Les Antiquitez
de la Ville et du Duché
d’Estampes
Paris,
Coignard, 1683
Premiere
Partie, Chapitre XXXV,
pp. 171-180.
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Des choses memorables arrivées
à Estampes vers le regne de Charles VI, Louis dauphin et
Charles VII
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PREMIÈRE
PARTIE, CHAPITRE XXXV.
Des choses
memorables arrivées à Estampes
vers le Regne de
Charles VI. R. de France, m. 1422.
Louis Dauphin, m. 1415.
Charles VII. Regent,
& depuis Roy de France.
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Iean, Duc de Berry.
Philippe le Hardy, Duc de Bourgogne.
Philippe de Bourgogne.
Iean de Bourgogne, Nevers.
Comtes d’Estampes.
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Depuis 1399. jusqu’à 1435.
L’Usufruit du Comté d’Estampes fut changé en proprieté
par la mort du Comte Louis: Et Jean Duc de Berry commença aussi-tôt
à en jouïr pleinement, & paisiblement, & à
en disposer des fruits, & de tous les revenus, à sa volonté.
Je trouve que par une Ordonnance du trentiéme de Juillet de la
méme année 1400. il commanda aux Receveurs de son domaine
d’Estampes de payer à l’Eglise de Nôtre Dame, les dix livres
tournois, qu’il devoit pour la fondation des Anniversaires de Charles d’Evreux,
Comte d’Estampes.
Quelques [sic] temps aprés que le Duc
de Berry fut entré en pleine jouïssance du Comté
d’Estampes, il signala sa pieté envers l’Abbaye de Nôtre
Dame la Royale, dite de Maubuisson prés de Pontoise, par la remise
& donation entre-vifs, qu’il fit à l’Abbesse, & aux Religieuses
de ce Monastere-là de quatre muids de bled de rente, qu’il avoit
droit de recevoir, sur les dixmes qu’elles y avoient, nommé le fort
dixme le Roy: à condition qu’elles diroient tous les ans à
perpetuité quatre Obits, comme il est ordonné par le titre
suivant.
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Jean de Berry en prière
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Iean fils de Roy
de France, Duc de Berry, & d’Auvergne, Comte de Poictou, d’Estampes,
de Boulogne, & d’Auvergne; sçavoir faisons à tous
presens, & à venir, que, Nous, considerans les grandes &
notables prieres, & service divin que les Religieuses, Abbesse
& Convent de l’Abbaye Nôtre Dame la Roiale prés de
Pontoise, ont eu continuellement aux Seigneurs, & Dames de l’Hostel
de France, lesquels ont esté Fondeurs de ladite Abbaye. Eu außi
consideration, & regard à ce que feüe nostre tres-chere
Dame, & Mere repose, & est inhumée en ladite Abbaye: &
afin qu’icelles Religieuses, les rentes, & revenus desquels sont
de present moult amendries, soient toûjours plus tenuës de
prier Dieu pour l’ame de nostredit Dame feuë Mere, la nôtre, [p.172] quand il plaira à
nôtre Seigneur que nous allions de vie à trépassement,
& de nos predecesseurs, & successeurs, parens, & amis, &
pour accroître le divin service, dont entre nos autres cures, &
sollicitudes, nous sommes plus soigneux: ausdites Religieuses, & à
ladite Eglise avons donné, ceddé, transporté, quitté,
donnons, ceddons, transportons, de nôtre pleine science, &
grace especial, par ces presentes, perpetuellement à toûjours-mes
par donnation irrevocable, faite entre-vifs, la somme de quatre muids
de bled, en quelque valuë, ou estimation qu’ils soient à present,
ou qu’ils seront pour le temps à venir: Esquels quatre muids de
