Les Antiquitez de la Ville
et du Duché d’Estampes
Paris, Coignard, 1683
Deuxième Partie,
Chapitre XI,
pp.
378-399.
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De l’Eglise Collegiale
de sainte Croix.
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DEUXIÈME PARTIE,
CHAPITRE XI.
De l’Eglise Collegiale de sainte Croix.
Avant que de commencer le discours
des droits que le Chapitre de Nôtre Dame pretend avoir sur celuy
de l’Eglise Collegiale de sainte Croix, il faut voir quelle a esté
l’origine de cette Eglise, & de son Chapitre. Comme nos Rois
ont merité le glorieux nom de Tres-Chrétien entre les autres
Princes Chrétiens, aussi [p.379]
ont-ils eu beaucoup d’aversion pour les Juifs, qui en sont les ennemis
jurez, ne les souffrant qu’à peine dans leur Royaume. Dagobert
les en chassa à la persuasion de l’Empereur Heracle, allarmé
par un certain Oracle, qui predisoit, que les Circoncis devoient renverser
l’Empire Romain, attribuant aux Juifs ce qui a depuis esté executé
par les Sarrazins, & par les Turcs.
Le Roy Robert les en bannit aussi,
à cause qu’ils avoient donné un faux avis au Calife de
Babilone, que les Chrétiens avoient déterminé d’aller
détruire son Empire, sous pretexte de leurs pelerinages: ce
qui porta ce Prince à faire démolir le Temple de Jerusalem;
& il en eut fait autant au saint Sepulchre, si la main invisible
de Dieu n’eût rendu inutiles tous les efforts des hommes qu’il
y emploia. Et le Roy Philippe II. dit Auguste*,
arriere Nepveu du Roy Robert, sur les plaintes qui luy furent renduës
des cruautez inouïes que les Juifs de son Roiaume exerçoient
sur leurs serviteurs & servantes Chrétiens: de leurs usures intolerables:
& du mépris qu’ils faisoient des ornemens d’Eglise qui tombaient
entre leurs mains jusques à se servir par derision des sacrez
Calices en leurs festins, les fit sortir de son Roiaume, l’an 1182. Et afin
qu’ils fussent sans esperance de retour, il voulut que leurs Sinagogues
ou écoles, fussent dédiées au service du vray Dieu,
& au culte de la vraye Religion.
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Tiers de sou de Dagobert Ier
*
Rigordus p.8 & 9. tom. 5. Hist. Franc.
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Monstrelet rapporte que les habitans d’Orleans firent une Eglise sous
le titre de sainte Croix, d’une Sinagogue qui étoit en leur ville,
& qu’ils y établirent des Prebendiers pour faire tous les
jours le service Divin; & que ceux d’Estampes firent aussi la même
chose de la Sinagogue de leur ville. Choppin*
le confirme par l’autorité de Rigordus, qui a d’écrit
la vie, & les actions les plus remarquables du Roy Philippe Auguste,
& qui vivoit de son temps. Voicy ce qu’il en dit. Facta autem
infidelium Judeorum ejectione, & eorumdem per universum orbem dispersione,
Philippus Rex semper Augustus, non immemor fratrum suorum, an. Incarn.
1183. ætatis ipsius XVIII. incœpto, opus glorosiè incœptum
Deo disponente, gloriosiùs consummavit. Nam omnes Sinagogæ Judæorum, quæ
scilicet scholæ ab ipsis vocantur, ubi Judæi sub nomine fictæ
religionis, causa orationis quotidiè simulatè conveniebant,
priùs mundari jußit, & citra voluntatem omnium Principum
easdem Sinagogas, Ecclesias Deo dicari fecit, & ad honorem Domini nostri
Jesus Christi, & Beatæ genitricis Virginis Mariæ in eisdem
Altaria consecrari præcepit. Hujus ad exemplum Aurelianenses Cives
in Ecclesia sua, quæ Aurelianis fuerat Sinagoga, Præbendas
[p.380] perpetuò
instituerunt, ubi Clerici ordinati die ac nocte divina celebrant Officia:
similiter in Ecclesia Stampensi, quæ fuerat Sinagoga factum fuisse
vidimus**.
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* Lib. I. Polit. Sacr. Tit. 5.
n. 21.
* Dont traduction en Annexe 01.
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Les Lettres patentes de la concession que Sa Majesté fit de
Sinagogue d’Estampes à des Ecclesiastiques de la même ville,
pour y établir un Doyen, & y faire tous ensemble le service
Canonial, prenant en sa protection les biens qui avaient été
déja donnez, & ceux aussi qui seraient donnez à cette
Eglise, furent expedié à Fontainebleau l’an 1183. de la
teneur suivante.
Philippus Dei gratia Francorum
Rex: Noverint universi præsentes pariter, & futuri, quoniam
nos Judæis à terra nostra fugatis, Sinagogas eorum in Ecclesias
converti præcepimus: unde, & Sinagogam Judæorum Stampensium
intuitu Dei, & ob remedium animæ nostræ, & Patris
nostri bonæ memoriæ Ludovici Regis, Clericis Stampensibus
conceßimus ad faciendas ibi horas Canonicas, & ad ibidem Deo
famulandum, & canonicè vivendum: & in eadem Ecclesia Decanum
instituere. Undè, & beneficia in illam collata Ecclesiam, &
proceßu temporis justè conferenda concedimus: & protegenda
manu capimus. Quæ omnia ut inposterum rata & illibata permaneant,
præsentem paginam sigilli nostri auctoritate, ac regii nominis charactere
inferiùs annotato præcepimus confirmari. Actum apud Fontemblaudi,
anno Incarn.Verbi MCLXXXIII. an. V. regni nostri, Astantibus in Palatio
nostro quorum nomina supposita sunt, & sign. Comitis Theobaldi Dapiferi
nonostri [sic]. Guidonis Buticularii.
Marci Camerarii. Matthæi Constabularii*.
Ces termes generaux contenus en la
concession du Roy, clericis Stampensibus, laissent à
conjecturer de quels Ecclesiastiques on les doit entendre, sçavoir
ou des Clers, c’est à dire, ou des Chanoines de Nôtre Dame:
puis que le mot de Clericus, dans le Droit Canon, &
ailleurs signifie souvent Chanoine aussi bien qu’un autre Ecclesiastique,
ou s’il doivent étre entendus de quelques Ecclesiastiques que Sa
Majesté destina pour lors pour étre Chanoines en l’Eglise que
l’on devoit bâtir de nouveau au lieu de la Sinagogue, par le consentement
du Diocesain, qui étoit alors Guy de
Noyers, fils de Milon, Seigneur de Noyers en Bourgogne**, & de Marie de Chastillon-sur-Marne. Pour
moy j’estime que la concesion du Roy fut faite aux seconds, comme on le
peut tirer des paroles de Rigordus, que j’ay rapportées: & des
differends qui furent entre les Chanoines de cette nouvelle Eglise, &
ceux de Nôtre Dame, qui n’auroient point eu de fondemens sans cela.
[p.381]
|
* Dont traduction en Annexe
02.
** De Noyer, d’azur
à l’aigle d’or.
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Il y en a qui pensent que la Sinagogue des Juifs subsiste encore aujourd’huy,
ayant seulement esté changée en l’Eglise, mais sans
doute ils se trompent; car elle fut détruite, & de ses ruines
l’on en bâtit l’Eglise que nous voyons beaucoup plus ample que
n’étoit cette Sinagogue. J’appuye ce que je dis en premier lieu
sur la Bulle de Luce III. Pape, donnée à Veronne le 26.
Juillet, on n’en peut voir l’année non plus que dans les autres
Bulles que je rapporteray cy-aprés; on le peut pourtant bien
juger sur ce que ce Pape chassé par les Romains l’an 1183. se
retira a Veronne, où il mourut le 25. Novembre 1185. Sa Sainteté
declare dans cette Bulle, qu’elle prend & retient sous la protection
de saint Pierre Apôtre, & la sienne, l’Eglise que Philippe,
avoit deliberé de faire construire à Estampes, en l’honneur
de la tres-victorieuse Croix de Jesus-Christ, dans la Sinagogue qu’il
avoir ostée aux Juifs, avec tous les biens qu’elle possèdoit
alors, & ceux qu’elle pouroit à l’avenir acquerir à
juste titre.
De plus dans un jugement de l’Archevêque
de Sens du mois de Mars 1210. il est porté en termes exprés,
que les Chanoines de Sainte Croix recompenseront en terres equivalentes
les censives deuës à ceux de Nôtre-Dame, sur les terres
enfermées dans le corps de leur Eglise. Le Pape fait encore une
autre chose par sa Bulle, il défend aux Prêtres, que comme
ils ne prenaient aucun droit sur la Sinagogue des Juifs, de ne pretendre,
ou de n’imposer aucune servitude, ny redevance sur l’Eglise que l’on y avoir
fondée & bâtie; afin que cette Eglise ne fut pas de pire
condition sous la liberté du Christianisme, que la Sinagogue l’avait
esté pendant que l’on avait exercé au même lieu le
Judaïsme.
Lucius Episcopus servus servorum
Dei: Dilectis filiis Decano & Canonicis Sanctæ-Crucis de Stampis,
salutem & Apostolicam benedictionem. Loca divinis cultibus mancipata,
& quæ post Judaïce perfidiæ cæcitatem lumen
gratiæ sub christianæ fidei titulo perceperunt Apostolicis
sunt munienda præsidiis, & perpetuo munere donanda libertatis;
cum constet eos jam non esse filios ancillæ sed liberæ,
qui elegerint ibi, in libertate Spiritus Domino deservire, quapropter
Dilecti in Domino filii prædictam Ecclesiam vestram, quam charißimus
in Christo Filius noster Philippus Illustris Francorum rex, de assensu
venerabilis fratris nostri G. Senonensis Archiepiscopi in Sinagoga de
qua Judæos ejecerat, in honorem victoriosißimæ Crucis
ædificari constituit, cum omnibus quæ in præsentiarum
justè & pacificè poßidet, aut in futurum, præstante
Domino, rationabiliter poterit adipisci, sub Beati [p.382] Petri ac nostra protectione
suscipimus, & præsentis scripti patrocinio communimus: statuentes
ut Clerici, qui in circumpositis Ecclesiis, sicut nihil in loco ipso,
Judæis possessoribus capiebant; ita deinceps Ecclesiæ inibi
constitutæ conditionem aliquam vel gravamen, in libertatis præjudicium,
non imponant: ne deterior efficiatur status Ecclesiæ, si quæ
fuerat, Judæis inhabitantibus libera, sub observantia fiat Christianæ
libertatis ancilla. Decernimus ergo ut nulli omnino hominum liceat hanc
paginam nostræ protectionis infringere, vel ei, ausu temerario contraire.
Si quis autem hoc attentare præsumpserit, indignationem Omnipotentis
Dei & Beatorum Petri & Pauli Apostolorum ejus se noverit incursurum.
Datum Veronæ VII. Kal. Augusti *.
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Le Pape Luce III (1181-1185)
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Le même Pape par une autre Bulle du 8. d’ Aoust .... adressée
au même Doien, & aux Chanoines de l’Eglise de Sainte Croix,
aprés leur avoir témoigné sa joye, de ce que par
leurs soins, le lieu où les Juifs exerçaient auparavant
leur culte avoit esté converty en un temple du vray Dieu; pour
contribuër de sa part à l’accroissement de leur College,
leur donne de son autorité Apostolique le pouvoir de tenir un
Maître pour enseigner la musique, & un autre pour les autres
sciences, sans que personne puisse l’empécher. Il affranchit de dixmes
les terres de nouveau defrichées, & les bestiaux qu’ils feront
nourrir: il défend aux Laïques qui ont droit de dixmes, d’en
exiger aucunes de leurs terres. Il ne veut pas qu’aucun puisse prononcer
Sentence d’interdit contre leur Eglise, ny aucune excommunication ou suspension
contre les Chanoines, sans cause raisonnable & evidente; & il leur
permet (en cas d’interdit general de la ville) de pouvoir celebrer les divins
Offices dans leur Eglise à basse voix, sans sonner les cloches, &
les portes fermées, aprés en avoir fait sortir les Interdits
& excommmiez. Enfin il défend à toutes sortes de personnes
de quelque qualité ou condition qu’elles soient de causer temerairement
du trouble à leur Eglise, d’en usurper les possessions, ou les ayant
prises, de le sretenir: & d’attenter quoy que ce soit contre la teneur
de sa constitution, à peine d’encourir l’indignation divine &
celle des Bien-heureux Apôtres saint Pierre & saint Paul.
Lucius Episcopus servus servorum
Dei: Dilectis filiis Decano & Canonicis sanctæ Crucis Stamparum,
salutem & Apostolicam benedictionem. Cum per mutationem dexteræ
Excelsi de Sinagoga Judaica facta sit Ecclesia vestra: & domus orationis
ibi surrexerit, ubi paulo ante Judæorum impius cultus servabatur.
Officio susceptæ administrationis inducimur profectibus vestris
& commodis libenter intendere, & petitionibus [p.383] vestris effectum tàm
facilem quàm debitum indulgere. Quapropter ut Magistrum Scholarum
unum in musica, & alium in aliis disciplinis sine contradictione
qualibet habeatis, auctoritate vobis Apostolica indulgemus, statuentes
ut de novalibus vestris, & animalium nutrimentis nullus à
vobis decimas extorquere præsumat. Prohibemus insuper ne de posseßionibus
vestris decimæ à Laïcis exigantur, ad hæc, præsentium
auctoritate decernimus, ne quis in ipsam Ecclesiam interdicti, vel in
Canonicos ejus excommunicationis aut suspensionis sententiam absque manifesta
& rationabili causa promulget. Cum autem generale interdictum terræ
fuerit, liceat vobis, clausis januis, expulsis excommunicatis & interdictis,
non pulsatis Campanis, sumissa voce divina Officia celebrare. Decernimus
ergo ut nulli omninò hominum liceat Ecclesiam vestram temerè
perturbare, vel ejus possessiones auferre, ablatas retinere, seu hanc paginam
nostræ constitutionis & prohibitionis infringere, vel ei, ausu
temerario contraire. Si quis autem hoc attentare præsumpserit, indignationem
Omnipotentis Dei, & Beatorum Petri & Pauli Apostolorum, ejus [sic] se
noverit incursurum. Datum Veronæ sexto Idus Augusti *.
Urbain II. aiant succedé à Luce, l’an de Nôtre Seigneur
1185. le Doien & les Chanoines de Sainte Croix, recoururent incontinent
à luy pour obtenir la confirmation des prerogatives & privileges
que son prede[ce]sseur leur avoir accordez, ce qu’il fit par autant de
Bulles, la premiere donnée en la même ville de Verone le sixiéme
jour d’ Aoust de ... année de son Pontificat qui confirme ce
que comprenait la premiere Bulle de Luce: & la deuxiéme donnée
encore a Veronne le .... qui confirme aussi ce que contenait la deuxiéme
Bulle du même Luce; leur ajoûtant outre cela, la faculté
d’avoir un Cimetiere pour y enterrer les corps de leurs Confreres defunts
& de leurs domestiques**. |
Armes de Luce III (1181-1185)
Armes d’Urbain III (1181-1187)
* Dont traduction en Annexe 04.
*
Concedimus quoque vobis Cimiterium, in quo decedentium fratrum &
familiæ corpora tumulentur.
|
Quelque temps aprés les Chanoines de Nôtre-Dame commencerent
à inquieter ceux de la nouvelle Eglise de Sainte Croix, sur
plusieurs chefs contraires aux privileges que les Papes leur avoient
accordez. Nous ne pouvons mieux connoitre les chefs de ces differends,
que par la Sentence qui les regla. Il semble que le principal fut que
le Chapitre de Nôtre-Dame pretendoit quelque superiorité
sur celuy de sainte Croix, sans que l’on puisse penetrer sur quel titre,
il appuioit sa pretension, si ce n’est que l’Abbé & les Chanoines
de Nôtre-Dame étant Curez du territoire, ils pretendissent
de droit commun, que cette Eglise étant nouvellement bâtie
dans l’étenduë de leur Paroisse, elle devoit leur étre
[p.384] assujetie aussi-bien
que les Ecclesiastiques qui y avaient esté établis. Quoy qu’il
en soit ces differends furent jugez de si grande importance, que le Roy
même voulut en prendre connoissance. Et pour les terminer il se servit
du conseil de Maurice Evêque de Paris, du Doien, du Chantre, &
du Chancelier de la même Eglise. Le Roy par leur avis, afin d’assoupir
tous les differends, & pour prevenir ceux qui pourraient naître
à, l’avenir entre ces deux Eglises, se resolut de donner celle de
sainte Croix avec tous les revenus, biens, prerogatives, & privileges
qui luy appartenaient à l’Abbé & aux Chanoines de Nôtre-Dame,
avec pouvoir de disposer des Prebendes comme ils jugeraient à propos,
& d’y instituer & destituer ceux qu’ils voudraient. Cette resolution
du Roy fut suivie de son effet, Sa Majesté étant à
Fontainebleau l’an 1189, où elle fit expedier les Lettres patentes
suivantes à Odon, ou Oddes, Abbé de Nôtre Dame, &
son Aumônier ordinaire.
