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                | L’ABEILLE D’ÉTAMPES (15 mars 1913), pp. 1-2.
 | LES   TEMPS PRÉHISTORIQUES dans la région d’Étampes
 
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             | La présence, aux environs d’Etampes,  de  silex taillés par 
la main de l’homme, indiquant d’une manière    certaine l’existence 
de civilisations préhistoriques dans cette région,   a été 
reconnue par M. Maxime Legrand, dès 1875. 
 Nous allons passer en revue, dans un rapide
  résumé   des périodes préhistoriques, les gisements
  de nos environs,   qui attestent la présence de l’homme depuis les
  temps les plus anciens   de son existence.
 
 Mais, tout d’abord, il nous faut dire quelques 
   mots de la méthode employée pour classer ces différentes
    époques et pour établir leurs âges respectifs.
 
 On sait que les géologues ont divisé
    l’immense espace de temps écoulé depuis les temps primitifs
    du globe jusqu’à l’époque actuelle, en ères primaire,
    secondaire, tertiaire et quaternaire. Ces divisions reposent sur l’étude
    des terrains superposés au cours des âges, et dont la date
  relative  est donnée précisément par leur ordre de
superposition.    D’une manière générale, un terrain
est d’autant plus    ancien qu’il est plus profondément situé
dans l’épaisseur    du sol, et la couche géologique qui le
surmonte est, lorsqu’il n’y    a pas eu dislocation, à la période
qui lui a immédiatement    succédé. L’étude des
fossiles, ou restes conservés    dans le sol, des animaux et des plantes
qui ont vécu pendant ces  périodes,  complète cette
donnée et nous permet de nous  faire une idée  de l’apparence
qu’offrait notre monde dans ces temps  si anciens.
 
 Bien qu’un peu arbitraires, car il n’y a 
pas   de  divisions tranchées dans la nature, et ces ères ont 
passé    de l’une à l’autre d’une manière insensible, 
ces divisions   sont commodes et permettent de fixer les idées.
 
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             | C’est des premiers vestiges de la présence    de l’homme à la
surface de la terre, que l’on fait dater le début    de l’ère 
quaternaire, la seule dont nous ayons à nous occuper    ici. 
 Cette époque, nommée Chelléenne,
du nom de Chelles (Seine-et-Marne) où elle a été bien
étudiée, correspondait à un climat plus chaud que le
nôtre. Dans les alluvions de la Seine, à Chelles et en d’autres
localités, on a retrouvé des restes fossilisés de figuiers,
de lauriers, d’arbres de Judée, végétaux qui ne poussent
plus actuellement à l’état sauvage sous notre climat. Les animaux
que l’on rencontre à cette époque sont: l’Éléphant
antique, le Rhinocéros de Merck, le grand Hippopotame, de grands félins,
le Felix Spelæa, le lion, le tigre et le Machairodus, dont la mâchoire
était armée de dents formidables. Outre ces animaux, disparus
aujourd’hui ou émigrés, il y avait aussi des chevaux sauvages,
des cerfs, des bœufs, etc…
 
 L’homme de cette époque taillait
dans   des  blocs de silex, ou d’autres roches, lorsque le silex était 
rare,   de  grossiers instruments, à la fois armes et outils, en forme 
d’amande.    Débités à grands éclats, que l’on 
a nommé    coups-de-poing, parce [p.2] 
            que    l’on a supposé que l’homme s’en servait
en les tenant directement   à la main, forme tout ce que nous connaissons
de l’outillage humain   de cet âge.
 
 De cet homme, nous n’avons actuellement
qu’un    seul  débris. C’est une mâchoire inférieure,
découverte     en 1907, près du village de Mauër, non
loin d’Heidelberg, en   Allemagne, par le Dr Schætensack. Cette mandibule
est extrêmement    curieuse par ses caractères anatomiques:
absence de la saillie du   menton, très grande largeur de la branche
montante, extrême  puissance de toute la pièce, jointe à
une dentition qui est  véritablement humaine.
 
 On trouve des coups-de-poing sur les plateaux
   des  environs d’Étampes, à la surface du sol, mélangés
    à des industries humaines d’âges postérieurs. Le
Musée     de notre ville en possède trois et notre collègue
et ami  G.   Courty en a trouvé un, en 1911, dans les graviers anciens
déposés     par la Juine dans la vallée de Morigny.
 
