CORPUS HISTORIQUE ÉTAMPOIS
 
 Maxime de Montrond
Étampes de 1652 à 1774
Essais historiques sur la ville d’Étampes, chapitre XXI
1837
 
Sol au buste enfantin de 1722
Sol de Louis XV au buste enfantin, 1722

     Ce chapitre de Montrond, consacré au XVIIIe siècle étampois, n’est pas le meilleur: il se contente de faire la liste des seigneurs successifs d’Étampes, et d’évoquer deux séjours royaux à Étampes, le premier en 1722, le deuxième en 1745.

      La saisie des textes anciens est une tâche fastidieuse et méritoire. Merci de ne pas décourager ceux qui s’y attellent en les pillant sans les citer.
     
Essais historiques sur la ville d’Étampes
Étampes, Fortin, 1837, tome 2
Chapitre XXI et Notes II et III, pp. 129-142 & 213-220.
Étampes de 1652 à 1774
 
CHAPITRE PRÉCÉDENT
TABLE DES MATIÈRES
CHAPITRE SUIVANT


CHAPITRE VINGT-UNIÈME
ÉTAMPES DE 1652 A 1774


     Chapitre XXI: Suite des ducs ou duchesses d’Étampes.  Règne de Louis XV.  Passage et réception de princes et princesse à Étampes. Note II: Tableau historique et chronologique indiquant la filiation des divers suzerains d’Étampes. Note III: Délibération municipale sur la venue du roi le 20 février 1745.



     Les événemens divers rapportés dans nos derniers chapitres, nous ont fait perdre de vue la filiation et la suite des possesseurs du duché d’Étampes. Il est temps de revenir sur ce sujet, et de 1’épuiser cette fois par quelques nouveaux détails sur la transmission de ce domaine, depuis le règne de Henri III jusqu’à nos jours.
Duchesse de Montpensier
Duchesse de Montpensier
Marguerite de Valois
Marguerite de Valois
     Nous avons laissé le duché d’Étampes entre les mains de la duchesse de Montpensier (Catherine de Lorraine, sœur du duc de Guise) (1). Henri III l’ayant recouvré, en fit don, en 1582, à Marguerite de Valois, reine de Navarre, sa sœur, comme complément de la dot qu’il lui [p.130] avait promise par son contrat de mariage avec Henri de Bourbon (1). Marguerite de Valois, devenue reine de France, posséda ce même duché quelque temps encore. Elle le céda ensuite à Gabrielle d’Estrées, duchesse de Beaufort et marquise de Monceaux (1598). Cette noble dame, dont le nom se lie dans l’histoire à celui de Henri IV, laissa en mourant le duché d’Étampes à son fils César, duc de Vendôme (1599). Ce dernier le transmit à son fils Louis de Vendôme, duc de Mercœur, lors du mariage de ce seigneur avec Laure Victoire Mancini, nièce du cardinal Mazarin (1654).

     (1) Voir page 92.

     (1) Lettres-patentes du 8 juillet 1582 [Montrond s’appuie dans ce paragraphe sur le seul Fleureau, Antiquitez d’Estampes, Paris, Coignard, 1683, qui édite le texte des deux donations, pp. 261-266 (B.G.)].
    Louis de Vendôme, qui dans la suite devint lui-même cardinal, laissa le duché d’Étampes aux mains de son fils Louis-Joseph. Ce dernier prince mourut sans postérité: mais le souvenir des belles qualités qui le rendirent l’un des plus fermes soutiens du trône de Louis XIV, vivra à jamais dans l’histoire, et fera briller le nom de Vendôme d’un éclat immortel. Après avoir glorieusement réparé en Italie (1704-1705), par ses victoires sur le prince Eugène, les échecs du maréchal de Villeroy, il porta sa bravoure en Espagne, et dit aux grands de ce pays qui délibéraient sur le rang dont ils devaient l’honorer: «Tout rang m’est bon; je ne viens pas vous disputer le pas; je viens sauver votre roi». Il le sauva en effet, sa présence valut une armée à Philippe V, qui, privé de tout secours sentait chanceler sur sa tête sa couronne mal affermie. [p.131]

     Le nom seul de Vendôme attira vers lui une foule de volontaires; des sommes d’argent lui furent apportées avec un enthousiasme général. Il ramena le roi à Madrid, et vainqueur des alliés à la célèbre bataille de Villaviciosa, il assura pour jamais la couronne d’Espagne sur la tête du petit-fils de Louis XIV (10 décembre 1710). Après la bataille, le roi ne sachant sur quelle couche reposer sa tête: Prince, lui dit Vendôme; je vais vous faire donner le plus beau lit sur lequel jamais souverain ait couché; et sur-le-champ il fit faire un matelas des étendards et des drapeaux enlevés à l’ennemi. Ce valeureux guerrier mourut deux ans après comblé d’honneurs, et fut enterré à l’Escurial dans le tombeau des infans d’Espagne (1712).

