ANNEXE
La publication
partielle de l’Inventaire de 1792 par Maxime Legrand en 1902
Extrait de son article paru dans
les Annales de la Société historique
et archéologique du Gâtinais 19, pp. 240-293.
Nous avons
publié dans une autre page tout ce que Maxime Legrand a publié
au sujet de la collégiale Sainte-Croix d’Étampes, mais nous
redonnons ici l’édition partielle qu’il a donnée de l’inventaire
de 1792.
C’est un outil de travail, pour faciliter les recherches
et les recoupements entre ces deux sources. C’est pourquoi nous dotons ici
cette édition Legrand de l’Inventaire d’une numérotation qui
permettra des renvois plus précis.
|
[...]
Inventaire
|
|
(1)* Aujourd’hui treize octobre mil sept
cent quatre-vingt-dix, dix heures du matin, nous, Théodore-Alexis
Charpentier, président du district d’Étampes; Jean-Nicolas
Dufresne, vice-président du directoire; Jean Sagot, Louis-Marin Vénard,
administrateurs; Pierre Heret, procureur-sindic, et Jacques Crosnier, secrétaire
du district; [p. 265]
|
*
Cette numérotation est de notre cru, et
destinée à faciliter l’utilisation de cette source par les
chercheurs (B.G.).
|
(2) Après avoir fait avertir le jour d’hier les membres composant
le ci-devant chapitre royal et collégial de Sainte-Croix d’Étampes,
que pour l’exécution des décrets sanctionnés par
le roi, nous nous transporterions cejourd’hui, dix heures du matin, en
l’église dudit chapitre Sainte-Croix, à l’effet de procéder
à l’inventaire des meubles, effets, titres et papiers dudit chapitre,
nous nous sommes transportés à l’effet de ce que dessus en
ladite église, où étant, se sont présentés
MM. Jean Chevalier, ci-devant chantre dudit chapitre; Jacques Desforges,
prêtre; Jean-Jacques Fromentin, prêtre; Maurice-Lambert Empereur,
prêtre; Jean-François Girodeau, auxquels M. le procureur-sindic
a fait lecture des différens décrets de l’assemblée
nationale sanctionnés par le Roi qui ordonnent ledit inventaire
et avec lesquels il a été procédé audit inventaire
en l’absence de MM. Charles-René Lachy, Jacques de Malville, prêtres;
Étienne Geoffroy, ci-devant chane-clerc; de Charles Rivet, Jean-Claude
Pelé, Paul-Louis Ledoux, René-Guy Huré, Alexandre-Jean
Fleury, Richard-Étienne Perchereau, Jean-Baptiste Marion, François-Optat
Chichard et Charles-Alexandre-Jean-Gabriel Servin, tous ci-devant chapelains
dudit chapitre, ainsi qu’il suit:
|
|
Dans la nef.
|
(3) Un tambour à l’une des portes d’entrée sur le carrefour
Sainte-Croix avec la porte battante de toile grise rembourée [sic]
en foin; à côté un banc fermant, un tronc en bois
et à piliers; un bénitier de potin, un autre en marbre fait
en coquille scellé dans un pilier.
|
|
(4) Chaises enfoncées de paille.
|
|
(5) Une chaire en bois avec son dessus et escalier, le tout scellé
à un pilier, en face de l’œuvre.
|
|
(6) Un banc d’œuvre en bois de chêne, ouvrant à six tiroirs,
fermant à clef, dans lesquels ne se sont trouvé que les
cierges de la confrérie du Saint-Sacrement et deux bassins de cuivre
jaune (1),
une banquette, un grand banc tenant à la boiserie [p.266] d’apui, faisant
le contour dudit banc d’œuvre, un autre grand banc sur le devant et sa
banquette, les deux piliers dudit œuvre boisés ainsi que le contour
servant à la réunion des deux piliers, et sur le devant une
glace en bois doré.
|
(1)
Ces deux plats ont longtemps servi de plateaux de balances à M. Angot,
acquéreur de l’église. L’un d’eux, représentant saint
Michel et d’un travail Renaissance, est actuellement la propriété
de M. Blavet. [Note de Legrand]
|
(7) Une grande croix en bois et son christ, une grande banquette, une
grande représentation pour le service des morts, six chandeliers,
le tout en bois, un chandelier à une branche, un autre à deux
branches, le tout de fer.
|
|
(8)
Un tambour à la porte d’entrée de la rue Sainte-Croix avec
la porte battante comme celle ci-dessus décrite.
|
|
(9) Un bénitier avec son pié, le tout en pierre scellé
au pilier en face de ladite porte, une grille à hauteur d’apui,
renfermant deux chapelles collatérales à l’entrée
du chœur ouvrante dans chaque chapelle, et deux portes d’entrée
pour parvenir à celle du chœur, une des dites chapelles sous l’invocation
de la Vierge, composée d’un autel et deux marchepiés en carreaux
noirs et blancs. Sur l’autel deux nappes de toile, un tapis de moquette,
quatre chandeliers de cuivre jaune garnis de leurs souches et ressors, deux
autres petits chandeliers, un christ en bois noir, sur un gradin de bois
à un rang, une boiserie avec agraphe et ornement de bois doré,
terminée par une croix aussi de bois doré, et au milieu de
ladite boiserie un tableau représentant la Vierge et autres sujets,
et sur l’autel deux coussins de toile rembourés de foin, deux rideaux
d’indienne rouge avec une tringle et ses pitons.
|
|
(10) A gauche du chœur, une chapelle sous l’invocation de Saint-Denis,
exactement garnie et semblable à celle ci-dessus décrite
à la seule diférence qu’il n’i a point de petits chandeliers
de cuivre.
|
|
Derrière l’œuvre.
|
|
(11) Une chapelle sous l’invocation de Sainte-Julienne (1), boisée sur le
devant en boiserie d’apuy à balustrade avec porte garnie [p.267] au-dessus de l’apui
d’une sculture à jour fermant à clé. En dedans, une
boiserie, dans tout le pourtour à hauteur d’une croisée,
ladite chapelle planchéiée; deux grands bancs incorporés
à la boiserie, dont un fermant à clé et contenant
la vieille cire, et dans l’autre six réverbères à une
mèche, une cuvette de faïence, deux petits prie-dieu sans fond,
une sonette.
|
(1)
Cette chapelle qui n’était pas indiquée au Pouillé
manuscrit dont nous avons parlé dans le rapport relatif aux fouilles
de 1895 renfermait, on l’a vu, la sépulture de la famille Rousse
de Saint-André, qui y avait fondé des offices [Note de Legrand]
|
(12)
Un autel en bois faisant cofre et dans lequel il ne s’est rien trouvé,
un gradin en bois, une croix en bois, garnie d’un christ, deux chandeliers
de cuivre. Un canon en carton; au milieu de la boiserie de l’autel un
tableau peint sur toile représentant Ste-Julienne garotée,
un pupitre et son missel. Sur l’autel une nappe et un tapis de moquette.
