Les Antiquitez de la Ville
et du Duché d’Estampes
Paris, Coignard, 1683
Deuxième Partie,
Chapitre IX,
pp.
363-367.
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Description de la Chasse.
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DEUXIÈME PARTIE,
CHAPITRE IX.
Description de la Chasse.
LA Chasse où reposent les saintes
Reliques est l’une des plus belles que l’on puisse voir. La matiere en
est pretieuse; mais l’artifice de l’ouvrage la surpasse: elle est de lames
d’argent doré, du poids de prés de deux cent marcs appliquées
sur un coffre de bois, de longueur par le haut sur le comble de trois
pieds neuf pouces: par le bas, compris le soubassement, de quatre pieds
un poulce: de hauteur, deux pieds & demi, de l’argeur [sic] par le bas, de dix-huit poulces deux
tiers, & par le milieu de quatorze poulces. Le comble a onze poulces
de hauteur. Toutes les figures sont en bas relief. A l’un des bouts est
une figure de Nôtre Seigneur Jesus-Christ, faisant la benediction de
la main droite, & de l’autre tenant le Globe du monde chargé d’une
Croix: au dessus une planchette d’argent soutenant la figure, sur laquelle
sont ces mots écrits, Salvator mundi. Il y a
au dessus un chapiteau pointé de six fleurons; & au derriere
de la tête une rose environnée de pierreries.
Au
bout opposé de la même Chasse, est une image de Nôtre
Dame, assise en une chaise, bordée de Fleurs-de-Lys, & le
fonds de rosettes, tenant le petit JESUS. Les têtes de l’un, &
de l’autre sont ornées dc diadêmes enrichis de pierreries,
& au bas sur la planchette qui soutient l’image, sont ces mots, Regina
cœli.
A chacun des coins
de la Chasse, il y a deux pilliers en pointe continuans de bas en haut,
& au milieu des deux, dans de petites niches les images des quatre
Patrons des quatre autres Paroisses de la ville, & des fauxbourgs,
saint Basile, saint Gilles, saint Martin, & saint Pierre. A chacun
des côtez il y a cinq niches distinguées par des pilliers &
couvertes de chapiteaux ornez de fleurons, & autres embellissemens,
où sont les figures suivantes. La premiere qui se presente en tournant
à la main droite du Sauveur, est celle du Comte Sisinius qui fit executer
les saints Martyrs.
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Le Christ en Salvator Mundi
(enluminure flamande, vers 1490)
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La seconde est celle de sainte Cantienne à genoux, & à
son côté la figure d’un executeur de justice debout, tenant
une épée levée, comme pour la decapiter.
La troisiéme, est l’image de saint
Cantien, au dessus du col duquel [p.364]
est un diadême garni de pierreries,
& au milieu un soleil émaillé de bleu azuré.
La quatriéme est celle de saint
Can, avec un pareil diadême au dessus du col.
Et la derniere figure de ce côté-là,
est celle de Prothus, Precepteur de ces Saints qui fut couronné
du Martyre avec eux.
Dans
la premiere niche de l’autre côté de la Chasse, proche de
l’image de saint Pierre, est la figure de saint Barthelemy Apôtre,
tenant un couteau à la main, instrument de son Martyre, avec un
diadême au dessus de sa tête garni de pierreries.
Dans la deuxiéme est l’image de
saint Pierre Apôtre, tenant d’une main un livre, & de l’autre
des clefs, le Chef couvert d’un diadême garni de pierreries.
Dans la troisiéme est la figure
de saint Matthieu, tenant une épée pour marque de son Martyre,
couronné d’un diadème pareil aux autres.
L’image de saint André Apôtre,
est dans la quatriéme niche. Il tient une Croix, instrument de
son Martyre, & a pareillement la tête ornée d’un diadême.
Et dans la cinquiéme est l’image
de l’Apôtre saint Paul, qui tient d’une main une épée,
& de l’autre un livre, le Chef couronné comme les autres.
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Martyre des sts Can, Cantine et Cantienne
(Notre-Dame d’Étampes, fin VIIe siècle)
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Tout le tour de la Chasse, tant de long que de large est orné d’une
bordure frisonnée, & garnie dc fleurons, & au dessus entre
les images, l’argent en feuille est chargé de plusieurs fleurons,
& marques en forme de roses, le tout par quarrez, avec plusieurs
pieces au dessus, & à côté des chapiteaux.
Le couronnement de la Chasse est garni
tout au tour de fleurons: Les deux costez du comble de la couverture
sont d’argent doré, marqueté, & façonné
de fleurs-de-lys en bosse, & par quarrez, & aux quatre coins
de chaque quarré sont plusieurs fleurs blanches mélées
d’azur, & de violet.
Le couronnement du comble est garni au
dessus de fleurons, & au dessous de fusées. Aux deux bouts
dudit comble sont deux figures en bosses, l’une de la sainte Vierge couronnée
d’un diadême & l’autre d’un Ange, tenant un écriteau
où sont ces paroles, Ave gratia plena, &
au milieu est un pot à bouquets, & dedans un bouquet de trois
fleurs-de-lys, dont la tige est de couleur verte.
Le dessous de la même chasse est
pareillement couvert de lame [sic] d’argent
faites en quarré, avec plusieurs navreuses [sic] sans dorure: [p.365] &
au milieu est un petit rond, dans lequel sont les armes d’un Comte d’Estampes
de la maison d’Evreux. La raison pourquoy ces armes sont posées
en ce lieu, est qu’Etienne Poncher, qui avoit esté fait d’Evêque
de Paris, Archevêque de Sens, aiant défendu dans un Concile
qu’il avoit celebré à Paris l’usage des bâtons de
Confrairies, Messieurs de Nôtre-Dame jugerent à propos de
se défaire d’un bâton d’argent qui servoit à la Confrairie
des saints Martyrs, & le firent reduire en lames pour couvrir le dessous
de la Chasse, qui restoit seul à revétir d’argent, pour accomplir
le vœu que la ville en avoit fait quelques années auparavant. Et
parce que la tradition de ce temps-là portoit que ce bâton
avoir esté donné à cette Confrairie par Loüis d’Evreux
Comte d’Estampes, on mit au dessous de la Chasse les armes de ce Comte:
comme aussi à une Pixide, à un Calice & à des Burettes
d’argent doré fleurdelisées avec des raiz solaires, qui furent
faites de l’argent qui resta de ce bâton, & de quelque autre
vieille argenterie de l’Eglise de Nôtre-Dame, comme on l’apprend
par l’acte suivant du même Archevêque.
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Bâton berrichon (XVIIe siècle)
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Stephanus Archiep. Senonensis Cantori & Capitulo Beatæ
Mariæ Stampensis. Notum facimus universis præsentibus &
futuris, quòd cùm sæpè prohibuerimus in percelebri
Concilio nudiùs tertius per nos Parisiis celebrato, ne deinceps
in Ecclesiis vel extra, baculi, quos Confratriarum bastones vocant, defferantur [sic], nec de cætero erigantur, sed & extantes aboleantur,
quibus mandatis nostris, præfati Cantor
& Capitulum parêre cupientes unanimiter decreverunt ut baculus
quidam argenteus Beatorum Martyrum Cantii, Cantiani & Cantianillæ
simulachra effigiemque cujusdam Satellitis ac… repræsentans: quem
quidem baculum à multis annis Ludovicus d’Evreux Stamparum Comes
Ecclesiæ præfatæ, ut à quibusdam ferebatur, donaverat,
in alios usus necessarios & ad ipsius Ecclesiæ decorem utiliter
commutaretur, quasi aliàs futurus inutilis, illa mediante prohibitione
nostra, decreverunt simul ut cum illo baculo commutarentur calices aliquot
rupti & ampullæ parvæ, ex [sic, lisez: et] argentei disci vetustate corrupti: Eaque omnia ut commutaret [sic], & ita commutaverant [sic], & pro iis emerunt pergrandem Calicem auratum, sole, lilii
floribus insignitum una cum insignibus & armis præfati Comitis,
nec non variis Christi paßionis historiis decoratum; emerunt pariter
ampullas duas, sole & auro illustratas, duos baßinos, Calices
duos mediocres, Casulas, Tunicas aliaque id genus Ecclesiarum ornamenta:
quin & sacrarii corporum Martyrum, quod capsam vocant, fundum operculo
argenteo insignibus [p.366] &
armis prædicti Domini Comitis munito ditaverunt; ad quodbb ex prædecessorum
suorum voto jam diù tenebantur, quæ omnia ab eis fieri non
potuerunt, nec facta sunt, nisi longiore & excellenti labore. Datum
an. Domini MDXXIII. Die sexta Augusti.
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Dont traduction en Annexe 1
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Pour augmenter la devotion du peuple d’Estampes, & des lieux circonvoisins
envers les Saints Martyrs, le Pape Urbain VIII. d’heureuse memoire, par
son Bref du 7. Juin 1634. a accordé à perpetuité Indulgence
Pleniere à tous les Fideles de l’un & de l’autre sexe, inscrits
& à inscrire en la Confrairie erigée dans l’Eglise de Nôtre-Dame
à l’honneur de ces Saints; lesquels confessez & communiez, où
s’ils ne peuvent, êtans vrayemcnt contrits, prononceront de bouche,
ou s’ils ne le peuvent de cœur seulement, à l’article de la mort,
le saint nom de JESUS. Et tous les ans, à ceux qui pareillement confessez
& communiez visiteront l’Eglise où ladite Confrairie est établie,
& y feront des prieres pour l’extirpation des Heresies, l’exaltation
de la sainte Eglise, & pour la Paix & concorde entre les Princes
Chrétiens, depuis les premieres Vêpres, jusques au Soleil couché
du jour suivant; le jour de la Feste de ces glorieux Martyrs, 31. de May,
le jour de la circoncision de Nôtre Seigneur; la troisiéme Ferie
de Pâques; le quatriéme jour d’Aoust auquel on solemnise la
translation des mêmes Saints: & le premier Dimanche d’Octobre que
l’on celebre la Dedicace de la même Eglise.