     Louis Joseph de Vendôme avait épousé, en 1710, Marie-Anne de Bourbon, fille de Henri-Jules de Bourbon, prince de Condé, et de Marie-Anne de Bavière, et petite-fille du grand Condé. Après lui, sa veuve demeura en possession du duché d’Étampes jusqu’en 1718, où cet héritage échut à sa mère, Anne Palatine de Bavière, douairière de Condé, qui le transmit elle-même à la descendance de cette illustre maison.


     L’une de ses filles, Louise-Elisabeth de Bourbon, a été duchesse d’Étampes; son nom se retrouve dans un grand nombre de pièces historiques de cette époque. Elle fut mariée le 4 juillet 1713, à Louis-Armand prince de Conti, et porta dans cette autre branche de la maison de Bourbon, le duché d’Étampes. De là il passa par alliance et partage à celle d’Orléans, lors du mariage de Louise-Henriette de Bourbon-Conti, avec Louis-Philippe [p.132] d’Orléans, aïeul du roi actuel Louis-Philippe Ier (1752). Suivant des actes de 1770, les sentences du bailliage d’Étampes, à cette époque, étaient rendues au nom de Mgr. Louis-Philippe d’Orléans, tuteur honoraire de Mgr. le duc de Chartres. Enfin le 23 juin 1779, par suite d’un partage de la succession de la princesse de Conti, entre Louis-Philippe Joseph d’Orléans, et la duchesse de Bourbon, sa sœur, les domaines d’Étampes et de La Ferté-Aleps échurent à ce prince pour la somme de 480,000 livres. À la révolution de 1789, le duc d’Orléans, Louis-Philippe-Joseph, était encore possesseur du duché d’Étampes. Le titre et les attributions attachées à cette dignité, périrent entre ses mains avec tant d’autres institutions ou coutumes que les bouleversemens politiques de cette époque entraînèrent comme un irrésistible torrent (1).

     Après les époques si fertiles en événemens que nous avons parcourues dans les précédens chapitres, l’histoire laisse la ville d’Étampes dans une heureuse et paisible obscurité. Ainsi sous le long règne de Louis XV, libre des discordes civiles, notre cité ne fut plus exposée au choc violent des partis qui se heurtaient naguère sur son territoire, et s’en disputaient l’importante possession. Désormais sa position géographique ne fut plus pour elle que le sujet de réjouissances et de fêtes.
Placée sur la route de l’Espagne avec qui la maison [p.133] royale de France entretenait d’intimes relations, depuis qu’une de ses branches régnant sur ce beau royaume, il n’y avait plus de Pyrénées, elle eut de nombreuses occasions de voir passer au milieu d’elle ou de recevoir dans ses murs de hauts et nobles personnages.

     Nous choisissons entre ces divers passages, celui de l’Infante reine, Marie-Anne-Victoire d’Espagne, âgée de cinq ans, venant à Paris pour épouser Louis XV qui n’en avait que douze (1722). Nous joindrons en outre ici quelques détails sur le séjour que Louis XV et le dauphin son fils firent à Étampes en 1745, pour y recevoir une autre Infante d’Espagne, Marie-Thérèse, mariée à ce dernier prince. Les registres déposés à la mairie de cette ville ont conservé sur ces deux événemens quelques souvenirs qui offriront peut-être de l’intérêt à nos lecteurs.

     Nous transcrivons littéralement, à l’égard du premier, une pièce consignée dans les archives, et dont la rédaction offre une sorte de naïveté où l’on trouve quelque charme.

Gabrielle d'Estrées
Gabrielle d’Estrées
César de Vendôme
César de Vendôme
Louis de Vendôme
Louis de Vendôme
Louis-Joseph de Vendôme
Louis-Joseph de Vendôme
Marie-Anne de Bourbon
Marie-Anne de Bourbon
Louise-Elisabteh de Bourbon-Condé
Louise-Elisabeth de Bourbon-Condé
Louise-Henriette de Bourbon-Conti
Louise-Henriette de Bourbon-Conti
Louis-Philippe d'Orléans
Louis-Philippe d’Orléans
     (1) Voir aux Pièces justificatives le tableau de la filiation des souverains d’Étampes [ici].

     PASSAGE DE L’INFANTE REINE EN CETTE VILLE, AVEC LA CÉRÉMONIE DE RÉCEPTION.

