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 RECUEIL
 DE CHANSONS DE G. VANNIER
 
 
 
 
 
 
 01. On troque dans notre petite
 ville
 
 
          
            
              | Air: 
 | On chante dans
 mon quartier 
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 | Si vous passez 
dans not’ petit’ ville Vous admirerez comm’ on y est habile,
 Vous y verrez même les gosses
 Se livrer au négoce.
 Le cordonnier troqu’ un morceau d’ veau
 Contr’ une paire de vieux godillots
 Et le boucher des ribouis
 Contre un gigot de brebis.
 
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              | Refrain 
 | On troque dans 
not’ petit’ ville Tous, garçons et filles,
 Des choses diverses.
 On troque depuis plus d’cinq ans
 Sans null’ controverses
 Tout et rien se vend
 Un paquet de cigarettes,
 Une vieille défroque,
 De tout, même des bicyclettes,
 Tous les jours se troquent
 Dans not’ petit’ ville.
 Troc troc chocolat
 Voila c’qu’on troque, voila c’qu’on troque.
 Troc troc chocolat,
 Voila c’qu’on troque chez moi.
 
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 02. Tous troquons
 
 
     
       
         | Air: 
 | Auprès
 de ma blonde 
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              | I 
 | Madame la sage-femme Pour remplir ses fonctions (bis)
 En douce vous réclame
 Un gigot de mouton…[p.3]
 
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         | II 
 | Lorsque vote’
appendice Doit subir l’ablation (bis)
 L’toubib pour ses services
 Garde le saucisson…
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              | III 
 | Pour vingt mille
 francs cinquante L’gniaf vend des pardessus (bis)
 L’tailleur troqu’ des toquantes
 Pour des photos de nus.
 
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              | IV 
 | Au collège
 les potaches Echangent des dollars (bis)
 Pour un beau fils de vache,
 Un cochon gras à lard…
 
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              | V 
 | Avant d’vider 
nos fosses Ce bon monsieur Langlois (bis)
 Profite de leur hausse
 Pour réclamer une oie…
 
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              | VI 
 | Le quincailler
 mariole Trouv’ le marché noir bon (bis)
 Il échang’ une casserole…
 Pour deux pair’s de jambon…
 
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              | VII 
 | On débite
 par tranches Du veau chez l’mastroquet (bis)
 L’boucher, lui, en revanche,
 Trafique des complets…
 
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              | VIII 
 | Pour qu’la terr’
 soit légère Kléber à Saint-Martin (bis)
 Enlève tout’s les pierres
 Pour deux aun’s de boudin…
 
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         | Refrain 
 | Pour être
 à la page, Tous troquons, troquons, troquons,
 Pour être à la page,
 Il faut tous troquer. [p.4]
 
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 03. Poulet à la Marseillaise
 
 
     
       
         | Air: 
 | Le grand singe
 d’Amérique.  ( La Mascotte.) 
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 | Par l’organe de
 la presse Qui renseign’ les Etampois (bis, tous)
 J’ai appris qu’une tigresse
 Dans Etampes semait l’effroi (bis, tous)
 Cet animal sanguinaire,
 Rien que d’y penser j’frémis,
 Attaqua monsieur le Maire
 Entouré de ses amis,
 Ils se sauvèrent en criant (bis, tous)
 Où sont donc les agents (bis, tous)
 Vraiment. (bis, tous)
 Ils ont plaqué la Mairie.
 Monsieur le Maire
 La trouv’ amère,
 Au moment d’un grand danger
 De n’pas être protégé… Ah!... (tous)
 Un passant, m’sieur Cousin Georges,
 Plein de courage et d’sang-froid (bis, tous)
 Prit le fauve par la gorge
 Car il n’avait pas les foies. [ajout au crayon:
             (bis, tous)]
 Ce fut un’ lutt’ homérique
 Entre les deux combattants.
 Sous l’buste de la République,
 Puis la tigresse ficha l’camp.
 Où est-elle partie maintenant? (bis, tous)
 Se demandent les brav’s gens (bis, tous)
 Criant (bis, tous)
 Dans les bois, au marché franc,
 Dans les aulnettes
 Où à Guinette,
 Dans les waters pleins d’confort
 Tout là-bas sur le port… Oh!... (tous)
 Nous étions depuis en chasse
 Tous les deux, ma femme’ et moi (bis, tous)
 Tous les jours que l’Bon Dieu fasse
 Cherchions le fauv’ dans les bois (bis, tous)
 Quand j’appris, elle est saumâtre,
 Que le tigre si bien dépeint,
 Dont on parl’ auprès de l’âtre,
 Etait chassé par Bodin.
 Ce bobard n’est pas un canard
 Disons-le tous sans retard (bis, tous)
 Sans fard (bis, tous) [p.5]
 Notr’ Etampois Tartarin
 Aux solitaires
 Faisant la guerre
 Tuerais le fauv’ aux abois
 Nous privant d’cet exploit… Ah…? (tous)
 
