CORPUS BIBLIOGRAPHIQUE ÉTAMPOIS
 
Adrien Gaignon
 Le comte de Poilloüe de Saint-Périer
nécrologie, 1951
        
Emile Bouneau: Dernier portrait du comte de Saint-Périer (juillet 1950)
 
     Cette notice nécrologique est parue dans le numéro 7 du Bulletin de la Société des Amis d’Étampes et de sa région, quelques mois après la mort du comte de Saint-Périer.
     
Le comte de Poilloüe de Saint-Périer


     Un grand savant vient de disparaître, qui fut à la fois préhistorien, naturaliste, archéologue et historien : sa perte nous est particulièrement sensible car, aux «Amis d’Étampes», nous étions à même d’apprécier ses hautes qualités.

    Né dans le Loir-et-Cher, à Biou, près de Chambord, dans la famille de sa mère, le 18 août 1877, il était fils du comte Guy de Poilloüe de Saint-Périer et de Maximilienne de Kergorlay.

     Il est décédé le 12 septembre 1950, en son château de Morigny, dans cette maison pleine de souvenirs du passé: personne de ceux qui ont reçu son accueil ne pourra l’oublier.

     Il fit ses études de médecine à Paris de 1898 à 1903. Reçu docteur, il se consacra d’abord à la biologie. Un véritable vocation l’entraînait depuis son adolescence vers cette science captivante, dont il avait considéré ses études de médecine comme une préface, mais l’usage du microscope fit peser de telles menaces sur sa vue qu’il dut y renoncer et c’est ainsi qu’il se tourna vers l’archéologie et la préhistoire, où il devait devenir un maître. Mais en qualité de médecin-major de 1ère classe, il fit toute la guerre de 1914, réengagé volontaire, après réforme, pour troubles oculaires, en 1915.


       Comme préhistorien et archéologue, il débuta en Seine-et-Oise par des fouilles gallo-romaines à Souzy-la-Briche, d’où il tira une superbe mosaïque qu’il donna au Musée d’Étampes en 1911.

     En Haute-Garonne, à Lespugue, il avait entrepris en 1911 des fouilles préhistoriques, qui furent interrompues par la guerre. Il les reprit ensuite et découvrit, en 1922, la belle statuette aurignacienne en ivoire, vieille de plus de 40.000 ans, devenue célèbre sous le nom de «Vénus de Lespugue», et conservée aujourd’hui au Musée de l’Homme.

     Dans l’Ardèche, dans les Basses-Pyrénées surtout, à Isturitz, il poursuivit d’autres fouilles préhistoriques qui sont des modèles de rigueur scientifique comme les publications qu’il leur a consacrées. Il a recueilli au cours de ses recherches des pièces d’une valeur inestimable dont, avec un entier désintéressement, il a fait don aux Musée nationaux.

       Il fut nommé conservateur du Musée d’Étampes en remplacement de M. Girondeau, décédé, le 19 mai 1931.

     Président de la Société des Amis du Musée dès 1914, il le resta jusqu’en 1945, date à laquelle cette société procéda à sa dissolution pour aider à la création de la Société des Amis d’Étampes. Le comte de Saint-Périer, membre fondateur de cette Société fut nommé Président de la section d’archéologie et le Bulletin des Amis d’Étampes publia régulièrement ses communications comme le Bulletin de la Société de la Société des Amis du Musée.

     Son ouvrage capital sur notre région est cette Grande histoire d’une Petite Ville: Étampes, que publia, en 1938, la Caisse d’Épargne d’Étampes, pour célébrer son centenaire et qu’a couronné l’Institut. Il faut relire ce volume écrit avec talent, imprégné d’un souci constant de l’exactitude et enrichi des trouvailles de cet infatigable chercheur qui devait périr à la tâche. Sans vouloir diminuer lesmérites d’un Montrond, d’un Léon Marquis, d’un Maxime Legrand ou d’un Louis-Eugène Lefebvre, je dois dire que le comte de Saint-Périer est le plus grand historien d’Étampes que nous ayons eu depuis Dom Basile Fleureau. Il a su non seulement écrire un ouvrage capital, mais aussi nous communiquer sa passion pour notre cité et les faits qui s’y sont déroulés, pour ses monuments qui ont survécu au temps et aux calamités de toutes sortes. J’ai écrit qu’il était notre chef de file: il n’en est pas un parmi nous qui ne le reconnaisse en partageant la douleur que sa perte nous a causée.