Le même Souverain Pontife accorde
outre cela, à tous les Confreres inscrits & a inscrire de
l’un & de l’autre Sexe, soixante jours d’Indulgence des Penitences
qui leur sont, ou qui devroient leur étre enjointes & imposées
suivant l’usage de l’Eglise, toutes les fois qu’ils assisteront aux
Messes & aux autres Offices divins dans l’Eglise où est cette
Confrairie: où [sic] aux
assemblées publiques ou particulieres qui s’y font: ou qu’ils
logeront des pauvres dans leurs maisons: ou qu’ils pacifieront ou moyenneront
quelque reconciliation entre ceux qui seront en inimitié: ou qui
accompagneront à la sepulture les corps des Confreres decedez: ou
qui assisteront à toutes les Processions que l’on fera par la permission
de l’Ordinaire: ou qui accompagneront le Saint Sacrement tant dans les Processions,
que quand on le portera aux malades: ou s’ils ne peuvent l’accompagner,
diront une fois l’Oraison Dominicale, & la salutation Angelique lors
qu’ils entendront sonner la cloche pour le porter: ou cinq fois les mêmes
Oraisons Dominicale & Salutation Angelique pour le repos des Ames des
Confreres [p.367] de l’un & de l’autre sexe decedez: ou qui remettront en
voye de Salut quelque devoyé: ou qui enseigneront aux Ignorans les
Commandemens de Dieu & les choses necessaires à salut: ou feront
quelqu’autre œuvre de pieté.
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Urbain VIII (1623-1644) par Le Bernin
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Outre la Chasse d’argent doré il y en a encore une autre, dans
la même Eglise, plus petite, de bois doré*, dans laquelle
sont des vétemens des Saints Martyrs dont j’ay parlé; &
des Reliques d’autres Saints.
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* Elle est à present couverte d’argent.
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L’Image de Nôtre Dame en bosse, d’argent doré du poids de
huit marcs, tenant sur son bras gauche le petit Jesus, & de la main
droite un bouquet chargé de douze grosses Perles, passe pour un
bien-fait du méme Comte d’Evreux, à cause de sa devotion envers
la Sainte Vierge & que ses armes sont au dessous: elle renferme dans
le pied un Voile de la même Sainte Vierge.
Jean Duc de Berry, qui fut Comte d’Estampes
aprés Louis d’Evreux II. du nom, donna au Chantre, & aux Chanoines
de Nôtre-Dame, par acte du 13. Avril avant Pâques 1404. une
amende de cent livres tournois, à laquelle Philippe & Jean de
l’Humery freres avoient esté condamnez, pour étre employée
à mettre en argent une Relique que luy-méme avoit donnée
à leur Eglise. Cette Relique est un os confiderable de saint Matthieu
Apôtre, car il n’y a à Nôtre-Dame que cette Relique enchassé
en argent. La tres-precieuse Relique du bras de saint Jean Chrisostome
l’un des quatres Docteurs de l’Eglise Grecque, est dans un bras de bois
doré, soûtenu par un Ange de même matiere.
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Jean de Berry en prière
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NOTES
La Chasse. On notera que Fleureau ne fait
pas usage de l’accent circonflexe aujourd’hui de rigueur. Le mot châsse vient du latin capsa qui
a donné aussi le français caisse. Il a désigné
en latin classique une boîte à livre ou à papier
puis une caisse à fruits. En latin médiéval (capsa,
cassa, chassa, chassia, chaxa, chaxia), il désigne une châsse
ou reliquaire, occasionnellement un ciboire, voire le châssis d’une
fenêtre. Ci-contre, la châsse de saint Taurin, ciselée
en 1253 et conservée à Évreux, qui a échappé
à la fureur des révolutionnaires de 1793 grâce à
la complicité de la municipalité, moins veule que celle
d’Étampes (Voyez Giverny New, le blog d’Ariane, guide
à Giverny, http://givernews.com/?2007/03).
Lames d’argent doré, du poids de prés
de deux cent marcs. Le marc est une unité de masse
d’ancien régime valant 244,7529 g. Deux cents marcs valent
donc environ 4,9 kg.
De longueur
par le haut sur le comble de trois pieds neuf pouces. Le
pied-du-roi valait 32,484 cm et le pouce 2,707 cm. Trois pieds neuf pouces valaient donc 121,8 cm. Par le bas, compris le soubassement, de quatre pieds
un poulce, soit 132,6 cm. De hauteur, deux pieds & demi, soit 81,2
cm. De l’argeur par le
bas, de dix-huit poulces deux tiers, soit 50,5 cm. Par le milieu de quatorze poulces, soit
37,9 cm. Le comble a onze poulces de hauteur, soit 29,8
cm.
Salvator
mundi. C’est-à-dire le Sauveur du Monde,
locution biblique (Genèse XLI, 45) appliquée à
Jésus-Christ (Évangile de Jean IV, 42; Première
lettre de Jean IV, 14). Il s’agit d’un type iconographique traditionnel
où le Christ est représenté, comme précisé
en ce cas, bénissant de sa main droite et tenant le globe cosmique
de la main gauche.
Regina cœli. C’est-à-dire
la Reine du Ciel, locution non biblique, titre accordée
par la tradition catholique à la Vierge Marie qui, selon une tradition
attestée dès le second siècle, aurait été
élevée au ciel par le Christ auprès de lui, au terme
de sa vie terrestre. Ce sont aussi les premiers mots d’une hymne mariale
du XIIe siècle. La prière du Regina Caeli remplace
la prière de l’Angélus durant tout le temps pascal
(de la nuit de Pâques à la Pentecôte), à 7h00
(ou 8h00), 12h00 et 19h00.
Saint Barthelemy Apôtre, tenant un couteau à la main.
La tradition dominante veut que Barthélémy ait été
écorché vif. Il est donc le saint patron des bouchers
et des tanneurs. La rue de la Tannerie, à Étampes,
appartenait bien à la paroisse Notre-Dame, et la corporation des
tanneurs étampois devait alors être aussi riche que généreuse
pour la paroisse. C’est ce qui explique sans doute que Barthélémy
fasse partie des trois apôtres choisis pour être représentés
sur la châsse avec saint Pierre et saint Paul.
Saint
Pierre Apôtre, tenant d’une main un livre, & de l’autre des
clefs. Ce livre est un attribut
plutôt rare, dont la signification n’est pas évidente:
il symbolise sans doute son œuvre d’évangélisation. Saint
Pierre est le fondateur de l’Église romaine et représente
son autorité indiscutée dont se réclament les papes,
comme du reste de Paul, aussi représenté sur la châsse.
Saint Matthieu,
tenant une épée. Comme tous les apôtres
il serait mort martyr, exécuté, selon une tradition bien
tardive, en Éthiopie, pour y avoir préconisé la
chasteté à des princesses du lieu. C’est rarement en temps
que martyr qu’il est représenté: l’iconographie la plus courante
le présente plutôt comme un évangéliste. Originellement
publicain, c’est-à-dire percepteur, il devint naturellement au Moyen
Age le saint patron des banquiers et des percepteurs. Ces derniers ont
pu être aussi généreux pour la paroisse que les tanneurs.
Mais la présence sur cet apôtre sur reliquaire s’explique
peut-être surtout par le fait que le chapitre possédait aussi
une relique de saint Matthieu mentionnée un peu plus loin par Fleureau.
Saint André
Apôtre... tient une Croix. Il aurait été
crucifié à Patras dans le Péloponnèse. Il
fut au Moyen Age le saint protecteur des états bourguignons. C’est
peut-être l’explication de sa présence sur le reliquaire,
car le comté d’Étampes a été tenu par Philippe
II le Hardi, duc de Bourgogne, à partir de de 1388 à 1404
(comte en titre d’Étampes comme héritier de Jean de Berry,
mais sans l’usufruit), par Jean Sans Peur, duc de Bourgogne, de 1404 à
1419 (fils du précédent, qui ne jouit de l’usufruit qu’à partir de 1416), puis par Philippe III le Bon, duc de
Bourgogne de 1419 à 1434 (fils du précédent, à
qui la possession d’Étampes fut contestée à partir
de 1421), puis par Jean de Nevers, dit aussi de Bourgogne, de 1434 à
1478 (la possession lui en étant contestée tout du long).
A partir de 1421, la possession d’Étampes est en effet contestée
aux Bourguignon par les Bretons, d’abord par Richard de Bretagne, de 1421
à 1438, puis par sa veuve Marguerite d’Orléans, de 1438 à
1466 et par son fils, François II, de 1438 à 1478, date à
laquelle Étampes revient en droit comme en fait à Jean de
Foix. Ci-contre, saint André (sanctus Andreas) sur un florin
émis vers 1475 par Charles le Téméraire.
Saint Paul, qui tient d’une main une épée, & de
l’autre un livre. Il aurait été décapité
à Rome. Le livre symbolyse sans doute comme
dans le cas de Pierre son œuvre d’évangélisation.
Bordure
frisonnée. Il est peu de dictionnaire à présenter
ce verbe “frisonner”, qui paraît
un simple synonyme de “boucler, friser, frisotter, moutonner, onduler”. Selon
Littré (qui ignore le verbe) “frison” est un “terme familier” désignant
“chacune des boucles d’une frisure”.
Le
tout par quarrez. Quarré est une graphie archaïsante
pour carré.
au dessus
de fleurons, & au dessous de fusées. Un fleuron est un ornement en forme de fleur stylisée. En terme
d’architecture, de sculpture et d’orfèvrerie, c’est une feuille
ou une fleur détachée. La fusée est originellement
la masse de fil enroulée sur le fuseau qui provient de la
filasse de la quenouille. En terme de blason, c’est un meuble de l’écu
en forme de losange parfois allongé et un peu arrondi sur les côtés.
Pour comparaison, observez ci-contre un détail de la châsse
de saint Taurin, ciselée en 1253. Le travail de la châsse
étampoise ne devait pas être moins raffiné.