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 04. Il s’en alla un dimanche
 
 
     
       
         | Air: 
 | Ça s’est
 passé un dimanche 
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              | 
 | D’Etamp’s par
la  grande presse Nous apprenons avec grand plaisir
 Qu’un de nos chasseurs fit de belles prouesses
 Accomplies pendant ses loisirs
 Bien qu’il soit moyen c’est un typo
 Râblé, bien balancé,
 Ne travaillant jamais du chapeau,
 C’est un vraiment racé.
 
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              | Refrain 
 | Il s’en alla un
 dimanche A la chass’ aux sangliers,
 Tous les oiseaux sur les branches
 Avaient peur de se faire escoffier.
 Son fusil sur l’épaul’ dédaignant ce butin
 D’un solitair’ il cherche la piaule
 Du fauve si friand de laurier et de thym.
 Avec adress’ il trouve sa taule
 Pan, pan, deux ball’s dans l’épaule
 Le rapace est éteint.
 
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         | 
 | Il n’prenait jamais
 un verre Chez nos cent cinquante-trois bistrots,
 Par un’ très profond’ horreur du solitaire
 Il en buvait deux,  c’est pas trop,
 Tout en étant libre-penseur,
 De mèch’ avec Bigot,
 Ses magnifiques trophées de chasse
 S’débitaient chez Sagot.
 
  (Au refrain)
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         | 
 | Au temps de la
 chasse à courre On chassait de bell’s biches, de beaux daims
 Maintenant pour rater un lièvre on parcoure
 Les bois, les plaines, c’est mondain.
 Le bel héros de cette chanson,
 D’après bien des ragots,
 Sans fatigu’ dans les soués à cochon
 Ravitaill’ les Parigots.
 
   (Au refrain) [p.6]
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 05. Nono agent de publicité
 
 
      
       06. Les queues
         | Air: 
 | Prosper. 
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              | I 
 | C’est moi qu’est surnommé
 Nono Je suis de Saint-Gilles,
 J’ai toujours l’air d’un rigolo
 Je n’me fais pas de bile.
 Dans la rue en peinard,
 N’ayant jamais d’avatars.
 J’déambul’ en mon car,
 N’ayant pas de sleeping-car …
 
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         | Refrain 
 | Nono, hip, hurra! Ne se fait jamais de bile.
 Nono, Hip hurra!
 J’ai toujours l’air «V» en ville.
 Comm’ je manque de perlot
 Partout je cueill’ les mégots
 D’sus j’mets l’embargo.
 A Saint-Gill’ ou bien au Port
 Je cherch’ les clops à bout d’or
 Dans les crottes d’Azor.
 Le jour,
 Tous les jours,
 Je cherche sans artifices
 Mêm’ au carrefour
 Et sans craindre la police
 Les Camel mêm’ rabougries
 Les mégots de tabac gris
 Je suis sans caprices,
 Sans défauts et cœtera
 Hip, hurra, hurra!
 