     —
«Ce jourd’hui vingt-sept février 1722, sur les ordres et nouvelles adressées au maire et échevins de cette ville du passage de l’Infante reine, ils auraient fait convoquer une assemblée générale huit jours auparavant, tant pour se préparer de quelle manière elle serait reçue, que pour le présent de ville qui lui serait fait, où il fut arrêté que tous les officiers de la bourgeoisie et habitans, [p.134] se mettraient sous les armes depuis six heures du matin jusqu’au départ, et que le présent serait fait par les maire et échevins en corps.
     «Pour cet effet, sous le commandement de M. Rousse d’Inville, colonel, et autres officiers de la bourgeoisie, les dits officiers et habitans des mieux faits habillés et équipés le plus uniformément qu’il a été possible, au nombre de plus de six cents, se sont assemblés ce jourd’hui sept heures du matin, devant l’hôtel-de-ville, et les principaux officiers s’étant retirés dans la chambre commune de l’hôtel-de-ville, fût arrêté par Messieurs de ville que tout le corps de la bourgeoisie partirait aux fifres, tambours et trompettes, et irait à l’hôtellerie des Trois Rois, logement destiné à l’Infante, pour recevoir la distribution des postes que chacun occuperait, où allant toute la troupe fut examinée et passée en revue par M. Bignon, intendant de Paris, qui était logé chez M. Rousse, procureur du roi, et venu la veille avec autres personnes de qualité, pour être présent au passage, dont ils furent très contents, et en complimentèrent les officiers de la bourgeoisie et Messieurs de ville. Etant donc arrivés à l’hôtel des Trois Rois, il fut arrêté que depuis cet endroit jusqu’à l’Ecce homo, les dits habitans sous le commandement de leurs officiers seraient postés pour ce passage par deux rangs de chaque côté de la rue par laquelle l’Infante devait passer, ce qui a été suivi et exécuté avec tout le bon ordre et régularité possible; ensuite M. l’intendant auquel avait été rendu visite par Messieurs de ville en corps et présenté leur présent de ville composé de vin, truites, brochets, et écrevisses et cotignac qu’il reçut avec joie, vint (avec les [p.135] musiciens qui l’avaient accompagné) à l’hôtel-de-ville; ils examinèrent le présent qu’ils trouvèrent digne d’être présenté à une reine, de quoi il complimenta Messieurs de ville, aussi bien que d’avoir fait paver, sabler les rues, accomoder les portes par lesquelles l’Infante devait passer. Dans le même temps Messieurs les maire et échevins délibérèrent en présence de mon dit sieur l’intendant qu’ils iroient à la première porte de la ville du côté de Saint-Martin, pour y attendre l’Infante, ce qu’ils firent sur les midi, une heure, accompagnés de leur greffier, et de tous les anciens échevins et officiers en robes, manteau et rabat, où ils attendirent jusqu’à trois heures, pendant que mon dit sieur l’intendant examinait encore les troupes et la manière  comme elles étaient postées qu’il trouva en bon ordre, dans lequel temps M. Desgranges, maître des cérémonies, vint joindre Messieurs de ville, et l’Infante arrivait, et passé la porte où elle était attendue, le dit Desgranges donna ordre que l’on fit arrêter le carrosse dans lequel elle était avec Mesdames de Ventadour et de Soubise, où M. Gabriel Pichonnat, maire en titre, fit sa harangue à l’Infante reine, dont madame de Ventadour le remercia:
     «Madame,
     « Celui qui tient les jours des rois et des reines entre ses mains nous procure aujourd’hui l’avantage de vous assurer nos respects les plus humbles et de rendre à Votre Majesté nos hommages; souffrez donc qu’au même moment nous lui disions que les siècles les plus reculés nous apprennent que plusieurs personnes [p.136] de votre rang destinées à la couronne dans un âge aussi tendre que le vôtre ont fait le bonheur de leurs peuples; nous espérons que vous ferez le nôtre: je m’aperçois que nous tremblons à la vue d’une reine dont l’âge est si peu avancé parce que nous croyons notre bonheur très éloigné, mais rassurons-nous et soyons persuadés que le seul sourire d’une reine pour ainsi dire encore dans le berceau, portée entre les bras de sa gouvernante, a plus de force sur l’esprit d’un roi que les discours les plus polis et les plus énergiques. Nous supplionsVotre Majesté de vouloir bien accepter le présent que nous lui offrons, seule marque d’une soumission entière.»
     «Après quoi Messieurs de ville suivirent et entrèrent à l’hôtel, ou après avoir attendu environ une demi-heure montèrent au premier appartement où ils entrèrent et furent présentés à l’Infante par mon dit sieur Desgranges, à laquelle ils présentèrent leur présent qui était dans une grande manne d’osier en forme de brancard; au milieu duquel était une patisserie en pyramide de quatre dauphins, une couronne dessus avec les armes de France et d’Espagne en peinture dorée; autour de cette pyramide étaient gâteaux, tourtes de différentes manières, confitures sèches et liquides, cotignac, massepains, biscuits, dragées [p.137] de différentes sortes, oranges, citrons, fruits de toute espèce et des plus exquis, liqueurs aussi de différentes façons, et généralement tout ce qui pouvait se présenter à une reine, le tout bien arrangé et symétrisé dans le brancard, le tout venant de Paris. Ilse présenta aussi des truites, brochets vifs et écrevisses séparément du présent.
François de Troy: Louis XV et l'Infante d'Espagne (1723)
François de Troy: Louis XV et l’Infante d’Espagne (1723)
     «Ce présent fut mis à terre par ordre de l’Infante qui, après l’avoir bien examiné et trouvé très beau, aussi bien que toute la cour, prit1a couronne et la voulant passer dans son bras la laissa tomber à terre qui se cassa en plusieurs morceaux; et ensuite prit aussi les petits étendards qui ornaient le brancard, 1es donna à plusieurs personnes et dit que c’était pour la guerre: après quoi Messieurs de ville se retirèrent et furent deux heures après saluer Madame de Ventadour et M. Desgranges, dans chacun leur appartement, auxquels ils firent leur présent de ville en vin, poisson et écrevisses, et ensuite retournèrent à l’hôtel-de-ville où ils firent une collation médiocre à cause des ordres qu’ils avaient à donner pour que la nuit se passât en bon ordre, ce qui fut suivi avec de grandes réjouissances pendant toute la nuit, et dans une aussi bonne discipline qu’il pouvait y avoir dans les troupes réglées, jusqu’ au lendemain neuf heures du matin que l’Infante partit de cette ville, que Messieurs de ville furent saluer à la porte Saint-Jacques qui était ornée comme celle de Saint-Martin de verdure lierres et couronnes (1).» [p.138]
     (1) L’union qui se préparait sous de si heureux auspices ne se réalisa point. Par suite d’une double alliance, l’infante avait été échangée dans l’île des Faisans, proche des Pyrénées, contre mademoiselle de Montpensier, fille du duc d’Orléans, régent, accordée au prince des Asturies. Mais la jeune princesse ne devint pas reine de France. Elle fut logée au Louvre dans le pavillon qui porte encore aujourd’hui le nom de jardin de l’Infante. Elle retourna en Espagne en 1725, et épousa le prince du Brésil en 1729.
    SÉJOUR DU ROI LOUIS XV ET DU DAUPHIN A ÉTAMPES (1745).

