Corpus Scientifique Étampois
 
Ernest Roze
La Flore d’Étampes en 1747 d’après Descurain et Guettard
Journal de Botanique, 1889
      
Ernest Roze ()
Jean-Etienne Guettard
Adrien Franchet ()
Ernest Roze (1833-1900)
Jean-Étienne Guettard (1715-1786)
Adrien Franchet (1834-1900)

 
     En 1747, Jean-Étienne Guettard publia deux volumes d’Observations sur les plantes, dont le noyau était un catalogue en latin de la flore des environs d’Étampes élaboré jadis par son défunt grand-père l’apothicaire étampois François Descurain. En 1889, deux botanistes en vue s’intéressèrent à ce travail et publièrent chacun un article à ce sujet dans la Revue de Botanique. Ernest Roze en fit une synthèse, tandis qu’Adrien Franchet revenait sur une étourderie manifeste de Guettard, qui avait égaré ses successeurs sur un point particulier.
     
Ernest Roze
La Flore d’Étampes en 1747 d’après Descurain et Guettard
Journal de Botanique, 1889


Suivi d’une étude d’Adrien Franchet contestant une diagnose de Guettard:
Note sur le Ranunculus Chaerophyllos L.
Journal de Botanique, 1889



     Dans la préface de son ouvrage intitulé: Observations sur les plantes, et publié à Paris en 1747, Guettard (1), docteur en médecine de la Faculté de Paris, de l’Académie royale des sciences, et médecin-botaniste du duc d’Orléans, raconte qu’il avait hérité des manuscrits de son grand-père, François Descurain, maître apothicaire à Étampes, qui, jusqu’à sa mort, arrivée dans sa quatre-vingt-deuxième année, en 1740, avait pris soin de consigner sur un Catalogue les résultats de ses herborisations autour de cette ville. Guettard ajoute «que, dans cet ouvrage, il s’était proposé deux choses: 1° de faire connaître les plantes qui viennent aux environs d’Étampes; 2° de rapporter des Observations qui regardent surtout les glandes et les filets ou poils de ces plantes». Il avoue, du reste, «que cette seconde partie lui est propre et particulière, mais que la première est à peu de chose près entièrement de son grand-père»: car il s’était contenté «de traduire en français le Catalogue que celui-ci avait écrit en latin, en adaptant toutefois aux phrases anciennes de Tournefort* ou des Bauhins* celles plus récentes de Van Royen* ou de Linné*, ce qui ne pouvait manquer de faire plaisir aux étudiants en botanique».

     (1) Né à Étampes en 1715, mort en 1786.






     
* Joseph Pitton de Tournefort (1656-1708), botaniste français. — Gaspard (ou Caspard) Bauhin (1560-1624), naturaliste helvétique. — David van Royen (1727-1799), médecin et botaniste néerlandais. —Carl Linnæus, puis Carl von Linné (1707-1778), naturaliste suédois, père de la taxinomie moderne. (B.G.).
     En laissant de côté les Observations, en général curieuses, publiées par Guettard, ainsi que les indications locales concernant les plantes [p. 125] étrangères aux environs d’Étampes, notamment celles d’Orléans et quelques autres du centre et de l’ouest de la France, pour ne s’en tenir qu’à la partie du livre qui reproduit l’œuvre patiente de Descurain, l’intérêt que cette œuvre peut présenter n’apparaît pas tout d’abord, dissimulé qu’il est sous l’étiquette de l’ancienne nomenclature, aujourd’hui si peu compréhensible. Mais j’ai été vivement frappé de la clarté toute nouvelle que jette sur cet ouvrage la traduction synonymique des phrases descriptives dans la nomenclature binaire moderne. Et j’en ai été d’autant plus surpris que Mérat ne le cite pas dans sa Liste chronologique des ouvrages publiés sur les plantes des environs de Paris* et que Germain de Saint-Pierre, dans son Guide du botaniste**, n’en reproduit que quelques extraits qui n’en donnent qu’une idée fort incomplète.
     * Sur cette Liste,voir notre bibliographie (B.G.)
     ** Sur ce Guide,voir notre bibliographie (B.G.)
     Dans le Catalogue de Descurain, très consciencieusement établi, avec l’indication détaillée des localités pour les plantes rares ou peu communes, se trouvent inscrites près de mille espèces de la Flore parisienne comprenant environ 180 cryptogames et 820 phanérogames. Il m’a paru qu’il y avait quelque profit à tirer de ce travail, qui permet de se faire une idée de la végétation de certains points des environs de Paris, telle qu’elle existait il y a près de 150 ans. Aussi, pour tirer le meilleur parti possible de ces documents, ai-je réparti par localités les plantes qu’y notait Descurain et que Guettard y signalait en 1747, de façon à présenter successivement, groupées autour de Dourdan, de la Ferté-Alais, de Malesherbes, d’Étampes et d’Etrechy, les espèces plus ou moins rares qui y ont été observées au commencement de l’autre siècle. Et, pour conserver aux indications de l’auteur toute leur authenticité, j’ai cru convenable de faire suivre les noms modernes des plantes de leurs localités respectives, en reproduisant ces indications d’après le texte même de Guettard: on retrouvera, du reste, aisément presque toutes ces localités, mais parfois sous des noms différemment écrits, sur la Carte de l’Etat-major au 1/80 000.

     La Flore de Dourdan est encore à faire: l’ouvrage de Guettard mentionne dans les environs de cette ville les plantes suivantes: Petasites vulgaris, proche Dourdan en sortant de la ville par la Porte Saint-Pierre pour aller au moulin Moreau et le long de la rivière; Typha latifolia et angustifolia, dans des marais et marres [sic] des environs de Dourdan; Fumana vulgaris, autour de Dourdan; Lychnis viscaria et Serratula tinctoria, dans les bois des environs de Dourdan; Alsine segetalis, dans les campagnes qui sont autour de la forêt de Dourdan du côté de Louis (1)  et de Bandeville: Sorbus torminalis et Aria, dans la forêt de Dourdan; Phyteuma spicatum, dans cette forêt, aux [p.126] environs de Louis; Linaria Pelliceriana aux environs du couvent de Louis, proche Dourdan; Sticta pulmonacea, dans la forêt de Dourdan où ce Lichen est attaché aux arbres; Montia fontana sur les bords d’un étang qui est entre Dourdan et Rochefort; Littorella lacustris, le long de l’étang Despréaux, proche le chemin de Bandeville à Rochefort.

