CORPUS HISTORIQUE ETAMPOIS
 
 Dom Basile Fleureau 
De I’Eglise & du Couvent des RR. PP. Cordeliers.
Antiquitez d’Estampes II, 18
1668
 
Blanche de Castille et son fils saint Louis
Blanche de Castille et son fils saint Louis (Bible de saint Louis, Tolède)
 
     Dom Fleureau évoque ici les origines mal connues du couvent des Cordeliers d’Étampes, dont le chartrier a malheureusement été détruit par les protestants fanatiques qui incendièrent le couvent en 1567.

     La saisie des textes anciens est une tâche fastidieuse et méritoire. Merci de ne pas décourager ceux qui s’y attellent en les pillant sans les citer.
     
Les Antiquitez de la Ville et du Duché d’Estampes
Paris, Coignard, 1683
Seconde partie, Chapitre XVIII,
pp. 444-445
De I’Eglise & du Couvent
des RR. PP. Cordeliers.
 
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SECONDE PARTIE, CHAPITRE XVIII. 
De I’Eglise & du Couvent des RR. PP. Cordeliers.
 
JE ne puis parler avec toute la certitude que je desirerois, de la fondation de l’Eglise & du Couvent des PP. Cordeliers; parce que leurs titres & leurs registres ont esté brûlez avec leur Eglise & leur maison par le feu que les Huguenots y mirent l’an 1567. comme je l’ay cy-devant remarqué. Je diray neantmoins que la tradition du païs porte qu’il est un des plus anciens Couvents de l’ordre en France, & qu’il a esté bâti dés le vivant de saint François, même que l’un des compagnons de ce saint Patriarche y a esté inhumé sous une tombe proche du lieu du Chapitre. Je n’ose pas neantmoins assurer pour cela que ce Couvent aie esté basti du temps de saint François; mais je tiens pour certain que ce n’a pas esté long-temps aprés son deceds , que l’on en a jetté les fondemens, & je fonde mon opinion sur trois choses, qui sont remarquées dans le livre de la naissance & du progrés de l’Ordre de saint François, composé en latin par le P. François de Gonzague Ministre General du même Ordre, imprimé à Rome l’an 1587. La prcmiere est que les freres Mineurs appellez Cordeliers en ce Royaume, vinrent à Paris pour la premiere fois à la fin du Pontificat d’Innocent III. ou au commencement de celuy d’Honore III. auquel temps ils s’établirent en cette Capitale du Royaume & aux villes circonvoisines en vertu de deux Bulles d’Honoré III. qu’il envoya l’an 1219. l’une à l’Archevêque de Sens dans le Diocese duquel est la ville d’Estampes, & l’autre à l’Evêque de Paris, ausquels il recommanda de recevoir ces Religieux, & de les proteger comme des hommes qui suivoient la vie Apostolique, & qui étoient approuvez du saint Siege.

     La deuxiéme chose est que saint François mourut le samedy quatriéme jour d’Octobre de l’an 1226. en la ville d’Assise en la Province d’Umbrie en Italie.

     La troisiéme que le Couvent des Cordeliers d’Estampes a esté bâty avant l’an 1240. Cette derniere remarque peut-être
[sic] confirmée par un contract solemnellement passé l’an 1242. entre l’Abbé & les Religieux de Morigny d’une part, & Anseau de Fraville & sa femme d’autre, pardevant le Doyen de la Chrêtienté, Guy Doyen, & Guillaume Chantre de sainte Croix d’Estampes, & frere Robert de l’Ordre des Freres Mineurs; parce qu’il est hors de doute que ce Frere Robert devoit étre un personnage insigne, [p.445] & d’autorité dans le pays, ce qu’il ne pouvoir avoir acquis que par le moyen du sejour qu’il avoit fait dans le Couvent de cette ville pendant quelques années.
Saint Louis IX d'après un camée des années 1630
Saint Louis (camée des années 1630)

