LES   LÉPREUX, LEUR HÔPITAL 
  A ÉTAMPES, DONS ROYAUX, FOIRE SAINT-MICHEL.      
                
                    Au
 moyen    âge, les pestiférés étaient nombreux.
 Cette maladie   de la peste aurait été rapportée d’Orient
 à la  suite des Croisades. A cause de la contagion de cette terrible
 maladie, le  pestiféré était repoussé des villes
 et des campagnes.  Exilé dans quelque ruines désertes ou maisons
 abandonnées,   il errait solitaire, agitant sa crécelle pour
 éloigner les  passants. Ceux-ci, en détour nant la vue, leur
 laissaient rapidement  quelques aliments pour les empêcher de mourir
 de faim. 
             
                              C’est  alors  que la charité
chrétienne vint en aide à  ces malheureux.  Elle créa
un peu partout à l’entrée  des villes, assez  loin cependant
pour empêcher la contagion, des maisons  spéciales  pour les
recueillir, dites maladreries ou léproseries. 
              
             Étampes fut  une des
premières villes à posséder une maladrerie.    Cette
maison se trouvait sur la grande route de Paris, à l’entrée
    de la ville, un peu après l’endroit où étaient les
  Capucins,  exactement où est aujourd’hui le café-hôtel
  Saint-Michel.  Elle se mit sous la protection de saint Michel, patron de
 la ville, et de  saint Lazare, patron de la maladrerie, d’où son
nom  de maladrerie Saint-Michel, ou plus communément de maladrerie
Saint-Lazare. 
                
                    C’est 
  le  roi Louis Le Gros qui au commencement du XIIe siècle apporta 
son  concours  pour la construction et l’entretien de la maladrerie. On conserve
   de ce roi  un acte de donation qui accorde       «aux  pauvres lépreux de la ville
   d’Étampes la quantité de terre suffisante pour le labourage
d’une   charrue au village de Boissy, un muid de froment, mesure de Paris,
sur son   moulin d’Arnatal d’Étampes, et deux muids de vin de ses
vignes». 
                
                    Son 
 fils   Louis VII, dit le Jeune, les protégea également. Par 
 des lettres   patentes de l’an 1147 il les gratifie de nouvelles concessions.
  D’après   dom Fleureau, il leur donne «une pareille quantité
  de terre,   plus deux muids de blé, mesure de Paris à prendre
  dans ses  greniers, et dix muids de vin dans sa cave, tous les ans au jour
  de saint  Rémy, pour leur aider à vivre. Il leur accorde
une   foire qui  se tiendrait le jour de saint Michel auprès de leur
église   Saint-Lazare, avec tous les droits de marché, qui
luy pouvaient appartenir,   pendant huit jours dans Étampes, et l’exercice
de toute justice, excepté   de la Haute, qu’il réserve à
ses officiers; et sauve-garde  pour ceux qui viendront à cette foire,
tant en venant qu’en retournant,     sans qu’ils puissent être arrêtés 
que pour crimes». 
 
             
              A l’exemple de nos rois, plusieurs seigneurs
   des  environs firent aussi des dons importants à la maladrerie,
entre   autres  Thibault, comte de Blois et grand maître de la Maison
du Roi. 
                
                    Les 
 malades    étaient bien soignés et recevaient de l’argent de
 poche. On   voit dans les comptes une dépense de 10 sols parisis par
 chaque semaine   à chacun des lépreux, qui étaient alors
 au nombre de   quatre. Nous étions au XVIe siècle, la lèpre
 disparaissait.   Les importants revenus de la maison furent donnés
 en partie, le 15   septembre 1576 par le roi Henri III au Collège
d’Étampes qui manquait   de ressources. 
                
                
                    Dans
  la  suite,  la maladrerie fut confiée à l’Hôtel-Dieu
 d’Étampes.  A  la Révolution, les bâtiments furent vendus
avec  leurs dépendances,   le 14 Floréal an III à Mathieu
Bourganel pour 32.090 fr. Aujourd’hui   dans ce quartier Saint-Michel d’Étampes,
il n’y a plus de vestiges de la  maladrerie, mais il reste pour la ville
d’Étampes le souvenir de la foire  de Saint-Michel dont l’origine
remonte à la fondation de cette maladrerie,  et qui subsiste toujours,
transportée  sur la promenade du Port depuis  l’année 1774,
toujours florissante,  reparaissant régulièrement  chaque année
en fin septembre  pour la fête du saint patron d’Étampes.  [p.136] 
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Cliché d’Eugène Rameau 
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