(13) Une porte à deux battants servant à
clore une petite cour.
|
|
Autour du chœur à droite.
|
|
(14) Deux grands bancs fermans à clé dans l’un desquels
s’est trouvé un briquet et de l’amadou. Un autre banc aussi fermant
à clé dans lequel se sont trouvées deux torches garnies
de leurs flambeaux. La boiserie de la porte d’entrée de la sacristie
dont les portes ouvrent à deux batans surmontés d’une inscription
dans un cadre de bois doré portant Sacristie et d’un tableau
aussi dans un cadre de bois doré, représentant un ange tenant
un enfant par la main.
|
|
(15)
Un marchepié à 3 marches, un grand banc à dos sans
fond, dans le bas une mauvaise boîte en bois et sa lampe de cuivre,
un grand banc, une banc selle.
|
|
Derrière le chœur.
|
|
(16) La boiserie de derrière le chœur embrassante deux piliers
avec retour sur le 3e et 4e, une chapelle sous l’invocation de Saint Claude
(1) fermée
par une balustrade en bois à balustrade. Un autel à chassi
en bois avec un dessus en bois couvert d’un mauvais tapis de vieille tapisserie,
un devant d’autel très vieux [p.268] en camelot rouge,
un gradin à un étage, sur icelui, deux chandeliers et une
croix de bois, une boiserie faisant le contour dudit autel jusqu’à
la hauteur du bas de la croisée, un tableau incrusté dans
la boiserie représentant saint Claude, dans son cadre de bois doré.
|
(1) Cette chapellenie
n’est pas indiquée dans les différents pouillés du
diocèse de Sens [Note de Legrand].
|
(17) Un petit banc tenant à la balustrade, un confessionnal
dont la porte est sculturé à jour, le tout de bois, une tringle
de rideau en dedans d’icelui ledit confessionnal, surmonté d’un bâton
cantoral doré. Un autre petit banc incrusté dans la boiserie
allant dudit confessionnal à la chapelle ci-après.
|
|
(18)
Une chapelle sous l’invocation de la Madelaine, fermée par une balustrade
à baraux, le tout de bois, un autel et son marchepié en bois,
un devant d’autel en camelot rouge avec croix de malthe et bandes en or
faux. Sur l’autel une nape, un mauvais tapis de drap vert, un gradin à
un rang, une croix en bois noirci et son christ, ladite chapelle boisée
dans son pourtour et jusqu’au confessionnal ci-après, jusqu’à
la hauteur de la croisée, avec un tableau peint sur toile représentant
la Madelaine.
|
|
(19) Un confessional come le précédent surmonté
d’une croix en bois.
|
|
(20) Une autre chapelle sous l’invocation de Notre-Dame de Pitié,
fermée par une balustrade à baraux, le tout de bois. Un autel,
son marchepié aussi en bois, un devant d’autel de camelot rouge;
sur l’autel, une nape et un mauvais tapis, un gradin, deux chandeliers, une
croix en bois noirci, ladite chapelle boisée dans son pourtour jusques
à la hauteur d’une représentation en pierre obstruant la croix.
|
|
Dans le côté gauche derrière le chœur.
|
|
(21)
Un confessional à porte d’apui, un banc à dos faisant cofre
dans lequel ne s’est rien trouvé, une armoire ouvrante à quatre
volets, fermante à clé, incrustée et scellée
dans le mur, ouverture faite d’icelle, s’i est trouvé deux grands
chandeliers et une croix de cuivre en couleur d’or.
|
|
(22) Un ciel de dais en camelot rouge et bandes de couleurs sur son
châssis. Les pentes du dais en velours cramoisi, garnies de [p.269] leurs galons en
or; une exposition de velours cramoisi avec ses deux pentes et devant avec
galons et franges en or, avec la petite nape. La batiste garnie en grosse
dentelle, le panache de dessus le tout monté sur bois, ledit panache
rouge et blanc, deux petits pots de fleurs artificieles pour orner ladite
exposition. Six souches de bois, un tapis du maître-autel, de grosse
tapisserie, un coussin de camelot rembouré en paille, un autre
tapis de drap vert, doublé de toile et son galon en argent faux,
six souches, deux bassins de fer blanc pour mettre sous les chandeliers.
|
|
(23) Un grand banc fermant à clé avec son siège
et dossier faisant boiserie, et dans icelui neuf morceaux de lambris provenant
du changement fait au chœur. Une banc-selle scellée dans les deux
bouts dans les murs.
|
|
(24) Et après avoir vaqué à ce que dessus jusqu’à
l’heure de une relevée, tous les objets ci-dessus décrits
sont restés ès lieux où ils ont été
trouvés et la vacation a été remise aujourd’hui trois
de relevée. Et avons signé Chevallier, chantre dignitaire,
Fromentin, chanoine, Empereur, chanoine, Desforges, Girodeau, Sagot, Venard,
Héret, Charpentier, président, et Crosnier, secrétaire.
|
|
(25)
Et le dit jour 13 octobre 1790, trois heures de relevée, en conséquence
de l’intimation prise pour la vacation de ce jour d’hui matin, Nous,
Théodore-Alexis Charpentier, président du district, Jean Sagot,
Jean-Nicolas Dufresne, Louis-Marin Vénard, administrateurs, et Pierre
Héret, procureur-syndic, sommes, assistés du secrétaire
du district, transportés en l’église du ci-devant chapitre
de l’église royale et collégiale de Sainte-Croix d’Étampes,
où étant, nous avons, en présence desdits sieurs Chevallier,
Fromantin, Girodeau et Empereur ci-devant chanoines dudit chapitre, procédé
à la continuation dudit inventaire ainsi qu’il suit:
|
|
Chœur.
|
|
(26) Le chœur est formé par huit arcades toutes boisées
jusqu’à leurs ouvertures et cintrées avec ornemens et scultures
de bois doré, surmontées de chacune un tableau d’environ onze
à [p.270] douze piés, sur diférentes largeurs, dans leurs
cadres de bois dorés, représentant divers sujets. Le bas desdites
arcades est boisé en boiserie à panaux et garni de 17 stales
hautes à droite et autant à gauche, plancheyiées et
fermées aux deux extrémités, et 12 basses stales en bois
aussi de droit et de gauche.
|
|
(27) Le surplus du chœur est boisé à la même hauteur
que les arcades ci-devant décrites.
|
|
(28) Le fond du chœur est ouvert dans l’espace de trois arcades ornées
d’une boiserie cintrée et garnie de chacune une grille prenant à
trois pieds de terre de neuf à dix piés d’hauteur toutes
surmontées d’un couronnement, le tout en fer à dessin et
dont les ornemens sont dorés.
|
|
(29) Au dessus de ces trois arcades sont trois tableaux peins sur toile
de la grandeur des précédens, dans leurs cadres de bois doré.
|
|
(30) Un banc de chantres couvert d’une tapisserie à fleurs de lis,
fond bleu, fleurs de lis jaunes.