bled lesdites Religieuses nous étoient tenuës chacun an de
rente, par avant cette donation: Et avions iceux accoûtumé
de prendre, à cause de nôtre Comté d’Estampes, de,
& sur les dixmes de grains, qu’icelles Religieuses ont, & prennent
chacun an en nôtredite ville, & Comté d’Estampes, lieu,
& appartenances d’icelles, nommé le Fort dixme le Roy, sans
ce que jamais nous ne nos successeurs, ou ayons [Lisez: ayans] de nous
cause, en puißions rien demander, ne requerir, ou faire demander,
requerir, ou autrement poursuivre contre lesdites Religieuses pour ladite
cause, parmy ce toutes voyes, que lesdites Religieuses, qui sont à
present, & seront pour le temps à venir seront tenuës de
faire faire & celebrer chacun an, perpetuellement en leurdite Eglise,
quatre Obits solemnels de vigiles, Commendaces, & Messe à
Diacre, & Sousdiacre, pour le remede, & salut des ames de nôtredite
feuë Mere, de nous, quand nous serons partis de ce Siecle, & de
nos predecesseurs, & successeurs, parens, & amis: dont le premier
sera fait, & commencera le jour du trépas de nôtredite
Mere, & les autres trois seront faits en suivant chacun an, de trois
mois en trois mois: & de se [Lisez: ce]
faire s’obligeront lesdites Religieuses,
elles, & leur Eglise: & seront ces choses enregistrées à
perpetuelle memoire au martyriloge, & livre des Obits de ladite
Eglise. Si donnons en mandement à nos amez, & feaux les gens
de nos comptes, à nos Baillis, Procureur, & Receveur d’Estampes,
& à tous nos autres Iusticiers, & Officiers, de nos successeurs,
presens, & à venir ou à leurs Lieutenans, & à
chacun d’eux, si comme à luy appartiendra, que de nos presens, don,
cession, octroy, transport, & quittance fassent, souffrent, & laissent
jouïr, & user plainement, & paisiblement lesdites Dames Religieuses,
& leur Eglise, sans les travailler, molester, ou empêcher, ou souffrir
estre molestées, travaillées, ou empêchées en
aucune maniere contre la teneur des presentes: Car ainsi nous plaît-il,
& voulons estre fait, nonobstant que en ces lettres ne soit faite
autre mention de la valeur desdits quatre muids de bled, ordonnances ,
mandemens, deffenses, ou autres choses à ce contraires. Et que
ce soit chose ferme & [p.173] stable
à toûjours-mes nous avons fait mettre nôtre scel à
ces presentes, sauf en autre chose nôtre droit, & l’autruy
en toutes. Donné à Paris au mois de Fevrier, l’an de grace
mil quatre cent, & quatre.
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Premier sceau de Jean de Berry (vers 1393)
Troisième sceau de Jean de Berry (1410)
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Jean Duc de Bourgogne, qui étoit
Seigneur proprietaire d’Estampes, au lieu de Philippe son Pere, confirma
l’année suivante, cette donation des quatre muids de bled faite
à l’Abbaye de Maubuisson, par le Duc de Berry, qui n’étoit
plus que Seigneur usufruitier d’Estampes, comme je l’ay cy-devant remarqué.
Sur la
plainte qui fut renduë à Messieurs du Parlement de Paris
par un Bourgeois de la ville de Bourges, de ce que le Duc de Berry faisoit,
depuis quelque temps, retenir sa fille enfermée dans son Château
de Bicestre-lez-Paris. La Cour envoya un de ses Huissiers faire commandement
à ceux qui gardoient cette fille, de la rendre: ce qu’ils refuserent
de faire; & sur le refus, il les assigna.