Ave
gratia plena, c’est-à-dire Salut Pleine de
grâce, parole prononcé par l’ange Gabriel à la
Sainte Vierge lors de la scène de l’Annonciation (Évangile
de Luc I, 28), parole reprise au début de la prière
Je vous salue Marie pleine de grâce, etc.
Couvert
de lame d’argent faites en quarré, avec plusieurs navreuses sans
dorure. Ce mot de “navreuses” n’ayant
pas de sens, il faut peut-être lire “nerveures”, c’est-à-dire
“nervures”.
Etienne
Poncher, qui avoit esté fait d’Evêque de Paris, Archevêque
de Sens. Évêque de Paris de 1503 à
1519, archevêque de Sens de 1519 à 1525. Rappelons que le
diocèse de Paris appartenait à l’archidiocèse de
Sens sous l’Ancien Régime. Voyez sa biographie en Annexe 1b.
Loüis
d’Evreux Comte d’Estampes. On remarquera que Fleureau, ni
les chanoines de son temps, ne savent plus s’il s’agit de Louis Ier, qui
tint Étampes de 1318 à 1336, ou de
son fils Louis II, qui tint ce comté de 1336 à 1400.
Stephanus
Archiep. Senonensis etc. Ce texte paraît légèrement
corrompu en certains endroits. Dont traduction en Annexe
1.
Cantori. Le
chantre de Notre-Dame d’Étampes en 1523 paraît avoir été
Jean Guichard, d’après la liste qu’a donné Fleureau au chapitre
7, p. 353.
defferantur. Il faut sans doute lire deferantur.
ampullæ parvæ. “de petites ampoules”. On conservait dans ces fioles soit l’huile destinée aux
onctions, ou bien l’eau et le vin versées dans le calice lors de
la messe.
Le Pape Urbain VIII. d’heureuse memoire.
Il a exercé son pontificat 1623 à 1644. Rappelons que
Fleureau rédige son ouvrage vers 1668.
Indulgence Pleniere. Dans la doctrine catholique,
le péché est effacé par le sacrement de la réconciliation.
Mais ce sacrement n’enlève pas la peine temporelle due au péché,
qui se traduit généralement par un temps de purgatoire,
compté au Moyen Age en nombre de jours (ce qui a été
le cas jusqu’en 1967!). Cette peine temporelle peut être atténuée
voire effacée par l’indulgence.
L’indulgence est dite partielle ou plénière,
selon qu’elle libère partiellement ou totalement de la peine temporelle
due pour le péché.
Depuis
les premieres Vêpres, jusques au Soleil couché du jour suivant.
Les premières vêpres sont célébrées
le soir de la veille des fêtes solennelles, par opposition aux secondes
vêpres qui le sont le soir du jour même.
Diront
une fois l’Oraison Dominicale, & la salutation Angelique,
c’est-à-dire un Notre Père et un Je vous salue.
Une ... de bois dorée... Elle est à present
couverte d’argent. Il est à croire que cette note est
de l’éditeur posthume, et que la deuxième châsse fut
couverte d’argent entre 1668, date de la première rédaction
de l’ouvrage, et 1683, date de sa publication posthume.
L’Image de Nôtre Dame en bosse, d’argent doré
du poids de huit marcs. Soit 1,958 kg.
Jean Duc
de Berry, qui fut Comte d’Estampes aprés Louis d’Evreux II. du
nom. Jean de Berry acquit dès 1385 par échange
le droit d’hériter du comté d’Étampes mais n’en jouit
effectivement qu’à partir de 1400, date de la mort de Louis II,
jusqu’en 1416.
Philippe
& Jean de l’Humery freres. L’Humery ou Lhumery (l’orthographe
hésite encore de nos jours) est un hameau de la commune d’Étampes.
La... Relique du bras de saint Jean Chrisostome....
dans un bras de bois doré, soûtenu par un Ange de même
matiere. Ce reliquaire de saint Jean Chrysostome, qui
n’avait rien de précieux, a été épargné
par les révolutionnaires.
Bernard Gineste, juillet
2007
Toute critique ou contribution
sera la bienvenue. Any criticism or
contribution welcome.
|
ANNEXE
1
Charte d’Étienne
Poncher, archevêque de Sens, datée de 1523
texte et
traduction
Il est
clair que le texte consulté par Fleureau, sans doute dans les archives
de Notre-Dame, était abîmé ou illisible, notamment
dans un passage qu’il laisse en blanc. Mais le texte paraît aussi
légèrement corrompu en certains endroits. Sur le fond, on
pourrait se demander quel est le but de cette charte d’Étienne Poncher.
Je n’en vois qu’un possible: la fonte de ce bâton de procession avait
dû susciter une certaine émotion populaire, car on sait que
dans le fait l’usage de ces objets s’est conservé jusqu’à
la Révolution. Aussi cette charte a-t-elle due être demandée
à l’archevêque par les chanoines eux-mêmes, pour justifier
aux yeux de leurs fidèles cet outrage fait à la coutume.
Bernard Gineste, novembre
2008.
Texte latin donné par
Fleureau (1683)
(corrompu en plusieurs endroits)
|
Traduction proposée
par B. G. (2007)
|
Stephanus Archiep. Senonensis (1)
Cantori & Capitulo Beatæ Mariæ Stampensis.
Notum facimus universis præsentibus
& futuris, quòd
|
Étienne archevêque de Sens (1) au chantre et au
chapitre de Notre-Dame d’Étampes. Nous faisons savoir à
tous les personnes présentes et à venir ceci.
|
cùm
sæpè prohibuerimus in percelebri Concilio (2)
nudiùs tertius (3) per nos Parisiis celebrato, ne deinceps in Ecclesiis vel extra,
baculi, quos Confratriarum bastones vocant, defferantur (4), nec de cætero erigantur, sed & extantes aboleantur
(5),
|
Nous avons souvent défendu lors du très grand synode (2)
réuni tout récemment (3), que l’on tienne
désormais en honneur (4) des bâtons
appelés bâtons de confrérie, ni qu’on en fasse
à l’avenir, et qu’on détruise même ceux qui existent
(5).
|
quibus mandatis nostris, præfati Cantor
& Capitulum parêre cupientes unanimiter decreverunt ut baculus
quidam argenteus Beatorum Martyrum Cantii, Cantiani & Cantianillæ
simulachra effigiemque cujusdam Satellitis ac… repræsentans: quem quidem baculum à multis annis Ludovicus d’Evreux Stamparum
Comes (6) Ecclesiæ præfatæ, ut à quibusdam ferebatur,
donaverat, in alios usus necessarios & ad ipsius Ecclesiæ decorem
utiliter commutaretur, quasi aliàs futurus inutilis, illa mediante
prohibitione nostra,
|
Désireux d’obtempérer
à nos ordres, les susdits chantre et chapitre ont unanimement décidé
avantageusement de fondre à d’autres fins utiles et pour l’embellissement
de la dite église un certain bâton d’agent portant représentation
des saints martyrs Can, Cantien et Cantienne et l’image d’un certain
sbire et de [lacune], bâton qui avait été
donné à la sudite église il y a nombre d’années, au rapport de certains, par Louis
comte d’Évreux (6), puisqu’il serait autrement inutile du fait de la notre sudite
interdiction.
|
decreverunt simul ut cum illo baculo commutarentur calices aliquot
rupti & ampullæ (7) parvæ, ex [sic, lisez: et] argentei disci (8)
vetustate corrupti: Eaque omnia ut commutaret [sic: decreverant?], & ita commutaverant [sic: communtaverunt?] (9), & pro iis emerunt pergrandem Calicem auratum, sole, lilii
floribus insignitum (10) una cum insignibus & armis præfati Comitis, nec non
variis Christi paßionis historiis decoratum; emerunt pariter ampullas duas, sole & auro illustratas, duos
baßinos, Calices duos mediocres, Casulas, Tunicas aliaque id genus
Ecclesiarum ornamenta:
|
Et ils ont décidé de faire fondre avec ce bâton quelques
vieux calices brisés, de petits burettes (7) et des patènes (8)
d’argent abîmés par le temps, et ils [ont fait fondre] aussi
tout cela comme ils [l’avait décidé] (9), et à leur place ils se sont
fait faire un très grand calice doré décoré
d’un soleil, de fleurs de lys (10) en même temps que des armes du susdit comte ainsi que
de scènes variées de la Passion du Seigneur. Ils se sont fait
faire pareillement deux burettes ornées d’un soleil et d’or, deux
bassins, deux calices de taille moyenne, des chasubles, des habits liturgiques
et d’autres ornements ecclésiastiques de ce genre.
|
quin
& sacrarii corporum Martyrum, quod capsam vocant, fundum operculo
argenteo insignibus [p.366] &
armis prædicti Domini Comitis munito ditaverunt; ad quod ex prædecessorum
suorum voto jam diù tenebantur, quæ omnia ab eis fieri non
potuerunt, nec facta sunt, nisi longiore & excellenti labore.
|
Bien plus ils ont enrichi le fond du reliquaire des corps des martyrs
appelé châsse d’un couvercle d’argent portant les insignes
et les armoiries du susdit comte. Il y étaient
tenus depuis longtemps déjà par le vœu de leurs prédécesseurs.
Toutes ces réalisations n’ont pu être effectuées,
et n’ont été effectuées, qu’au prix d’un travail assez
long, et excellent.
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Datum an. Domini MDXXIII. Die sexta Augusti.
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Donné
l’an du Seigneur 1523, le six août.
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NOTES DE B. G.
Bâton
berrichon
(XVIIe siècle)
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(1) Étienne Poncher (1446-1525), archevêque
de Sens (1519-1525). Voyez notre Annexe 1b, où
nous donnons sa biographie tirée du Gallia Christiana français,
alias La France Pontificale de Fisquet.
(2) Ce synode parisien
eut lieu selon Fisquet en mars 1523, quelque cinq mois avant cette charte.