In nomine sanctæ & individuæ
Trinitatis, amen. Philippus Dei gratia Francorum Rex, quoniam ad officium
nostrum pertinet ut ea quæ contentiosè aguntur ad pacis
virtutem reducamus: & justitiæ est, cujus fautores sumus,
unicuique quod suum est reddere: idcircò contentionem quæ
erat inter Canonicos Beatæ Mariæ Stamparum, quæ nullò
mediante nos respicit, & plenißimo jure nostra est; & inter
Clericos Ecclesiæ sanctæ Crucis, intra limites prædictæ
Ecclesiæ minùs rationabiliter fundatæ, sapientum
virorum consilio, Episcopi videlicet, Decani, Cantoris, Cancellarii Parisiensium
hoc modo terminare decrevimus, prudenti habita deliberatione Ecclesiam
sanctæ Crucis intra terminos baptismalis Ecclesiæ nostræ
Beatæ Mariæ videlicet, Odoni dilecto & familiari Clerico
nostro, Abbati ejusdem Ecclesiæ & Canonicis jam dictæ
Ecclesiæ cum omni jure suo, & posseßionibus, & redditibus
& privilegiis integerrimè in perpetuum reddidimus, ita quod
omnimoda potestas data est & concessa eidem Odoni & Canonicis
Beatæ Mariæ disponendi, & ordinandi de Ecclesia sanctæ
Crucis prout sibi melius visum fuerit: & amovendi, & instituendi
quoscunque in Ecclesia sanctæ Crucis viderit amovendos, pro voluntate
sua, & instituendos. Nos igitur ad Consilium Episcopi, Decani, Cantoris,
& Cancellarii Parisiensium justè rationabiliter permoti, notum
facimus universis præsentibus pariter & futuris, quòd Ecclesiam
sanctæ Crucis, quæ nostra erat, Abbati & Canonicis Ecclesiæ
nostræ Stamparum in perpetuum cum omni jure suo donavimus, revocantes
in irritum quidquid Ecclesiæ sanctæ Crucis concesseramus, quod
ut perpetuum firmitatis robur obtineat, præsentem paginam sigilli
nostri auctoritate, & regii [p.385]
nominis charactere inferiùs adnotato præcepimus
communiri. Actum apud Fontemblaudi an. Incarn. Verbi MCLXXXIX. regni nostri
an. XI. astantibus in palatio nostro quorum nomina supposita sunt &
signa Comitis Theobaudi, Dapiferi nostri. Guidonis Buticularii. Mathæi
Camerarii. Radulphi Constabularii sigill. sigillo magno ceræ viridis,
Data vacante Cancellaria *.
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Ce que le Roy & ceux de ce conseil, avoient crû devoir être
un moien d’assoupir tous les differends qui étoient entre ces
deux Eglises, fut au contraire l’origine de nouveaux procés,
car comme il est naturel à toutes les choses de conserver leur
être autant qu’elles peuvent; & que c’est pour ce sujet qu’une
goutte d’eau êtant tombée sur la poussiere se met en rond
pour ramasser & reünir ses forces, & opposer plus puissamment
son humidité à la secheresse de la terre qui s’efforce
de la détruire; le Doyen & les Chanoines de sainte Croix eurent
recours à de tres-humbles remontrances qu’ils firent à Sa
Majesté, luy representant le grand prejudice que cette concession,
qu’il avoit faite de leur Eglise, leur portoit; & que c’était
une espece du [sic] suppression & extinction
de leurs Prebendes, qui ne pouvoir étre faite sans qu’ils encourussent
de l’infamie, encore qu’ils eussent toûjours vécu en vrais
Ecclesiastiques. Sur ces remontrances le Roy prit un autre conseil, il
revoqua la donation qu’il avait faite à l’Abbé Odon &
aux Chanoines de Nôtre-Dame, de l’Eglise de sainte Croix, &
la retint en ses mains par forme de sequestre, avec toutes ses appartenances
& dependances, jusques à ce que l’on eut terminé les differends
de ces deux Chapitres. Il en commit de nouveau la connoissance aux mêmes
Evêque, Doyen, Chantre & Chancelier de l’Eglise de Paris, du conseil
desquels il s’étoit premierement servy, parce qu’ils étoient
déjà informez de l’affaire: toutefois il commit avec eux l’Abbé
de sainte Genevieve de Paris pour cinquiéme Juge. Les Parties interessées
agréerent ces Commissaires, & même demeurerent d’accord
de deferer tellement à leur decision: qu’elles n’en appelleroient
ny au Roy, ny à l’Eglise, c’est à dire au Pape, auquels autrement
elles auraient pû aprés avoir recours. Le Roy commanda à
ces Juges d’examiner diligemment tous les titres des Parties, & d’écouter
toutes leurs raisons, pour leur rendre une rigoureuse justice, sans
avoir égard aux personnes: & de rendre ce jugement avant
le jour de saint Jean Baptiste prochain; parce qu’il se disposoit à
partir pour aller outre mer, & qu’il ne vouloit point laisser de differends
à vuider [p.386] entre
les Eglises de son Roiaume. La commission est du mois d’Avril 1190. de
la teneur suivante.
Philippus Dei gratia Francorum
Rex: Amico & fideli suo Mauricio venerabili Parisiensi Episcopo,
& dilectis suis Abbati sanctæ Genovefæ, Decano, Cantori,
& Cancellario Parisiensi salutem, & dilectionem, causam quæ
vertebatur inter Canonicos Ecclesiæ Beatæ Mariæ Stampensis
& Clericos sanctæ Crucis vobis Episcope, Decane, Cantor,
Cancellarie commißimus terminandam, & nos vestro consilio
usi: Ecclesiam sanctæ Crucis in manu nostra posuimus; ita quod
neutra partium aliquid de jure posseßionis in ea habeat, postmodum
lectis & exhibitis ante nos utriusque partis privilegiis, iterum
eorum causam vobis delegari curavimus, volentes unicuique jus suum conservari:
unde & vobis mandantes obnixè rogamus quatenus intuitu justitiæ
partibus hinc inde ante vos vocatis, & privilegiis inspectis, &
allegationibus auditis, causam ipsam, mera justitia mediante, &
sine omnium personarum acceptione, sicut de vobis certam gerimus fiduciam,
infra festum proximum in dictis citationibus pro temporis angustia competentibus,
appellatione & contradictione tàm ad Ecclesiam quàm
ad nos remota (& in hoc ante partes convenerunt) diffiniatis. Nolumus
enim controversias & contentiones, quæ inter Ecclesias nostras
ortæ sunt, post discessum nostrum non sopitas relinquamus, sententiam
autem illam quam vos omnes, vel illi ex vobis, qui locis & diebus
condictis poterunt interesse, promulgaverint, Nos, actore Deo, inviolabiliter
faciemus observari, & sigillo proprio confirmari, quod ideo animarum
vestrarum periculo committimus, quia animam nostram super hoc liberamus.
Actum anno Incarn. Verbi M CLXXXX. Mense Aprili.
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Ces Commissaires ayant fait connoître au Roy qu’avec toute la
diligence qu’ils avoient apporté à executer son commandement,
ils n’avoient pû decider le differend de ces Eglises dans le temps
qu’il leur avoit prescrit, à cause qu’il y avoit plusieurs points
controversez, plusieurs Chartes, Bulles & titres à voir
& à examiner, le Roy avant son départ, commanda au
Bailly & au Prevôt d’Estampes de tenir la main à ce
que rien ne fut innové à l’état auquel il laissoit
les choses, jusques à ce que les Juges qu’il avoit deputé,
eusent prononcé leur Sentence.
Le Roy ne fut pas plutôt party
que le Bailly & le Prevôt au lieu d’executer ses commandemens,
retablirent dans l’Eglise de sainte Croix, ceux qu’il en avoit ostez.
Le Chapitre de Nôtre-Dame forma de grandes plaintes de cette innovation,
qu’il fit entendre [p.387] à Guillaume
Archevéque de Rheims & Legat du Pape en France, Oncle du
Roy, qui l’avoit laissé à son départ Regent de
son Royaume avec la Reine Adelle, ou Alix sa Mere. Le Bailly, & le
Prevôt furent appellez devant le Regent où ils comparurent
pour rendre raison de ce qu’ils avoient fait, en disant qu’ils n’avoient
rien fait qu’en execution d’une Sentence emanée des Juges deleguez
par Sa Majesté pour regler les differends des parties. Mais parce
que cette Senrence n’étoit decisive que de quelques points controversez,
& non pas de tous: & même qu’il y avoit de l’ambiguité
en ce qu’elle determinoit, qui avoit besoin d’éclaircissement,
le Regent commanda aux Juges deputez d’expliquer plus clairement ce qu’ils
avoient déja reglé: & de regler au plûtost le
reste, comme le contient le mandement suivant.
VV. Dei gratia Rhem. Archiepiscopus,
tituli sanctæ Sabinæ Presbiter Cardinalis, & Apostolicæ
sedis Legatus,Venerabilibus Viris Mauricio eadem gratia Parisiensi
Episcopo, Abbati sanctæ Genovefæ, Decano, Cantori, &
Cancellario parisiensi, salutem. Venientes ad nos dilecti filii nostri
Canonici Ecclesiæ sanctæ Marie Stampensis conquesti sunt
quod Clerici sanctæ Crucis subjectionem & obedientiam quas
dictastis eis contemnant exhibere. Ipsi quoque Baillivi Stampenses, licet
(ut ajunt) mandatum à Regia Majestate suscepissent, ne aliquid
circa Ecclesiam sanctæ Crucis post discessum ejus, nisi juxta mandatum
vestrum innovarent; res ab eo statu in quo erant, discedente Rege, immutaverunt;
& absque Regio & vestro mandato prædictos Clericos in posseßionem
ejusdem Ecclesiæ postea miserunt: super quo, cum in præsentia
nostra conventi fuissent, ut quoquo suæ excusationis factum suum
colorarent, asserunt se id fecisse, occasione cujusdam sententiæ,
quam tuleratis, & mandati quod eis dederatis: quorum quidem utrumque
cum prorsùs ob ambiguitatem, explanatione indigeret, prædicti
Baillivi …. ut dicitur in partem Clericorum sanctæ Crucis, tùm
pro familiaritate, tùm pro cognatione quod ad eos habent, declinantes,
pro voluntate eorum in perniciem majoris Ecclesiæ, dictum videlicet
dubium malè interpretati sunt. Unde quia maledictus (ut nostis) qui
opus Dei negligenter agit; & ideò non competit prudentiæ
& honestati vestræ negotium à Regia celsitudine, pro pace
Ecclesiarum, vobis injunctum informe & imperfectum per negligentiam relinquere,
nec eum [Lisez: cum (B.G.)] ad pacem rogati fuissetis, liti, cui finem debuistis ponere,
pacem ruinosam & pendentem dimittere: Mandamus vobis auctoritate Regis;
& ex parte nostra monemus, & rogamus, quatenùs quæ
dixistis, absque dilatione explanetis, ut utraque Eccclesia, quæ propria
Regis esse dignoscitur, quæ [p.388]
privilegiis Rom. Pontif. & Regum circumvallata, propter
novellum ædificium juris sui, sive Parrochialis sive alterius
læsionem non patiatur: quidquid autem explanatione illius sententiæ
quam tulistis, statueretis, cum authenticis vestris fuerit sigillatum.
Nos authoritate Regia, Deo volente faciemus inviolabiliter observari.
Ces Juges donc rendirent leur Sentence definitive, qu’on envoya au Roy
en Syrie. Pour la rendre plus authentique, il l’approuva de son autorité
par ses Lettres patentes donnée à Ptolemaide, autrement
dit saint Jean d’Acre, l’an 1191. Cette Sentence ordonna les choses
suivantes.
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Guillaume de Champagne (1135-1202), fils de Thibault de Champagne
évêque de Chartres (1164-1176), archevêque
de Sens (1169-1176)
Archevêque de Rheims (1176-1202), Régent (1190-1191).
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On ne celebrera point de Messes en l’Eglise de sainte Croix qu’aprés
Primes sonnées à Nôtre-Dame: & on ne sonnera
point Primes qu’auparavant on n’ait sonné a Nôtre-Dame
pour la même heure, & ainsi consequemment des autres heures.
Il n’y aura point de Fonts-Baptismaux, de confession, & de communion
pour eux de la Paroisse de Nôtre-Dame: sinon en cas de necessité
celuy de confession, & l’on ne recevra aucun à la sepulture.
Les femmes nouvellement relevées de couches n’y seront point receuës
pour faire sur elles les benedictions & prieres accoûtumées
de l’Eglise. Les Clercs, ou Chanoines de sainte Croix ne visiteront point
les Paroissiens malades avec la Croix & l’eau beniste, ny ne leur
porteront l’huile des infirmes. Ils n’assisteront à aucun convoy
mortuaire dans l’étenduë de la Paroisse de Nôtre-Dame
(la division des Paroisses-de Nôtre-Dame & de saint Basile
n’étoit pas encore faite, comme nous verrons cy-apres) sinon
avec le convoy de ladite Eglise de Nôtre-Dame, s’il veut y assister:
de même qu’aux Services que l’on fera pour les deffunts: &
ils ne partiront pas de leur Eglise pour aller au Convoy, qu’aprés
que l’on aura sonné à Nôtre-Dame pour y aller. Aucun
n’aura la direction des choses que du consentement du Chantre de Nôtre-Dame.
On ne sonnera point les cloches à la benediction du Cierge Paschal.
Ils ne donneront point d’approbation aux Contracts, comme le Chantre
à coûtume de faire, Ils ne poseront aucun Scellé
en la maison des deffunts, ils ne beniront point le pain à la
Messe, ils n’excommunieront point en particulier les Paroissiens de Nôtre-Dame;
si ce n’est par le commandement de leurs Superieurs: mais pour leurs interests
particuliers, ou pour ceux de leur corps ils pourront excommunier seulement
en general. Le Chantre & Chapitre de Nôtre-Dame pouront les
citer de comparoître en leurs Chapitres pour y corriger les fautes
qu’ils n’auront pû, ou voulu [p.389]
corriger dans le leur. Quand il y aura cessation à Divinis dans
Nôtre-Dame, elle sera aussi observée dans sainte Croix.
Le Chantre & le Chapitre de Nôtre-Dame auront pouvoir de punir
selon les saints Canons, les Clercs de ladite Eglise de sainte Croix; pourveu
que la plus grande partie des Capitulans de Nôtre-Dame y consente.
Cette Sentence est inserée dans la confirmation du Roy de la teneur
suivante.
In nomine sanctæ & individuæ
Trinitatis, amen. Philippus Dei gratia Francorum Rex, noverint universi
pariter & futuri, quod causam quæ vertebatur inter Canonicos
Beati Mariæ Stamparum & Clericos sanctæ Crucis, quæ
intra terminos Beatæ Mariæ constituta erat, & de jure
Matricis Ecclesiæ plurimum usurpare videbatur, amicis & fidelibus
nostris Episcopo Parisiensi, Abbati sanctæ Genovefæ, Decano,
Cantori, & Cancellario Parisiensibus, quia causa Ecclesiastica,
& quia per Ecclesiasticas personas terminari debebat, commisimus
terminandam. Judices verò prædicti liti finem imponentes
hoc modo terminaverunt, sicut ex rescripto eorum didicimus. In Ecclesia
sanctæ Crucis non celebrabitur Missa donec pulsatum fuerit priùs
ad Primam in Ecclesia Beatæ Mariæ: nec ad Primam, nec ad
aliam horam pulsabitur in Ecclesia sanctæ Crucis, donec pulsatum
fuerit priùs, ad eandem in Ecclesia sanctæ Mariæ.
Canonici sanctæ Crucis Fontes Baptismales non habebunt. Neminem
Parrochianorum Beatæ Mariæ ad confeßionem recipient
nisi in neceßite: sicut nec ad communionem: nullatenùs
ad sepulturam. Nullam mulierem ad purificationem recipient, nullam visitationem
faciunt infirmorum Parrochialium cum oleo infirmorum, vel Cruce, vel
aqua benedicta. Nullam Proceßionem ad Parrochianum mortuum intra
fines Parrochiæ sanctæ Mariæ, nisi cum Proceßione
ejusdem Ecclesiæ, si ipsa Proceßio ire voluerit. Idem erit
de vigiliis mortuorum, nullam Proceßionem facient in Parrochiano
mortuo, antequam pulsatum fuerit in Ecclesia Beatæ Mariæ,
nullus nisi auctoritate & licentia Cantoris Beatæ Mariæ,
regat scholas. Nullam pulsationem pro cereo paschali facient. Nullas chartas
super contractibus, quas solet Cantor facere, facient, nec sigilla super
mortuos, nec panem benedictum, nec excommunicationem nominatim facient
super Parrochianos Beatæ Mariæ, nisi præcepto majorum
suorum; pro suis autem & suorum damnis in generali excommunicent. Offensas
quas in Capitulo emendare non potuerint vel non noluerint, ad citationem
Cantoris, & Capituli Beatæ Mariæ in Capitulo Beatæ
Mariæ emendabunt.
Cessante Ecclesia Beatæ Mariæ cessabunt, habebit Cantor &
Capitulum Beatæ Mariæ potestatem canonicè puniendi Canonicos
& Clericos sanctæ [p.390]
Crucis, si major vel sanior pars Capituli præsens
fuerit, & censuerit. Quæ ut perpetuam obtineant firmitatem sigilli
nostri auctoritate, & regii nominis charactere inferiùs annotato
præcepimus confirmari. Actum apud Acon. anno Incarn. Verbi MCXCI.
