Nota bene
Cette page est
loin d’être complète. Nous ne manquerons pas de la compléter
au fur et à mesure que nous saisirons ce qu’en ont écrit
les anciens auteurs, ou qu’on nous adressera des contributions sur ce
sujet.
B.G., septembre 2007
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1534 ou 1537
Clément Marot: “De la Duché d’Estempes”
Ce plaisant Val, que l’on nommoit
Tempé,
Dont mainte hystoire est encor
embellye,
Arrousé d’eaues, si
doulx, si attrempé,
Sachez, que plus il n’est en
Thessallye.
Juppiter Roy, qui les cueurs
gaigne, et lye,
L’a de Thessalle en France
remué,
Et quelcque peu son nom propre
mué:
Car pour Tempé, veult
qu’Estempes s’appelle:
Ainsi luy plaist, ainsi l’a
situé,
Pour y loger de France la plus
belle.
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Vers 1668
Dom Basile Fleureau: “Du Nom d’Estampes”
(Antiquitez d’Estampes, 1682, pp. 1-2)
La premiere question dont les Historiographes, aussi-bien
que les Philosophes, traitent au commencement de leurs Ouvrages,
regarde l’explication des noms des choses, dont ils veulent parler,
parce que l’on a toûjours estimé qu’il y avoit des
mysteres cachez sous les noms propres, non seulement des hommes
et des animaux; mais aussi des Citez & des Villes, ausquelles
on les a imposez pour quelque sujet particulier; quoy que bien
souvent on ne puisse le penetrer. Cette difficulté
se rencontre en l’imposition du nom d’Estampes à la Ville
qui le porte aujourd’huy, [p.2] dont
on ne peut rendre une bonne raison; si ce n’est que suivant l’opinion
de ceux qui disent que le territoire de Paris a esté premierement
habité, & la ville fondée par quelques Troyens,
qui fuyans les Grecs aprés la ruïne de leur ville, se
retirerent en Gaule, en ces lieux là, qui estoient encore
inhabitez: & qu’après s’y estre establis ils commencerent
à s’étendre aux lieux circonvoisins, suivant le cours
des rivieres, nous disions que que quelques-uns d’eux, suivant celle
de Juisne, depuis son emboucheure dans la Seine jusques vers sa source,
ils rencontrerent une fort agréable prairie, arrosée
de plusieurs ruisseaux, remplie de beaucoup d’arbres, & environnée
de collines, au dessus desquelles s’étendent des pleines [sic] tres-fertiles, ils
y fonderent une Ville, à laquelle ils imposerent le nom de
Tempe, qu’il a esté facile de convertir en celuy d’Estampes,
à cause de la ressemblance de ce lieu avec celuy de Thessalie
appelé Tempe.
Pour moy je ne puis
me persuader que les Troyens soient venus dans les Gaules y fonder
des Villes: & j’estime que la Franciade de Ronsard n’est qu’une
pure Fable poëtique. Car car encore que les forces des Troyens
eussent esté aussi entieres qu’elles estoient avant la ruïne
de leur Ville, ils n’auraient pû fournir tant de
colonies, peupler tant de pays, & fonder des Estats aussi grands
& aussi puissans que ceux qu’on leur attribuë. C’est
pourquoy j’estime qu’on peut croire avec plus de probabilité, qu’au
commencement Estampes a esté nommé Tempe,
ou temph par les premiers Gaulois, qui
se servoient de la Langue Grecque, au rapport de César, en ses
Commentaires, au moins les plus sages, ausquels seuls il appartient
de donner les noms aux choses: Et que ce nom qui signifie indifferemment
toutes sortes de lieux meslez de prairies, de ruisseaux, de collines,
& de bocages, a esté donné par antonomase à
la ville d’Estampes à cause de son agréable situation;
de mesme qu’à une partie de Thessalie; & qu’avec le temps qui
change toutes choses, du nom de Tempe, l’on a, par l’addition
de quelques lettres, formé celuy d’Estampes.
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vers 1755
Jean-Baptiste Bullet
Mémoire sur la langue
celtique
Nous citons ici pour l’instant seulement le résumé ironique
de JEANSON 1966 (cf. infra): Plusieurs langues
celtiques qu’on peut rapprocher de la langue parlée en Gaule,
fournissent d’autres éléments de comparaison. Et Bullet
s’empare des mots «Steq» abondant, fertile, «
baës» et «paës»,
prairies, «stam, estame», tricotage, pour en faire
dériver «Stampae», d’après son contexte
géographique: «Étampes sur la Juine et un ruisseau
qui s’y jette; elle est environnée de grandes et de fertiles prairies
où l’on nourrit une grande quantité de moutons dont la
laine fait le principal commerce de la ville». Étampes eût-elle
été située sur une montagne, Bullet aurait découvert
quelque étymologie celtique appropriée. D’ailleurs la fertilité
des prairies et les moutons qu’elles nourrissent peuvent laisser rêveur.
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Jean-Baptiste BULLET (abbé),
Mémoires sur la langue celtique [3 tomes
en 2 volumes in f° (t. II contenant la première partie du
Dictionnaire celtique; t.III contenant la deuxième
partie du Dictionnaire celtique)], Besançon, C.-J. Daclin,
1754-1760.
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1824
Alexis Donnet
Description des environs de Paris
C’est à la fraîcheur, à la beauté
de ce paysage, que les anciens historiographes attribuent l’origine du nom
d’Etampes, qu’ils font etc.
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Alexis Donnet, Description des environs de Paris,
considérés sous les rapports topographique, historique et
monumental, avec une carte et 62 gravures [in-8°], Paris, Treuttel
et Würtz, 1824, p. 220 (fragment cité par Google).
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1836
Maxime de Montrond: “Antiquité d’Étampes.
Conjectures sur son origine et sa fondation”
(Essais historiques sur la ville
d’Étampes, tome 1, pp. 1-6)
Sur la route de Paris à Orléans, l’entrée des
fertiles plaines de la Beauce, l’œil du voyageur découvre une
vallée arrosée par plusieurs ruisseaux, semée
de nombreuses prairies, féconde et d’un agréable aspect.
Les rives des eaux qui la parcourent ne sont point silencieuses l’oreille
y entend sans cesse le bruit monotone et cadencé de nombreux moulins;
et ce bruit, se mariant au léger murmure de l’onde, répand
tin air de vie et de gaîté sur les gracieux paysages étalés
le tong de ces bords. Cette enceinte se rétrécit par degré
du côté d’Orléans, et se partage ensuite en deux
autres vallons moins étendus l’un d’eux, arrosé par la
Juine, se prolonge vers le midi; tandis que l’autre, allant vers l’Occident,
est baigné à son tour par les deux petites rivières
dites Louette et Chalouette. Quelques collines entourent
ces vallons; et au [p.2] dessus,
s’étendent les immenses plaines de la Beauce, où l’oeil
, fatigué de la vue d’un terrain toujours plat, uni cherche en
vain pour se récréer, quelques traces de bois et de tertres
verdoyans.