|
|
(31) Un grand pupitre tournant sur un pié, le tout de bois, couvert
d’un vieux tapis pareil à celui du banc des choristes, deux escabelles
de bois pour les enfans de chœur, deux petits lutrins tournant sur une tringle
de fer posée sur les stales hautes, cinq crachoirs.
|
|
(32)
Un pié en bois anciennement doré, avec pupitre en petite,
branche de fer, quatre livres de chants dont deux antiphoniers, un graduel
et un suplement et un psautier en mauvais état, un martirologe, un
chandelier de fer pour le service du lutrin. |
|
Sanctuaire.
|
|
(33) Une forme pour assoir les prêtres officiaux, en bois, couverte
d’une grosse tapisserie à points et d’une autre étofe servant
d’envelope en serge verte avec galons de fil blanc. Deux crédences
couvertes de même étofe que la forme et sur chacune un chandelier
de cuivre jaune garnis de leurs souches.
|
|
(34)
Dans lesdites crédences un drap mortuaire de calmande fond noir,
bandes et croix blanches, et la couverture de la forme et des deux crédences
aussi en noir et même étofe que le drap mortuaire. [p.271]
|
|
(35) Le maitre-autel formé d’un massif en pierres, boisé
sur les côtés avec chassis en fer, un devant d’autel dans
ledit chassis en damas à fleurs cramoisies avec bandes en coton
blanc réyé ayant sur l’autre face un damas blanc, derrière
ledit devant d’autel un autre devant d’autel fond vert de camelot avec revers
en damas rouge et bandes en or faux. Une nape d’autel couverte d’un tapis
en serge verte, sur l’autel un gradin en bois et au milieu un tabernacle
aussi en bois et sur icelui une croix garnie d’un christ en cuivre jaune,
sur ledit gradin deux grands chandeliers de cuivre jaune garnis de leurs
souches.
|
|
Derrière l’autel.
|
|
(36) Deux chandeliers de pot, les cartons du canon, un pupitre d’autel,
un tapis pour mettre sur le marchepiés de l’autel — 4 chandeliers
pour matines en bois garnis de leurs bougeoirs en fer, un grand coffre de
sapin fermant à clé et une banquette qui lui sert de marchepiés,
dans lequel se sont trouvés les effets qui suivent: un devant d’autel
de velours rouge cramoisi avec fleur de lis, étoiles, soleil, et
franges en or fin, garni par derrière d’un velours cramoisi et blanc
et galons d’or faux — un autre noir d’un côté en camelot noir
et blanc et galons de coton noir et blanc, et sur l’autre face d’une étofe
de damas blanc et rouge avec galons or faux — un autre devant d’autel de
camelot noir sur une face avec des bandes et galons blanc, un autre devant
d’autel à deux faces, l’une de camelot violet, avec galons en coton
violet et blanc, et sur l’autre face en damas violet avec bande de satin
bleu avec galons blancs et violets — trois autres petits devants d’autel
de tapisserie à points et à différentes couleurs avec
bandes en or faux — deux coussins de velours cramoisi avec broderie en or
faux, relevés en bosses — un livret en parchemin contenant les passions
notées — un tapis violet en camelot pour couvrir la forme et les deux
crédences.
|
|
Anti Chambre de la Sacristie.
|
|
(37) La porte d’entrée en chêne à deux batans et les
deux côtés boisés aussi en chêne — un étui
en bois servant à renfermer la [p.272] croix, laquelle est en bois, couvert,
savoir: le manche d’une feuille d’argent travaillé et le surplus en
argent uni — une boîte portative pour mettre des cierges — une halebarde
— un portemanteau — une robe de bedeau de drap violet avec sa plaque de
cuivre argenté — une baguette en baleine garnie au milieu et aux deux
bouts d’une plaque d’argent — une banquette en bois de chêne servant
à introduire à l’escalier qui monte au chapitre — un cierge
pascal.
|
|
(38) Une armoire en bois dure avec un petit chapier scellé dans
le mur et une autre au-dessus dans laquelle ne s’est rien trouvé
— deux autres porte-manteau et à iceux une aube d’enfants de chœur,
de toile, une petite soutane en molton violet — une robe de bedeau de
drap violet à petites manches, sans plaque — un bonnet caré
— un balet de crin — plusieurs batons propres à faire des houssoirs
— diférens autres avec éteignoirs —une forte porte en chêne
avec son chambranle.
|
|
Sacristie.
|
|
(39)
Un grand banc long avec deux acoudoirs un autre petit aussi avec acoudoirs
et servant de cofre dans lequel ne s’est rien trouvé.
|
|
(40) Deux porte manteaux — un porte chapes, le tout scellé dans
le mur — une petite cuvette en cuivre rouge — deux paires de burettes d’étain
— trois petits plats d’étain — une petite assiette de cuivre jaune
— un rouleau de bois garni d’un essuie-mains — un porte-manteau.
|
|
(41) Un corps de table ouvrant en 4 parties fermant à une seule
serrure, renfermant un chapier à 4 tiroirs tournans sur leurs pivots,
4 tiroirs à chaques bouts dudit chapier, surmonté d’une
boiserie, le tout en chêne fermant à cinq serrures et ouvrant
en 10 parties, surmonté au milieu d’une gloire et d’une croix, le
tout doré, et un bénitier de cuivre — deux bonets carés.
|
|
(42) Dans lesquels chapiers, armoires et tiroirs se sont trouvés
les effets qui suivent: une chasuble — deux tuniques, — cinq chapes en damas
blanc tout uni — une chape de damas rouge — deux chapes en calmande fine
— une chasuble.
(43) Une chasuble — une chape neuve — deux chapes,
le tout en [p.273] damas blanc — trois chapes en camelot rouge pour les dimanches
et fêtes — le noir composé de 4 chasubles, deux tuniques, 2
chapes en étamine noire et une chape en moire — trois chasubles rouges,
trois vertes, trois blanches, deux violettes de diférentes étofes
et servant journellement.
(44) De tout ce que dessus, il n’i a qu’une étole
et une chape en velours cramoisi ornées de galons or fin, le surplus
est en galons faux et galons de couleurs.
|
|
(45)
Neuf aubes dont 4 propres garnies en dentelles et cinq communes — 12 amies
— 16 corporaux — 24 purificatoires — 6 cordons — 12 essuie mains — 12 palmes.
|
|
Argenterie.
|
|
(46) Quatre calices et leurs pal pesans ensemble onze marcs six onces
— deux encensoirs et une navette pesans huit marcs quatre onces — une tasse
pour la quête pesant deux marcs quatre onces — un soleil — un saint
Ciboire et deux petites croix pesant douze marcs deux onces.
|
|
(47)
La grande Croix ci-devant mentionnée et inventorié pesant
neuf marcs et le bâton cantoral six marcs (1).
Orgues.
