CE QU’EST
UNE COMMANDERIE, LE HAMEAU SAINT-JACQUES DE BÉDÉGON, DESTRUCTION
DE CE HAMEAU.
Sur l’emplacement de l’abattoir actuel, avenue
de Paris, il y avait un établissement servant d’hôpital,
appelé «la Commanderie hospitalière de Saint-Jacques-de-l’Epée».
On disait plus couramment «la Commanderie Saint-Jacques».
Voici ce qu’écrit dom Fleureau sur
l’origine de cette Commanderie: «Les ordres militaires sont ceux
où l’on fait profession de combattre par mer ou par terre contre
les ennemis de la foy, en vivant sous une règle approuvée
de l’église. La sépulture de l’apôtre saint Jacques
le Majeur ayant été découverte en Espagne à
Compostelle et la renommée des miracles, qui s’y faisaient journellement
par l’intercession de ce saint, s’étant répandue partout,
causa une grande dévotion, non seulement au peuple de l’Espagne,
mais aussi à ceux des provinces éloignées de l’aller
visiter.
«Mais les difficultés des
chemins à cause de la stérilité des lieux par où
il fallait passer et la crainte de tomber entre les mains des Mores qui
volaient et pillaient les pèlerins, empêchaient plusieurs personnes
d’entreprendre le voyage. Alors les Chanoines de l’Ordre de Saint-Augustin
du couvent de Saint-Eloy, près de Compostelle, firent bâtir
plusieurs hôpitaux pour recevoir les pèlerins. Quelques gentilshommes
excités par l’exemple de ces chanoines décidèrent de
s’employer aussi à secourir les pèlerins. [p.128]
«Le légat cardinal Hyacinthe,
légat en Espagne, l’ayant appris, leur proposa un règlement.
Ces chevaliers acceptèrent et formèrent une Communauté
ou Commanderie. La marque honoraire de cette commanderie est une épée
rouge en forme de croix sur un manteau blanc.»
Rappelons pour bien comprendre le symbolisme
de cette marque que saint Jacques apôtre est mort martyr à
Jérusalem, la tête tranchée par une épée.
Pour répondre à leur but, les
Commanderies Saint-Jacques s’installèrent sur les grandes routes
suivies par les pèlerins allant en Espagne sur le tombeau de saint
Jacques. Les pèlerinages à Compostelle commencèrent
vers le XIIe siècle et durèrent jusqu’au XVIe siècle.
Les pèlerins venant de Paris et du Nord de la France, passaient
par Etampes. C’est ainsi que le chemin qu’ils empruntaient prit le nom de
route ou de rue Saint-Jacques. Sur cette route, avant d’entrer dans Etampes,
il y avait un groupe de maisons ou hameau qui s’appelait Saint Jacques
de Bédégon. Dans ce hameau, le roi Philippe Ier fit bâtir
une chapelle en bordure du grand cimetière qui servait aux deux
paroisses de Saint-Basile et de Notre-Dame.
Philippe Auguste y établit deux chapelains
et leur assigna à chacun comme traitement 12 livres 10 sols «à
prendre sur les revenus de ses moulins à fouler draps d’Etampes».
Ces chapelains dépendaient des chanoines de Notre-Dame.
Pendant la guerre civile de la Fronde, le
hameau Saint-Jacques-de-Bédégon et sa chapelle furent rasés,
les bâtiments se trouvant trop près des remparts de la ville
gênaient la défense. L’armée des Princes occupait alors
Etampes et de grands travaux furent entrepris pour prévenir une
attaque de l’armée royale. On était au mois de mai 1652.
«Tous les édifices, raconte
dom Fleureau, tant dedans que dehors la ville, proches des murailles,
furent rasés, même les murailles des clôtures du cimetière
quoi qu’elles fussent fort basses. Ceux qui entreprirent d’abattre la
chapelle Saint-Jacques-de-Bédégon, qui est au bout du cimetière
du côté de Paris, furent par un effet visible de la divine
Justice, écrasés sous les ruines.»
Près de ce hameau de Saint-Jacques
qu’on venait de détruire, il y avait à cette époque
un hôpital ou Commanderie Saint-Jacques. Plus éloigné
des murailles de la ville que le hameau, cet hôpital échappa
à la destruction.
Depuis quand cet hôpital Saint-Jacques
était-il installé â Etampes?
SON EMPLACEMENT, SON
PORT, EN RIVALITÉ AVEC CELUI D’ETAMPES, CESSION DE L’HÔPITAL
AUX CAPUCINS.
Nous avons dit précédemment
que le hameau Saint-Jacques-de-Bédégon avait été
détruit complètement au moment de la guerre civile de la
Fronde en 1652 par l’armée des Princes qui défendaient Etampes.
De nos jours, il reste un souvenir de ce hameau dans une petite rue qui part
du début de l’avenue de Paris, après la salle des Ventes et
rejoint la rue Van-Loo. C’est une plaque indicatrice: «Rue Saint-Jacques-de-Bézégond».