(3) Nudius tertius signifie théoriquement “avant-hier”,
mais est évidemment pris ici, d’après le contexte, au sens
large de “tout récemment”, puisque l’archevêque fait état
de l’application des consignes reçues lors de ce synode, et en
l’occurence de faits postérieurs s’étendant
sur une certaine durée, d’au moins plusieurs mois.
(4) Le mot defferantur qu’il faut
lire deferantur, est pris en un sens non classique
(quoi qu’en semble dire par erreur le Lexicon de Niemeyer), celui
de “honorer”. Même en
français d’ailleurs, selon le très excellent Dictionnaire
historique de la langue française de Rey (2e édition),
ce sens “extensif” du verbe, celui de “conférer un honneur” n’est
attesté qu’à l’époque moderne, en 1541; de même déférence n’est attesté
que vers 1628 au sens de “respect, égards”.
(5) On remarquera
que cette prohibition des bâtons de confrérie a été
émise lors d’un synode provincial dont l’objet principal était
selon Fisquet “la condamnation de deux libelles
publiés par les luthériens contre le célibat des
prêtres”, et près d’une génération
avant le concile de Trente. Ceci donne de l’eau au moulin des historiens
récents qui pensent que le terme de Contre-Réforme est impropre,
et qu’il faut lui préférer le terme de Réforme catholique,
parce que le catholicisme était en déjà entré
dans un processus de réformation, au moins depuis la fin du XVe siècle.
(6) Soit Louis
Ier comte d’Évreux, baron d’Étampes de 1307 à 1318,
ou bien plutôt Louis II d’Évreux seul à proprement
parler comte d’Étampes de 1336 à 1400. On remarquera que
Fleureau ne se prononce pas.
(7) Le mot ampulla
peut désigner une “ampoule”, c’est-à-dire le récipient où l’on conserve
l’huile destinée aux onctions, mais aussi selon le Lexicon
de Blaise (et celui de Maigne d’Arnis reproduit par Migne) une “burette”, petit
vase où on met soit l’eau ou le vin destinés à la
messe, et le contexte est plutôt favorable à cette dernière
interprétation.
(8) Discus, littéralement “plat”, désigne ici évidement
la patène, petite assiette sur laquelle le prêtre,
lors de l’offertoire, pose l’hostie qu’il va consacrer.
(9) Ce passage est visiblement corrompu, pour une raison ou pour
une autre.
(10) Ces fleurs de lys peuvent se rapporter tant à
Vierge Marie, patronne de la collégiale Notre-Dame, qu’au roi de
France à qui est réservé le titre d’abbé de
Notre-Dame d’Étampes, dont le chapitre est en fait dirigé
pour cette raison par le Chantre.
Éditions
Dom Basile FLEUREAU, Antiquitez de la Ville
et du comté d’Estampes, Paris, Coignard, 1683, pp. 365-366.
Bernard GINESTE, «Étienne Poncher,
archevêque de Sens: Approbation de la fonte d’un bâton
de confrérie par le chapitre de Notre-Dame d’Étampes
(6 août 1523)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-17-fleureau-c09.html#annexe01,
2008.
B.G. novembre 2008
|
ANNEXE
1b
Honoré
Fisquet (1865)
Étienne II de
Poncher (1519-1525)
90. — ETIENNE II DE PONCHER
(1519-1525).
Etienne de Poncher né à Tours, en 1446,
était fils de Martin de Poncher, échevin de cette ville et
receveur des aides et ga belles au pays du Maine, et de Catherine Belin.
Jeanne, sa sœur, fut la première femme de noble et puissant seigneur
Pierre Le Gendre, seigneur d’Àlincourt, de Magny et autres terres,
trésorier de France. La seconde femme de ce dernier fut Charlotte
Briconnet, nièce de Guillaume, cardinal Briçonnet, ministre
du roi, et de Robert Briçonnel, archevêque de Reims, chancelier
et pair de France. Pierre Le Gendre mourut sans enfants après avoir
eu de son mariage, avec Charlotte Briçonnet, deux filles qui décédèrent
le même jour. Par son testament en date du 15 novembre 1524, il institua
pour son légataire universel Nicolas de Neufville, seigneur de Villeroi,
son arrière-neveu, qu’il préféra aux autres descendants
de ses sœurs, mais à la condition de prendre le nom et les armes de
la maison Le Gendre. Nicolas de Neufville, dit Le Gendre, satisfit à
cette condition qui ne s’étendait pas au [p.107] delà du légataire. De la
famille de Pierre Le Gendre d’Alincourt, sortit Claude Le Gendre, abbé
d’Auberive, au diocèse de Langres, que les auteurs de
la Gallia Christiana ont indiqué comme fils de Pierre Le
Gendre, maître des requêtes, tandis qu’il était fils
de Paul Le Gendre, seigneur de Lormoy, maître des requêtes,
et de Françoise de Chaumes.
Après avoir étudié et enseigné
avec la plus grande distinction le droit civil et canonique, Etienne de
Poncher obtint, en 1485, une charge de conseiller-clerc au parlement de
Paris, et y devint en 1498, président aux enquêtes. Il fut
également pourvu d’un canonicat dans les églises de Saint-Aignan
d’Orléans, de Saint Gatien de Tours, de Saint-Martin de la même
ville, et depuis 1491, était chancelier de l’Eglise et de l’Université
de Paris, chancelier du duché de Milan, et aussi de l’ordre royal
et militaire de Saint-Michel. Après la mort dé Jean Simon
de Champigny, évêque de Paris, les chanoines de Paris se réunirent
le 31 décembre 1502, pour fixer le jour où pourrait avoir,
lieu l’élection de son successeur. Ayant reçu du roi Louis
XII des lettres datées du 20 janvier 1503, qui leur recommandaient
Etienne de Poncher, son chancelier, ils l’élurent le 3 février
suivant, et aussitôt après, dès le 6 de ce mois, envoyèrent
deux d’entre eux à Milan avertir de leur choix ce prince qui se
trouvait alors en cette ville avec Etienne.
Ce dernier vit sa nomination confirmée par le Saint-Siége,
le 15 du même mois, et après avoir été sacré
à la fin de mars, fit prendre possession, le 12 avril, par Gaillard
Ruzé, son procureur, et, le 30 du même mois, il prêta
entre les mains du roi, serment de foi et d’hommage. Lui-même fit,
le 21 mai suivant, son entrée solennelle dans son Église,
porté, selon l’usage, par les seigneurs feudataires de l’évêché,
c’est-à-dire, par les barons de Chevreuse, de Montmorency, de Massy,
de Montjay, de la Queue et de Luzarches.
Le lendemain de cette cérémonie, Etienne
reçut dans sou palais épiscopal, les hauts fonctionnaires
de l’Université de Paris, et se rendit, le 24 mai, en personne, dans
la salle Capitulaire, pour faire ses remerciements au chapitre. Le 22 juin,
il confirma les privilèges et la chapelle du collège de Montaigu.
Un acte du 6 juillet 1504, qualifie Etienne de conseiller du roi et de
chancelier du duché de Milan, et un autre titre du 17 avril 1505,
constate qu’il était à cette époque absent de son
diocèse et chargé pour le roi d’une mission diplomatique
en [p.108] Allemagne. Les cendres de Charles
d’Orléans, père de Louis XII, mort le 4 janvier 1465 à
Amboise, furent apportées à Paris en grande cérémonie
et déposées auprès de celles de son père Louis
d’Orléans, dans la chapelle de ces princes, aux Célestins.
Etienne de Poncher et son métropolitain Tristan de Salazar assistèrent
à ces obsèques solennelles, auxquelles officia le cardinal
Georges d’Amboise. Cette pompe funèbre ayant cii lieu le 2! février
1505, Etienne dut quitter son diocèse fort peu de temps après.
Le nom d’Etienne de Poncher se trouve avec celui
de Robert Guibé, évèque de Nantes, au bas du contrat
de mariage de François, duc de Valois, depuis Francois Ier, avec
Claude de France, fille de Louis XII. Cet acte est du 22 mai 1506. L’évêque
de Paris accompagna, l’année suivante, ce dernier prince en Italie,
et eut l’occasion d’exercer ses talents oratoires, en plusieurs circonstances,
notamment à l’entrée du roi à Padoue et à
Milan, où, au dire de l’historien Jean d’Authon , il porta la parole
au nom du monarque. Orateur éloquent et diplomate habile, également
prudent et ferme, Etienne qu’on a souvent cité comme le modèle
des magistrats, soutint en présence de Louis XII et de la reine
Anne, son épouse, qui n’aimait point à être contredite,
le parti des Vénitiens qu’on avait abandonnés pour soutenir
celui de l’Empereur, mais l’animosité du roi contre cette république
et l’autorité de la reine l’emportèrent sur ses sages conseils.
Nommé abbé de Fleury, il prêta serment en cette qualité
le 4 novembre 1509 et se trouva présent lé 23 juillet 1510,
lorsque Louis XII s’engagea à payer aux Anglais 745,000 couronnes.
En 1511, l’évêque de Paris se démit de la chancellerie
du duché de Milan. Les archives du château de Pau renfermaient
une sentence arbitrale rendue par lui et quelques autres juges, dans un
différend qui s’était élevé pour l’hommage
de la principauté de Béarn, entre Louis XII, roi de France,
d’une part, et Jean d’Albret, roi de Navarre, et la reine Catherine, sa
femme, d’autre part.
Ces arbitres rendirent leur sentence, le 3
juillet 1512, et déclarèrent la souveraineté de cette
principauté affranchie de tout pouvoir. Cet acte se trouve dans l’inventaire
des chartes dressé par ordre du ministre Colbert, et conservé
aujourd’hui à la Bibliothèque impériale. Etienne dé
Poncher, signa également, le 17 juillet et le 7 septembre 1512,
les conventions conclues à cet [p.109]
égard. Léon X, le nomma, avec Jean Baillet, évêque
d’Auxerre, et Laurent Allemand, évêque de Grenoble, l’un des
commissaires chargés d’informer de la vie, des mœurs et des miracles
de Saint François de Paule, et par acte du 25 novembre de cette même
année, il fit, avec ses collègues, une délégation
de ses pouvoirs pour suivre sa canonisation.