(48) Un buffet d’orgue de 4 piés de montre
formant 8 piés, huit jeux dont quelques uns sont coupés avec
tremblant, deux soufflets placés sur le sommier pour y mettre d’autres
jeux — une chaise enfoncée de paille.
|
(1)
Le 10 avril 1790, le Chapitre avait envoyé à la Monnaie,
par l’entremise de M. Héret, procureur de la Commune, un plat, deux
burettes, pesant ensemble 3 marcs 30 onces 4 gros, plus 183 livres 18 sous
denier en espèces (Léon Marquis, Les rues d’Étampes,
p. 152). Nous verrons plus tard le sort du surplus de l’argenterie [Note de Legrand].
|
(49) Ce jeu d’orgue est placé dans une tribune placée au-dessus
de la grande porte d’entrée faite en arcade, laquelle est barrée,
et une boiserie à panaux.
|
|
(50) Audevant de la principale porte d’entrée est une grille extérieure
à baraux droits ouvrante à deux vantaux et fermant à
clé. [p.274].
|
|
Clocher.
|
|
(51)
Dans le clocher quatre cloches.
|
|
(52) Dans une petite chambre à côté une horloge sonnant
les heures et les demies.
|
|
Ici se termine la seconde journée d’inventaire; la suite en est
renvoyée au 18 octobre suivant, à 9 heures du matin.
|
|
Il est à remarquer que s’il est question de tableaux, il n’est
pas fait mention des statues relatées à l’acte de vente du
15 août 1792, et que l’acquéreur ne devait pas déplacer
non plus que les tableaux, meubles et ornements. Nous verrons par la suite
qu’en 1793 un grand nombre de ces objets, sauf les statues qui sans doute
avaient été détruites comme «emblèmes
de la superstition», était resté dans l’église
et dans la maison des chanoines.
|
|
D’après ce qui précède, il est facile de nous
rendre compte de l’agencement intérieur et de l’ornementation de
l’église, ornementation peu luxueuse et qui semblerait démontrer
que déjà la collégiale était un peu déchue
de sa splendeur passée. La description du chœur en particulier est
à retenir. Les boiseries du XVIIe siècle avaient fini par
envahir à peu près toutes les parties disponibles, par boucher
toutes les arcades et aveugler toutes les ouvertures. La disposition de plusieurs
chapelles est également indiquée et marque sur le plan des
points intéressants. Deux noms nouveaux s’y rencontrent, Sainte-Julienne
et Saint-Claude, les autres ont été signalés au pouillé
manuscrit rapporté par Léon Marquis. Enfin l’état
de délabrement de certains ornements ou objets [p.275] mobiliers et
la pauvreté de l’argenterie sont également des points qui
ne sont pas sans avoir leur valeur.
|
|
Le 18 octobre, les commissaires continuent leur travail, ainsi qu’il
suit:
|
|
Dans l’escalier qui conduit au chartrier.
|
|
(53) Une porte pleine en chêne fermant ledit escalier, une petite
armoire en bois de chêne fermant à clé dans laquelle
ne s’est rien trouvé, — un brancard à rendre le pain bénit,
— deux corbillons en osier, deux clayons aussi d’osier, un apui de rampe
en bois.
|
|
(54)
Dans un grenier dont la porte en bois dur et fermant à clé,
dans lequel ne s’est rien trouvé que deux tabourets ci-devant à
l’usage des chantres.
|
|
Anti chambre du chartrier.
|
|
(55) Une porte en bois de chêne fermante à serrure, un
grand coffre en bois de chêne dans lequel ne s’est rien trouvé.
|
|
Chartrier.
|
|
(56) Une porte en bois de chêne aussi fermante à clé
— une grande armoire ouvrante à deux vantaux fermante à trois
clés, ayant 4 planches dont moitié divisées en tablettes,
le tout enfoncées en bois blanc, porte et corps aussi en pareil bois
— un grand banc avec dos faisant face à l’entrée et retours
de droit et de gauche de différens bois — une petite table sur son
pié en forme de trétaux — une autre armoire en bois blanc fermante
à une seule serrure et clé, garnie de trois planches de bois
blanc — un petit escabeau en bois — une grosse chaise enfoncée de
paille.
|
|
(57)
Dans lesquels armoires se sont trouvé les titres et papiers qui suivent.
|
|
Cette partie de l’inventaire comprend deux cent cinquante-quatre
articles où sont énumérés les titres [p.276] de fondation,
les bulles, les contrats de donations, les transactions, pièces de
procédure, règlements, arrêts, qui racontent de l’origine
à la chute l’histoire du célèbre Chapitre.
|
|
Ne pouvant avoir la prétention de reproduire ici
cette longue et fastidieuse énumération, nous nous bornerons
à citer au hasard de la lecture ceux des numéros qui nous
paraîtront présenter le plus d’intérêt.
|
|
Titres et papiers.
|
|
(58) Item, une transaction en parchemin du lendemain du sinode de 1297,
entre le chapitre et l’archidiacre d’Étampes, laquelle atribue une
redevance de six livres au profit dudit archidiacre au lieu du gros d’une
prébende qu’il réclamait, cotée pièce unique
et inventoriée;
Item, cinq pièces du 19 août
1331 jusqu’au 8 mars 1679, qui sont règlement relatif au stage usité
dans ladite église, renseignemens et jugemens y relatifs, cotées
et paraphées et inventoriées;
Item, trois pièces des 8 et 31 août
1462 et 25 février 1585, qui sont relatives aux droits du chapitre
pour nomination de places de professeur au Collège de cette ville
et à la chapelle de saint Jean-Baptiste desservie en l’église
paroissiale de Saint-Basile;
Item, 10 pièces du 4 mai 1563 au
27 novembre 1656 qui sont lettres de provisions et de confirmation de la
dignité de doyen et autres y relatives;
Item, 10 pièces des 25 juin 1501
et 28 juin 1650 qui sont semblables lettres pour la dignité de
chantre et autres relatives;
(59) Item, une sentence de l’officialité
rendue entre le chapitre et les chapelains;
Item, 25 pièces de 1601 à
1775 qui sont relatives aux préséances dans les cérémonies
publiques et prétentions relatives à la réception
des mandemens de l’ordre et à leur distribution; [p.277]
Item, 15 pièces de 1604 à
1696 qui sont lettres de committimus aux requestes du Palais, renseignemens,
jugemens y relatifs et maintenues desdits droits;
Item, deux pièces qui sont relatives aux
troubles éprouvés à Saint-Pierre le 20 juin 1665;
Item, six pièces qui sont arêts solennels
de règlement du 1er septembre 1694 et autres y relatifs rendus
entre les 2 chapitres;
|
|
(60)
Item, le brevet de l’armorial du chapitre du 30 janvier 1699;
Item, un procès-verbal du 13 juillet 1620,
d’ouverture de la grande chase de Notre-Dame;
Item, un règlement de l’ordre pour l’acquit