      (1) D’après la carte précitée, il s’agit de la ferme et de la forêt de l’Ouye. [Il s’agit de l’abbaye de l’Ouÿe qui avait été vendue à la Révolution et en 1889 devait être une ferme (B.M.)]
     «A 10-12 kilomètres de Dourdan, en se dirigeant sur Paris, dans les bois de Baville (1): Ranunculus chærophyllos, Genista pilosa et anglica; dans les prés de la vallée de Dourdan jusqu’à Baville, Orchis coriophora; dans les bois du Marest proche Baville, Aquilegia vulgaris, et dans les champs voisins Inula graveolens; dans les campagnes qui sont vis-à-vis de l’hermitage [sic] de Baville, proche le bois de Chantropars, Alsine segetalis, et sur la montagne de l’hermitage [sic] Saint-Nicolas proche Baville, Linaria Pelliceriana. Dans la demi-lune du château de Baville et dans les landes de Jouy proche ce même endroit, Buplevrum tenuissimum; dans les landes de Jouy proche Baville: Rhynchospora alba, Centunculus minimus, Montia fontana, Cicendia filiformis, Scutellaria minor, Tillæa muscosa, Drosera rotundifolia; puis, Lomaria spicant, le long des aulnets qui sont au bas des landes de Jouy. Très peu de plantes sont signalées du côté de Saint-Yon ou de Boissy-sous-Saint-Yon: Spiranthes autumnalis, Genista anglica, Digitalis purpurea. Mais dans les bois, les bruyères ou les prés de Brières-le-Château (ou Bruyères-le-Châtel) se trouvent: Lychnis viscaria, Serratula tinctoria, Senecio adonidifolius (?), Aquilegia vulgaris, Trifolium subterraneum, Scirpus fluitans, Limosella aquatica, Helosciadium inundatum

     Un petit nombre d’espèces se trouvent de même incidemment signalées à la Ferté-Alais ou dans les environs de Vayres, savoir: «* Fumana vulgaris (2), autour de la Ferté-à-Leps; Linaria Pelliceriana, sur les montagnes qui sont proche la Ferté-à-Leps et qui sont de sable et chargées de roches de grès; * Lychnis viscaria dans les bois des environs de la Ferté-à-Leps; Orchis conopea et Tetragonolobus siliquosus, dans les prés de la vallée qui s’étend depuis la Ferté-à-Leps jusqu’à Cerny et au delà; * Schœnus nigricans, dans les prairies de la Ferté-à-Leps; Orchis pyramidalis, dans les bois de Villiers proche la Ferté-à-Leps, sur la pente de ce bois qui regarde le couvent; * Hypochæris maculata, dans le bois de Villiers proche la Ferté-à-Leps; Veronica [p.127] spicata, autour de Vayres; Phalangium ramosum, dans les bois de Beaumont, au bout du chemin qui conduit à Vayres, du côté de ce village; Laserpitium latifolium, dans les bois de Beaumont à gauche du chemin de Vayres; * Peucedanum Cervaria, dans les bois de Beaumont en descendant à Vayres.»
Lomaria spicant (dessin de Correvon, 1896))      (1) Ces indications de Guettard pourraient être vérifiées dans une herborisation de Saint-Chéron à Breuillet.


     (2) L’astérisque devant le nom spécifique indique que la plante figure dans les Flores comme ayant été observée près de la même ville, mais sans qu’il y ait nécessairement toujours conformité dans la citation précise de la localité (Cfr. le Guide pratique de Botanique rurale, de M. G. Camus, aux herborisations de la Ferté-Aleps, Malesherbes, Étampes et Etrechy)

     Parmi les espèces indiquées comme se trouvant à Malesherbes, Guettard a le soin de distinguer celles qui figuraient sur un manuscrit du P. Barrelier (1), dont il devait la communication à «Messieurs de Jussieu»; ce sont les suivantes: «A Malsherbe* ou aux environs (sans autres détails): * Ophioglossum vulgatum, * Osmunda regalis, * Ceterach officinarum, * Polystichum Thelypteris (2), * Ornithogalum pyrenaicum, * Daphne Laureola, Drosera rotundifolia, Inula hirta. La station de quelques autres espèces a été mieux précisée par le P. Barrelier, et plusieurs d’entre elles y ont été retrouvées par Guettard qui le fait ainsi connaître: Butomus umbellatus, le long de la rivière qui passe proche le château de Malsherbe (le P. Barrelier l’indique aux environs de cet endroit); Galanthus nivalis (le P. B. l’indique au Bois-Menard (3), proche Malsherbe); * Scilla autumnalis, sur la montagne qui est vis-à-vis le château de Malsherbe (le P. B. l’indique aux environs de ce château); Radiola Millegrana, entre les roches de la montagne qui est vis-à-vis le Château de Malsherbe (le P. B. l’indique aux environs de cet endroit); Lonicera Xylosteum, dans le Parc de Malsherbe (le P. B. l’indique aux environs de ce bourg). Enfin les espèces suivantes sont signalées pour la première fois par Guettard à Malsherbes: * Lemna polyrrhiza, dans quelques fossés; * Hippuris vulgaris, le long des saignées des prés qui sont vis-à-vis le Château; Cyperus longus, sur les bords des rivières; * Genista sagittalis, à Malsherbe; * Lithospermum purpureo-cœruleum, dans le Parc; Erysimum cheiranthoides, dans les champs sablonneux qui sont au bas du Château; * Helianthemum pulverulentum, dans les terres des environs de Malsherbe; * Fumana vulgaris, très abondant autour de Malsherbe; * Gentiana Pneumonanthe, dans les prés; * Gentiana Cruciata, dans le Parc du Château; Chlora perfoliata, à Malsherbe; Inula salicina, dans les prés.»

     (1) Jacques Barrelier, né à Paris en 1606, mort en 1673.
[Voir notre bibliographie (B.G.)]
     
* Malesherbes (Loiret) (B.G.)

     (2) Guettard ajoute: «Peut-être est-ce la Fougère que Cornuti marque au même endroit sous le nom de Filix aquatica repens.»



     (3) Bois-Minard, d’après la carte de l’État-major, à environ 4 kilomètres au nord de Malesherbes.
     Les trois précédentes localités n’avaient pu être visitées que rarement par Descurain ou Guettard; il n’en était pas de même d’Étampes et d’Etrechy ou de leurs environs, dont l’exploration réitérée était plus facile. Il en est résulté que les constatations que ces botanistes y ont [p.128] faites nous ont été transmises par eux avec beaucoup plus de détails. On les trouvera ci-après, mais présentées sous la forme plus pratique d’herborisations. (A suivre.)