Regni verò nostri an. XII. astantibus in Palatio nostro quorum nomina
supposita sunt, & signa. Dapifero nullo. Guidonis Buticularii. Matthæi
Camerarii. Radulphi Constabularii. Data vacante Cancellaria.
|
Sceau et contre-sceau de Philippe II Auguste
|
Le Pape Celestin III. confirma aussi cette Sentence, decisive de tant
d’articles controversez, par sa Bulle donnée en son Palais de
S. Jean de Latran, la premiere année de son Pontificat, l’an
1191. le septiéme jour de Novembre, & le Pape Innocent
III. la confirma aussi derechef, par sa Bulle donnée dans le
même Palais de Latran, l’an 12. de son Pontificat: de l’Incarnation
1209. le troisiéme jour de Decembre. Voicy les deux Bulles.
Celestinus Episcopus servus servorum
Dei, dilecto filio Odoni Clementis, Abbati sanctæ Mariæ
Stamparum. Notario litterarum charissimi in Christo filii nostri Philippi,
illustris Francorum Regis salut. & Apostolicam benedictionem. Causæ
quæ concordia vel judicio terminantur, ne resumant inposterùm
recidivam, Apostolico convenit robore communiri. Indè est quòd,
tuis precibus inclinati, compositionem quæ inter Ecclesiam tuam,
& Ecclesiam sanctæ Crucis, de communi consensu partium interceßit,
sicut in scriptis præscripti Regis, & Episcopi Parisiensis
Abbatis sanctæ Genovefæ, Decani, Cantoris, & Cancellarii
Parisiensis, Ecclesiæ delegatorum judicium pleniùs continetur;
& inter vos sine pravitate aliqua interceßit, & hactenùs
est servata, authentica Apostolica confirmamus, & præsentis
scripti patrocinio communimus. Nulli ergo omnino hominum liceat hanc paginam
nostræ confirmationis infringere vel ei ausu temerario contraire.
Si quis autem hoc attentare præsumpserit indignationem omnipotentis
Dei & BB. Petri, & pauli Apostolorum ejus se noverit incursurum.
Datum Laterani 7. Idus Nov. Pont. nostri an. primo *.
Innocentius Episcopus servus servorum
Dei dilectis filiis Abbati, & Canonicis sanctæ Mariæ de Stampis sal.
& Apostolicam benedictionem. Quotiens postulatur à nobis
quod religioni, & honestati convenire dignoscitur, animo nos decet
libenti concedere, & juxta petentium voluntatem consentaneam rationi,
effectu prosequente complere. Ea propter dilecti in Domino filii, vestri
justis, & honestis precibus annuentes, sententiam, quam bonæ
memoriæ M. Episcopus, & S. Abbas sanctæ Genovefæ.
H. Decanus P. cantor & J. Cancellarius Paris. pro vobis contra Ecclesiam
sanctæ Crucis, super jure subjectionis canonicè
[p.391] protulerunt,
sicut est justa, nec legitima provocatione suspensa, devotioni vestræ
ad exemplar fœl. record. Clem. PP. prædecessoris nostri authentica
Apostolica confirmamus, & præsentis scripti patrocinio communimus.
Nulli ergo hominum, &c. Datum Laterani 3. nonas Decembris Pontificatus
nostri anno 12 **.
La Bulle dont il est fait mention
en cette derniere est du Pape Clement aussi III. laquelle fut donnée
dans le même Palais de Latran, l’an 4. de son Pontificat, le
23. jour de Janvier, & par consequent peu avant la mort de ce Souverain
Pontife. Je l’obmets par ce qu’elle est de même teneur.
Quelques années aprés il survint encore un autre differend
entre les Chanoines de ces deux Eglises. Ceux de Nôtre Dame pretendoient
que ceux de sainte Croix, étaient obligez d’ancienneté,
d’aller certains jours en Procession à leur Eglise; ce que ceux-cy
refusoient de faire. Les premiers eurent recours au Pape Alexandre IV.
qui par son Bref du troisiéme jour d’Octobre de l’an 1257. delegua
le Sous-Chantre de l’Eglise de Chartres, pour connaître de ce differend,
& le terminer avec justice, sans defferer à aucun appel,
avec pouvoir de contraindre par censures Ecclesiastiques
les parties à executer son jugement. Ce Bref est de
la teneur suivante.
Alexander Episcopus servus servorum
Dei dilecto filio Succentorii [sic]
Carnotensi salutem, & Apostolicam benedictionem
dilecti filii Cantor, & Capitulum sanctæ Mariæ de
Stampis suam ad nos quærimoniam destinarunt, quod cùm
Decanus, & Capitulum sanctæ Crucis ejusdem loci, Senonensis
Diœcesis ad ipsam Ecclesiam sanctæ Mariæ cum proceßione,
certis diebus accedere teneantur, iidem id efficere indebitè
contradicunt. Ideò discretioni tuæ per Apostolica dicta
mandavimus, quatinùs partibus convocatis, audias causam, &
appellatione remota debito fine decidas, faciens quod decreveris per
censuram Ecclesiasticam firmiter observari. Testes autem qui fuerint
nominati, si se gratia, odio vel timore subtraxerint, censura simili,
appellatione cessante, compellas veritati testimonium perhihere. Datum
Viterbii [sic] V. nonas
Octobris Pont. nostri an. III ***.
Le jugement que ce delegué
rendit n’est point venu à ma connoissance: neanmoins il est probable
qu’il ordonna ce qui s’est depuis observé, & que l’on observe
encore presentement: Sçavoir, que les Chanoines de sainte Croix
vont processionellement se rendre à Nôtre Dame pour assister
avec le Clergé de cette Eglise, aux processions du Dimanche des
Rameaux, du jour de saint Marc, & des trois jours des Rogations.
[p.392]
Le College de l’Eglise de sainte Croix, est composé de deux dignitez,
de dix-neuf Chanoines, & de dix Chapelains. Les dignitez sont electives
du corps des Chanoines; & les Prebendes Canoniales sont à
la collation, & entiere disposition de l’Archevêque de Sens,
au nombre de dix-neuf seulement, comme j’ay dit; à cause que deux
des vingt & un qui étoient en cette Eglise ont esté affectées
à perpetuité, l’une à l’Oeuvre & Fabrique de l’Eglise,
& l’autre à la nourriture, & entretien de deux enfans de
Chœur.
|
Bulle de Célestin III (1191-1198)
Armes de Célestin III (1191-1198)
Armes d’Innocent III (1198-1216)
Bulle et Armes d’Alexandre IV (1254-1261)
|
La premiere de ces dignitez porte la qualité de Doyen. Ce titre
a esté attribué aux Chefs de plusieurs compagnies Collegiales,
encore qu’elles soient composées de plus de dix personnes,
en memoire de ce que saint Augustin a remarqué au livre des mœurs
de l’Eglise, de sa premiere police, qu’à sa naissance, lorsqu’il
y avoit plusieurs Moines enfermez dans un même Monastere, on les
partageoit en dixaines, dont le chef étoit nommé Dixenier,
ou Doyen: ce qui avoit été originellement pris, & imité
sur ce que Moïse fit, par le conseil de son beau pere Jethro, lorsque
pour gouverner plus commodement, le peuple que Dieu avoit soûmis
à sa conduite, il proposa des Dixeniers, des Cinquanteniers, &
des Centeniers*.
La seconde dignité porte le
titre de Chantre. J’ay cy-devant parlé de son Office en traitant
de celuy de Nôtre Dame.
Les biens
de ce Chapitre sont de deux especes. Les uns sont propres des Chanoines
& sont distribuez par le grand Boursier pour le gros: & les autres
sont communs aux Chanoines, & aux Chapelains, & sont distribuez
journellement par le petit Boursier. Les deux dignitez prennent le
double d’un Chanoine, tant au gros qu’à la Communauté
ou aux distributions. Et outre cela le Chantre prend par preciput sur
la grande bourse, quatre septiers de bled fourment qui luy sont specialement
affectez à cause de la residance actuelle à laquelle il s’est
obligé pour assister toujours à l’office Canonial.
|
* Exod. 18, 25.
|
L’ancien usage de cette Eglise portoit que chaque Chanoine, pour gaigner
son gros, étoit obligé de resider acuellement pendant
six mois. Cet usage a duré jusques à l’an 1331. que sur
la remontrance que le Doyen, & le Chapitre firent à l’Archevêque
de Sens, qu’à cause du grand nombre de personnes qui residoient
actuellement au Chœur, les distributions étoient si modiques,
que les Vicaires, ou autres Officiers n’en retiroient pas suffisamment
[p.393] pour vivre; ce qui les
obligeait d’abandonner le service de leur Eglise; le même Archevêque
ordonna que les stages ne seroient à l’avenir que de trois mois;
tellement que chaque Chanoine residant actuellement pendant trois mois
de l’année gaigneroit auant qu’il gaignoit auparavant en residant
actuellemem pendant six
mois. Ce reglement fut fait à Estampes, le XIX. jour
d’Aoust MCCCXXXI. comme il suit.
Universis præsentes litteras
inspecturis, Guilllelmus miseratione divina Archiepiscopus Senonensis,
æternam in Domino salutem. Quia humili petitione monstrarunt vestri
dilecti in Domino filii Decanus, & Capitulum Ecclesiæ sanctæ
Crucis Stampensis nostræ Diœcesis, quòd in suis faciendis
stagiis pro suis Præbendis dictæ Ecclesiæ, anno quolibet,
antequam præbendarum ipsarum fructus grossos percipiant, ipsos
per sexmestre in ipsa Ecclesia oportet personaliter residere: & quòd,
propter tenuitatem, & modicitatem facutatum, & reddituum dictæ
Ecclesiæ, Clerici, Vicarii, & Servitores alii dictæ Ecclesiæ
non Canonici, circa divina Officia jugiter permanentes, & onus servitii
eiusdem Ecclesiæ die nocteque sedulo supportantes, ob quantitatem
Canonicorum, & numeri eorum magnitudinem, in ipsa existentium Ecclesia,
in faciendis stagiis memoratis, ex perceptione distributionum quotidianarum,
ipsis distributionibus licet exiguis, in tot divisis partibus, non valent
aliquatenùs sustentari, propter quod ipsos sæpius adjecta
Ecclesia, pro sui victus quærendis aliundè necessariis, oportet
retrocedere: & sic posset dicta Ecclesia à suis debitis officiis,
futuris temporibus defraudari, & carere servitoribus ordinatis, si
per tam longum temporis spatium, Canonicos in suis stagiis faciendos, anno
quolibet, in dicta Ecclesia oporteret inposterum residere. Nobis itaque
supplicantes ut super restrinctione & abreviatione temporis stagiorum
hujusmodi pro communi, & evidenti utilitate supradicta, quod in hoc
esse conspiciebant, proüt communiter asserebant, ipsi Ecclesiæ;
authoritate nostra ordinaria providere de competenti remedio curaremus.
Nos igitur cupientes, proüt ex nostro Pastorali tenemur officio, nè
dùm illius Ecclesiæ, sed etiam omnium pacem, & quietem
perquirere: & ad ea quæ ad augmentationem divini cultus pertinent,
paternæ sollicitudinis aures erigere, & opem conferre felicem,
nè in aliquo, quod absit, nostris temporibus minuatur, sed sub nostræ
protectionis præsidio, cum Dei adjutorio potiùs augeatur. Notum
facimus universis quod dictorum Decani & capituli supplicatione diligenter
attenta, pensata super hoc dictæ sanctæ Crucis Ecclesiæ
utilitate communi, diligentique informatione priùs super præmißis
habita, cum deliberatione solerti, ipsorum [p.394]
petitioni tanquàm consonæ rationi,
annuimus benignè, tempus stagiorum hujusmodi faciendorum de cætero
in modùm qui sequitur, moderantes. Videlicèt quòd
quilibet dictæ Ecclesiæ Canonicus Præbendatus, pro suis
lucrandis großis fructibus, per tres menses tantùm in faciendo
stagio suo, anno quolibet, in dicta sanctæ Crucis Ecclesia personaliter
residebit: & dictorum trium mensium facto stagio fructus suos grossos
percipiet, ac si per sexmestre ut solitum erat, in ipso Ecclesia personaliter;
& continuè perstitisset: Volentes moderationem, ordinationem,
& constitutionem stagiorum de cætero faciendorum hujusmodi,
per nos ad requisitionem dictorum Decani, & Capituli, pro utilitate
dictæ Ecclesiæ factas, & habitas, ut prædicetur futuris
temporibus ab omnibus, quorum interest, nostri præsentis interpositione
decreti firmiter observari: non obstantibus constitutione, ordinatione,
aut statutis aliquibus in contrarium editis super stagiis hujusmodi faciendis,
juramento, vel alia quavis præedecessorum auctoritate vallatis.
In cujus rei testimonium ad perpetuam rei memoriam præsentes litteras
sigilli nostri fecimus appensione muniri. Datum, & actum apud Stampas,
decima nona die mensis Augusti, anno Domini MCCCXXXI.
|
Archevêque de Sens (1331-1338)
|
Ce stage de trois mois a été
pratiqué en sorte, que chaque Chanoine, pour gaigner son gros
la premiere année de son instalation, était obligé
d’assister pendant les trois mois, à toutes les Heures Canoniales
du jour: Mais les années suivantes il n’étoit obligé
que d’assister chaque jour, à une seulement.
Les Chapellenies sont à la collation
du Chapitre. Il y en a dix, qui sont érigées sous l’invocation.
La premiere de Nôtre Dame de Pitié, premiere fondation.
La deuxiéme une autre de Nôtre Dame, qui est au Chœur.
La troisiéme de saint Thibault, Abbé. La quatriéme
de saint Eloy, Evéque de Noyon. La cinquiéme de sainte
Marie Magdelaine. La sixiéme de saint Nicolas, Evêque de
Mirrhe. La septiéme de saint Estienne, premier Martyr. La huitiéme
de saint Louis Rov de France. La neuviéme de saint Denis Areopagite.
Et la dixiéme de saint Jean l’Evangeliste. L’on en ajoûte
une onziéme a la collation du Chapitre, sous l’invocation de saint
Jean Baptiste qui est fondée dans l’Eglise de saint Basile.
|
|
On infere avec raison que l’Eglise & le College de sainte Croix
n’est pas de fondation Roiale de ce que les Prebendes sont à
l’entiere disposition de l’Archevêque Diocesain. Joint que suivant
la remarque que fait Choppin, au livre premier de sa Police Ecclesiastique:
il ne suffit pas, afin que le Roy s’attribuë la collation [p.395] ou nomination aux Benefices d’une Eglise,
qu’il ait fait consacrer au culte du vray Dieu, des edifices qui
luy avoient déja été dediez sous un culte illicite;
à cause que ces edifices avoient déjà été
en quelque façon, mis hors du commerce des hommes par la destination
des fondateurs*. D’ailleurs Rigord en la
vie du Roy Philippe Auguste remarque que les habitans d’Estampes sont
les fondateurs des Prebendes Canoniales de l’Eglise de sainte Croix
de leur ville, j’ay cy-devant rapporté le passage latin, &
l’on ne voit point que cette Eglise possede aucuns biens, qui luy aient
été donnez par ce Roy. On trouve seulement une confirmation
de la donation, avec l’amortissement d’une maison, qu’un nommé
Robert avoit donnée, en pure aumône, à ces Chanoines,
auquel le Roy l’avoit auparavant donnée, & qui faisoit une
partie des biens d’un nommé Moïse, Juif, pour tenir aux mêmes
charges, & conditions que Roger l’avoit euë, comme il appert
par le titre suivant.
|
* Haud proptereà
Regis nostri ex Judaicis criminibus in fiscum suum redegere publicas
eorum [p.395] ædes qualicumque jam devotas religioni, quasi indè
rei confiscatæ donatores in Ecclesiam sibi ipsi quæsierint
Patronatum, sed quia priori Dominorum destinatione exempti fuerant fundi
mortalium commercio, hoc denique restabat, u ab illicito, & adulterino
sacrorum cultu ad licitum justumque transferantur. Choppin lib. I. Pol.
Eccles. p. 136. n. 21.
|
Philippus Dei gratia Francorum Rex, Noverint universi
ad quos litteræ istæ pervenerint, quod Magister Rogerus domum
quamdam, quam ei apud Stampas dedimus, quæ fuerat Mosse Judæi,
ob remedium animarum parentum tàm nostrorum quàm suorum,
dedit in eleemosinam Clericis sanctæ Crucis Stampensis, eundem censum
reddendo, ad quem reddendum Magister Rogerus antea nobis tenebatur. Nos
autem eandem domum eis habendam conceßimus sub ea libertate quam
continet Charta, quam super eadem domo Magistro Rogero donavimus. Quod
ut ratum in posterum, & inconvulsum permaneat præsentem Chartam
sigilli nostri authoritate confirmamus. Actum apud Fontemblaudi, anno
ab Incarnat. Domini MCLXXXVII. mense Novembri *.
|
|
Il y a bien de la probabilité que la place de cette maison a
été enfermée dans le corps de l’Eglise, & que
c’est pour cela que le Chapitre de sainte Croix paye tous les ans, au
domaine d’Estampes trente cinq sols tournois de censive sur le corps de
l’Eglise.
|
|
Comme nous ne voyons point de
particulier fondateur de ce College, nous devons croire qu’il s’est
comme fondé de soy-même: & que les premiers qui l’ont
composé ont acquis les biens qu’il possede aujourd’huy des aumônes
faites journellement par des particuliers habitans d’Estampes, pour sa
fondation & son augmentation, comme on le peut inferer du passage
de Rigord cy-devant rapporté: & de leurs épargnes; &
que quelques-uns y ont aussi contribué de leur patrimoine. Les
premiers de ce Chapitre se sont [p.396] particulierement
appliquez à retirer, & à acquerir de divers Gentils-hommes,
& autres personnes Laïques, des dixmes qu’ils possedoient en
divers lieux, comme d’injustes detempteurs, (s’il est permis de le dire
ainsi,) étant des biens destinez de leur premiere origine pour
la nourriture des personnes Ecclesiastiques. Les executeurs du testament
de feu Barthelemy d’Emarville Chevalier, avoient vendu au Chapitre de
l’Eglise Metropolitaine de Sens, celles qu’il avoit possedées à
Emarville, pour en emploier le prix au paiement des legs qu’il avoit faits.
