CORPUS HISTORIQUE ÉTAMPOIS
 
Clément Wingler
Étampes de 1944 à 1946
2004
 
Défilé à Etampes de soldats étatsuniens, la poilice lmilitaire en tête.
Défilé militaire à Étampes, police militaire en tête de cortège (cliché probablement dû à Robert Rameau,
emprunté à l’ouvrage de Frédéric Gatineau, Étampes, chronique d’un siècle, Étampes, 2000, p. 76).

 
     L’histoire d’Étampes doit déjà beaucoup à Clément Wingler. Voici maintenant le texte d’une synthèse relative aux années 1944-1946, qu’il avait rédigée en 2004 à l’occasion d’une exposition commémorant la Libération de la Ville. Quelques notes et références sont perdues, par suite dun incident informatique, et seront reconstituées ultérieurement. Tous les Étampois liront avec plaisir ce beau travail qui fait revivre une période aussi cruciale que passionnante de l’histoire de la ville.

Bernard Gineste, 1er mars 2009.
   

Clément Wingler
Étampes de 1944 à 1946
2004



     TABLE DES MATIÈRES.  I. LA VOIE DE LA LIBERTE1 Étampes, ville bombardée2 Du départ des Allemands à l’arrivée des Américains —  3 Étampes devient une ville américaineII. ENTRE GUERRE ET PAIX1 La guerre continue…2 Les soldats du front3 Les prisonniers de guerre4 Travail obligatoire et résistants déportés5 Règlements de comptes et revanchisme…6 Prisonniers allemands7 Victimes du déminageIII. REPRISE DE LA VIE POLITIQUE1 La presse locale2 Les FFI, vus par la Marseillaise3 Elections et municipalitésIV. ENTRE RUINES ET RATIONNEMENT, UNE SOCIETE ÉTAMPOISE EN QUETE DE REPERES1 La question cruciale de la reconstruction et du logement2 Le devoir de mémoire3 Dur rationnement…4 L’aide aux sinistrés5 Marché noir, crimes et délits6 Une cohabitation parfois difficileV. VERS L’AVANT1 L’hommage rendu aux libérateurs2 En mémoire de la Résistance3 La renaissance de la vie sociale4 La vie scolaire5 La vie sportive6 Produits américains, culturels et autresLES GRANDS PROJETS D’URBANISME1 Pour un nouveau tissu urbain2 L’épineuse question de la sous-préfecture et du tribunal.
 

I. LA VOIE DE LA LIBERTE

I.1 Étampes, ville bombardée

     L’annonce du débarquement allié sur les plages de Normandie, provoque l’enthousiasme des Étampois, mais bon nombre d’entre — eux, à l’image d’Henri Collard, cheville ouvrière du journal L’Abeille d’Étampes, s’inquiètent pour leur ville, menacée d’un bombardement aérien «qu’appelaient les nécessités de la stratégie».

     Les prédictions les plus pessimistes se vérifient malheureusement dans la nuit du 9 au 10 juin 1944. A minuit cinq, les bombes alliées pleuvent sur la cité «…éclairée comme en plein midi. Des fusées blanches et rouges descendent de toute part, pareilles à un gigantesque feu d’artifice…Les chasseurs et bombardiers s’accumulent…En trente minutes, plus de deux mille bombes s’abattent sur la ville…La défense aérienne allemande est aussi inexistante que la nôtre en 1940. L’alerte n’a même pas été donnée à l’aide des sirènes… (1)».
     (1) René Collard, Étampes pendant les journées tragiques de 1940 et 1944, Étampes, 1944, p. 27-28.
     Ce bombardement, suivi d’un second, le 14 juin, est terriblement meurtrier: plus de 150 Étampois trouvent la mort, 50 d’entre - eux sont gravement blessés,  près de 150 maisons sont complètement détruites, 356 partiellement, 203 sont légèrement atteintes. Une salle de classe est hâtivement transformée en chapelle ardente, où a lieu la levée des corps, en présence de Mgr Roland Gosselin, évêque de Versailles, et de M. Marquet, le sous-préfet de Rambouillet. Des cercueils de fortune sont confectionnés à la hâte, à partir de tables, de commodes, d’armoires… (2). Qui plus est, tous les corps n’ont pas encore été extraits des décombres, malgré le dévouement sans faille des membres du Secours National et des Equipes Nationales d’André Lorry, du C.O.S.I. (Comité Ouvrier de Secours Immédiat), des sapeurs pompiers de Robert Piqueret, de la Croix Rouge de Robert Leflon, des équipes de la Défense Passive, dirigées par Robert Couvé, et de beaucoup d’autres organismes et associations de bénévoles (3).
     (2) Abeille d’Étampes, 1er juillet 1944.

     (3) Abeille…, 17 juin 1944 et 1er juillet 1944.

     Dès les jours qui suivent, les avions alliés opèrent des mitraillages dans la région, provoquant de nouvelles victimes. A 50 mètres de la gare de Puiselet-le-Marais, le «tacot» est pris pour cible par des chasseurs anglais. Le libraire Brière et cinq autres personnes, sont blessés (4). Le vendredi 23 juin, vers 14 heures 30, après un rapide combat aérien au-dessus du hameau de Pierrefitte, un Lightning américain prend feu et s’écrase près du mur ouest de la ferme de Guinette (5). Le 15 juin, ce sont une vingtaine de maisons de Guillerval qui subissent une attaque aérienne.
     (4) Abeille…, 24 juin 1944.
     (5) Abeille…, 1er juillet 1944.
I.2 Du départ des Allemands à l’arrivée des Américains
     Alors que les services de l’Etat Major de la Luftwaffe ont déjà quitté Étampes pour Nancy, de même que les services de la Kommandantur dirigés par le major Braun, une compagnie allemande d’arrière-garde comprenant quelques soldats des trois armes, dont plusieurs serveurs de DCA et même un soldat de la Kriegsmarine, occupe encore Saint-Martin et réquisitionne des habitants pour transporter des pavés et ériger une barricade en travers de la grande rue, au débouché de la rue du Paradis.

     L’essentiel du dispositif destiné à freiner l’avance des Alliés, est concentré entre la route de Saint-Hilaire et la route de Dourdan, particulièrement sur les hauteurs qui dominent le cimetière Saint-Martin. Six pièces antichar et de DCA ont été camouflées à proximité immédiate des ruines du Temple, tandis que deux pièces de 88 sont positionnées route de Dourdan, et deux autres respectivement à 100 mètres du carrefour de la route de Dourdan et de l’actuelle rue des Lys. Deux autres pièces de 88 et quatre pièces antichar sont placées temporairement à Villesauvage, et le carrefour des routes de Malesherbes et de Pithiviers est couvert par six autres canons antichar et deux de 88. Enfin, une dernière pièce de gros calibre surveille à la sortie d’Étampes, la côte de la route d’Orléans, et quatre canons antichars occupent l’Humery.

     L’arrière garde allemande doit battre en retraite et quitter la ville le lundi 21 août, en fin de matinée, non sans avoir accroché les troupes américaines et mis quatre de leurs chars hors de combat, deux sur la route de Dourdan et deux sur les hauteurs de Chalo-Saint-Mars, et d’avoir incendié plusieurs maisons du quartier Saint-Martin, ainsi que les deux principales écoles du faubourg (6).
     (6) Marseillaise de Seine-et-Oise, 21 octobre 1944, 25 novembre 1944 et 2 juin 1945.
     Dans son avancée, l’infanterie américaine bénéficie du soutien d’avions de reconnaissance de l’Air Force, et des renseignements communiqués par la Résistance, en particulier par Gaston Beau, sous-chef de la gare d’Étampes, qui communique par téléphone à Monnerville déjà libérée, les renseignements qui permettront aux alliés de localiser et réduire au silence les pièces d’artillerie du dispositif allemand de défense d’Étampes.

     Le 22 août enfin, «après une lourde nuit traversée par des pluies chaudes», les troupes américaines font leur entrée dans la ville (7).
     (7) Journal d’Étampes, 22 août 1944.
I.3 Étampes devient une ville américaine

     Du 22 août 1944 à la fin janvier 1946, Étampes devient une ville américaine. Le camp de Mondésir, propriété du ministère français de l’Air, est réquisitionné par l’Air Force jusqu’au 25 juin 1945. Le Captain G.S. Manent est le «Commanding Officer» de la base précédemment occupée par la Luftwaffe, qui comprend sept bâtiments et cent soixante-deux chambres.

     Toutes les maisons d’Étampes qui n’ont pas été détruites par les bombardements, ainsi que les entrepôts, accueillent des services et des soldats américains. Ainsi en est-il par exemple du Castel Matho, de l’hôtel du Chariot d’or, transformé en dépôt, de la Malterie du carrefour des Religieuses, qui abrite le Headquarter Office des «39th RB and 18th RC», de l’aile gauche de l’Hôtel de Ville (du 15 janvier 1945 au 16 janvier 1946), des garages construits par les Allemands en bordure de la route de La Ferté-Alais et entre la rue de la République et l’avenue du Bourgneuf (garage et dépôt de matériaux du «39th Motor Pool»), d’une aile du collège (de février à septembre 1945), du Marché Franc, où les Allemands avaient construits des baraques (occupées cette fois par le «327th Stationary Hospital»), ou encore des terrains de la scierie Berthelot, à l’angle du boulevard Berchère et de la rue de La Roche Plate («Air Force Hospital 831»).

     Au total, cent immeubles sont mis à la disposition au moins partielle des autorités militaires américaines, ainsi que seize châteaux des environs, sept magasins, deux garages et dix hôtels (8).