La flore d’Étampes en 1747 d’après Descurain et Guettard (Fin)
Par M. E. Roze



     1° Herborisation à l’ouest d’Étampes, par le faubourg Saint-Martin,  en remontant le cours de l’Allouette*, jusqu’à Saint-Hilaire (1), avec retour par Chalo-Saint-Marc, Longuetoise, Valnay, le long de la Challouette (12 à 13 kilomètres, aller et retour). Les espèces suivantes y sont indiquées par Guettard: «Fontinalis antipyretica; cette Mousse est très commune dans plusieurs des rivières qui passent dans la ville, surtout dans celle qui fait aller les moulins à papier; Hypnum rusciforme, attachée aux pierres des bords et aux piliers des pierres qui servent de ponts sur le ruisseau qui passe au moulin de l’Hôtel-Dieu, cette Mousse est très adhérente à ces pierres; Scolopendrium officinale, le long des rivières qui traversent la ville, et dans plusieurs puits; Amarantus Blitum, commune le long des maisons mêmes de la ville; Anthriscus sylvestris, autour des maisons du fauxbourg Saint-Martin; Tulostoma brumale, ce Champignon sur les murs des jardins de ce fauxbourg; Ægopodium Podagraria, dans ces jardins; Sinapis nigra, Hyoscyamus niger, aux environs de ce fauxbourg; Chara vulgaris et fragilis, Alisma ranunculoides, Hydrocharis Morsus-Ranæ, dans quelques fossés, lacunes et eaux dormantes autour de la paroisse Saint-Martin; Brisa Eragrostis, dans les terres qui sont vis-à-vis du cimetière de la porte Saint-Jacques et aux environs de cet endroit; Teesdalia nudicaulis, sur les murs du cimetière de la porte Saint-Jacques; Loroglossum hircinum, Chenopodium Bonus-Henricus, Silene conica, Lactuca virosa, dans ce cimetière; Panicum Crus-galli, dans les fossés de la porte Saint-Jacques; Dianthus prolifer, sur les murs de la ville; Andropogon Ischæmum, sur les glacis des fossés de la ville; * Tragus racemosus (2), dans les champs et les vignes qui sont à gauche du grand chemin, depuis la porte Saint-Jacques jusqu’aux Capucins; * Polycnemum arvense, dans plusieurs champs incultes et parmi les bleds; Parnassia palustris, Valeriana dioica, Menyanthes trifoliata, communs dans les prés des environs de la ville; Asplenium septentrionale (3) sur la pente des montagnes qui sont le long du chemin de Saint-Hilaire, vis-à-vis de Valnay: il y est assez commun et il y [p. 142] forme quelquefois des touffes considérables; Ceterach officinarum, sur les rochers qui sont le long du chemin de Saint- Hilaire; * Asperula arvensis, dans les champs, le long de ce chemin; Ononis Natrix, Genista anglica, Campanula rotundifolia, Melissa Nepeta, Stachys germanica et Salvia Sclarea, le long de ce même chemin; [*à 3-4 kilomètres au nord de Saint-Hilaire: Asarum europæum, dans les bois de Chesnay et de Boutervilliers, et Leonurus Marrubiastrum L. (?), autour de la marre [sic] du Chesnay]; Arum maculatum, autour du village de Saint-Hilaire; Cephalanthera lancifolia, dans les bois du Grand-Saint-Mars, et Daphne Laureola, dans le village de ce nom; Inula Helenium, dans le parc de Cherelles proche Longuetoise; Stachys alpina, le long du chemin de Longuetoise; * Asperula arvensis, sur les montagnes qui sont à la gauche du chemin de Valnay; Ægopodium Podagraria, Ophrys aranifera, dans le parc de ce nom; Ophioglossum vulgatum, Thalictrum flavum et lucidum, Scutellaria galericulata, Gentiana Pneumonanthe, dans les prés et les aulnets de Valnay; Orchis militaris et Simia, en montant la montagne de Valnay, dans le bois, et dans les prés qui sont au bas; Cytisus supinus, le long du petit bois de Valnay; Limodorum abortivum, Cephalanthera lancifolia, Iris fœtidissima, Narcissus Pseudo-Narcissus, Malus communis et Pirus communis, Stachys sylvatica, Chlora perfoliata dans les bois de Valnay; Viburnum Opulus, à Valnay et sur les murs; Tulostoma Brumale; Potamogeton serratum L., dans la rivière de Challouette, proche le moulin; Batrachospermum moniliforme, cette Algue commune dans la rivière qui passe à Valnay, depuis cet endroit jusqu’à Saint-Martin.»

     * Il faut lire la Louette (B.G.)

     (1) Lieu de naissance d’Etienne Geoffroy Saint-Hilaire, dont la statue est à Étampes [En fait ce lieu à donné n’a pas donné le jour à Étienne Geoffroy, mais seulement son surnom, parce que son père y possédait une résidence secondaire.
(B.G.)]













     (2) Woods l’a également récolté dans le grand chemin, près de la porte Saint-Jacques. [Voir notre bibliographie (B.G.)]


     (3) Mérat l’indique avec doute à Étampes. [Voir notre bibliographie (B.G.)]




     * Je n’ai pas compris pourquoi l’auteur met ce passage-ci (et quelques autres) entre crochets droits (B.G.)
     2° Herborisation au sud d’Étampes, par le faubourg Saint-Pierre, le Petit Saint-Mard, Vauroux, Ormoy et Boissy-la-Rivière, en remontant le cours de la Juine, puis en suivant le cours de cette rivière par la Vallée-Potin, Bierville, Artondu et Vauvert (aller et retour, 13 et 14 kilomètres environ). Guettard y signale les espèces suivantes: «Ægopodium Podagraria, dans les jardins du fauxbourg Saint-Pierre; Linaria spuria et Elatine, dans les champs des environs de ce fauxbourg; Teucrium Chamædrys, sur les meurges* des vignes des environs de la paroisse Saint-Pierre; Calamintha Nepeta, dans les masures des environs de cette paroisse; Veronica Teucrium, sur le bord des prés, entre la porte Saint-Gilles et les Potereaux**, et celle de Saint-Pierre; Gnaphalium luteo-album, proche les Potereaux; Achillea Ptarmica, dans un pré qui est à la gauche et environ à moitié chemin de la porte Saint-Gilles; Asplenium Ruta-muraria, sur les murs de la ville du côté des prés; Polygonum amphibium, dans plusieurs fossés et dans la rivière à la porte Saint-Gilles; Physalis Alkekengi, le long [p.143] des prés, proche le Petit-Saint-Mars; Sherardia arvensis, dans les champs du Petit-Saint-Mars; Asclepias Vincetoxicum, sur les groux de Vauroux; Thalictrum flavum et lucidum, dans les prés, depuis Saint-Pierre en allant à Ormoy; Stachys germanica, à l’entrée d’Ormoy; Anthylis Vulneraria et Ribes Uva-Crispa, à Ormoy; Pedicularis sylvatica et palustris, dans les prés humides d’Ormoy; Saponaria officinalis, le long du chemin de Boissi-la- Rivière; Drosera rotundifolia (1), entre la rivière de Juine et de Climon, proche la Vallée-Potin; [le Drosera longifolia est indiqué à 2-3 kilomètres plus au sud, dans les prés de Saclas, avec le Salvia Sclarea et le Cirsium eriophorum]; Anagallis tenella, Pinguicula vulgaris, Pedicularis sylvatica et palustris, dans les prés qui sont autour de Bierville; Stachys palustris, le long des ruisseaux de Bierville; Potamogeton compressum L. (?), en allant à Bierville dans les marres [sic] où l’on fait rouïr le chanvre, et dans une petite fontaine qui est vis-à-vis d’Artondu; Phalaris arundinacea, du côté de Vauvert, entre les aulnets; Batrachospermum moniliforme, dans la rivière qui coule proche Vauvert; Orchis conopea, maculata et latifolia, Epipactis palustris, Polygala amara, Inula salicina, Scorzonera humilis, Linum catharticum, Silaus pratensis, dans les prés de Vauvert; Pinguicula vulgaris et Anagallis tenella, dans les prés qui sont autour de Vauvert; Œnanthe fistulosa et Lachenalii, Hydrocotyle vulgaris, dans les prés bas autour de Vauvert; Verbascum Lychnitis, sur les rochers de Vauvert.»
meurges