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         | II 
 | Pour moi c’est la chouette
 vie Dans les rues d’la ville
 Au public je clam’ les avis
 En automobile.
 Mes bons pneus d’chez Champy
 Roulent toujours sans répit,
 Mes deux fers à repasser
 Me permettent de trisser…
 
    (Au refrain.) [p.7]
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         | Air: 
 | Le Biniou 
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         | I 
 | De Saint-Martin
 à Saint-Pierre Afin de pouvoir becq’ter
 Un bout de lard ou d’gruyère
 Des heur’s il faut poireauter.
 J’aim’ entendre dans les files
 Les bonnes femm’ cancaner
 Car rapide le temps file
 D’entendr’ les gens débiner.
 
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              | Refrain 
 | Tricotant des gambettes Il vous faut toujours sans cess’ cavaler
 Oui, toujours, c’est ça qu’est chouette
 Queuter, bien queuter, toujours queuter.
 
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              | II 
 | Dans not’bel hôtel
de  ville On voit le peupl’ souverain
 Sous l’œil des agents de ville
 Fair’ la queue pour le scrutin
 Quand des impôts tomb’nt les feuilles
 Dans les salons du percepteur
 Pour vider son portefeuille
 On s’morfond mais quel honneur…
 
   (Au refrain.)
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              | III 
 | Quand on souffre des molaires Il faut chez Monsieur Gaignon
 Avant de les fair’ extraire
 Attendr’ geignant au salon.
 Pour fair’ d’un timbre l’emplette
 Chez ces dam’s aux PTT
 En grillant un’ cigarette
 Longtemps il faut poireauter.
 
   (Au refrain.)
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              | IV 
 | Sous le soleil ou la bise A l’Alhambra chez Duguay,
 De ciné la foul’ éprise
 Attend devant les guichets.
 Afin d’avoir des légumes,
 Chez Ducuing on fait la queue
 Mais hélas! quell’ amertume
 Ils sont bien souvent acqueux…
 
   (Au refrain.) [p.8]
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         | V 
 | Lorsque pour
le  grand voyage Il faut partir tôt ou tard,
 Il est bien souvent d’usage
 D’emprunter un corbillard.
 Et derrièr’ dans un cortège
 Les bonn’gens vont deux par deux
 Bavardant, quel sacrilège!
 Un’ fois d’plus ils font la queue…
 
   (Au refrain)
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         | Air: 
 | Le pendu 
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         | I 
 | Tout va très
 bien, la vie est belle Il fait vingt au dessous d’zéro,
 Rougis les nez font la chandelle
 La terr’ sèch’ retient les poireaux.
 Mais la bonn’ Abeille vous rassure
 Dans son édition à vingt sous.
 Les oignons étant sans pelures,
 Ell’ annonc’ un hiver très doux. (bis)
 
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              | II 
 | Si dans la neig’ où
 nos chaussures Font de lamentables gis-gis,
 Sous la bise qui souffle dure,
 On fait la queue pour du from’gie.
 Cent pour cent soyons optimistes
 Nous aurons bientôt des radis
 Pas d’hiver, c’est pas un fumiste
 Mais Monsieur Collard qui l’a dit. (bis)
 
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              | III 
 | Dans les fourneaux, le bois
 vert fume On voudrait bien en fair’ autant.
 On se dit avec amertume
 Où sont donc les tabacs d’antan.
 Bah! ne nous faisons pas de bile,
 Froid, verglas, restrictions, bobards!
 D’y croire serait imbécile
 L’hiver est doux écrit Collard.
 
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         | IV 
 | Un peu partout
 si l’on grelotte C’est par erreur assurément. [p.9]
 Pourquoi avons-nous la tremblotte
 Lorsque l’hiver est si clément
 Ne racontons pas tant d’histoires
 Monsieur Collard a bien raison
 Car les pelures c’est notoire
 Sont aussi rar’s que les oignons. (bis)
 
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         | Air: 
 | Musique de
chambre 
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              | I 
 | Tout auprès du Castel
 Matho Où Zaoui dans sa boutique
 Débitait au cours les plus hauts
 De quoi guérir maux et coliques
 De mêch’ avec les occupants
 Fut installée un’ officine
 D’où en foule des combattants
 Devaient partir battre Staline.
 
