CORPUS HISTORIQUE ETAMPOIS
 
 Dom Basile Fleureau 
De l’Eglise de Saint Pierre d’Estampes. 
Antiquitez d’Estampes I, 13
1668
     
Le Prieuré en 1908 (carte poste de Théodule Garnon n°513)

Restes du Prieuré de Saint-Pierre, détruit lors de la Révolution.

     La saisie des textes anciens est une tâche fastidieuse et méritoire. Merci de ne pas décourager ceux qui s’y attellent en les pillant sans les citer.
     
Les Antiquitez de la Ville et du Duché d’Estampes
Paris, Coignard, 1683
Premiere Partie, Chapitre XIII,
pp. 21-22.
De l’Eglise de Saint Pierre d’Estampes.
 
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PREMIÈRE PARTIE, CHAPITRE XIII.
De l’Eglise de Saint Pierre d’Estampes.
 

     On connoistra parce que je vais dire que l’Eglise de Saint Pierre est l’une des plus anciennes d’Estampes. L’Histoire manuscrite de la translation de Saint Benoist du Mont Cassin en France, & de son arrivée à Fleury sur Loire, nommé aujourd’huy communement S. Benoist sur Loire, nous apprend que pendant le regne de Clovis second fils du Roy Dagobert premier, qui deceda le dix-neuviéme de Janvier de l’année 644. un saint homme [p.22] nommé Leodeboldus, qui étoit Abbé de la celebre Abbaye de Saint Aignan d’Orleans, de l’Ordre de Saint Benoist, depuis secularisée & convertie en un College de Chanoines, ayant formé le dessein de faire bâtir un monastere à Fleury, & ayant presenté sa requête au Roy, parce que le lieu de Fleury étoit du Domaine de sa Couronne, sa Majesté luy en accorda la propriété & la Seigneurie, à condition que Leodeboldus luy donneroit en échange, & dedommagement, le lieu & la Seigneurie d’Attigny, avec ses dependances, assis sur la riviere d’Aisne proche de la ville de Soissons, lequel luy appartenoit comme un bien de son patrimoine, ce qu’ayant été fait, la situation du lieu étant tres agreable, quelques-uns de nos Monarques le choisirent de temps en temps pour y faire leur sejour: & y firent plusieurs celebres actions rapportée par nos anciens Historiens. Aussi-tôt que ce saint Homme eût  pris possession de ce lieu qu’il desiroit, il ne tarda pas long-temps à faire construire une Eglise, & un Monastere, ainsi qu’il avoit designé, où il assembla plusieurs Religieux soûs la conduite d’un grand Serviteur de Dieu, nommé Mammolus: Et pour leur donner dequoy subsister il leur laissa de grands biens en divers Lieux: Et entr’autres tout ce qu’il avoit acquis à Estampes d’une nommée Albune, tant terres que prez sans rien reserver, & ainsi qu’il en jouïssoit. Voicy les termes de la donnation tirez de son Testament, qui est imprimé au quatriéme vol. des Historiens François de Duchesne. Simulque terras vel prata, quæ ab Albuna in pago Stampensi visum sum comparasse, sicut à me possessum est in integrum. C’est ce qui donna occasion dans la suite aux Religieux de ce nouveau Monastere de venir à Estampes, pour y fonder une Eglise soûs le nom du même Prince des Apôtres, & y bâtir un Monastere, où depuis il envoyerent douze Religieux soûs la conduite & direction d’un Prieur, nommé Pierre d’Estampes (peut être parce qu’il en êtoit natif) pour y êtablir la conventualité, qui y a duré un temps fort considerable; & quand elle y a cessé il y avoit ordinairement vingt-quatre Religieux de Residence dans ce Monastere. C’est tout ce que j’ay appris de cette Eglise & Monastere par de vieils memoires, sans avoir pû découvrir le temps, auquel toutes ces choses sont arrivées. Il y a neantmoins grande apparence que l’Eglise & le Monastere furent bâtis vers la fin de la premiere race de nos Roys & que le Monastere fut detruit sur la fin de la seconde: Car s’il  eût encore subsisté durant la troisiéme, l’on en auroit plus de connoissance: comme l’on en a des autres choses qui s’y sont passées. [p. 23]

Clovis II selon un camée du 17e siècle (© BNF)
Clovis II d'après un camée des années 1630.