C’est au sein de cette vallée
fraîche et gracieuse, qu’apparaît la ville d’Étampes;
formée d’un long amas de maisons, elle ne présente d’abord
du côté d’Orléans, qu’une rue étroite,
mais sou enceinte s’élargit ensuite, se développe et
suit pour ainsi dire les formes du vallon. La partie de la ville, qu’on
nomme aujourd’hui le faubourg Saint Martin, était désignée
autrefois par le nom d’Estampes-les-Vieilles. Comme la plus
ancienne, c’est elle qui va fixer d’abord notre attention. Essayons
de donner quelques détails sur son origine et sa fondation, en
nous aidant des lumières que la tradition ou les récits
de l’histoire ont tint jaillir du sein des ténèbres profondes,
qui environnent sou vent le berceau des cités.
Étampes, autrefois Estampes,
en latin Stampæ, n’est point du nombre de
ces villes qui font remonter leur fondation à une époque
peu éloignée des premiers âges du monde, et tirent
une vaine gloire de l’antiquité de leur origine. Son nom ou celui
de son territoire, Stampæ, Pagus Stampensis,
ne commence à paraître que dans les Annales de Grégoire
de Tours et de Frédégaire, aux temps de nos premiers
rois Mérovingiens. Mais plus d’un historiographe, cherchant
à percer le mystère qui voilait aux yeux l’origine de
cette ville, s’est efforcé de l’expliquer, à l’aide de
suppositions gratuites plus ou moins ingénieuses. L’une de ces
explications, s’il est vrai qu’elle soit dénuée de preuves
suffisantes, est du moins flatteuse [p.3] pour
cette contrée; et ses habitans ont dû l’accueillir avec
empressement et reconnaissance.
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Suivant donc cette interprétation, le nom d’Étampes
aurait été formé par l’addition de quelques lettres
du mot grec temph
(tempe). De vieux historiens ont rapporté qu’une bande
de Troyens, fuyant leur patrie incendiée, se retira dans la Gaule,
sur les rives de la Seine, et y fonda l’ancienne Lutèce,
qui fut ensuite nommée Paris, du nom de Paris,
fils du roi Priam (1). Adoptant cette légende
quelques uns ont pensé que plusieurs de ces Troyens se répandirent
dans les lieux circonvoisins, et que remontant le cours de la Juine ils
s’étaient arrêtés au sein d’une gracieuse vallée,
à l’entrée des plaines de la Beauce. Charmés de
sa fraîcheur et de son aspect agréable, ils y auraient fondé
une ville à laquelle ils auraient donné le nom de Tempe.
Étampes devrait ainsi son poétique nom à la ressemblance
de sa vallée avec celle de Tempé en Thessalie, que maint
favori des Muses s’est plus à célébrer.
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(1)
Chroniques de Saint-Denis.
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Sans adopter cette singulière supposition il est permis de
croire que le mot grec Tempé n’en est pas moins la véritable
source de celui d’Étampes. Ce nom aurait pu être
choisi par des Gaulois, dont les plus instruits se servaient souvent,
dit-on, de la langue grecque. il aurait été donné,
à cause de son heureuse position, à la ville construite
sur les bords de la Juine, comme à la belle vallée de Thessalie,
dont ces lieux rappellent le souvenir (2). [p.4]
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(2)
Le mot temph, gén. ewn (ta), signifie vallons,
riches vallées, défilés entre des montagnes.
Voir la note (I) à la fin du volume.
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Quelques personnes ont cru découvrir dans Étampes
l’ancien Agendicum des Romains, célèbre
par des combats et des siéges soutenus contre César. Il
serait inutile de nous arrêter sur cette opinion, qui n’est appuyée
sur aucune preuve digne d’un sérieux examen. Enfin quelques auteurs
ont vu le premier nom d’Étampes dans celui de Salioclita.
Leur erreur avait son fondement dans quelques distances indiquées
par I’Itinéraire d’Antonin, et dont ils ne pouvaient
trouver l’accord sans recourir à cette explication. Salioclita
est en effet mentionné dans l’Itinéraire de cet
empereur; et sa place est marquée à une distance égale
de Lutetia Parisiorum (Paris), et de Genabum
(Orléans). La haute antiquité d’Étampes serait
donc manifeste, si Salioclita avait été
dans l’origine son véritable nom. Mais cette ville doit céder
à un bourg voisin l’honneur de voir figurer son nom parmi ceux
que cite l’histoire dès le deuxième siècle de notre
ère. C’est au village de Saclas, situé à
deux lieues plus haut en remontant vers la source de la Juine, qu’appartient
cette antique appellation. On ne saurait en douter, si l’on compare ce
mot Saclas avec celui de Salioclita,
ou Sarclita, dont il est fait mention également dans un
diplôme de Dagobert Ier. Des restes d’une voie romaine dite le Vieux
chemin, ou l’on retrouve des débris de bornes milliaires,
subsistent encore près de cette bourgade précisément
dans sa direction vers Orléans. Et l’on peut dire enfin pour
dernière preuve que la distance de cette ville est plus conforme
que ne le serait celle d’Étampes [p.5] elle-même
aux indications fournies par l’Itinéraire d’Antonin (1).
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(1)
Ex itinerario Antonini Augusti. Rec. des histor. de France,
t. 1, p. 105. Cet itinéraire qui indique la route suivie par
l’empereur, d’Autun à Paris, marque 4,000 pas de Genabum
à Salioclita, et une distance égale
de Salioclita à Lutetia. Or, il est facile de
voir, à l’aide des cartes géographiques, que cette position
de Salioclita, telle qu’elle est donnée par cet itinéraire,
s’applique mieux au bourg de Saclas, qu’à la ville d’Étampes.
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On doit donc croire que la ville d’Etampes n’a point eu d’autre nom
latin que celui de Stampæ, dont on retrouve la première
trace dans les récits de nos vieux historiens. Quant à
l’époque de la fondation d’Étampes-les-Vieilles,
nous avons vu plus haut qu’on ne pouvait la déterminer qu’à
l’aide de suppositions et de conjectures puisées aux sources
de la tradition. L’histoire en effet garde ici le silence. Le voisinage
d’Étampes et de Chartres, l’ancienne Carnutum, engage
à rechercher si à la première de ces villes ne
se rattache point, comme à la seconde, des souvenirs du druidisme,
l’antique religion des Gaulois. Chacun sait que le territoire des Carnutes
était le siége principal des prêtres dépositaires
de ces mystérieuses croyances. Là, dans un lieu consacré,
l’assemblée la plus solennelle des druides se tenait une fois
l’an. C’est là qu’ils venaient siéger au milieu des
peuples, rendaient des jugemens et veillaient au maintien de leurs
institutions. Cependant lorsque la ville de Chartres conserve encore
des traces de la présence des anciens prêtres gaulois, le
territoire d’Etampes ne présente rien que puisse réveiller
de pareils souvenirs.
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Mais s’il ne reste sur ce sol aucun vestige du séjour des
Gaulois, nos aïeux, on y retrouve encore quelques [p.6] traces de la domination
romaine. Des monnaies, marquées au coin des empereurs Gordien,
Dioclétien, Constance Chlore, comme aussi quelques autres objets
antiques, découverts dans des fouilles, attestent la présence
dans ces lieux des fiers conquérans des Gaules (1).