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              | II 
 | Avec un battage surprenant On vit défiler par centaines
 En uniformes rutilants
 Groupés autour de leurs emblèmes
 Pédestrement ou en autos,
 Des collabos plus qu’héroïques,
 Ni chair, ni os mais en photos,
 Bien encadrés avec leur clique.
 
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         | III 
 | Mais les vues
ne  suffisent pas, On embaucha Monsieur Nicolle
 Qui fit passer d’vie à trépas
 Tant de Russes de rac’ mongole.
 Avec une brun’ dactylo
 Ils attendir’nt tout deux stoïques
 Les volontaires qui à flot
 Allaient envahir la boutique. [p.10]
 
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              | IV 
 | Les mois passant après
 les jours Sans qu’il vit un seul volontaire,
 Monsieur Nicoll’ se dit quel four
 Pour en trouver, mon Dieu! que faire!
 Quand il reçut un beau matin
 Envoyé par la préfecture
 De quoi inonder Saint-Martin
 Un flot immense de brochures.
 
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         | V 
 | On lisait qu’à
 la croq’ au sel Des Mongols y mangeaient leurs femmes
 Des histoires sur le cartel
 Des Alliés aux desseins infâmes.
 Ils eurent un très grand succès
 Les bouquins antibritanniques
 En remplaçant dans les closets
 Les blocs de papier hygiénique.
 
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 09. Oui et non
 
 
      
       
         | Air: 
 | Ferme tes jolis
 yeux. 
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              | I 
 | M’sieur Taffoureau plein
d’endurance Déambulait l’autre matin
 Avec du chic, de l’élégance,
 Il maniait sa cann’ de rotin
 Tout en cherchant une combine
 Qui lui permit de déguster
 Comm’ autrefois une chopine
 Il murmurait en aparté.
 
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              | Refrain 
 | D’ répondr’ aux deux
 questions Joint’ au scrutin de liste,
 Trouble la digestion
 Mêm’ des plus optimistes.
 D’biffer oui non de non oui
 N’est pas du tout simplexe
 Ils nous rendent perplexes
 Non oui, oui non, oui oui.
 
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         | II 
 | M’sieur Midol
avec  assurance Nous dit il faut voter oui ou non.
 Palewski, au nom de la France,
 Veut des oui oui, crénom de nom.
 Mais pour sauver la République,
 Claud’ Bourdet, les S.F.I.O.
 Sont non [ajout au crayon: des] oui ouist’ en politique
 Et partout ils le crient bien haut.
 
  (Au refrain.)
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              | III 
 | La C.G.T. est oui noniste, L’Front National également.
 Raymond Patenôtre et sa liste [p.11]
 Sont pour non non évidemment.
 Pour des oui oui tête de liste
 Est Brasseau ancien sénateur.
 Tous cent pour cent sont réformistes
 Et jur’nt de fair’ notre bonheur.
 
   (Au refrain)
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         | IV 
 | Mais tout’ cett’
 politiqu’ altère Les électeurs qui dans l’pétrin
 Jusqu’au cou, voudraient que des verres
 De bon vin arros’ les scrutins,
 Que gratuits et obligatoires
 De bons crus soient distribués
 Afin de fêter la victoire
 De la quatrièm’ constituée.
 
   (Au refrain)
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 10. Le joyeux Saint-Martin
 
 
      
       
         | Air: 
 | La souris noire. 
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              | I 
 | Tout au pied des coteaux verdoyants Du Rougemont aux tons chatoyants
 Arrosé par la clair’ Chalouette
 Et par la Louette
 Fertilisant
 Saint-Martin aux rues très pittoresques
 Avec ses maisons paysannesques
 Sous l’ roi Clovis fut bâti.
 Douce époque où sapristi
 On pendait dit-on les mercantis.
 