     (8) Archives municipales d’Étampes, 2W2.
     Assez curieusement, le ministère français de la Guerre fixe pour les propriétaires des immeubles réquisitionnés, des indemnités de logement variables en fonction de la taille de la ville. Étampes se situe dans la seconde catégorie, celle des villes de 500 à 500 000 habitants, ce qui ouvre droit à une indemnité de 18 francs par jour pour un officier et de 10 francs pour un sous-officier ou un soldat. Des majorations sont prévues pour le chauffage, l’occupation d’un bureau ou d’une cuisine, la présence d’un mulet dans l’écurie ou encore d’une automobile dans un garage clos. Les prestations exigibles auprès de l’habitant, sont un lit avec literie complète, pour les simples soldats et les sous-officiers, assortis d’une salle de bains ou d’un cabinet de toilette, pour les officiers (9).
     (9) Journal d’Étampes, 17 mars 1945.
II. ENTRE GUERRE ET PAIX

     De plus, dans les régions françaises où la souveraineté républicaine a été rétablie, la vie ne reprend que difficilement. A l’été 1944, plusieurs dizaines d’Étampois sont toujours retenus contre leur gré en Allemagne, déportés du travail ou pour fait de résistance, ou prisonniers de guerre, sans compter ceux qui ont rejoint les forces combattantes sitôt leur ville libérée, et qui poursuivent la lutte aux côtés des Alliés, sur les frontières de l’est. Le chroniqueur André Demain, qui entreprend dans la Marseillaise de Seine-et-Oise, à partir de novembre 1944, de conter «la Libération d’Étampes, page glorieuse d’histoire locale», croit d’ailleurs nécessaire de taire certains renseignements, dans la mesure où «un certain nombre de ceux qui se sont dévoués dans la lutte clandestine, sont encore internés en Allemagne… (10)».

II.1 La guerre continue…

     La Seconde Guerre mondiale ne s’achève pas avec la libération d’Étampes et de Paris, elle se poursuit encore pendant de longs mois. En mars 1945, le général de Gaulle ne déclare-t-il pas, dans une allocution radiodiffusée, que «les Américains ont quelques conceptions aventurées quant à la capacité de résistance de l’Allemagne», mais aussi du Japon (10)?
     (10) Marseillaise…, 17 novembre 1944
II.2 Les soldats du front

     Des jeunes gens de la région qui combattent sous les drapeaux, plusieurs trouveront la mort, parfois quelques jours à peine avant la capitulation de l’ennemi et la fin du conflit. René Chantalou en fait partie. Engagé d’abord dans la Résistance, il rejoint à la Libération le corps d’armée du général Koenig, et décède au combat à Liesheim, dans la région allemande de l’Eifel, le 2 avril 1945, à l’âge de 18 ans. Le 15 avril, c’est André Nicolas, de Guignonville, qui meurt pour la France, et le 21 avril, Jacques Monceau.

     Au début du mois de février 1945, se constitue un «Comité pour nos soldats du front», présidé par le maire, Barthélémy Durand. Il aide grâce à des dons, ceux qui reviennent dans leurs foyers, et les familles de ceux qui ne reviendront plus (11).

     (11) Archives…, 2W9
II.3 Les prisonniers de guerre

     A la date du 1er août 1944, le nombre d’Étampois prisonniers de guerre en Allemagne, s’élève à 144 (12). Chaque semaine, le Journal d’Étampes publie le «calendrier des rapatriés», en adressant «aux camarades rentrés vœux et souhaits les meilleurs» et en «pensant aux mères, femmes de prisonniers et déportés, en espérant que demain peut-être ce bonheur sera pour elles (13).»
     (12) Archives…, 2W5.1.
     (13) Journal d’Étampes, 17 mars 1945.
     Pourtant, les nouvelles ne sont pas toujours bonnes. Le 5 février 1945, par exemple, les avions alliés qui opèrent au-dessus de l’Allemagne, bombardent par erreur l’Oflag xB. Une bombe détruit quatre baraques du camp, occasionnant la mort d’une centaine de prisonniers, dont le lieutenant Jean Blondeau (14).
     (14) Marseillaise…, 24 mars 1945.
     A partir de la fin du mois d’avril 1945, le rapatriement de prisonniers s’accélère. A ce titre également, Étampes est un nœud ferroviaire important. Chaque jour, deux mille prisonniers et rapatriés transitent en moyenne par la gare de la ville (15).
     (15) Journal d’Étampes, 28 avril 1945.
      Le Comité d’assistance des prisonniers de guerre d’Étampes, est particulièrement actif. Au lendemain de la guerre, il peut fièrement tirer le bilan de ses actions. Depuis le 5 décembre 1940, il a diffusé 16200 colis, sans aucune contrepartie financière à partir de mars 1942, pour un coût total de 2 140 000 francs, dépense entièrement couverte par des dons, parrainages et opérations de collecte. Des livrets de caisse d’épargne, pour un montant total de 1 160 000 francs, ont été ouverts, ce qui permet à chaque prisonnier rapatrié, de disposer d’un capital de 3000 à 6000 francs, en fonction de sa situation familiale. Les familles des absents ne sont pas oubliées: elles bénéficient de secours et se voient remettre le traditionnel arbre de Noël (16). Dès mars 1943, des familles étampoises prennent l’habitude de recevoir tous les jeudis à table, les enfants de prisonniers.  La mairie d’Étampes participe également à l’effort: les trois ouvriers communaux prisonniers en Allemagne, bénéficient d’une indemnité mensuelle portée à 1500 francs en janvier 1945 (17).



     (16) Journal d’Étampes, 23 juin et 30 juin 1945.


     (17) Archives…, Registre du conseil municipal, 30 janvier 1945; 2W5.1.
      Au premier septembre 1945, la presque totalité des prisonniers de guerre et déportés ont regagné leurs foyers. Afin de dégager des ressources budgétaires permettant de leur venir financièrement en aide, les établissements qui organisent des bals ont pour obligation de réserver 10% de leur recette nette au bénéfice soit de la Commission des manifestations pour les prisonniers (si les bals sont organisés au profit des prisonniers de guerre ou déportés), soit de l’Entraide française, pour les bals tout publics (18).
     (18) Journal d’Étampes, 29 décembre 1945.
     Notons également que lors du marché du samedi, les prisonniers et déportés ont droit à un tour de priorité à l’étalage des maraîchers et des marchands de primeurs, à l’image des femmes enceintes et des familles nombreuses, et qu’à plusieurs reprises, des majorations de prix sont pratiquées dans certains bistrots, restaurants et hôtels, sur les boissons consommées, le différentiel étant reversé au Centre d’entraide des prisonniers et déportés. Du 29 avril au 13 mai 1945, 5131 F sont ainsi récoltés (19) chez les cinq débitants qui participent à l’opération.
     (19) Archives…, Registre du conseil municipal, 14 juin 1945; 2W5.1.

II.4 Travail obligatoire et résistants déportés

     Si Gaspard Lafouasse et son fils André, déportés à Buchenwald en 1943 suite à un parachutage d’armes alliées au hameau de La Montagne, rentrent en mai 1945 à Boissy-la-Rivière, de même qu’André Picot, réfractaire au STO, arrêté le 17 juillet 1944 et libéré du même camp le 23 avril 1945,  certains de leurs compagnons d’infortune n’ont pas la chance de revoir la terre de France.

     Le 19 mai 1945, le faire-part de décès de Louis Moreau, arrêté le 29 juin 1944, déporté et mort dans le même camp de Buchenwald le 28 septembre 1944, est publié dans le Journal d’Étampes. La veille, une émouvante cérémonie d’adieu au principal chef local de la résistance, a eu lieu à la collégiale Notre-Dame. Lui-même ancien résistant, l’abbé Grossetête, curé de Saint-Martin, a prononcé l’éloge funèbre, saluant «la communion du prêtre et du laïque en un même amour pour la France (20).» Une plaque à la mémoire de Louis Moreau, offerte par la Fonderie Lory, est inaugurée sur la façade de sa maison, 27 rue Saint-Jacques, le 28 octobre 1945. Dès le 14 juin de ladite année, le conseil municipal avait décidé de donner son nom à la partie de la rue Saint-Jacques comprise entre la place du Port et la place du Théâtre, et au premier groupe scolaire qui serait construit.
     (20) Journal d’Étampes, 26 mai 1945; Archives…, 1D50: 30 novembre 1945.
     Autre déporté politique, arrêté par dénonciation suite à ses tentatives de gagner l’Angleterre et à son refus d’aller travailler en Allemagne, Jacques Rohaut est libéré de captivité le 5 mai 1945, mais succombe en raison de son état d’extrême faiblesse, le 23 mai, à Schwerin, à l’âge de 22 ans (21). Quant à Pierre Audemard, résistant du mouvement «Ceux de la Libération – Vengeance», dirigé par Louis Moreau, puis par Henri Poirier, il est arrêté le 8 juin 1943 et déporté à Mathausen où il décède le jour même de la libération du camp.
     (21) Journal d’Étampes, 8 septembre 1945.
II.5 Règlements de comptes et revanchisme…

ibérée, le temps est parfois au règlement de comptes, sans toutefois donner lieu à des exactions comparables à celles rencontrées dans d’autres régions. Dans son édition du 10 mars 1945, le Journal d’Étampes relate l’internement administratif pour une durée de deux mois, d’une femme domiciliée rue de l’E…, convaincue d’avoir écrit une lettre à la Kommandantur, «dans laquelle elle se proposait de faire connaître aux autorités allemandes, les noms des communistes de la ville.» Le 2 juin, le même journal dénonce le «retour de silhouettes connues aux temps bénis, pour eux, de l’Occupation… alors que d’autres attendent encore dans des camps, que des moyens de transport permettent leur rapatriement. Appel est fait aux camarades de la Résistance, de les surveiller, car ils sont l’embryon de la prochaine cinquième colonne.»