     Le même Auteur assure que la pieuse Reyne Blanche Mere de saint Loüis, a esté la fondatrice de ce Couvent, la disposition duquel fait assez connoître qu’il est l’ouvrage de la pieté de quelque personne puissante. L’Eglise est dediée sous l’invocation de saint Jean Baptiste, elle a esté rebâtie aussi-bien que le Couvent depuis l’incendie, dont j’ay parlé, par les aumônes du Roy Henry III. de plusieurs Princes, & Seigneurs, & des habitans de la ville, qui contribuerent ce qu’ils pûrent de leur part, & s’interesserent aussi, pour obtenir de sa Majesté le bois necessaire, qu’elle leur accorda dans la Forest de Dourdan, comme je l’ay veu dans des memoires de l’Hôtel de ville. Le retable du grand Autel merite d’étre veu, les mysteres de la Passion de Nôtre Seigneur y sont representez en bas relief avec une delicatesse merveilleuse. Et les peintures des vitres sont dignes d’admiration. On connoît aux armes qui y sont, ceux qui ont esté les bien-facteurs: & ceux des Chaires du Chœur ont de pareilles marques. Les Religieux qui ont habité ce Convent [sic] au commencement étoient conventuels, ce qui est facile à connoître à l’habit de ceux qui sont figurez sur des tombes: & il y a bien de l’apparence que l’on y a mis les Observantins, qui y sont à present, au méme temps que l’on en mit dans le Convent [sic] de Paris, l’an 1502.

     L’Histoire de l’Ordre Seraphique, dont je viens de parler, remarque qu’il y a eu dans ce Convent
[sic] des hommes insignes en doctrine & en pieté; entre autres un nommé Frere Loüis de la Plaine, lequel fut mis à mort par les Heretiques, quand ils prirent la ville, l’an 1567.
Henri III d'après un camée des années 1630
Henri III (camée des années 1630)

 
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NOTES

     L
’an 1567. comme je l’ay cy-devant remarqué. Au chapitre XLII de la première parte, c’est-à-dire aux pages 236 à 241.

     Un contract solemnellement passé l’an 1242. Cette charte, qui nous a été conservée par le Cartulaire de Morigny, a été éditée en 1867 par Menault, et nous avons mis ce texte en ligne accompagnée d’une traduction de notre crû.

     Le livre de la naissance & du progrés de l’Ordre de saint François, etc. Voyez notre bibliographie, sur cet ouvrage du Père de Gonzague.

     La pieuse Reyne Blanche Mere de saint Louis, a esté la fondatrice de ce Couvent. C’est ce passage de Fleureau qui dut inspirer à la fin du XIXe siècle l’abbé Courigoux, curé de Saint-Gilles: «Les vitraux modernes qui sont au-dessus du portail de droite, écrit Léon Marquis en 1881, ont été exécutés d’après les dessins de M. l’abbé Courigoux, curé actuel. Ils représentent la reine Blanche et saint Louis autorisant saint François d’Assise à fonder le couvent des Cordeliers d’Étampes.» (Les Rues d’Étampes, p. 242) A cette date il n’y avait pourtant plus de franciscains sur la paroisse Saint-Gilles, où ils ne revinrent pas après la Révolution. Les vitraux en question, dont nous n’avons malheureusement pas conservé de photographies à ma connaissance, ont été soufflés par les bombes du 10 juin 1944.

     Merite d’étre vu. Rappelons que plus rien n’existe de l’ancien établissement des Cordeliers d’Étampes, dont les locaux furent ultérieurement remplacés par ceux de la Congrégation de Notre-Dame, autrefois leur voisine.

B.G.
Source: Basile Fleureau, Les Antiquitez de la ville et du Duché d’Estampes, pp. 444-445. Saisie: Bernard Gineste, 2006.
BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE

Éditions

 
     Édition princeps, posthume: Dom Basile FLEUREAU (religieux barnabite, de la congrégation de saint Paul, 1612-1674), Les Antiquitez de la ville, et du Duché d’Estampes avec lhistoire de labbaye de Morigny et plusieurs remarques considerables, qui regardent l’Histoire generale de France [in-4°; XIV+622+VIII p. (N.B: les pages 121-128 sont numérotées par erreur 127-134); publication posthume par Dom Remy de Montmeslier d’un texte rédigé vers 1668; XIV+622+VIII p. (N.B: les pages 121-128 sont numérotées par erreur 127-134). Réédition en fac-similé reliée], Marseille, Lafittes reprints, 1997.

     
Réédition numérique en ligne (en cours depuis 2001): Bernard GINESTE [éd.], «Dom Fleureau: Les Antiquitez d’Estampes (1668)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/index-fleureau.html, 2001-2012.