Le trouble d’esprit
où le Roy Charles VI. tomba en sortant de la ville du Mans pour
aller en Bretagne, causa de grandes divisions entre les Princes du sang,
chacun pretendant le Gouvernement du Roiaume. Les Ducs de Berry, &
de Bourgogne, en qualite d’Oncles de Sa Majesté, se le firent
donner par l’Assemblée des Estats du Roiaume, tenuë à
Paris, l’an 1392. à l’exclusion du Duc d’Orleans, frere du même
Roy, à cause, disoient-ils, qu’il étoit trop jeune: d’où
nâquit la querelle, & la haine, entre les maisons d’Orleans,
& de Bourgogne. Cette haine au lieu de s’éteindre avec la vie
de Philippe le Hardy, qui mourut dans la ville de Halles en Hainaut, le
27. jour d’Avril 1404. s’augmenta encore davantage dans le cœur de Jean,
son fils aîné: parce que le Duc d’Orleans fit naître
des difficultez, & des longueurs, qui égaloient une opposition
couverte, à la demande qu’il fit au Roy, d’executer les mariages
qui avoient été accordez entre leurs enfans; Sçavoir
entre Louis Duc de Guienne, & Dauphin de Viennois, & Marguerite,
fille de Jean: & entre Philippe, Comte de Charolois, son fils, &
Michelle de France, fille du Roy; de sorte qu’enfin ce nouveau Duc de Bourgogne
perdant le respect qu’il devoit avoir pour le frere unique du Roy; sans
craindre ny la Justice divine, qui menace l’homicide de la même mort,
dont il fera mourir son prochain: ny la vengeance que l’on pourroit executer
sur ses enfans, fit assassiner ce jeune Prince, dans Paris à la porte
Barbette, un soir qu’il alloit trouver le Roy dans son Hôtel de saint
Paul*. Le malheur de la France étoit
si grand en ce temps-là, qu’au lieu de venger un crime si enorme,
on fut contraint de le dissimuler, pour [p.174] ne
pas jetter l’Estat dans un plus grand desordre, & de procurer une reconciliation
entre les Princes d’Orleans, & les Ducs de Bourgogne. Cette reconciliation
fut faite dans l’Eglise de Nôtre Dame de Chartres, où les
deux jeunes Princes d’Orleans, & le Duc de Bourgogne jurerent, sur
les saints Evangiles de vivre toûjours en bonne amitié, les
uns envers les autres.
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A gauche, Philippe II, à droite son fils
Jean
Charles VI
* 22. Novembre 1407.
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Mais cette paix ne fut pas plûtost faite, que les partisans de
la maison d’Orleans éprouverent sur eux la vengeance du Bourguignon,
& furent contraints pour en éviter les cruelles suites, de
se retirer à Blois. Ce qui fut un nouveau sujet de querelle, &
de plainte à la maison d’Orleans: & les Princes Orleannois,
& leurs partisans pretendans que c’étoit ouvertement rompre
le Traité fait à Chartres, s’assemblerent à Gien:
sçavoir les Ducs d’Orleans, de Berry, de Bourbon, & de Bretagne:
les Comtes d’Alençon, d’Armagnac, de Richemont, Charles d’Albret,
qui retenoit toûjours la qualité de Connétable de
France, avec plusieurs autres grands Seigneurs, qui firent vœu, & serment
de demeurer unis tous ensemble pour détruire la tirannie du Duc
de Bourgogne. Pour affermir davantage cette ligue, Charles Duc d’Orleans
épousa la fille du Comte d’Armagnac, & de Bonne de Berry sa
femme, fille du Duc Jean. Les deux partis assemblerent aussi-tôt
le plus de troupes qu’ils purent; & parce que le Comte d’Armagnac
avoit mené le plus de gens, on surnomma ces troupes les Armagnacs.
Le Bourguignon commença à les battre sous l’autorité
du Roy qu’il gouvernoit: mais les Orleannois, sans avoir égard
à toutes les défenses d’armer qui leur étoient faites,
ne laissèrent pas de continuer leur entreprise, & de s’avancer
par Estampes jusques à Mont-l’Hery, & de là à
Bicestre, & jusques dans les fauxbourgs de Paris. Ce qui obligea
de faire la paix que l’on appella de Vvincestre, & par corruption
Bicestre, par l’entremise de Charles Roy de Navarre, surnommé
le Noble, & le second Salomon, & du Duc de Brabant, frere du
Bourguignon.
Mais cette
paix fut d’aussi peu de durée que celle de Chartres, & rompuë
pour pareil sujet. Joint aussi que le Duc d’Orleans de son côté,
arrêta le sieur de Croüy, deputé de la part du Bourguignon
vers le Duc de Berry, & le fit gehenner cruellement pour découvrir
les assassins de son Pere: Ce que le Bourguinon
[sic] prit aussi pour une infraction ouverte du Traité
de Bicestre: & ayant d’abord mis en campagne, avec l’aide de ses
parens, & amis, une tres-puissante armée, il entra au païs
de Vermandois, où il prit [p.175] par
composition Nefle, Roïe, & Chauny; brûla Ham, sur la riviere
de Somme, qui étoit au Duc d’Orleans: & étant à
Montdidier avec son armée, il fut contraint de faire une retraire
honteuse en ses pays. Les Orleannois qui s’étoient allez [sic] opposer au Bourguignon avec
tout ce qu’ils avoient pû mettre ensemble de forces, voyans sa retraite,
retournerent vers Paris, enseigne déployées [sic], esperant d’y entrer, &
de s’en rendre les maîtres: mais le Bourguignon qui l’avoit preveu
y avoit envoyé des forces sous le Comte de Saint Paul: de sorte que
les Orleannois à leur arrivée y trouverent plus de resistance
qu’ils ne se l’étoient persuadez, & prirent seulement saint Denis,
& saint Cloud: & de là courans ordinairement jusques aux portes
de Paris, étoient tous les jours aux mains avec la garnison.
