-Dame 2 janvier
1568: “Denyse Blanchard fille de Loys Blanchard”; 15 août 1569,
“Loys Blanchard”; 1er mai 1570: “Loys Blanchard”; 1er mars 1580: “Loys
Blanchart”; 13 février 1582: “honneste personne Lois Blanchard”;
19 juillet 1583: “sire Loys Blanchard marchant”; Saint-Gilles 19
juillet (baptême de Louis fils de sa fille Catherine et d’Étienne
Simonneau): “Loys Blanchard”. — (9.7.4)
Notre-Dame 2 janvier 1568: “Denyse Blanchard fille de Loys Blanchard”;
6 août 1570: “Denyse Blanchard femme de Michel Bonyer”; 24 mai
et 5 septembre 1582: “Denyse Blanchard”; 26 septembre 1586: “Denisse
Blanchart”; 20 juin 1590: “Denise Blanchard veufve de defunt Michel
Bonnier”. — (9.7.5) Notre-Dame 27 avril 1570:
“Marie Blanchard fille de sire Loys Blanchard”. — (9.7.6) Notre-Dame 19 décembre 1570:
“Loys fils de Loys Blanchard”. — (9.7.7) Notre-Dame
30 mars 1580: “Katherine fille de Loys Blanchart”; 26 août 1581:
“Katherine Blanchart”; Saint-Gilles 19 juillet 1583: baptême
de “Loys filz de Estienne Simmoneau et de Katherine Blanchard”, parrain
“Loys Blanchard”. — (9.7.8) Notre-Dame 14
mai 1591: “Perrine (?) Blanchard”.
|
Quoi qu’il en soit cet Isaac Blanchard
est signalé comme procureur du roi à Étampes
dès le 17 septembre 1616. Je n’ai relevé que ses trois
premières occurences dans les registres paroissiaux, à
savoir à Saint-Basile deux fois, puis à Saint-Gilles.
Il est toujours qualifié “noble
homme”, comme ses trois prédécesseurs,
et semble évoluer dans un milieu restreint qui est celui de
la noblesse de robe (9).
C’est
probablement sur sa réquisition que fut opérée
en 1617 une saisie féodale du Petit-Boinville
(10), et, sans nul doute une autre saisie à Boutervilliers pour défaut d’hommage en 1618, “sur réquisition
du procureur du roi” (11).
Le 12 avril 1620, Isaac
Blanchard assiste à une translation des reliques des
saint Cant, Cantien et Cantienne appelées Corps Saints (12), puis
à une autre, le 13 juillet 1621 (13).
Plisson signale aussi qu’il a trouvé
Blanchard mentionné comme procureur du roi en 1624
(14). Cela nous suffira, et je laisse à
d’autres le soin de prolonger des recherches qui seraient certainement
passionnantes, le XVIIe siècle étampois semblant réserver
lui aussi de belles découvertes à ceux qui voudront
l’explorer.
Signature d’Isaac Blanchard
|
(9.7.9)
Saint-Basile 17 septembre 1616: “Le samedy XVIIe du dict mois a
esté baptizée Anne fille de noble homme maistre Charles
Ursin advocat en Parlement et de Marie Pinot ses pere et mere ; le
parren (sic) noble homme maistre Isaac Blanchard procureur du roy au
bailliage et prevosté de ceste ville, et les marrenes damoiselle
Anne Naudet femme de noble homme Jehan Hardy mareschal des logis du
roy, laquelle a donné le nom, et Jacqueline Ursin femme de maistre
Cancien Charron greffier des presentations de la prevosté de
ceste ville d’Estampes. [signé:] Blanchard [paraphe] — Anne
Naudet — J. Ursin — Thirouyn [paraphe]”; 26 novembre: “noble homme maistre
Isaac Blanchard procureur du roy aux bailliage, prevosté et marescaussée
de ceste ville d’Estampes, lequel a donné le nom. [signé:]
Blanchard [paraphe]”; Saint-Gilles 15 mai 1617 : “Le lundy quinziesme
du dict moys de may fut baptizé Jacques filz de Jehan Roux et
de Marie touchart ses pere et mere; les parrains Jacques Reucart
escuier sieur du Val et prevost des mareschaux de ceste ville qui a tenu
et nommé l’enfant et noble homme Isaac Blanchard procureur du roy
du dict Estampes, la marenne damoyselle Margueritte Lucas femme de honnorable
homme Michel Bouttevilain. [signé:] Reucart. — Blanchard [paraphe]
— M. Lucas”. — (9.7.10) AD45 A. 1197,
document ainsi résumé par l’Inventaire-Sommaire
de 1878, p. 271a: “Le Petit-Boinville: — saisie féodale (1617);
— offre de foi d’Henri Desmazis, lieutenant d’artillerie à
Strasbourg; — etc.” Ce dernier était né en 1624. — (9.7.11) AD45 A. 1196, document aujourd’hui ainsi
résumé par l’Inventaire-Sommaire de 1878, p.