     Le jeune dauphin Louis de France, fils de Louis XV et de Marie Leczinska, à peine âgé de 16 ans, avait été fiancé à Marie-Thérèse, infante d’Espagne. Cette alliance nouvelle remplissait de joie les fidèles serviteurs de l’héritier du trône, vers lequel la jeune épouse s’avançait comme en triomphe en traversant les provinces de la France.

     Dès que le roi apprit son approche de la capitale, il partit lui-même avec son fils et un nombreux cortège, et vint jusqu’à Étampes, à la rencontre de la jeune princesse.

     Les habitans, suivant les ordres de leurs magistrats et des officiers de la cour venus à l’avance, avaient fait d’immenses préparatifs pour recevoir dignement d’aussi augustes personnages. On disposa pour le roi la maison de M. Rousse de Saint-André, située rue Saint-Antoine, en face du collège des Barnabites; pour le dauphin, celle de M. Lepetit, située dans la même rue; et pour l’infante [p.139] la maison de M. l’abbé Hémard de Donjouan, rue de la Juiverie (1).


    Le 19 février de nouveaux seigneurs de la cour arrivèrent à Étampes, avec de nombreux gardes de la maréchaussée. Le lendemain 20,400 hommes des gardes françaises et autant de Suisses furent distribués dans les divers quartiers. Le même jour, à 5 heures du soir, le roi arriva à Étampes accompagné de M. le dauphin, de MM. le duc de Chartres, le comte de Charolais, le comte de Clermont, le prince de Conti, le duc de Penthièvre, le prince de Dombes, de tous ses ministres et autres grands officiers de sa couronne, et suivi d’un gros détachement militaire de toute sa maison (2).
     (1) La première de ces maisons, qui avait autrefois un immense jardin, a été convertie en plusieurs habitations particulières dont la principale est occupée par M. Boivin-Bonté. On n’a pu avoir de notions fixes sur la seconde, que tout fait présumer néanmoins être une maison d’architecture intérieure assez ancienne, située en face du moulin à sablon, et habitée aujourd’hui par M. Branlant. La troisième est occupée par la famille de M. Petit de Laborde, ancien officier supérieur d’artillerie.