   
 
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NOTES


     1) L’Histoire manuscrite de la translation de Saint Benoist du Mont Cassin est un document attribué à Adrevald, moine de Saint-Benoît-sur-Loire au IXe siècle. Selon Maurice Prou, c'est le premier document à mentionner la Donation de Liébaut (qualification que nous préférons à celle de Fleureau, Testament de Leodeboldus), dont l'original était encore conservé: «Quod testamentum mutuae vicissitudinis usque hodie in archivis publicis nostri reservatur monasterii». La seule copie actuellement connue de cette donation est de la main d'Helgaud, qui l'a mis en tête du manuscrit original de sa Vie de Robert le Pieux, actuellement conservé au Vatican.

      2) …
Clovis second fils du Roy Dagobert premier, qui deceda le dix-neuviéme de Janvier de l’année 644... Fleureau est ici ambigu. De nos jours, de plus, on date la mort de Dagobert est mort de 639, et celle de son fils Clovis II de 657. Quant au Testamentum de Leodeboldus dont il va être question, il est daté par Maurice Proux de 651.

     3) Testament... Fleureau se laisse ici piéger par le mot Testamentum qui aux temps mérovingiens désigne tout document à valeur juridique: c'est en fait une simple donation.

     4) au quatriéme vol. des Historiens François de Duchesne: Fleureau, pour ce qui concerne la période qui va des mérovingiens au règne de Robert le Pieux, n’a utilisé que le Recueil des Historiens français d’André Duchesne, surnommé depuis le Père de l’Histoire Française. Il n’y a trouvé que quatre documents qui fassent mention d’Étampes ou du pays étampois: une ordonnance de Charlemagne de 770 (en fait de 774), un passage de l’historien Nithard, neveu de Charlemagne, sur le partage de 838, et un capitulaire de Charles le Chauve de 853, et le présent Testamentum.
     Depuis, les historiens locaux ont déniché plusieurs autres sources littéraires, voire archéologiques, qui permettent d’enrichir le tableau (voyez surtout en dernier lieu le tome I du Pays d’Étampes, paru en 2003).

Bernard Gineste
Source: Basile Fleureau, Les Antiquitez de la ville et du Duché d’Estampes, pp. 21-22. Saisie: Bernard Gineste, juillet 2004.
   
BIBLIOGRAPHIE

Éditions

 
     Édition princeps, posthume: Dom Basile FLEUREAU (religieux barnabite, 1612-1674), Les Antiquitez de la ville, et du Duché d’Estampes avec lhistoire de labbaye de Morigny et plusieurs remarques considerables, qui regardent l’Histoire generale de France [in-4°; XIV+622+VIII p. (N.B: les pages 121-128 sont numérotées par erreur 127-134); publication posthume par Dom Remy de Montmeslier d’un texte rédigé en réalité vers 1668], Paris, J.-B. Coignard, 1683.

     
Réédition en fac-similé: Dom Basile FLEUREAU, Les Antiquitez de la ville, et du Duché d’Estampes avec lhistoire de labbaye de Morigny et plusieurs remarques considerables, qui regardent l’Histoire generale de France [23 cm sur 16], Marseille, Lafittes reprints, 1997.

     
Réédition numérique en ligne (en cours depuis 2001): Bernard GINESTE [éd.], «Dom Fleureau: Les Antiquitez d’Estampes (1668)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/index-fleureau.html, 2001-2010.

     Ce chapitre: Bernard GINESTE [éd.], «Dom Fleureau: De l’Eglise de Saint Pierre d’Estampes (1668)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-17-fleureau-b13.html, 2005.

Histoire de la Translation de Saint Benoît

     ADREVALDUS [moine de Saint-Benoît-sur-Loire], Historia translationis S. Benedicti, IXe siècle.

     Eugène de CERTAIN (1812-1869) [éd.], «Historia translationis S. Benedicti», in ID., Miracula sancti Benedicti, ab Adrevaldo, Aimoino, Andrea... scripta. Les miracles de Saint Benoît écrits par Adrevald, Aimoin, André, Raoul Tortaire et Hugues de Sainte Marie moines de Fleury, réunis et publiés pour la Société de l'histoire de France [in-8°; XL+391 p.], Paris, Veuve J. Renouard [«Société de l’Histoire de France»], 1858 [dont une réédition numérique en mode image par la BNF sur son site Gallica, N102669, http://gallica.bnf.fr/document?O=N102669, en ligne en 2004], pp. 1-89.