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              | Refrain 
 | Saint-Martin est historique On y est en République,
 On apprécie bien le jus de la treille
 Qu’il soit en litres ou qu’il soit en bouteilles.
 Tout’ les femmes y sont charmantes
 Les jeunes fill’ ravissantes
 Tous à la page on vit avec entrain
 Dans le quartier Saint-Martin.
 
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              | II 
 | Pendant cinq années
 aussi gracieux Que le boul’dog’ à M’sieur Borderieux,
 Les All’mands, les Prussiens et les boches
 Remplir’ leurs poches
 En nous ruinant.
 Un des jours glorieux de la riflette [p.12]
 On les chassa, depuis que d’goguettes
 On fit bal un peu partout
 Chez Messieurs Girault itou
 Où l’un d’eux obtint un succès fou.
 
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              | Refrain 
 | Il y eut grand’ affluence Des fanatiqu’ de la danse
 Mais pour danser il faut de la musique
 Les manitous l’oubliant, c’est comique,
 Pour gambiller rien à faire
 Ce beau soir-là, quell’ affaire
 On tiqua, puis l’on chanta plein d’entrain
 On s’fout d’tout à Saint-Martin.
 
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              | III 
 | A la tour qui pench’, chez
 Hérignon, Y’a bonn’ tabl’, bons vins, gais compagnons.
 C’est là que la boule d’or, cett’ merveille
 Doucement sommeille
 Gar’ au réveil.
 Chez Pecquet, café de l’Espérance,
 D’ Saint-Martin berceau d’ la Résistance
 Sont partis les F.F.I.
 Armés de mauvais fusils
 Pour aider nos amis les Tommies
 
 [Tommies raturé, remplacé par
             Sammies]
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         | Refrain 
 | Partout le beau
 sex’ s’agite Discutant d’un plébiscite.
 Les femmes votant seront nos maîtresses
 Car ell’ nous imposeront une mairesse.
 Le sex’ fort, pilul’ amère,
 N’ pourra plus être père et maire
 Mais il reste confiant dans le destin
 Du chic quartier Saint-Martin.
 
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 |  
        
               
      11. C’est un pays de cocagne
 
       
       
         | Air: 
 | Avant d’être
 capitaine. 
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              | I 
 | Au grand palace de l’enfer Les petites bottines
 Ces dames dans leurs rocking-chair
 Contr’ l’amour vous vaccine
 Rosé d’anjou, saumur, bordeaux, [p.13]
 De crus fameux, des vins sans eau,
 D’alcool au fin bouquet,
 Plein le col chez Pecquet
 On s’en met.
 
 | 
 |  
              | Refrain 
 | C’est un pays de cocagne Que notre charmant pays.
 Les commerçants sont affables
 D’ boir’ de l’eau y semble impie.
 Dans les rues la foule se presse
 Aux magasins épatants.
 Tout y est je le confesse
 D’un bon marché surprenant.
 
 | 
 |  
              | II 
 | Bientôt dans le pimpant
 et gai Joyeux jazz de Guinette,
 Avec les bons amis Joguet
 On fera des goguettes.
 Derrièr’ leur comptoir de bois peint
 Tous les joyeux pharmaciens
 Aimables, oh! combien,
 Tendent leurs ingrédients
 Pour presque rien.
 
   (Au refrain)
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 |  
         | III 
 | Quand Monsieur 
Durand les marie Il donne aux deux époux
 Des meubles et de la lit’rie
 Et berceau d’acajou.
 Avec le sourir’ Colombet
 Lorsque l’on quitt’ ce bas mond’
 Fournit l’dernier complet
 De teinte brun’ ou blond’.
 Plutôt blonde.
 
