CORPUS HISTORIQUE ÉTAMPOIS
 
Léon Guibourgé
 Le Donjon en ruines
Étampes ville royale, chapitre VII.5
1957

La Tour de Guinette (carte postale Paul Allorge Ee7 n°91)
Tour et Bois de Guinette (carte postale Paul Allorge Ee7 n°91)

ÉTAMPES, VILLE ROYALE
Étampes, chez l’auteur, 1957
chapitre VII.5, pp. 245-247.
Le Donjon en ruines
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Léon Guibourgé      LA TOUR VENDUE AVEC SA COLLINE, DIFFÉRENTS PROPRIÉTAIRES, DÉVASTATIONS, ACQUISITION PAR LES BEAUX-ARTS, FOUILLES, LE MUSÉE.

     Arrive la Grande Révolution. Le donjon est déclaré bien national et est vendu le 16 Fructidor an II pour la somme de 525 fr. C’est un architecte d’Etampes, le citoyen Pailhès, qui l’achète. Il a droit, en outre, à tous les matériaux de démolition, à tous les bâtiments encore debout et aux murs de clôture y attenant.

     Le 9 Fructidor an IV, le même acquiert encore un terrain dit «La Tour de Guinette», dépendant du ci-devant domaine d’Etampes, le tout moyennant 2.273 francs payables en mandats territoriaux. Il s’agit ici du terrain qui entoure la tour et qui comprend toute la colline de Guinette.

     L’architecte Pailhès, dans ces acquisitions, voit le moyen de trouver à bon compte de la pierre à construire, et il commence par démolir. Ses successeurs font de même. Et c’est ainsi que peu à peu pendant de longues années, les entrepreneurs de maçonnerie, les vendeurs de pierres ont considéré les ruines du château d’Etampes comme une immense carrière.

     Cependant un des acquéreurs de la colline de Guinette, Auguste de Grandmaison, vers 1830, s’intéressant au passé d’Etampes [p.246] est intervenu pour arrêter le saccage. Une petite maison est construite pour y mettre un gardien. On la voit encore de nos jours, au pied de la tour, tournée vers la ville.

Intérieur de la Tour de Guinette (carte postale Paul Allorge Ee7 n°86)      Le nouveau propriétaire fait planter des arbres sur la colline et dirige les fouilles dans les ruines. C’est ainsi qu’en 1832 on découvre des vestiges intéressants. Dans le puits de la tour, on trouve deux belles pièces d’or de Philippe de Valois et une pièce d’argent de Henri III; dans le sol, en plantant un arbre, une pièce d’argent de François Ier; et dans une fosse d’aisance, plusieurs deniers tournois de Henri IV et Louis XIII; et ailleurs différents ustensiles: flèches, fers de lance, poteries, etc...

     Un des derniers propriétaires de Guinette, en 1855, est un curé de Notre-Dame d’Etampes, l’abbé Pétigny. Sur la colline, près de la tour, il construit une maison pour orphelines avec atelier de passementerie, et il confie à trois religieux franciscains le soin de cultiver et d’entretenir le terrain.

     Enfin, la colline de Guinette, avec son donjon, est vendue peu de temps après, en 1859, par les héritiers de l’abbé Pétigny à la ville d’Etampes. Celle-ci, pour protéger le donjon, le fait aussitôt classer parmi les monuments historiques.

     Dès lors, des fouilles sont organisées. En 1860 on découvre, à 2 mètres sous la cave et le pilier central, les traces des barils de poudre qui devaient, en 1590, faire crouler le donjon. L’explosion fit sauter les voûtes et causa au donjon quatre grandes lézardes que l’on voit de nos jours. Les autres brèches proviennent de la guerre entre Armagnacs et Bourguignons et du fameux siège de 1652 pendant la Fronde.

     D’autres fouilles, en 1876, dans le puits du donjon, amènent des découvertes remarquables. Le travail est confié à un puisatier de Brières-les-Scellés. A 28 mètres on trouve des cuirasses en fer, un canon, des mousquets et des poteries d’étain. A 36 mètres, la plus belle découverte 3 pièces d’artillerie en bronze ayant en relief, vers le milieu, la lettre «H» avec la couronne royale et, au-dessus, les lettres «H» et «D» entrelacées (Henri et Diane). A 48 mètres on découvre enfin trois boulets de pierre.

     Tous ces objets devraient se trouver au Musée d’Etampes, mais la dernière guerre a gravement troublé ce musée que Mme la Comtesse de Saint-Périer a réorganisé de son mieux, mais bien des objets de l’ancienne collection manquent malheureusement.

     Le donjon lui-même a été atteint lors du dernier bombardement d’Etampes, mais les Beaux-Arts ont fait les travaux nécessaires pour empêcher les éboulements et éviter les accidents. [p.247] Malgré cela, l’ascension du donjon reste dangereuse. Seuls les oiseaux de proie en ont fait leur demeure et tournoient en grand nombre les soirs d’hiver autour de ses ruines. Mais les jours de fête, on peut voir flotter bien haut sur les vieilles murailles le drapeau français, qui rappelle la grande histoire du Donjon d’Etampes.


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BIBLIOGRAPHIE

Éditions
Léon Guibourgé
     Brochure préalable: Léon GUIBOURGÉ [chanoine, ancien archiprêtre d’Étampes, officier d’Académie, membre de la Commission des arts et antiquités de Seine-et-Oise, vice-président de la Société artistique et archéologique de Corbeil, d’Étampes et du Hurepoix], Étampes, la favorite des rois [in-16; 64 p.; figures; plan et couverture en couleur; avant-propos de Barthélémy Durand, maire; dessin de couverture de Philippe Lejeune], Étampes, Éditions d’art Rameau, 1954.

    
Édition princeps: Léon GUIBOURGÉ, Étampes, ville royale [in-16 (20 cm); 253 p.; armoiries de la ville en couleurs sur la couverture; préface d’Henri Lemoine], Étampes, chez l’auteur (imprimerie de la Semeuse), 1957.

    
Réédition en fac-similé: Léon GUIBOURGÉ, Étampes, ville royale [réédition en fac-similé: 22 cm; 253 p.; broché; armoiries de la ville sur la couverture; préface d’Henri Lemoine], Étampes, Péronnas, Éditions de la Tour Gile, 1997 [ISBN 2-87802-317-X].

    
Édition électronique: Bernard GINESTE [éd.], «Léon Guibourgé: Étampes ville royale (1957)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-20-guibourge1957etampesvilleroyale.html (33 pages web) 2004.


Toute critique ou contribution seront les bienvenues. Any criticism or contribution welcome.
Source: Léon Guibourgé, Étampes, ville royale, 1957, pp. 245-247. Saisie: Bernard Gineste, octobre 2004.
    
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