Il y a là une déformation du vrai nom qui est Bédégon.
Dom Fleureau, dans son histoire sur Etampes, écrit bien: «Bédégon».
En tout cas, c’est pour nous le seul souvenir de l’ancien hameau.
A côté de ce hameau était
le grand cimetière. Aujourd’hui sur l’emplacement de ce cimetière
il y a la salle des Ventes et la halte des autocars. Et si parfois on fouille
le sol à cet endroit, on trouve encore des ossements. Dom Fleureau
rapporte qu’un évêque, originaire d’Etampes y a été
enterré. Voici d’après lui l’épitaphe de la pierre
tombale de cet évêque, pierre qui à la Fronde fut enlevée
du cimetière et transportée dans l’église des Cordeliers.
«Ci-git Révérendissime
Père en Dieu, frère Jean d’Arsel, évêque de
Turrible, suffragans de Sens, natif d’Etampes, de l’Ordre des Frères
mineurs, qui trépassa audit Etampes le dimanche VIe jour de décembre
1484. Et près de lui gisent ses Père et Mère, sœurs,
pour le salut desquels et de tous les trépassez, qui gisent en ce
cimetière il a donné 40 jours de pardon à tous catholiques
prians Dieu pour eux.»
Revenons à la Commanderie Saint-Jacques-de-l’Epée
qui était près du hameau de Saint-Jacques-de-Bédégon
et qui ne fut pas détruite au moment de la Fronde.
Depuis quand fonctionnait-elle? On ne peut
donner de date précise. On sait qu’elle existait au XVe siècle.
En 1490, quand Jean de Foix, comte d’Etampes, accorda à la ville
le droit de port, on voit la Commanderie s’y opposer, disant que ce droit
lui revenait, possédant déjà un port situé derrière
ses bâtiments au bord de la rivière.
Finalement, François Ier pour faire
la paix accorda le droit de port aux deux parties.
A cette époque, le Commandeur s’appelait Pierre Dance. Par
un arrêt du 23 décembre 1527, c’est ce Commandeur qui fut
maintenu en possession du droit de port qui était derrière
la Commanderie, [p.130] «droit
d’y recevoir toutes sortes de marchandises pour y charger les bateaux,
et aussi les bateaux chargés, qui y seraient amenés, pour
les décharger; et de prendre par chaque charrette qui y viendrait
chargée de blé ou autre marchandise, ou qui chargerait les
marchandises amenées dans les bateaux, deux deniers tournois; et
défense aux habitants d’y apporter aucun empêchement».
D’autre part, le Maire et les Echevins pour
les habitants furent aussi maintenus «au droit de port qui leur avait
été octroyé, depuis les fossés de la ville
jusqu’à une ruelle descendant du bout du faubourg Evézard
aux Prés».
A la suite de l’Edit de Charles IX, en 1561,
ordonnant que l’administration des établissements hospitaliers
devait être contrôlée par le Maire et les Echevins,
le bailli de la ville d’Etampes s’opposa, en 1576, à la nomination
du Luc Arnault, maréchal des logis du roi, comme Commandeur s’appuyant
sur l’Edit de Charles IX.
On passa outre. Luc Arnault resta comme Commandeur,
mais pas pour longtemps. Dès 1580, les Capucins furent nommés
à la demande des Etampois, comme successeurs aux chevaliers de la
Commanderie Saint-Jacques de l’Epée.
Voici l’histoire des Capucins à Etampes. [p.131]
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BIBLIOGRAPHIE
Éditions
Brochure
préalable: Léon GUIBOURGÉ [chanoine, ancien
archiprêtre d’Étampes, officier d’Académie, membre
de la Commission des arts et antiquités de Seine-et-Oise, vice-président
de la Société artistique et archéologique de Corbeil,
d’Étampes et du Hurepoix], Étampes, la favorite
des rois [in-16; 64 p.; figures; plan et couverture en couleur; avant-propos
de Barthélémy Durand, maire; dessin de couverture de Philippe
Lejeune], Étampes, Éditions d’art Rameau, 1954.
Édition
princeps: Léon GUIBOURGÉ, Étampes, ville
royale [in-16 (20 cm); 253 p.; armoiries de la ville en couleurs
sur la couverture; préface d’Henri Lemoine], Étampes, chez
l’auteur (imprimerie de la Semeuse), 1957.
Réédition
en fac-similé: Léon GUIBOURGÉ, Étampes,
ville royale [réédition en fac-similé: 22 cm;
253 p.; broché; armoiries de la ville sur la couverture; préface
d’Henri Lemoine], Étampes, Péronnas, Éditions
de la Tour Gile, 1997 [ISBN 2-87802-317-X].
Édition
électronique: Bernard GINESTE [éd.], «Léon
Guibourgé: Étampes ville royale (1957)»,
in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-20-guibourge1957etampesvilleroyale.html
(33 pages web) 2004.
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