des obits pour les messes du chœur, fors et excepté les jours de
dimanches et fêtes en date du 10 juillet 1703;
Item, 4 pièces qui font règlement
de discipline pour l’élection des Boursiers et la reddition des comptes,
datées du 10 mars 1623 au 5 décembre 1730;
(61) Item, un règlement de discipline générale
du 10 avril 1725;
Item, un titre de 1736 contenant élection
de la confrairie de la Vraie-Croix, coté, paraphé et inventorié
avec 3 autres pièces y relatives;
Item, 46 pièces qui sont lettres d’amortissement,
quittances et pièces y relatives de 1236 à 1756;
Item, 15 pièces de 1100 à 1582 qui
sont titres d’anciens droits et privilèges des abés et couvent
de Morigny;
Item, 12 pièces qui sont quitances d’amortissement
et autres y relatives de 1300 à 1700;
Item, trois pièces qui sont copies signifiées
des décrets de suppression de la manse abbatiale, monacale, et
offices claustraux de l’abbaye de Morigny, et union de partie des biens
d’iceux à la manse du chapitre, lesdits décrets en date des
10 août, 24 septembre 1743, 22 janvier 1744, et l’arrêt d’homologation
du 4 avril 1746;
|
|
(62)
Item, cinq pièces de 1769 à 1770 qui sont pièces relatives
à la suppression du doyenné de dix prébendes et de
la chapelle de la Madelaine;
Item, trois pièces qui sont suppression du
prieuré de Saint-Martin [p.278] et
union des biens et droits en dépendans à la manse du chapitre,
au nombre desquelles est le décret du 4 mars 1773 et arrêt
d’homologation du 13 août suivant;
Item, trois pièces qui sont arêts du
Parlement du 27 avril 1785 confirmatif de l’arêt d’homologation
d’union du prieuré de Saint-Martin à M. de Tressan lors
abé de Morigny et d…, d’après son collatoire et deux originaux
de son direction (sic) des 4 et 7 mai suivans y joins;
Item, huit pièces qui sont prise de possession
du prieuré de Saint-Martin du 19 juillet, requête du chapitre
du 6 septembre suivant et 6 décembre 1786, arêt provisoire
du 6 septembre 1785, arêt par défaut du 2 août 1786,
arêt du grand Conseil du 23 décembre audit an, confirmatif
de l’arrêt d’homologation contre M. l’évêque de Macon
soi disant indultaire, signiffié à domicile le 31 janvier
1787, et l’original de la dite signification;
Item, pièces qui sont lettres, quitances
d’amortissement et autres pièces relatives de 1236 à 1710;
………… …………… ………… ………… …………… ………………
Item, six pièces qui sont contrats d’acquisitions
et baux à loyer concernant une maison et jardin St-Mars de 1556
à 1770 dont le dernier est un bail à vie fait par le chapitre
au sr abé Girodeau de ladite maison moiennant 120 lb à la charge
des cens et des réparations usufruitières (1)… .
|
(1)
S’agirait-il ici de cette maison sise au coin de la rue Saint-Mars et et
de la rue Saint-Jacques, dite maison de Saint-Mars, ayant appartenu en
dernier lieu à M. le D’ Bourgeois? [Note
de Legrand]
|
A
partir de cet article s’allonge une interminable série de titres
de propriété des terres, biens et maisons situés à
Étampes et sur diverses communes, pièces relatives aux dîmes,
aux cens, aux rentes, déclarations à cause de mouvances, etc.,
etc., le tout se référant à Sainte-Croix, à Morigny
et à Saint-Martin. [p.279]
|
|
Au milieu de cet amas de contrats et papiers remontant
à 1212, 1219, 1223, 1414, etc., etc., nous lisons:
|
|
(63) Item, pièces de 1336 à 1748, qui sont titres de 6
lb. 6 s. 3 d. de cens annuel à prendre sur les bâtiments, jardin
et dépendances du Séjour, péyable par M. Philipes
d’Orléans, à cause de son domaine engagiste d’Étampes,
péyable le 1er octobre;
Item, pièces qui sont titres de 18
s. 9 d. de pareil cens à prendre sur l’emplacement de l’ancienne
Boucherie, peyable comme dessus;
Item, pièces de 1472 et 23 septembre 1747,
qui sont titres de 1 lb. 2 s. 6 d. de pareil cens annuel à prendre
sur l’hôtel commun de cette ville, de 12 s. 6 d. de pareil cens sur
le port neuf [ou pont neuf] et 2 lb. 10 s. de rente foncière de bail
d’héritage à prendre sur la partie dudit Hôtel-Dieu,
le tout péyable le 1er octobre par MM. les maire et officiers municipaux;
Item, anciens titres qui établissent le droit d’usage
de 15 pièces de tapisseries dans l’église de Notre-Dame;
|
|
Enfin l’inventaire se termine, après l’énonciation
de nombreux titres, par les articles suivants:
|
|
(64) Item, 45 volumes reliés qui sont anciens terriers des ci-devant
seigneuries de Sainte-Croix, des religieux de Morigny et du prieuré
de Saint-Martin y réunies, le 1er en date de l’année 1451 et
le dernier de 1777;
Item, deux volumes reliés qui sont
terriers des censives dudit chapitre de Sainte-Croix et de Morigny, faits
par M. François Vénard, notaire à Étampes en
l’année 1775;
Item, un volume relié contenant recueil de
différentes déclarations passées ou profit du sieur
prieur de Saint-Martin depuis le 25 janvier 1738 jusqu’au 30 juin 1773;
Item, a été inventorié un état
des fruits et revenus du chapitre de Sainte-Croix, signé desdits
ci-devants chanoines, en date du 22 de ce mois, lequel est demeuré
annexé à ces présentes [p.280] après avoir
été de nous présentement paraphé au bas des
10 pages qu’il contient.
|
|
Il résulte de cet état que les prix de location s’élevaient
à environ 10 940 livres, plus un certain nombre de sacs de blé,
setiers d’orge et d’avoine, et une quantité respectable de poulets
et chapons. Quant aux rentes, elles ne dépassaient guère
325 livres et quelques muids ou setiers de froment, méteil, seigle
et avoine.
|
|
Toutes ces sommes sont allées grossir la dette du budget des
cultes.
|
|
Mais lisons la fin de l’inventaire qui se termine le 23 octobre à
la vacation du soir:
|
|
(65)
Et après qu’il ne s’est plus rien trouvé à comprendre
au présent inventaire, les meubles, effets, argenteries, linges et
ornemens sont restés en la garde et possession desdits sieurs Chevallier,
Desforges, Fromentin, Empereur et Girodeau, qui s’en sont chargés
pour les représenter à toutes réquisitions.
|
|
(66) Quant aux titres et papiers, ils ont été à
l’instant enlevés et déposés aux archives du district,
et a le sieur Fromentin déclaré qu’il y a des titres concernant
la propriété de deux pièces de terre à Boissy-le-Sec
ès mains du sieur Henryon de Paincy, avocat en parlement, à
cause d’une difficulté entre le ci-devant chapitre et le ci-devant
seigneur de Boissy.