271a: “sentence rendue au bailliage d’Étampes, sur l’opposition
formée, par le fermier de la terre de Boutarvilliers, au
bail judiciaire poursuivi de ladite terre saisie féodalement,
à la requête du procureur du roi, sur M. Hennequin: —
mainlevée de la saisie (1618)”; cette pièce est à
mettre en relation avec une autre, A. 1197, ainsi résumée
(p. 271b): “brevet de la remise accordée par le duc de Vendôme,
aux enfants et héritiers du sieur Galoppe (Gallope), de Boutarvilliers,
Madeleine Galloppe, dame de Verdilly, et Louis Galloppe, des droits
de fief par eux dûs, faute d’avoir porté la foi au
temps convenu (1618). Signé César De Vandosme”. — (9.7.12) Pierre Plisson, Rapsodie,
éd. Forteau, Annales du Gâtinais 23 (1909),
p. 203: “Simon Chauvin avocat du roi, Isaac Blanchard procureur
du roi” (cet événement paraît curieusement inconnu
de Fleureau). — (9.7.13) Pierre
Plisson, Rapsodie, éd.
Forteau, Annales du Gâtinais 23 (1910),
p. 202: Pierre Plisson, Rapsodie, éd. Forteau,
Annales du Gâtinais 23 (1910), p. 203: “D.
Simon Chauvin advocato regio (…) Jacobo (sic) Blanchard procuratore
regio”; Fleureau, Antiquitez, p. 362 (avec un texte latin différent):
“Simone Chauvin, & Isaaco Blanchard Advocato, & Procuratore
Regiis”. — (9.7.14) Rapsodie,
éd. Forteau, p. 248: “Isaac Blanchard”.
|
Noble homme maistre Simon Egal procureur du roy au bailliage
et prevosté d’Estampes (Notre-Dame, 16 avril 1600)
Noble homme Isaac Blanchard procureur du roy du dict
Estampes (Saint-Gilles, 15 mai 1617)
|
Conclusion
Synthèse provisoire
Article à paraître
très prochainement, dès que la mise
en page en sera terminée.
SOMMAIRE PLUS DÉTAILLÉ
|
BIBLIOGRAPHIE PROVISOIRE
Édition
Bernard GINESTE [éd.], «Les
procureurs du roi à Étampes au XVIe siècle
(étude prosopographique,)», in Corpus
Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-16-procureursduroi.html, 2010.
Sur ce sujet
Gustave DUPONT-FERRIER, «Procureurs», in ID., Les officiers royaux des bailliages et sénéchaussées
et les institutions monarchiques locales en France
à la fin du moyen âge [25 cm; XXXIV+1043
p.; 2 folios de cartes dont 1 dépliant], Chartres, Émile Bouillon [«Bibliothèque de l’École des hautes études.
Sciences historiques et philologiques» 145], 1902, pp. 146-158
Dont
une réédition: [23 cm], Genève,
Slatkine, 1974.
Dont
une réédition numérique en
ligne sur le site Archive Archive, http://www.archive.org/details/lesofficiersroy00fergoog,
en ligne en 2010.
Paul DUPIEUX, «Le Procureur», in ID., Les Institutions royales
au pays d’Etampes (Comté puis Duché:
1478-1598), par Paul Dupieux, architecte-adjoint de
la Seine. Ouvrage couronné par l’Institut
[in-8°; XIX+288 p.; gravure; carte], Versailles, Mercier
[«Bibliothèque d’histoire de Versailles et de
Seine-et-Oise, publiée sous les auspices de la Société
des sciences morales, lettres et arts de Seine-et-Oise
(Académie de Versailles)»], 1931, pp. 84-85.
Sur le XVIe siècle étampois
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