II.6 Prisonniers allemands

     En novembre 1945, la région d’Étampes compte encore un certain nombre de prisonniers allemands, gardés par l’armée américaine et mis à la disposition des autorités civiles françaises ainsi que des agriculteurs, en temps que force d’appoint. A ce titre, le toujours vindicatif Journal d’Étampes dénonce le refus des Américains, de répondre favorablement à la demande des services municipaux, de pouvoir employer lesdits prisonniers au curage des rivières, attendu que ce travail pénible serait incompatible avec la Convention de Genève. Et les rédacteurs du Journal, d’accuser «les généreux vainqueurs américains de gaver les Allemands d’oranges, de cigarettes et autres delikatessen! (22)» En fait, les prisonniers cantonnés avenue de Bonnevaux, sont simplement autorisés par les Américains et la Ville, à utiliser le stade, tôt le dimanche matin.
     (22) Journal d’Étampes, 19 mai 1945.

II.7 Victimes du déminage

     Les opérations officielles de déminage se poursuivent jusqu’à la fin de l’année 1945, non sans faire régulièrement des victimes. Le 14 août, par exemple, une bombe de 300kg explose dans la cour d’un immeuble sis au numéro 158 de la rue de la République, tuant les deux artificiers venus de Versailles pour la désamorcer, et le 21 septembre, un obus de 155 que l’on croyait sans danger, explose à Villesauvage, coûtant la vie à un artificier et blessant sept personnes. La presse locale s’en émeut, exigeant «que des travaux aussi dangereux soient confiés à des criminels de guerre allemands (23)». Aux accidents provoqués par les tentatives de désamorçage, s’ajoutent ceux produits par l’inconscience. Le 27 juin 1944, route d’Orléans, un jeune de 16 ans est tué, et deux autres de 17 ans blessés, «en s’amusant à déterrer une fusée».

     (23) Journal d’Étampes, 18 août, 29 septembre et 22 décembre 1945; Marseillaise…, 18 août 1945.
III. REPRISE DE LA VIE POLITIQUE

III.1 La presse locale

     A la Libération, disparaissent nombre de journaux qui ont continué à paraître pendant les années sombres, et qui sont désormais mis sous séquestre, interdits de publication pour cause de collaboration ou de militantisme en faveur de la Révolution Nationale, ou encore, qui sont autorisées à reparaître sous un nouveau nom et avec de nouveaux gérants.

     Après plus de cent ans d’existence, l’Abeille d’Étampes s’efface ainsi au profit de nouveaux organes de presse. Le principal d’entre eux est le Journal d’Étampes, dont la maquette est calquée sur celle de la défunte Abeille. Ayant ses bureaux au 10 de la rue de la République, il se veut l’ «organe régional du mouvement national de Résistance Libération-Nord», et dit «soutenir le gouvernement actuel et son chef, le général de Gaulle, tout en étant une tribune libre (24).» Sa maquette est modernisée en mars 1946: des photographies illustrent à présent les textes principaux.
     (24) Journal d’Étampes, 10 mars 1945.

     Dès octobre 1944, le Journal d’Étampes est concurrencé par un second organe de presse locale: la Marseillaise de Seine-et-Oise, «hebdomadaire du Front National de lutte pour la liberté et l’indépendance de la France», dont les bureaux sont situés 1 rue du Petit Panier.

III.2 Les FFI, vus par la Marseillaise

     Très proche des Forces Françaises de l’Intérieur, le journal La Marseillaise, entreprend dans son numéro du 7 octobre 1944, d’en décrire la 5e compagnie de Seine-et-Oise, celle d’Étampes, installée dans un baraquement aménagé au 59 bis de la rue Saint-Martin. Commandée par le capitaine Malterre, elle constitue un des éléments du bataillon de marche Barra, placé sous l’autorité du commandant Georges. La compagnie regroupe environ 120 jeunes âgés de 18 à 27 ans, originaires de la région et surtout de la campagne, alors que ses cadres sont des officiers ou sous-officiers volontaires dont certains sont des anciens de l’Armée de l’Air. Ne disposant pas d’une dotation d’armes officielle, la compagnie ne peut faire étalage que de quelques fusils mitrailleurs et d’une mitrailleuse lourde ayant appartenu à l’armée allemande. Son infirmerie, à laquelle sont affectés deux internes, se trouve au numéro 42 de la rue Saint-Martin.

III.3 Elections et municipalités

Barthélémy Durand
Barthélémy Durand
     Dès le 23 août 1944, le comité des FFI désigne une nouvelle municipalité provisoire composée d’un maire, de deux adjoints, et d’un conseil municipal de 14 membres. Barthélémy Durand, ancien officier de marine, propriétaire du domaine de Valnay et  éleveur de porcs, se voit confier les fonctions de maire, secondé par Léon Liger et Jean Coureau. Les conseillers sont Henri Poirier du Comité de Libération, l’abbé Grossetête, qui représente la démocratie chrétienne, François Quilici, des FFI, René Chasseloup, syndicaliste, Olivier Lefebvre, du Parti communiste, Mme Isambert, de l’Union des femmes, Noé Bulcours, des «jeunesses», Charles Gaumat, cheminot, Paul Meyé, des PTT, ainsi que Emile Hugon et Henri Baillargeon, anciens conseillers.

     La première séance du nouveau conseil municipal a lieu le même jour. Elle débute par une minute de silence en hommage aux résistants morts ou toujours emprisonnés. En matière de répartition des rôles et des délégations, Charles Gaumat aura en charge la question du charbon et du gaz, la surveillance des stocks et leur répartition. François Quilici et Olivier Lefebvre s’occuperont du mobilier abandonné par les Allemands, de sa répartition entre les sinistrés, et de la question cruciale du logement. Léon Liger s’intéressera au service agricole, René Chasseloup à la garde des dépôts et stocks allemands, et MM. Coureau et Baillargeon, aux travaux et aux eaux. Emile Hugon, enfin, se voit confier le ravitaillement.

     En septembre, l’abbé Grossetête démissionne du conseil tandis que trois nouveaux membres font leur apparition: le docteur Pelletier, M. Riom, directeur d’école, et Gaston Beau. Le 10 octobre, le conseil élargit encore de trois places sa composition, laissées provisoirement vacantes, en attendant le retour des prisonniers et travailleurs en Allemagne, à qui elles sont destinées. Le même jour sont cooptés quatre nouveaux membres: le tourneur Garin, le boulanger Duchêne, ainsi que le président de la Croix Rouge, Charles Leflon, et le directeur de la défense passive, Robert Couvé (25).

     Il faut attendre le 22 novembre 1944, pour qu’un arrêté ministériel confirme la composition du conseil provisoire chargé d’élire en son sein, au scrutin secret et à la majorité absolue, le maire et les deux adjoints. B. Durand est reconduit dans ses fonctions, par 20 voix sur 21, de même que Jean Coureau, mais Léon Liger est remplacé par Henri Baillargeon, en tant qu’adjoint (25).
     (25) Marseillaise…, 16 décembre 1944; Archives…, 1D50: 19 septembre, 10 octobre et 12 décembre 1944.
     La municipalité provisoire demeure en place jusqu’aux élections municipales prévues pour le  printemps 1945. En vue du scrutin du 29 avril, apparaît une liste dite d’ «Union démocratique», conduite par Barthélémy Durand, qui entend regrouper «républicains, démocrates-chrétiens, radicaux, socialistes et communistes, dans un refus de la classification des Français en partis (26)».
     (26) Journal d’Étampes, 21 et 28 avril 1945.
     Chaudement soutenue par le Journal d’Étampes, la liste a pour programme, «l’accueil des exilés et le reclassement professionnel de chacun, l’aide aux sinistrés, notamment par la construction de logements à Guinette, l’achèvement de la réfection des canalisations, la mise en place d’un plan d’urbanisation avec création de cités-jardins, de groupes scolaires, d’un marché couvert, d’une bourse du travail, d’un stade-jardin, sans oublier l’adduction d’eau dans les hameaux non encore desservis, l’aide à la famille, la création d’une foire commerciale et agricole, et enfin, d’une maison de retraite municipale (27)»
     (27) Journal d’Étampes, 21 et 28 avril 1945.
     Aux côtés de Barthélémy Durand, sont candidats Gaston Beau, sous-chef de gare d’Étampes, connu pour son engagement au sein de la Résistance, et François Quilici, président du mouvement de Libération-Nord, ancien bras droit de Louis Moreau dans la clandestinité. L’épouse de ce dernier, dont le décès ne sera connu qu’à la mi-mai, a également accepté de figurer sur la liste.

