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On notera que
ce chapitre n’est pas l’un des meilleurs de l’ouvrage de Guibourgé,
qui ne vérifie pas ses informations, comme l’a montré Jacques
Gélis en 2003 dans un article que nous citons dans notre bibliographie.
Il semble en effet que le bon Abbé ne se soit jamais envolé
de la tour de Guinette. Cependant, le Corpus Étampois a obtenu
en mai 2003 que le nom de Desforges soit donné par l’Union
Astronomique Internationale à l’astéroïde n°10830,
grâce à l’appui de son découvreur, notre ami l’astrophysicien
flamand Eric Elst. Ainsi, à défaut du ciel étampois,
c’est désormais entre Mars et Jupiter que circule notre bon abbé. |
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LA MACHINE VOLANTE DU CHANOINE DESFORGES, SA DESCRIPTION, SON ENVOL DE LA TOUR, LE CHANOINE, PRÉCURSEUR DE L’AVIATION. Après les guerres de la Fronde, le donjon en ruines ne fera plus parler de lui. Cependant, un peu avant la Révolution de 1793, un événement assez curieux attirera les regards vers lui, c’est une tentative de voler dans les airs. En effet, en 1772, l’abbé Desforges, chanoine de la Collégiale Sainte-Croix d’Etampes, annonçait par l’intermédiaire du Mercure de France qu’il avait trouvé le moyen de voler en l’air avec un appareil de son invention, qu’il appelait le «char volant». Notre chanoine était prêt à faire une expérience publique de son invention, mais il lui fallait de l’argent. Aussi, il demandait une somme de 100.000 livres à déposer préalablement chez le notaire. L’argent ne rentra pas, car on n’avait pas très confiance dans le succès de l’expérience. Cependant, après bien des démarches et beaucoup de réclame, des habitants de Lyon déposèrent la somme demandée chez un notaire de la ville à condition de la remettre au chanoine si celui-ci venait la chercher par la voie des airs. Voici la description de l’appareil, d’après un écrit de cette époque, intitulé: «Essai sur l’art du vol aérien». «La machine volante avait la forme d’une nacelle ou gondole, elle était longue de 7 pieds et large de 3 et demi (2 m. 25 sur [p.243] 1 m. 15 environ) sans compter les accessoires volatifs. Elle était couverte pour mettre à l’abri de la pluie. Sa construction n’était qu’un assemblage, sans qu’il y entrât aucuns clous... La machine ne pesait que 48 livres, mais le conducteur pesait 150 livres. M. Desforges lui permettait d’avoir une valise pesant, toute remplie, 15 livres. C’était en réalité 213 livres que la voiture devait porter. Elle était faite de manière que ni les grands vents, ni les orages, ni la pluie ne pouvaient la briser, ni la culbuter. Elle pouvait, en cas de besoin, servir de bateau. Quant au conducteur, pour ne pas être incommodé par la trop grande affluence de l’air, M. Desforges lui appliquait sur l’estomac une grande feuille de carton, il lui donnait aussi un bonnet de même matière pour lui couvrir la tête. Ce bonnet était pointu comme la tête d’un oiseau et était garni de verres vis-à-vis des yeux pour pouvoir diriger sa route. On devait, avec cette machine, faire 36.000 lieues en 4 mois, en ne faisant que 300 lieues par jour et 30 lieues par heure, ce qui n’aurait donné que 10 heures de travail par jour.» Et voici maintenant le récit de la première tentative de vol, d’après un article du baron de Grimm, paru en juillet 1772 dans la Correspondance littéraire, et intitulé: «Chanoine d’Etampes volant à tire-d’aile»: «M. l’abbé Desforges, chanoine d’Etampes, marchera dans la légende dorée de 1772 avec son char volant. Si la promesse magnifique de faire 30 lieues par heure n’a pu se faire écouter au milieu du tourbillon de Paris, je vois qu’en revanche elle a fait une forte sensation dans les pays étrangers, et qu’on s’attend, en plusieurs endroits, de voir arriver le chanoine Desforges dans sa gondole aérienne. «Mais