     (2) Reg. des délibérations de l’Hôtel-de-ville.
     La milice bourgeoise, composée de 600 hommes était sortie, enseignes déployées, par la porte dite des Capucins, et elle vint former une haie sur la route que les princes devaient suivre. Leur brillant cortège entra au bruit des cloches, des tambours. et des acclamations du peuple, par la porte de la Couronne, aujourd’hui porte Évezard, richement décorée d’un arc de triomphe et ornée de l’inscription latine, non opibus altas sed fide superat [p.140] urbes*. Les princes furent conduits jusques à leur logis comme en triomphe. Le soir de brillantes et nombreuses illuminations éclairèrent la ville (1). Le maire et les échevins vinrent offrir au roi et au dauphin les vins d’honneur. Il y eut ensuite grand jeu chez le roi, ou furent admis les principaux habitans d’Étampes.
     * Ce vers qui se donne les apparence d’un hexamètre ne respecte pas en réalité les règles de la prosodie latine (on y trouve trois syllabes brèves qui devraient être longues: le -bus de opibus, le fi- de fide et le su- de superat). Il doit s’agir du remaniement maladroit d’un hexamètre classique que je n’ai pas su identifier. Traduction:: «Elle l’emporte sur des villes considérables, non par ses richesses, mais par sa fidélité.» (B.G.)]
     (1) Voir la note aux pièces justificatives [ici].

     Le 21 février (dimanche), les princes entendirent la messe dans l’église des Barnabites , et à 11 heures du matin, suivis de leurs officiers, ils allèrent au devant de madame la dauphine qu’ils rencontrèrent à Mondésir. Le carrosse de la jeune princesse s’arrêta aussitôt; elle en descendit, et s’étant mise à genoux aux pieds du roi: «Sire, lui dit-elle, je vous salue comme l’une de vos plus humbles sujettes, et je prie Votre Majesté de vouloir bien me regarder comme l’un de ses enfans…». Le monarque la releva, et lui dit en l’embrassant: «Ma fille, je vous donne pour époux le plus puissant prince de ma cour». Le dauphin témoigna hautement la joie que lui causait la vue de la jeune infante, âgée de treize ans seulement, et parée de toutes les grâces et de toutes les vertus. On se remit ensuite en marche et l’on rentra dans Étampes par le faubourg de Saint-Martin, au milieu d’une haie de soldats et des cris joyeux de tout le peuple des environs accouru sur les pas du royal cortège (2).
     (2) Sur la porte Saint-Martin on avait placé l’inscription suivante: huc adventat amor; veniet mox pignus amoris. [Il s’agit là d’un hexamètre dactylique de bonne facture: «Ici l’Amour s’approche; bientôt viendra un gage d’amour.» (B.G.)]
     Madame la dauphine fut conduite ainsi en grande pompe jusque dans la rue de la Juiverie, où était situé [p.141] l’hôtel qui devait la recevoir. Le soir il y eut chez elle souper et jeu, auxquels assistèrent un grand nombre de hauts seigneurs et de nobles dames. Le lendemain, 22 février, le roi, le dauphin et la dauphine, après s’être rendus ensemble à l’église de Saint-Basile (1), sortirent de la ville par la porte de la grande rue Saint-Jacques, et se dirigèrent vers Sceaux. Sur leur route, ils rencontrèrent la reine qui s’était avancée vers eux jusqu’à Longjumeau. De Sceaux, les princes et les princesses allèrent à Venai11es, où fut célébrée la cérémonie d’un mariage qu’environnaient de toutes parts les prestiges de la joie et du bonheur; le dauphin brillant alors de jeunesse et d’avenir, ignorait, hélas! que son union avec l’infante serait de courte durée, et que lui-même atteint par la mort au milieu de sa carrière, ne monterait jamais sur un trône dont il était plus digne encore par ses vertus et ses talens que par l’éclat de sa naissance (2). Sous le règne de Louis XV, dans l’hiver de l’année 1753 et le printemps de 1754, la ville d’Étampes, naguère [p.142] le théâtre de fêtes et de réjouissances, devint la proie d’un nouveau fléau qui n’était point celui de la guerre mais qui non moins que le fer meurtrier d’un ennemi, désola ses infortunés habitans. Un mal épidémique, sorti du sein de la vallée d’Étampes, s’étendit sur la ville et sur tous les environs; la consternation et l’effroi régnaient de toutes parts. Quelques médecins accourus de la capitale, donnèrent des soins empressés et généreux aux malheureux qu’avait atteints le funeste fléau; l’un d’eux, M. Meyserey a consigné vers cette époque, dans un journal spécial de médecine, un rapport détaillé sur cette singulière maladie. Nous y renvoyons le lecteur curieux et avide de pareilles impressions, mais nous épargnerons aux autres la vue de ces tableaux douloureux dans ces Essais, où déjà trop souvent sans doute l’aspect de tristes et sanglantes infortunes est venu affliger leurs regards (1).
     (1) Le curé de Saint-Basile de cette époque (M. Rivet) a consigné sur le registre de l’état civil qu’il tenait alors, la station du roi et de toute la cour dans son église: il y est dit que selon l’usage il lui fut donné un demi-écu d’or pour la messe que le roi y entendit, et un autre demi-écu d’or pour la messe qu’il avait également entendue la veille, dans l’église des Barnabites, qui relevait de la paroisse Saint-Basile.