     Face à la liste conduite par B. Durand, la liste concurrente dite «des intérêts communaux antifascistes et de concorde républicaine», mise sur pied par l’ancien maire et député Lucien Camus, fait figure d’outsider (28).
     (28) Journal d’Étampes, 28 avril 1945.
     Le résultat du scrutin est sans surprises. Lors de sa séance d’installation, le 18 mai 1945, le nouveau conseil municipal réélit B. Durand comme maire, par 26 voix sur 27, tandis que Léon Liger, Fernand Fortin et Robert Couvé deviennent adjoints (29). Le 6 juin suivant, sont composées les commissions municipales, aux attributions dictées par les besoins immédiats de l’après-guerre: sinistrés et prisonniers, ravitaillement, textiles et chaussures, bois et charbons (30)…
     (29) Archives…, 1D50: 18 mai 1945.
     (30) Archives…, 1D50: 14 juin 1945.
     Quatre mois après les élections municipales, ont lieu les élections cantonales, dans un climat très tendu où les invectives partisanes et les plaintes pour diffamation rappellent les mauvais souvenirs de la troisième République. L’UDSR (Union démocratique et sociale de la Résistance) propose à B. Durand d’être son candidat, mais celui-ci refuse après avoir constaté que l’union des partis de gauche est impossible. En conséquence, c’est  Gaston Beau qui représentera l’UDSR, tandis que Lucien Sergent sera le porte-parole de la SFIO, et que Joseph Guillot défendra les couleurs de «Ceux de la Libération-Vengeance». Gaspard Lafouasse, maire de Boissy-la-Rivière, sera le candidat de Rénovation républicaine, et Jean Coureau, celui du Front national, soutenu par le Parti communiste. Celui-ci l’emporte au second tour par 4129 voix contre 4070 à Gaston Beau, malgré la très active campagne de presse menée ouvertement en  faveur de ce dernier par le Journal d’Étampes (31).
     (31) Journal d’Étampes, 22 septembre, 29 septembre et 6 octobre 1945.
IV. ENTRE RUINES ET RATIONNEMENT, UNE SOCIETE ÉTAMPOISE EN QUETE DE REPERES

IV.1 La question cruciale de la reconstruction et du logement

     En avril 1946, soit plus d’un an et demi après la libération de la ville, est dressée une nouvelle liste des déclarations de sinistres consécutives aux bombardements.

     Sa longueur effrayante permet d’entrevoir le  toujours complexe et primordial enjeu que constitue la question de la reconstruction et du logement des sinistrés. Au triste palmarès des rues les plus touchées en nombre d’immeubles totalement ou partiellement détruits, figurent les rues Saint-Jacques et Paul Doumer (respectivement 56 et 51 immeubles), la place Saint-Gilles et la rue des Cordeliers (respectivement 35 et 34), la promenade de Guinette et le boulevard Saint-Michel (27 pour chaque voie), les rues Brunard et Auguste-Petit (respectivement 28 et 26 immeubles), les avenues Bouilloux-Lafont et Frédéric Louis et la rue du Haut Pavé (17 destructions pour chacune d’elles)…(32)
     (32) Archives…, 2W23.
     Dans les jours qui suivent les bombardements de 1944, la vie ne peut reprendre que lentement. Des fosses communes sont provisoirement creusées dans un terrain voisin du cimetière Saint-Pierre, qui est habituellement destiné à la culture des haricots. Avec l’autorisation du sous-préfet, un crédit exceptionnel de 200000F est ouvert au budget supplémentaire de la commune, pour financer les travaux de déblaiement, l’aide aux réfugiés l’achat de denrées…

      L’approvisionnement en eau, gaz et électricité, est rendu impossible par les canalisations éventrées et les lignes arrachées. Malgré une garde vigilante, des pillards parcourent les ruines, cherchant à voler ce qui n’a pas été détruit. L’un d’eux, ouvrier d’une entreprise de déblaiement des gravats, est condamné le 21 juin, en comparution immédiate devant le tribunal d’Étampes, à trois ans de prison ferme.

     L’Abeille d’Étampes, dont les locaux sont inutilisables, est désormais imprimée à Paris et ne paraît plus qu’épisodiquement, avec une pagination et un format réduits (33).
     (33) Abeille…, 17 juin et 15 juillet 1944; Archives…, 1D50: 7 et 25 juillet 1944.
     Au premier juillet, grâce au travail remarquable de la société Sud-Lumière et des services publics, l’électricité est à nouveau distribuée dans l’étendue des deux tiers de la commune, de même que le gaz et l’eau, mais au printemps 1945, une large section de la rue Saint-Jacques demeure toujours sans gaz, semble-t-il faute d’approvisionnement en joints en caoutchouc.

     Le 3 mars 1945, Étampes est enfin déclarée commune sinistrée, par arrêté ministériel, ce qui ouvre droit à des possibilités d’indemnisation, mais empêche également toute réparation et construction nouvelle, même d’abris provisoires, sans l’aval du ministère de la Reconstruction (34). Par ailleurs, 504 maisons doivent être rasées, car jugées dangereuses et non réparables. Plus que jamais, la municipalité doit faire face au «grand problème des sinistrés qui veulent tous revenir à Étampes où sont leurs intérêts et travail, …et donner aux sans-abri des locaux restés libres et en même temps des meubles» (35).
     (34) Journal d’Étampes, 17 mars 1945.

     (35) Journal d’Étampes, 21 avril 1945.
     En juin 1945, la parution dans la Marseillaise, d’une annonce de mise en location d’une chambre meublée, attire dans la journée, 200 amateurs aux bureaux du journal!

     Le 18 octobre 1945, les sinistrés de la ville se réunissent en association, forte de 171 membres. Sont dénoncés avec force les retards du plan d’urbanisme qui conditionne la reconstruction et donc le relogement (36).
     (36) Journal d’Étampes, 27 octobre 1945.
     La municipalité fait pourtant de son mieux et répond régulièrement à ses détracteurs par voie de presse. Ainsi le 3 février 1945, faisant suite à des critiques sur le manque de combustible et les soucis de voirie, les élus précisent dans la Marseillaise, que «la moitié des cantonniers sont employés à abattre les arbres et à les transporter dans les écoles pour le chauffage», et que «le service des Ponts et chaussées n’ayant ni camion, ni carburant, il ne peut sabler les rues en temps de neige et de verglas.» Notons qu’en ces temps difficiles, la petite commune de Saint-Escobille n’hésite pas à venir en aide aux Étampois, par le don d’une subvention de 1000F (37).
     (37) Archives…, 1D50: 9 mars 1945.
     Par ailleurs, la réparation du réseau ferroviaire permet à nouveau aux Étampois de gagner Paris, en deux heures et avec changement à Brétigny, à raison de six trains par jour dans chacun des sens, dans le meilleur des cas (38), mais de fréquentes coupures perdurent jusqu’en janvier 1945. A cette dernière date, la France ne dispose encore que de 7000 locomotives (contre 16000 en 1939), de 7000 voitures (contre 27000) et de 100000 wagons (contre 435000), attendu que 50 % du matériel est par ailleurs à l’usage réservé des alliés (39).
     (38) Abeille…, 1er juillet 1944; Journal d’Étampes, 10 mars et 17 mars 1945.

     (39) Journal d’Étampes, 17 mars 1945.
IV.2 Le devoir de mémoire

     Si après les bombardements de 1944, Étampes compte ses morts, la mémoire reste vive. En avril 1945, madame Dallier, qui a perdu son fils unique, sa belle-fille, et ses deux petits-enfants, dans le bombardement du 10 juin, donne à la ville, le terrain sinistré du numéro 46 de la promenade supérieure de Guinette, pour qu’il y soit élevé une crèche, une école ou une pouponnière pour les enfants de la région. A l’emplacement de la tranchée où la famille a trouvé la mort, est dressée une stèle dédiée à toutes les victimes étampoises.

IV.3 Dur rationnement…

     La population étampoise vit au rythme des tickets de rationnement, non seulement pour les denrées, mais aussi pour tous les objets de la vie quotidienne, à l’exemple des articles de ménage en aluminium et en fer. Une aide d’urgence est bien évidemment versée aux victimes des bombardements. Dans les deux jours qui suivent le sinistre, le Comité ouvrier de secours immédiat et le Secours national distribuent, malgré la pénurie, 750 rations aux sauveteurs et aux victimes (40).
     (40) Abeille…, 17 juin 1944.
     En avril 1945, chaque personne n’a encore officiellement droit qu’à 10 gr de cuir, au grand désespoir du Syndicat des artisans cordonniers qui doit «constater qu’il est matériellement impossible de satisfaire aux exigences de la clientèle… alors que le cuir se trouve avec la plus grande facilité au marché noir!» (41).
     (41) Journal d’Étampes, 21 avril 1945.
     De manière à accélérer la disponibilité du lait qui, lui aussi, s’échange au marché noir, le préfet de Seine-et-Oise, Roger Léonard, impose le 1er août 1945, à tout détenteur de vache laitière, de fournir chaque année, à un ramasseur agréé ou aux consommateurs titulaires de cartes, un minimum de 1400 litres de lait. Il est vrai que la récolte de fourrage a été presque nulle dans le sud de la Seine-et-Oise, en raison tout d’abord de la sécheresse et des campagnols, puis d’une humidité trop forte, qui ont aussi gravement nui à la récolte de légumes secs.

     Pour leur part, afin de réduire la taille des queues devant les magasins et de rendre le service plus rapide, le maire et le président du Groupement commercial, demandent en septembre 1945, aux commerçants de l’alimentation, d’étendre leurs horaires d’ouverture et de préparer par avance sacs et paquets de marchandises. Ce mois-ci, à titre d’exemple, chaque habitant a droit à une quantité de matières grasses (beurre 
souvent rance , huile et margarine) comprise entre 300 et 600 gr, avec un supplément pour les femmes enceintes et les travailleurs de force (42).
     (42) Journal d’Étampes, 1er et 8 septembre 1945; Marseillaise…, 25 novembre et 2 décembre 1945.
     D’autres bons, sont distribués pour les chaussures, les textiles, le bois de chauffage…, sans oublier les transports. Bien entendu, farines, biscuits, pain d’épice, riz, fromage, sucre, café, chocolat et autres confiseries, demeurent rationnés, avec pour corollaire, une forte hausse des prix.