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(1)
Voir la note (II) sur Brunehaut, à la fin du volume.
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Une ville s’élevait-elle alors sur les bords de la Juine , ou
la vallée d’Étampes n’offrait-elle à cette époque
que des prairies marécageuses, semées de quelques cabanes
ou d’habitations isolées? L’histoire est muette sur ce point.
Toutefois, lorsqu’on voit César, dans le récit de ses marches
et de ses combats, parler souvent de Genabum, Carnutum, Agendicum (2), etc., et n’oublier pour ainsi dire que la ville
d’Étampes, il est permis de croire, ce nous semble, que cette
ville n’existait point encore. Il serait donc téméraire
de vouloir placer avant l’ère chrétienne l’époque
de sa fondation.
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(2)
Orléans, Chartres, Sens.
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Maxime de Montrond: “Note I”
(ibid., pp. 187-188)
Nous ne terminerons point cette note sans rappeler les vers ingénieux
et galans que le poète Clément Marot composa en l’honneur
d’Anne de Pisseleu, duchesse d’Étampes, sur la situation de
la vallée qu’elle avait reçue eu don de la libéralité
du toi François Ier. Peut-être ces vers n’ont-ils pas peu
contribué à confirmer l’étymologie prétendue
[p.188] du mot Étampes,
indiquée dans le premier chapitre de cet ouvrage.
«— Ce plaisant val que l’on
nommoit Tempé,
«(Dont mainte histoire est encore embellie).
«Arrousé d’eaux, si doux, si attrempé,
«Sachez que plus il n’est en Thessalie
«Jupiter roi qui les cœurs gaigne et lie,
«L’ha de Thessale en France remué,
«Et quelque peu son nom propre mué,
«Car pour Tempé veut qu’Estampes
s’appelle.
«Ainsi lui plaît , ainsi l’a situé,
«Pour y loger de France la plus belle.»
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Mayeux
(Annales de la
Société historique et archéologique de Château-Thierry,
Aisne)
L’auteur traite de l’Étampes qu’on appelle aujourd’hui
Étampes-sur-Marne.
Le nom d’Etampes,
que l’on trouve écrit tour à tour Estampes, Etemples,
Etemps (1509), et jadis Stampæ ou
Stampas, signifierait, selon moi, comme son homonyme
d’Etampes, en Beauce, un lieu où l’on battait monnaie, un atelier
monétaire.
S’il est vrai, en effet, selon l’opinion de quelques
savants, qu’à Château-Thierry, Thidiriciaco Vico, sous
les rois mérovingiens (on n’avait pas encore inventé le
Castrum Theodorici), existait un atelier monétaire
important et qui fonctionna durant de longues années, puisque l’on
cite jusqu’à dix noms de monnayeurs différents, ne serait-on
pas amené à croire que Etampes, Stampas, était
l’atelier monétaire de Château-Thierry? Sa situation retirée,
de l’autre côté de la rivière, à mi-côte,
à l’abri des inondations et toujours accessible, sur la grande
route de Paris, tout cela porte à croire qu’un atelier monétaire
(comme l’indique son nom) a dû exister à Etampes.
On a contesté ce fait que la grande route
passait par Etampes. Voici une autorité qui justifie mon assertion,
celle de l’abbé Hébert, qui dit ceci (page 23, tome Ier de
son manuscrit):
«Avant qu’on fit passer la grande route
de Paris en Allemagne [p.31] par Château-Thierry même, c’est-à-dire jusqu’environ
l’an 1730, on passait par la Sonnerie et tout le long des Filoirs pour
aller à Chierry rejoindre la route qui y venait de Chézy par
Nogentel et par Etampes, etc.»
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MAYEUX, «Notice sur Étampes
(1ère partie)» in Annales de la Société
historique et archéologique de Château-Thierry (Aisne)
(1868), pp. 29-38, spécialement pp. 30-31.
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1907
Louis-Eugène Lefèvre
(Annales de la Société historique & archéologique
du Gâtinais 25)
Étampes avait en effet un atelier pour la frappe de la monnaie
à son type particulier. La fabrication a commencé, au plus
tard, à l’époque mérovingienne, puisqu’on possède
des types de monnaie au nom de Dructomarus, etc. (de Saulcy, Triens
mérovingiens frappés à Étampes, Revue
numismatique, t. III, p. 272). Il faut aussi considérer avec attention
cette opinion qui fait dériver le nom d’Étampes de son atelier
monétaire: «Stampa, mot teuton qui signifie atelier monétaire;
d’où Stampfen, battre la monnaie, etc. (A. de Vertus, De
l’origine peu connue de la monnaie d’après des médailles
celtiques anépigraphiques découvertes sur les rives de la
Marne, 1873; — cf. M. Legrand, op. cit. [=Étampes pittoresque,
guide du promeneur dans la ville et l’arrondissement (la ville; 2e éd.),
Étampes, 1902], p. 36). Voir aussi Duchalais, Observations sur
quelques monnaies des XIe et XIIe siècles frappées à
Étampes, Revue de numismatique, 1840; — Même revue, t.I,
p. 251; t.III, p. 283 et 454; t.V, p. 431; t.IX, p.465; t.X, p. 213; t.XIII,
p. 296 et 298; t.XIV, p. 280; — année 1839, pl.3, n°11,
p. 100; année 1836, p.253; etc.— On possède des monnaies
frappées à Étampes: 1° sous Raoul de Bourgogne,
roi de France (923-936); 2° sous Robert Ier (922-923); on ne connaît
à ce monarque que trois ateliers, à Étampes, Orléans
et Tours; 3° sous Lothaire Ier (954-986).
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Louis-Eugène
Lefèvre, «Étampes et ses monuments aux XIe et XIIe
siècles», in Annales de la Société historique
& archéologique du Gâtinais 25 (1907), pp. 145-248,
spécialement p. 202, note 2.
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1909
J.-A. L.
Origine linguistique du nom d’Etampes
Un
distingué membre de l’Alliance française, comité de
Versailles, M. J.-A. L. veut bien nous faire part du résultat de
ses recherches sur l’origine du nom de notre ville: Etampes. La collection
de l’Abeille contient à peu près toutes les opinions raisonnées
qui ont été émises sur ce sujet passionnant pour nos
concitoyens. Le travail de notre aimable correspondant se classera parmi
les plus riches en terrain d’hypothèses et nous le remercions de son
obligeante communication.
**
ETAMPES, autrefois Estampes, a été
latinisé Stampae (acc. Stampas), ce dernier justifie
l’s final de la forme française. Un habitant d’Etampes se dit un
Estampois, la région qui environne Etampes se
dit région Estampoise.
L’ancien français avait le verbe Estamper,
Stamper, dans le sens de fouler aux pieds, écraser.
Il avait aussi comme équivalent la forme Estampir, renverser
par terre, broyer: et de l’une ou l’autre, les dérivés estampel,
course; estampie, air à danser, tapage, en estampeis,
sur les jambes. — L’anglais lui a emprunté
to Stamp, frapper du pied: d’où stampede,
sauve-qui-peut; débandade, en espagnol stampido.