  (Au refrain)
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 |  
 12. Ballet des balais
 
       
       
         | Air: 
 | Lili Marlène. 
 | 
 |  
              | I 
 | Depuis que les Boches Guid’nt nos destinées,
 Plus d’mains dans les poches,
 Nous d’vons tous travailler
 Gratter, frotter et balayer [p.14]
 Il faut toujours bien nettoyer
 Verflucht aber, los schnell,
 Verflucht aber, los schnell.
 
 | 
 |  
              | II 
 | Regardez le boche Lorgner les travaux.
 Ce qu’il peut êtr’ moche
 Quand il braill’ comme un veau.
 Heureusement que quand il crie
 On l’prend en riant sans s’fair’ d’soucis.
 Verflucht aber, los schnell,
 Verflucht aber, los schnell.
 
 | 
 |  
         | III 
 | Les Alliés
 approchent Vit’ en vérité
 On voit bien les boches
 Pressés d’se défiler.
 Avec nos balais nous saurons
 Bien caresser tous ces fripons.
 Verflucht aber, los schnell,
 Verflucht aber, los schnell.
 
 | 
 |  
         | IV 
 | Vous pouvez le
 croire On s’ra remplacé,
 Bientôt les trottoirs
 Seront bien balayés
 Par les friquets tous bien pantois
 D’êtr’ les valets des Etampois.
 Ainsi nous s’rons vengés.
 Ainsi nous s’rons vengés.
 
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 |  
 13. Raoust[Remarque: nous avons déjà
 réédité à part et annoté cette chanson,
       ici.]
 
       
       
         | Air: 
 | La chanson
 du maçon. 
 | Raoust   est une  graphie populaire française pour l’interjection
 allemande               Raus!, «Dehors!»  (avec
contamination   de l’interjection française Ouste!),  fréquemment
mise   dans la bouche de l’occupant et symbolisant la brutalité avec
laquelle  s’exerçait son autorité, comme              Schnell!,
 «Vite!» et Achtung! «Attention!»        
     Elle lui est ici retournée ironiquement, ce qui donne  le ton
du début de la chanson. 
 |  
              | I 
 | Pendant près de cinq
 ans, Messieurs nos occupants
 Souriants, pour nous pleins de tendresse,
 Veillaient avec amour
 Sur nous la nuit le jour
 De Saint-Pierr’ aux Belles-Croix sans cesse
 Grâce à eux un bon ravitaillement
 Donna de la sveltess’ aux bedonnants. [p.15]
 
 | L’occupation
    allemande d’Étampes a duré du 15 juin 1940 au 22 août
    1944, soit 4 ans, 2 mois et 7 jours. 
 Le quartier Saint-Pierre 
  et  la  rue  des Belles-Croix représentent ici les deux extrémités 
      d’Étampes au long de l’ancienne Route Nationale 20, l’une en 
direction      de Paris, et l’autre dans celle d’Orléans.
 
 |  
              | Refrain 
 | Partout le rutabaga fut roi On en mangea un, deux même trois.
 La Rosaline nectar des Dieux
 Nous fit entr’voir les cieux.
 On trouva au rat l’goût
 Du mouton en ragoût.
 De Barbier à prix doux
 On mangea les bons petits toutous.
 Partout ce n’étaient que des festins
 Où l’on bâfrait du soir au matin.
 
 | Le
             rutabaga   (ou chou-navet) autrefois utilisé 
 pour les animaux remplaçait   pendant l’Occupation la pomme de terre.
  Henri Amouroux, dans La France   et les Français de 1909 à
   1945 (Paris, Armand Colin, 1970)   a précisément donné
   pour titre à l’un de ses  chapitres «Le rutabaga-roi». La rosaline, selon Fernand
Minier,  était    un succédané local de boisson alcoolisée 
 à base   d’extrait de framboise, de saccharine et d’eau gazeuse.
 Le père Barbier, selon
 le même   Fernand  Minier, était sous l’Occupation un personnage
 pittoresque   résidant  au Petit-Saint-Mars que la rumeur publique
 accusait de voler  des chiens, et surtout de les manger.
 