     Le responsable de la commission de ravitaillement de la Ville, Paul Renault, dénonce le comportement de certains bouchers qui affichent le prix de la viande à 250-350 F le kg. Une simple pelote de fil coûte désormais 80 F, et le 18 novembre 1944, un commerçant qui avait vendu des poireaux à 12 F la botte de 1 kg (au lieu des 7 F 50 réglementaires), se voit dresser un procès verbal pour hausse de prix illicite (43).
     (43) Journal d’Étampes, 27 octobre et 17 novembre 1945; Marseillaise…, 18 novembre 1944.
     A la fin de l’année 1945, la disponibilité de matériaux de construction est toujours fortement déficiente. Il est impossible d’obtenir légalement du ciment, du plâtre ou de la céramique, sans autorisation spéciale du service départemental de la Reconstruction. Le charbon est toujours rationné, de même que la tuyauterie et les cuisinières, les ustensiles de ménage, la vaisselle, les matériaux nécessaires aux installations électriques, le savon, le caoutchouc, les bicyclettes (44)…
     (44) Journal d’Étampes, 10 novembre 1945.
     A la veille de Noël, de bonnes nouvelles touchent cependant les fumeuses: le préfet autorise l’attribution d’une ration de 40 gr de tabac aux consommateurs féminins âgés de 21 ans ou plus (45).
     (45) Journal d’Étampes, 30 novembre 1945.
     Les restrictions ne se limitent pas aux objets et aux denrées. Jusqu’à la fin de l’année 1944 et pendant une grande partie de l’année suivante, l’utilisation de l’énergie électrique n’est permise que pour les transports ferroviaires, les services publics de l’eau et du gaz, les PTT, les hôpitaux et pharmacies, les boulangeries et boucheries, les laiteries et minoteries, les installations de battage et les ateliers de réparation de machines agricoles.

     Dans son édition du 5 décembre 1945, le Journal d’Étampes annonce un nouveau régime de limitation de l’énergie électrique, décidé par le ministère de la Production industrielle. Les patrons d’entreprises ne pourront pas utiliser l’énergie électrique pendant plus de trois jours consécutifs en semaine, des coupures systématiques étant prévues les autres jours. La nuit, des délestages frappent les abonnés, par rotation. Du fait des coupures d’électricité, qui touche les pompes hydrauliques, la distribution d’eau potable est considérablement diminuée les lundis, mardis et mercredis, les usagers étant invités à se constituer une réserve d’eau (46).
     (46) Journal d’Étampes, 15 décembre 1945; Marseillaise…, 7 octobre 1944.
     En janvier 1946, la situation s’aggrave en matière d’électricité. Les salons de coiffure ne pourront se servir de leurs appareils qu’avant dix heures du matin et après 17 heures. Les cafés et restaurants ne seront plus éclairés après 22 heures et trois jours par semaine. L’éclairage des vitrines et enseignes est prohibé. De plus, la carte d’alimentation pour le pain, qui avait été supprimée en novembre, est rétablie sans limitation de durée. Le Journal d’Étampes du 12 janvier, explique les restrictions nouvelles «par la volonté du gouvernement de réorienter ses achats à l’étranger, [non vers des denrées et produits de consommation], mais vers l’outillage nécessaire à la remise en état de l’industrie (47).»
     (47) Journal d’Étampes, 12 janvier 1946.
     Du fait de la non-disponibilité de bois de boulange, la municipalité se voit dans l’obligation d’abattre les arbres en bordure de la Louette, entre le pont de Chauffour et le moulin à Tan, pour ravitailler les boulangeries du canton (48).
     (48) Archives…, 1D50: 30 janvier 1945.
     Pour ce qui est des transports individuels, la possession d’une automobile demeure un luxe. Aucune vente de véhicule neuf ne peut être consentie sans que l’acheteur soit titulaire d’une licence d’achat, distribuée dans la limite des contingents affectés au département par le service des transports routiers. De plus, la vente de véhicules d’occasion est elle - aussi soumise à autorisation préalable.

IV.4 L’aide aux sinistrés

     Dans les mois qui suivent les bombardements de l’été 44, s’organise la solidarité en faveur des sinistrés. Elle prend souvent la forme de manifestations culturelles ayant pour thème l’histoire immédiate, dont la recette leur est destinée. C’est notamment le cas le 13 mai 1945: élèves et anciens élèves de l’école Saint-Pierre, donnent au théâtre la représentation d’une «grande œuvre patriotique intitulée En feuilletant l’histoire de France, évocation de notre armée à travers les âges, depuis Charlemagne jusqu’à ceux du maquis». En mai 1946,  toujours au théâtre, a lieu un gala au profit «des victimes civiles éprouvées par la guerre», avec en particulier une représentation de Fantasio, d’Alfred de Musset. Les décors inédits sont l’œuvre de Philippe Lejeune, peintre, mais également acteur (49).
     (49) Journal d’Étampes, 12 mai 1945 et 2 mars 1946.
     L’aide d’urgence n’est pas oubliée: au cœur de l’hiver 1946, ce sont la Croix-Rouge américaine et l’Entraide française, qui distribuent des vêtements chauds aux sinistrés de la ville (50) tandis que du pain est fourni par l’U.S. Army, à ceux qui ont trouvé refuge à l’hospice; pain confectionné à partir de farines de maïs et de riz, et dont le goût jugé «américain et particulier» ravit néanmoins les Étampois démunis (51).
     (50) Journal d’Étampes, 26 janvier 1946.
     (51) Journal d’Étampes, 9 février 1946.
IV.5 Marché noir, crimes et délits

     Avec la pénurie des aliments et des matériaux, fleurit le marché noir, malgré les tournées d’inspection des agents du contrôle du ravitaillement. Le 10 mars 1945, est interpellé un individu qui se livrait à l’abattage clandestin; plus de 400 kg de viande sont découverts à son domicile. Déjà deux mois plus tôt,  trois personnes originaires d’Angerville avaient été jugées par le tribunal d’Étampes, pour le même délit et pour vente sans tickets. Plus de 20 tonnes de viande, par ailleurs démunie de tout certificat sanitaire, avaient été saisies à cette occasion, et le chef du réseau, condamné à trois mois de prison et à une copieuse amende (52). En septembre 1945, c’est un receleur de boîtes de conserve américaines, qui est surpris par les gendarmes en gare d’Étampes, et  deux bandes d’enfants qui sont arrêtées pour cause de marché noir, de vol et de détention d’armes (53).
     (52) Journal d’Étampes, 10 mars 1945.

     (53) Journal d’Étampes, 15 septembre 1945; Marseillaise…, 1er septembre 1945.
     Le 1er septembre 1945, le Journal d’Étampes se croit obligé de rappeler à ses lecteurs, que le trafic d’uniformes et d’équipements militaires américains est formellement interdit, et que les coupables risquent non seulement la confiscation des objets, mais aussi une peine d’emprisonnement. Le mois précédent, un ancien capitaine des FFI, âgé de 24 ans et rayé des cadres de l’armée, a ainsi été arrêté alors que toujours revêtu de son uniforme, il se livrait au trafic d’essence, obtenue frauduleusement grâce à des complices travaillant à l’aérodrome de Mondésir (54).
     (54) Journal d’Étampes, 11 août 1945.
     La répression du marché noir est certes admise par la population dans la mesure où elle vise «les gros profiteurs», mais supportée seulement avec agacement quand elle vise la ménagère démunie. Un incident éclate ainsi sur le marché, le 10 novembre 1945. Le Journal d’Étampes explique que deux agents de la police économique ont vérifié le maximum des prix chez les marchands, l’un déguisé en marin et l’autre en «soldat d’opérette», avec pantalon U.S., chaussures françaises et blouson anglais. Et le journaliste d’estimer que tels les Dupond-Dupont des aventures de Tintin, ces policiers «jettent le discrédit sur leurs services, car lorsque la police n’ose plus dire son nom, c’est qu’elle a honte ou qu’elle reconnaît son impuissance, et qu’elle a vite fait d’être la risée de tous!»

     Outre les questions de marché noir, la ville d’Étampes connaît dans les mois qui suivent la Libération, une recrudescence des crimes et des délits. Si le cambriolage de l’orphelinat de la Sainte-Enfance, avec vol de lingerie et d’argent, en février 1945, est à ranger à la rubrique des faits divers regrettables, mais classiques, les autorités françaises et américaines s’inquiètent du nombre d’affaires impliquant des soldats de l’U.S. Army.