(67) Et d’autres titres concernant une rente de 3
lb. 11 s. due par Pâris le Dévot, ès mains Me Pineau,
procureur à Étampes.
|
|
(68) Fait et arrêté lesdits jour et an. Ainsi signé:
Chevallier, Desforges, Fromentin, Girodeau, Empereur, Sagot, Héret,
Vénard, Charpentier, président, et Crosnier, secrétaire.
|
|
C’en est fait. Tous les biens de l’ancienne Collégiale, toutes
les libéralités faites au cours des siècles au chapitre,
toutes les fondations pieuses que des [p.281] mourants ont laissées derrière
eux pour le salut de leurs âmes, l’argent des obits, des anniversaires,
des messes, tout cela est remis entre les mains des administrateurs du
district qui ne vont pas en respecter la destination primitive. Déjà
les titres et papiers sont enlevés; le mobilier reste en place
mais pour peu de temps.
|
|
En attendant sa dispersion, la dernière étincelle de
vie religieuse qui tremblotait encore dans ce flambeau agonisant va définitivement
disparaître. Les dernières heures de l’église ont
sonné; le procès-verbal suivant va nous indiquer comment
se sont écoulées ces minutes suprêmes:
|
|
(69)
Aujourd’hui 28 décembre 1790, quatre heures de relevée, nous
Théodore-Alexis Charpentier, président du district, Jean Sagot,
Louis-Marin Vénard et Pierre-Antoine Duverger, administrateurs, sommes
avec M. le Procureur sindic, assistés du secrétaire du District,
entrés en l’église de Sainte-Croix d’Étampes où,
étans montés dans le lieu où se tenait le chapitre,
nous y avons trouvé MM. Chevallier, Desforges, Fromentin, Empereur,
Girodeau et Jacques de Malleville, cidevant chanoines de Sainte-Croix, et
leur avons fait lecture de l’article 20 du décret du 12 juillet 1790,
sanctioné le 24 août dernier, et de la délibération
du Directoire de cejourd’hui matin, contenant notification dudit décret,
à ce qu’ils n’en ignorent, et ayens à cesser leurs offices
à compter de ce jour, lesquels ont déclaré qu’en acquiesçant
à l’exécution dudit décret, ils déclaraient
qu’ils cesseront à compter de cet instant tout office en ladite
église, et qu’ils consentaient que le surplus de l’arrêté
dudit district fût exécuté selon sa forme et teneur,
au moien de laquelle déclaration nous avons en leur présence
procédé au récolement des meubles, effets, linges,
argenteries et autres effets compris dans l’inventaire des 13, 18, 20,
22, 23 octobre derniers, et de ce récolement il en est résulté
que le tout s’est [p.282] trouvé en nature la majeure partie des effets mobiliers
étant dans ladite église de nature transportable ont été
montés et mis dans la chambre ci-devant capitulaire, l’argenterie
décrite audit inventaire à l’exception d’un calice, sa patène
et un ciboire, et d’un soleil, ont été également
montés dans ladite chambre et mis dans l’armoire de l’entrée
servant aux archives, et fermant à trois serrures et à 3
clés, et ladite armoire ayant été fermée, et
les 3 clés remises au secrétaire du district, il a été
aposé 3 bandes de ruban de fil blanc traversantes chacune desdites
trois serrures et aux extrémités d’ycelles nos scellés
consistant dans le cachet du district, il a été posé
par Tabart, menuisier à Étampes, deux planches au-dedans
de ladite chambre sur la croisée donnante en icelle et apliquées
sur le dit châssis, attachées avec quatre clous, pour procurer
la plus grande sûreté au contour de ladite chambre.
|
|
(70) Quant au calice et au ciboire et au soleil, le 1er est resté
dans la sacristie, le 2e dans le tabernacle afin de faire consommer demain
les hosties, et se sont lesdits chanoines soumis de les rendre et représenter
demain après la messe avec le soleil.
|
|
(71) Ensuite sommes sortis desdites archives et avons fait fermer la
porte donant dans l’antichambre avec les clefs remises à notre secrétaire,
et avons aposé une bande de ruban de fil blanc traversant la serrure
de ladite porte et aux deux extrémités nos scellés.
|
|
(72) Sortis de l’antichambre, nous avons fait fermer la porte avec la
clef à nous représentée et remise à notre secrétaire,
descendus dans la sacristie, nous avons fait fermer toutes les armoires
décrites en l’inventaire avec les clés à nous représentées
et remises au secrétaire au nombre de deux, et nos scellés
ont été aposés sur l’armoire au-dessus du chapitre,
sur les deux autres collatérales consistant en trois bandes de ruban
de fil, traversantes chacune des vantaux desdites trois armoires et les serrures,
et au bout de chacunes desdites bandes nos scellés, et avoir fait
fermer le chapier étant au-dessous avec la clef à nous représentée,
et aussi remise à notre secrétaire, sur lequel nous avons
posés une bande de ruban de fil, traversant la serrure, et eux deux
extrémités d’ycelles nos scellés, et a le sieur Desforges
[p.283] déclaré qu’il se trouverait demain 9 heures en
ladite église à l’effet d’y célébrer la messe,
à laquelle heure nous avons continué le présent procès-verbal,
à laquelle heure il a volontairement pris intimation.
|
|
(73) Et sont tous lesdits effets et nosdits scellés ainsi que
les portes d’entrée de ladite église restés en la
garde d’Alexis Langlois, dit Michaut, cordonnier, demeurant à Étampes,
rue du Puits-de-la-Chaîne, que nous avons établi pour gardien
aux rétributions de droit, lequel s’est volontairement du tout chargé
et soumis de les représenter quand il sera requis; à ce moien
lesdits sieurs Chevallier, Desforges, Girodeau et Empereur se sont et demeurent
déchargés des effets à eux ci-devant confiés.
|
|
(74)
Fait et arêté lesdits jour et an. Ainsi signé:
Desforges, Fromentin, Girodeau, de Malleville, Empereur,
Alexis Langlois, Duverger, Sagot, Venard, Charpentier, président,
et Crosnier, secrétaire.
|
|
Le dernier acte de la tragédie est proche et les cloches qui
convoquent les fidèles à la dernière messe sonnent
un glas funèbre qui doit retentir bien douloureusement dans le
cœur de plus d’un.
|
|
Ecoutons le récit de cette étape définitive:
|
|
(75) Et le 29 décembre 1790, neuf heures du matin, nous Président,
administrateurs, procureur sindic et secrétaire du district soussignés,
nous sommes transportés en ladite église Sainte-Croix, dont
l’ouverture nous a été faite par ledit Langlois, gardien;
avons reconu notre scellé aposé au dessus du chapier sur les
portes de l’armoire étant au milieu sains et entiers.
