CORPUS HISTORIQUE ETAMPOIS
 
 Dom Basile Fleureau 
Du Grenier à sel d’Estampes. 
Antiquitez d’Estampes I, 21
1668
     
Philippe IV le Bel selon un camée des années 1630
Philippe IV le Bel (1285-1314)
Phillipe VI de Valois selon un camée des années 1630
Philippe VI de Valois  (1328-1350)
François Ier selon un camée des années 1630
François Ier (1515-1547)
Série de camée des années 1630, conservé à la BNF

     La saisie des textes anciens est une tâche fastidieuse et méritoire. Merci de ne pas décourager ceux qui s’y attellent en les pillant sans les citer.
     
Les Antiquitez de la Ville et du Duché d’Estampes
Paris, Coignard, 1683
Premiere Partie, Chapitre XXI,
p. 73.
Du Grenier à sel d’Estampes.
 
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PREMIÈRE PARTIE, CHAPITRE XXI.
Du Grenier à sel d’Estampes.


CEux qui ont recherché l’origine de la gabelle en France l’attribuent au Roy Philippe, surnommé de Valois; d’autres à Philippe le Bel: mais il est mal-aisé d’accorder cette diversité d’opinions; d’autant que Philippe le Bel mit seulement un impost de quatre deniers pour livre, sur le prix du Sel, & pour peu de temps; & Philippe de Valois établit par Edit perpetuel les greniers à Sel, afin que le peuple fut [sic] obligé d’acheter le Sel de ses Officiers, ou Fermiers à beaucoup plus haut prix, qu’il n’avoit accoûtumé de l’achetter des particuliers; comme il est remarqué dans l’Edit de François Premier, en 1517, pour rétablir la Gabelle. Et depuis cet Edit, la Gabelle a été perpetuelle, & ordinaire. Et l’on peut dire que dans les Etats les mieux policez, il y eu de tout temps des impositions sur le Sel, pour subvenir aux affaires publiques. Et Tite-Live remarque, que durant la Republique Romaine, l’on en tiroit un gros subside, & c’est pour ce sujet, que M. Livius Censeur, qui en avoit été l’auteur, fut surnommé, Salinator.

     L’étenduë de la Gabelle, ou grenier à Sel d’Estampes, surpasse de beaucoup celle du Bailliage, & de la Maréchaussée. Car du côté de Paris, il va jusques à la fontaine qui est dans le milieu du bourg de Linois: Du côté de Pluviers, jusques à Bondaroy: vers Orleans, jusques à Gommarville: Du côté de Nemours, jusques au Coudray, & Gironville sous Buno, & jusques à Rochefort, au de là Dourdan.

     Les Officiers de la Gabelle, sont deux Presidens, deux Grenetiers, deux Contrôlleurs, un Advocat, & un Procureur du Roy, un Greffier, & quelques Huissiers, & Sergens.

Salinator (enluminure du XVe siècle pour la traduction de Tite Live par Pierre Bersuire, BNF)
Triomphe de Marcus Livius Salinator
(enluminure du XVe siècle)
   
 

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NOTES  (Bernard Gineste, octobre 2005)


     1) Gabelle. Mot sicilien introduit en France par les Normands, de l’arabe kabala, «impôt», qui désigna d’abord toutes sortes d’impôts indirects, avant de se spécialiser pour caractériser l’impôt sur le sel, institué pour la première fois en 1286.

     2)
Philippe, surnomme de Valois ... Philippe le Bel.  Philippe IV le Bel a régné de 1285 à 1314 et Philippe VI de Valois de 1328 à 1350. On date généralement l’institution de la Gabelle de 1315 (donc sous Louis X, fils de Philippe IV), et son extension à tout le royaume de 1341.

     3) François Ier. Voyez la bibliographie, sur cet édit de 1517.