     En avril 1945, à hauteur du théâtre, un Étampois est pris à partie et roué de coups par des militaires alliés ivres, et en novembre, un berger de Saint-Escobille est détroussé par deux soldats américains alors qu’il circulait à bicyclette sur la route de Chalo. En décembre, on découvre dans une maison sinistrée de la promenade de Guinette, le cadavre d’un autre soldat, victime d’un règlement de comptes (55), et un soldat du «524th Quarter Engineering», est condamné à six mois de travaux forcés assortis d’une forte amende, par la cour martiale, pour avoir illégalement pénétré au domicile d’une habitante (56).
     (55) Marseillaise…, 10 février, 7 avril et 1er décembre 1945; Journal d’Étampes, 17 novembre 1945.
     (56) Marseillaise…, 21 octobre 1944; Archives…, 1D50: 11 juillet 1945.
     Surtout, les cas de prostitution se multiplient. En juillet 1945, la municipalité demande au commissaire de police, une surveillance plus efficace de ce commerce. Un service des mœurs est créé au commissariat. De l’été 1944 à l’été 1945,  plus de 700 vérifications d’identité sont effectuées, et plus de 230 femmes sont arrêtées. Chaque jour, les inspecteurs appréhendent entre 8 et 13 prostituées, avec la coopération de la police militaire américaine. Compte tenu de l’absence d’un lieu de détention adéquat, les contrevenantes, dont de nombreuses mineures âgées de 14 à 16 ans, sont transférées à Versailles. Le Journal d’Étampes s’en réjouit, constatant que sans la création d’un service spécialisé de lutte contre le proxénétisme, «Étampes serait devenue un lieu prédestiné pour l’évolution des femmes de mœurs légères (57)». A ce titre, les riverains de la rue Saint-Jacques se plaignent régulièrement d’une certaine animation nocturne (58). Dès janvier 1945, des renforts de police américaine sont acheminés à Étampes; celle-ci dispose désormais d’un poste permanent dans l’aile droite de l’hôtel de ville (59).
     (57) Journal d’Étampes, 11 août 1945.
     (58) Journal d’Étampes, 22 août 1945.
     (59) Journal d’Étampes, 13 janvier 1945.
IV.6 Une cohabitation parfois difficile

     La présence de plusieurs milliers de soldats américains dans la ville, ne se traduit pas toujours par une cohabitation facile avec la population, même si les Étampois sont conscients de la dette qu’ils doivent à leurs libérateurs.

     La poursuite de la guerre et le rôle joué par Étampes en tant que ville étape entre les ports de débarquement de Normandie d’une part, et les fronts des Ardennes et de Rhénanie d’autre part, sont malheureusement sources de nervosité et d’accidents, au point qu’en août 1945, suite à une lettre anonyme envoyée au Journal d’Étampes pour dénoncer le manque de tenue et de discipline de l’armée américaine, le rédacteur en chef répond avec colère que certains Étampois «ont la mémoire courte, et que cinq années d’occupation nazie auraient pu se transformer en une occupation indéterminée, sans l’arrivée sur notre sol de ces “
indésirables” troupes américaines!! (60)»
     (60) Journal d’Étampes, 11 août 1945.
     Il est vrai qu’Étampes est située sur un itinéraire «Red Ball», à disque rouge, absolument vital pour les convois militaires qui traversent la ville à toute vitesse… sans toujours avoir le temps de freiner en cas d’imprévu. Le 3 octobre 1944, par exemple, un camion de ravitaillement qui cherche à éviter une voiture à bras, dérape sur la chaussée et finit sa course dans le hall d’entrée d’un immeuble sis au numéro 189 de la rue de la République, voisin de la boulangerie Coutellier, sans faire toutefois de victimes (61).
     (61) Marseillaise…, 7 octobre 1944.
     Un accident beaucoup plus dramatique survient le 30 décembre 1945. Un habitant de Chalo qui rentre chez lui en voiture, en compagnie de ses deux fils, et qui a été contrôlé à un premier barrage américain, omet de s’arrêter à un second barrage. Les soldats ouvrent alors le feu, tuant l’un des fils, âgé de 15 ans. A la suite de ce drame, le maire Barthélémy Durand obtient des autorités de l’U.S. Army, que dorénavant, seule la Military Police, reconnaissable à ses casque et guêtres blancs, aura le droit d’arrêter les véhicules civils en circulation (62).

     (62) Marseillaise…, 6 janvier 1945.
V. VERS L’AVANT

V.1 L’hommage rendu aux libérateurs

     A l’égard des troupes américaines, prédomine largement un sentiment de reconnaissance pour la libération du pays et de la ville, ainsi que pour l’aide matérielle apportée au quotidien.

     Dès août 1944, se crée ainsi spontanément une section étampoise du Comité d’accueil franco-allié, qui, avec le concours de la Marseillaise de Seine-et-Oise, lance un appel «au renouvellement et à la vivification des liens d’amitié séculaires», tout en demandant aux personnes parlant anglais, de se faire connaître (63). Les relations entre la municipalité et le colonel Orville W. Harris, qui commande les troupes stationnées à Étampes, depuis le château de Brunehaut, sont bonnes. Des invitations à des soirées d’amitié sont régulièrement échangées entre l’état-major et les autorités locales, ainsi en octobre 1944, pour une soirée de danse organisée à Brunehaut, à laquelle assistent de nombreuses Étampoises, ou encore à l’occasion du 11 novembre, au théâtre municipal (64).
     (63) Note égarée. Sera reconstituée.




     (64) Note égarée. Sera reconstituée.
     Le 11 avril 1945, c’est la section locale de la SFIO, qui organise une soirée cinéma au théâtre, avec diffusion de documentaires mis à  disposition par le service d’information des USA. Les Étampois peuvent ainsi découvrir «une petite ville américaine où il paraît faire si bien vivre, dans une atmosphère de tolérance mutuelle», un second documentaire intitulé «Pipe-line», sur l’effort de guerre américain, et un reportage présenté par Claude Dauphin, «sur la compréhension du danger nazi par la population américaine, et la solidarité entre la France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis» (65).
     (65) Note égarée. Sera reconstituée.
     L’annonce de la fin de la guerre à l’ouest, le 8 mai 1945, voit naître spontanément un immense bal populaire franco-américain, sur la place de l’hôtel de ville, qui se prolonge jusque tard dans la nuit, tandis qu’un défilé, unissant pompiers de la ville, musique municipale, mouvements de Résistance et armée américaine, parcourt les différents quartiers et faubourgs. L’Hôtel de Ville est illuminé et la tour de Guinette embrasée, tandis qu’une messe solennelle a lieu au monument aux morts, en présence du colonel Wing, qui a remplacé le colonel Harris comme commandant du «19th Replacement Depot», basé à Étampes.

     Le 2 juin, enfin, à l’occasion du Memorial Day, une grande cérémonie a lieu au cimetière américain de Villeneuve-sur-Auvers, où reposent les GIs morts pour la libération de la région (66).
     (66) Note égarée. Sera reconstituée.
     Une nouvelle cérémonie a lieu au cimetière de Villeneuve le 22 août 1945, pour le premier anniversaire de la libération d’Étampes. Dans un profond recueillement, Barthélémy Durand exprime son «vœu de voir les deux peuples, la main dans la main, marcher ensemble vers un avenir de paix, de liberté et de fraternité». Plus tôt dans la journée, devant le monument aux morts, le sous-préfet de Rambouillet avait exalté le rôle de la Résistance étampoise, tandis que le bataillon de l’air de la Base aérienne 110, rendait les honneurs.

     Le 16 août 1945, pour célébrer la fin tant attendue de la Seconde Guerre mondiale sur le théâtre d’opérations du Pacifique, effective après la capitulation du Japon, le colonel Wing invite les maires d’Étampes et d’Étréchy, ainsi que les autorités militaires françaises, à une garden-party sur les pelouses de Brunehaut, avec défilé de soldats américains revenant du front (67).
     (67) Note égarée. Sera reconstituée.
V.2 En mémoire de la Résistance

     Aux côtés des GIs, les membres des mouvements de Résistance bénéficient bien entendu de la reconnaissance publique. Lors d’une grande fête à Rambouillet, le 9 septembre 1944, Gaston Palewki, qui représente le général de Gaulle, remet solennellement la Médaille de la Résistance à plusieurs personnalités de la région d’Étampes: Louis Moreau, à titre posthume, Madame Moreau, l’abbé Grossetête, Serge Lefranc, Henri Poirier, François Quilici, Pierre Pecquet, Eugène Morin et Gaston Beau (68).
     (68) Note égarée. Sera reconstituée.
     Le 11 novembre 1945, a lieu une émouvante cérémonie en hommage à Louis Lusson, André-Roger Mary, Eugène Lemaître et M. Delandhuy, suspectés de résistance, arrêtés par la Wehrmacht près d’Angerville, dans leur camionnette, et fusillés au Rougemont (69). Selon la Marseillaise de Seine-et-Oise, qui rapporte les propos d’un soldat autrichien fait prisonnier en août 1944, plusieurs soldats allemands du peloton d’exécution auraient à cette occasion refusé d’obtempérer à l’ordre de tirer (70)…
     (69) Note égarée. Sera reconstituée.

     (70) Note égarée. Sera reconstituée.
V.3 La renaissance de la vie sociale

     Avec le départ des Allemands, la vie sociale renaît, entre bals, fêtes, manifestations de quartiers et cinéma.

     Les soirées organisées au théâtre sont particulièrement courues. En mars 1945, la revue «New-York-Paris», fait salle comble, bien qu’étant une production strictement locale et non pas importée d’outre-Atlantique. Les chansons «On ne manque de rien en France», «Ça, c’est nouveau» et «Le vin de la liberté», alternent avec les imitations de Charlot, dues à l’accordéoniste J. Danielsen, et les évolutions des «Flory’s girls», aux sons de l’orchestre de jazz symphonique de Pol Roger. Les déportés et prisonniers ne sont pas oubliés: à l’entracte, Pierre Auclert se fait commissaire priseur, le produit de la vente leur étant destiné (71).
     (71) Note égarée. Sera reconstituée.
     Avec le retour de la belle saison, les manifestations se succèdent: le dimanche 24 juin, la promenade de Guinette accueille une fête de nuit et de plein air, tandis que le collège organise sa fête de fin d’année, dont l’apothéose est un défilé sur le stade où garçons et filles forment une croix de Lorraine monumentale. Le 14 juillet, après cinq ans d’interruption, les habitants du quartier Saint-Pierre retrouvent leur fête traditionnelle, avec le concours des gymnastes de l’Espérance Étampoise et des Enfants de Guinette, et le 8 août, l’Aéro-Club de Beauce tient son premier meeting depuis 1939, dont le but est «d’orienter les jeunes vers l’armée de l’air de demain, garante d’une paix durable.» Au même moment, le Club olympique municipal propose une fête nautique à laquelle assiste Georges André, champion de France de plongeon (72).
     (72) Note égarée. Sera reconstituée.
     En septembre, enfin, a lieu la fête paroissiale de Saint-Gilles, qui revêt un caractère particulier puisque l’église a été fortement sinistrée lors du bombardement de l’année précédente, et que beaucoup de paroissiens figurent parmi les victimes. Un pèlerinage dédié à saint Leu et à saint Gilles, protecteurs des enfants, est néanmoins organisé.