|
|
(76) M. Desforges ayant célébré la messe et consommé
les hosties, il a représenté le calice, le soleil tiré
de ladite armoire et le ciboire qu’il a oté du Tabernacle, avons
en conséquence réaposés nos scellés sur ladite
armoire, et ouverture faite des archives après reconaissance faite
des scellés à la porte, nous avons reconu les 3 scellés
aposés sur l’armoire dudit chartrier [p.284] sains et entiers;
eux levés, l’armoire ouverte, lesdits vases y ont été
déposés, l’armoire fermée, les clés remises
au secrétaire, nos scellés ont été rétablis;
sortis de la pièce, la porte ayant été fermée
avec la clé remise à notre secrétaire, nos scellés
ont été sur icelle également réaposés
comme ci-devant. Descendus dans la sacristie, nous avons fait apliquer en
dedans d’icelle et sur la croisée donant sur le jardin ocupé
par Hautin deux planches clouées par Tabart, menuisier, sur le chassis
de ladite croisée. Avons aussi aposés deux scellés
sur les portes en face de ladite croisée après l’avoir fermée
à clé et à verroux, lesdits scellés embrassant
la porte et le chassis de ladite porte posés avec bandes de ruban
de fil et au bout d’yceux nos scellés; avons ensuite fait fermer
la porte de la sacristie dont nous avons remis la clé audit Langlois,
lequel s’est de nouveau chargé tant de ladite clé que de celles
de l’église et de nosdits scellés et a promis de représenter
le tout à toute réquisition.
|
|
(77) Fait et arêté lesdits jour et an, et s’est ledit sieur
Desforges retiré.
|
|
(78) Quels durent être les sentiments des personnes qui assistèrent
à cette cérémonie dans cet instant où pour
la dernière fois se célébrait la messe, dans ce beau
vestige d’architecture du XIIe siècle? Songèrent-ils au passé
de ce grand corps que la tombe venait de recevoir pour jamais?
|
|
Quels durent être surtout les sentiments qui agitèrent
l’âme de l’abbé Desforges au moment de la dernière
consécration?
|
|
Une
curieuse et savante étude de notre collègue Paul Pinson nous
montre ce prêtre, entré sans vocation dans l’état ecclésiastique,
tombé bientôt dans l’erreur, emprisonné à la
Bastille pour la publication d’un ouvrage aussi bizarre que subversif sur
le [p.285] mariage des prêtres (1); puis, une fois gracié,
se livrant à un nouveau genre d’excentricité en inventant
une gondole volante avec laquelle il fit, sur la colline de Guinette, une
chute qui blessa l’homme et tua son crédit, déjà miné
par les sarcasmes des auteurs contemporains; enfin, revenu de ses erreurs,
effrayé du levain révolutionnaire qu’il voyait fermenter,
reconnaissant le mal que ses sophismes allaient causer au clergé,
faisant amende honorable et mourant assez tôt pour ne pas voir démolir
la Collégiale où il avait passé ses premières
années et où il était venu cacher sa vieillesse repentante
(2).
|
(1)
Avantages du mariage et combien il est necessaire et
salutaire aux pretres et aux eveques de ce tems ci d’epouser une fille
chrétienne (Bruxelles, 1758, 2 vol. in-12. [Note de Legrand]
(2) P. Pinson, Un
excentrique au XVIIIe siècle; Étude biographique sur l’abbé
Desforges, chanoine de 1’église collégiale de Sainte-Croix
d’Étampes (1723-1792) (Paris, Champion, 1897, in-8°). [Note de Legrand]
|
C’est
lui, dit notre érudit collègue, qui but le calice jusqu’à
la lie et son mea culpa dut être profond et sincère, car
il s’était rendu jadis grandement complice de ceux qui à l’heure
présente sapaient les bases de la société religieuse;
et c’était un peu son œuvre à lui que cette plante malsaine
dont il commençait à voir mûrir les fruits amers.
|
|
Il
vivait encore lorsqu’en 1791 il fut procédé à la
levée des scellés et au transport des effets mobiliers au
district. Voici le procès-verbal de cette dernière opération,
consigné à la suite de ceux que nous venons de relater:
|
|
(79) Aujourd’hui quatorze juillet mil sept cent quatre-vingt onze, une
heure de relevée, nous Louis Marin Venard, administrateur [p.286] du Directoire du district d’Étampes,
sommes avec M. le Procureur sindic, assistés de Jean-Bte Michel
Quinton pour l’empêchement du secrétaire, transportés
en l’église du ci-devant chapitre de Ste-Croix d’Étampes,
à l’effet de procéder à la reconnaissance et levée
des scellés aposés par le Directoire le 28 décembre
dernier et faire l’enlèvement de l’argenterie, linges et ornemens
de l’église, où étans entrés dans ladite église,
les portes en ayant été ouvertes par Alexis Langlois, gardien
établi à la conservation des dits scellés, pour ce
averti, sommes montés dans la chambre ci-devant capitulaire, la 1re
porte ouverte, avons reconnus nos scellés aposés sur la porte
d’entrée de ladite chambre capitulaire sains et entiers. Entrés
dans ladite chambre, avons reconus les scellés aposés aux
extrémités des 3 bandes de ruban de fil traversans les 3 serrures
de l’armoire étant en icelle sains et entiers. Ouverture faite de
l’armoire avec les clés représentées par le commis
au secrétariat, les effets et papiers renfermés en icelle
en ont été extrais et portés au district pour y être
déposés.
|
|
(80) Avons ensuite fait refermer tant ladite armoire que la porte de
la chambre et antichambre, et en avons remis les clés audit commis
au secrétariat.
|
|
(81) Descendus dans la sacristie, ouvertures faites de la 1re et 2e porte
avec les clés représentées par ledit Alexis Langlois,
gardien, entrés en icelle, avons reconus les scellés aposés
sur la fermeture des armoires formant le chapier et audessus d’y celui,
et celui aposé, sur la porte étant en face de la croisée
ouvrante sur le jardin du nommé Hautain sains et entiers. Ouverture
faite dudit chapier et des armoires étant au-dessus, tous les
effets, vases et argenteries qui y ont été renfermés
par le procès-verbal dudit jour 28 décembre dernier en ont
été extrais et déposés au district.
|
|
(82) Ce fait, le chapier, l’armoire étant au-dessus, les portes
de la sacristie et d’entrée ont été refermées
et les clés remises audit sr Quinton pour être déposées
au district, au moien de quoi ledit Alexis Langlois n’ayant plus d’objets
confiés à sa garde, a remis audit sr Quinton les clés
des portes d’entrées de ladite église: dont et du tout il
demeure ainsi que de sa garde [p.287] déchargé et le surplus
des autres effets décris en l’inventaire qui sont bancs, chaises,
boiseries et tableaux scellés dans le mur et non transportables, sont
restés ès lieux et endroit où ils ont été
trouvés lors de leurs descriptions.
|
|
(83) Fait et arêté lesdits jour et an, et ainsi signé:
Venard, Heret, et Quinton, en l’absence du secrétaire.
|
|
Il
ne nous reste plus qu’à nous préoccuper du sort des divers
objets dont nous venons de voir l’enlèvement au District. Que sont-ils
devenus? A quelle époque ont-ils été définitivement
dispersés?
|
|
En ce qui concerne l’argenterie, un procès-verbal d’envoi à
la monnaie par les membres composant le Directoire, en date du 9 août
1792, porte l’indication suivante:
|
|
Chapitre Sainte-Croix.
|
|
Vermeil
|
|
(84) Un baton cantoral, une grande croix sans le manche, le christ et
les agréments de ladite croix, deux autres petites croix, deux calices,
deux patènes et un soleil, le tout en vermeil, pesant ensemble 28
marcs 3 onces 2 gros.