L’idée marquée par le radical
Stamp ne se borne pas à l’action des pieds, elle s’étend à
l’action des bras ou d’une machine.
Le verbe moderne (Estamper), Estamper,
est un terme technique à nombreuses applications; il signifie « empreindre,
marquer, graver, timbrer ». Il a de nombreux dérivés:
estampage, estampeur, estampoir, estampure,
estampille. En relation avec Estamper, il existe
deux substantifs: l’un, généralement masculin, un estampe,
terme technique, modèle sur lequel on frappe, d’où un estampon — l’autre, toujours féminin, une estampe ou stampe,
de l’italien stampa, gravure, d’où contre-estampe
(contre-empreinte).
L’anglais correspondant est stamp: a
golden stamp, médaille d’or; a postage-stamp, timbre-poste.
- Le Norrois ou Scandinave exprime Estamper
ou l’anglais to Stamp par Stappa: ce qui indique que l’anglais
et le français sont des formes nasalisées du radical STAP,
qu’on retrouve dans les verbes anglais to Step, to Stop.
Nous sommes ainsi renvoyés de estampe
au substantif estape ou estaple, origine des noms de lieux
français Etaples, L’Etaple, — et des noms de lieu anglais Stapleton, Stamplehurst, Stapleford:
ainsi que Barnstaple , anciennement Berstaple (marché pour les produits
de la région); Dunstable, anciennement Dunstaple (marché
sur la colline); Whitstable, (lieu du marché blanc), — où la graphie stable alterne avec la graphie plus
correcte stable [sic].
Le français ETAPLE (estaple,
estaple) signifiait: 1° anciennement une place publique
où les marchands devaient apporter leurs marchandises pour les mettre
en vente, d’où le sens de ville, comptoir, entrepôt — et, en terme de Marine, partie d’un port où les marchands
viennent livrer leurs marchandises. De là le sens accessoire 2°
de fourniture de vivres; et enfin 3° lieu où des troupes
en marche s’arrêtent pour passer la nuit, station, étape
en langage militaire, lieu ainsi parce que c’était là qu’on
fournissait l’étape (L. stapula); bas allemand, Stapel,
entrepôt.
L’anglais staple est un mot d’origine
teutonique, qui signifie «appui, support, amas». Dans le commerce
du Moyen-Age, ce terme s’appliquait 1° aux constructions ou villes
dans lesquelles étaient conservées ou vendues les produits
principaux du district, d’où l’expression staple goods; 2°
à ces denrées ou ces marchandises elles-mêmes.
Reste à savoir, par l’histoire militaire,
industrielle ou commerciale de la ville d’Etampes, quelle fut sa destination
primitive; et alors on pourra se rendre compte de l’ordre d’idées
qui présida à la formation de sa forme latine Stampas.
J. A. L.
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Abeille
d’Etampes 98/23 (5 juin 1909), p.3. Merci à
toute personne qui pourrait nous aider à identifier cet auteur.
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1935 (ou 1938?)
Georges Courty
(Bulletin de la Commission des Antiquités et des
Arts 47)
Nous citons ici pour l’instant seulement le résumé de
JEANSON 1966 (cf. infra): En 1938, Monsieur Courty, faisant table rase de toutes
les solutions antérieures, a proposé une solution répondant
à ses préoccupations de géologue. Il se base sur
le fait qu’Etampes repose sur le calcaire de Brie dans lequel on retrouve
des «Patis» ou «Pantis» et, considérant
que dans des documents du XVème et XVIème siècles
on utilise ces termes pour désigner des pâtures, pense
qu’il faut voir là l’origine du nom d’Étampes. (Bul.
Com. Ant. Arts XLVIIème Vol. 1935.)
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Réveil
d’Étampes (25 juillet 1931)
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1937
Auguste Vincent, Toponymie de la France, Bruxelles, 1937.
On remarquera
que Vincent n’aventure aucune hypothèse sur l’étymologie
d’Étampes dans sa Toponymie de la France. Il traite seulement
incidemment de l’étymologie d’Étampes-sur-Marne (Aisne),
p. 320 (n°842), que nous citons ici pour mémoire. En raison
de la graphie Stapula attestée pour Étampes-sur-Marne,
au XIIe siècle, il donne à ce dernier toponyme la même
étymologie que pour Étaples (Pas-de-Calais), et
que pour Staple (Nord).
842. v.fr. estaple
(du nl [néerlandais] stapel; d’où aussi le lat. du m.â. stapula,
angl. Staple) «entrepôt où les marchands
sont autorisés à s’établir, en dehors des foires
régulières, pendant un temps déterminé,
pour écouler leurs marchandises»; cette organisation avait
pris naissance aux Pays-Bas.— Étampes Aisne
[Étampes-sur-Marne] ch.-l. arr., XIIe Stapula. Étaples PC [Pas-de-Calais] ch.-l.
cn, arr. Montreuil, 799 Wicus, VIIIe Quentawic (Dict.;
sur la Canche, Quantia), 854 in portu Wiscus LSW [Ferdinand LOT, Études critiques sur l’abbaye de Saint-Wandrille,
Paris, 1913], 873 excepto Quentowico
DRGK [Diplomata Regum
Germaniae ex stirpe Karolinorum, Berolini, 1932- (=MGH)], IXe Stapulae, 1042 Staplae. Staple
Nd [Nord] cn Hazebrouck 1110 Stapla Bdg [Cartulaire de l’abbaye de Bourbourg (I. de
Coussemaker), Lille, 1882-1891], 1170 terram
apud Stapala DA1 [Charles
DUVIVIER, Actes et documents anciens intéressants la
Belgique, Bruxelles, 1898].
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1938
René de Poiloüe de Saint-Périer
La grande histoire d’une petite ville, pp. 9-10
.
A mi-chemin entre Paris et Orléans, la ville d’Étampes
s’étend sur la grande route qui relie ces deux villes et qui
fut la route des pèlerins de Saint-Jacques de Compostelle,
autour de trois rivières, divisées elles-mêmes
en de nombreux bras, au pied du grand plateau de Beauce. Son territoire
confine aux anciens pays de Chartres, d’Orléans, du Hurepoix
et du Gâtinais, de longtemps riches et peuplés. Le sol
en est très fertile, on y a cultivé dès une haute
époque le blé dans la plaine, la vigne sur les pentes
des collines et plus tard, les plantes maraîchères dans
la vallée. La rivière de Juine, alors navigable, offrait
ainsi une communication directe avec Paris par l’Essonne et la Seine.
Ces diverses conditions particulièrement favorables à
la vie sociale ont déterminé sans doute la fondation en
ce lieu de la première bourgade, entraîné son développement
dès ses débuts et lui valurent peut-être son nom.
L’étymologie du nom d’Étampes, que portent quatre localités
françaises, demeure, en effet, incertaine; mais, entre les diverses
hypothèses dont elle a fait l’objet, l’une des plus satisfaisantes
la rattache au bas latin stapula, dérivé du mot
germanique stapel, amas, d’où entrepôt, place publique,
que l’on retrouve modifié sous la forme [p.10] Stampae, dans les plus anciens textes.