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             | La période  Acheuléenne 
  (de Saint-Acheul dans la Somme), qui fait  suite à la période 
  chelléenne, forme la transition  avec une période plus froide, 
  dont nous allons nous occuper. Cet  acheuléen est caractérisé 
  par un coup-de-poing mieux  taillé et à retouches plus fines 
  que l’outil chelléen;  on trouve aussi des disques, éclats 
circulaires  du silex, taillés  à grands coups, qui devaient 
servir d’armes  de jet. 
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             | Nous arrivons maintenant à l’époque 
Moustérienne, qui donne    son nom de la grotte du Moustier 
(Dordogne). Les conditions climatériques    ont changé; une 
période, plus froide et extraordinairement   pluvieuse, a remplacé 
le climat méditerranéen de l’âge   chelléen. Les 
cours d’eau s’étendent bien au-delà de   leurs limites actuelles. 
L’emplacement où sera bâti Paris est   complètement immergé; 
du fleuve immense que forme la Seine,   émergent seulement la colline 
de Montmartre et celle du Mont-Valérien.   La Juine, aujourd’hui si 
paisible roule tumultueusement dans toute la largeur   de la vallée 
et dépose ses graviers jusqu’au pied des coteaux.   Les espèces 
animales, adaptées à un climat chaud émigrent   vers 
le Sud; elles sont remplacées par des espèces mieux adaptées 
   au froid: le Mammouth, éléphant pourvu d’une abondante toison, 
   le Rhinocéros à fourrures, l’Ours des cavernes, qui atteignent 
   la taille d’un bœuf… etc. Certaines espèces ont cependant persisté; 
   ce sont celles qui supportent facilement des variations assez considérables 
   de température: le cheval, le cerf, le bison, etc. 
 L’homme d’alors vit encore sur les plateaux; 
  mais  il commence à rechercher l’abri que lui offrent les grottes 
 naturelles  creusées dans les parois rocheuses. Dans ces grottes, 
il accumule les débris provenant de sa nourriture, ses outils et ses 
armes. Ce mélange d’os d’animaux, brisés pour en extraire la 
moëlle, et de silex taillés, forme dans certaines cavernes un 
remplissage que l’on a vu atteindre jusqu’à trente mètres d’épaisseur.
   On peut juger par là de la prodigieuse durée des temps moustériens.
 
 L’outillage est restreint; à part 
quelques    survivances de forme du coup-de-poing primitif, que l’on trouve 
à   la base du moustérien, il ne comprend que deux types: le 
racloir et  la pointe, simples éclats de silex retouchés sur 
une seule  face. C’est de cette époque que date le début de 
l’utilisation  de l’os, qui deviendra plus tard une matière première 
d’industrie    très importante pour l’homme primitif. L’homme moustérien
  commence  à être bien connu aujourd’hui, gâce aux découvertes
    faites à Néanderthal, en Allemagne; à Spy, en Belgique;
    à La Chapelle-aux-Saints, dans la Corrèze, en 1908; à
    La Quina, dans la Charente, en 1911, etc. Le type de cet homme est remarquablement
    homogène: de taille plutôt petite, avec une tête énorme,
    très allongée d’avant en arrière, il possédait
    des orbites très développées, formant un bourrelet
  saillant  au-dessus des yeux; sa musculature était extrêmement
  puissante.
 
 Rare aux environs d’Étampes, l’industrie
    moustérienne y est cependant représentée par quelques
    trouvailles isolées, soit à la surface des eaux, soit dans
   les éboulis des pentes des vallées, où les pièces
    ont été entraînées du plateau supérieur
    par le ravinement intense dû aux incessantes pluies moustériennes.
 
 Il y a donc dans notre région quelques
   traces  de cette époque, bien que nous ne puissions y rencontrer
 d’importants   dépôts comme ceux que l’on trouve dans les grottes,
 qui n’existent   pas chez nous, à cause de la constitution géologique
 de notre   sol.
 