 |  
         | II 
 | Au Grand Courrier,
 des boches Les chefs étaient conviés
 Place Romanet au grand Monarque,
 Alourdi de piliers
 Dans des fauteuils d’osier,
 Se prélassaient des Friquets de marque.
 Les pensionnaires de la rue d’Enfer
 Exhibaient toutes le portrait d’Hitler.
 
 | Le             Grand   Courrier   était un hôtel 
situé au n°65 de la rue  Saint-Jacques,   détruit   lors 
du bombardement   anglais de juin 1944. L’Hôtel du Grand Monarque
 est  au  n°1    de la Place Romanet. Sous l’Occupation, c’était 
  l’Offizierkasino,    c’est-à-dire le mess des officiers. Il
  s’agirait donc ici selon Clément   Wingler d’un jeu de mots, les
officiers  allemands étant ici qualifiés   de «piliers 
de  casino». Friquets était l’un des sobriquets appliqués 
   aux occupants (avec Boches,             Chleuhs, Frigolins, 
              Frisons  et Fritz).
 Il y avait sous l’occupation, rue
 d’Enfer,     une  maison close destinée à la soldatesque
 allemande (puis    étatsunienne).
 
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              | Refrain 
 | Les Etampois devant l’Escargot Pouvaient ramasser les beaux mégots
 Que gentils ces messieurs laissaient choir
 Tout le long du trottoir.
 Tous corrects, prévoyants,
 Ils avaient, c’est charmant,
 La bien douce manie
 D’expédier, là-bas, en Germany
 En souvenir de nous, amis chers,
 Tous nos trésors par chemins de fer.
 
 | L’hôtel
    de l’Escargot   est situé au n°71 de la rue Saint-Jacques. 
 On notera cette bizarre orthographe de Germanie, 
      à l’anglaise, qui indique peut-être la prononciation souhaitée 
     par l’auteur, pour signifier que désormais l’ancien occupant est
   lui-même  occupé par les Sammies et les Tommies.
 Quelqu’un a-t-il   un  témoignage 
   à fournir sur des pillages opérés   par les Allemands 
   à Étampes?
 
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              | III 
 | Mais Sammies et Tommies Ces rasés nos amis
 D’un saut franchirent de l’Atlantique
 Le grand mur si fameux
 Et ça en moins de deux.
 Les F.F.I. armés de leurs triques,
 Leur donnant un sérieux coup de main
 Aux boches firent repasser le Rhin.
 
 | Sammies
    et             Tommies   étaient des sobriquets appliqués
    aux soldats respectivement   étatsuniens et britanniques. Quelqu’un   peut-il nous dire ce que veut dire ici rasés? Le Mur de l’Atlantique est
comme  l’on  sait   un gigantesque ensemble de fortifications cotières
élevées        par l’occupant à partir de 1942 depuis
le Pas-de-Calais jusqu’au      Pays  Basque, et qui fut enfoncé par
le débarquement des   alliés     en Normandie du 6 juin 1944.
Dès lors différents    groupes   de résistants purent
enfin prendre la forme de troupes  régulières     sous le nom
de FFI ou Forces Françaises  de l’Intérieur.
 Le Rhin fut atteint le 19 novembre
 1944   à    Rosenau par le CC3 de la 1ère DB, ce qui date
notre  chanson   de 1945  plutôt que 1944.
 
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         | Refrain 
 | Quittons maintenant
 le ton badin, Unis travaillons avec entrain.
 La « Riflette » a fait bien des dégâts,
 Y’a du boulot les gars.
 Desserrons cran par cran,
 D’nos ceintures le carcan. [p.16]
 Assez du marché noir,
 Qui fait des pauvres le désespoir.
 Soignons bien prisonniers, déportés,
 Et crions: vive la Liberté!
 
 | D’une manière générale,   comme nous  le fait
observer Jean-Claude Pommereau, Aller à la  riflette   c’est
«aller au combat». Mais par «Riflette»
   il faut sans doute  entendre ici plus précisément les mitraillages
   et bombardements  subis par la ville en 1940 et 1944.  De fait la
reconstruction   des  quartiers touchés ne se fit pas en un jour. 
 Le retour des déportés n’eut lieu qu’en 1945. Notre chanson   a donc bien  été 
   composée en 1945 seulement, peut-être   à l’occasion   des festivités du 9 mai. Quelqu’un a-t-il 
   des données   sur le nombre des  Étampois prisonniers 
   ou déportés   durant  cette période, sur la 
 date  de leur retour, et sur le marché   noir à Étampes?
 