Lieu de réunion sur un passage fréquenté, où
l’on assemble les marchandises venues par route et par eau, telle est
l’origine vraisemblable de notre ville; mais nous n’avons aucune preuve
de son existence, en tant que cité, avant le VIe siècle
de notre ère. Aux âges préhistoriques, son emplacement
n’a pas été occupé par des groupements humains.
Non loin d’Étampes, nous avons bien relevé la trace de
campements remontant à l’époque paléolithique, mais
ces témoins sont fort peu nombreux et n’indiquent pas une occupation
de quelque importance. II en est de même pour l’âge de la
pierre polie, pour les âges du bronze et du fer. On connaît
des stations de ces époques aux environs d’Étampes, mais
leur dispersion et leur faible densité ne permettent pas de les
considérer comme un ancien centre d’habitation.
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1946
Albert Dauzat, La Toponymie française, 1946.
On remarquera que Dauzat n’aventure aucune hypothèse sur l’étymologie
d’Étampes dans sa Toponymie française..
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1962
Guy-Marie Claise
Dictionnaire de Seine-et-Oise,
étymologique, topographie et archéologique,
répertoire dactylographié, p. 144.
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Etampes, chef-lieu de canton; arrondissement de Rambouillet-Le vieux
(XVIe s) français estape, estappe-étape et le vieux (XIIe-XIVe
s) français estamper, estampir – demeurer sur place, marquer le
pas mais aussi battre, écraser; estampie-bataille (Gransaignes
d’Hauterive, 365); l’étymologie pourrait être « la
Bataille» en souvenir de la bataille de l’an 604 entre Clotaire
II, roi d’Austrasie et Théodoric, roi de Bourgogne et d’Orléans
si Etampes n’était déjà mantionné en 587
(Voyez Etampois), ce nom signigie donc plutôt «l’Etape»
du germanique stampon-broyer qui est à l’origine d’estamper ou
encore «l’enceinte de Pieux», du germanique stab-bâton
à l’origine du vieux (XVIe s) estape-pieux (Gransaignes d’Hauterive,
265); Etampes est situé sur l’antique voie romaine de Paris à
Orléans par Saclas et doit être une fondation germanique
protégée semble-t-il par la reine Brunehaut particulièrement
– STAMPAS, STAPAS (Prou; monnaies mérovingiennes) – castrum quod
vocatur Stampis, 1073 (Philippe Ier, p. 170) – Veteres Stampas, 1085,
1112, 1120, 1192 (Morigny, p.28, 38, 40, 157 et 159) – Stampas (apud),
1194 (St Germain des Prés, I, 57), 1197 et 1248 (Vaux-de-Cernay,
I, 127 et 422) – Estampes, 1260 et 1270 (Layettes, III, 536, IV, 457)
– Estampis (de), 1276 (N.D. de la Roche, p. 455) – comitis Stampensis,
v. 1350 (Charles V, p. 361), 1411 et 1422 (Journal d’un bourgeois de Paris,
A, p.47 et 155), 1467 (Visites de Josas, p.140)- 1518 (St Thomas d’Epernon,
p. 73, 74 et 75), 1534 (Journal d’un bourgeois, B., p.434), 1553 (la Guide),
1617 (Damien de Templeux), 1645 (Inscriptions, IV, 409) – Etampes, 1711
(Delisle) – Estampes, 1757 (Cassini) et 1781 (Itinéraire). Le vrai
nom de ce lieu est Estampes.
Il y avait à Etampes deux abbayes
(N.D. et St Martin), un prieuré (St Pierre), un couvent de Trinitaires,
une commanderie (St Jacques de l’Epée) et un couvent de Capucins
– Voyez à SAINTS-SAINTES et à Notre-Dame.
Etampois (l’), ancien pagus dont Etampes
était le chef-lieu – «le Pays d’Etampes» Stampinsis
pagus, 537 (Polyptique d’Irminon, II, 153 et note 2) – Stampensis pagus,
670 (Tardif; Mon. Hist., p.15) – Stampinsis pagus, v.690 et en 703 (ibid.,
p.21 et 35), 862 et 872 (Charles II le Chauve, II, 65 et 309) – Stampensis
pagus, 1140 (Tardif; Mon. Hist., p.245)
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1966
Bernard Jeanson: “Le
Nom d’Étampes”
(Courrier d’Île-de-France
n°1 d’avril 1966)
Nous reprenons
ici le seul article qui ait été à notre connaissance
consacré à l’étymologie du nom d’Étampes,
et qui a été publié en 1966 par Bernard Jeanson
dans le premier numéro d’une éphémère revue
d’histoire régionale. Nous suivons l’exemplaire de la collection
de la Comtesse de Saint-Périer conservé aux Archives départementales
de l’Essonne, où sont corrigées manuellement quelques-unes
de ses très innombrables coquilles et fautes d’orthographe. Nous
en corrigeons quelques autres (B.G.).
Inaugurant ici une rubrique d’histoire locale, nous nous interrogerons
d’abord sur le nom même d’Étampes, les premières
mentions qui en sont connues et son origine étymologique.
On trouve peut-être les plus
anciennes inscriptions du nom d’Étampes sur deux petites pièces
de monnaie d’or, de la période mérovingienne. La première
porte au droit (St)ampas et un buste, au revers une croix
chrismée. La seconde porte au droit Stapas et un buste,
et au revers JRTEGLUS, sans doute Droctegilisus, ainsi que
croix ancrée sur une globule. Ce sont elles qui sont reproduites
en première page.
C’est de 587 que date la première
mention littéraire de notre ville. Grégoire de Tours,
chargé de régler une difficile succession entre Childebert,
roi d’Austrasie, et Gontran, roi de Bourgogne, cite le nom d’Étampes.
Ailleurs, dans ses Annales,
le précieux évêque de Tours raconte que l’évêque
de Reims, Egidius, comparut devant un tribunal, en 590, accusé
entre autre d’âtre à l’origine des mouvements tumultueux
ayant détruit le «Pays d’Étampes».
Les Annales d’Aimon rapportent la
sanglante bataille qu’en 612, le jour de Noël, Clotaire et Théodoric
se livrèrent à l’Ouest de la ville.
Étampes figure dans le partage
qui suivit la mort de Charlemagne: elle fut attribuée à
Louis le Débonnaire, puis à Charles le Chauve. On retrouve
son nom dans la donation que ces deux rois firent à l’abbaye
de Saint Germain des Prés, notamment.
Le chroniqueur Guillaume de Jumièges
conte que Rollon pilla la ville en 911.
Nous sommes alors à l’orée
des temps modernes, et les premiers monarques capétiens donnent
un grand éclat à Étampes. Autour du château
fort et du palais de la reine Constance (à l’emplacement de l’actuel
tribunal) se construit une nouvelle cité qui prend le nom d’Étampes-les-Neuves
ou Étampes-le-Château, qui se distinguera
de l’ancienne ville: Étampes-les-Vieilles. Cette ancienne
ville s’étendait sans qu’aucun doute soit possible au pied du
Rougement, à l’emplacement des actuels faubourgs de Saint-Martin
et du Petit-Saint-Mard. Les documents citant deviennent alors trop nombreux
pour qu’il soit utile et même possible de les répertorier.
