COUVENT
FONDÉ PAR HENRI III, AMÉNAGEMENT DE L’HÔPITAL SAINT-JACQUES-DE-L’EPÉE
QUELQUES DÉTAILS SUR LE MINISTÈRE ET LA VIE DES CAPUCINS.
Avant de relater l’histoire des Capucins
à Etampes, rappelons ce qu’on entendait par «Capucins».
Ils étaient une branche de l’Ordre des religieux franciscains, fondé
en Italie par saint François d’Assise, au début du XIIIe
siècle. On les appelait «Capucins», parce qu’ils portaient
une grande pèlerine avec capuchon. En 1572, ils vinrent en France
présentés à Henri III par le Cardinal Charles de
Lorraine, qui leur offrit son domaine de Meudon. Ce fut le premier couvent.
Bientôt d’autres couvents s’installèrent. Les habitants d’Etampes
demandèrent au roi la faveur d’en posséder un. C’est alors
que Henri III, par des lettres patentes données à Paris au
mois de juin 1580, donna aux Capucins «l’Hôpital Saint-Jacques-de-l’Epée,
avec tout ce qui en dépend, comme la chapelle, la maison, le pourpris,
les édifices et le pré qui y est joignant».
Les Capucins présentèrent
ces lettres de don à la Commission du Parlement qui ordonna auparavant
d’entendre le Maire de la ville d’Etampes. Celui-ci ne fit pas opposition
sauf au sujet du pré. Ce fameux pré se trouvait de l’autre
côté de la rivière qui traversait le terrain de l’hôpital,
et la ville tenait à le garder pour faciliter la circulation des
bateaux sur la rivière. Les Capucins prirent le parti de détourner
le cours de la rivière pour enfermer le pré dans leur enclos.
Mais la ville n’était pas [p.132] satisfaite.
Il fallut l’intervention personnelle du roi pour faire enfin cesser le
conflit.
Le premier supérieur ou gardien du
couvent fut Pierre Deschamps. Les Capucins sous sa direction s’appliquèrent
à accommoder les lieux à leur nouvelle destination. Ils
continuèrent à s’occuper des malades sous le contrôle
de la ville, et s’adonnèrent également au ministère
paroissial, surtout à la prédication. Ce ministère
suscita tout d’abord des difficultés avec les chanoines de Notre-Dame.
Mais tout finit par s’arranger.
La chapelle du couvent était trop
petite. On décida d’en bâtir une autre plus vaste. La première
pierre fut posée le 24 février 1615 par César de
Vendôme. A cette occasion, celui-ci donna une aumône considérable
pour aider à la construction.
A cette époque au XVIIe siècle,
les pèlerins malades, les pestiférés en particulier,
étaient peu nombreux. Par un jugement du 19 mars 1638, la ville
décida de transférer aux religieux Barnabites, qui réclamaient
des secours pour leur Collège, les revenus de l’hôpital Saint-Jacques-des-Capucins.
Les bâtiments d’ailleurs de cet hôpital étaient en
mauvais état.
A la suite de la visite de ces bâtiments,
faite par le lieutenant général du bailliage d’Etampes,
le 22 mars 1657, la démolition de l’hôpital fut ordonnée.
Le lieutenant général se transporta de nouveau au Couvent
des Capucins, mais les religieux lui refusèrent l’entrée.
L’archevêque de Sens averti vint lui-même faire sa visite.
Il fut alors question de transférer le couvent dans l’intérieur
de la ville. Mais le 25 avril 1684, le clergé de la ville déclare
s’opposer à cette nouvelle installation. Les Capucins restèrent
dans leur maison, et continuèrent, à défaut de malades
à soigner, leur ministère de prédication en ville et
dans les campagnes.