28.3.2
|
|
Argent
|
|
(85)
Plus deux calices, deux patènes, un ciboire, une tasse à quêter,
deux encensoirs, deux navettes garnies, deux cuillères et chaînes,
et le manche de la grande croix, le tout non doré, pesant 25 marcs
6 gros.
25.0.6
|
|
(86) Pour une partie du mobilier et les objets scellés au mur
de l’église, il restait encore postérieurement au 25 avril
1793 les divers articles consignés en l’état estimatif suivant:
|
|
(87) État des effets restant à vendre dépendans
du ci-devant chapitre Sainte-Croix d’Étampes et réservés
en l’église et en la [p.288] maison du chapitre et dont l’estimation a été faite
par les citoyens Tabart, menuisier, Vaquin, serrurier, en présence
de moy (Vanaud?) administrateur du district d’Étampes, conformément
à la loy du 25 avril 1793, concernant la vente du mobilier des
propriétés nationales.
|
|
(88)
1.
|
Premièrement
les lambrits du santuaire depuis les deux portes estimés à
la somme de
|
60
|
2.
|
Les archivolle
au dessus du susdit lambrit et au dessus des stalles estimés
|
120
|
3.
|
Les stalles
des deux cottes du cœur
|
150
|
4.
|
La boiserie
et le marchepied, le tabernacle (1) et les deux gradins, le coffre qui est
derrière et les deux crédense estimés à la
somme de
|
48
|
5.
|
Les onze
tableaux (2) et leurs cadres et les tour ronde, estimés à
|
150
|
6.
|
La tribune
et le bufet d’orgues estimé à
|
300
|
7.
|
Le banc
d’euvre ainsi que la boiserie qui en dépend
|
72
|
8.
|
La chaire
et son escalier estimés à la somme de
|
24
|
9.
|
La boiserie
des deux autels de droite et de gauche, sans y comprendre les grilles
et les corps d’autel en pierre
|
60
|
10.
|
Les deux
corps d’autel en pierre
|
60
|
|
A reporter
|
1044
|
|
[p.289]
|
Livres.
|
|
Report
|
1044
|
11.
|
Le tambour
de la porte du côté de la rue de la Savatterie
|
50
|
12.
|
Le tambour
de la porte collatéralle à droite de la grand porte d’antrée
|
50
|
13.
|
Une devanture
d’armoire dans l’aille du côté de la rue de la Savatterie,
et les tablettes qui sont
dedans
|
48
|
14.
|
Dans la
même aile un banc et le fonds
|
15
|
15.
|
Derrière
le cœur à conduire depuis la rive à gauche de l’autel du
milieu, il se trouve un confessionnal, un autel et les boiseries qui en
dépendent
|
72
|
16.
|
L’autel
du milieu, un confessionnal, un autel à droite et les boiseries
qui en dépendent
|
90
|
17.
|
Lambri
d’apui qui est au bas des grilles derrière le cœur du côté
du cul de lampe estimée à la somme de
|
60
|
18.
|
La chapelle
de Ste Julienne, le lambri, la grille de l’autel et parquet
|
120
|
19.
|
Dans la
sacristie un chapier, les corps de tiroirs à côté
et les armoires, au-dessus le marchepied et les porte-manteaux
|
140
|
20.
|
Dans l’antrée
de la sacristie quatre corps d’armoire, savoir un au bas de l’escalier
et les porte manteaux
|
18
|
21
|
Dans le
chapitre une armoire à gauche de la porte, une à droite
et les bancs au pourtour et les deux tables, un vieux coffre, dans l’entrée
du dit chapitre
|
50
|
|
Total
|
1757
|
(89)
|
(1) Ce tabernacle est
encore à Étampes dans la famille d’un sieur Monnet, dont
le père vivait aux environs de l’église à laquelle
nous trouvons qu’il payait une petite rente. [Note
de Legrand]
(2) L’église
Notre-Dame possède six grandes toiles que l’on dit provenir de
Sainte-Croix et données par la famille Marin dont un ancêtre
avait acquis une portion de l’église. Il y avait établi cette
maison où nous avons signalé un curieux fragment d’entablement
et de corniche dominant une grande fenêtre. Ces tableaux, qui paraissent
remonter à la fin du XVIIe siècle ou aux premières
années du XVIIIe, représentent: La Cène, Le Christ
au jardin des oliviers, l’Ecce Homo, Jésus rencontrant les filles
de Jérusalem, la Descente de croix, et la Résurrection.
— Dans l’église Saint-Basile un tableau, placé au-dessus
de la porte de la sacristie et don de la famille Marin, provient également
de la collégiale. Il représente les Disciples d’Emmaüs,
d’après Léonard de Vinci [Note de
Legrand]
|
Serrurerie.
|
Livres.
|
1 Premièrement
les grandes portes du cœur estimés à la somme de
|
300
|
2. Les grilles
d’apuis et la porte romaine du milieu
|
300
|
A reporter
|
600
|
[p.290]
|
Livres.
|
Report
|
600
|
3. Les trois
grilles du fond du cœur
|
150
|
4. La porte
d’entrée du côté de la rue de la Savatterie
|
100
|
5. Lot et
les poix et cord estimés à la somme de
|
100
|
Total
|
950
|
|
|
(90) Et ne s’étant plus rien trouvé à estimer, nous
avons clos et arrêté le présent état que les
dits Tabart et Vaquin ont signé avec nous. Signé: Tabart.
|
|
Nous n’avons pas le procès-verbal de cette visite postérieure
de beaucoup, on le voit, à l’adjudication du bâtiment, qui
porte la date du 15 août 1792, et l’on comprend maintenant l’obligation
imposée à l’acquéreur de ne point enlever les tableaux,
statues, meubles et ornements qui étaient dans l’église ou
dans la sacristie.
|
|
Quant
aux titres et papiers, ils sont loin d’avoir tous été recueillis
dans leur dépôt naturel, les Archives départementales
de Seine-et-Oise.
|
|
Tels sont les faits que nous avons pu faire revivre à l’occasion
des fouilles récentes pratiquées sur l’emplacement de Sainte-Croix
d’Étampes.
Maxime Legrand.
|
|
|