     (2) Louis, dauphin de France, fils de Louis XV, surnommé le vertueux Dauphin, mourut le 20 mars 1763 à l’âge de 36 ans. Marie-Thérèse, infante d’Espagne, sa première femme, était morte en 1746, dix-huit mois à peine après le jour où elle s’était unie à l’héritier de la couronne de France.





     (1) Voyez lettre de M. Meyserey, médecin ordinaire du roi, au sujet des maladies qui ont régné à Étampes pendant l’hiver de 1753 et au commencement du printemps de 1754. (Journal de médecine, t. I, octobre 1754, page 262-268.)
     Chapitre XXI: Suite des ducs ou duchesses d’Étampes.  Règne de Louis XV.  Passage et réception de princes et princesse à Étampes. Note II: Tableau historique et chronologique indiquant la filiation des divers suzerains d’Étampes. Note III: Délibération municipale sur la venue du roi le 20 février 1745.


NOTE II.

     Tableau historique et chronologique indiquant la filiation des divers suzerains d’Étampes. (Princesses, comtes, ducs et duchesses, etc.) (
1).
(Chapitre XXI, page 132.)

     Le territoire d’Étampes, ainsi que nous l’avons dit ailleurs, n’avait cessé jusqu’au treizième siècle de faire partie du domaine de la couronne. L’histoire nous apprend que depuis Philippe Ier, les rois y nommaient un vicomte pour y percevoir leurs droits et exercer leur juridiction. On cite parmi eux Gui, fils de Hugues du Guiset. Ce seigneur, qui demeura toujours fidèle à la fortune de son prince Louis-le-Gros, avait acquis ce titre de vicomte d’Étampes
[p.214] par son mariage avec la fille de Marchis qui possédait déjà cette dignité. On pourrait conclure de là, dirons-nous encore, que cette charge, du moins à cette époque, était héréditaire et non une simple commission.
     (1) Nous ne pouvons qu’indiquer dans ce tableau les noms et titres des divers suzerains d’Étampes. Nous renvoyons pour les détails historiques concernant la transmission de ce territoire entre les mains de ses différens possesseurs, aux chapitres divers de cet ouvrage.


      Blanche de Castille, reine de France, suzeraine d’Étampes. Année 1240.
     La reine Blanche de Castille, femme de Louis VIII, et mère de saint Louis, reçut des mains de son fils, pour en jouir vie durant, la terre et seigneurie d’Étampes, avec celles de Pontoise, de Dourdan, de Corbeil et de Melun. Ces domaines lui furent concédés en dédommagement de son douaire, dont elle s’était désistée en faveur de son fils Robert, lors du mariage de ce prince avec Mathilde, fille aînée de Henri I, duc de Brabant. A la mort de Blanche de Castille, en 1252, la seigneurie d’Étampes rentra dans le domaine de la couronne.

      Marguerite de Provence, reine de France, suzeraine d’Étampes. 1272.
     En 1272, la seigneurie d’Étampes fut détachée de nouveau du domaine de la couronne, pour composer avec d’autres terres le douaire de la reine Marguerite de Provence, femme de saint Louis. A la mort de cette princesse, en 1295, ce territoire retourna entre les mains des rois de France.

      Louis d’Évreux, fils du roi Philippe-le-Hardi, seigneur apanagiste d’Étampes. 1307.
     Le roi Philippe-le-Hardi avait ordonné en mourant, que Louis, comte d’Évreux, son fils, fut apanagé de 15,000 livres de pension annuelle, assignées sur des terres nobles en baronnie. Ce fut en payement de cette
[p.215] que ce seigneur reçut de Philippe-le-Bel, son frère, la jouissance perpétuelle pour lui et ses descendans, de la prévôté et châtellenie d’Étampes, d’Évreux, Gien et autres lieux.

      Charles d’Évreux, premier comte apanagiste d’Étampes. 1319.
     Charles d’Évreux, second fils de Louis d’Évreux, lui succéda dans la possession de la baronnie d’Étampes. Ce fut en son honneur que Charles IV, dit le Bel, son cousin, érigea cette baronnie en comté.
     Érection de la baronnie d’Étampes en comté, sept. 1327.

      Louis II, d’Évreux, fils de Charles d’Évreux, 2e comte d’Étampes. 1336.

      Jean de France, duc de Berri et d’Auvergne, et 3e fils du roi Jean, 3e comte d’Étampes. 1384.
     (Voir tome II, pages 5 et 6, les détails concernant la transmission du comté d’Étampes entre les mains de Jean de France, duc de Berri.)