     (1) «On ne trouve pas toujours du Rossolis où vient le Sphagnum; mais où se trouve le Rossolis, on y rencontre ordinairement, pour ne pas dire toujours, cette Mousse au milieu de laquelle il paraît végéter mieux que partout ailleurs.» (Guettard.)
     * Il faut lire meurgers (du bas latin muricarius, amoncellement de pierres  plus ou moins structuré en bord de parcelle) (B.G.).
     ** Il faut lire les Portereaux (B.G.).
     3° Herborisation au nord d’Étampes, par Vaudouleurs, Morigny, Villemartin et Champigny, à peu de distance de la Juine, en revenant par Jeurre, Malassis, Brunehaut, Montfaucon, puis par la route nationale et le long du Juineteau (9 à 10 kilomètres aller et retour). Les espèces qui suivent y sont indiquées par Guettard: «Anthemis mixta L., à l’entrée d’Étampes; Ophioglossum vulgatum, dans le petit pré qui est derrière Vaudouleurs; Helleborus fœtidus, sur les collines et * Alsine setacea, dans les sables, autour de Vaudouleurs; Anthyllis Vulneraria, sur les montagnes de Morigny; Carduncellus mitissimus, proche Morigny, dans les vignes du chantier du Terrier; Matricaria Parthenium, dans les masures de Morigny; Prenanthes muralis, dans le parc de l’abbaye de Morigny; Myriophyllum spicatum et verticillatum, dans les lacunes des environs de Morigny; Lemna polyrrhiza, Potamogeton crispum et serratum, Utricularia vulgaris, Bidens tripartita, Stachys palustris, dans les marais, fossés et ruisseaux de Morigny; Iris fœtidissima, dans les bois de Morigny; Equisetum [p.144]  arvense, Linaria spuria et Elatine, dans les champs autour de  Morigny; Epipactis palustris, Hydrocharis Morsus-Ranæ, Triglochin palustre, Phellandrium aquaticum, Œnanthe fistulosa et Lachenalii, Althæa officinalis, Gentiana Pneumonanthe, Scorzonera humilis, dans les prés, fossés, eaux dormantes, aulnets et lieux humides des environs de Villemartin; Iris fœtidissima, dans les bois de Villemartin; * Asperula arvensis, dans les champs qui regardent l’occident de la montagne de la garenne de Villemartin; Loroglossum hircinum, Anthyllis Vulneraria, Campanula glomerata, sur cette montagne; Echinospermum Lappula, le long du chemin de cette garenne; Cladonia rangiferina et Juniperus communis, communs dans cette même garenne, avec Conium maculatum, puis, proche de la fontaine, Gentiana germanica et Conysa squarrosa, et dans les terres autour de la garenne, Caucalis leptophylla L. (?); Arabis Thaliana dans les vignes, Nepeta Cataria dans les hayes, Ajuga Chamæpitys dans les sables, et Matricaria Parthenium dans les masures, autour de Villemartin; Spiranthes automnalis, en septembre, dans les endroits humides et stériles autour de la montagne de Champigny; Scutellaria galericulata, autour des chaussées de Champigny; Ophioglossum vulgatum, dans les terres incultes et humides qui sont proche Jeurre; Sagittaria sagittifolia, dans les fossés du château de Jeurre; Samolus Valerandi, Lysimachia vulgaris, Stellaria nemorum, Gentiana Pneumonanthe, Senecio palidosus, dans les aulnets et les prés de Jeurre; Anchusa officinalis, dans les bleds; Nepeta Cataria, dans les hayes, proche Jeurre; Conium maculatum, proche Jeurre, le long du grand Chemin; Senecio paludosius, dans les prés de Malassis; Ophioglossum vulgatum, dans les lacunes qui sont vis-à-vis Brunehault; Polystichum cristatum, dans les aulnets de Brunehault; Myriophyllum spicatum et verticillatum, Triglochin palustre, Hydrocharis Morsus-Ranæ, Sparganium ramosum et simplex, dans les lacunes, fossés et eaux dormantes autour de Brunehault; Utricaria vulgaris, dans les fossés du Château de ce nom; Cynoglossum officinale, dans le parc; Erysimum Alliaria, dans les cépées, et Orobanche major dans le bois de Brunehault; Podospermum laciniaium, trouvé une fois le long du grand chemin, vis-à-vis du petit bois de Brunehault; Echinospermum Lappula, dans les vignes autour de Montfaucon; Saxifraga granulata et Arabis Thaliana, communs dans le petit bois qui est au bas de Montfaucon; * Neslia paniculata, dans les bleds qui sont autour de Montfaucon, où se trouve plus tard le Stellera Passerina; Tulostoma brumale, sur les murs du parc de Saint-Lazard (1), le long du grand chemin; Ophrys myodes, arachnites et apifera, Aristolochia Clematitis, [p. 145] Cynoglossum officinale, Veronica arvensis, Bryonia alba, Saponaria officinalis, dans le parc de Saint-Lazard; Geranium lucidum dans le bois et sur les murs de Saint-Lazard; Satyrium hircinum, Lithospermum officinale, * Leonurus Cardiaca, Conyza squarrosa, dans les bois de Saint -Lazard; Lysimachia nemorum, quelquefois avec le L. Nummularia, dans les prés autour de Saint-Lazard; Muscari racemosum et comosum, Plantago arenaria, Corrigiola littoralis, Linaria supina, Ajuga Chamæpitys, * Alsine setacea, * Silene Otites, dans les sables autour de Saint- Lazard; Hyoscyamus niger, commun le long du grand chemin depuis Saint-Lazard jusqu’à Jeurre.» [A 8-10 kilomètres d’Étampes, vers l’est, se trouvent d’après Guettard: Asplenium septentrionale, sur les rochers de Bouvilles, à gauche, peu avant ce village, avec Ceterach officinarum; Andropogon Ischæmum, le long des vignes, à l’entrée de Bouvilles, et dans les environs, Globularia vulgaris, Stachys germanica et Fumana vulgaris (très abondant); sur les montagnes, Teucrium montanum; enfin, dans les bois de Bouvilles, Veronica spicata, Gentiana Cruciata et germanica, Cephalanthera rubra, Buxus sempervirens, Cytisus supinus].
















