Corpus Latinum Stampense
 
Louis VII
Don d’une foire aux moines de Forges-les-Bains
1140
   
Sceau de Louis VII
    
     Vers 1140, Louis VII accorde une foire au monastère de Forges-les-Bains, affilié à celui de Longpont.

     La saisie des textes anciens est une tâche fastidieuse et méritoire. Il ne faut pas décourager ceux qui s’y attellent en les pillant sans les citer.

 
Louis VII
Don d’une foire aux moines de Forges-les-Bains
1140
1. Texte et traduction (2008)

     In nomine sancte & individue Trinitatis, amen. Ludovicus, Dei gracia, Francorum rex & Aquitanorum dux, ecclesie beate Marie de Forgiis in perpetuum.
     Au nom de la sainte et indivise Trinité, amen. Louis, par la grâce de Dieu roi des Francs et duc des Aquitains, à l’église de Notre-Dame de Forges, pour valoir à perpétuité.
     Quoniam Dei miseratione multa possidemus, ne ingrati beneficiorum coram ipso inveniamur (1), ut pauperes Christi (2) recipiant nos in eterna tabernacula, cum nostra defecerint (3), eorum indigencie de nostra habundantia subvenire debemus (4)      Puisque par un effet de la miséricorde de Dieu nous possédons de grands biens, afin de ne pas être trouvés (1) en sa présence sans reconnaissance pour ses bienfaits, afin que les pauvres du Christ (2) nous reçoivent dans les tentes éternelles, lorsque les nôtres périront (3), il nous faut suppléer leur misère par notre abondance (4).
     Et quia, sicut graciosa est nubes pluvie tempore siccitatis, sic tempore necessitatis elemosina (5), ob salutem anime nostre & antecessorum nostrorum,ecclesie de Forgiis & monachis ibidem Deo servientibus, unam feriam, singulis annis, in die Assumptionis sancte Marie concedimus,
     Et parce qu’en temps de disette l’aumône est aussi agréable qu’un nuage pluvieux en temps de sècheresse (5), pour le salut de notre âme de de celles de nos prédécesseurs, nous avons cédé à l’église de Forges et aux moines qui y servent Dieu une foire chaque année au jour de l’assomption de Notre-Dame.
     & tam euntes quam redeuntes in conductu & tutela nostra suscipientes, ut nec posteros nec [p.71] presentes lateat, per presentem paginam omnibus innotescimus.
     Et, accordant notre sauf-conduit et notre sauvegarde tant ceux qui s’y rendront qu’à ceux qui s’en reviendront, afin que cela n’échappe ni aux personnes à venir ni aux personnes présentes, nous le faisons savoir à tous par le présent document.
     Ne quis ergo hoc factum nostrum temere permutare vel monachos super hoc aliquo modo inquietare audeat, regia prohibemus auctoritate, &, ut inviolabile robur quod gerimus obtineat, sigilli nostri firmamus inpressione.
     Nous interdisons donc de par notre autorité royale que personne n’ose témérairement changer ce que nous avons fait, ni inquiéter à ce sujet les moines en aucune façon, et, pour que ce que nous avons fait obtienne une vigueur inviolable, nous l’avons confirmé par l’impression de notre sceau.
     Actum est hoc anno incarnationis Dominice M° C° XL°, regni nostri octavo (2), astantibus in palacio nostro quorum nomina & signa subscripta sunt. S. Radulfi, dapiferi. S. Guillelmi, butticularii. S. Mathei, constabularii.
     Cela s’est fait l’an de l’incarnation du Seigneur 1140 et 8 de notre règne, alors que se trouvaient en notre palais ceux dont les noms et les marques sont portés ci-dessous. Marque du sénéchal Raoul. Marque du bouteiller Guillaume. Marque du connétable Mathieu.
     Huic dono nostro interfuerunt Theodericus, Galerannus & Albertus de Avo.     A cette donation ont assisté Thierry, Galeran et Aubert d’Avon.
     Data per manum Natalis, cancellarii (monogramme royal).
     Donné par la main du [monogramme royal] chancelier Noël
Sceau de Louis VII
Sceau de Louis VII

NOTULE

     (1) Être trouvé est une locution biblique qui fait référence à l’examen et au jugement lors duquel les mérites de chacun seront évalués par le souverain Juge
.

     (2) Les pauvres du Christ sont spécialement les moines qui ont fait vœu de pauvreté, du moins à titre individuel, et qui pour cette raison s’appliquent les promesses faites par le Christ en faveur des pauvres, non sans abus à la vérité, d’une part parce que cette interprétation allégorique est à tout le moins un peu forcée, et d’autre part parce qu’ils usent de ces paroles, ainsi interprétées, pour s’enrichir.

     
(3) Allusion à divers passage de l’Écriture, mais surtout à un passage de l’Évangile, qui parle des tentes éternelles du Paradis, combiné avec un verset de la Première lettre de Pierre qui compare notre corps terrestre à une tente, c’est-à-dire à un séjour provisoire. Évangile selon Luc, chapitre 16, verset 9: Facite vobis amicos de mamona iniquitatis ut cum defeceritis recipiant vos in aeterna tabernacula, «Faites-vous des amis avec le mammon d’iniquité [l’argent], afin que lorsque vous mourrez ils vous reçoivent dans les tentes éternelles». Deuxième lettre de Pierre, chapitre 1, verset 12: quamdiu sum in hoc tabernaculo, «aussi longtemps que je suis dans cette tente».