    Sur Adrevald: UN MAURISTE [religieux bénédictin de la congrégation de Saint-Maur], «Adreval, moine de Fleuri» in Histoire littéraire de la France, où l'on traite de l'origine et du progrès, de la décadence et du rétablissement des sciences parmi les Gaulois et parmi les François.... Tome V, Qui comprend la suite du neuvième siècle de l'Eglise jusqu'à la fin, par des religieux bénédictins de la Congrégation de S. Maur, Osmont-Huard, vers 1740 [entre 1733 (t.1) et 1746 (t.7)]. Dont une réédition au XIXe siècle sous la direction de Paulin PARIS [27 cm; 883 p.], Paris, V. Palmé, 1866. Dont une réédition numérique en mode texte par la la BNF, 1995, mise en ligne sur son site Gallica, http://visualiseur.bnf.fr/Visualiseur?Destination=Gallica&O=NUMM-28029 (en ligne en 2005), pp. 515-522.

Édition de la Donation de Leodeboldus utilisée par Fleureau

     Andreas DU CHESNE [alias André DUCHESNE, DUCHÊNE, CHESNIUS, DUCHESNIUS, QUERNEUS, QUERCETANUS; surnommé le Père de l’Histoire française] [éd.] (1584-1640) & Fransciscus DU CHESNE [François, son fils & continuateur] (1616-1693) [Duchesne envisageait un recueil de 34 volumes mais la mort l’arrêta avant que ne parût le 3e; son fils alla jusqu’au tome 5; l’ensemble fut ensuite entièrement recommencé par Dom Bouquet et les Mauristes], Historiae Francorum scriptores coaetanei... quorum plurimi nunc primum ex variis codicibus mss. in lucem prodeunt, alii verò auctiores et emendatiores; cum epistolis regum, reginarum, pontificum, ducum, comitum, abbatum et aliis veteribus rerum Francicarum monumentis opera ac studio Andreae Du Chesne [tom. I-II; «Auteurs de l’Histoire des Francs contemporains des faits… dont la plupart sont édités pour la première fois à partir de divers ouvrages manuscrits, tandis que les autres le sont plus au long et plus correctement; avec les lettres des rois, des reines, des évêques, des ducs, des comtes, des abbés et les autres anciens monuments des affaires de la France, par les soins et le travail d’André Duchesne»] — Historiae, etc., opera ac studio filii post patrem Francisci Du Chesne [tom. III-V] [5 vol. in-f°; «Auteurs, etc., par les soins et le travail du fils d’André Duchesne, François, après la mort de son père»], Lutetiae Parisiorum [Paris], sumptibus S. Cramoisy [Sébastien Cramoisy], 1636-1649, tome IV (1641), pp. 59sqq.

     Selon Maurice PROU 1907, cette édition repose sur une édition du XVIe siècle collationnée avec la seule copie manuscrite connue de cette donation, celle du Vatican.

 
Sur Saint-Pierre, et sur Étampes aux époques mérovingienne et carolingienne

     Bernard GINESTE [éd.], «Jean, abbé de Saint-Benoît-sur-Loire: Accord avec Garnier le Cellérier (nomination comme maire de Saint-Pierre d’Étampes, juin 1238, in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/cls-13-123806jeandefleury.html, janvier 2008.

     Bernard GINESTE [éd.], «
Léon Marquis: Le Quartier Saint-Pierre (1881)» [réédition numérique illustrée en mode texte], in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-19-marquis-rues02e.html, 2008.

     Léon GUIBOURGÉ,
«L'origine du Prieuré de Saint-Pierre», in ID., Étampes, ville royale, Étampes, chez l’auteur, 1957 [dont une réédition numérique en mode texte par Bernard GINESTE, «Léon Guibourgé: Étampes ville royale (1957)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-20-guibourge1957etampes401saintpierreparoisse.html, 2004], pp. 139-141.

     Michel MARTIN, «Saint-Pierre du Néolithique au XVe siècle», in Jacques (alias Jacky) GÉLIS (professeur émérite d’histoire moderne à Paris VIII) [dir.], Etampes et ses quartiers. Saint-Pierre (1) [52 p.], Étampes, Étampes-Histoire [
«Cahiers d’Étampes-Histoire» 3], 2000, pp. 10-13, spéc. p. 11.

     Michel MARTIN, «Séquences d’urbanisation du IVe au XIIIe siècle» & «Essor d’Étampes à la période carolingienne», in Jacques GÉLIS [directeur de la collection], Michel MARTIN & Frédéric BEAUDOIN [directeurs du premier tome], Le pays d’Étampes. Regards sur un passé. Tome 1: Des origines à la ville royale [17 cm sur 24; 215 p.], Étampes, Étampes-Histoire, 2003, pp. 69-78 & 81-91.



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