Mais les Chanoines de cette Eglise considerans que ce qu’ils avoient acquis
à Emarville était plus à la bienseance, & seroit
plus utile aux Chanoines de sainte Croix d’Estampes, qui souhaitoient
de s’en accommoder avec eux, à cause de la proximité: &
que d’ailleurs ils trouvaient des biens immeubles à acheter plus
proches de la ville de Sens, qui leur seraient aussi de plus grand profit:
avant que d’avoir fait approuver par l’Archevêque l’acquisition qu’ils
avaient faite, ils cederent leur droit au Chapitre de sainte Croix d’Estampes,
comme nous l’apprend le titre suivant de Gilon Archevéque de Sens,
par lequel il ratifie ce que ces deux Chapitres avoient fait ensemble pour
le bien de leurs Eglises.
Gilo Dei gratia Senonensis, Archiepiscopus
[sic] universis præsentes
litteras inspecturis. Noverint universi nos litteras dilectorum filiorum
Decani, & Capituli Senomensis inspexisse sub hac forma. Omnibus
præsentes litteras inspecturis, nos Decanus, & universitas
Capituli Senonensis salutem in Domino, notum facimus quod cum emmissemus
[sic] ab executoribus
defuncti Bartholomæi Militis, decimam, seu fructus decimæ,
totam territorii præfati defuncti apud Emervillas, ita scilicet
numerandam à nobis; quod de quibuslibet duodecim gerbis bladi,
unam, quam maluerit numerator ex parte nostra ibidem institutus: &
de quibus libet acervis fabarum, pisonum, veciarum, seu quorumcumque leguminum,
unum quem maluerit, percipiemus: Hoc adjuncto quod antequam bladum vel legumen
removeatur à campis, numerator prædictus quæratur ab
illis, qui de cultura dicti territorii se intromittent, in loco qui deputabitur
ad hoc, per illos quorum intererit, infra Parrochiam de Audevilla: qui si
non inventus fuerit, aliquis de domo, ubi numerator manebit, in qua si
nullus inventus fuerit, vel etiam si numerator decimæ venire noluerit,
vel non potuerit, Dominus territorii, vel servientes ejus potuerunt ducere
bladum, vel legumen; sed decimam dimittent bona fide: si verò
præfatus numerator, servientes suspectos habuerit quod minùs
legitimè decimam [p.397]
dimiserint, vel ipsum, ut dictum est quæsierint, ipsi
per fidem, vel per juramentum numeratorem certificabunt quòd
ipsum (ut dictum est) quæsierint, & quod decimam legitimè
dimiserint. Cum etiam præter hoc ab ejusdem executoribus emissemus
decem arpenta terrarum in eodem territorio sitarum; nos considerantes
quod decimæ & terræ prædictæ propinquiores
& magis utiles fore debebant Ecclesiæ sanctis Crucis Stampensis:
& posseßiones alias invenimus venales magis utiles Ecclesiæ
nostræ, & nobis propinquiores, & etiam utriusque Ecclesiæ
utilitatem pensantes, maximè cum nondùm jus spirituale
prædictæ decimæ, per Dominum Archiepiscopum Senonensem,
in cujus diœcesi sita est, fuissemus assecuti, conceßimus, &
unanimiter volumus quòd Decanus, & Capitulum sanctæ
Crucis Stampensis prædictas decimas, & terras habeant quietè
& pacificè in perpetuum possidendas ab eis modo prædicto.
Promittentes quòd de cætero nihil reclamabimus aliqua ratione,
imò prædicta omnia, quotiescumque opus fuerit, prædictæ
Ecclesiæ sanctæ Crucis garantisabimus debitè contra
omnia. Promittimus etiam omnia damna & perdita eidem Ecclesiæ
restaurare, quæ pro defectu garantiziæ contingeret sustinere.
In cujus rei firmitatem & testimonium præsentem scripturam sigilli
nostri munimine duximus roborandam. Datum anno Domini MCCXLVIII Mense
Septembri. Nos autem considerentes statum utriusque Ecclesiæ, utilitatem
ipsarum Ecclesiarum evidentibus rationibus pensantes: malentes jus prædictæ
decimæ aßignari Ecclesiæ sanctæ Crucis Stampensis
propter illas rationes, quàm Ecclesiæ Senonensis, quæ
nondum per nos illud fuerat assequuta, prout in prædictis litteris
vidimus contineri, quod per dictum Decanum & Capitulum Senonense
factum est de præmißis, ratum ac firmum habentes, & prædictam
decimam dictæ Ecclesiæ sanctæ Crucis confirmantes,
præsentes litteras ad petitionem dictorum Decani & capituli
Senonensis sigilli nostri munimine ducimus roborandas. Datum anno &
mense prædictis *.
Ce titre sert à faire connoître
comme les dixmes ne pouvoient passer d’une main Laïque à
quelque Eglise, que par l’aveu de l’Evéque, suivant l’ordonnance
du Concile de Latran celebré l’an 1180. sous le Pape Alexandre
III. Je passe sous silence les acquisitions que les mêmes Chanoines
firent en divers autres temps, avec de pareilles solemnitez, des dixmes
de Villiers en Beausse, ou Bouville, Angerville la Gaste, Retreville,
Ormeville, grand & petit Breslu Paroisse de Baudreville, Autruy,
Boissy le Girard, Besonville Paroisse de Morville, & autres.
Marguerite
d’Artois femme de Loüis d’Evreux premier du [p.398] nom, est l’unique Princesse qui a fondé
en cette Eglise son anniversaire, pour laquelle elle a legué
seulement trente sols tournois de rente annuelle & perpetuelle, que
Loüis son mary aassigna sur sa Prevoté d’Estampes par le
titre suivant.
Nos Ludovicus Regis Franciæ
Filius, Comes Ebroïcensis: Notum facimus universis præsentes
litteras inspecturis, quod cum claræ memoriæ Margarita
quondam carißima consors nostra, in suo testamento, seu ultima
voluntate legaverit inter alia, Eclesiæ sanctæ Crucis Stampensis
Triginta solidos turon. annui & perpetui redditus pro suo anniversario
singulis annis, in eadem Ecclesia celebrando: Nos ejus in hac parte desiderium
salubriter implere volentes, dictos trigintas solidos turon. redditus
præfatæ Ecclesiæ, ratione prædicto, tenore præsentium
aßidemus & aßignamus super Præposituram nostram
Stampensem, ac nomine aßisiæ & aßignationis ex nunc
in perpetuum damus & concedimus, super dictos redditus nostros percipiendos,
& sibi solvendos annis singulis in posterum, ad opus anniversarii
prædicti, die festivitatis omnium Sanctorum Rogantes Charißimum
Dominum nostrum Regem, ut prædictam nostram aßignationem
approbare & confirmare dignetur: & ad hoc nos, & hæredes,
& successores nostros, & dictos redditus nostros, & alia
bona nostra Ecclesiæ prædictæ specialiter, & in
perpetuum obligamus. In cujus rei testimonium nostrum præsentibus
fecimus apponi sigillum. Actum Parisius, die Mercurii post festum sancti
Petri ad vincula, anno Domini MCCCXI.
Le Roy Philippe le Bel ratifia l’assiete
de ces trente sols que son frere Loüis avoit faite sur le domaine
d’Estampes, par Lettres patentes données dans son Château
de saint Oüen les saint Denis, la même année.
|
|
La censive que les Chanoines de sainte
Croix ont euë autrefois à Aubterre, Hameau de la Paroisse
de Challo saint Mard, étoit une acquisition que leurs predecesseurs
firent l’an 1243. au mois d’Avril, d’Emery d’Oinvile Escuyer, fils de
Messire Guillaume, Chevalier. Le Roy saint Loüis la leur amortit
la même année: & quelques années aprés,
le sieur de Boutervillier, du fief duquel elle étoit mouvante, en
en fit de même. Et pour la Mairie qu’ils avoient au méme lieu,
ils l’achepterent de Jean de Laon demeurant à Estampes, par Contract
passé sous le Seel de la Prevôté d’Estampes, le vendredy
devant les Brandons l’an 1321. Ils ont depuis cedé l’une & l’autre
à Gedeon des Mazis Chevalier Seigneur de Tronchay, à les
tenir d’eux à foy & hommage, par [p.399]
Contract passé devant Pierre Jutet Notaire Roial à Estampes
le dix-huitiéme jour de Mars 1616.
|
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ANNEXE
1
Rigord (qui rédige
sa vie de Philippe II Auguste entre 1196 et 1208)
Texte latin donné
par Fleureau (1683)
|
Traduction proposée
par Bernard Gineste (2012)
|
Facta autem infidelium Judeorum ejectione,
& eorumdem per universum orbem dispersione, Philippus Rex semper
Augustus, non immemor fratrum suorum, an. Incarn. 1183. ætatis
ipsius XVIII. incœpto, opus glorosiè incœptum Deo disponente,
gloriosiùs consummavit. Nam omnes Sinagogæ Judæorum, quæ scilicet
scholæ ab ipsis vocantur, ubi Judæi sub nomine fictæ
religionis, causa orationis quotidiè simulatè conveniebant,
priùs mundari jußit, & citra voluntatem omnium Principum
easdem Sinagogas, Ecclesias Deo dicari fecit, & ad honorem Domini
nostri Jesus Christi, & Beatæ genitricis Virginis Mariæ
in eisdem Altaria consecrari præcepit. Hujus ad exemplum Aurelianenses
Cives in Ecclesia sua, quæ Aurelianis fuerat Sinagoga, Præbendas
[p.380] perpetuò instituerunt,
ubi Clerici ordinati die ac nocte divina celebrant Officia: similiter
in Ecclesia Stampensi, quæ fuerat Sinagoga factum fuisse vidimus.
|
Et une fois opérée l’expulsion
des infidèles juifs et leur dispersion par toute la terre, le
roi Philippe toujours Auguste, toujours soucieux de ses frères,
au commencement de l’année 1183 et de ses dix-huit ans, à
qui Dieu inspirait la tâche qu’il avait glorieusement commencée,
l’acheva plus glorieusement encore. Toutes les synagogues des Juifs en
effet, auxquelles ils donnaient le nom d’écoles, et où les
Juifs, sous un faux prétexte religieux, faisaient mine de se réunir
tous les jours pour prier, il ordonna tout d’abord qu’elles soient purifiées.
Puis, sans prendre l’avis de tous les Grands, il fit consacrer à
Dieu les dites synagogues en temps qu’églises, et ordonna qu’on
y consacre des autels en l’honneur de notre seigneur Jésus Christ
et de la bienheureuse mère de Dieu la Vierge Marie. A cet exemple
les citoyens d’Orléans, dans celle de leur églises qui avait
été la synagogue d’Orléans, instituèrent à perpétuité des prébendes
où des clercs ordonnés célèbrent nuit et jour
des offices. Nous avons constaté qu’il a été fait
de même dans l’église d’Étampes qui avait été
une synagogue.
|
|
ANNEXE 2
Charte de Philippe
II Auguste (Fontainebleau, 1183)
Texte donné par
Fleureau (1683) [p.380]
|
Traduction proposée
par Bernard Gineste (2012)
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Philippus Dei gratia Francorum Rex:
|
Philippe par la grâce de Dieu roi des
Francs.
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Noverint universi præsentes pariter,
& futuri, quoniam nos Judæis à terra nostra fugatis,
Sinagogas eorum in Ecclesias converti præcepimus:
|
Sachent tous, présents et à
venir que, après avoir chassé les juifs de notre territoire,
nous avons ordonné que leurs synagogues soient transformées
en églises.
|
unde, & Sinagogam Judæorum Stampensium
intuitu Dei, & ob remedium animæ nostræ, & Patris
nostri bonæ memoriæ Ludovici Regis, Clericis Stampensibus
conceßimus ad faciendas ibi horas Canonicas, & ad ibidem Deo famulandum,
& canonicè vivendum: & in eadem Ecclesia Decanum instituere.
|
C’est pourquoi, par égard pour
Dieu et pour le salut de notre âme et de celle de notre père
de bonne mémoire le roi Louis, nous avons aussi concédé
à des clercs d’Étampes la synagogue des juifs étampois
pour qu’ils y célèbrent les heures canoniques, qu’ils
y servent Dieu, qu’ils y vivent d’une manière conforme aux canons,
et instituer [sic] dans la dite église un doyen.
|
Undè, & beneficia in illam collata
Ecclesiam, & proceßu temporis justè conferenda concedimus:
& protegenda manu capimus.
|
C’est pourquoi nous avons autorisé
les bénéfices écclesiastiques qui ont été
attribués dans la dite église, et les avons pris sous la
protection de notre main.
|
Quæ omnia ut inposterum rata &
illibata permaneant, præsentem paginam sigilli nostri auctoritate,
ac regii nominis charactere inferiùs annotato præcepimus
confirmari.
|
Et pour que tout cela subsiste à l’avenir
bien établi et sans altération nous avons ordonné
que le présent acte soit certifié par l’autorité de
notre sceau et par l’annotaion ci-dessous du monogramme du nom royal. |
Actum apud Fontemblaudi, anno Incarn.Verbi
MCLXXXIII. an. V. regni nostri, Astantibus in Palatio nostro quorum nomina
supposita sunt, & sign. Comitis Theobaldi Dapiferi nonostri
[sic]. Guidonis Buticularii. Marci Camerarii.
Matthæi Constabularii.
|
Passé à Fontainebleau l’an de
l’incarnation du Verbe 1183 et la cinquième année de notre
règne, alors qu’étaient présents dans notre palais
ceux dont ont été portés ci-dessous les marques et
les signes: de notre sénechal le comte Thibaud, du bouteiller Guy,
du chambrier Marc, du connétable Matthieu.
|
|
Bulle
du pape Luce III (26 juillet 1184 ou 1185)
Texte donné par
Fleureau (1683)
|
Traduction proposée
par Bernard Gineste (2012)
|
Lucius Episcopus servus servorum Dei: Dilectis filiis Decano
& Canonicis Sanctæ-Crucis de Stampis, salutem & Apostolicam
benedictionem.
|
Luce évêque, serviteur des serviteurs
de Dieu, à ses chers fils le doyen et les chanoines de Sainte-Croix
d’Étampes, salut et bénédiction apostolique.
|
Loca divinis cultibus mancipata, &
quæ post Judaïce perfidiæ cæcitatem lumen gratiæ
sub christianæ fidei titulo perceperunt Apostolicis sunt munienda
præsidiis, & perpetuo munere donanda libertatis; cum constet
eos jam non esse filios ancillæ sed liberæ, qui elegerint
ibi, in libertate Spiritus Domino deservire,
|
Les établissements consacrés
aux cultes religieux qui ont échappé à l’aveuglement
de la mauvaise foi judaïque et reçu la lumière de la
grâce sous l’espèce de la foi chrétienne, doivent
être munies de protections et dotées à perpétuité
d’une franchise, vu que ce ne sont plus, d’évidence, les fils de
la femme serve, mais ceux de la femme libre qui ont choisi d’y servir le
Seigneur dans la liberté de l’Esprit.
|
quapropter Dilecti in Domino filii
prædictam Ecclesiam vestram, quam charißimus in Christo Filius
noster Philippus Illustris Francorum rex, de assensu venerabilis fratris
nostri G. Senonensis Archiepiscopi in Sinagoga de qua Judæos ejecerat,
in honorem victoriosißimæ Crucis ædificari constituit,
cum omnibus quæ in præsentiarum justè & pacificè
poßidet, aut in futurum, præstante Domino, rationabiliter
poterit adipisci, sub Beati [p.382]
Petri ac nostra protectione suscipimus, & præsentis scripti
patrocinio communimus:
|
C’est pourquoi, très chers fils dans
le Seigneur, nous prenons sous la garde de saint Pierre et la nôtre
et nous munissons du secours de la présente charte votre communauté
ecclésiastique, que notre très cher fils dans le Seigneur
Philippe, illustre roi des Francs, avec l’assentiment de notre vénérable
frère l’archevêque de Sens Guy a décidé d’instituer
en l’honneur de la très victorieuse Croix dans la synagogue dont
il avait chassé les juifs, avec tous les biens qu’elle détient
présentement à juste titre et sans contestation ou qu’elle
pourra acquérir raisonnablement à l’avenir avec l’aide de Dieu.
|
statuentes ut Clerici, qui in circumpositis
Ecclesiis, sicut nihil in loco ipso, Judæis possessoribus capiebant;
ita deinceps Ecclesiæ inibi constitutæ conditionem aliquam
vel gravamen, in libertatis præjudicium, non imponant: ne deterior
efficiatur status Ecclesiæ, si quæ fuerat, Judæis inhabitantibus
libera, sub observantia fiat Christianæ libertatis ancilla.
|
Nous décrétons ceci. Les clercs
des communautés ecclésiastiques alentour ne percevaient
rien dans cet établissement tant que des juifs en étaient
possesseurs. De même, à l’avenir, qu’ils n’imposent à
la communauté ecclésiastique qui s’y trouve aucune redevance
ou charge au détriment de sa franchise, afin de ne pas rendre pire
la condition d’une église, comme il arriverait si l’une qui avait
été libre quand elle était occupée par des
juifs devenait serve une fois sous l’observance de la liberté chrétienne.
|
Decernimus ergo ut nulli omnino hominum
liceat hanc paginam nostræ protectionis infringere, vel ei, ausu
temerario contraire. Si quis autem hoc attentare præsumpserit, indignationem
Omnipotentis Dei & Beatorum Petri & Pauli Apostolorum ejus se
noverit incursurum.
|
Nous décrétons donc qu’il ne
sera loisible à personne d’enfreindre cette charte établissant
notre protection, ni d’avoir l’audace et la témérité
de s’y opposer. Et si quelqu’un osait s’y essayer, qu’il sache qu’il encourrait
le courroux de Dieu tout-puissant et de ses apôtres saint Pierre
et saint Paul.
|
Datum Veronæ VII.