      Étampes sous la domination de la maison de Bourgogne.
1° Philippe le hardi, duc de Bourgogne.
2° Jean sans peur, id.
3° Philippe le bon, id.
4° Jean de Bourgogne, Comte de Nevers.
Comtes d’Étampes.
(Voir chap. XIII et XIV.)
                     
      Arrêt du parlement de Paris, qui réunit le comté d’Étampes à la couronne. 1478.

      Jean de Foix, vicomte de Narbonne, comte
[p.216] d’Étampes. 1478.

     10° Gaston de Foix, duc de Nemours, comte d’Étampes. 1500.
     Mort au siège de Ravenne en 1512.

     11° Retour du comté d’Étampes au domaine de la couronne. 1512.

     12° Anne de Bretagne, reine de France , comtesse d’Étampes. 1513. (Voir
chap. XV.)

     13° Claude de France, comtesse d’Étampes. 1514.
     Morte à Blois en 1524. (Voir
chap. XV.)

     14° Retour du comté d’Étampes au domaine de la couronne. 1524.

     15° Anne de Pisseleu, comtesse, puis duchesse d’Étampes. 1534.
     Érection du comté d’Étampes en duché. 1536.

     16° Retour du duché d’Étampes au domaine de la couronne. 1547.

     17° Diane de Poitiers, duchesse d’Étampes. 1553. (Voir
chapitre XVI.)

     18° Retour du duché d’Étampes au domaine de la couronne. 1559.

     19° Jean de Brosses ou de Bretagne, mari d’Anne de Pisseleu, recouvre le duché d’Étampes en 1562, et le conserve jusqu’à sa mort en 1564.

     20° Retour du duché d’Étampes au domaine de la couronne. 1564.

     21° Jean Casimir, fils de Frédéric III, électeur palatin, devient duc d’Étampes, par suite d’un traité de paix conclu avec les Calvinistes, au secours desquels il était venu avec une armée. 1576.

     22° Catherine de Lorraine, duchesse de Montpensier,
[p.217] duchesse d’Étampes. 1578.

     23° Marguerite de Valois, femme de Henri de Bourbon, et depuis Henri IV, duchesse d’Étampes. 1582.

     24° Gabrielle d’Estrées, duchesse de Beaufort, duchesse d’Étampes. 1598.

Maison de Vendôme.

     25° César, duc de Vendôme, fils naturel de Henri IV et de Gabrielle d’Estrées, duc d’Étampes, en 1599.

     26° Louis de Vendôme et de Bourbon, duc de Mercœur, devient duc d’Étampes, en 1654.
(Par un titre de son contrat de mariage avec Laure-Victoire Mancini, nièce du cardinal Mazarin).

     27° Louis-Joseph, fils de Louis de Vendôme,duc d’Étampes, marié en 1710 à Anne de Bourbon, petite-fille du grand Condé. (Mort sans postérité en 1712).

     28° Marie-Anne de Bourbon, veuve de Louis-Joseph de Vendôme, reste duchesse d’Étampes en 1712.

     29° Anne palatine de Bavière, fille d’Édouard de Bavière, prince palatin du Rhin, et veuve de Henri-Jules de Bourbon, fils du grand Condé, devient duchesse d’Étampes en 1712.

     30° Louise-Élisabeth de Bourbon, princesse de Conti, duchesse d’Étampes.

     31° Louise-Henriette de Bourbon-Conti, femme de Louis-Philippe d’Orléans, duchesse d’Étampes. 1752.

     32° Louis-Philippe-Joseph d’Orléans, dernier duc d’Étampes. juin 1779.
[p.218] [p.219]
Blanche de Castille
Blanche de Castille
Marguerite de Provence
Marguerite de Provence
Louis Ier d'Evreux
Louis Ier d’Evreux
Charles d'Evreux
Charles d’Evreux
Louis II d'Evreux
Louis II d’Evreux
Jean de Berry
Jean de Berry
Philippe le Hardi
Philippe le Hardi
Jean Sans Peur
Jean Sans Peur
Philippe le Bon
Philippe le Bon
Jean de Nevers
Jean de Nevers
Jean de Foix
Jean et Gaston de Foix
Jean et Gaston de Foix
Anne de Bretagne
Anne de Bretagne
Claude de France
Claude de France
Anne de Pisseleu
Anne de Pisseleu
Jean de Brosses
Jean de Brosses
Diane de Poitiers
Diane de Poitiers
Jean Casimir
Jean Casimir

     Chapitre XXI: Suite des ducs ou duchesses d’Étampes.  Règne de Louis XV Passage et réception de princes et princesse à Étampes. Note II: Tableau historique et chronologique indiquant la filiation des divers suzerains d’Étampes. Note III: Délibération municipale sur la venue du roi le 20 février 1745.

  
NOTE III.

[Délibération municipale du 4 février 1745]
(Chap. XXI, p. 140.)