Des lettres-patentes du roi, en date du 6 janvier
1513, le nommèrent garde-des-sceaux de France pour succéder
à Jean de Ganay, mais il ne conserva ces fonctions que pendant
deux ans. En 1514, Etienne publia des statuts synodaux qu’on trouve dans
les Actes de l’Église de Paris: ces statuts sont
un des monuments les plus importants et les plus remarquables qui nous
restent en ce genre. Il y ordonne notamment d’administrer aux criminels
condamnés à mort, non-seulement le sacrement de pénitence,
mais encore celui de l’Eucharistie. Il souscrivit, le 14 septembre de cette
année , aux fiançailles de Louis XII, avec Marie d’Angleterre,
sœur d’Henri VIII, fiançailles pour lesquelles le roi de France
s’engagea à payer pendant dix ans, une rente de cent mille écus
au monarque anglais.
Les sages constitutions qu’Etienne fit, pour
le monastère de Chelles, pour l’abbaye de Montmartre et pour quelques
autres communautés de son diocèse, prouvent assez avec quelle
ardeur il travailla, pendant qu’il était sur le siège épiscopal
de Paris, à la réforme des religieuses, tâche que
son prédécesseur avait entreprise déjà en
rétablissant la clôture pour la plupart d’entre elles. Le
18 janvier 1515, Etienne de Poncher célébra à Notre-Dame
les obsèques du roi Louis XII, et se trouva, le 25 du même
mois, à Reims au sacre et au couronnement de François Ier,
son successeur. Le 43 août suivant , il fut avec Arthur Gouffier,
grand-maître de France, l’un des plénipotentiaires du traité
conclu à Noyon, entre ce dernier prince et Charles-Quint, traité
qui décida le mariage de Charles, alors roi d’Espagne avec la princesse
Louise, fille de Francois Ier. Ambassadeur de France auprès de la
cour d’Espagne, Etienne de Poncher y signa, le 11 mars 1517, le traité
conclu entre Charles-Quint, François Ier et l’empereur Maximilien
Ici.
Le 12 mai suivant, Etienne était de retour à Paris, car il
recevait ce jour-la à la porte de sa cathédrale, la reine
Claude de France, fille de Louis XII, et première femme du roi François
Ier, lorsqu’après son couronnement qui avait eu lieu deux jours
auparavant à Saint-Denys, cette princesse vint assister à
un Te [p.110] Deum en actions
de grâces. En 1518, il fut ambassadeur de François Ier, auprès
de Henri VIII, roi d’Angleterre, avec lequel il signa, le 2 octobre de cette
année, un traité d’alliance, et le 4 du même mois,
les conventions matrimoniales de François, dauphin de Viennois,
avec Marie d’Angleterre, fille de ce prince.
La mort de Tristan de Salazar, arrivée
le 14février 1519, ayant laissé vacant l’archevêché
de Sens, les chanoines de cette métropole, au mépris du
concordat du 18 août 1546, prétendirent avoir le droit de
procéder à l’élection de son successeur. Français
Ier avait interdit au chapitre de se réunir à cet effet;
mais les chanoines, pour sauvegarder leurs anciens privilèges, sachant
que le roi voulait pourvoir Etienne de Poncher de cette Église,
s’empressèrent d’accorder leurs suffrages à l’évêque
de Paris, ce qui les mit d’accord avec ce prince. Préconisé
par Léon X, le 14 mars 1519, Etienne fit son entrée solennelle
à Sens, le 31 juillet suivant. Quelques jours auparavant, il avait
écrit, au nom du roi, à Érasme, pour l’engager à
venir se fixer à Paris, où François Ier avait le dessein
de former un établissement utile aux lettres et capable d’immortaliser
son nom. Érasme, lui répondit pour le prier de témoigner
au roi sa reconnaisance, et en même temps de lui faire agréer
ses refus.
|
Honoré
FISQUET, La France pontificale (Gallia Christiana). Histoire
chronologique et biographique des archevêques et évêques
de tous les diocèses de France depuis l’établissement du christianisme
jusqu’à nos jours, divisée en 17 provinces ecclésiastiques
[22 volumes in-8°, 1864-1873]. Métropole de Sens. Sens et
Auxerre [472 p.], Paris, E. Repos, 1865, pp. 106-111.
|
Dans son nouveau diocèse, Etienne de Poncher ne se montra pas moins
vigilant à saper les abus qui s’étaient introduits dans
la discipline. Tout occupé de maintenir la pureté de la
foi, et de ne pas laisser pénétrer au milieu de son troupeau,
les doctrines hérétiques qui commençaient à
se faire jour, il présida à Paris en 1521 et en mars 1523,
deux conciles provinciaux, l’un relativement à la discipline, l’autre
pour la condamnation de deux libelles publiés par les luthériens
contre le célibat des prêtres. Il tint à Sens, le
10 mai 1524, mardi après la Pentecôte, un synode diocésain
dont les Constitutions (Paris, 1524, in-4°) jouissent de quelque
réputation dans l’Eglise de France. Etienne y entre dans un grand
détail sur la manière d’administrer les sacrements. Il y défend
notamment de réitérer le sacrement de l’extrême-onction
dans une même maladie. On voit encore dans ces statuts, que l’empêchement
de parenté ou d’affinité spirituelle, n’était pas
aussi restreint à cette époque qu’il l’a été
quelques années après, par le concile de Trente. Ainsi, l’on
déclare qu’il y a parenté spirituelle non-seulement entre
le parrain et son filleul, ou son père et sa mère, mais encore,
entre la [p.111] personne baptisée
et les enfants ou la femme de son parrain, et que la même parenté
se contracte également dans la confirmation.
Etienne de Poncher qui prit part à toutes
les grandes affaires de son temps, commença la construction du
palais archiépiscopal de Sens. Il avait quitté sort diocèse
pour le service du roi, lorsqu’au retour d’un mission diplomatique, il
mourut à Lyon le vendredi 24 février 1525, à l’âge
de soixante-dix-huit ans, aussi recommandable par son intelligence dans
les affaires, que par ses vertus épiscopales. Son corps ramené
à Sens, y fut inhumé dans l’église métropolitaine,
et son cœur fut déposé à Notre-Dame de Paris.
Il portait pour armoiries: d’or, au chevron
de gueules, brisé à la cime d’une tête de maure de
sable tortillée d’argent, accompagnée de trois coquilles
de sable, avec cette légende: Non habemus hîc manentem
civitatem.
|
|
|
ANNEXE
2
Autre description de
la châsse
Note manuscrite
découverte et citée par l’abbé Bonvoisin
Voici le texte d’une note manuscrite que
j’ai déposée dans les archives de Notre-Dame, et dans
le dossier concernant les reliques des corps saints.
«La grande châsse des corps saints
est [p.55] recouverte de
feuilles d’argent doré ou vermeil, du poids de deux cents marcs;
elle a trois pieds neuf pouces de hauteur, quatre pieds un pouce de
longueur et deux pieds de largeur; elle est surtout remarquable par
la finesse du travail, et si elle le cède en quelque chose à
la châsse de Sainte-Geneviève de Paris, ce ne peut être
que sous le rapport des pierres précieuses dont cette dernière
est enrichie. Elle a la forme d’une église flanquée de
huit tourelles: deux à chaque angle, et ces tourelles, dans
l’espace qui les sépare à chaque coin, forment quatre niches
dans lesquelles sont placés les patrons des quatre autres paroisses
de la ville, saint Pierre, saint Basile, saint Gilles et saint Martin.
A l’une des extrémités de la châsse est la figure
de Notre-Seigneur bénissant d’une main, et de l’autre portant
un globe surmonté d’une croix, et au-dessous une lame d’argent
sur laquelle est gravée l’inscription Salvavtor
mundi. Cette partie est [p.56] complétée
par un chapiteau orné de six fleurons. Au milieu, au-dessus
de la tête du Christ, est une rose enrichie de pierreries. A l’extrémité
opposée se trouve la Vierge portant dans ses bras l’Enfant
Jésus, avec l’inscription Regina cœli.
Cette Vierge est assise sur un siége, entourée de fleurs
de lis d’or avec un cercle de rosettes. Les côtés de
la châsse sont divisés en cinq parties formant cinq niches
recouvertes d’autant de chapiteaux, et contenant d’un côté
les apôtres Saint Pierre, saint Barthélemy, saint Mathieu,
saint André et saint Paul portant chacun l’instrument de son
martyre, et l’autre l’histoire du martyre de nos saints. Dans la première
niche, le gouverneur présidant au supplice; dans la deuxième,
sainte Cantianille à genoux, et le bourreau prêt à
frapper; dans les trois suivantes, saint Cant, saint Cantien et saint
Protus, attendant le coup qui doit leur procurer la gloire du martyre.»
|
Notice historique
sur le culte et les reliques des saint martyr Cant, Cantien et Cantianille, patrons de la ville d’Étampes,
Versailles, Beau jeune, 1866, pp.