     (1) Saint-Lazard n’est pas indiqué sur la Carte. [Il s’agit de l’ancienne maladrerie de Saint-Lazare qui se trouvait au niveau des numéros 111 à 117 avenue Saint-Michel, et du secteur en contre-haut. ( B.G.)]
     4° Herborisation aux environs d’Etrechy par Saint-Martin de la Roche, le bois du Roussay, Fontainelivault, le bois de la Barre, les moulins de Pierre-Brou et de Vaux, Gravelles et Vintué (environ 7 à 8 kilomètres). Guettard y mentionne les espèces qui suivent: «Anthemis mixta, proche Etrechy, le long du grand chemin; Xanthium strumarium, le long du grand chemin proche Etrechy, sous la porte même de ce bourg et proche la Chapelle des Corps saints; Asplenium septentrionale, dans les fentes et les trous des rochers qui sont sur le haut de la montagne de Saint-Martin de la Roche; Polystichum cristatum, dans les creux de ces rochers; Verbascum Lychnitis, entre les roches de Saint-Martin; Sagina erecta L., sur la montagne de Saint-Martin; Cuscula epithymum, abondant sur les bruyères du haut de la montagne de Saint-Martin; * Stellera Passerina, dans les bleds en allant à l’hermitage [sic] de Saint-Martin de la Roche; Chlora perfoliata, en montant à cet hermitage; Hypnum serpens (1); Genista anglica, à l’entrée du bois du Rousset proche l’hermitage; Scilla bifolia et Endymion nutans, très communs, Ornithogallum umbellatum, Arum maculatum, Orchis maculata, Platanthera bifolia, Ophrys myodes, * apifera et arachnites, Neottia Nidus-Avis, Genista tinctoria et sagittalis, Trifolium rubens [p.146] et montanum, Malus communis et Pirus communis, Vinca minor, Rubia tinctorum, Peucedanum Oreoselinum, Turritis hirsuta L., Malva alcea, Hypericum montanum, Veronica spicata, Digitalis purpurea, Galeobdolon luteum, Dianthus Armeria, Lactuca saligna, dans les bois du Rousset; Jungermannia quinquedentata, Bryum capillare, Mnium affine et undulatum, et Neckera pennat, sur les rochers de ces bois, le long du chemin haut qui conduit à la ferme et qui est parallèle à l’allée Blanche; Polypodium vulgare, Asplenium Trichomanes, Ruta-muraria et Adiantum-nigrum, dans les fentes de ces rochers; Ophrys aranifera, derrière la ferme; Cephalanthera lancifolia, Polygala amara, Globularia vulgaris, sur le haut de la montagne du Rousset; Geranium lucidum, dans les masures du Parc du Rousset; Coronilla minima et * Helianthemum pulverulentum, dans les terres arides et incultes des environs du Rousset; * Linaria Pelliceriana, assez commune sur le haut des montagnes du Rousset; * Aceras anthropophora, sur la pente de la montagne; Lychnis Viscaria, en descendant de Vaucelas pour aller au bois du Rousset, à l’entrée du bois, où il est commun; * Carduncellus mitissimus, entre les bois du Rousset et la montagne de Chaufour; [à l’automne, dans les fonds humides ou sur les hauteurs des bois du Rousset, comme Champignons: Cortinarius violaceus, Cantharellus infundibuliformis, tubæformis, sinuosus et cibarius, Craterellus cornucopioides, Hydnum repandum, Clavaria rugosa et pistillaris, Schizophyllum commune, Phallus impudicus, Scleroderma vulgare et verrucosum, Leotia lubrica, Torrubia ophioglossoides, Crucibulum vulgare et Cyathus striatus;] Cucubalus baccifer, dans les hayes de Fontaine-Livaux; Limodorum abortivum, sur la pente de la montagne des bois de la Barre, du côté qui regarde Champigny; Platanthera bifolia, Scilla bifolia, Corydalis solida, Vinca minor, Asclepias Vincetoxicum, Turritis hirsuta L. , Hypericum montanum, Veronica spicata, Digitalis purpurea, Dianthus Armeria, Silene nutans, Lychnis Viscaria, dans les bois de la Barre; Asplenium Trichomanes, Ruta-muraria et Adiantum-nigrum, Polypodium vulgare, Polystichum cristatum, dans les fentes des rochers de ces bois; Alisma Plantago, dans les trous remplis d’eau et dans les rochers au haut des bois de la Barre; Stipa pennata et Ranunculus chærophyllos dans le haut de ces bois; Polygala amara, Globularia vulgaris, Teucrium montanum, sur la montagne de la Barre; * Linaria Pelliceriana, assez commun sur le haut de la montagne de la Barre; Mespilus germanica, dans les bois de la Barre, vers le haut de la montagne, entre les rochers; Gentiana germanica, sur le haut des bois de la Barre, où elle est commune; [et dans ces bois, comme Champignons: Lepiota procera, Scleroderma vulgare et verrucosum, [p. 147] Peziza scutellata;] Sagina nodosa, le long d’une saignée des prés qui sont au bas des bois de la Barre, du côté du moulin de Pierre-Broux; Spergula pentandra, dans les champs qui sont au bout de la chaussée de Pierre-Broux, le long des bois de la Barre; une belle Mousse, Philonotis fontana, puis Orchis maculata et latifolia, CladiumMariscus, Pinguicula vulgaris, Inula salicina, dans les prés des environs de Pierre-Broux; Selinum palustre L., (?) le long des fossés de ces prés; Scutellaria galericulata, Stachys palustris, Bidens tripartita, autour des chaussées, le long des ruisseaux et dans les fossés aqueux de Pierre-Broux; Utricularia vulgaris et Ranunculus Lingua, dans les fossés de la levée de Pierre-Broux; Triglochin palustre, proche le moulin de Pierre-Broux; Nymphæa alba, autour de ce moulin; Cyperus longus, très commun le long de la rivière de Juine, proche ce moulin; * Epipactis palustris et Scorzonera humilis, dans les prés du moulin de Vaux; Teucrium montanum, dans les terres incultes des environs de Gravelles; Cucubalus baccifer, le long du chemin de Gravelles; Peucedanum palustre, le long des fossés de Gravelles et de Vinthué; Nymphæa alba et Lythrum Hyssopifolia, dans les fossés autour de Vinthué.»









     (1) «J’ai trouvé, dit Guettard, cette Mousse attachée aux parois extérieures d’une auge de pierre où coule l’eau qui dégoutte de la roche de l’hermitage Saint-Martin. Cette roche forme une caverne assez spacieuse pour contenir à l’aise dix à douze personnes... Cette caverne est très agréable et très commode pour se mettre à couvert dans l’été des rayons du soleil de midi, comme il nous arrivait ordinairement lorsque nous herborisions dans les bois voisins.»



Muscrai racemosum Muscari racemosum
Muscari racemosum
     [En dehors des espèces indiquées dans les localités ci-dessus, Guettard en signale d’autres également intéressantes dans quelques stations plus ou moins éloignées d’Etrechy. Ainsi, dans les bois de Fremières ou de Villeneuve-sur-Auvers, au milieu desquels se trouve la Grange-des-bois: Cephalanthera rubra, Aceras anthropophora, Phalangium Liliago, Ruscus aculeatus, Campanula persicifolia et Trachelium, Scleranthus perennis, Silene Otites, Aquilegia vulgaris, Genista pilosa, Ononis Columnæ, Trifolium rubens et montanum, Lathyrus tuberosus, Lithospermum purpureo-cæruleum, Melittis melissophyllum, Teucrium montanum, Epilobium montanum, Geranium lucidum (très abondant sur les rochers de Villeneuve-sur-Auvers), Fumana vulgaris, Seseli montanum et glaucum, Peucedanum Cervaria et Oreoselinum, Serratula tinctoria, Inula salicina, Hypochæris maculata, Antennaria dioica; dans les saignées des prés qui sont autour de Chamarande et de Gillevoisin, et dans les fossés qui sont vis-à-vis ce dernier château: Nitella translucens, Chara hispida, Utricularia minor.]

