CORPUS HISTORIQUE ÉTAMPOIS
 
Léon Guibourgé
Les Capucins à Étampes
Étampes ville royale, chapitre III.11
1957
 
Le Couvent disparu des Capucins (gravure du XVIIIe siècle)  
Le Couvent disparu des Capucins (gravure du XVIIIe siècle) 
 
ÉTAMPES, VILLE ROYALE
Étampes, chez l’auteur, 1957
chapitre III.11, pp. 131-133.
Les Capucins
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Léon Guibourgé      COUVENT FONDÉ PAR HENRI III, AMÉNAGEMENT DE L’HÔPITAL SAINT-JACQUES-DE-L’EPÉE QUELQUES DÉTAILS SUR LE MINISTÈRE ET LA VIE DES CAPUCINS.

     Avant de relater l’histoire des Capucins à Etampes, rappelons ce qu’on entendait par «Capucins». Ils étaient une branche de l’Ordre des religieux franciscains, fondé en Italie par saint François d’Assise, au début du XIIIe siècle. On les appelait «Capucins», parce qu’ils portaient une grande pèlerine avec capuchon. En 1572, ils vinrent en France présentés à Henri III par le Cardinal Charles de Lorraine, qui leur offrit son domaine de Meudon. Ce fut le premier couvent. Bientôt d’autres couvents s’installèrent. Les habitants d’Etampes demandèrent au roi la faveur d’en posséder un. C’est alors que Henri III, par des lettres patentes données à Paris au mois de juin 1580, donna aux Capucins «l’Hôpital Saint-Jacques-de-l’Epée, avec tout ce qui en dépend, comme la chapelle, la maison, le pourpris, les édifices et le pré qui y est joignant».

     Les Capucins présentèrent ces lettres de don à la Commission du Parlement qui ordonna auparavant d’entendre le Maire de la ville d’Etampes. Celui-ci ne fit pas opposition sauf au sujet du pré. Ce fameux pré se trouvait de l’autre côté de la rivière qui traversait le terrain de l’hôpital, et la ville tenait à le garder pour faciliter la circulation des bateaux sur la rivière. Les Capucins prirent le parti de détourner le cours de la rivière pour enfermer le pré dans leur enclos. Mais la ville n’était pas [p.132] satisfaite. Il fallut l’intervention personnelle du roi pour faire enfin cesser le conflit.

     Le premier supérieur ou gardien du couvent fut Pierre Deschamps. Les Capucins sous sa direction s’appliquèrent à accommoder les lieux à leur nouvelle destination. Ils continuèrent à s’occuper des malades sous le contrôle de la ville, et s’adonnèrent également au ministère paroissial, surtout à la prédication. Ce ministère suscita tout d’abord des difficultés avec les chanoines de Notre-Dame. Mais tout finit par s’arranger.

     La chapelle du couvent était trop petite. On décida d’en bâtir une autre plus vaste. La première pierre fut posée le 24 février 1615 par César de Vendôme. A cette occasion, celui-ci donna une aumône considérable pour aider à la construction.

     A cette époque au XVIIe siècle, les pèlerins malades, les pestiférés en particulier, étaient peu nombreux. Par un jugement du 19 mars 1638, la ville décida de transférer aux religieux Barnabites, qui réclamaient des secours pour leur Collège, les revenus de l’hôpital Saint-Jacques-des-Capucins. Les bâtiments d’ailleurs de cet hôpital étaient en mauvais état.

     A la suite de la visite de ces bâtiments, faite par le lieutenant général du bailliage d’Etampes, le 22 mars 1657, la démolition de l’hôpital fut ordonnée. Le lieutenant général se transporta de nouveau au Couvent des Capucins, mais les religieux lui refusèrent l’entrée. L’archevêque de Sens averti vint lui-même faire sa visite. Il fut alors question de transférer le couvent dans l’intérieur de la ville. Mais le 25 avril 1684, le clergé de la ville déclare s’opposer à cette nouvelle installation. Les Capucins restèrent dans leur maison, et continuèrent, à défaut de malades à soigner, leur ministère de prédication en ville et dans les campagnes.