54-56.
|
|
Première
note ancienne sur les processions
pièce
des Archives de Notre-Dame citée par l’abbé Bonvoisin
«Au moment de sortir de l’église les curés des
quatre paroisses et faubourgs de la ville appuient une main au coin de
la châsse qui leur est assigné par l’image du patron de leur
paroisse. Cela se fait, dit-on, pour conserver à la ville entière
la possession de cette châsse. Dès qu’elle est sortie,
les curés reprennent leur rang pour suivre la procession. Et une
cérémonie semblable a lieu à la [p.71] rentrée
dans l’église Notre-Dame.»
|
Notice historique
sur le culte et les reliques des saint martyr Cant, Cantien et Cantianille, patrons de la ville d’Étampes,
Versailles, Beau jeune, 1866, pp. 70-71
|
|
ANNEXE
4
Deuxième
note sur les processions, datée de 1718
pièce
des Archives de Notre-Dame citée par l’abbé Bonvoisin
«La procession la plus solennelle
a lieu le mardi de Pâques. En tête de la procession,
l’on voit les capucins et les cordeliers dont chacun connaît
le recueillement; ils sont suivis par les barnabites, qui précèdent
le clergé de toutes les paroisses de la ville et des environs;
ensuite arrivent les chanoines de Notre-Dame et de Sainte-Croix qui
marchent ensemble sur deux rangs: ceux de Notre-Dame à droite,
et ceux de Sainte-Croix à gauche. La châsse, portée
par des hommes marchant pieds nus et couronnés de fleurs, est
entourée de torches et de flambeaux; elle est suivie d’une autre
châsse plus petite et d’un reliquaire de saint Matthieu, apôtre
et évangéliste. Il y a encore un reliquaire de saint Jean
Chrysostome et une image en ronde-bosse dans laquelle est un morceau des
vêtements de la sainte Vierge. Le prêtre qui doit célébrer
la [p.73] messe
porte une croix d’argent finement travaillée. Cette croix et les
deux reliquaires de la sainte Vierge ont été donnés
à l’église Notre-Dame par Louis d’Evreux, comte d’Etampes.»
|
Notice historique
sur le culte et les reliques des saint martyr Cant, Cantien et Cantianille, patrons de la ville d’Étampes,
Versailles, Beau jeune, 1866, pp. 72-73
|
|
ANNEXE
5
Premier récit de la destruction de la châsse,
par l’abbé Baron
pièce des Archives de Notre-Dame citée par l’abbé Guibourgé
Dans
une note que nous avons trouvée dans les archives paroissiales,
voici ce qu’écrit M. l’abbé Baron, curé de Notre-
Dame de 1834 à 1847:
«Au moment de la persécution en 1793, la châsse de
vermeil fut enlevée et les reliques livrées aux flammes.
Heureusement celui qui présidait à l’incendie de ces
objets sacrés permit aux assistants d’enlever ce qu’ils pourraient,
et une femme pieuse put sauver un petit ossement qu’on croit être
un doigt. Elle le conserva religieusement chez elle jusqu’à la
cessation de la persécution. Le commissaire qui accorda la permission
d’emporter quelque chose des reliques s’appelait Lebas.
Sitôt que 1’Eglise commença
à jouir d’un peu de calme, un homme vraiment chrétien
nommé M. Ranouard, mort il y a
[p.62] quelques années, après
avoir été trésorier de la fabrique de Notre-Dame
pendant 40 ans, apprit qu’une parcelle des Corps Saints avait été
sauvée. Alors il la demanda à la personne qui en était
la dépositaire. L’ayant obtenue, il la fit reconnaître
à Paris par M. l’abbé de l’Espinasse, chargé avant
le Concordat de l’administration spirituelle des environs de Paris.
Aussitôt que toutes les formalités voulues pour établir
l’authenticité de la relique furent accomplies, et dès
que le culte fut rétabli, il y eut une cérémonie
pour la reconnaissance et le rétablissement de la dévotion
aux Corps Saints.
En présence de M. Boivin, curé
de Saint-Basile, de Saint Gilles et de Saint-Martin, et d’un grand
nombre de fidèles, le petit ossement fut renfermé dans
une petite boîte. Le sceau de l’ancien Chapitre de Notre-Dame
fut apposé dessus, sur cire cachetée collant un ruban
rouge; puis la même petite boîte fut renfermée
dans une châsse en bois doré.
Dès lors le culte des Corps Saints
fut observé comme avant 1793. Les processions des mardis de
Pâques et de la Pentecôte, les neuvaines, reprirent avec
une nouvelle vigueur. Plus tard, par les soins de M. Banouard, une autre
châsse fut substituée à l’ancienne qui n’était
qu’en bois doré. Cette châsse d’un très beau travail
est en cuivre doré.
On connaît tous ces détails
par le récit de M. Banouard et par des vieillards qui en furent
les témoins. La relique est bien authentique qui fasse mention
de son existence, de sa reconnaissance, de l’approbation de l’autorité
spirituelle. Il est à désirer que cette relique soit
revêtue d’une authenticité plus régulière
et plus canonique.
signé:
Baron, curé de Notre-Dame..»
|
Étampes
ville royale, 1957, pp. 61-62.
|
|
ANNEXE
6
Deuxième
récit de la destruction de la châsse, par l’abbé
Bonvoisin
Notice historique, 1867, pp.
«Il nous a été possible, pendant 800 ans, de
suivre l’histoire de ces saintes reliques à Etampes. Nous avons
constaté six fois leur reconnaissance dans cet espace de huit
siècles, et nous arrivons ainsi à établir une possession
non interrompue qui ne peut laisser aucun doute dans les esprits même [p.61] les plus prévenus;
mais nous touchons à des jours calamiteux: ce que n’avait pas fait
le temps, ce qu’avait tenté en vain la rage de l’hérésie,
s’est accompli presque sous nos yeux. Les saintes reliques ont été
détruites comme le furent, dans le même temps, celles
de la glorieuse patronne de Paris.
Dans ces jours d’aveuglement,
on vit par toute la France des scènes de même nature.
Les ornements, les vases sacrés, en un mot, toutes les richesses
des églises leur furent enlevées, le plus souvent pillées,
presque partout dilapidées; les châsses d’or, d’argent,
enrichies de pierres précieuses, eurent le même sort.
Ainsi en fut-il de la châsse dite des corps saints: elle fut ouverte,
profanée, et les saints ossements livrés aux flammes devant
la porte principale de Notre-Dame, sur la place dite de l’Hospice, au
milieu de danses extravagantes, accompagnées de hurlements impies.
On
a conservé les noms de quelques-uns
[p.62] de ceux qui participèrent à
ces sacrilèges orgies. Ils ont disparu: le tombeau renferme
leurs cendres. Ne redisons pas des noms qui ne doivent être connus
que de Celui qui pardonne au repentir. Il y en a un cependant que nous
voulons arracher à l’oubli parce que, remplissant des fonctions
odieuses, il a su céder à un bon mouvement. C’est celui
du commissaire Lobas (1), qui présidait
à l’incendie. A quelques-uns des assistants qui ne pouvaient
maîtriser la peine qu’ils éprouvaient dans leur cœur, il
permit d’emporter ce qui pouvait encore être sauvé, lorsque
la première fureur commença à se calmer. Hélas
il était bien tard déjà. Cependant une pieuse
femme, dont le nom n’a pas été conservé, put enlever
un petit ossement qui avait roulé en dehors du foyer. Ce petit
ossement est regardé comme une [p.63]
phalange d’un des doigts de nos saints. Cette
chrétienne garda chez elle ce trésor jusqu’à la
fin de la Terreur. Dès que l’Eglise eut retrouvé un peu
de calme, sur le témoignage de cette dame et sur celui de M.
Banouard, depuis membre du conseil de Fabrique, qui s’était mis
en rapport avec elle dès les premiers jours, la sainte relique
fut reconnue par M. l’abbé de l’Espinasse, vicaire général
de Paris, chargé, avant le Concordat, et aussitôt après
le rétablissement du culte extérieur, de l’administration
spirituelle de tous les environs de la capitale.
M.
Boivin, curé de Notre-Dame, assisté de MM. les curés
de Saint-Basile, Saint-Gilles et Saint-Martin et en présence
d’un grand nombre de fidèles, déposa le petit ossement,
reconnu par M. de l’Espinasse, dans une boîte oblongue fermée
avec un ruban rouge sur lequel fut apposé l’ancien sceau du chapitre
de Notre-Dame: et ladite boîte fut placée dans une châsse
en bois doré. [p.64]
Cette châsse fut remplacée
en 1832 par la châsse en cuivre que nous portons aujourd’hui,
dans les processions solennelles.
Indépendamment de cette
châsse dite des corps saints, celle en bois doré connue
sous le nom de châsse de sainte Julienne contient:
1° Une relique de sainte
Julienne, provenant de la collégiale de Sainte-Croix;
2° Une relique de saint Vincent
de Paul;
3° Une relique de sainte
Pauline, martyre.
Il y a encore dans cette châsse
huit petits reliquaires, dont l’authenticité ne pourra être
reconnue que lorsqu’on ouvrira la boîte qui les contient.»
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Notice historique
sur le culte et les reliques des saint martyr Cant, Cantien et Cantianille, patrons de la ville d’Étampes,
Versailles, Beau jeune, 1866, pp. 60-64
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Synthèse
et bibliographie (assez brouillonne) de Léon Marquis
Les rues d’Étampes, 1881
L’érudit
local étampois, Léon Marquis, toujours intéressant
lorsqu’il traite de nouvelles matières, est des plus brouillons
lorsqu’il récapitule les travaux de ses devanciers. Cette lecture
est instructive pour qui peut savoir comment se défier des travaux
d’érudition locale du XIXe siècle. Sa bibliographie notamment
est catastrophique, contenant autant d’erreurs que d’items.
C’est dans l’église Notre-Dame d’Étampes que sont conservés
les restes précieux des saints martyrs Can, Cantien et Cantienne,
qui moururent pour la foi à Aquilée (4), l’année 304 de notre ère.
Le roi Robert, fondateur de l’église
Notre-Dame, obtint du Souverain-Pontife une partie notable des reliques
de ces martyrs. On croit qu’il les rapporta en France lors de son voyage
en Italie, vers l’an 1020, sous le pontificat de Benoît VIII; mais
on est certain qu’il les confia au temple qu’il venait de faire élever
à Étampes en l’honneur de la Vierge Marie. A partir de
cette époque, les trois martyrs devinrent les patrons de la ville
d’Étampes.
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(4) Ville de Vénétie de 1,500
habitants, et qui était environ cent fois plus peuplée du
temps d’Auguste.