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Charles d’Orléans recevant l’hommage d’un vassal
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Cependant le Bourguignon aprés s’étre allié avec
l’Anglois, se rendit, de nuit dans Paris avec de nouvelles forces, &
le 9. de Novembre 1411. il alla attaquer saint Cloud, & le força
nonobstant la vigoureuse resistance de ceux qui étoient dedans,
y tua 900. hommes, & en fit cinq cent prisonniers & prit quantité
de bagage, où il y avoit entre autres choses 1600. chevaux. Aprés
cette perte, les Princes, & Seigneurs du party Orleannois se resolurent
de se retirer chacun en leurs terres, pour assembler de nouvelles troupes:
& le Duc de Bourgogne demeura à Paris gouvernant paisiblement
le Roy, & le Roiaume. Le Duc d’Orleans en se retirant prit Galardon
avec quelques autres places, mit garnison dans Galardon, & dans Estampes
qui étoit au Duc de Berry. Cette garnison couroit jusques aux portes
de Paris, qu’elle incommodoit grandement, aussi bien que tous les pays
circonvoisins: ce que les Parisiens ne pouvant supporter, ils obligerent
le Duc de Bourgogne d’aller mettre le siege devant Estampes. Il mena Loüis
Dauphin, & Duc de Guienne son Gendre, avec les Comtes de Nevers, de
la Marche, de Ponthieure, de Vaudemont, & Boucicaut Maréchal
de France. Loüis de Bourdon tenoit Estampes pour le party d’Orleans:
il le deffendit vaillamment: mais voiant que les habitans étoient
resolus de se rendre au Dauphin, il se retira dans le Château, &
le défendit longuement, nonobstant la furieuse batterie des Assiegeans,
jusques à ce qu’il s’apperçeut
[sic] que la mine qui étoit preste, faisant son effet,
il ne pouroit plus le défendre: ce qui le contraignit de se rendre
à discretion. Bourdon, Jean d’Amboise, & d’autres Chevaliers
furent envoiés prisonniers à Paris, & de là conduits
à l’Isle en Flandre. Quelques Annalistes ont mis par erreur
Bourbon au [p.176]
lieu de Bourdon, & cet erreur [sic] en aiant attiré un autre,
ils y ont ajoûté la qualité de Duc, ce qui ne peut
étre, puisque Loüis Duc de Bourbon étoit mort dés
le 19 d’Aoust 1410. & que le siege ne fut mis devant Estampes que sur
la fin de l’année suivante 1411. la Ville & le Château
s’étant ainsi rendus, Guillaume d’Arbouville, Chevalier, & Gentil-homme
ordinaire de la chambre du Roy, en fut fait Gouverneur pour le Roy, par
commission donnée Paris le 22. jour de Janvier de la même
année, de la teneur suivante.
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Reconstitution de Léon Marquis (1873)
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Charles par la grace de Dieu Roy de France, à
tous ceux qui ces presentes Lettres verront, salut, Sçavoir faisons
que comme de present les Ville, Chastel, & Comté d’Estampes
soient renduës, & remises à nôtre obeissance,
& en nôtre main: & pour ce soit neceßite de pourvoir
aux offices de ladite Comté de personnes suffisantes, & idoines,
qui lesdites Offices teignent & exercent de par nous, comme il appartient;
mémement pour tenir ledit lieu d’Estampes, & le pays d’environ
en bonne seureté. Nous, ce consideré, & confians à
plain des sens, loiauté, & bonne diligence de nôtre
Amé & feal Chevalier, & Chambellan, Guillaume Sire d’Arbouville,
à iceluy de grace speciale par ces presentes avons donné
& octroyé, donnons & octroions, l’office de Capitaine
desdites Ville, & Château d’Estampes: à iceluy office
avoir tenir & exercer doresnavant aux droits, &c. Si donnons
en mandement, &c. Donné à Paris l’an de grace 1411.