Vénus de Lespugue découverte par le comte de Saint-Périer
     Son œuvre et son nom sont immortellement attachés à la ville d’Étampes; je pense qu’une rue ne tardera pas à porter la désignation du grand historien.

     Les nombreux articles qu’il publia depuis 1938 dans l’Abeille d’Étampes, dans le Journal d’Étampes, dans le Journal de Seine-et-Oise et son étude sur le duc de Berry, dans l’Almanach d’Étampes en 1948, complètent cette histoire et laissaient prévoir la publication d’une édition augmentée. Nous souhaitons que cette nouvelle édition soit rendue possible malgré la rigueur des temps.

     Ses titres divers rendaient honneurs à sa haute personnalité: Auxiliaire de l’Institut, Membre de la Commission des Monuments Historiques, Président honoraire de la Société Préhistorique française, Président du Conseil d’Administration et du Comité de Perfectionnement de l’Institut de Paléontologie humaine.

 
     Comme conservateur du Musée d’Étampes, il se dévoua avec désintéressement, mais, dans l’exercice de ses fonctions, il fut considérablement gêné par le manque de stabilité des locaux destinés à abriter les collections. Néanmoins, il aura laissé le souvenir d’un conservateur très informé des choses locales et très avisé dans l’estimation de leur valeur.

       Comme écrivain scientifique, il a publié des études dans divers revues et journaux spécialisés comme l’Anthropologie, la Revue anthropologique, le Bulletin de la Société des Antiquaires de France, les Annales de la Société Historique et Archéologique du Gâtinais, les Bulletins de la Commission des Antiquités de Seine-et-Oise, de la Société des Amis d’Étampes, de la Société des Amis du Musée d’Étampes, etc… Tous ces articles offrent un intérêt qu’apprécient particulièrement les lecteurs de ces savantes publications.

     Le comte de Saint-Périer fut un homme distingué, racé, en qui tout plaisait, sa courtoisie, son caractère affable, sa bienveillance pour ceux qui s’efforçaient de suivre ses traces tant dans l’Histoire que dans l’Archéologie, cet empressement qu’il mettait à les guider et la distinction de sa personne, se manifestant même dans l’inflexion grave et douce à la fois de sa voix.

     Nous avons perdu en lui un ami, et cette perte nous est d’autant plus sensible que le comte de Saint-Périer avait éveillé en nous une sympathie et une affection fraternelles.

     Et c’est avec un culte suscité par ses grands mérites que nous continuerons à lire les belles pages qu’il nous a laissé sur l’histoire d’Étampes et sur tant d’autres sujets, traités avec le même bonheur par cette vaste intelligence à qui rien n’était étranger.

     Rendons ici hommage à Mme la comtesse de Saint-Périer qui fut pour son mari une compagne très dévouée et une collaboratrice dont nous apprécions la compétence dans les matières historiques, archéologiques et artistiques que cultiva si brillamment son mari.

Adrien GAIGNON
Emile Bouneau: Dernier portrait du comte de Saint-Périer (juillet 1950)


Les Saint-Périer dans le Corpus Étampois

     René de SAINT-PÉRIER: «Les temps préhistoriques dans la région d’Étampes» (article de L’Abeille, 1913).

     René de SAINT-PÉRIER: «Les Plantes aux environs d’Étampes au XVIIIe siècle» (1923).

    
Émile BOUNEAU: «Dernier portrait du comte de Saint-Périer» (dessin, juillet 1950).

     Adrien GAIGNON: «Le Comte Poilloüe de Saint-Périer» (nécrologie, 1951) .

     Bernard GINESTE: «Le Comte de Saint-Périer et son épouse: une bibliographie» (2003-2004).


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