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             | Avec l’époque   Solutréenne, 
de Solutré (S.et-L.) nous arrivons  à un perfectionnement de 
la taille du silex, qui n’a jamais été   atteint depuis. Les 
pointes à crans, les pointes lancéolées,   dites en feuille
de laurier et en feuille de saule, présentent une   finesse de retouche
et une perfection de détails qui dénotent   une extraordinaire
habileté de la part de l’homme préhistorique    dans l’art
de tailler une matière aussi dure et aussi cassante que    le silex. 
 Cette industrie solutréenne, qui
comprend     également des instruments en os, est assez peu abondante
partout;    quelques trouvailles isolées en ont été
faites en Seine-et-Oise;    nous n’en connaissons pas aux environs d’Étampes.
Il est probable   que la durée de cette période préhistorique
a été    infiniment moins longue que celle de la période
moustérienne.
 
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             | Puis vient l’âge    de la Madeleine, 
ou Magdalénien,    qui tire son 
nom de la grotte de la Madeleine, dans la Dordogne. Les conditions    climatériques 
se sont encore une fois modifiées. Il fait plus   froid et plus sec 
qu’au moustérien. Les grands glaciers, qui couvraient   nos montagnes, 
et qui ont laissé des traces de leur extension pendant   les âges 
antérieurs, bien au-delà de leurs limites actuelles,   commencent 
à se retirer. Ces glaciers, favorisés  par la grande   humidité 
et le froid de l’âge moustérien,  couvraient,   en effet, des 
étendues considérables. Celui des  Alpes, atteignait   l’emplacement 
actuel de Lyon, et celui des Pyrénées,  l’emplacement   actuel 
de Toulouse. 
 L’homme du magdalénien recherche
les   cavernes;   il possède un outillage en silex de formes extrêmement
  variées   et propre à de multiples usages: grattoirs, burins,
  scies, perçoirs,   petites lames retouchées, etc… Il a porté
  l’industrie de l’os   à un très haut degré de perfection,
  taillant dans celui-ci   et dans les bois de rennes et de cerfs, des pointes
  de sagaies, des harpons,   des aiguilles, etc… Grâce au burin de
silex,   qui lui permet de travailler   l’os, il utilise les loisirs que
lui procure   le long hiver magdalénien,   pour copier, par la sculpture
et la gravure,  les figures des animaux et des  plantes qui l’environnent.
C’est à  cet humble chasseur de rennes,  voisin comme type de l’esquimau
de nos jours,  qu’il faut faire remonter l’origine   de l’art. La vérité
d’observation,  l’exactitude des détails,   la vie intense qui se
dégage de  ces œuvres si anciennes, donnent à  cet art magdalénien
une  justesse d’expression et une beauté   qui n’ont pas été
  dépassées.
 
 Très rares dans tout le bassin de 
Paris,    à cause de l’absence des grottes, l’industrie magdalénienne
    ne renferme, dans cette région, qu’un gisement important en plein
   sol: celui du Beauregard, près de Nemours (Seine-et-Marne). Jamais
   elle n’avait été signalée aux environs d’Étampes;
   les fouilles, que j’ai pratiquées en 1912 sur le plateau de Fontaine-Liveau,
    près d’Étréchy, permettent de combler cette lacune.
   J’ai, en effet, recueilli sur ce point, au milieu d’une industrie d’un
âge    postérieur, quelques pièces, dont un burin, qui
sont incontestablement    magdaléniennes. Malheureusement, dans nos
sables siliceux, la matière    osseuse ne s’est pas conservée,
et les silex taillés sont  les  seuls témoins qui nous restent
de la civilisation magdalénienne    de notre région. Ils suffisent,
néanmoins, pour pouvoir affirmer    que les magdaléniens ont
habité ce plateau, surplombant le   plateau de la Juine.
 
 J’ai recueilli également, à
 Fontaine-Liveau,    un silex appartenant à l’époque tardenoisienne,
 période    postérieure au magdalénien, mal connue encore
 et caractérisée    par de petits silex à formes géométriques.
 