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 14. Final
 
 
        
       
         | Air: Tout va très
 bien, Madame la marquise. 
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         | Mais l’heure s’avance,
 quittons la scène, Tant pis la revue est un four.
 Dans tout’ la salle l’ennui s’promène,
 Pauvre Diane quitt’ tes atours.
 Gentil public, charmantes spectatrices,
 Pardonnez-nous, pardonnez-nous,
 D’avoir ce soir dit des bêtises
 Car l’auteur est un peu foufou.
 Sortez de votre somnolence
 Tapez des mains tous en cadence,
 Applaudissez avant que l’on se trisse,
 Un gros merci, bonsoir à tous.
 
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           | BIBLIOGRAPHIE 
 Éditions
 Georges VANNIER, Recueil de chansons    
  [cahier  de 16 p. dont les 4 p. de couverture contiennent le programme
de  la fête  annuelle de la société sportive des Enfants
 de Guinette les  2, 3 et 4 février 1946], Étampes, La Familiale,
 1946.
 
 G. PINGUENET, S. BÉNARD, Bernard MINET, Bernard 
MÉTIVIER & Bernard GINESTE [éd.],        «Georges 
Vannier: Recueil de chansons       (1946)»,  in Corpus Étampois, 
      http://www.corpusetampois.com/cle-20-vannier1946recueildechansons.html,         2011.
 
 
 Autres chansons
  étampoises à l’occasion et à la suite de la Libération 
         Georges VANNIER,       Raoust     [chanson], 
 Étampes, Imprimerie la Familale  (?),1945.
 
 VALIÈRE &        Paul MALLET, Le Rire de Guinette.
One Step [suivi de:] Le  Vin,     les femmes et la victoire pour les
Américains  [27,5  cm   sur  18; 4 pages; partitions et textes
de deux chansons], Étampes,     Société   bigophonique
d’Étampes (Imprimerie La Familiale),     1944.
 
 
 Chansons mises
en ligne par le Corpus Étampois
 Jean-Claude POMMEREAU & Bernard
GINESTE     [éd.],    «G. Vannier: Raoust    (chanson,
1945)»,     in Corpus  Étampois, http://www.corpusetampois.com/cle-20-vannier1945raoust.html,
         2005.
 
 Jacques CORBEL & Bernard GINESTE 
[éd.],       «Valière  et Mallet: Le Rire de Guinette 
(chanson,    1944)»,   in Corpus Étampois,        http://www.corpusetampois.com/cle-20-malletvaliere-riredeguinette.html, 
        2004.
 
 Jacques CORBEL & Bernard GINESTE 
[éd.],        «Paul  Mallet: Le Vin, les Femmes et la Victoire 
pour les Américains        (chanson, 1944)», in Corpus 
Étampois,       http://www.corpusetampois.com/cle-20-mallet1944levin.html,
         2004.
 
 
 Sur cette 
période de l’histoire étampoise
 Clément WINGLER (directeur des archives municipales d’Étampes), «Étampes de 1944 à 1946», in Corpus Étampois, 
          http://www.corpusetampois.com/che-20-wingler1944-1946.html,          2009.
 
 COLLECTIF,  
                                             «Documents 
en ligne sur le pays  étampois     pendant la seconde guerre mondiale», in Corpus     Étampois, http://www.corpusetampois.com/index-39-45b.html, 
     depuis 2004.
 
 
 
 
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