son premier essai n’a pas été heureux. II s’est fait porter par quatre paysans sur une hauteur près d’Etampes (le Donjon) et dès qu’il leur a dit de lâcher la gondole, il est tombé à terre; mais il en a été quitte pour une légère contusion au coude. On ne brûlera jamais le chanoine Desforges comme sorcier. Tout ce qu’il sait de magie se réduit à une chose très simple: il a fabriqué une espèce de gondole d’osier, il l’a enduite de plumes, il l’a surmontée d’un grand parasol idem, il s’y campe avec deux rames à longues plumes, et il espère, à force de ramer, de se soutenir dans les airs et de les traverser. Le miracle ne s’est pas encore fait, mais il peut se faire encore...» Le baron de Grimm avait raison. A l’heure actuelle, nous pouvons dire que le miracle s’est opéré. Les hommes montent dans les airs avec leurs machines volantes, les avions de toutes [p.244] sortes. La première base d’avions a été le donjon d’Etampes. A l’heure actuelle, Etampes possède deux bases d’avions: une base civile et une base militaire, cette dernière particulièrement renommée dans le monde de l’aviation. On peut donc dire que malgré son échec, le chanoine Desforges n’est pas complètement tombé dans l’oubli, et qu’on peut, à cause de sa tentative de vol du haut du donjon, considérer Etampes comme un des berceaux de l’aviation. [p.245] |
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BIBLIOGRAPHIE
Éditions
Brochure
préalable: Léon GUIBOURGÉ
[chanoine, ancien archiprêtre d’Étampes, officier
d’Académie, membre de la Commission des arts et antiquités
de Seine-et-Oise, vice-président de la Société
artistique et archéologique de Corbeil, d’Étampes
et du Hurepoix], Étampes, la favorite des
rois [in-16; 64 p.; figures; plan et couverture en couleur; avant-propos
de Barthélémy Durand, maire; dessin de couverture
de Philippe Lejeune], Étampes, Éditions d’art
Rameau, 1954.
Édition princeps: Léon GUIBOURGÉ, Étampes, ville royale [in-16 (20 cm); 253 p.; armoiries de la ville en couleurs sur la couverture; préface d’Henri Lemoine], Étampes, chez l’auteur (imprimerie de la Semeuse), 1957. Réédition en fac-similé: Léon GUIBOURGÉ, Étampes, ville royale [réédition en fac-similé: 22 cm; 253 p.; broché; armoiries de la ville sur la couverture; préface d’Henri Lemoine], Péronnas, Éditions de la Tour Gile, 1997 [ISBN 2-87802-317-X]. Édition électronique: Bernard GINESTE [éd.], «Léon Guibourgé: Étampes ville royale (1957)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-20-guibourge1957etampesvilleroyale.html (33 pages web) 2004. Sur l’abbé
Jacques Desforges
Paul
PINSON, Étude biographique sur l’abbé Desforges, chanoine
de l’église collégiale
de Sainte-Croix d’Étampes (1732-1792), Paris & Étampes, 1897 [ouvrage cité par GÉLIS 2003, non conservé à la BNF].
Jacques GÉLIS, «Voler ou convoler? L’étonnante destinée du chanoine Desforges», in ID. [dir.], Des grands Étampois méconnus. Louis Moreau. Nathan ben Meschullam. Le chanoine Desforges. Le gisement à vertébrés fossiles de Vayres-sur-Essonne [29 cm; 52 pages], Étampes, Association Étampes-Histoire [«Les Cahiers d’Étampes-Histoire» 5], 2003, pp. 25-45 (15 illustrations; cite les archives de la Bastille d’après PINSON 1897). Bernard GINESTE, «Archives de la Bastille: L’abbé Desforges (1758-1760)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-18-1758-1760bastille-desforges.html, 2004. Étampes et l’Aviation Bernard GINESTE, «Étampes et l’Aviation: quelques documents», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/index-aviation.html, 2006. Toute critique ou contribution
seront les bienvenues. Any criticism or contribution welcome.
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Source: Léon Guibourgé, Étampes, ville royale, 1957, pp. 242-244. Saisie: Bernard Gineste, octobre 2004. |
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