Kal. Augusti.
|
Donné à Vérone le 7 des
calendes d’août [26 juillet].
|
|
ANNEXE
4
Bulle du pape Luce III (un 8 août 1184 ou 1185)
Texte donné par
Fleureau (1683)
|
Traduction proposée
par Bernard Gineste (2012)
|
Lucius Episcopus servus servorum Dei: Dilectis filiis Decano
& Canonicis sanctæ Crucis Stamparum, salutem & Apostolicam
benedictionem.
|
Luce évêque, serviteur des serviteurs
de Dieu, à ses chers fils le doyen et les chanoines de Sainte-Croix
d’Étampes, salut et bénédiction apostolique.
|
Cum per mutationem dexteræ Excelsi
de Sinagoga Judaica facta sit Ecclesia vestra: & domus orationis ibi
surrexerit, ubi paulo ante Judæorum impius cultus servabatur. Officio
susceptæ administrationis inducimur profectibus vestris &
commodis libenter intendere, & petitionibus [p.383] vestris effectum tàm facilem quàm
debitum indulgere.
|
Par un changement de la droite du Très-Haut
[Psaume 77 (76), 11] une synagogue s’est transformée en
votre communauté ecclésiastique, et une maison de prière
[Matthieu 21, 13] s’est dressée là où peu auparavant était
observé le culte impie des juifs. Le ministère qui nous a
été confié nous oblige à veiller de bon cœur à vos progrès et à votre commodité,
et à donner à vos requêtes une suite d’autant plus favorable
qu’elle s’impose à nous. |
Quapropter ut Magistrum Scholarum
unum in musica, & alium in aliis disciplinis sine contradictione
qualibet habeatis, auctoritate vobis Apostolica indulgemus,
|
C’est pourquoi nous vous autorisons de par
notre autorité apostolique à avoir, sans que personne puisse
s’y opposer, un maître d’école pour la musique et un autre
pour les autres disciplines.
|
statuentes ut de novalibus vestris, & animalium nutrimentis
nullus à vobis decimas extorquere præsumat. Prohibemus insuper ne de posseßionibus vestris decimæ
à Laïcis exigantur,
|
Nous décrétons que personne ne pourra vous
extorquer de dîmes des terres que vous défricherez, ni de
votre fourrage. Nous interdisons en outre qu’aucun laïque ne lève
de dîme sur vos biens.
|
ad hæc, præsentium auctoritate decernimus, ne
quis in ipsam Ecclesiam interdicti, vel in Canonicos ejus excommunicationis
aut suspensionis sententiam absque manifesta & rationabili causa promulget.
Cum autem generale interdictum terræ fuerit, liceat vobis, clausis
januis, expulsis excommunicatis & interdictis, non pulsatis Campanis,
sumissa voce divina Officia celebrare.
|
De plus nous décrétons par l’autorité
de la présente charte que personne ne pourra promulguer de sentence
d’interdit contre la dite communauté ecclésiastique, ni
de sentence d’excommunication ou de suspension contre ses chanoines sans
raison évidente et raisonnable. Et, s’il y avait un interdit général
frappant la région, qu’il vous sera loisible de célébrer
les offices divins à voix basse, une fois les portes fermées
et une fois exclus ceux qui auraient été excommuniés
ou interdits, sans faire sonner de cloche. |
Decernimus ergo ut nulli omninò
hominum liceat Ecclesiam vestram temerè perturbare, vel ejus possessiones
auferre, ablatas retinere, seu hanc paginam nostræ constitutionis
& prohibitionis infringere, vel ei, ausu temerario contraire.
|
Nous avons donc décrété
qu’il ne sera loisible à personne d’oser troubler votre communauté
ecclésiastique, ni lui enlever ses biens, ni les détenir
une fois après cela, ni d’enfreindre la présente charte de
constitution et d’interdiction, ni d’avoir l’audace et la témérité
de s’y opposer.
|
Si quis autem hoc attentare
præsumpserit, indignationem Omnipotentis Dei, & Beatorum Petri
& Pauli Apostolorum, ejus [sic] se noverit
incursurum.
|
Si quelqu’un osait s’y essayer, qu’il sache
qu’il encourrait le courroux de Dieu tout-puissant et de ses apôtres
saint Pierre et saint Paul.
|
Datum Veronæ sexto Idus Augusti.
|
Donné à Vérone le 6 des
ides d’août [8
août].
|
|
ANNEXE 5
Charte de Philippe II Auguste (Fontainebleau, novembre
1187)
Texte donné par
Fleureau (1683)
|
Traduction proposée
par Bernard Gineste (2012)
|
Philippus Dei gratia Francorum Rex,
|
Philippe, par la grâce de Dieu roi des
Francs.
|
Noverint universi ad quos litteræ istæ pervenerint,
quod Magister Rogerus domum quamdam, quam ei apud Stampas dedimus, quæ
fuerat Mosse Judæi, ob remedium animarum parentum tàm nostrorum
quàm suorum, dedit in eleemosinam Clericis sanctæ Crucis
Stampensis, eundem censum reddendo, ad quem reddendum Magister Rogerus
antea nobis tenebatur.
|
Que tous ceux à qui parviendra le présent
acte sachent ceci. Maître Roger, pour le salut de l’âme tant
de nos parents que des siens, a donné en pure aumône aux
clercs de Sainte-Croix d’Étampes une maison que nous lui avions donnée
à Étampes et qui avait appartenu au juif Moïse, sous
réserve de régler le même cens que maître Roger
était tenu de nous régler avant cela. |
Nos autem eandem domum eis habendam
conceßimus sub ea libertate quam continet Charta, quam super eadem
domo Magistro Rogero donavimus.
|
Quant à nous nous les autorisons à
détenir la dite maison avec la même franchise qui est détaillée
par la charte que nous avons accordée à maître Roger
au sujet de la dite maison.
|
Quod ut ratum in posterum, &
inconvulsum permaneat præsentem Chartam sigilli nostri authoritate
confirmamus.
|
Et pour que cela demeure établi et sans
conteste nous avons fait certifier la présente charte par l’autorité
de notre sceau.
|
Actum apud Fontemblaudi, anno
ab Incarnat. Domini MCLXXXVII. mense Novembri.
|
Fait à Fontainebleau l’an de l’incanation
du Seigneur 1187 au mois de novembre.
|
|
ANNEXE 6
Charte de Philippe II Auguste (Fontainebleau, 1189)
Texte donné par
Fleureau (1683)
|
Traduction proposée
par Bernard Gineste (2012)
|
In nomine sanctæ & individuæ
Trinitatis, amen. Philippus Dei gratia Francorum Rex,
|
An nom de la sainte et indivise Trinité,
amen. Philippe, par la grâce de Dieu roi des Francs.
|
quoniam ad officium
nostrum pertinet ut ea quæ contentiosè aguntur ad pacis virtutem
reducamus: & justitiæ est, cujus fautores sumus, unicuique quod
suum est reddere:
|
Il relève de notre charge de ramener
sous la puissance de la paix les situations qui tournent au conflit, et
c’est le fait de la justice, dont nous sommes les défenseurs, que
de rendre à chacun ce qui lui est dû.
|
idcircò contentionem
quæ erat inter Canonicos Beatæ Mariæ Stamparum, quæ
nullò mediante nos respicit, & plenißimo jure nostra
est; & inter Clericos Ecclesiæ sanctæ Crucis, intra limites
prædictæ Ecclesiæ minùs rationabiliter fundatæ,
sapientum virorum consilio, Episcopi videlicet, Decani, Cantoris, Cancellarii
Parisiensium hoc modo terminare decrevimus, prudenti habita deliberatione
|
Or un différent existait entre d’une
part les chanoines de Notre-Dame d’Étampes, qui relève de
notre personne sans intermédiaire et qui nous appartient de plein
droit, et d’autre part les clercs de la communauté ecclésiastique
de Sainte-Croix qui a été fondée d’une manière
peu logique dans les limites de la susdite communauté ecclésiastique
[de Notre-Dame]. De l’avis donc d’hommes sages, à savoir des
évêque, doyen, chantre et chancelier de Paris, nous avons
décidé de la régler de la manière suivante,
après mûre délibération.
|
Ecclesiam sanctæ
Crucis intra terminos baptismalis Ecclesiæ nostræ Beatæ
Mariæ videlicet, Odoni dilecto & familiari Clerico nostro,
Abbati ejusdem Ecclesiæ & Canonicis jam dictæ Ecclesiæ
cum omni jure suo, & posseßionibus, & redditibus & privilegiis
integerrimè in perpetuum reddidimus, ita quod omnimoda potestas
data est & concessa eidem Odoni & Canonicis Beatæ Mariæ
disponendi, & ordinandi de Ecclesia sanctæ Crucis prout sibi melius
visum fuerit: & amovendi, & instituendi quoscunque in Ecclesia sanctæ
Crucis viderit amovendos, pro voluntate sua, & instituendos.
|
L’église de Sainte-Croix, dans la circonscription
d’une église paroissiale qui nous appartient, à savoir celle
de Notre-Dame, nous l’avons restituée intégralement et à
perpétuité à Eudes, notre cher secrétaire
personnel, abbé de la dite église, ainsi qu’aux chanoines
de la la même dite dite église, avec tout ce qui en découle
et ses possessions, revenus et privilèges, de telle sorte que tout
pouvoir est donné et concédé au dit Eudes et aux dits
chanoines de Notre-Dame pour régler et ordonner la communauté
ecclésiastique de Sainte-Croix selon ce qui lui semblera bon, tant
pour destituer que pour instituer ceux qu’il lui paraîtra bon de destituer
à sa guise, ou d’instituer. |
Nos igitur ad Consilium
Episcopi, Decani, Cantoris, & Cancellarii Parisiensium justè
rationabiliter permoti, notum facimus universis præsentibus pariter
& futuris, quòd Ecclesiam sanctæ Crucis, quæ nostra
erat, Abbati & Canonicis Ecclesiæ nostræ Stamparum in perpetuum
cum omni jure suo donavimus, revocantes in irritum quidquid Ecclesiæ
sanctæ Crucis concesseramus,
|
Quant à nous donc, suivant comme il
se doit et comme de raison l’avis des évêque, doyen, chantre
et chancelier de Paris, nous faisons savoir à tous, présents
et à venir, que nous avons donné l’église de Sainte-Croix,
qui nous appartenait, à l’abbé et aux chanoines de notre
église d’Étampes à perpétuité, avec
tout ce qui en découle, révocant comme nul tout ce que nous
avions concédé à la communauté ecclésiastique
de Sainte-Croix.
|
quod ut perpetuum firmitatis
robur obtineat, præsentem paginam sigilli nostri auctoritate, &
regii [p.385] nominis charactere inferiùs
adnotato præcepimus communiri.
|
Et pour que cela pleine une pleine vigueur
à perpétuité, nous avons ordonné que la présente
charte soit certifiée par l’autorité de notre sceau et le
monogramme du nom royal porté ci-dessous.
|
Actum apud Fontemblaudi
an. Incarn. Verbi MCLXXXIX. regni nostri an. XI. astantibus in palatio
nostro quorum nomina supposita sunt & signa Comitis Theobaudi, Dapiferi
nostri. Guidonis Buticularii. Mathæi Camerarii. Radulphi Constabularii
sigill. sigillo magno ceræ viridis, Data vacante Cancellaria.
|
Fait à Fontainebleau l’an de l’incarnation
du Verbe 1189, la onzième année de notre règne, se
trouvant en notre palais ceux dont sont portés ci-dessous les noms
et les marques: de notre chancelier le comte Thibaud, du bouteiller Guy,
du chambrier Matthieu, du connétable Raoul, avec le grand sceau de
cire verte. Donné alors que la chancellerie était vacante.
|
|
ANNEXE 7
Charte de Philippe II Auguste (France, avril 1190)
Texte donné par
Fleureau (1683)
|
Traduction proposée
par Bernard Gineste (2012)
|
Philippus Dei gratia Francorum Rex: Amico & fideli suo
Mauricio venerabili Parisiensi Episcopo, & dilectis suis Abbati sanctæ
Genovefæ, Decano, Cantori, & Cancellario Parisiensi salutem,
& dilectionem,
|
Philippe par la grâce de Dieu roi des
Francs, à son ami et féal Maurice vénérable
évêque de Paris, et à ses chers abbé de sainte-Geneviève,
doyen, chantre et chancelier de Paris, salut et affection.
|
causam quæ vertebatur inter
Canonicos Ecclesiæ Beatæ Mariæ Stampensis & Clericos
sanctæ Crucis vobis Episcope, Decane, Cantor, Cancellarie commißimus
terminandam, & nos vestro consilio usi: Ecclesiam sanctæ Crucis
in manu nostra posuimus; ita quod neutra partium aliquid de jure posseßionis
in ea habeat, postmodum lectis & exhibitis ante nos utriusque partis
privilegiis, iterum eorum causam vobis delegari curavimus, volentes unicuique
jus suum conservari:
|
Nous vous avions confié pour que vous
la régliez, évêque, doyen, chantre et chancelier, l’affaire
qui opposait les chanoines de Notre-Dame d’Étampes et les clercs
de Sainte-Croix, et nous avons agi selon votre décision: nous avons
mis l’église de Sainte-Croix entre notre main, de telle sorte qu’aucune
des deux parties n’y ait aucun droit de jouissance. Peu après, une
fois lus et présentés devant nous les privilèges de
chaque partie, nous avons fait en sorte que leur affaire vous soit confiée
une nouvelle fois, notre volonté étant que le droit de
chacun soit respecté. |
unde & vobis mandantes obnixè
rogamus quatenus intuitu justitiæ partibus hinc inde ante vos
vocatis, & privilegiis inspectis, & allegationibus auditis,
causam ipsam, mera justitia mediante, & sine omnium personarum acceptione,
sicut de vobis certam gerimus fiduciam, infra festum proximum in dictis
citationibus pro temporis angustia competentibus, appellatione &
contradictione tàm ad Ecclesiam quàm ad nos remota (&
in hoc ante partes convenerunt) diffiniatis.
|
C’est pourquoi, tout en vous l’ordonnant,
nous vous demandons avec instance que, avec le seul souci de la justice,
après avoir convoqué de part et d’autre les parties en votre
présence, après avoir consulté les privilèges,
écoutés les plaidoiries, ne prenant en compte que la justice
et sans faire aucune acception de personne, ce en quoi nous avons en vous
pleine confiance, vous tranchiez cette dite affaire avant la prochaine
fête, à l’occasion même des dites convocations, appropriées
à l’urgence du moment, en excluant toute possibilité d’appel
ou d’objection (et sur ce point les parties ont donné par avance
leur accord). |
Nolumus enim controversias &
contentiones, quæ inter Ecclesias nostras ortæ sunt, post
discessum nostrum non sopitas relinquamus,
|
Nous nous voulons pas en effet laisser après
notre départ sans apaisement les controverses et les conflits qui
se sont fait jour entre nos communautés ecclésiastiques.
|
sententiam autem illam quam vos omnes,
vel illi ex vobis, qui locis & diebus condictis poterunt interesse,
promulgaverint, Nos, actore Deo, inviolabiliter faciemus observari, &
sigillo proprio confirmari, quod ideo animarum vestrarum periculo committimus,
quia animam nostram super hoc liberamus.
|
La sentence telle que vous la rendrez tous
ensemble, ou bien ceux-là seuls d’entre vous qui pourront être
là aux jours et aux lieux convenus, quant à nous, si Dieu
le veut, nous la ferons appliquer inviolablement, et confirmer par notre
propre sceau. Nous vous confions cette affaire aux risques et périls
de vos âmes, car pour ce qui est de notre âme, nous dégageons
sa responsabilité.
|
Actum anno Incarn.