     4) Tite-Live... Livius Salinator... Tite Live, Titus Livius, parfois surnommé Patavinus, «de Padoue», et connu dans le monde anglo-saxon sous le nom de Livius, né vers 57 avant Jésus-Christ, mort en 17 de notre ère, auteur de 142 livres Depuis la Fondation de Rome (Ab Urbe Condita libri CXLII) dont ne nous restent que les livres I à X et XXI à XLV. Voici le passage considéré, consacré à la censure de Marcus Livius Salinator, en 204 avant Jésus-Christ.

      Ab Urbe Condita XIX,37. Dum haec consules diuersis regionibus agunt, censores interim Romae M- Liuius et C- Claudius senatum recitauerunt. princeps iterum lectus Q- Fabius Maximus; notati septem, nemo tamen qui sella curuli sedisset. sarta tecta acriter et cum summa fide exegerunt. uiam e foro bouario {et} ad Veneris circa foros publicos et aedem Matris Magnae in Palatio faciendam locauerunt. uectigal etiam nouum ex salaria annona statuerunt. sextante sal et Romae et per totam Italiam erat; Romae pretio eodem, pluris in foris et conciliabulis et alio alibi pretio praebendum locauerunt. id uectigal commentum alterum ex censoribus satis credebant populo iratum quod iniquo iudicio quondam damnatus esset, et in pretio salis maxime oneratas tribus quarum opera damnatus erat {credebant}; inde Salinatori Liuio inditum cognomen.
Histoire Romaine 29,37,1-4 (204 av. J.-C.)
 
     [...] A Rome les censeurs Marcus Livius et Caius Claudius [...]  décidèrent aussi de tirer un nouveau revenu pour l’État du cours du sel. Le sel coûtait un sextant à Rome comme dans l’Italie entière. Ils en affermèrent la vente, à Rome, au même prix, mais à un prix plus élevé dans les marchés et les lieux de réunion des paysans, ce prix variant d’ailleurs suivant l’endroit. On croyait fermement que cette augmentation de prix avait été inventée par l’un des censeurs, irrité contre le peuple parce qu’il avait (disait-il) porté jadis contre lui un jugement injuste; on croyait qu’elle pesait surtout sur les tribus dont le vote l’avait fait condamner. D’où le surnom de Salinator (saulnier) donné à Livius.


     Traduction nouvelle de Eugène Lasserre, Paris, 1949, tome 6.

 
     5) Grenier à sel. Le grenier à sel proprement dit d’Étampes se trouvait sous l’Ancien Régime dans un bâtiment annexe à l’Hôtel-de-Ville, détruit en 1845, selon Frédéric Gatineau (Voyez ci-dessous l’Annexe 2).

     6) Linois... Pluviers. Ce sont Linas et Pithiviers.

     7) Les Officiers de la Gabelle.  Voir ce qu’en dit Léon Marquis (ci-dessous, Annexe 1) pour la période postérieure à Fleureau (qui écrivit ce chapitre vers 1668).


Bernard Gineste, octobre 2005.
ANNEXE 1
CONTINUATION DE CE CHAPITRE PAR LÉON MARQUIS

(Les Rues d’Étampes et ses Monuments, Étampes, Brière, 1881, pp. 56-57)


Carte des différentes Gabelles en janvier 1781, selon un Rapport rendu au roi par J. Necker ( BNF)
Carte des différentes gabelles en 1781.
Étampes est en pays de grande gabelle.

     Gabelle d’Étampes. — La gabelle ou grenier à sel avait une juridiction plus étendue que celle du bailliage d’Étampes; elle s’étendait de Linas à Gommerville du nord au sud, et de Rochefort à Gironville-sous-Buno de l’ouest à l’est.

     Les officiers de la gabelle, qui siégeaient dans leur grenier à sel, situé près de l’Hôtel-de-Ville, comprenaient, d’après Fleureau: [p.57] deux présidents, deux grènetiers, deux contrôleurs, un avocat, un procureur du roi, un greffier, et quelques huissiers et sergents.