& de nôtre regne le XXII. ainsi signé par le Roy en
son Conseil, ou quel le Roy de Sicile, Monsieur le Duc de Bourgogne,
le Comte de Nevers, vous [Lisez sans doute:
mons.] le chancelier
de Guienne étoient. I. Milet.
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Sceau de Charles VI
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Et par une autre commission, donnée au Camp devant Estampes,
on voit que le Roy n’y étoit pas present; mais seulement le Dauphin,
Duc de Guienne, qui commit Estienne Chartier pour faire la recepte de
ce Comté, & de Dourdan, de la Ferté Aalés, &
de leurs dependances depuis peu confisquées au Roy, pour cause
de rebellion.
Stephanus Chartier nuper commissus
per Dominum Aquitaniæ Ducem, & Delphinum Viennensem, tunc
ante Villam Stamparum, cum exercitu existentem, ad officium receptæ
Comitatus, & Castellaniæ Stamparum per deliberationem habitam
in Camera, fuit ordinatus Receptor in dicto Comitatu, & in Castellaniis,
de Dordano, & de Feritate Aalés cum earum pertinentiis, &
etiam in quibuscunque terris, in dictis locis existentibus, de novo confiscatis,
propter rebelliones: ad vadia quæ sibi per gentes compotorum,
& thesaurarios, ad proximum suum compotum taxabuntur, per litteras
datas die XVI. Aprilis an. MCCCCXII. Sic signatas, par le Roy à
la relation du Conseil, étant [p.177]
en la Chambre des Comptes, auquel les tresoriers
étoient. Le Begue per quæ etiam revocati fuerunt quicumque
Receptores particulares in dictis terris. Die quoque vigesima secunda
mensis ejusdem, prædictus Stephanus præstitit testamentum,
& dedit cautionem de D. libr. scilicet Guilletum Chartier parisiensem,
commorantem in vico de ficu, in Parochia Sancti Pauli, & Ioannem Chartier
apud Stampas: quæ cautio fuit tradita in Camera Franciæ.
Il paroît de ce que les cautions ne s’obligerent que jusques à
500 livres, du peu de valeur du domaine d’Estampes, en ce temps-là,
& combien tout le pays avoit été ruiné par les
desordres qui regnoient alors dans l’Etat.
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Dont traduction en Annexe1.
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Les Orleannois se trouvans trop foibles pour resister à la puissance
du Bourguignon, appuié de l’autorité du Roy, firent alliance
avec l’Anglois qui leur donna 8000. hommes de secours. L’Armée
Roiale fut conduite par le Dauphin qui la commandoit en qualité
de Lieutenant General devant Bourges, où étoient les Ducs
de Berry, & de Bourbon. La ville fut battuë pendant plus de
six semaines: mais enfin Dieu qui se plaist à étre nommé
le Dieu de Paix, benissant le travail de ceux qui la procuroient, disposa
le cœur du Dauphin à la donner, & celuy des Princes à
la recevoir. Elle fut concluë à Auxerre, presque aux mêmes
conditions que celles de l’accord de Bisestre [sic]. Comme cette paix fut suivie de nouveaux
desordres commis par les Bourguignons, elle fut encore suivie d’un quatriéme
accord fait à Pontoise, aprés lequel le Duc de Bourgogne,
& ses Partisans se retirerent d’eux-mêmes de la Cour, en Flandre:
& sur l’avis que le Roy reçût qu’ils armoient, pour les
prevenir, il s’y en alla avec une tres-puissante armée; mais tout
ce grand appareil se termina encore à un traité qui fut moienné
par le Duc de Brabant, & la Comtesse de Hainault, frere, & sœur
du Duc de Bourgogne. Cet accord ne fut pas de plus longue durée
que les autres, le Bourguignon couvoit toûjours dans son cœur le
dessein de rentrer au Gouvernement auprés du Roy. La perte de la
bataille d’Azincourt*, en laquelle le Duc d’Alençon
avoit été tué & les Ducs d’Orleans & de Bourbon
faits prisonniers par les Anglois, luy en ouvrit le chemin. Il s’avança
jusques à Lagny où il sejourna prés de trois mois,
& puis il se retira en son pays sans avoir emporté aucun fruit
de sou voiage que le surnom de Jean de Lagny.