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Un procès-verbal sur parchemin, renfermé autrefois dans
la châsse, mentionne une première translation des reliques
en l’an née 1282.
Durant les guerres de religion en 1562,
les reîtres, établis dans l’église Notre-Dame, brûlèrent
les châsses, emportèrent les calices d’or et d’argent; mais
les reliques avaient été soustraites à leur fureur.
En 1570, on fit solennellement la translation
dans une nouvelle châsse des reliques, «qui avaient été,
d’après un manuscrit des archives de Notre-Dame, sauvées
par aucuns bons habitants de cette ville.»
En 1620, une nouvelle visite eut lieu
sous la direction de [p.265] Guidon
de Vérambois, curé de Saint-Martin d’Étampes, doyen
de la chrétienté dudit lieu.
Le 12 avril 1621 eut lieu la translation,
dans une châsse nouvelle, par messire Henry Clausse, évêque
d’Aure, coadjuteur de Châlons.
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Une magnifique châsse en vermeil contenait les reliques depuis le
30 juillet 1620. D’après dom Fleureau, «*elle était recouverte de feuilles d’argent,
du poids de 200 marcs, avait 5 pieds 9 pouces de hauteur... Sa forme était
celle d’une église flanquée de huit tourelles, dont deux
à chaque angle, formant quatre niches où étaient placés
les patrons des quatre autres paroisses de la ville, saint Pierre, saint
Basile, saint Giles et saint Martin... A l’une des extrémités
était Notre-Seigneur, et à l’autre la Vierge et l’Enfant-Jésus...
Les côtés de la châsse étaient divisés
en cinq parties, formant cinq niches et contenant, d’un côté,
les apôtres saint Pierre, saint Barthélemy, saint Mathieu,
saint André et saint Paul, portant chacun l’instrument de son martyre,
et de l’autre l’histoire du supplice de nos saints.
Dans la première niche, le gouverneur
présidant au supplice; dans la deuxième, sainte Cantianille
ou Cantienne, à genoux, et le bourreau prêt à la frapper;
dans les trois suivantes, saint Can, saint Cantien et saint Protus, attendant
le coup qui doit leur procurer la gloire du martyre.
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* Marquis paraît citer ici un texte précis mais
ne referme pas ses guillemets. Il utilise en fait, contrairement à
ce qu’il dit, une description anonyme reproduite par l’abbé Bonvoisin
dans sa notice, et non pas celle de Fleureau.
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Toutes ces figures étaient des bas-reliefs; au-dessous, on voyait
les armes d’un comte d’Étampes de la maison d’Évreux.
Le pied de l’image de Notre-Dame en bas-relief,
qui a été donné également par ce comte d’Étampes,
renfermait un voile de la Sainte- Vierge*.
En 1793, comme tant d’autres objets précieux,
la châsse fut ouverte et détruite pour en avoir l’argent.
Les reliques
furent profanées en 1793; mais une partie, sauvée comme
miraculeusement par une pieuse femme, fut placée en 1804 dans un
reliquaire qu’on remplaça, en 1832, par la châsse en cuivre
actuelle.
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* Marquis confond ici
deux statues de la Vierge: ce n’est pas celle de la châsse qui contenait
le voile dont il parle.
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L’autre châsse en bois doré contient les reliques de sainte
Pauline, de sainte Julienne (1) et de saint
Vincent de Paul. En 1865, [p.266] l’abbé
Bonvoisin, curé de Notre-Dame, obtint de l’archevêque de
Sens une partie des reliques de chacun* des
martyrs d’Etampes, qui étaient conservées dans la cathédrale
depuis le XIe siècle.
On voyait autrefois à Notre-Dame
d’autres châsses, notamment une en bois argenté, dans laquelle
étaient les vêtements des trois martyrs; une en argent, contenant
un os de saint Mathieu, apôtre; un bras de bois doré soutenu
par un ange de la même matière, contenant un bras de saint
Jean Chrysostome.
Avant la Révolution de 1795, la
fête des corps saints avait lieu tous les ans, le 31 mai, et de
plus on faisait, les mardis de Pâques et de la Pentecôte,
autour de la ville, une procession composée du clergé des
cinq paroisses et de tous les religieux de la ville: Capucins, Cordeliers,
Mathurins, Barnabites. Les magistrats et les personnes notables de la cité
se faisaient gloire d’assister à ces processions.
La châsse principale était
portée par six paysans revêtus d’aubes, couronnés
de fleurs et nu-pieds, ce qui fait qu’on les appelait les nuds.
A la sortie de l’église, chaque
curé de la ville appuyait une main sur le côté de
la châsse qui lui était désigné par l’image
du patron de sa paroisse.
Aujourd’hui, la procession a toujours lieu
deux fois par an, le mardi de Pâques et le lundi de la Pentecôte;
mais le zèle des fidèles s’est considérablement refroidi.
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(1)
V. la note 99. [Voici le texte de cette "note bibliographique"
(p. 387):]
99. La vie de sainte Julienne, vierge et
martyre, avec quelques réflexions sur cette vie, une instruction
sur les pèlerinages, des prières, la messe, et une neuvaine
en son honneur.
Cette sainte est honorée singulièrement
en l’église Notre-Dame d’Étampes: elle y est réclamée
pour le mal de contagion, pour les femmes en travail d’enfant, fièvres
et autres afflictions.
Sa fête est le 16 février,
et sa translation le lundi de la Trinité: en ce jour la châsse
est portée processionnellement autour de la paroisse. — A Paris,
de l’imp. de Doublet, rue Gît-le-Cœur. Se trouve à Étampes,
à la sacristie de Notre-Dame, 1819, in-8 de 28 p.
* Précision fantaisiste.
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Ces reliques étaient jadis l’objet d’une grande vénération.
On n’invoquait pas toujours en vain les trois martyrs et à l’occasion
de grandes sécheresses qui eurent lieu en mai 1566, «ceux
du Gastinois et du pays de Beauce, dit Claude Haton*, alloient à Estampes de 5 à 6 lieues
à l’entour, en l’honneur des corps saincts, MM. saincts Cancien et
Cancianille.»
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*Les Mémoires du prêtre Claude Haton
(1534-1605), curé de Provins, avaient été publiés
en 1857 par Félix Bourquelot.
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Voici la liste des principales hymnes et pièces imprimées
en l’honneur de ces martyrs:
1. Hymne des martyrs. (1)
2. Petrus Gendræus Cantiades (2).
3. La vie, martyre, translation et miracles
des martyrs Can, cantian et Cantianne, en prose et en vers, par H. B.
T. (Hardy, religieux de Morigny; Bastard et Thirouyn, chanoines de Notre-Dame
d’Étampes). Paris, Vérat (3),
1610. [p.267]
4. Cantiadis (4), poème latin en quatre chant. Paris, 1613
(4).
5. Opuscules chrétiennes, contenant
l’éloge des trois martyrs, par Jean Chauvin, conseiller en la cour
des monnaies. Paris, Sara, 1650 (5).
6. Éloge des trois martyrs saint
Can, saint Cantien et sainte Cantienne. Paris, 1670 (6).
7. La Cantiade ou l’éloge des illustres
martyrs saints Can, Cantian et Cantienne. Paris, 1673 (7).
8. Hymni sacri… Claudii Caroli Hemaridæ Stampensis (Claude-Charles
Hémard) (8).
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(1) Marquis paraît ici désigner l’hymne imprimée
par Bonvoisin dans sa Notice de 1867; il s’agit en fait d’une des
hymnes de Claude-Charles Hémard.
(2) Marquis reproduit
ici dans un mauvais latin une erreur un doublon (cf. n°4)
(3) Lisez Vérac
et non Vérat.
(4) Lisez en fait
Cantias. C’est le même ouvrage qu’en
(4).
(5) La BNF donne
la même date, Bonvoisin donne 1658.
(6) C’est en fait
le même ouvrage que le précédent (autre édition?).
(7) C'est l'ouvrage
de Sébastien Bredet.
(8) Hymnes dont l’une est déjà
cité sous le numéro (1)..
|
9. La vie des saints Martyrs Can, Cantien et Cantianille. Saint-Germain,
1747, in-12 de 136 pages (9).
10. La vie des trois martyrs. Orléans,
1718 (10).
11. Abrégé de la Vie des
saints martyrs. Sens, 1781 (11).
12. Office des saints Can, Cantien et
Cantianille, 2e édition revue et corrigée. A Sens, chez
P.-H. Tarbé, 1781, in-12 de 94 p. Contient la vie des saints martyrs
et l’histoire des reliques d’Etampes (12).
13. Abrégé de la vie des
saints martyrs Can, Cantien et Cantianille, tiré du P. Mabillon
et des Bollandistes. In-12 de 63 p. (S. d.) (13)
14.
Notice historique sur le culte et les reliques des saints martyrs. (14)
15.
La Triade ou les martyrs d’Étampes, par Roquet, publiée
d’après un manuscrit de la bibliothèque de l’Arsenal. (15)
A cette
liste on peut ajouter le livre de Simon Chauvin, imprimé en 1610,
dont le titre nous est inconnu (1). (16)
[Extrait
de la Rapsodie de Nicolas Plisson,
donné par Marquis pp. 408-428]
[...] [p.422] [...] Les
patrons de la ville d’Estampes, saints Can, Cantien et Cantienne.—
…Suit l’histoire des trois martyrs, celle de leurs reliques, et la translation
d’une châsse dans une autre le 4 août 1282, leurs miracles,
les processions, le livre de Simon Chauvin, avocat du roi à Étampes,
imprimé en 1610… |
(9)
Ouvrage cité par Bonvoisin.
(10) Lisez 1748, ouvrage de Charles Jacob, cité
par Bonvoisin.
(11)
Cet ouvrage est le même que le suivant, dont il n’est qu’une partie.
(12)
Marquis paraît avoir consulté cet ouvrage-ci.
(13)
Cet ouvrage paraît le même qu’en (11) et faire donc partie
lui aussi du (12).