     La manifestation la plus spectaculaire, au moins pour le nombre de spectateurs et d’officiels français et Alliés qu’elle rassemble, est la grande réunion hippique de Saint-Phalier, hippodrome situé entre les châteaux de Brunehaut et de Jeurre. Le dimanche 9 septembre, six belles courses de chevaux amateurs voient s’affronter cinquante participants, malgré un temps peu engageant. La quatrième course,  du «Prix des Américains» est bien entendu celle dont le résultat est le plus attendu. Le produit de la journée est destiné à la Caisse des écoles et à l’orphelinat (73).
     (73) Note égarée. Sera reconstituée.
     Si les cérémonies du centenaire de la mort d’Etienne Geoffroy-Saint-Hilaire, qui étaient prévues pour le mois de juillet 1944, sont annulées, en raison des évènements dramatiques du mois précédent, l’attribution du prix Goncourt 1945 au jeune Jean-Louis Bory, pour son ouvrage «Mon village à l’heure allemande», ne passe pas inaperçue, même si cet enfant de Méréville, ancien élève du collège d’Étampes, est désormais professeur en Alsace (74).
     (74) Note égarée. Sera reconstituée.
     L’année 1944 voit également la création de l’Ecole municipale de Musique, dirigée par M. Boulanger, forte de sept classes (75).
     (75) Note égarée. Sera reconstituée.
     Pour le personnel communal, le souvenir le plus marquant de l’année est peut-être moins culturel que social, puisque le conseil municipal du 25 juillet 1944, adopte le règlement de la Caisse de retraites des employés communaux, créée par la loi du 8 septembre 1943, qui permet enfin un régime de retraites identiques.

V.4 La vie scolaire

     Plusieurs établissements scolaires de la ville ont été durement touchés par les bombardements et la retraite allemande, particulièrement l’école Saint-Martin dont deux des trois groupes ont été entièrement détruits, de même que l’école du Centre. La reconstruction de ce dernier établissement n’est pas jugée prioritaire par l’Etat, dans la mesure où les élèves ont trouvé refuge dans des constructions certes provisoires, mais «en dur.»

     Quant aux élèves de Saint-Martin, les filles et les maternelles sont abritées dans des bâtiments privés, mais ne remplissant pas les normes de sécurité, et les garçons doivent se contenter de baraquements en bois dans lesquels ils auront toujours cours en …1948 ! Promise par le ministère de la Reconstruction depuis plusieurs années, approuvée sur plans depuis janvier 1948, la nouvelle école Saint-Martin n’est pas encore terminée, malgré les efforts de l’architecte Guy Barbé et de l’entrepreneur Clipet, dans la mesure où les subventions de l’Etat n’arrivent pas; subventions promises, mais non encore versées en 1959!

     Pour ce qui est du collège, si son gros œuvre n’a pas souffert, il n’en va pas de même du mobilier, ce qui oblige les élèves à transporter d’une classe à l’autre tables et bureaux, ce dont se lamente le principal, Louis Léon Butel, qui voit là, «perte de temps, cause d’indiscipline et danger permanent d’accidents (76).» De plus, la municipalité doit négocier avec l’armée américaine qui aimerait réquisitionner les locaux.
     (76) Note égarée. Sera reconstituée.
     Tandis que des garderies de vacances ont lieu dans le parc de Bierville, gracieusement mis à disposition par son propriétaire, Marc Sangnier, la rentrée scolaire de septembre 1945 s’organise. L’Institution Jeanne d’Arc accueille des élèves de la 6ème à la 3ème, mais non des pensionnaires, faute de locaux suffisants. Les abris et sacs de terre qui obstruaient l’entrée de l’école des filles de Saint-Pierre, sont enfin retirés, et le principal du collège est fier d’annoncer que son établissement sera un des premiers de France à bénéficier de la «nouvelle 6ème» dont les élèves pourront par un judicieux système d’options, étudier à la fois le français, les mathématiques, l’histoire, la géographie, les sciences d’observation, une langue vivante, le latin, et s’initier aux travaux manuels (fer ou bois ou travaux ménagers), à la musique, et aux arts plastiques (77).
     (77) Note égarée. Sera reconstituée.
V.5 La vie sportive

     Dans l’euphorie de la victoire et de la Libération, nombreux sont les Étampois qui espèrent la fin des divisions qui ont tant nui à la France en 1939, non seulement dans le domaine politique, mais aussi, parfois, dans la vie quotidienne. C’est ainsi que des démarches sont entreprises par des gens de bonne volonté, pour parvenir à une union des sociétés sportives locales, notamment dans le domaine de la gymnastique, dont certaines rivalités idéologiques nées à la fin du XIXéme siècle, n’avaient jamais cessé. Ces démarches conciliatoires se traduisent par un échec, chaque association préférant conserver son autonomie et nourrissant l’espoir de retrouver son niveau d’activités de l’avant-guerre.

     La proximité de Paris favorise au demeurant la venue d’athlètes de haut niveau, dont la présence enrichit les manifestations locales. En janvier 1946, par exemple, l’Espérance Étampoise s’enorgueillit d’accueillir les gymnastes Maurice Rousseau et Maurice Weingand, champions de France 1934 et 1945. Quant au football, sport populaire entre tous, la saison reprend au printemps 1945, avec la belle victoire des cadets d’Étampes sur ceux de Morsang, par 5 buts à 0 (78).
     (78) Note égarée. Sera reconstituée.
     Pour comprendre l’enjeu que représente le sport pour l’avenir d’une France encore traumatisée par sa rapide défaite de 1940, retenons cette déclaration adoptée par le conseil municipal le 23 janvier 1946: «il faut encourager les sports: plus une nation est civilisée, plus il est nécessaire de développer ses facultés par une éducation rationnelle. En particulier à la suite des guerres de 1914 et de 1939, l’ensemble du peuple français présente une baisse certaine de sa vitalité… il nous faut une jeunesse virile… il n’est pas besoin d’insister sur la valeur éducative du sport et sur l’aide qu’il donne dans la lutte contre l’alcoolisme et les maladies contagieuses…»

V.6 Produits américains, culturels et autres

     Les produits culturels qui garnissent les paquetages des GIs, excitent bien naturellement la convoitise des Étampois, jeunes et moins jeunes, à l’image du chewing-gum, du whisky et d’une certaine boisson gazeuse de couleur obscure. L’auberge de l’Ecu d’or, à Ormoy-la-Rivière, fait d’ailleurs paraître des encarts publicitaires dans la presse locale, qui insistent sur ses spécialités bretonnes, mais également sur son bar américain (79). Un fait est symptomatique de la nouvelle vague venue d’outre-Atlantique: dans la Marseillaise de Seine-et-Oise, le traditionnel feuilleton de bas de page, qui rencontrait encore le succès avant-guerre, est remplacé par un «comics trip», une bande dessinée dont le héros est Donald le canard (80).
     (79) Note égarée. Sera reconstituée.


     (80) Note égarée. Sera reconstituée.
     La pénétration américaine du marché étampois n’est pas que culturelle. Dès avril 1945, le garage Gougenheim devient pour les départements de Seine-et-Oise, d’Eure-et-Loir et du Loiret, agent général pour les camions GMC et Chevrolet, et pour les tracteurs Allis Charmer (81).
     (81) Note égarée. Sera reconstituée.
VI. LES GRANDS PROJETS D’URBANISME

VI.1 Pour un nouveau tissu urbain

     Les terribles destructions subies par la ville, stimulent paradoxalement les autorités municipales dans leurs souhaits de repenser le tissu urbain, tout en étant consciences des débats à mener autour des questions de modernité et de tradition, et des très fortes contraintes budgétaires qui obligent souvent à remiser les projets dans la catégorie des rêves.