Verbi M CLXXXX. Mense Aprili.
|
Fait l’an de l’incarnation du Verbe 1190 au
mois d’avril.
|
|
ANNEXE 8
Ordonnance de Guillaume aux Blanches Mains, archevêque
de reims et régent (France, 1190)
Texte donné par
Fleureau (1683)
|
Traduction proposée
par Bernard Gineste (2012)
|
VV. Dei gratia Rhem. Archiepiscopus, tituli sanctæ
Sabinæ Presbiter Cardinalis, & Apostolicæ sedis Legatus,Venerabilibus
Viris Mauricio eadem gratia Parisiensi Episcopo, Abbati sanctæ
Genovefæ, Decano, Cantori, & Cancellario parisiensi, salutem.
|
Guillaume par la grâce de Dieu archevêque
de Reims, cardinal-prêtre du titre de Sainte-Sabine et légat
du siège apostolique, aux vénérables hommes Maurice
par un effet de la même grâce évêque de Paris,
l’abbé de Sainte-Geneviève, les doyen, chantre et chancelier
de Paris, salut.
|
Venientes ad nos dilecti filii nostri
Canonici Ecclesiæ sanctæ Marie Stampensis conquesti sunt quod
Clerici sanctæ Crucis subjectionem & obedientiam quas dictastis
eis contemnant exhibere.
|
Se portant en notre présence, nos chers
fils les chanoines de Notre-Dame d’Étampes se sont plaints que les
clercs de Sainte-Croix dédaignent d’observer la soumission et l’obéissance
que vous leur avez prescrites.
|
Ipsi quoque Baillivi Stampenses, licet
(ut ajunt) mandatum à Regia Majestate suscepissent, ne aliquid
circa Ecclesiam sanctæ Crucis post discessum ejus, nisi juxta mandatum
vestrum innovarent; res ab eo statu in quo erant, discedente Rege, immutaverunt;
& absque Regio & vestro mandato prædictos Clericos in
posseßionem ejusdem Ecclesiæ postea miserunt:
|
Les baillis d’Étampes eux-mêmes
aussi, bien que, à ce qu’on dit, ils aient reçu ordre de
Sa Majesté de ne rien innover relativement à l’église
de Sainte-Croix après son départ sinon sur votre ordre,
ont transformé le statu quo en vigueur avant le départ
du roi, et, sans mandat de la part du roi ni de la vôtre, ils ont
mis après cela les susdits clercs en possession de la dite église.
|
super quo, cum in præsentia
nostra conventi fuissent, ut quoquo suæ excusationis factum suum
colorarent, asserunt se id fecisse, occasione cujusdam sententiæ,
quam tuleratis, & mandati quod eis dederatis: quorum quidem utrumque
cum prorsùs ob ambiguitatem, explanatione indigeret, prædicti
Baillivi …. ut dicitur in partem Clericorum sanctæ Crucis, tùm
pro familiaritate, tùm pro cognatione quod ad eos habent, declinantes,
pro voluntate eorum in perniciem majoris Ecclesiæ, dictum videlicet
dubium malè interpretati sunt.
|
Sur ce point, lorsqu’il se sont trouvés
en notre présence, pour donner une apparence d’excuse à
ce qu’ils avaient fait, ils ont affirmé qu’ils l’avaient fait à
l’occasion d’une certaine sentence que vous aviez rendue, et d’une ordonnance
que vous leur avez donnée. Mais tant l’une que l’autre, vu qu’elles
ne sont absolument pas accompagnées d’explication résolvant
leur ambiguité, les susdits baillis en ont interprété
la sentence, du moins en leur partie ambiguë, d’une façon
incorrecte, en faveur, à ce qu’on dit, des clercs de Sainte-Croix,
du fait des liens d’amitiés, voire de parenté qu’ils ont
avec eux, les favorisant de façon délibérée
au détriment de l’église paroissiale.
|
Unde quia maledictus (ut nostis) qui
opus Dei negligenter agit; & ideò non competit prudentiæ
& honestati vestræ negotium à Regia celsitudine, pro
pace Ecclesiarum, vobis injunctum informe & imperfectum per negligentiam
relinquere, nec eum [Lisez: cum (B.G.)]
ad pacem rogati fuissetis, liti, cui finem debuistis ponere, pacem ruinosam
& pendentem dimittere:
|
Or comme vous le savez, il est maudit,
celui qui accomplit avec négligence l’œuvre de Dieu (Jérémie 48, 10), et
par suite il ne convient pas à votre prudence ni à votre
probité de laisser, par négligence, sans ordre ni terme une
affaire qui vous a été confiée par la majesté
royale pour la paix des communautés ecclésiastiques. Ni,
alors qu’on avait fait appel à vous pour faire la paix, de laisser
cette paix en ruine et en suspens pour ce qui est du litige auquel vous deviez
mettre fin.
|
Mandamus vobis auctoritate Regis; & ex
parte nostra monemus, & rogamus, quatenùs quæ dixistis,
absque dilatione explanetis, ut utraque Eccclesia, quæ propria Regis
esse dignoscitur, quæ [p.388]
privilegiis Rom. Pontif. & Regum circumvallata, propter
novellum ædificium juris sui, sive Parrochialis sive alterius læsionem
non patiatur:
|
C’est pourquoi nous vous ordonnons au nom
de l’autorité royale, et nous vous conseillons et vous demandons
de notre propre part, d’expliciter sans délai la sentence que vous
avez rendue. Ainsi, aucune de ces deux communautés ecclésiastiques,
dont chacune appartient notoirement au roi, et jouit de privilèges
de pontifes romains et de rois comme de remparts, se verra, par l’édification d’une
nouveauté, léser de ses droits paroissiaux
ou autres. |
quidquid autem explanatione illius sententiæ quam tulistis,
statueretis, cum authenticis vestris fuerit sigillatum. Nos authoritate
Regia, Deo volente faciemus inviolabiliter observari.
|
Quoi que vous décidiez en explicitant
la sentence que vous avez rendue, dès qu’auront été
scellés vos actes authentiques, nous, de par l’autorité
du roi et si Dieu le veut, nous le ferons appliquer d’une manière
inviolable.
|
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ANNEXE 9
Ordonnance de Philippe II Auguste (Saint-Jean d’Acre,
1191)
Texte donné par
Fleureau (1683)
|
Traduction proposée
par Bernard Gineste (2012)
|
In nomine sanctæ & individuæ Trinitatis,
amen. Philippus Dei gratia Francorum Rex,
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Au nom de la sainte et indivise Trinité,
amen. Philippe par la grâce de Dieu roi des Francs.
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noverint universi [sic (manque le mot: præsentes] pariter & futuri, quod causam quæ vertebatur inter
Canonicos Beati Mariæ Stamparum & Clericos sanctæ Crucis,
quæ intra terminos Beatæ Mariæ constituta erat, & de
jure Matricis Ecclesiæ plurimum usurpare videbatur, amicis & fidelibus
nostris Episcopo Parisiensi, Abbati sanctæ Genovefæ, Decano,
Cantori, & Cancellario Parisiensibus, quia causa Ecclesiastica, &
quia per Ecclesiasticas personas terminari debebat, commisimus terminandam.
|
Sachent tous [tant présents] qu’à
venir qu’une affaire avait cours entre les chanoines de Notre-Dame d’Étampes
et les clercs de Sainte-Croix, qui avait été constituée
dans les limites de la paroisse de Notre-Dame, et qui semblait usurper
gravement les droits de la communauté ecclésiastique originelle.
Nous en avions confié le règlement à nos amis et
féaux l’archevêque de Paris, l’abbé de Sainte-Geneviève,
les doyen, chantre et chancelier de Paris, parce que c’était une
affaire ecclésiastique et parce qu’elle devait être réglée
par des dignitaires ecclésiastiques.
|
Judices verò prædicti
liti finem imponentes hoc modo terminaverunt, sicut ex rescripto eorum
didicimus.
|
Or les susdits juges ont mis fin au litige
par le règlement qui suit, à ce nous avons appris de leur
rapport.
|
In Ecclesia sanctæ Crucis non
celebrabitur Missa donec pulsatum fuerit priùs ad Primam in Ecclesia
Beatæ Mariæ: nec ad Primam, nec ad aliam horam pulsabitur
in Ecclesia sanctæ Crucis, donec pulsatum fuerit priùs, ad
eandem in Ecclesia sanctæ Mariæ.
|
En l’église de Sainte-Croix on ne célèbrera
pas de messe tant que n’aura pas d’abord été sonnée
l’heure de prime à l’église Notre-Dame, et on ne sonnera pas
l’heure de prime ni aucune autre heure en l’église de Sainte-Croix
tant que d’abord cette même heure n’aura été sonnée
en l’église de Notre-Dame.
|
Canonici sanctæ Crucis Fontes
Baptismales non habebunt. Neminem Parrochianorum Beatæ Mariæ
ad confeßionem recipient nisi in neceßite: sicut nec ad communionem:
nullatenùs ad sepulturam. Nullam mulierem ad purificationem recipient,
nullam visitationem faciunt infirmorum Parrochialium cum oleo infirmorum,
vel Cruce, vel aqua benedicta.
|
Les chanoines de Sainte-Croix n’auront pas
de fonts baptismaux. Ils ne recevront en confession aucun des paroissiens
de Notre-Dame, sinon en cas d’urgence, et de même pour la communion;
en aucune façon pour les funérailles. Ils ne recevront aucune
femme pour les relevailles. Il ne feront aucune visite aux malades de la
paroisse avec l’huile des malades, ni avec une croix, ni avec de l’eau
bénite.
|
Nullam Proceßionem
ad Parrochianum mortuum intra fines Parrochiæ sanctæ Mariæ,
nisi cum Proceßione ejusdem Ecclesiæ, si ipsa Proceßio
ire voluerit. Idem erit de vigiliis mortuorum, nullam Proceßionem
facient in Parrochiano mortuo, antequam pulsatum fuerit in Ecclesia
Beatæ Mariæ,
|
Pas de procession pour le décès d’un
paroissien, à l’intérieur de la paroisse Notre-Dame, sinon
en se joignant à la procession de la dite église, s’il
a été décidé cette procession. Il en sera de
même pour les veillées mortuaires. Ils ne feront aucun procession
à l’occasion du décès d’un paroissien avant qu’on
n’aura sonné le glas à Notre-Dame.
|
nullus nisi auctoritate & licentia
Cantoris Beatæ Mariæ, regat scholas. Nullam pulsationem pro
cereo paschali facient. Nullas chartas super contractibus, quas solet
Cantor facere, facient, nec sigilla super mortuos, nec panem benedictum,
nec excommunicationem nominatim facient super Parrochianos Beatæ
Mariæ, nisi præcepto majorum suorum; pro suis autem & suorum
damnis in generali excommunicent.
|
Que personne ne tienne d’école sans
autorisation ni licence du chantre de Notre-Dame. Ils ne feront pas sonner
les cloches pour le cierge pascal. Ils ne produiront aucune des attestations
relatives à des contrats que le chantre a coutume de produire, ni
ne poseront de scellés après décès, ne distribueront
pas de pain béni, et n’excommunieront pas nominativement des paroissiens
de Notre-Dame, sinon sur ordre de leurs juges locaux: qu’ils excommunient
de manière non nominative si eux-mêmes ou les leurs subissaient
des torts.
|
Offensas quas in Capitulo emendare
non potuerint vel non noluerint, ad citationem Cantoris, & Capituli
Beatæ Mariæ in Capitulo Beatæ Mariæ emendabunt. Cessante Ecclesia Beatæ
Mariæ cessabunt, habebit Cantor & Capitulum Beatæ Mariæ
potestatem canonicè puniendi Canonicos & Clericos sanctæ
[p.390] Crucis, si major vel
sanior pars Capituli præsens fuerit, & censuerit.
|
Les infractions qu’ils n’auront pu ou voulu
sanctionner en leur chapitre, ils les sanctionneront au sein du chapitre
de Notre-Dame après y avoir été cités par
le Chantre et le chapitre de Notre-Dame. Ils chômeront quand l’église
de Notre-Dame chômera. Le chantre et le chapitre de Notre-Dame auront
pouvoir de prononcer des sanctions canoniques contre les chanoines et
les clercs de Sainte-Croix quand la plus grande ou la plus saine partie
du chapitre aura été présente et les aura prononcées.
|
Quæ ut perpetuam obtineant firmitatem
sigilli nostri auctoritate, & regii nominis charactere inferiùs
annotato præcepimus confirmari.
|
Et pour que cela entre en vigueur à
perpétuité, nous avons ordonné que cela soit certifié
par l’autorité de notre sceau et l’apposition ci-dessous du monogramme
du nom royal .
|
Actum apud Acon. anno
Incarn. Verbi MCXCI. Regni verò nostri an. XII. astantibus in
Palatio nostro quorum nomina supposita sunt, & signa. Dapifero nullo.
Guidonis Buticularii. Matthæi Camerarii. Radulphi Constabularii.
Data vacante Cancellaria.
|
Fait à Acre, l’an
de l’incarnation du Verbe 1191, et la douzième année de
notre règne, étant présents en notre palais ceux
dont sont portés ci-après les noms et les marques, alors
qu’il n’y avait pas de sénéchal en fonction. Marques du
bouteiller Guy, du chambrier Matthieu, du connétable Raoul. Fait
alors que la chancellerie n’avait pas de titulaire.
|
|
Bulle
du pape Célestin III (Rome, 7 novembre 1191)
Une bulle de Célestin III
Texte donné par
Fleureau (1683) [p.390]
|
Traduction proposée
par Bernard Gineste (2012)
|
Celestinus Episcopus servus servorum Dei, dilecto filio
Odoni Clementis, Abbati sanctæ Mariæ Stamparum. Notario litterarum
charissimi in Christo filii nostri Philippi, illustris Francorum Regis
salut. & Apostolicam benedictionem.
|
Célestin évêque, serviteur
des serviteurs de Dieu, à son cher fils Eudes Clément, abbé
de Notre-Dame d’Étampes, secrétaire de notre fils très
cher dans le Christ Philippe, illustre roi des Francs, salut et bénédition
apostolique.
|
Causæ quæ concordia vel
judicio terminantur, ne resumant inposterùm recidivam, Apostolico
convenit robore communiri.
|
Pour que les affaires qui ont été
résolues par voie d’accord ou de jugement ne renaissent pas à
l’avenir, il convient de les certtifier par l’autorité apostolique.
|
Indè est quòd, tuis
precibus inclinati, compositionem quæ inter Ecclesiam tuam, &
Ecclesiam sanctæ Crucis, de communi consensu partium interceßit,
sicut in scriptis præscripti Regis, & Episcopi Parisiensis Abbatis
sanctæ Genovefæ, Decani, Cantoris, & Cancellarii Parisiensis,
Ecclesiæ delegatorum judicium pleniùs continetur; &
inter vos sine pravitate aliqua interceßit, & hactenùs
est servata, authentica Apostolica confirmamus, & præsentis
scripti patrocinio communimus.
|
C’est pour cela qu’inclinant à tes prières
nous confirmons par un acte papal et par le patronage du présent
document le compromis qui est intervenu entre ta communauté ecclésiastique
et la communauté ecclésiastique de Sainte-Croix, de l’accord
unanime des parties, d’après ce qui est porté plus complètement
dans l’ordonnance du roi et dans la sentence de l’évêque
de Paris, de l’abbé de Sainte-Geneviève, du doyen, du chantre
et du chancelier de l’église Paris qui y avaient été
commis, qui est intervenue sans aucune cause de nullité et qui a
été observée jusqu’à présent.
|
Nulli ergo omnino hominum liceat hanc
paginam nostræ confirmationis infringere vel ei ausu temerario
contraire. Si quis autem hoc attentare præsumpserit indignationem
omnipotentis Dei & BB. Petri, & Pauli Apostolorum ejus se noverit
incursurum.
|
Ainsi donc, qu’il ne soit loisible à
personne d’enfreindre ce présent acte de la confirmation que nous
y donnons, ni de s’y opposer témérairement. Et si quelqu’un
avait l’audace de s’y essayer, qu’il sache qu’il encourra la colère
de Dieu tout-puissant et de ses apôtres saint Pierre et saint Paul.
|
Datum Laterani 7. Idus Nov. Pont.
nostri an. primo.
|
Donné au Latran le 7 des ides de novembre,
la première année de notre pontificat [7 novembre 1191].
|
Une bulle de Célestin III
|
Bulle
du pape Innocent III (Rome, 3 décembre 1209)
Texte donné par
Fleureau (1683)
|
Traduction proposée
par Bernard Gineste (2012)
|
Innocentius Episcopus servus servorum Dei dilectis filiis Abbati, &
Canonicis sanctæ
Mariæ de Stampis sal. & Apostolicam benedictionem.
|
Innocent évêque, serviteur des
serviteurs de Dieu, à ses chers fils l’abbé et les chanoines
de Notre-Dame d’Étampes
|
Quotiens postulatur à nobis
quod religioni, & honestati convenire dignoscitur, animo nos decet
libenti concedere, & juxta petentium voluntatem consentaneam rationi,
effectu prosequente complere.
|
A chaque fois qu’il nous est réclamé
quelque chose d’évidemment conforme à la religion et à
la morale, il nous faut l’accorder de bon cœur et
y donner un prompt effet conforme au désir raisonnable des requérants.
|
Ea propter dilecti in Domino filii,
vestri justis, & honestis precibus annuentes, sententiam, quam bonæ
memoriæ M. Episcopus, & S. Abbas sanctæ Genovefæ.