     On trouve des détails précis et assez curieux sur les illuminations et les frais que fit la ville en cette occasion, dans une délibération du conseil de ville d’Étampes du 4 février 1745, provoquée par M. de Gomberville, maire, et M. Hochereau, échevin: on y décida que pendant le séjour de la cour à Étampes, il serait fait une illumination brillante, le premier jour depuis le logis du roi jusqu’à celui de Mgr. le Dauphin, au moyen de trente caisses supportant des girandoles et les chiffres du roi, garnies chacune de 250 lampions; le second jour, depuis l’hôtel occupé par Mgr. le Dauphin jusqu’à celui où devait descendre madame la Dauphine, le logis du roi se trouvant entre deux; cette seconde illumination devait avoir lieu au moyen de 70 caisses pareilles à celles de la veille: l’Hôtel-de-Ville devait être pareillement illuminé, et les jardins des trois logis royaux éclairés pendant toute la nuit par des terrines posées avec dessein. Le nombre des lampions nécessaires fut évalué de vingt à vingt-deux
[p.220] mille, et celui des terrines à deux mille au moins, pour que l’illumination eût son effet. L’adjudication de cette fourniture et de quelques ouvrages accessoires, mise au rabais, fut faite le 7 février, au prix de 4.500 livres, à M. Guestard, qui eut pour concurrent MM. Laumosnier et Villemain.

     Il est dit dans cette délibération que la ville n’est pas riche, que les dépenses du séjour du roi ne seront que trop considérables, mais qu’il n’est pas possible de moins faire en cette occasion, etc. (Voir la délibération du conseil de ville du 4 février 1745.)

     Chapitre XXI: Suite des ducs ou duchesses d’Étampes.  Règne de Louis XV.  Passage et réception de princes et princesse à Étampes. Note II: Tableau historique et chronologique indiquant la filiation des divers suzerains d’Étampes. Note III: Délibération municipale sur la venue du roi le 20 février 1745.

 

Demi-écu d'or de Louis XV
Demi-écu d’or de Louis XV
 
CHAPITRE PRÉCÉDENT
TABLE DES MATIÈRES
CHAPITRE SUIVANT
Source: édition de 1837 saisie par Bernard Métivier en mars 2012 (chapitre 21, notes II et III), annotée et illustrée par Bernard Gineste
BIBLIOGRAPHIE

Éditions
 
     Clément-Melchior-Justin-Maxime FOURCHEUX DE MONTROND (dit Maxime de MONTROND ou de MONT-ROND), «Chapitre vingt-unième», «Note II» & «Note III», , in ID., Essais historiques sur la ville d’Étampes (Seine-et-Oise), avec des notes et des pièces justificatives, par Maxime de Mont-Rond [2 tomes reliés en 1 vol. in-8°; planches»], Étampes, Fortin, 1836-1837, tome 2 (1837), pp. 129-142 & 213-220.

     Réédition numérique illustrée en mode texte: François BESSE, Bernard MÉTIVIER & Bernard GINESTE [éd.], «Maxime de Montrond: Essais historiques sur la ville d’Étampes (1836-1837)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/index-montrond.html, 2012.

     
Réédition numérique de ce chapitre: Bernard MÉTIVIER & Bernard GINESTE [éd.], «Maxime de Montrond: Étampes de 1652 à 1774 (1837)» [édition numérique illustrée en mode texte], in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-19-montrond1836chapitre21.html, 2012.

Sources utilisées par l’auteur

Registre des délibérations muncipales d’Étampes

     Conservé aux Archives municipales d’Étampes.

Antiquitez d’Estampes de Fleureau

     
Dom Basile FLEUREAU (religieux barnabite, 1612-1674), Les Antiquitez de la ville, et du Duché d’Estampes avec lhistoire de labbaye de Morigny et plusieurs remarques considerables, qui regardent l’Histoire generale de France [in-4°; XIV+622+VIII p. (N.B: les pages 121-128 sont numérotées par erreur 127-134); publication posthume par Dom Remy de Montmeslier d’un texte rédigé en réalité entre 1662 & 1668], Paris, J.-B. Coignard, 1683. Réédition numérique en ligne: Bernard GINESTE [éd.], «Dom Fleureau: Les Antiquitez d’Estampes (1668)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/index-fleureau.html, 2001-2012.

Meyserey

     Guillaume MAHIEU DE MEYSEREY (médecin ordinaire du roi), «Au sujet des maladies qui ont régné à Étampes pendant l’hiver de 1753 et au commencement du printemps de 1754», in Journal de médecine 1 (octobre 1754), pp. 262-268.


Toute critique, correction ou contribution sera la bienvenue. Any criticism or contribution welcome.
   
Explicit
   
SommaireNouveautésBeaux-ArtsHistoireLittératureTextes latinsMoyen Age NumismatiqueLiensRemerciementsAssociationNous écrire - Mail