     Un grand débat sur l’urbanisme agite le conseil municipal en décembre 1944. Tous reconnaissent que le bombardement de juin 1944 permet de repenser le plan d’urbanisme avec, du moins en théorie, une marge d’imagination plus grande. Ainsi envisage-t-on de dévier les nationales qui traversent la ville, de réaliser une rivière unique qui permettrait d’assainir le marais, de créer une ville haute à Guinette, entre la Promenade et la route de Dourdan, ainsi qu’un quartier sur les pentes du Petit-Saint-Mars et du Rougemont (82).
     (82) Note égarée. Sera reconstituée.
     Quelques mois plus tard, est envisagé le transfert des services municipaux depuis l’Hôtel de Ville, certes monument attrayant, mais terriblement exigu, vers un nouveau bâtiment administratif à construire sur les terrains sinistrés compris entre la rue Saint-Jacques et le boulevard Henri IV. L’ancien édifice serait alors mis à la disposition du musée et de la bibliothèque, qui pourraient y étendre leurs fonds et collections. Ce projet partage les élus, même s’il est soutenu par le directeur de l’urbanisme de Seine-et-Oise (83).
     (83) Note égarée. Sera reconstituée.
     De manière plus immédiate et surtout moins coûteuse, le programme d’électrification rurale décidé par le conseil municipal de Pierre-Ulysse Lejeune, en 1941, est relancé en décembre 1944. Grâce à une subvention de l’Etat, qui couvre 60 % de la dépense, d’un montant total de 210000F, la ferme de Guinette et le faubourg Saint-Pierre, sont enfin électrifiés. Au même moment, l’administration des ponts et chaussées est chargée d’étudier l’établissement d’égouts à travers la ville (84).
     (84) Note égarée. Sera reconstituée.
     Paul Danger est l’architecte urbaniste chargé de l’établissement du plan de reconstruction. Il imagine de décongestionner le centre ville, d’une part en créant une déviation de la RN20, soit par la prairie soit par le haut du quartier Saint-Pierre, et d’autre part, en perçant deux perpendiculaires, l’une en prolongement de l’allée de Bonneveau, jusqu’au boulevard Henri IV, l’autre en prolongeant l’avenue de Dourdan jusqu’à la route de la Ferté-Alais. Concernant les quartiers Notre-Dame et Saint-Basile, Paul Danger souhaite qu’ils conservent leur aspect traditionnel, mais l’élargissement de la rue des Marionnettes permettrait un accès direct de la gare à la place de l’Hôtel de Ville. Cette option exigerait cependant la suppression du bâtiment de l’ancienne sous-préfecture [actuelle Ecole de Musique]. Sont également envisagés un marché couvert entre le carrefour du Moulin Sablon et le boulevard Berchère, et un marché aux camelots places Notre-Dame et de l’Ancienne comédie. On ne peut s’empêcher de constater la pertinence de beaucoup de propositions formulées par l’architecte, dont les principales trouveront leur concrétisation dans les décennies suivantes.

     Pour sa part, la municipalité envisage également, et de manière prioritaire, la réfection de l’église Saint-Gilles, dégagée des maisons qui l’entourent, à l’exception de celle située à l’angle de la rue du Vicariat, le «toilettage» de la rue Paul Doumer, pour créer une artère principale entre les places Saint-Gilles et de l’Hôtel-de-Ville, la construction d’un stade entre la Malterie et les Portereaux, le prolongement de la rue des Cordeliers jusqu’au pont Saint-Jean, une nouvelle gare routière au Port, le déménagement du bureau de Poste pour la rue Saint-Jacques, une salle des fêtes au Marché-Franc, mais les élus rejettent avec force l’idée des Ponts et Chaussées, de dévier la RN20 en coupant la rue de la République qui serait ainsi «défigurée et enlaidie par un remblai…» L’idée de prolonger la rue Brunard jusqu’à la promenade du Port, est abandonnée, de même que le projet d’élargissement de la rue des Marionnettes (85).
     (85) Note égarée. Sera reconstituée.
     En matière d’équipements sportifs, Étampes possède déjà une des plus belles piscines du sud de la Seine-et-Oise. L’idée du conseil municipal est de «créer un parc des sports près des écoles et des lieux de travail: ainsi sera-t-il fréquenté par les scolaires, les ouvriers et les employés. Il disposera d’une pelouse propre à tous les jeux sportifs, de pistes de course à pied, d’installations d’athlétisme, de terrains annexes pour basket et Wollet (sic!), des tennis, plateaux scolaires, jardins publics, voire une piscine couverte et un gymnase… le tout sur 7 ha» (86).
     (86) Note égarée. Sera reconstituée.
     Dès janvier 1946, beaucoup de projets doivent être ajournés, l’Etat prenant uniquement à sa charge, les travaux situés dans le périmètre sinistré (87), et les finances communales étant dans une situation délicate. Déjà en janvier 1945, le conseil municipal doit constater «des recettes déficitaires. Il faut comprimer les dépenses, augmenter la taxe additionnelle sur les transactions, relever les tarifs de la piscine et des bains-douches, ainsi que la taxe sur les ordures ménagères…» (88)
     (87) Note égarée. Sera reconstituée.


     (88) Note égarée. Sera reconstituée.
VI.2 L’épineuse question de la sous-préfecture et du tribunal

     Les Étampois ont très mal vécu la suppression de leur sous-préfecture en 1926, et le rattachement de leur ville à la circonscription administrative de Rambouillet. Amour-propre et esprit d’à-propos commandent au conseil municipal, dès septembre 1944, d’émettre un vœu de rétablissement de la sous-préfecture à Étampes, «pour faire face aux suites du bombardement et à l’absence de moyens ferroviaires directs jusqu’à Corbeil et Rambouillet.» Il est vrai que les sinistrés, qui se livrent à de pénibles démarches pour faire enregistrer leurs dossiers d’indemnisation, doivent parcourir une cinquantaine de kilomètres jusqu’à la sous-préfecture ou préfecture la plus proche (89).
     (89) Note égarée. Sera reconstituée.
     De plus, une nouvelle menace de délocalisation d’un service important de l’Etat, pèse sur la ville. A la Libération, le Garde des sceaux Teitgen, envisage une simplification de la carte administrative des tribunaux. Chaque département n’en conserverait qu’un, à l’exception de la Seine-et-Oise, où trois tribunaux seraient maintenus: ceux de Corbeil, Versailles et Pontoise. Celui d’Étampes perdrait toute autonomie et serait rattaché à Corbeil. Bien entendu, les élus de notre ville protestent énergiquement contre le projet qui «léserait gravement la population sans aucun profit pour la justice.» Déjà, les détenus de la maison d’arrêt d’Étampes doivent être transférés à Corbeil, pour les audiences. Et les élus de s’interroger, non sans une certaine malice, sur les raisons profondes du projet: peut-être la commodité des magistrats de Corbeil qui se déplaçaient jusqu’alors à Étampes, pour desservir son tribunal? (90)
     (90) Note égarée. Sera reconstituée.
     A dire vrai, une première expérience de suppression des tribunaux d’arrondissement, entre 1926 et 1930, avait eu des conséquences très regrettables: manque de proximité de la justice, engorgement des dossiers…Le cas de figure pourrait se reproduire. Qui plus est, le tribunal d’Étampes est loin d’être inactif: pour la seule année 1944, il a notamment rendu 371 jugements correctionnels et 111 jugements sur requête, pour un total de 830 jugements de toute nature, tant affaires civiles que commerciales (91).
     (91) Note égarée. Sera reconstituée.
Clément Wingler



     TABLE DES MATIÈRES.  I. LA VOIE DE LA LIBERTE1 Étampes, ville bombardée2 Du départ des Allemands à l’arrivée des Américains —  3 Étampes devient une ville américaineII. ENTRE GUERRE ET PAIX1 La guerre continue…2 Les soldats du front3 Les prisonniers de guerre4 Travail obligatoire et résistants déportés5 Règlements de comptes et revanchisme…6 Prisonniers allemands7 Victimes du déminageIII. REPRISE DE LA VIE POLITIQUE1 La presse locale2 Les FFI, vus par la Marseillaise3 Elections et municipalitésIV. ENTRE RUINES ET RATIONNEMENT, UNE SOCIETE ÉTAMPOISE EN QUETE DE REPERES1 La question cruciale de la reconstruction et du logement2 Le devoir de mémoire3 Dur rationnement…4 L’aide aux sinistrés5 Marché noir, crimes et délits6 Une cohabitation parfois difficileV. VERS L’AVANT1 L’hommage rendu aux libérateurs2 En mémoire de la Résistance3 La renaissance de la vie sociale4 La vie scolaire5 La vie sportive6 Produits américains, culturels et autresLES GRANDS PROJETS D’URBANISME1 Pour un nouveau tissu urbain2 L’épineuse question de la sous-préfecture et du tribunal.
 
Source: Texte communiqué par l’auteur le 28 février 2009, remis mis en page par Bernard Gineste.
BIBLIOGRAPHIE

Éditions


     Clément WINGLER (directeur des archives municipales d’Étampes), «Étampes de 1944 à 1946», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-20-wingler1944-1946.html, 2009.

Autres publications de Clément Wingler

     Bernard GINESTE, «Clément Wingler, une bibliographie», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/cbe-clementwingler.html, 2008.

Autres documents relatifs à la période 1939-1945

     Clément WINGLER (directeur des archives municipales d’Étampes), «Étampes de 1940 à 1944», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-20-wingler1940-1944.html, 2009.

     Bernard GINESTE [éd.], «Robert Piqueret (capitaine des pompiers d’Étampes), Rapport sur les journées du 16 au 22 août 1944 (note de septembre 1944)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-20-1944cr4044etampes.html, 2009.

     G. PINGUENET, S. BÉNARD, Bernard MINET, Bernard MÉTIVIER & Bernard GINESTE [éd.], «Georges Vannier: Recueil de chansons (1946)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/cle-20-vannier1946recueildechansons.html, 2011.

     Bernard MÉTIVIER & Bernard GINESTE [rééd.], «Clément Wingler: La seconde guerre mondiale aux Archives municipales d’Etampes (inventaire-sommaire de la sous-série 2W, 1994), in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/cbe-20-ame2w.html, 2012.

     COLLECTIF, «Documents en ligne sur le pays étampois pendant la seconde guerre mondiale», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/index-39-45b.html, depuis 2004.


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