     Enfin, on a pu remarquer que les espèces les plus communes n’avaient pas été inscrites dans les listes précédentes, Guettard ne leur assignant pas de localité particulière ou les désignant seulement comme croissant çà et là assez abondamment. Or, il convient de mentionner ici un certain nombre d’espèces moins communes et cependant traitées comme telles: Ceratophyllum demersum et submersum, Orchis [p.148] Morio, Allium sphærocephalum, Juncus squarrosus, Cyperus fuscus et flavescens, Carex Pseudo-Cyperus, Festuca gigantea, Tamus communis, Parnassia palustris, Nigella arvensis, Anemone Pulsatilla, Sium latifolium, Jasione montana, Asperula tinctoria, Helianthemum guttatum, Brunella grandiflora, Ajuga pyramidalis, Orobanche ramosa L. (sur le Chanvre), Saponaria Vaccaria, Carthamus lanatus, Chrysanthemum segetum, Chondrilla juncea, Picris hieracioides, etc.

     Nous terminerons en faisant remarquer que si les botanistes du XIXe siècle n’ont pas jusqu’ici contrôlé toutes les indications de Descurain, en revanche ils ont signalé la présence de quelques espèces intéressantes que Guettard ne mentionne pas dans son ouvrage; ainsi autour d’Étampes: Linum Leonii, Trigonella monspeliaca, Trinia vulgaris, Turgenia latifolia, Veronica præcox, Valerianella coronata, Micropus erectu, Arnoseris minima, Tragopogon major, Euphorbia falcata, Carex Schreberi; et autour d’Etrechy: Adonis flammea, Erysimum orientale, Bulliarda Vaillantii, Rubia peregrina, Micropus erectus, Potamogeton pusillus. La liste de ces espèces n’ajoute, il est vrai, que bien peu de chose aux constatations de Descurain; elle n’en complète pas moins, à notre avis, l’idée que l’on pourrait se faire d’après lui de la Flore d’Étampes.

 

ANNEXE
Note sur le Ranunculus chærophyllos L.
Par M. A. Franchet


     Linné a emprunté à Bauhin le nom de Ranunculus chærophyllos, mais sans l’appliquer d’une façon précise à la plante que voulait désigner l’auteur du Pinax. Il a, en effet, reproduit textuellement dans les deux éditions de son Species la diagnose incohérente de Guettard, avec addition de cette phrase du Pinax «Ranunculus cherophyllos Asphodeli radice» et la citation de deux figures qui, on doit le supposer, devaient fixer l’opinion des botanistes futurs sur l’identité de la plante à laquelle il appliquait le nom de R. chærophyllos. Or, il se trouve que ces deux figures ne sont point en accord avec la phrase descriptive qu’il admet et que, de plus, elles concernent deux plantes de la région méditerranéenne différentes de celle de Guettard, qui avait trouvé la sienne dans les bois de Baville et dans celui de la Barre, près Étampes. L’espèce figurée par Columna, Ecphr. tab. 311, est en effet le R. millefoliatus Vahl, de l’Italie méridionale, et celle de Barrelier, Icon. 581, provenant du mont Soracte, dans l’Etrurie, bien qu’appartenant au même groupe, demeure indécise à cause de ses tiges robustes et pluriflores. Il est aussi à remarquer que ni l’une ni l’autre de ces deux espèces ne présente les pédoncules sillonnés et les sépales réfléchis que Guettard attribue à la plante d’Étampes (1).
     (1) Guettard n’aurait-il point décrit la partie supérieure d’un R. bulbosus et la partie inférieure du R. chærophyllos? A cette époque, pour les besoins d’une belle dessiccation, on séparait volontiers les plantes en deux et l’on trouve des exemples de confusions semblables.
     La question se complique encore dans la deuxième édition du Species par l’addition d’un nouveau synonyme, celui du Prodrome de Bauhin: «Ranunculus grumosa radice folio Ranunculi bulbosi».Cette phrase s’applique en effet inconstestablement [sic] à [p.12] la plante nommée depuis par Bertoloni R. Agerii. (Cf. Prodr. Bauh. p. 95) et qui, particularité bizarre, mais ignorée de Linné, présente réellement le caractère d’avoir les sépales réfléchis, justifiant ainsi en partie (car les pédoncules ne sont pas sillonnés) la diagnose de Guettard copiée par Linné et si parfaitement inappliquable [sic] à la plante de la Flore de Paris (1).
     (1) Dans le R. chærophyllos des environs de Paris, les sépales finissent quelquefois par devenir très étalés et les pédoncules présentent quelques fines stries sous la pubescence qui les recouvre; mais ce n’est point là ce qu’il est convenu  d’appeler des sépales réfléchis et un pédoncule sillonné, dont un bon exemple est fourni par le R. bulbosus.
     Il demeure donc établi que Linné a compris sous le nom de R. chærophyllos:
     1° La plante de Guettard, des environs d’Étampes.
     2° Une plante d’Etrurie dont l’identité n’est pas bien établie.
     3° Le R. millefoliatus, du midi de l’Italie.
     4° Le R. Agerii, de Bologne, qui, seul de tous les synonymes cités, a les sépales réfléchis.


     Le R. chærophyllos L. n’est donc qu’un composé d’espèces différentes, et si l’on voulait conserver ce nom, on ne pourrait l’appliquer qu’à la plante figurée par Columna, la seule dont l’identité puisse être établie, parmi les synonymes de la première édition du Species. L’objection tirée de l’habitude où l’on est plus ou moins de donner le nom de R. chærophyllos à la plante de l’Ouest et du Centre de la France ne saurait prévaloir contre le chaos de la description linnéenne, pas plus que dans une question d’identité une diagnose fautive ne saurait prévaloir contre une figure exacte, comme c’est ici le cas.
     J’ajouterai que l’herbier de Linné n’apporte aucun éclaircissement. La plante qu’on y trouve sous le nom de R. chærophyllos est, selon M. J. B. Trimen, une forme du R. orientalis, et d’autre part le R. flabellatus Desf. s’y rencontre sous l’étiquette du R. bulbosus.

     On trouvera du reste une grande abondance de détails sur cette question, que paraissent avoir soulevée Chaubard, Fragm. (1830) et Mérat, Nouv. FI. des env. de Paris (1836), dans une note très intéressante de M. J. B. Trimen, Journ. of Botany (1872), p. 225, et dans un travail de M. J. Freyn, Zur Kenntniss einiger Arten der Gattung Ranunculus, qui fait suite à des observations sur le même sujet publiées dans l’Oesterr. bot. Zeits. XXVI, p. 126-128. [p.13] J’adopte volontiers, pour ma part, les conclusions du botaniste autrichien.