Mais quelle peut-être l’origine
de ce nom Stampae?
L’hypothèse la plus alléchante
fait dériver le nom Stampae de Tempé, l’illustre
vallon de Thessalie. Cette étymologie était à
la mode pendant la Renaissance et a inspiré à Marot le
gentil madrigal que chacun connaît, mais que nous ne résistons
pas au plaisir de citer ici:
Ce plaisant val que l’on
nomme Tempé
Dont mainte histoire est encore
embellie
Arrousé d’eau, si doux,
si attrempé,
Sachez que plus il n’est en
Thessalie:
Jupiter roi qui les cœurs gaigne
et lie
L’ha de Thessale en France
remué,
Et quelque peu son nom propre
mué;
Car pour Tempé veut
qu’Étampes s’appelle,
Ainsi lui plaît, ainsi
l’a situé,
Pour y loger de France la plus
belle.
Maxime de Montrond,
à la suite du père Fleureau a accepté cette étymologie
de fantaisie, frappé par le sens de Tempé: lieu
mêlé de prairies, ruisseaux, bocages. Il ne semble pas
que la connaissance du grec ait été assez développée
en Gaule, même dans les classes les plus instruites, pour qu’on
puisse envisager une telle étymologie. A moins qu’on veuille
imaginer une colonie de marchands grecs passant par le vallon de la
Juine et le baptisant du nom de leur célèbre vallée.
Certains l’on fait.
Un Tempé se retrouve
dans la langue poétique latine, et, beaucoup plus tard, dans
le bas-latin. Mais c’est un mot rare. Et le peu d’importance de la bourgade
gallo-romaine (elle n’est même pas mentionnée dans l’itinéraire
d’Antonin) ne permet pas de lui attribuer une origine latine.
Les langues germaniques offrent
«stappe, stampf», s’arrêter, s’établir.
On peut en tirer Stampae, à la rigueur.
Du germain «stapel»
dérive en bas-latin «stapula» qu’on peut transformer
en «Stampae». C’est la position qu’a prise le comte
de Saint-Périer. Dès lors, Étampes devrait son
nom à sa qualité de lieu de réunion sur un passage
fréquenté où l’on assemble les marchandises réunies
par route et par eau.
Plusieurs langues celtiques qu’on
peut rapprocher de la langue parlée en Gaule, fournissent d’autres
éléments de comparaison. Et Bullet s’empare des mots «Steq»
abondant, fertile, « baës» et «paës»,
prairies, «stam, estame», tricotage, pour en faire
dériver «Stampae», d’après son contexte
géographique: «Étampes sur la Juine et un ruisseau
qui s’y jette; elle est environnée de grandes et de fertiles
prairies où l’on nourrit une grande quantité de moutons
dont la laine fait le principal commerce de la ville». Étampes
eût-elle été située sur une montagne, Bullet
aurait découvert quelque étymologie celtique appropriée.
D’ailleurs la fertilité des prairies et les moutons qu’elles
nourrissent peuvent laisser rêveur.
Las des moqueries, les celtisants
n’ont pas dit leur dernier mot. Ils nous proposent de faire de «stancq
paës», pays de marais ou plus littéralement
campagne d’étang, ce qui paraît acceptable, quant à
la linguistique.
En 1938, Monsieur Courty, faisant
table rase de toutes les solutions antérieures, a proposé
une solution répondant à ses préoccupations de
géologue. Il se base sur le fait qu’Etampes repose sur le calcaire
de Brie dans lequel on retrouve des «Patis» ou «Pantis»
et, considérant que dans des documents du XVème et XVIème
siècles on utilise ces termes pour désigner des pâtures,
pense qu’il faut voir là l’origine du nom d’Étampes. (Bul.
Com. Ant. Arts XLVIIème Vol. 1935.)
Ce ne sont certes pas les propositions
qui manquent et il semble bien difficile de prendre parti. Chacun défend
sa thèse avec acharnement et nul n’ambitionne de rallier les
esprits. Les plus farfelus y trouvent leur compte et les facéties
des étymologistes n’ont pas fini de nous étonner.
Bernard JEANSON
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????
Michel Roblin
(?, p. ?).
Nous citons ici pour l’instant seulement le résumé
de GATINEAU 2003 (cf. infra): D’autres encore (Ricolfis, Roblin) voient dans
Stampae la racine pré-latine «Staps»
qui signifie palissade, pâtis, pâturages ou encore marécages.
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1983
Jean-Marie Ricolfis, “Étampes”
(Les
Noms de lieux de Paris et de l’Île de France, 2e éd., p.34, n°291)
291. ÉTAMPES (ESSONNE)
«Le
marécage», mot d’ancien français dérivé
d’estamper, «patauger»,
d’origine germanique: bonne désignation d’un site tout parcouru
de bras de rivières: La Juine, La Louette, La Chalouette.
|
Jean-Marie RICOLFIS, Les Noms de lieux de Paris et de l’Île
de France [30 cm; 138 p.], Paris, C.R.D.P. (Centre régional
de documentation pédagogique de Paris), 1980.
Jean-Marie RICOLFIS (1927-), Les
Noms de lieux de Paris et de l’Île de France. Nouvelle édition
revue et corrigée [30 cm; 138 p.], Paris, C.R.D.P. (Centre
régional de documentation pédagogique de Paris), 1983.
|
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1987
?
(Bulletin de la Société historique
et archéologique de Corbeil, d’Etampes et du Hurepoix)
... (Origine et formation du nom des lieux)
le nom d’Etampes, contrairement aux opinions émises par D. Fleureau
et MM. de Montrond et Dramard, ...
|
?, «?», in Bulletin
de la Société historique et archéologique de Corbeil,
d’Etampes et du Hurepoix (1987), p. 120.
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1991
Ernest Nègre, “Étampes (Essonne)”
(Toponymie
générale de la France, t.2,
p.730, n°12329)
(On donne ici de plus “Étampes (Aisne)”, “Estampes (Gers) et Estampures (Hautes-Pyrénées)”
12329. Etampes, Essonne; Stampas 642-58 (TWB [Mauritz GYSSELING, Toponymisch Woordenboek
van België, Nederland, Luxemburg, Noord-Frankrijk en West-Duitsland,
Tongres, 1960]), de Stampis 1182, ecclesie Veterum
Stamparum 1183 (PH2 [Recueil des actes de Philippe II Auguste, Paris,
1916-1966], 75, 92); = peut-être bas
latin villas = adj. fém. pl. tiré du germ. *stampon
«écraser, piétiner, renverser» (FEW [Walter von WARTBURG, Französisches
Etymologisches Wörterbuch, Leipzig & Tübingen &
Bâle, 1922-1987], XVII, 215a), ce
qui a dû signifier «(fermes) renversées, détruites»
[tome 2 (1191), p. 730].
[On remarquera
que Nègre n’envisage même pas que les autres lieux-dits
Étampes puissent avoir la même étymologie.]