 Négligeant les phases intermédiaires
    qui ne sont pas représentées dans notre région,
nous     arrivons maintenant à l’époque néolithique,
mot qui    signifie nouvelle pierre, par opposition à l’époque
paléolithique     ou ancienne pierre, que l’on donne à tous
les âges antérieurs.     C’est à dessein que nous avons
négligé de parler de   l’époque aurignacienne, dont
l’âge relatif donne encore lieu   à de vives discussions.
 
 | 
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             | Avec l’époque   néolithique 
finit l’ère quaternaire des géologues;   nous entrons dans la
période actuelle, bien que nous soyions 
[sic] séparés du néolithique   par plusieurs 
milliers d’années. 
 Un profond changement s’est opéré
    dans le climat; il est plus doux et plus humide qu’au magdalénien.
    Les espèces animales de climat froid, répandues chez nous
  depuis  le moustérien, émigrent vers le Nord et sont remplacées
    par la plupart des espèces que nous connaissons aujourd’hui. Le
 renne,   si abondant autrefois que l’on a donné le nom d’âge
 du renne   aux époques allant du moustérien à la fin
 du magdalénien,   cède la place au cerf. La civilisation humaine
 s’est profondément   transformée. Jusqu’alors exclusivement
 chasseur et pêcheur,  l’homme possède maintenant des végétaux
 cultivés  et des animaux domestiques. Il a inventé la poterie,
 et s’il utilise  encore la pierre taillée, il a imaginé aussi
 de la polir, en  usant régulièrement sa surface par le frottement
 sur une roche  de grès. Les grottes ne servent plus d’habitations,
 mais souvent de  sépultures; les néolithiques ensevelissent
 aussi leurs morts  dans des dolmens, monuments élevés en pierres
 brutes, souvent  de dimensions colossales, que l’on croyait autrefois, par
 une interprétation  erronée, autels druidiques. Ils dressent
 des menhirs dont la signification  est encore très obscure, gravent
 les rochers de figurations conventionnelles,   qui constituent l’origine
lointaine de l’écriture, mais ils ont perdu   l’art si remarquable
des magdaléniens.
 
 L’homme néolithique nous est bien 
connu;    il ne diffère de nous que par des détails anatomiques 
très    secondaires; plusieurs races sont déjà mélangées.
 
 L’industrie néolithique et les monuments
    de cet âge sont très communs aux environs d’Étampes;
   citons seulement: le dolmen de Janville, le menhir de Pierrefitte, celui
  de Milly, la grotte sépulcrale de Buno-Bonnevaux, les polissoirs
de  Villemartin, de la Briche, du bois de La Guigneraye, etc…
 
 Quant aux silex et aux haches polies, les
 stations    où on les trouve sont innombrables. La collection que
M. Dujardin   a léguée au musée de notre ville, et qui
provient en   majeure partie du plateau du Temple, au-dessus de Valnay, nous
montre la  plupart des types de l’industrie néolithique de notre région.
  M. M. Legrand a bien voulu nous signaler qu’il avait rencontré des
  silex néolithiques aux points suivants: Champdoux, Tourot, Mondésir,
    Nonserve, Guinette, Brières, Lhumery, Ormoy, Saclas, Les Émondants,
    La Briche, Rimoron, Saint-Yon, etc.
 
 A Fontaine-Liveau j’ai trouvé également
    du néolitique, associé au magdalénien et au tardenoisien,
    ce qui prouve une habitation successive de l’homme en ce point.
 
 A partir de l’âge de la pierre polie,
  les   progrès de la civilisation humaine deviennent plus rapides.
 L’homme   découvre les métaux, le bronze d’abord, probablement
 importé   chez nous d’Orient. Une trouvaille, remontant à
cette  époque,   a été faite, il y a plusieurs années,
 à Boutigny.
 
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 |  
             | Puis, ils forgent le fer, matière précieuse    d’abord, employée 
au premier âge du  fer ou pallstattien, pour   orner les armes et outils 
de bronze, avant de constituer la matière   principale de l’industrie 
métallurgique. 
 | 
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             | Au deuxième  âge  du fer, 
            époque marnienne 
  ou gauloise, nous arrivons à 
 la  fin destemps protohistoriques, c’est-à-dire de ceux qui ont immédiatement 
   précédé l’histoire. 
 De ces âges du fer datent la découverte,
    faite en 1876 près d’Auvers, de tombes contenant des corps ornés
    d’anneaux de bronze, et celle de Congerville, en 1912, signalée
 par   M. M. Legrand. Nous n’avons cependant que peu de découvertes
 de cette   époque dans notre région.
 