     Le nombre de ces officiers fut réduit, à la fin du XVIIe siècle, à un président, un grènetier, un contrôleur, un procureur du roi et un greffier.

     Étampes, qui appartenait à la généralité de Paris, était un pays de grande gabelle, c’est-à-dire où le sel se vendait les plus hauts prix. Il y avait des généralités dont les pays étaient de petites gabelles, où le prix du sel était beaucoup plus bas, et les pays rédimés ou exempts de gabelles.

     En l’année 1697, nous voyons: Michel Pichonnat, élu médecin contrôleur de la gabelle d’Étampes; Jean-François Gabaille, grènetier de la gabelle; Jacques Duvis, conseiller du roi, receveur des tailles et gabelles (l).

     En 1777, François-Alexandre Frère était procureur du roi audit grenier à sel. A sa mort, le 25 septembre 1777, il fut remplacé par Louis Barbier, qui se démit, le 14 juillet 1779, en faveur de Jean Champigny (2).


     (1) Manuscrit de l’Armorial de d’Hozier. — (2) Manuscrit de l’acte de nomination.


ANNEXE 2
NOTICE DE FRÉD
ÉRIC GATINEAU
(Étampes en lieux et places, Étampes, A travers Champs, 2003, p. 64)

GRENIER À SEL  
     Le grenier à sel d’Étampes est cité dès 1355. Il était situé dans un des bâtiments jouxtant l’Hôtel de Ville.
     Il sera démoli en 1848 lors des grands travaux de restauration de la mairie.



Toute critique, correction ou contribution sera la bienvenue. Any criticism or contribution welcome.
Source: Basile Fleureau, Les Antiquitez de la ville et du Duché d’Estampes, p. 73. Saisie: Bernard Gineste, juillet 2004-septembre 2005.
   

BIBLIOGRAPHIE

Éditions

 
     Édition princeps, posthume: Dom Basile FLEUREAU (religieux barnabite, 1612-1674), Les Antiquitez de la ville, et du Duché d’Estampes avec lhistoire de labbaye de Morigny et plusieurs remarques considerables, qui regardent l’Histoire generale de France [in-4°; XIV+622+VIII p. (N.B: les pages 121-128 sont numérotées par erreur 127-134); publication posthume par Dom Remy de Montmeslier d’un texte rédigé en réalité vers 1668], Paris, J.-B. Coignard, 1683.

     
Réédition en fac-similé: Dom Basile FLEUREAU, Les Antiquitez de la ville, et du Duché d’Estampes avec lhistoire de labbaye de Morigny et plusieurs remarques considerables, qui regardent l’Histoire generale de France [23 cm sur 16; XIV+622+VIII p.], Marseille, Lafittes reprints, 1997.

     
Réédition numérique en ligne (en cours depuis 2001): Bernard GINESTE [éd.], «Dom Fleureau: Les Antiquitez d’Estampes (1668)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/index-fleureau.html, 2001-2005.

     Ce chapitre: Bernard GINESTE [éd.], «Dom Fleureau: Du grenier à sel d’Étampes (1668)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-17-fleureau-b21.html, 2005.
 
Textes de quelques ordonnances royales sur la gabelle conservées à la BNF

    ANONYME [éd.], Extrait du 1er article des ordonnances faites par le roi Philippe le Bel touchant la gabelle, aides et impositions [in-8°; acte royal du 25 février 1319], sans mention de lieu, d’imprimeur, ni de date [conservé à la BNF].

     FRANÇOIS Ier [auteur moral], Les Ordonnances royaulx sur le faict des tailles, aydes et gabelles, nouvellement publiées en la Court des aydes. Ils se vendent à Paris, sur le pont Nostre-Dame, à la gallée, et au Pallays, au second pillier, par Galliot Du Pré. Cum privilegio. [A la fin:] Cy finissent les ordonnances royaulx faictes sur le fait des tailles, aydes et gabelles, et publiées en la Court des aydes, le dixiesme jour de juillet mil cinq cens et dix-sept. Imprimées à Paris pour Galliot Du Pré, libraire, demourant sur le pont Nostre-Dame, à l’enseigne de la gallée, ayant sa bouticle en la grant salle du Pallays, au second pillier [in-8°, caractères gothiques; armes de François Ier sur le titre et marque typopgraphique de G. Du Pré à la fin], Paris, 1517 [conservé à la BNF].