25276. Etampes, Aisnes; Stapula,
XIIe s., Estampes, 1421 (DR) [Albert DAUZAT & Charles ROSTAING, Dictionnaire étymologique
des noms de lieux en France, Paris, 1978]; = pl. de oïl estaple «entrepôt où
les marchands étaient obligés d’apporter leurs marchandises
pour les mettre en vente» (FEW, XVII, 221a); attr. De oïl
estampes «marque de fabrique» (FEW, XVII,
216a) [tome 2 (1991), p. 1361].
26431. Estampes, Gers; = pl.
de occ. estampa: «étampes» (DBG [Simin PALAY, Dictionnaire du béarnais
et du gascon modernes, Paris, 1961]), outil de forgeron pour creuser les trous, rectangulaires
et évasés, des fers à cheval, peut-être pour
désigner la forme du village [tome
3 (1998), p. 1450].
26432. Estampures, H. Pyrénées;
= pl. de gascon estampure «évasement des trous
des fers à cheval» (DBG), peut-être pour désigner
la forme du village [tome 3 (1998), p. 1450].
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Ernest NÈGRE (professeur
honoraire à l’université libre des lettres de Nanterre),
Toponymie générale de la France. Étymologie
de 35.000 noms de lieux [3 volumes: t.1 (pp. 1-705): Formations préceltiques,
celtiques, romanes; t.2 (pp. 707-1383): Formations non romanes; formations
dialectales; t.3 (pp.1399-1872): Formations dialectales (suite) et françaises;
errata et addenda aux trois volumes: index], Gevève, Droz [«Publications
romanes et françaises» 193, 194, 195], 1990, 1991 &
1998.
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1997
Marianne Mulon, “Étampes”
(Noms de
lieux d’Ile-de-France, Paris, Christine Bonneton, 1997, p. 172).
[…] Beaucoup plus ancien est
le nom d’Étampes (91). Il apparaît sur des monnaies mérovingiennes:
Stampas, nom qui est apparenté au germanique *stampon d’où
procède l’allemand actuel stampfen «broyer, concasser,
fouler» et aussi, par emprunt, l’ancien français estamper
«écraser, piler». Étampes fut donc, à
l’origine, un lieu aménagé pour fouler. Mais on ne sait
pas si le mot qui est devenu nom de lieu était un simple
synonyme de moulin, ou si le procédé qu’il désignait
faisait appel à autre chose qu’une meule. La première mention
littéraire d’Étampes date de 587.
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2003
Frédéric Gatineau, “Étampes”
(Étampes en lieux et places, pp. 53).
L’auteur en indiquant ses «Sources»
(p. 137), que: «L’article sur le nom d’Étampes s’inspire
largement de l’article de Bernard Jeanson paru dans le Courrier
d’Île-de-France n°1 d’avril 1966.»
La première mention littéraire d’Étampes date
de 587. Grégoire de Tours raconte comment Egidius, évêque
de Reims comparait devant un tribunal. Il est accusé d’être
à l’origine des mouvements de rebellion qui ont entraîné
la destruction du pays d’Étampes (Pagus Stampensis).
Les annales d’Aimon rapportent la bataille de 612, le jour de Noël,
entre Clotaire et Théodoric vers Saint-Martin d’Étampes.
«Stampae» est encore citée en 632 dans la
chronique de Fredegond. Au cours des siècles on trouve les formes
suivantes: Castellum Stampis au 11e siècle,
Stampae Vetulae en 1046, Stampas en 1073, Veteres
Stampas en 1085, Stampae en 1194, Estampe en
1260, Estampes en 1370, Étampes sous Orléans
au 14e siècle, la mention «Étampes la Vallée»
figure sur la cloche du Duc de Berry à Notre-Dame en 1401, l’orthographe
Étampes semble s’imposer à partir de 1711
mais la carte de Cassini (1785) mentionne encore «Estampes».
D’ou vient le nom originel «Stampae»?
Selon les uns, il tire son origine du vieux français «Stappe»,
qui signifie s’arrêter, s’établir, demeurer sur place.
Selon les autres, Stampae vient du mot germain «stapl»
qui désigne un lieu de réunion, un marché ou
encore un confluent des eaux (ce qui est bien le cas pour notre vallée).
D’autres croient reconnaître le mot «stamp»
qui signifie en germain «atelier» et précisément,
atelier de battage de monnaies. La plus ancienne pièce portant
la mention «Stampas» remonte effectivement au 7e
siècle. D’autres encore (Ricolfis, Roblin) voient dans Stampae
la racine pré-latine «Staps» qui signifie
palissade, pâtis, pâturages ou encore marécages. Dramard
déchiffre «stang paes» le pays des étangs.
D’autres reconnaissent «Steq» abondant, fertile
et «paes» prairie. Étampes, la prairie fertile.
Courty se basant sur le fait que le site repose sur le calcaire de Brie
où se trouvent des pâties, pense qu’il faut voir
là l’étymologie d’Étampes.
Basile Fleureau rapporte une autre
étymologie fantaisiste. Stampae viendrait du grec «Tempe»
en référence à l’illustre et agréable
vallon de Thessalie. «Quelques Troyens, fuyant les Grecs après
la ruine de leur ville, se retirèrent en Gaule»... et
remontant les fleuves, ils ont fondé une ville qu’ils ont dénommé
Tempe «car le site ressemblait à la Tempe
de Thessalie». Dom Fleureau n’accorde pas foi à cette fondation
légendaire, mais reconnaît que Stampae vient du
grec. Il pense en effet «que les gaulois se servaient de la langue
grecque, au moins les plus sages, auxquels il appartient seuls de donner
un nom aux choses» et qu’ils ont donc appelé l’endroit «Tempe»,
à cause de son agréable situation. Cette étymologie
était certainement à la mode à la Renaissance
et elle a inspiré à Clément Marot le madrigal suivant
à propos d’Anne de Pisseleu:
Ce plaisant val que l’on nomme
Tempe
Dont mainte histoire est encore embellie,
Arrosé d’eaux, si doux, si atrempé,
Sachez que plus il n’est en Thessalie.
Jupiter Roy, qui les cœurs gaigne et lie,
Là de Thessalie en France réunie,
Et quelque peu son propre nom mué.
C’est, pour Tempé veut qu’Étampes s’appelle
ainsi lui plait, ainsi l’a situé
Pour y loger de France la plus belle.
Depuis Fleureau,
on distingue «Étampes les Vieilles», le berceau
de la ville autour du quartier Saint-Martin, et Étampes le Châtel
(le centre ville actuel) plus récent. Cependant, cette tradition
est aujourd’hui contestée.
Le toponyme Étampes est assez
rare. Une seule autre commune porte ce nom en France, Étampes-sur-Marne
dans l’Aisne. Étampes est aussi le nom d’un hameau de la commune
de Cuq-Toulza dans le Tarn. Une ferme isolée au milieu des bois
de la commune de Saint-Adjutory en Charente porte également ce
nom. Il existe aussi dans la commune de Corbie (Somme) un hameau dénommé
Étampes et un lieu-dit «le marais d’Étampes».
On trouve enfin un lieu-dit «les Étampes» à
Miremont» (Puy-de-Dôme).
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2004
Michel Martin
Cahier d’Étampes-Histoire 6 (2004), p.
