CORPUS HISTORIQUE ETAMPOIS
 
 Dom Basile Fleureau 
Des choses memorables arrivées Estampes
sous le regne de Philippe V, Charles IV et Philippe VI
Antiquitez d’Estampes I, 33
1668
     
Armoiries de Charles d'Evreux selon Odeja
Armoiries de Charles d’Étampes
et de Louis II d’Étampes
Gisant de Marie d'Espagne actuellement conservé à Saint-Denis
Maria de la Cerda
Gisant de Charles d'Alençon actuellement conservé à Saint-Denis
Charles II d’Alençon
Armoiries de Charles II d'Alençon selon Odeja
Armoiries de Charles II d’Alençon
régent du comté d’Étampes

     Ce chapitre est consacrée à la période où le comté d’Étampes fut tenu par Charles d’Évreux, puis par sa veuve Marie d’Espagne remariée avec Charles II d’Alençon, pendant la minorité de Louis II d’Évreux. Rien n’est rapporté en fait ici du bref règne de Philippe V le Long (1316-1322) déjà traité au chapitre précédent, mais seulement de ceux de Charles IV le Bel (1322-1328) et de Philippe VI de Valois (1328-1350): on déborde un peu même sur celui de Jean II le Bon (1350-1364).

      La saisie des textes anciens est une tâche fastidieuse et méritoire. Merci de ne pas décourager ceux qui s’y attellent en les pillant sans les citer.
     
Philippe V le Long d'après un camée des années 1630
Philippe V le Long
PhilippeIV le Bel d'après un camée des années 1630
Philippe IV le Bel
Charles IV le Bel d'après un camée des années 1630
Charles IV le Bel
Philippe VI de Valois d'après un camée des années 1630
Philippe VI de Valois
Camées des années 1630
 
Les Antiquitez de la Ville et du Duché d’Estampes
Paris, Coignard, 1683
Premiere Partie, Chapitre XXXIII,
pp. 150-156.
Des choses memorables arrivées Estampes sous le regne de Philippe V, Charles IV et Philippe VI 
 
CHAPITRE PRÉCÉDENT
TABLE DES MATIÈRES
CHAPITRE SUIVANT


PREMIÈRE PARTIE, CHAPITRE XXXIII.
Des choses memorables arrivé à  Estampes sous le regne de
Philippe le Long, Roy de France m. 1322.
Charles IV. dit le Bel m. 1328.
Philippe VI. dit de Valois.


Charles d’Evreux Premier Comte d’Estampes.
Louis d’Evreux II. du nom, & II. Comte d’Estampes.

[Depuis 1319. jusques à 1352.]
 
LEs deux fils de Loüis d’Evreux premier du nom, executant le partage que leur Pere avoit fait luy même de ses biens le 11. jour de Juin 1318. L’aisné eut en partage le Comté d’Evreux, & laissa à Charles son puisné Estampes, Gien sur Loire & d’autre Seigneuries. Cettuy-cy épousa Marie fille de Fernand d’Espagne, dit de la Cerda, Comtesse de Biscaye, petite fille d’Alphonse X. surnommé l’Astrologue, Roy de Castille; & de Blanche de France, fille du Roy Saint Loüis. Le Contract de ce mariage fut passé Poissy l’an 1335. au mois d’Avril: en faveur duquel le Roy Philippe VI. dit de Valois, donna à cette Princesse la somme de cinq mille livres de rente, sçavoir deux mille livres en fond de terre, & trois mille sur son tresor: il est necessaire d’observer icy l’erreur de ceux qui attribuent au Roy Philippe de Valois l’érection de la Baronnie d’Estampes en Comté, & Pairie, qui est deüe au Roy Charles IV. dit le Bel son predecesseur, comme il se justifie par le titre suivant. [p.151]