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* 25. Oct. 1423.
Bataille d’Azincourt (miniature du XVe siècle)
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Mais dés l’année 1417. il retourna encore en France avec
une tres-puissante armée. Les Villes de Montdidier, de Senlis,
de Beauvais, de Meulant, & de Pontoise luy ouvrirent les portes, &
il s’avança jusques au village de Montrougc prés de Paris:
d’où, après [p.178]
quelque sejour, il alla prendre Mont-l’Hery, Palaiseau,
Marcoussis, & Dourdan, pendant que d’autres Capitaines de son Armée
prirent Roche-Fort, Galardon, Chartres, Aulneau, Estampes, & d’autres
petites Villes, & Châteaux, dont la prise peut beaucoup incommoder
celle de Paris, dans laquelle le Dauphin Charles, qui portoit la qualité
de Regent en France, s’étoit renfermé. De sorte qu’Estampes
sur pris deux fois en six ans par le Duc de Bourgogne; une fois pour le
Roy, contre les Orleannois, & la seconde contre le Roy & le Dauphin
Charles (le Dauphin Loüis Gendre du Bourguignon étant mort
dés le 18. de Decembre 1415.) Lors que la ville fut prise cette
seconde fois elle appartenoit à la Maison de Bourgogne; par ce que
le Duc de Berry étoit mort sans enfant mâle, le 15. jour d’Avril
1415. en son Hôtel de Neesle à Paris, âgé de
76. ans. Ce Prince étoit d’un naturel doux & paisible, genereux,
& liberal, qui aimoit les joyaux & les Edifices: Il en fit bâtir
plusieurs pendant sa vie, entre autres la sainte Chapelle du Château
de Bourges, en laquelle son corps repose.
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Jean sans Peur
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Il portoit en ses armes de France ancien, qui est, d’azur semé
de fleurs de Lys d’or, à la bordure engrelée de gueules;
outre le Duché de Berry, il possedoit les Comtez d’Auvergne,
de Poitiers, de Montpensier, de Bologne & ceux d’Estampes, &
de Gien, desquels il avoit disposé, avec les Châtellenies
de Dourdan, & d’Aubigny, en faveur de son frere le Duc Bourgogne [sic], & de ses enfans mâles
seulement, comme j’ay déja dit. La fille aisnée de ce
Duc luy succeda en tous ses meubles, qui étoient de grand prix;
& la puisnée eut les Comtez d’Auvergne, & de Monpensier
par octroy, & grace du Roy, qui defera à la priere que le
deffunt luy en avoit faite. Une Cronique manuscrite a remarqué
que le Comté d’Auvergne ne luy fut donné que pendant sa vie. |
Gisant de Jean de Berry
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Il se presente icy une difficulté sur laquelle les historiens
sont partagez, auquel des trois enfans de Philippe le Hardy Duc de
Bourgogne, écheurent les Seigneuries que le Duc de Berry luy
avoit données. Les sieurs de sainte Marthe disent qu’elles écheurent
à Philippe son troisiéme fils, Comte de Nevers & de
Retel. D’autres disent, aprés Coquille, en son histoire du Nivernois
que Philippe le Hardy fit l’an 1401. un partage de tous ses biens, par
lequel il ordonna que toutes ces Seigneuries appartiendroient à
son fils aisné Jean, dont le fils Philippe II. surnommé
le Bon, les donna avec le Comte d’Auxerre, l’an 1434. à Jean surnommé
de Nevers, son Cousin germain, & fils de son Oncle Philippe, troisiéme [p.179] fils de Philippe le Hardy,
Comte de Nevers & de Rethel, pour s’acquitter de cinq mille livres
de rente qu’il luy avoit promis en recompense des droits que Jean pretendoit
sur les Duchez de Brabant, Lothier, Limbourg, & autres Seigneuries,
qu’il luy retenoit injustement, & à Charles son frere aîné;
pour sa part des meubles délaissez par Bonne d’Artois sa Mere,
morte l’an 1425. & pour s’acquitter de vingt mille saluts d’or qu’il
avoit reçûs de la premiere femme du même Prince Jean
de Bourgogne. Je suis volontiers cette seconde opinion, non seulement à
cause de l’autorité de Coquille, à qui l’on peut ajoûter
beaucoup de foy, la qualité qu’il a euë de Procureur Fiscal
au Duché de Nevers, luy ayant donné la commodité de
voir les Chartes, & les titres de cette maison: Mais aussi pour ce
qu’il est dit dans un article du Traité arrêté à
Arras le 21. jour de Septembre 1435. entre le Roy Charles VII. & Philippe
le Bon, que ces Seigneuries soient renduës à Jean de Nevers,
qui luy appartenoient par le transport que Monsieur de Bourgogne luy en
avoir fait, aprés qu’il auroit apparu par titre valable de la donation
du Duc de Berry: Voicy l’article.