(14)
C’est celle de l’abbé Bonvoisin, de 1866.
(15)
Ouvrage cité par Bonvoisin.
(16) Marquis s’est
embrouillé dans ses notes. L’ouvrage de Jean (et non Simon)
Chauvin date de 1670 (et non de 1610)
(1)
Rapsodie. [Marquis a donné
une édition partielle de ce document en Annexe à son ouvrage;
nous donnons le passage considéré ci-contre.]
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Les rues d’Étampes
et ses monuments,
Étampes, Brière, 1881, pp.
264-267 (et 422)
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ANNEXE 8
Note
de Léon Marquis sur la grosse cloche de Notre-Dame baptisée
Cant en 1718
Les rues d’Étampes, 1881.
«La grosse cloche, ou bourdon de Notre-Dame, date de 1718; elle
a 1m 50 de diamètre, 1m 22 de hauteur et pèse environ 4,000
kilos.
Une main montre l’inscription latine suivante,
gravée sur son pourtour en caractères gothiques:
Première ligne. — Mihi Canti
nomen dedere magister Joannes Dansflelt presbiter et canonicis antiquior
quimper annos sexaginta quinque et amplius.
Deuxième ligne. — Huicce ecclesiæ
summâ cum laude militavit et domina Maria Bredet clarissimi viri
Petri Hemar Danjouan proprætoris uxor meritissima.
Troisième ligne. — Lustravit
me Dominus magister Michael Edwardus Guyonnet de Rouvray presbiter jurium
doctor protonotarius apostolicus præses cantor.
Quatrième ligne. — Et canonicus
nec non regis Consilliarius in curie Stampensi *** magistro Juliano Jacobo
prouvansal presbitero canonico procurante. Anno Christi M.DCC.XVIII.
Cinquième ligne (au bas de la cloche).
— Josepho Mainfroy, Joanne Buisson, Symphoriano Rousseau,
Joanne Dauphin, ædituis. — Nicolas de la Paix, Jacoves et Louis
de Claudiveau monfait.
Au milieu, il y a deux vignettes. Sur la
première on lit: N. de la Paix. I…r bum. Sur la deuxième
est une croix de 30 centimètres de hauteur et trois personnages
que nous supposons être les trois martyrs d’Étampes.
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Les
rues d’Étampes et ses monuments, Étampes, Brière, 1881, pp.
278-279
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Voici la traduction de cette inscription: [p.279]
Le nom de Cant m’a été donné
par maître Jean Dansflelt, prêtre et doyen des chanoines,
qui lutta depuis plus de soixante-cinq ans pour la gloire de son église,
Et par dame Marie Bredet, femme très-méritante
de très-illustre Pierre-*Hémar
Danjouan.
J’ai été purifiée
(1) par maître Michel-Edouard Guyonnet
de Rouvray, prêtre, docteur en droit, protonotaire apostolique,
premier chantre et conseiller du roi en la Cour d’Étampes.
Maître Julien Jacoves, prêtre,
premier chanoine, étant pourvoyeur (2)
de la fabrique et du chapitre. An du Christ 1718.
Joseph Mainfroy, Jean Buisson, Symphorien
Rousseau, Jean Dauphin, marguilliers.
Nicolas de la Paix, Jacques et Louis de
Claudiveau m’ont fait.
I. R. BVM
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* Trait d’union et orthographe étranges: Hémard
est ici évidemment un patronyme.
(1) Purifiée.
Traduction littérale, plus exacte que baptisée.
(2) Trésorier.
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On retrouve sur cette cloche, qui porte le nom de l’aîné
des martyrs d’Étampes, plusieurs noms historiques:
Marie Bredet était fille de Sébastien
Bredet, magistrat d’Etampes. auteur de La Cantiade, mort à
la fin du XVIIe siècle. Il était lui-même d’une famille
d’avocats et de procureurs du roi au XVIIe siècle (3).
Pierre Hémard Danjouan est le fils
de René Hémard et le père de Charles-Claude Hémard,
qui composa aussi, au commencement du XVIIIe siècle, une hymne
en l’honneur des martyrs d’Étampes (4).
Cette cloche a une forte brèche
à la partie inférieure, ce qui lui a un peu faussé
le son. L’accident est sans doute arrivé quand la cloche a été
mise en branle trop rapidement, car la cassure existe où frappe
le battant. Il est question de la remplacer par une autre de fabrication
moderne et qui, sans être plus grosse, aurait le son plus grave,
grâce à la forme perfectionnée apportée aujourd’hui
à la fabrication.»
|
(3) V. la note 1 bis. [Il faut lire sans doute 1 ter. Voici cette note
bibliographique 1 ter (p.374):] 1 ter. Arrest de la cour des aydes
pour les priviléges des officiers domestiques et commensaux de la
maison de la royne pour le trafic de la marchandise, rendu au profit de P.
Bredet contre les habitans d’Estampes. — Paris, 1624, petit in-8. Vendu à
la vente Labbe par M. Claudin, en 1874.
(4) V. précédemment.
[Voyez notre Annexe 7.] [Voyez
aussi la note bibliographique n°145 de Marquis (p.392) qui suit:]
145. Le Chien pêcheur ou le Barbet des Cordeliers d’Étampes,
poème héroï-comique... suivi de trois hymnes sur SS.
Can, Cantien et Cantienne, par Claude-Charles Hémard de Danjouan,
précédé d’une notice biographique sur l’auteur par
Paul Pinson. — Paris, Wilhem, 1875, pet. in-4 de 72 p.
|
|
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ANNEXE 9
Notes de Léon Marquis sur l’argenterie de Notre-Dame
au XVIIIe siècle
Les rues
d’Étampes, 1881
«En
janvier 1760, le roi ayant jugé propos d’envoyer sa vaisselle d’argent
à la Monnaie de Paris pour subvenir aux besoins de l’État,
les seigneurs de la cour et plusieurs églises et communautés
religieuses imitèrent son exemple. A cette occasion, la paroisse
Notre-Dame envoya 19 marcs 4 onces d’argenterie, et la congrégation
de Notre-Dame 57 marcs 4 onces 2 gros [en note: Mercure
de France de 1760].
Le 9 août
1792, il y eut un autre envoi à la Monnaie par les membres du directoire
du district, composé de Charpentier, président, Héret,
Venard et Crosnier. L’argenterie provenant des églises et des
couvents fut pesée par Hugo, orfèvre, après qu’il
en eut séparé le bois, le fer, le verre et les pierres
fausses, savoir:
Chapitre Notre-Dame: un bâton cantoral,
dont la tête pesait 4 marcs 6 onces, et le manche 5 marcs 1 onces
4 gros. [...]».
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Les rues d’Étampes
et ses monuments, Étampes, Brière, 1881, pp. 32-33
|
«Le 25 novembre 1792 fut envoyée à la Monnaie de
Paris, par les administrateurs et procureur du district d’Étampes,
l’argenterie provenant des églises et des couvents.
Nous trouvons que cet envoi pour l’église
Notre-Dame seulement comprenait: un encensoir, deux navettes avec deux
cuillères attachées par une petite chaîne, 12 marcs
2 onces 6 gros; une Vierge d’argent, 7 marcs 6 onces 5 gros; deux burettes
d’argent et leur plat, 4 marcs 1 once 5 gros; une lampe d’argent, 7 marc
7 onces 2 gros; trois tasses, 4 marcs 3 onces 3 gros; une jambe, 5 marcs
3 onces 7 gros; une croix de vermeil, 1 marc 3 onces ½ gros; plusieurs
feuilles d’argent, vis, écrous, goupilles couvrant et servant à
une châsse en bois, 34 marcs 4 onces 3 gros ½; une croix d’autel,
déduction faite d’une once pour un morceau de fer greffé dans
une bosse de la croix, 6 marcs 5 onces 2 gros; la garniture de deux bras
de saints, 4 marcs 3 onces 4 gros ½; une croix de procession, 11
marcs 2 gros ½.».
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Les rues d’Étampes
et ses monuments, Étampes, Brière, 1881, pp. 272-273
|
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Source: Basile Fleureau, Les Antiquitez de
la ville et du Duché d’Estampes, pp. 363-367. Saisie:
Bernard Gineste, 2007.
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ÉLÉMENTS
DE BIBLIOGRAPHIE
Éditions
Édition
princeps, posthume:
Dom Basile FLEUREAU
(1612-1674; religieux barnabite,
de la congrégation de
saint Paul), Les Antiquitez
de la ville, et du Duché d’Estampes
avec l’histoire de l’abbaye
de Morigny et plusieurs remarques
considerables, qui regardent l’Histoire
generale de France [in-4°;
XIV+622+VIII p.; publication posthume
par Dom Remy de Montmeslier d’un texte
rédigé en réalité
vers 1668], Paris, J.-B.
Coignard, 1683.
Réédition
en fac-similé: Dom
Basile FLEUREAU,
Les Antiquitez de la ville,
et du Duché d’Estampes
avec l’histoire de l’abbaye
de Morigny et plusieurs remarques
considerables, qui regardent l’Histoire
generale de France [23 cm
sur 16; XIV+622+VIII p.],
Marseille,
Lafittes reprints,
1997.
Réédition
numérique
en ligne (en cours depuis 2001): Bernard GINESTE [éd.],
«Dom Fleureau: Les
Antiquitez d’Estampes
(1668)», in
Corpus Étampois,
http://www.corpusetampois.com/index-fleureau.html,
2001-2007.
Ce chapitre: Bernard GINESTE [éd.],
«Dom Fleureau: Description de la Châsse (1668)»,
in Corpus Étampois,
http://www.corpusetampois.com/che-17-fleureau-c09.html, 2007.
Bibliographie
sur les saint martyrs d’Aquilée et leur culte à Étampes
Nous
renvoyons ici la bibliographie du chapitre précédent: http://www.corpusetampois.com/che-17-fleureau-c08.html#bibliographie,
2007.
Toute
critique, correction ou contribution
sera la bienvenue. Any criticism or contribution
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