     FRANÇOIS Ier [auteur moral], Nouvelles ordonnances faites par françois premier sur le fait des eaux, forêts, chasses, gabelles, tailles, guerres et autres bonnes ordonnances [petit in-4°; acte royal daté du 30 juin 1517 à Montreuil], Paris, Jehan Trepperel, sans date [conservé à la BNF].

     FRANÇOIS Ier [auteur moral], Ordonnances... sur le faict des aydes, tailles et gabelles [in-8°; folioté 105-123; «enregistrées à la Cour des Aydes le 10 juillet 1517»], sans mention de lieu, ni d’éditeur, ni de date [conservé à la BNF].

     HENRI III [auteur moral
], Ordonnance du Roi sur le fait de sa gabelle du sel [in-4°; acte royal du 13 août 1579 (sous Henri III)], sans mention de lieu, d’imprimeur, ni de date [conservé à la BNF].

Sur le grenier à sel d’Étampes

     Bernard GINESTE [éd.], «Dom Fleureau: Du grenier à sel d’Étampes (1668)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-17-fleureau-b21.html, 2005.

     Léon MARQUIS, «La gabelle d’Étampes», in ID., «Exposé général», in ID., Les Rues d’Étampes et ses Monuments, Étampes, Brières, 1881, pp. 56-57. Dont une réédition numérique en mode texte par le Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-19-marquis-rues01.html#gabelle, 2004.

     Clément WINGLER [éd.], «Henri IV: Autorisation de lever la gabelle (Extrait du Registre du Conseil d’État, 15 mars 1608)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-17-16080315henri4autorisationgabelle.html, 2004.

     Bernard GINESTE, «Charles VII et son conseil des finances: Octroi aux Étampois des revenus de la gabelle pour cinq ans (12 juin et 5 août 1457)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-15-1457charles7sel.html, 2010.

     Bernard GINESTE [éd.], «Charles VIII et son conseil des finances: Nouvel octroi pour dix ans aux Étampois des revenus de la gabelle (27 février et 20 novembre 1491)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-15-1491charles8sel.html, 2010.


Quelques ouvrages sur la Gabelle

     Jules FINOT, Essai historique sur les origines de la gabelle et sur l’exploitation des salines de Lons-le-Saunier et de Salins jusqu’au XIVe siècle [in-8°; 87 p.], Lons-le-Saunier, Gauthier frères, 1866.

     Louis ROUBET, Du Faict de la gabelle [in-8°; 44 p], Nevers, P. Fay, 1868.

     Eugène-Pierre BAULIEU [auteur] & Charles GODARD (1860-1912) [préfacier], Les Gabelles sous Louis XIV [232 p.], Paris, Berger-Levrault, 1903. Réédition
en fac-similé [23 cm; 232 p.; bibliographie pp. 219-228; index; fac-similé]: Genève, Slatkine-Megariotis & Paris, Champion, 1974.

     J. PASQUIER (docteur en droit), L’Impôt des gabelles en France aux XVIIe et XVIIIe siècle [150 p.; thèse de droit soutenue à Paris en 1905], Paris, L. Larose et L. Tenin, 1905. Réédition en fac-similé [23 cm; 150 p.; bibliographie pp. 149-150]: Genève, Slatkine & Paris, Champion], 1978.

     Michel BOYÉ & Nelly COUDIER, Gabelle, gabelous: exposition réalisée par le Musée des Douanes à Bordeaux en 1990. Catalogue [30 cm; 36 p.; illustrations], Bordeaux, Musée des douanes, 1990.



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Explicit
   
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