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Assassinat de Jean sans Peur en 1419
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Que le Châtel,
ville, Comté, & Seigneurie de Gien-sur-Loire , qu’on dit
avoir été donnée, & transportée avec
la Comté d’Estampes, & la Seigneurie de Dourdan, par feu
Monsieur le Duc de Berry, à feu Monseigneur le Duc Iean, Pere
de mondit Seigneur de Bourgogne, seront de la part du Roy mises, &
baillées reaument, & de fait, és mains de nous Duc
de Bourbon, & d’Auvergne, tantôt ledit accord paßé,
pour tenir, & gouverner l’espace d’un an en suivant, & jusques
à ce que durant ledit an, Iean de Bourgogne, Comte d’Estampes,
ou mondit Seigneur pour luy, auront montré, ou fait montrer au
Roy, ou son Conseil les Lettres dudit don, fait à mondit Seigneur
de Bourgogne, par feu mondit Seigneur de Berry: lesquelles veuës,
si elles sont trouvées suffisantes, & valables, sommairement,
& de plein, & sans quelconques procés, Nous Duc de Bourbonnois,
& d’Auvergne, serons tenus de bailler, & délivrer audit
Comte d’Estampes, ou à mondit Seigneur de Bourgogne pour luy, lesdites
ville, & Châtel de Gien-sur-Loire, ville, & Châtel d’Estampes,
& Seigneurie de Dourdan, comme à luy appartenans, par le moien,
& transport que luy a fait mondit Seigneur de Bourgogne, sans ce que
de la part du Roy l’on puisse, ne doive alleguer aucune prescription, ou
laps depuis le deceds de feu Mondit Seigneur de Berry: & außi nonobstant
quelconques conditions ou oppositions d’autres, qui voudront pretendre
droit en ladite Comté de Gien, &c. ausquels si aucuns en y a
sera reservé leur droit, pour le poursuivir [sic],
[p.180] par droit de justice, quand bon luy semblera,
contre ledit Comte d’Estampes. |
Jean de Nevers (vers 1473)
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Cet article fut sans doute executé
de part, & d’autre, & Jean de Nevers, ou de Bourgogne, car c’est
le même, fut remis en la possession du Compté [sic] d’Estampes, à
l’exclusion de Richard de Bretagne, qui pretendoit y avoir droit comme
je diray cy-aprés. Ils assisterent tous deux au Traité d’Arras,
en qualité de Deputez, Richard pour le Roy, & Jean pour le Duc
de Bourgogne. Car l’on voit encore à present des Sentences, rendu
par le Prevôt d’Estampes, au mois de Janvier de l’année 1436.
scelées du sceau des armes de Jean de Nevers, quoy que ce fut
du vivant de Richard, qui ne deceda qu’en 1438. Jean de Bourgogne de Nevers
portoit en ses armes écartelé au premier & 4. de France
moderne, au 2. & 3. parti, au premier de Bourgogne ancien, qui est
bandé d’or & d’azur de six pieces. Au 2. de Limbourg, qui est
d’argent au lion de gueules, couronné, & armé d’or,
lampassé d’azur à la queuë passée en sautoir:
chargé sur le tout de Flandres moderne, qui est d’or au lion de
sable, armé, & lampassé de gueules: & au sceau
que l’on mettoit aux actes de justice à Estampes, ces armes étoient
soûtenuës de celles de la ville, avec cette inscription au
tour du contre scel. Sceau de la Prevôté d’Estampes.
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A gauche, blason de Jean de Nevers, vers 1473. A droite,
autre blason, mis en ligne par Wikipédia. Aucun
ne concorde exactement avec la description de Fleureau (B.G.)
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