84
[....] En conclusion nous
nous méfions toujours autant de la toponymie. C’est la raison
pour laquelle nous avons évité de traiter du toponyme Étampes,
car nous souhaitions éviter d’ajouter à la confusion. Bernard
Gineste aimerait découvrir un toponyme celtique: nous lui
proposons stampettia, auquel nous croyons d’autant plus
modérément que le sens du premier terme n’est pas assuré
(1). [...]
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(1) Delamare Xavier, Dictionnaire de la langue
gauloise, une approche linguistique du vieux-celtique continental,
Paris, Errance, 2003, articles pettia et Stam, p. 249
et 281. N. B. D’après les auteurs le premier élément
semble désigner la bouche, la gueule; le deuxième
est à l’origine du français pièce, spécialement
au sens de pièce de terre (Note de B.G.).
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depuis
2007
Corpus Étampois:
“Étampes comme toponyme”
Contribuez à cette base de données d’où
sortira peut-être la solution.
Le but de cette base
de données est de déterminer si certains des lieux qui
portent aujourd’hui ce même nom d’Estampes ou Étampes dérivent
d’un archétype commun, et présentent présentent
des caractéristiques qui puissent en expliquer ou en suggérer
la signification.
— Étampes,
commune (Essonne)
— Étampes, autrefois hameau et aujourd’hui
quartier de Corbie (Somme)
—
Étampes-sur-Marne, commune (Aisne).
—
Étampes, ferme de la commmune
de Saint-Adjutory (Charente)
—
Estampes, hameau de la commune de Cuq-Toulza
(Tarn)
—
Estampes, hameau de Grand-Vabre
(Aveyron)
—
Estampes, commune du Gers (à côté d’Estampures,
commune des Hautes-Pyrénées)
—
Saint-Jean d’Étampes, lieu-dit de la commune de La
Brède (Gironde)
— Estampe, lieu-dit de Tamniès
(Dordogne)
— Etampe,
lieu-dit de Saint-Chamarand (Lot)
— L’Estampe, lieu-dit
de Riom-ès-Montagnes (Cantal)
— L’Estampe, lieu-dit
de Chassaradès (Lozère)
— Les Étampes,
lieu-dit de la commune de Miremont (Puy-de-Dôme)
— Les Tempes, lieu-dit de Vabre-Tissac
(Aveyron)
|
mars 2009
Bernard Gineste
Simples hypothèses de travail en passant
Epona de Thessalonique (IVe siècle après Jésus-Christ)
Attendu
qu’on annonce une prochaine conférence de notre ami Michel Martin
sur la toponymie celtique dans la région d’Étampes, on nous
saura gré participer au débat et de proposer, ne serait-ce
que d’une façon sommaire, une ou deux hypothèses nouvelles
sans prétention, pour le plaisr de la discussion. On nous excusera
de ne pas surcharger cette modeste contribution de références
érudites.
Pour ma part, j’ai
l’intime conviction que le nom d’Étampes est d’origine celtique,
et que c’était déjà celui du vicus gallo-romain autrefois
situé dans la zone industrielle, et dont l’énorme cimetière
a été récemment découvert à côté
de la zone commerciale des Rochettes.
La langue gauloise malheureusement a disparu sans
laisser autre chose que d’infime traces dont des générations
de savants, malgré une extraordinaire débauche de science
et d’ingéniosité, ne tirent pas beaucoup plus que quelques
connaissances éparses et toujours plus ou moins hypothétiques.
Je voudrais d’abord faire remarquer que parmi
les premières attestations sur toponyme on trouve Stambis
à côté de Stampis, et que cette forme plus
rare peut très bien avoir été la forme originale,
ou du moins la plus ancienne des deux.
Première hypothèse:
Les Rivières Figées
Ceci considéré, un ancien lexique
de quelques mots gaulois, extrêmement peu fiable il est vrai, et
appelé le lexique de Vienne, nous déclare que le mot gaulois
ambe, qui paraît avoir été un féminin
pluriel, signifiait “fleuves” ou “rivières”. Il faut reconnaître que cette donnée n’est pas
prise au sérieux par beaucoup de linguistes. Pourtant elle me paraît
mériter plus de considération qu’on ne lui a accordé.
En effet, on peut rapprocher cette racine du mot latin amnis, “fleuve”, lui-même d’origine assez énigmatique.
Ceci considéré (mais non établi,
il faut le reconnaître), on doit par ailleurs remarquer que beaucoup
de linguistes considèrent que le mot “étain”, latin stannum ou
stagnum, est lui aussi certainement d’origine celtique et probablement
plus précisément gauloise: il désignait originellement
le plomb argentifère.
En supposant un toponyme originel Stann-Ambe,
contracté ultérieurement en Stambe, on aurait ainsi
des “Rivières
de Plomb”. Qu’est-ce à dire? Il faut remarquer
que selon une hypothèse récente le mot étang
lui-même, en ancien français estanc, dérivé
lui-même du verbe étancher, proviendrait par là
d’un bas-latin hypothétique stannicare, “souder”, d’où, par métaphore, “figer, arrêter”.
Cette hypothèse aurait pour avantage de
décrire les lieux marécageux près desquels se dressait
l’ancien vicus gallo-romains d’Étampes. Mais elle a contre elle
trois désavantages: la graphie Stampis est nettement moins
représentée Stampis; le sens du mot ambe
n’est pas assuré; la contraction supposée est difficile.
Deuxième hypothèse:
Les Juments d’étain
Une autre hypothèse se présente:
Stann-Epe. Epo, en gaulois désigne
le cheval, epa la jument, au pluriel epe: nous sommes là
sur un terrain plus assuré. Tout le monde connaît la déesse
des chevaux, Éponna, dont le culte s’était répandu
dans tout l’empire romain.
On sait qu’une des ressources économiques
principales de la Gaule ancienne était le commerce de l’étain
venu de Grande Bretagne qui transitait à travers le pays jusqu’aux
rives de la Méditerrannée. On pourrait supposer dans le cadre
de cette hypothèse qu’Étampes a été une étape
notable de l’une de ces routes commerciales de l’étain, et qu’on
y élevait des chevaux de bats (latin jumenta)
destinés au transport de cette marchandise.
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Voyez une page plus développée
sur ces conjectures amusantes, Bernard GINESTE, «Le nom d’Étampes
signifie-t-il Les Juments d’Étain?», in Corpus Étampois,
http://www.corpusetampois.com/coe-jumentsdetain.html,
2009.
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Epona de Thessalonique (IVe siècle après Jésus-Christ)
Bernard Gineste, mars 2009
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BIBLIOGRAPHIE
Onomastique
du pays d’Étampes
Bernard GINESTE
[éd.], «Sur le nom de la ville d’Étampes (étymologies
proposées du XVIe au XXIe siècle)», in Corpus
Étampois, http://www.corpusetampois.com/coe-compilationdetymologies.html,
depuis 2007.
Bernard GINESTE,
«Le nom d’Étampes signifie-t-il Les Juments
d’Étain?», in Corpus Étampois,
http://www.corpusetampois.com/coe-jumentsdetain.html,
2009.
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sera la bienvenue. Any criticism or contribution
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Source:
clichés B. G., août 2007. |