     
(4) Allusion à un passage de la Deuxième de Paul aux Corinthiens qui organise une collecte en faveur de l’église-mère de Jérusalem, l’une des plus anciennes quêtes connues, chapitre 8, verset 14: In præsenti tempore vestra abundantia illorum inopiam suppleat: ut et illorum abundantia vestræ inopiæ sit supplementum, ut fiat æqualitas, «dans le temps présent que votre abondance [matérielle] supplée à leur pauvreté, pour que leur abondance [spirituelle] vienne à suppléer votre misère, de manière à atteindre à l’équité.»

     
(5) Citation presque littérale d’un verset du Livre de l’Ecclésiastique (aujourd’hui plutôt appelé Siracide ou Ben Sira), à ne pas confondre avec le Livre de l’Ecclésiaste (aujourd’hui plutôt appelé Qohélet), chapitre 35, verset 26, citation cependant adaptée au contexte et détournée de son application originelle: speciosa misericordia Dei in tempore tribulationis quasi nubes pluviae in tempore siccitatis, «la miséricorde de Dieu au temps de la tribulation ressemble à des nuages de pluie au temps de la sécheresse.» Ce texte est lu volontiers au temps du carême.
     

2. Texte et notes de Marion (1879)


     In nomine sancte & individue Trinitatis, amen. Ludovicus (1), Dei gracia, Francorum rex & Aquitanorum dux, ecclesie beate Marie de Forgiis in perpetuum. Quoniam Dei miseratione multa possidemus, ne ingrati beneficiorum coram ipso inveniamur, ut pauperes Christi recipiant nos in eterna tabernacula, cum nostra defecerint, eorum indigencie de nostra habundantia subvenire debemus. Et quia, sicut graciosa est nubes pluvie tempore siccitatis, sic tempore necessitatis elemosina, ob salutem anime nostre & antecessorum nostrorum, ecclesie de Forgiis & monachis ibidem Deo servientibus, unam feriam, singulis annis, in die Assumptionis sancte Marie concedimus, & tam euntes quam redeuntes in conductu & tutela nostra suscipientes, ut nec posteros nec [p.71] presentes lateat, per presentem paginam omnibus innotescimus. Ne quis ergo hoc factum nostrum temere permutare vel monachos super hoc aliquo modo inquietare audeat, regia prohibemus auctoritate, &, ut inviolabile robur quod gerimus obtineat, sigilli nostri firmamus inpressione.
1140.

     (1) Louis VII.
     Actum est hoc anno incarnationis Dominice M° C° XL°, regni nostri octavo (2), astantibus in palacio nostro quorum nomina & signa subscripta sunt. S. Radulfi, dapiferi. S. Guillelmi, butticularii. S. Mathei, constabularii.
     Huic dono nostro interfuerunt Theodericus, Galerannus & Albertus de Avo.
     Data per manum Natalis, cancellarii (monogramme royal).
     (2) Dans cette charte, comme dans la charte VII, les années du règne de Louis VII sont comptées partir de son association au trône (25 octobre 1131), mais avec une erreur de quelques mois, due sans doute à l’inadvertance du scribe de la chancellerie. En effet, la huitième année du règne de Louis VII, suivant ce mode de compter, avait pris fin le 25 octobre 1139.


Toute critique, correction ou contribution sera la bienvenue. Any criticism or contribution welcome.
Source du texte: L’édition de Jules Marion (1879).
 
   
BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE
 
Éditions

     Jules MARION, Le Cartulaire du Prieuré de Notre Dame de Longpont de l’ordre de Cluny au diocèse de Paris, publié pour la première fois avec une Introduction et des Notes. XIe-XIIe siècle [in-8°; 371 p.; 3 planches; texte latin; index], Lyon, A. Louis Perrin  & Marinet, 1879, n°IX, pp. 70-71.
     Dont une réédition numérique en mode image par la BNF sur son site Gallica, http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k111131d
, en ligne en 2008.

     Bernard GINESTE [éd.], «Louis VII: Don d’une foire aux moines de Forges-les-Bains (1140)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/cls-12-louis7forgeslesbains1140.html, 2008.
 
Textes corrélatifs

     Bernard GINESTE [éd.], «Louis VII: Don d’une foire aux moines de Longpont (Étampes, 1142)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/cls-12-louis7longpont1142.html, 2008.

     Bernard GINESTE [éd.], «Louis VII: Mandement aux chevaliers de Montlhéry (sans doute à Étampes en 1142)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/cls-12-louis7chevaliersdemonthery1142.html, 2008.

     Bernard GINESTE [éd.], «Louis VII: Don dun cens aux moines de Longpont (1144)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/cls-12-louis7longpont1144.html, 2008.
 

Toute critique, correction ou contribution sera la bienvenue. Any criticism or contribution welcome.

    
Explicit
 
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