 
Source: Le texte du Journal de Botanique de 1889 mis en ligne sur le site www.archive.org, saisi par Bernard Métivier en juin 2012.
BIBLIOGRAPHIE
 
Éditions
  
Jean-Etienne Guettard: Observations sur les Plantes, tome 1.      Jean-Étienne GUETTARD, Observations sur les plantes [2 vol. in-12; planches; contient notamment une biographie de François Descurain son grand-père maternel apothicaire à Étampes, et un catalogue des plantes qui croissent aux environs d’Orléans et d’Étampes], Paris, Durand, 1747.
     Dont une mise en ligne par Google sur son site Google Books:
     tome 1: http://books.google.fr/books?id=G18nMeT-3r8C&printsec=frontcover&hl=#v=onepage&q&f=false, en ligne en 2012.
     tome2, http://books.google.fr/books?id=JYQ0VHZQItsC&printsec=frontcover&hl=#v=onepage&q&f=false, en ligne en 2012.

     Ernest ROZE
(botaniste et mycologue, 1833-1900, président de la Société botanique de France à partir de 1891), «La Flore d’Étampes en 1747 d’après Descurain et Guettard», in Journal de Botanique 3 (1889), pp. 124-128 & 141-148.
     Dont une mise en ligne sur le site www.archive.org, la première partie ici, et la deuxième ici, en ligne en 2012.

     Adrien FRANCHET (botaniste, 1834-1900), «Note sur le Ranunculus Chaerophyllos L.» [discussion sur la diagnose d’une des plantes signalées par Guettard près d’Étampes], ibid. pp.11-13.
     Dont une mise en ligne sur le site www.archive.org, ici, en ligne en 2012.

     Bernard MÉTIVIER & Bernard GINESTE [éd.],
«Ernest Roze: La Flore d’Étampes en 1747 d’après Descurain et Guettard (1889)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/cse-18-guettard1747floredetampes1889roze.html, 2012.

Sur le même sujet

     Bernard GINESTE [éd.], «René de Saint-Périer: Les Plantes des environs d’Étampes au XVIIIe siècle (1923)» [édition illustrée], in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/cse-18-descurain1923saintperier.html, 2003.

Ouvrages cités par les auteurs ayant un intérêt pour l’histoire du pays d’Étampes

     Jacobus BARRELIERUS (Jacques BARRELIER, 1606-1673), Plantae per Galliam, Hispaniam et Italiam observatae, iconibus aeneis exhibitae a R. P. Jacobo Barreliero,... opus posthumum accurante Antonio de Jussieu,... in lucem editum [2 parties en 1 volumes in-f°; «Plantes observées à travers la France, l’Espagne et l’Italie par le révérend père Jacques Barrelier..., oeuvre posthume éditée par les soins d’Antoine de Jussieu»], Paris, S. Ganeau, Paris, 1718.
     Dont une mise en ligne par le site Cervantes Virtual, ici, en ligne en 2012.

     François Victor MÉRAT DE VAUMARTOISE (docteur en médecine, 1780-1851), Nouvelle flore des environs de Paris suivant le système sexuel de Linnée [sic], avec l’indication des vertus des plantes usitées en médecine, des détails sur leur emploi pharmaceutique [in-8°, XXXVIII+420 p.], Paris, Méquignon-Marvis, 1812.  Avec une «Liste chronologique des ouvrages publiés sur les plantes des environs de Paris» [dans la 5e édition elle est au volume 2, pp. 468-477].
     Dont plusieurs rééditions, dont la 5e à Bruxelles [2 volumes], Bruxelles, Société belge de librairie, 1837-1838.
     Dont une réédition en micro-fiches [5 microfiches; 105 mm sur 148], Leiden, IDC, 1984.
     Dont une mise en ligne par la BnF sur son site Gallica, http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k98456g/f3.image.r=, en ligne en 2012.
     Dont une autre mise en ligne
par le site www.archive.org, http://archive.org/stream/nouvelleflorede00mrgoog#page/n9/mode/2up, en ligne en 2012.
     Mise en ligne de la 5e édition de Bruxelles par Google, http://babel.hathitrust.org/cgi/pt?id=mdp.39015061234533, en ligne en 2012.


     Ernest COSSON (1819-1890), Ernest GERMAIN DE SAINT-PIERRE (1814-1882) & Hugues Algernon WEDDELL, Introduction à une flore analytique et descriptive des environs de Paris, suivie d’un Catalogue raisonné des plantes vasculaires de cette région [163 p.], Paris, Fortin & Masson, 1842.
     Dont une réédition en micro-fiches [2 microfiches; 105 mm sur 148], Leiden, IDC, 1994.
     Dont une mise en ligne par la BnF sur son site Gallica, http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k98370r.r=.langFR, en ligne en 2012.
     Dont une autre mise en ligne par le site www.archive.org, http://www30.us.archive.org/stream/introductionunef00coss, en ligne en 2012.

     Ernest COSSON (1819-1890) & Ernest GERMAIN DE SAINT-PIERRE (1814-1882), Flore descriptive et analytique des environs de Paris ou Description des plantes qui croissent spontanément dans cette région et de celles qui y sont généralement cultivées [2 volumes in-18; 731 p.; plus 1 atlas in-12], Paris, Fortin, Masson et Cie, 1845.
     Dont une réédition en micro-fiches [9 microfiches; 105 mm sur 148], Leiden, IDC, 1984.
     Dont une mise en ligne par la BnF sur son site Gallica, http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k982489/f3.image.r=.langFR, en ligne en 2012.

     Joseph WOODS (botaniste britannique, 1776-1864), The Tourist’s Flora: a descriptive catalogue of the flowering plants and ferns of the British Islands, France, Germany, Switzerland, Italy, and the Italian Islands [504 p.], London (Londres), Reeve & Benham, 1850.
     Dont une mise en ligne par le site www.archive.org, http://archive.org/stream/touristsflorades00wood#page/n5/mode/2up
, en ligne en 2012.

     Ernest GERMAIN DE SAINT-PIERRE (1814-1882), Guide du botaniste, ou Conseils pratiques sur l’étude de la botanique [2 volumes in-18], Paris, V. Masson, 1852.

Jean-Etienne Guettard
Guettard dans le Corpus Étampois
    
     Jean-Étienne GUETTARD & Antoine-Laurent LAVOISIER, «Description de deux mines de charbon de terre, situées au pied des montagnes de Voyes, l’une en Franche-Comté, l’autre en Alsace, avec quelques expériences sur le charbon qu’on en tire» (1778) [sur la base de la saisie numérique du Panopticon Lavoisier], in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/cse-18-guettard2mines.html, 2002.
  
     Jean-Étienne GUETTARD, Minéralogie du Dauphiné, 1779: deux planches de l’édition de 1782, in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/cse-18-guettard-dauphine.html, 2002.
   