Quelles étaient les ressources de
ces religieux? D’après un livre de comptes on voit que ces ressources
étaient bien minimes. Ordinairement les dépenses l’emportaient
sur les revenus. Les légumes et fruits étaient fournis par
le vaste jardin, le pois son par le vivier, mais il fallait acheter du pain
et parfois de la viande et du vin. On faisait une grande consommation de
fromage de gruyère, et on achetait beaucoup de foin et de grains
pour la basse-cour. Certains Pères prisaient; il fallait acheter du
tabac. D’autres voulaient se tenir au courant de la politique, d’où
achat d’un journal: «Le Mirabeau».
* Il s’agit
ici d’une méprise de Guibourgé, malheureusement reproduite
dans le Cahier d’Étampes-Histoire n°7 (2005), p. 15. Le
capucin en question est le premier à avoir jamais été
canonisé, à savoir Félix de Cantalice, né en
1515 dans les Abruzzes et mort à Rome le 18 mai 1587 sans avoir jamais
franchi les Alpes. Béatifié l’année même de sa
mort, il fut canonisé en le 22 mai 1712 (et non 1713), par Clément
XI. L’octave de sa canonisation (c’est-à-dire la semaine liturgique
commençant la veille au soir de cette solennité) fut
célébrée par tous les membres de l’ordre, et pas seulement
à Étampes.
B.G., novembre 2005
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Et si nous voulons savoir quelques événements marquants
de leur vie de religieux, voici quelques détails. Le 25 mai 1713,
c’est la canonisation de Saint-Félix, capucin du Couvent*. Dans cette circonstance les chanoines
de Notre-Dame devaient prêter leurs tapis et lustres. Ils n’ont
rien prêté. Heureusement, leur ami le curé de Saint-Basile
leur a tout fourni. Le 14 août 1733, c’est une grêle épouvantable
qui casse toutes les vitres du Couvent. Le 5 août 1734, c’est le
vol du ciboire. Aussi les portes seront fermées après la
dernière messe. Le 5 janvier 1757, c’est un attentat contre Louis
XV le Bien-Aimé: on expose le Saint-Sacrement et on jeûne 24
heures. Le 2 juin de la même année, c’est le curage du vivier
qui est repeuplé avec 600 carpes et 400 tanches.
En 1789, survient la Révolution;
les religieux ont diminué de nombre; ils ne sont plus que deux.
Le couvent des Capucins est vendu comme bien national. Il fut démoli
dans la suite. Aujourd’hui à sa place, il y a l’abattoir, et derrière,
le long de la rivière, une sente qui s’appelle toujours la sente
des Capucins. [p.134]
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BIBLIOGRAPHIE
Éditions
Brochure
préalable: Léon GUIBOURGÉ [chanoine, ancien
archiprêtre d’Étampes, officier d’Académie, membre
de la Commission des arts et antiquités de Seine-et-Oise, vice-président
de la Société artistique et archéologique de Corbeil,
d’Étampes et du Hurepoix], Étampes, la favorite
des rois [in-16; 64 p.; figures; plan et couverture en couleur; avant-propos
de Barthélémy Durand, maire; dessin de couverture de Philippe
Lejeune], Étampes, Éditions d’art Rameau, 1954.
Édition
princeps: Léon GUIBOURGÉ, Étampes, ville
royale [in-16 (20 cm); 253 p.; armoiries de la ville en couleurs
sur la couverture; préface d’Henri Lemoine], Étampes, chez
l’auteur (imprimerie de la Semeuse), 1957.
Réédition
en fac-similé: Léon GUIBOURGÉ, Étampes,
ville royale [réédition en fac-similé: 22
cm; 253 p.; broché; armoiries de la ville sur la couverture; préface
d’Henri Lemoine], Étampes, Péronnas, Éditions de
la Tour Gile, 1997 [ISBN 2-87802-317-X].
Édition
électronique: Bernard GINESTE [éd.], «Léon
Guibourgé: Étampes ville royale (1957)»,
in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-20-guibourge1957etampesvilleroyale.html
(33 pages web) 2004.
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seront les bienvenues. Any criticism or contribution welcome.
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