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             | Enfin, en l’an 50  avant   notre ère, 
la Gaule est conquise par les Romains  et entre   dans l’histoire. César 
a donné dans ses Commentaires    le récit de cette conquête, 
et des renseignements, qui sont   précieux pour nous, sur l’état 
dans l’état [sic] dans 
lequel vivaient nos ancêtres,   à son arrivée dans leur 
pays. On sait que, malgré une   résistance acharnée, 
les Gaulois, divisés en un grand   nombre de petits peuples, durent 
plier sous le poids des armes romaines.  Le sort malheureux de Vercingétorix, 
traîné en captivité,   et égorgé, après 
le triomphe de Jules-César,  malgré l’héroïsme de
sa défense d’Alésia,  est dans toutes les mémoires comme
épisode de notre histoire  nationale. 
 Les Romains, dont la clémence envers
  les   chefs vaincus n’était pas la qualité dominante, étaient,
    par contre, d’admirables colonisateurs; sous leur administration, la
Gaule,     devenue province de l’Empire, vit se développer une brillante
civilisation,     dont les témoins sont encore abondants autour d’Étampes.
 
 A Saint-Yon, on voyait encore, il y a peu
 d’années,    les restes d’une voie romaine; une autre de ces routes,
 près de laquelle   on a trouvé une borne milliaire aujourd’hui
 conservée au Musée   d’Orléans, passait à Saclas,
 village dont l’origine remonte   peut-être au Salioclita gallo-romain,
 indiqué dans l’itinéraire   romain d’Antonin. A Mérouville,
 à Villeconin, etc., les trouvailles   romaines ont été
 nombreuses et l’on sait qu’à Souzy-la-Briche,   il existait un ou
peut-être plusieurs édifices, à coup   sûr très
importants, ornés de belles mosaïques et  de marbres précieux.
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             | Arrivés au terme de ce trop rapide
 exposé    de l’histoire de l’homme primitif, il aurait 
été intéressant    de pouvoir fixer, aux périodes 
que nous avons passées en revue,   une durée précise. 
Malheureusement, il est impossible, avant   la période historique, 
d’apprécier, en termes d’années,    l’espace de temps de périodes 
préhistoriques; cependant d’une    manière générale, 
se basant sur l’étude des  phénomènes  glaciaires dûs  [sic] à ces grandes oscillations 
de températures,  dont la cause nous échappe encore, et sur 
la durée de la formation  des dépôts alluvionnaires, on
peut dire que le moustérien  a eu une durée prodigieusement 
longue, occupant presque la moitié  des temps préhistoriques 
et qui ne peut être évaluée  que par centaines de siècles, 
succédant à une période  chelléenne un peu moins 
longue. Le solutréen et le magdalénien  réunis ont duré 
moins longtemps; le néolithique, comme  nous l’avons vu, n’est plus 
qu’à quelques milliers d’années  de nous. Et le progrès 
des civilisations s’accentue rapidement ensuite. 
 Cette chronologie, toute relative, ne s’applique
    pas, d’ailleurs, à tous les pays; favorisés par un climat
  plus  doux, les hommes du littoral méditerranéen ont prononcé
    plus rapidement que nous l’évolution de leur civilisation. L’Égypte
    et l’Asie antérieure possédaient déjà une
histoire    nationale, alors que nous étions encore à l’âge
de la   pierre polie, tout comme certains primitifs de nos jours utilisent
encore    la hache de pierre, à côté de nos engins modernes
très    perfectionnés.
 
 En résumé, nous avons vu l’immense
    progrès accompli par l’homme, depuis l’époque lointaine
où    la race de Mauër errait dans la forêt primitive,
n’ayant pour   se défendre des fauves formidables qui l’entouraient,
qu’un grossier   silex, jusqu’à la brillante civilisation que nous
révèle   l’occupation romaine de notre pays. Ce perfectionnement
lent, interrompus   par de longues stagnations, nécessitant du cruelles
expériences [sic], de
pénibles adaptations   aux variations climatériques, témoignent
du labeur obstiné   et patient de l’homme primitif; il indique la
constance de son effort pour   triompher des causes multiples de destruction
qui le menaçaient et   de sa victoire finale sur la nature.
 
 Les phases diverses de cette évolution
   nous  sont rendues sensibles par les silex que l’on trouve, nous l’avons
  vu, dans  notre région, et leur présence aux environs d’Étampes,
    à presque toutes les époques des temps préhistoriques,
    doit être un encouragement pour les chercheurs que séduisent
    l’incomparable majesté et la haute portée philosophique
de   ces études.
 
 
 
  R. DE SAINT-PÉRIER,Docteur en médecine.
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