     Réédition numérique de ce chapitre: Bernard GINESTE [éd.], «Dom Fleureau: De l'église et du couvent des révérends pères cordeliers (1668)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/index-fleureau.html, 2005.
     
Éditions de la charte de 1242 alléguée par Fleureau

      Ernest MENAULT, Essais historiques sur les villages de la Beauce. Morigny, son abbaye, sa chronique et son cartulaire, suivis de l’histoire du Doyenné d’Etampes [in-8°; 209 p.; «ouvrage qui a reçu une mention honorable à l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, concours de 1862»], Paris, Auguste Aubry, 1867, pp. 115-118 [texte latin seul].
   
     Bernard GINESTE [dir.], «Anseau de Fraville: Don aux moines de Morigny d’une rente à Chalo-Saint-Mars (juin 1243)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/cls-13-morigny1247chalo.html, 2004-2005 [texte latin et traduction en français].

Edition véntiitienne de 1603 de l'ouvrage du père François de Gonzague L’ouvrage de François de Gonzague allégué par Fleureau

     1) Franciscus GONZAGA, o.f.m. (Francesco GONZAGA, François de GONZAGUE, franciscain, évêque de Mantoue), De Origine seraphicae religionis franciscanae ejusque progressibus, de regularis observanciae institutione, forma administrationis et legibus... F. Francisci Gonzagae,... opus... [in-f°; pièces liminaires; 1364 p.; indices; «De l’origine de l’ordre séraphique franciscain, de ses progrès, de l’institution, de l’organisation et des règles de l’observance régulière, ouvrage du frère François de Gonzague»], Romae (Rome), ex typ. D. Basae, 1587.
     2) Dont une réédition: De Origine seraphicae religionis franciscanae, Eiusq; progressibus, de Regularis Obseruantie institutione, forma, administrationis, ac legibus, admirabilique eius propagatione. F. Francisci Gonzagae eiusdem Religionis Ministri Generalis, nunc Episcopi Mantuani. Opus in quatuor partes diuisum. Earum quid vnaquaeqz continear, sequens pagina indicabit [in-8°; pagination multiple], Venetiis (Venise), sans nom d’éditeur, 1603.
     3) Réédition numérique partielle: Bernard GINESTE [éd.], «Francisco Gonzaga: Martyre de deux franciscains à Étampes en 1567 (1587)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-16-gonzaga1587martyrs1567.html
, 2012.

Sur les Cordeliers d’Étampes

     Dom Basile FLEUREAU, «De I’Eglise & du Couvent des RR. PP. Cordeliers», in ID., Les Antiquitez de la ville, et du Duché d’Estampes avec lhistoire de labbaye de Morigny et plusieurs remarques considerables, qui regardent l’Histoire generale de France [in-4°], Paris, J.-B. Coignard, 1683, pp. 444-445.
     Dont une réédition électronique en ligne: Bernard GINESTE [éd.], «Dom Fleureau: De I’Eglise & du Couvent des RR. PP. Cordeliers (1668)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-17-fleureau-c18.html, 2006.

    
Léon GUIBOURGÉ«Les Cordeliers à Étampes», in ID., Étampes, ville royale [in-16 (20 cm); 253 p.; armoiries de la ville en couleurs sur la couverture; préface d’Henri Lemoine], Étampes, chez l’auteur (imprimerie de la Semeuse), 1957 [Dont une réédition en fac-similé: Péronnas, Éditions de la Tour Gile, 1997], pp. 166-169. 
     Dont une réédition électronique en ligne:
Bernard GINESTE [éd.], «Léon Guibourgé: Les Cordeliers à Étampes (1957)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-20-guibourge1957etampes502cordeliers.html, 2004.

     Jacques GÉLIS, «Religieux et religieuses à Étampes aux XVIIe et XVIIIe siècles» (7 illustrations), in ID. [dir.], Église et Société dans le Pays d’Étampes [29 cm sur 20,5; 126 pages; 80 documents figurés et tableaux; couverture illustrée couleur], Étampes, Association Étampes-Histoire [«Les Cahiers d’Étampes-Histoire» 7], 2005 [ISSN 1291-7791; 10 € en 2005], pp. 4-24 [En fait cet article se concentre surtout sur les Capucins (qu’il ne faut pas confondre avec les Cordeliers, même si c’étaient aussi des Franciscains), et sur les religieuses de la Congrégation de Notre-Dame].


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