H. Decanus P. cantor & J. Cancellarius Paris. pro vobis contra Ecclesiam
sanctæ Crucis, super jure subjectionis canonicè [p.391] protulerunt, sicut est justa,
nec legitima provocatione suspensa, devotioni vestræ ad exemplar
fœl. record. Clem. PP. prædecessoris nostri authentica Apostolica
confirmamus, & præsentis scripti patrocinio communimus.
|
C’est pourquoi, chers fils dans le Seigneur,
acquiesçant à vos justes et dignes prières, à
l’exemple de notre prédécesseur de bonne mémoire le
pape Clément, nous confirmons par un acte pontifical et munissons
du secours de la présente charte la sentence de surbordination spirituelle
qu’ont rendue en votre faveur, conformément aux canons, Maurice [de Sully], évêque
de bonne mémoire, Étienne [de Tournai], abbé de Sainte-Geneviève,
H., doyen, P., chantre et J., chancelier de Paris, contre la communauté
de Sainte-Croix, d’autant qu’elle est juste et qu’elle n’est pas suspendue
par une procédure d’appel.
|
Nulli ergo hominum, &c.
|
Ainsi donc, qu’il
ne soit loisible à personne d’enfreindre ce présent acte
de la confirmation que nous y donnons, ni de s’y opposer témérairement.
Et si quelqu’un avait l’audace de s’y essayer, qu’il sache qu’il encourra
la colère de Dieu tout-puissant et de ses apôtres saint Pierre
et saint Paul.
|
Datum Laterani 3. nonas Decembris
Pontificatus nostri anno 12.
|
Donné au Latran le 3 des nones de décembre,
la douzième année de notre pontificat.
|
|
Charte du chapitre diocésain et de l’archevêque
de Sens Gilon Cornu (Sens, septembre 1248)
Texte donné par
Fleureau (1683)
|
Traduction proposée
par Bernard Gineste (2012)
|
Gilo Dei gratia Senonensis, Archiepiscopus
[sic] universis præsentes
litteras inspecturis. |
Gilon par la grâce de Dieu archevêque
de Sens, à tous ceux qui consulteront le présent acte.
|
Noverint universi nos litteras dilectorum
filiorum Decani, & Capituli Senomensis inspexisse sub hac forma.
|
Que tout le monde sache que nous avons consulté un
acte de nos chers fils le doyen et le chapitre de Sens, de la teneur suivante.
|
Omnibus præsentes
litteras inspecturis, nos Decanus, & universitas Capituli Senonensis
salutem in Domino,
|
A tous ceux qui consulteront le présent
acte, nous doyen et l’ensemble du chapitre de Sens, salut dans le Seigneur.
|
notum facimus quod cum
emmissemus [sic] ab executoribus
defuncti Bartholomæi Militis, decimam, seu fructus decimæ,
totam territorii præfati defuncti apud Emervillas, ita scilicet
numerandam à nobis; quod de quibuslibet duodecim gerbis bladi,
unam, quam maluerit numerator ex parte nostra ibidem institutus: &
de quibus libet acervis fabarum, pisonum [lisez: pisorum (B.G.)], veciarum [latin classique: viciarum (B.G.)], seu quorumcumque
leguminum, unum quem maluerit, percipiemus:
|
Nous faisons savoir ceci. Nous avions acheté
aux éxécuteurs testamentaires du défunt chevalier
Barthélémy toute la dîme ou produit de la dîme
du terroir du dit défunt à Émarville, étant
entendu qu’il nous revient d’en compter le montant; que nous percevrons sur
chaque douzaine de gerbes celle qu’aura choisie le nombreur que nous aurons
institué pour nous y représenter, ainsi qu’un monceau de son
choix de chaque monceau de fèves, de pois, de vesces ou de quelque
autre légume que ce soit.
|
Hoc adjuncto quod antequam bladum vel legumen
removeatur à campis, numerator prædictus quæratur
ab illis, qui de cultura dicti territorii se intromittent, in loco qui
deputabitur ad hoc, per illos quorum intererit, infra Parrochiam de
Audevilla:
|
De plus, avant que le blé et les légumes soient enlevés
des champs le susdit nombreur sera requis par ceux qui se chargent de la
culture du dit terroir, au lieu accoutumé, par ceux qui sont concernés
dans la paroisse d’Audevile.
|
qui si non inventus
fuerit, aliquis de domo, ubi numerator manebit, in qua si nullus inventus
fuerit, vel etiam si numerator decimæ venire noluerit, vel non potuerit,
Dominus territorii, vel servientes ejus potuerunt ducere bladum, vel
legumen; sed decimam dimittent bona
fide:
|
Et si on ne le trouve pas, quelqu’un
de la maison où il demeure pourra compter blé et légumes;
et si on n’y trouve personne, ou si même le nombreur n’a pas voulu
ou pas pu venir, ce seront le seigneur du lieu ou ses serviteurs: mais
qu’il réglent la dîme de bonne foi.
|
si verò præfatus
numerator, servientes suspectos habuerit quod minùs legitimè
decimam [p.397]
dimiserint, vel ipsum, ut dictum est quæsierint, ipsi per fidem,
vel per juramentum numeratorem certificabunt quòd ipsum (ut dictum
est) quæsierint, & quod decimam legitimè dimiserint.
|
Et si le susdit nombreur suspecte ces serviteurs
d’avoir de n’avoir réglé pas la dîme comme il fallait
ni de l’avoir requis comme on l’a dit, ils certifieront sur l’honneur ou
par serment au comptable qu’il l’avaient requis comme on l’a dit et qu’ils
ont réglé la dîme comme il fallait. |
Cum etiam præter hoc ab ejusdem executoribus
emissemus decem arpenta terrarum in eodem territorio sitarum; nos considerantes quod decimæ & terræ prædictæ
propinquiores & magis utiles fore debebant Ecclesiæ sanctis
Crucis Stampensis: & posseßiones alias invenimus venales magis
utiles Ecclesiæ nostræ, & nobis propinquiores, &
etiam utriusque Ecclesiæ utilitatem pensantes, maximè cum
nondùm jus spirituale prædictæ decimæ, per Dominum
Archiepiscopum Senonensem, in cujus diœcesi sita est, fuissemus assecuti,
conceßimus, & unanimiter volumus quòd Decanus, &
Capitulum sanctæ Crucis Stampensis prædictas decimas, &
terras habeant quietè & pacificè in perpetuum possidendas
ab eis modo prædicto.
|
Comme nous venions d’acheter aux exécuteurs
testamentaires du susdit défunt dix arpents de terre sis au dit
terroir, nous nous sommes aperçus que les susdites dîmes
et terres devaient être plus proches et plus utiles à l’église
de Sainte-Croix d’Étampes, et nous avons trouvé d’autres
biens plus utiles à notre église et plus proches de nous.
Aussi nous avons pris en compte l’intérêt de chacune des nos
deux églises, étant donné surtout que nous n’avions
pas encore obtenu le droit spirituel de la susdite dîme de la part
de monseigneur l’archevêque de Sens dans le diocèse duquel elle
est située, nous avons accepté et unanimement consenti que
ce soient les doyen et chapitre de Sainte-Croix d’Étampes qui
détiennent les dites dîmes et terres, et qu’ils en jouissent
paisiblement, sans conteste et à perpétuité de la façon
précisée ci-dessus.
|
Promittentes quòd
de cætero nihil reclamabimus aliqua ratione, imò prædicta
omnia, quotiescumque opus fuerit, prædictæ Ecclesiæ
sanctæ Crucis garantisabimus debitè contra omnia. Promittimus
etiam omnia damna & perdita eidem Ecclesiæ restaurare, quæ
pro defectu garantiziæ contingeret sustinere.
|
Nous promettons qu’à l’avenir nous n’en
réclamerons rien sous quelque motif que ce soit, et qu’au contraire
à chaque fois qu’il en sera besoin nous nous porterons garant des
susdits bien en faveur de la susdite église Sainte-Croix. Nous promettons
aussi de rembourser à la même église tous les dommages
et pertes qu’elle pourrait subir par suite d’un défaut de garantie.
|
In cujus rei firmitatem
& testimonium præsentem scripturam sigilli nostri munimine
duximus roborandam. Datum anno Domini MCCXLVIII Mense Septembri.
|
En confirmation et en témoignage de
quoi nous avons pensé devoir certifier le présent acte au
renfort de notre sceau. Donné l’an du Seigneur 1248 au mois de
septembre.
|
Nos
autem considerentes statum utriusque Ecclesiæ, utilitatem ipsarum
Ecclesiarum evidentibus rationibus pensantes: malentes jus prædictæ
decimæ aßignari Ecclesiæ sanctæ Crucis Stampensis
propter illas rationes, quàm Ecclesiæ Senonensis, quæ
nondum per nos illud fuerat assequuta, prout in prædictis litteris
vidimus contineri, quod per dictum Decanum & Capitulum Senonense
factum est de præmißis, ratum ac firmum habentes, & prædictam
decimam dictæ Ecclesiæ sanctæ Crucis confirmantes,
præsentes litteras ad petitionem dictorum Decani & capituli
Senonensis sigilli nostri munimine ducimus roborandas.
|
Quant à nous, prenant
en compte la situation de chacune de ces deux églises, évaluant
l’intérêt des dites églises, préférant
assigner le droit à la dite dîme à l’église
de Sainte-Croix, pour les dites raisons, qu’à l’église de
Sens, qui n’avait pas fait entériner cela par nous, à ce
que nous avons constaté par la teneur de l’acte susdit, tenant pour
décidé et établi ce qui a été acté
sur les points dont on vient de parler par les dits doyen et chapitre, et
confirmant la susdite dîme à la susdite église Sainte-Croix,
nous avons décidé, à la requête des dits doyen
et chapitre de Sens, de faire certifier la présente
charte au renfort de notre sceau. |
Datum anno & mense prædictis.
|
Donné les susdits an et mois.
|
|
Bulle
du pape Alexandre IV (Viterbe, 3 octobre 1257)
Texte donné par
Fleureau (1683)
|
Traduction proposée
par Bernard Gineste (2012)
|
Alexander Episcopus servus servorum Dei dilecto
filio Succentorii [sic] Carnotensi
salutem, & Apostolicam benedictionem
|
Alexandre évêque, serviteur des
serviteurs de Dieu, à son cher fils le sous-chantre de Chartres,
salut et bénédiction apostolique.
|
dilecti filii Cantor,
& Capitulum sanctæ Mariæ de Stampis suam ad nos quærimoniam
destinarunt, quod cùm Decanus, & Capitulum sanctæ Crucis
ejusdem loci, Senonensis Diœcesis ad ipsam Ecclesiam sanctæ Mariæ
cum proceßione, certis diebus accedere teneantur, iidem id efficere
indebitè contradicunt.
|
Nos chers fils le chantre et le chapitre de
Notre-Dame d’Étampes nous ont adressé une plainte: alors
que le doyen et le chapitre de Sainte-Croix du même lieu, au diocèse
de sens, sont tenus de se rendre en procession certains jours à
la dite église de Notre-Dame, ils refusent indûment de le faire.
|
Ideò discretioni
tuæ per Apostolica dicta mandavimus, quatinùs partibus convocatis,
audias causam, & appellatione remota debito fine decidas, faciens
quod decreveris per censuram Ecclesiasticam firmiter observari.
|
C’est pourquoi nous avons confié à
ton discernement, par un édit apostolique, cette tâche: convoque
les parties, instruis la cause, donnes-y le terme convenable, sans appel
possible, et et fais observer ce que tu auras décidé sous
des peines ecclésiastiques.
|
Testes autem qui fuerint
nominati, si se gratia, odio vel timore subtraxerint, censura simili,
appellatione cessante, compellas veritati testimonium perhihere.
|
Quant aux témoins qui auront été
cités, s’ils se dérobent soit par favoritisme ou par volonté
de nuire ou par crainte, force-les sous des peines du même genre,
et sans appel, à rendre témoignage à la vérité.
|
Datum Viterbii [sic] V. nonas Octobris Pont. nostri an. III.
|
Donné à Viterbe le 5 des nones
d’octobre [3 octobre] l’an 3 de notre pontificat
[1257].
|
|
Charte
de Louis Ier d’Évreux (Paris, 4 août 1311)
Texte donné par
Fleureau (1683)
|
Traduction proposée
par Bernard Gineste (2012)
|
Nos Ludovicus Regis Franciæ Filius,
Comes Ebroïcensis:
|
Nous Louis fils de roi de France, comte d’Évreux,
|
Notum facimus universis
præsentes litteras inspecturis, quod cum claræ memoriæ
Margarita quondam carißima consors nostra, in suo testamento, seu
ultima voluntate legaverit inter alia, Eclesiæ sanctæ Crucis
Stampensis Triginta solidos turon. annui & perpetui redditus pro suo
anniversario singulis annis, in eadem Ecclesia celebrando:
|
nous faisons savoir ceci à tous ceux
qui consulteront le présent acte. Marguerite d’illustre mémoire,
en son vivant notre très chère épouse, avait légué
par son testament ou dernière volonté, entre autres choses,
à la communauté ecclésiastique de Sainte-Croix d’Étampes,
trente sous tournois de rente annuelle et perpétuelle pour célébrer
son anniversaire chaque année dans la dite église.
|
Nos ejus in hac parte
desiderium salubriter implere volentes, dictos trigintas solidos turon.
redditus præfatæ Ecclesiæ, ratione prædicto, tenore
præsentium aßidemus & aßignamus super Præposituram
nostram Stampensem, ac nomine aßisiæ & aßignationis
ex nunc in perpetuum damus & concedimus, super dictos redditus nostros
percipiendos, & sibi solvendos annis singulis in posterum, ad opus
anniversarii prædicti, die festivitatis omnium Sanctorum
|
Quant à nous, désirant en cette
matière exécuter convenablement sa volonté, nous
asseyons et assignons, par la teneur du présent acte, en faveur
de la susdite communauté ecclésiastique, pour la raison susdite,
les dits trente sous tournois de rente sur notre prévôté
d’Étampes, et, au titre de cette assiette et de cette assignation,
nous les lui donnons et concédons dès à présent
et à perpétuité, à percevoir sur nos dits revenus,
de telle manière qu’ils soient perçus et lui soient réglés
chaque année à l’avenir en faveur du susdit anniversaire, le
jour le la fête de la Toussaint.
|
Rogantes Charißimum
Dominum nostrum Regem, ut prædictam nostram aßignationem
approbare & confirmare dignetur:
|
Nous demandons à notre très
cher seigneur le roi qu’il daigne approuver et confimer notre susdite
assignation.
|
& ad hoc nos, &
hæredes, & successores nostros, & dictos redditus nostros,
& alia bona nostra Ecclesiæ prædictæ specialiter,
& in perpetuum obligamus.
|
Et pour cela nous obligeons nous-mêmes,
nos héritiers et nos successeurs, nos susdits revenus et nos autres
biens en faveur de la susdite communauté ecclésiastique,
spécialement et à perpétuité.
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In cujus rei testimonium
nostrum præsentibus fecimus apponi sigillum.
|
En témoignage de quoi nous avons fait
apposer notre sceau au présent acte.
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Actum Parisius, die
Mercurii post festum sancti Petri ad vincula, anno Domini MCCCXI.
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Fait à Paris le mercredi [4 août 1311] après
la fête de Saint-Pierre-aux-Liens [qui tombait le dimanche 1er août] l’an du Seigneur
1311.
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Charte
de Guillaume de Brosse, archevêque de Sens (Étampes, 19
août 1331)
Texte donné par
Fleureau (1683)
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Traduction proposée
par Bernard Gineste (2012)
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Universis præsentes litteras inspecturis, Guilllelmus
miseratione divina Archiepiscopus Senonensis, æternam in Domino
salutem.
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A tous ceux qui consulteront le présent
acte, Guillaume par un effet de la miséricorde divine archevêque
de Sens, salut éternel dans le Seigneur.
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Quia humili petitione monstrarunt
vestri [Lisez: nostri] dilecti
in Domino filii Decanus, & Capitulum Ecclesiæ sanctæ Crucis
Stampensis nostræ Diœcesis, quòd in
suis faciendis stagiis pro suis Præbendis dictæ Ecclesiæ,
anno quolibet, antequam præbendarum ipsarum fructus grossos percipiant,
ipsos per sexmestre in ipsa Ecclesia oportet personaliter residere:
|
Il nous a été humblement représenté
par nos chers fils dans le Seigneur le doyen et le chapitre de la communauté
ecclésiastique de Sainte-Croix d’Étampes de notre diocèse
que, lorsqu’ils doivent effectuer leurs stages pour obtenir leurs prébendes
de la dite église, chaque année, avant de percevoir le gros
des dites prébendes, ils doivent résider personnellement
un semestre dans la dite église.
|
& quòd, propter tenuitatem,
& modicitatem facutatum, & reddituum dictæ Ecclesiæ,
Clerici, Vicarii, & Servitores alii dictæ Ecclesiæ non
Canonici, circa divina Officia jugiter permanentes, & onus servitii
eiusdem Ecclesiæ die nocteque sedulo supportantes, ob quantitatem
Canonicorum, & numeri eorum magnitudinem, in ipsa existentium Ecclesia,
in faciendis stagiis memoratis, ex perceptione distributionum quotidianarum,
ipsis distributionibus licet exiguis, in tot divisis partibus, non valent
aliquatenùs sustentari, propter quod ipsos
sæpius adjecta [Lisez: abjecta] Ecclesia,
pro sui victus quærendis aliundè necessariis, oportet retrocedere:
|
Les clercs, les vicaires,
ainsi que les autres desservants de la dite église non chanoines,
demeurent en permanence en marge des offices divins et supportent avec
zèle, jour et nuit, la charge du service de la dite église.