     ABEILLE D’ÉTAMPES, «Documents sur Guettard, dont sa Lettre à Malesherbes» [saisie numérique en mode texte annotée d’un article de l’Abeille d’Étampes (17 juillet 1875)], in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/cle-18-abeille1875guettard.html (novembre 2002).
  
     René de SAINT-PÉRIER, «Les Plantes des environs d’Étampes au XVIIIe siècle (1923)» [édition illustrée], in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/cse-18-descurain1923saintperier.html, 2003.
    
     Clément WINGLER, Jean-Étienne Guettard , 2002 [saisie numérique de la notice d’Étampes-Info 548], in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/cpe-18-guettard-wingler.html, 2002.
    
     Bernard GINESTE, «Jean-Étienne Guettard: bibliographie dynamique», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/cbe-guettard.html, 2002.
 
Quelques autres publications d’Ernest Roze

Ernest Roze ()      Ernest ROZE, Fleurs de printemps, premières poésies [in-16; 96 p.], Paris, Nolet, 1855.
      Ernest ROZE & E. BESCHERELLE, «Note sur quelques Mousses rares ou nouvelles, récemment trouvees aux environs de Paris». Bulletin de la Société botanique de France 7 (1861), pp. 433-434.
      Ernest ROZE & L. MARCILLY, Bryologie parisienne, récit de trois excursions aux environs de Beauvais [in-8°; 4 p.; extrait du Bulletin de la Société botanique de France (25 juillet 1862)], Paris, Martinet, 1862.
      Ernest ROZE, Recherches sur les anthérozoides des cryptogames [24 p.; extrait du Bulletin de la Société botanique de France 11/1], ??,??, 1864.
      Ernest ROZE, «De la fécondation des Muscinées. Observations sur l’organe femelle de ces plantes», in Bulletin de la Société botanique de France (1864), p. 192 à 199.
      Ernest ROZE & Maxime CORNU, «Sur deux nouveaux types génériques pour les familles des Saprolégniées et des Péronosporées», in Bibliothèque de l’École des hautes études: Section des sciences naturelles 2/5 (1872), pp. 1-20.
     Ernest ROZE, «Histoire botanique et horticole des selaginelles», in  J. ROTHSCHILD (1838-1908) [dir.], Auguste RIVIERE (1821-1877), Edouard ANDRÉ (1840-1911) & Ernest ROZE, Les Fougères, choix des espèces les plus remarquables pour la décoration des serres, parcs, jardins et salons, précédé de leur histoire botanique et horticole. Ouvrage orné de 75 planches en chromo-lithographie [2 volumes in-4°; figures et planches], Paris, Rothschild, 1867-1868, tome 2 (1868), pp. ?-?.
     Ernest ROZE, De l’Influence de l’étude des myxomycètes sur les progrès de la physiologie végétale [in-8°; 4 p.; extrait du Bulletin de la Société botanique de France (5 janvier 1872)], Paris, Martinet, 1872.
     Ernest ROZE & Maxime CORNU (1843-1901), Sur deux nouveaux types génériques pour les familles des Saprolegniées et des Péronosporées [in-8°; 20 p.; planche; extrait des Annales des sciences naturelles (2e série) 11], Paris, E. Martinet, 1872.
     Ernest ROZE, De la Fécondation chez les cryptogames supérieurs et en particulier chez les sphaignes [in-8°; paginé 91-102, planche; extrait du Bulletin de la Société botanique de France (19 février 1872)], Paris, L. Martinet, 1873.
     Ernest ROZE, Des Myxomycètes et de leur place dans le système [in-8°; 7 p.; extrait du Bulletin de la Société botanique de France (26 décembre 1873)], Paris, L. Martinet, 1873.
     Ernest ROZE, Essai d’une nouvelle classification des agaricinées et catalogue des agaricinées observées aux environs de Paris [in-8°; 17 p.; extrait du Bulletin de la Société botanique de France (1876)], Paris, Martinet, 1876.
     Ernest ROZE,  & G. POIRAULT, Le mousseron des haies, champignon comestible des environs de Poitiers [5 p.], 1880.
    Charles Édouard RICHON & Ernest ROZE, Atlas des champignons comestibles et vénéneux de la France et des pays circonvoisins, contenant 72 planches... dessinées... par Charles Richon,... accompagné d’une monographie... et d’une histoire générale des champignons comestibles et vénéneux [in-f°; XCVIII+265 p., figures; planches en couleurs], Paris, O. Doin, 1888.
    Ernest ROZE,  Le jardin des plantes en 1636 [10 p.], 1888.
    Ernest ROZE, «Recherches biologiques sur l’Azolla filiculoides Lam», in Mémoires Publiés par la Sociéte Philomathique a l’occasion du Centenaire de sa fondation 1788-1888, Paris, Gauthier Villars et Fils, 1888, pp. ?-?.
    Ernest ROZE, L’introduction du Tabac en France par Jean Nicot [6 p.], 1894.
    Ernest ROZE, Sur une nouvelle bactériacée de la pomme de terre [6 p.], 1896.
    Ernest ROZE, «Les espèces du genre Amylotrogus, parasites de la fécule» [avec une 1 planche], in Bulletin de la Société Mycologique de France 13 (1897), pp. 76-89.
     Ernest ROZE, Histoire de la pomme de terre, traitée aux points de vue historique, biologique, pathologique, cultural et utilitaire [in-8°; XII+464 p., figures et planches], Paris, J. Rothschild, 1898.
     Réimpression [482 p.], Kessinger Publishing, LLC, 2010.
     Ernest ROZE, Charles de L’Escluse, d’Arras, le propagateur de la pomme de terre au XVIe siècle, sa biographie et sa correspondance, suivi d’un rapprochement historique entre Charles de L’Escluse et Parmentier [in-16; 110 p., portraits], Paris, J. Rothschild, 1899.
     Réimpression [109 p.], Landré & Meesters, 1976.
     Ernest ROZE, Le Petit traité des champignons comestibles et pernicieux de la Hongrie, décrits au XVIe siècle par Charles de L’Escluze, d’Arras [in-8°; 56 p.; extrait du Bulletin de la Société mycologique de France (XV/4, p. 280sqq)], Lons-le-Saulnier, L. Declume, 1899.
    Ernest ROZE, «Le Puccinia Chrysanthemi, cause de la rouille du Chrysanthemum indicum L.», in Bulletin de la Société Mycologique de France 16 (1900), pp. 88-93.
     Ernest ROZE, L’«Uredo chrysanthemi», parasite du «Chrysanthemum indicum» L., et le «Puccinia chrysanthemi», cause de la rouille du «Chrysanthemum indicum» L. [in-8°; 20 p.; extrait du Bulletin de la Société mycologique de France 17 (1900)], Lons-le-Saunier, L. Declume, 1900.

Sur Adrien Franchet

     COLLECTIF D’INTERNAUTES, «Adrien René Franchet», in Wikipédia, http://fr.wikipedia.org/wiki/Adrien_Ren%C3%A9_Franchet, depuis 2005, en ligne en 2012.

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