     Quelles étaient les ressources de ces religieux? D’après un livre de comptes on voit que ces ressources étaient bien minimes. Ordinairement les dépenses l’emportaient sur les revenus. Les légumes et fruits étaient fournis par le vaste jardin, le pois son par le vivier, mais il fallait acheter du pain et parfois de la viande et du vin. On faisait une grande consommation de fromage de gruyère, et on achetait beaucoup de foin et de grains pour la basse-cour. Certains Pères prisaient; il fallait acheter du tabac. D’autres voulaient se tenir au courant de la politique, d’où achat d’un journal: «Le Mirabeau».

* Il s’agit ici d’une méprise de Guibourgé, malheureusement reproduite dans le Cahier d’Étampes-Histoire n°7 (2005), p. 15. Le capucin en question est le premier à avoir jamais été canonisé, à savoir Félix de Cantalice, né en 1515 dans les Abruzzes et mort à Rome le 18 mai 1587 sans avoir jamais franchi les Alpes. Béatifié l’année même de sa mort, il fut canonisé en le 22 mai 1712 (et non 1713), par Clément XI. L’octave de sa canonisation (c’est-à-dire la semaine liturgique commençant la veille au soir de cette solennité)  fut célébrée par tous les membres de l’ordre, et pas seulement à Étampes.
B.G., novembre 2005

    Et si nous voulons savoir quelques événements marquants de leur vie de religieux, voici quelques détails. Le 25 mai 1713, c’est la canonisation de Saint-Félix, capucin du Couvent*. Dans cette circonstance les chanoines de Notre-Dame devaient prêter leurs tapis et lustres. Ils n’ont rien prêté. Heureusement, leur ami le curé de Saint-Basile leur a tout fourni. Le 14 août 1733, c’est une grêle épouvantable qui casse toutes les vitres du Couvent. Le 5 août 1734, c’est le vol du ciboire. Aussi les portes seront fermées après la dernière messe. Le 5 janvier 1757, c’est un attentat contre Louis XV le Bien-Aimé: on expose le Saint-Sacrement et on jeûne 24 heures. Le 2 juin de la même année, c’est le curage du vivier qui est repeuplé avec 600 carpes et 400 tanches.

     En 1789, survient la Révolution; les religieux ont diminué de nombre; ils ne sont plus que deux. Le couvent des Capucins est vendu comme bien national. Il fut démoli dans la suite. Aujourd’hui à sa place, il y a l’abattoir, et derrière, le long de la rivière, une sente qui s’appelle toujours la sente des Capucins. [p.134]

L'Abattoir en 1908 (carte postale de Théodule Garnon n°532)

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BIBLIOGRAPHIE

Éditions

Léon Guibourgé      Brochure préalable: Léon GUIBOURGÉ [chanoine, ancien archiprêtre d’Étampes, officier d’Académie, membre de la Commission des arts et antiquités de Seine-et-Oise, vice-président de la Société artistique et archéologique de Corbeil, d’Étampes et du Hurepoix], Étampes, la favorite des rois [in-16; 64 p.; figures; plan et couverture en couleur; avant-propos de Barthélémy Durand, maire; dessin de couverture de Philippe Lejeune], Étampes, Éditions d’art Rameau, 1954.

     Édition princeps: Léon GUIBOURGÉ, Étampes, ville royale [in-16 (20 cm); 253 p.; armoiries de la ville en couleurs sur la couverture; préface d’Henri Lemoine], Étampes, chez l’auteur (imprimerie de la Semeuse), 1957.

     Réédition en fac-similé: Léon GUIBOURGÉ, Étampes, ville royale [réédition en fac-similé: 22 cm; 253 p.; broché; armoiries de la ville sur la couverture; préface d’Henri Lemoine], Étampes, Péronnas, Éditions de la Tour Gile, 1997 [ISBN 2-87802-317-X].

     Édition électronique: Bernard GINESTE [éd.], «Léon Guibourgé: Étampes ville royale (1957)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-20-guibourge1957etampesvilleroyale.html (33 pages web) 2004.


Toute critique ou contribution seront les bienvenues. Any criticism or contribution welcome.
Source: Léon Guibourgé, Étampes, ville royale, 1957, pp. 131-133. Saisie: Bernard Gineste, octobre 2004.
    
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