Or, en raison de la petitesse et de la modicité
des ressources et des revenus de la dite communauté ecclésiastique,
du fait de la quantité des chanoines et de l’importance du nombre
de ceux qui se trouvent dans la dite église pour y faire les stages
susdits, ils n’arrivent pas à se sustenter de ce qu’il reçoivent
aux distributionx quotidiennes, tant ces distributions, déjà
peu abondantes en elles-mêmes, sont divisées en un grand nombre
de parts. C’est pourquoi il leur faut trop souvent
abandonner leur église et s’en aller chercher ailleurs de quoi se
nourrir.
|
& sic posset dicta Ecclesia à suis debitis officiis,
futuris temporibus defraudari, & carere servitoribus ordinatis, si
per tam longum temporis spatium, Canonicos in suis stagiis faciendos, anno
quolibet, in dicta Ecclesia oporteret inposterum residere.
|
Et ainsi, il se peut que la dite église soit privée
à l’avenir de ses offices obligatoires et qu’elle manque de desservants
ordonnés, s’il fallait à l’avenir que les chanoines fassent
leurs stages si longtemps chaque année dans la dite église.
|
Nobis itaque supplicantes ut super
restrinctione & abreviatione temporis stagiorum hujusmodi pro communi,
& evidenti utilitate supradicta, quod in hoc esse conspiciebant,
proüt communiter asserebant, ipsi Ecclesiæ; authoritate nostra
ordinaria providere de competenti remedio curaremus.
|
Ils nous suppliaient donc, parlant de restreindre
et d’abréger la durée de ces stages dans l’’intérêt
commun et évident exprimé ci-dessus, de bien vouloir user
de notre autorité diocésaine ordinaire et de fournir à
la dite église le bon remède qu’ils considéraient
consister en cela, de leur avis unanime. |
Nos igitur cupientes, proüt
ex nostro Pastorali tenemur officio, nè dùm [Lisez: solum] illius Ecclesiæ, sed etiam
omnium pacem, & quietem perquirere: & ad ea quæ ad augmentationem
divini cultus pertinent, paternæ sollicitudinis aures erigere, &
opem conferre felicem, nè in aliquo, quod absit, nostris temporibus
minuatur, sed sub nostræ protectionis præsidio, cum Dei adjutorio
potiùs augeatur.
|
Quant à nous donc, vu que nous sommes
tenus par notre charge pastorale de rechercher la paix et la tranquillité
non seulement de cette communauté ecclésiastique, mais encore
de toutes, de tendre nos oreilles avec une paternelle sollicitude vers
tout ce qui peut conduire à une augmentation du culte de Dieu, et
de trouver d’heureuses issues qui empêchent que par malheur il ne
reçoive quelque diminution que ce soit de notre vivant, mais bien
plutôt que sous la garde de notre protection, avec l’aide de Dieu; il
s’accroisse, |
Notum facimus universis
quod dictorum Decani & capituli supplicatione diligenter attenta,
pensata super hoc dictæ sanctæ Crucis Ecclesiæ utilitate
communi, diligentique informatione priùs super præmißis
habita, cum deliberatione solerti, ipsorum [p.394]
petitioni tanquàm consonæ rationi, annuimus
benignè, tempus stagiorum hujusmodi faciendorum de cætero
in modùm qui sequitur, moderantes.
|
nous faisons savoir à tous que nous
avons diligemment pris en compte la supplication des dits doyen et chapitre,
que nous avons réfléchi sur ce point à l’intérêt
commun de la dite communauté ecclésiastique de Sainte-Croix
et que nous nous sommes d’abord soigneusement renseignés sur les
points susdits. Après une mûre délibération,
nous avons avec bienveillance consenti à leur requête
qui nous a paru raisonnable, en diminuant la durée de ces stages,
qui à l’avenir seront effectués de la manière suivante.
|
Videlicèt quòd quilibet
dictæ Ecclesiæ Canonicus Præbendatus, pro suis lucrandis
großis fructibus, per tres menses tantùm in faciendo stagio
suo, anno quolibet, in dicta sanctæ Crucis Ecclesia personaliter
residebit: & dictorum trium mensium facto stagio fructus suos grossos
percipiet, ac si per sexmestre ut solitum erat, in ipso Ecclesia personaliter;
& continuè perstitisset:
|
C’est-à-savoir que chaque chanoine prébendé,
pour toucher son gros, résidera personnellement pendant seulement
trois mois pour faire son stage dans la dite église sainte-Croix,
et, une fois effectué son stage de trois mois, il percevra son gros,
comme s’il avait résidé continuement et personnellement pendant
six mois dans la dite église ainsi qu’il était coutume.
|
Volentes moderationem, ordinationem,
& constitutionem stagiorum de cætero faciendorum hujusmodi,
per nos ad requisitionem dictorum Decani, & Capituli, pro utilitate
dictæ Ecclesiæ factas, & habitas, ut prædicetur
futuris temporibus ab omnibus, quorum interest, nostri præsentis interpositione
decreti firmiter observari: non obstantibus constitutione, ordinatione,
aut statutis aliquibus in contrarium editis super stagiis hujusmodi faciendis,
juramento, vel alia quavis præedecessorum auctoritate vallatis.
|
Nous voulons que ces réduction, réglemention
et organisation des stages, qu’il faudra suivre à l’avenir, et que
nous avons faites à la demande des dits doyen et chapitre pour l’utilité
de la dite église, réglées comme on vient de le dire,
soient observées fermement aux temps à venir par tous ceux
qui sont concernés en s’appuyant sur notre présent décret,
nonobstant toute organisation, ordonnance ou statuts s’y opposant qui
aurait été édictés sur la manière d’effectuer
ces stages, quand bien même ils seraient garantis par le serment
ou quelque autre marque d’autorité de nos prédécesseurs.
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In cujus rei testimonium ad perpetuam
rei memoriam præsentes litteras sigilli nostri fecimus appensione
muniri.
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En témoignage de quoi, et pour qu’on
en garde mémoire à jamais, nous avons fait certifier la
présente charte en y faisant appendre notre sceau.
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Datum, & actum
apud Stampas, decima nona die mensis Augusti, anno Domini MCCCXXXI.
|
Donné et fait à
Étampes le 19 août de l’an du Seigneur 1331.
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Source: Basile Fleureau, Les Antiquitez de
la ville et du Duché d’Estampes, pp. 378-399. Saisie:
Bernard Gineste, 2012.
|
BIBLIOGRAPHIE
Éditions
Dom Basile FLEUREAU
(1612-1674),
Les Antiquitez de la ville,
et du Duché d’Estampes avec
l’histoire de l’abbaye
de Morigny et plusieurs remarques
considerables, qui regardent l’Histoire
generale de France [in-4°;
XIV+622+VIII p.; publication posthume
par Dom Remy de Montmeslier d’un texte
rédigé en réalité
vers 1668], Paris, J.-B.
Coignard, 1683.
Réédition
en fac-similé: Marseille,
Lafittes reprints,
1997.
Réédition
numérique: Bernard
GINESTE [éd.],
«Dom Fleureau: Les
Antiquitez d’Estampes
(1668)», in
Corpus Étampois,
http://www.corpusetampois.com/index-fleureau.html,
2001-2013.
Ce chapitre: Bernard GINESTE [éd.],
«Dom Fleureau: De I’Eglise collegiale de sainte Croix (1668)»,
in Corpus Étampois,
http://www.corpusetampois.com/che-17-fleureau-c11.html, 2012.
Sur l’église de Sainte-Croix
d’Étampes
Bernard MÉTIVIER et Bernard GINESTE
[éd.], «Philippe Poussin,
chantre de Sainte-Croix: Lettre à Jean-Étienne Guettard
(17 novembre 1776)»,
in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-18-poussin1776aguettardsurstecroix.html, 2013.
Léon MARQUIS, «Rue Sainte-Croix», «Petite-Rue-Sainte-Croix», «Impasse Sainte-Croix» et «Rue de la Juiverie», in ID., Les
rues d’Étampes et ses monuments, Étampes, 1881, pp.
150-154 et 160-161.
Maxime LEGRAND,
«Inscription funéraire
trouvée sur l’emplacement de l’église Sainte-Croix d’Étampes», in Annales de la société historique et archéologique
du Gâtinais 14 (1886), pp. 57-62.
P. QUESVERS et H. STEIN, Pouillé
de l’ancien diocèse de Sens, Paris, 1894.
Maxime LEGRAND
& ANONYME (peut-être Émile HUET) [sous les pseudonymes
de Jean DES ROSEAUX & Noel DES PREZ], «Vieux souvenirs étampois. Les maisons de la
rue Sainte-Croix. Découverte archéologique», in Réveil
d’Étampes 13/16 (samedi 20 avril 1895), p. 3; «Vieux souvenirs étampois. L’église
Sainte-Croix. Découverte archéologique», in Réveil
d’Étampes 13/17 (samedi 27 avril),
p. 2; «Vieux souvenirs
étampois. L’église Sainte-Croix. Découverte archéologique», in Réveil
d’Étampes 13/17 (samedi 27 avril),
p. 2; 13/18 (samedi 4 mai 1995); 13/19 (samedi 11
mai), p. 3 [avec un plan]; 13/21 (samedi
25 mai), p. 3; 13/26 (samedi 29 juin), p. 2; 13/30 (samedi 27 juillet), p. 2; 13/35
(samedi 31 août), p. 1-2; et autres articles que nous n’avons pu
encore consulter dans le même journal, dont les collections publiques
sont incomplètes.
On notera que Michel
Billard (in Morigny-Champigny, Étampes, éditions du
Soleil, 1984, p.11) cite de son côté, sous le n°14 de sa bibliographie de Maxime Legrand: «L’église
Sainte-Croix», in Réveil d’Étampes des 29 juin, 31 août,
14 septembre, 2, 9 et 30 novembre 1895, 4 janvier et 29 février 1896.
É.
COUARD (archiviste du département de Seine-et-Oise), «Église
collégiale de Sainte-Croix d’Étampes», in Archives
départementales antérieures a 1790. Seine-et-Oise. Archives
ecclésiastiques. Série G. Articles 1-1167, Versailles,
Cerf et Cie, 1895, pp. 148-149 (ici).
G.
262. (Liasse.) — 16 pièces, parchemin; 7 pièces, papier.
1441-1790. — Titres
concernant une rente foncière de 6 setiers de blé due
à la chapelle de Sainte-Madeleine, érigée en l’église
collégiale de Sainte-Croix d’Étampes, par les Célestins
de Marcoussis, à raison de leur terre et seigneurie de «Villesauvage»
[hameau d’Étampes]: — Notification par Jean Plumet, prévôt
d’Étampes, d’une transaction conclue devant Oudinet Félix,
clerc, «tabellion juré de l’escripture d’icellui lieu»,
entre les Célestins et Mre Jean de Saint-Rémy, prêtre,
curé de Saint-Basile d’Étampes et chapelain [p.149] de la Madeleine, au sujet d’un demi-muid de
blé dû par les religieux au chapelain, et de 6 sols parisis de
chef cens dû par celui-ci aux religieux, 1441; — sentences: du prévôt
d’Étampes, pour Jean Raclardy, chapelain, contre les fermiers des
Célestins, 1568; du même, contre Pierre Aleps, également
fermier, 1570; du bailli et gouverneur d’Étampes, Michel de Veillard,
écuyer, «seigneur de la Chesnée», pour Jean Durand,
«cappellain de la chappelie Saincte-Marie-Magdelaine», au
sujet des arrérages dus par les Célestins et leur fermier,
1595; — transaction entre les Célestins et Jean Durand, novembre
1595; — notification par Accurse Cassegrain, conseiller du Roi, prévôt
d’Étampes, d’un bail par Jean Durand à Mre Nicolas Charrier,
chanoine de Sainte-Croix, d’un petit jardin sis en la rue de la Plâtrerie,
paroisse Saint-Basile, dépendant de la chapellenie de la Madeleine,
1596; — titre nouvel par les Célestins de Marcoussis, 1647; — extrait
des registres capitulaires, d’où il résulte qu’une délibération,
prise à la date du 16 janvier 1712, constate l’existence d’une redevance
de 6 setiers de blé sur la terre de Villesauvage au profit du chapelain
de la Madeleine qui, lui-même, est tenu de payer aux Célestins
6 sols parisis. — Titres d’une rente foncière de 3 livres due au
Chapitre: — François Meunier, vinaigrier, reconnaît être
détenteur d’une maison avec ses dépendances sise «rue
des Groisonneryes», paroisse Saint-Basile, chargée de 30 sols
tournois de rente perpétuelle envers le chapitre de Sainte-Croix,
1583; — bail dudit immeuble à Jean Duchamp, «exécutteur
des jugemens criminels des bailliage, prévosté et maréchaussée
d’Estampes», à charge de ladite rente perpétuelle, 1641;
— titres nouvels par Jacquette Berger, veuve de Jean Duchamp, 1655, et par
Jacques Maheu en 1666; — procédures
contre Etienne Le Tailleur, jardinier, 1672-1673; — titre nouvel pour 3
livres de rente passé par les enfants d’Etienne Le Tailleur en 1697;
— autres en 1732 et 1759. — Bail fait, en 1728, par le chapitre de Sainte-Croix
d’Étampes, à Etienne Yvon, marchand à Dourdan, de 3
arpents de pré en une pièce sise «en la prairie de Dourdan»,
au chantier des « Fontaines Bouillantes», 1758. — Autre bail
au profit de Jean Baudet, laboureur au petit Villiers, paroisse d’Estouches,
de pièces de terres sises en ce lieu, 1780-1790.
|
Maxime LEGRAND
[texte] & René RAVAULT [dessins], Étampes
pittoresque. Guide du promeneur dans la ville et l’arrondissement [208
p.; 1ère édition du tome 1: La Ville], Étampes,
L. Humbert-Droz & L. Brière, 1897, pp. 81-84.
Maxime LEGRAND, «Notes pour servir
à l’histoire de l’église collégiale Sainte-Croix
d’Étampes», in Annales de la société historique et archéologique
du Gâtinais 19 (1901), pp. 240-293.
Maxime LEGRAND [texte] & René RAVAULT [dessins], Étampes pittoresque. Guide du
promeneur dans la ville et l’arrondissement [208 p.; 2e édition
du tome 1: La Ville], Étampes, L. Humbert-Droz, 1902, pp.
124-130.
Auguste LONGNON, Pouillés de la
province de Sens, Paris, [«Recueil des historiens de
la France. Pouillés»
4] 1904, p. 45, p. 95
Maxime LEGRAND, «Notes pour servir à l’histoire de l’église collégiale
Sainte-Croix d’Étampes», in Bulletin de la Société historique et archéologique
de Corbeil, d’Étampes et du Hurepoix 18 (1912), pp. 44-49.
Léon GUIBOURGÉ, «L’ancienne collégiale
Sainte-Croix», in ID., Étampes, ville royale [253 p.],
Étampes, chez l’auteur (imprimerie de la Semeuse), 1957,
pp. 91-95.
Bernard
GINESTE [éd.], «Léon Guibourgé: L’église Sainte-Croix d’Étampes (1957)», in Corpus Étampois,
http://www.corpusetampois.com/che-20-guibourge1957etampes303saintecroix.html, 2004.
Michel BILLARD, «La
collégiale Sainte-Croix, fondée par Philippe Auguste au temps
des Croisades», in ID., Églises et chapelles d’Étampes,
autour de Notre-Dame, Étréchy, Soleil natal, 1988, pp.
71-76.
Monique CHATENET, «La
collégiale Sainte-Croix d’Étampes», in Julia
FRITSCH et Dominique HERVIER [dir.], Étampes, un canton entre
Beauce et Hurepoix, Paris, éditions du Patrimoine, 1999, pp.
97-99 et notes 243-255 page 208.
Cette archiviste allègue
notamment les quatre cotes suivantes: 1) AD89 G
48 n°3 et G 53 n°4 (état du chapitre au XVIIIe siècle
réduit à un chantre, huit chanoines et huit chapelains);
2) III Q 25 (inventaire du 13 au 20 octobre 1790); 3) AD78 I Q 53 (vente comme bien national à Pierre Angot
qui la détruit; plan); 4) AD91 matrices cadastrales (de 1824).
Bernard GINESTE, «Rabbi Nathan ben Meshullam
et les rabbins étampois du XIIe siècle», in Cahier
d’Étampes-Histoire 5 (2003), pp. 14-24.
Bernard DUCLOS & Bernard GINESTE [éd.],
«Chapitre de Sainte-Croix d’Étampes: Quittance de cens
pour une maison et un jardin (15 octobre 1750)», in Corpus
Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-18-stecroix1750quittancedecensbrict.html,
2007.
Bernard MÉTIVIER
et Bernard GINESTE [éd.], «Maxime
Legrand: Sur l’église Sainte-Croix d’Étampes (20 publications,
1886-1912)», in Corpus
Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-20-legrand1886-1912stecroix.html, 2013.
Toute
critique, correction ou contribution
sera la bienvenue. Any criticism or contribution
welcome.
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