L’ERECTION DE LA BARONIE D’ESTAMPES EN COMTE

     Carolus Dei gracia Francorum, & Navarræ Rex. Ut ordo dignitatum congrua dispositione servetur, Regiæ Majestatis circumspectio, merita personaum, convenientiamque locorum diligenter attendens, ad decorem Reipublicæ personas, & loca quibus convenit, insigniis prerogativæ potioris attollit. Hanc sanè considerationem primitùs frequenter, & providè revolventes, ad carissimum, & fidelem Karolum de Ebroicis, consanguineum nostrum, ejusque Baroniam de Estampis convenienter direximus aciem nostræ mentis, dignum, & congruum arbitrantes, ut inclita præfati consanguinei nostri, qui claris natalibus, ex stirpe nostra regia non ambigitur descendisse, nobilitas prædictæ Baroniæ de Estampis amœnitate loci, copia feodorum, rerum, & fructuum opulentia ab antiquis temporibus præpollenti, perpensioris nobilitatis obtineat, per nostræ regiæ liberalitatis munificentiam titulum superaddi: dictaque Baronia per regiam Majestatem in nomen elegans, & elegantiæ dignioris transfusa, præfato consanguineo nostro, juxta sui conspicuitatem honoris, ejusque successoribus, ad quos ipsam Baroniam devenire continget, nobiliùs adaptetur. Ea propter notum facimus, universis, tam præsentibus, quàm futuris quòd nos Baroniam prædictam, præsenti statuto Pragmaticè diffinito, in Comitatum duximus erigendam: & dignitate Comitali, de speciali gratia, perpetuò exornandam: dictumque consanguineum nostrum prædicti Comitem Comitatus; cum honore plenario Comitali, de nostræ regiæ plenitudine potestatis constituimus, & creamus: Dilectis, & fidelibus nostris Paribus Franciæ, Ducibus, Comitibus, Baronibus, cæterisque nobilibus, Iustitiariis, & subditis regni nostri Franciæ, præsertim ipsius subditis Comitatus, præsentium tenore mandantes, ut ipsi prædictum Comitem, consanguineum nostrum, ejusque in Comitatu huiusmodi successores, ex nunc, & in perpetuum, ut Comites venerentus: & ad honores, privilegia, libertates, Comitibus solitas exhiberi, quibus eundem consanguineum nostrum, ejusque in Comitatu prædicto posteros successores præsentibus insignimus, & etiam communimus, recipiant & admittant: ipsosque tractent cum debita reverentia, ut Comites in agendis: Nostro in aliis, & alieno in omnibus jure salvo. Quod ut firmum, & stabile permaneat in futurum, nostrum præsentibus litteris fecimus apponi sigillum. Actum Parisius, anno Domini millesimo trecentesimo vigesimo septimo, mense Septembris. Per Dominum Regem. Tho. Theor. [p.152]

     Ce titre qui se voit en Original au tresor des Chartes à Paris sous le titre Estampes 2. n. 4. est scellé en queuë de soye verte, & rouge de cire verte, où le Roy est representé en son Trône de Justice soûtenu par deux lions, portant dans la main droite son Sceptre, & à la gauche la main de Justice, avec cette inscription au tour,
Carolus Dei gratia Francorum, & Navarræ Rex.

     Ce titre est aussi enregistré en la Chambre des Comptes, In laterno ad hæreditatem de tempore Regis Caroli.
Traduction en Annexe 1.








Sceau de Charles IV le Bel
Sceau de Charles IV le Bel
     Au registre du procés de Robert d’Artois, Comte de Beaumont le Roger, qui avoit suivi le parti d’Edoüard III. Roy d’Angleterre contre la France, le Comte d’Estampes est nommé entre les Pairs Laïs, qui assisterent à la condemnation de ce Prince, comme du Tillet l’a remarqué en son Recueil des Pairs de France.

     Au temps du Comte Charles, il s’émeut un grand differend entre Odon, ou Eudes IV. Duc de Bourgogne, & Jean Sire de Châlons-sur-Saone, à cause qu’Eudes luy ôtoit le profit des Sels qui se faisoient dans les marais d’une fontaine de son pays, tous deux se fortifierent le mieux qu’ils purent: Jean de Châlons étoit secouru par les Allemans, & Eudes qui étoit tres-puissant en biens, ayant épousé Jeanne, fille du Roy Philippe le Long, Comtesse de Bourgogne, par la succession d’Othon, son ayeul maternel, & d’Artois, à cause de Mahault son ayeule maternelle, avoit aussi de grands,& puissans amis, qui l’assistoient de leurs moiens, & de leurs forces. Charles d’Evreux, Comte d’Estampes fut de ce nombre*: & il y en a qui disent qu’il fut tué en cette guerre: mais il n’y a pas beaucoup d’apparence de verité, parce qu’ils la mettent en 1331. & ce Comte ne mourut qu’en 1336. le 14. jour d’Aoust, comme on le lisoit autrefois, sur son tombeau de marbre, qui se voyoit dans l’Eglise des Cordeliers de Paris avant qu’elle eût été brulée.
Procès de Robert d'Artois, miniature du XIVe siècle (BNF ms fr. 18437 f°2)
          * Du Preau.
     Le Comte Charles legua par son testament à l’Eglise de Nôtre Dame d’Estampes, la somme de dix livres tournois de rente annuelle & perpetuelle, à prendre sur les revenus de sa Prevôté: à la charge de celebrer solemnellement quatre fois chaque année son Anniversaire. Les seuls Ecclesiastiques presens doivent avoir part à la distribution de cette somme, ce legs fut delivré à cette Eglise par Jeanne d’Evreux, sœur de Charles Reine de France; Marie d’Espagne, Comtesse d’Alençon sa femme: & par Philippe de Melun, Evêque de Châlons-sur-Marne, qu’il avoit nommez executeurs de son testament, par acte du onziéme de Juin 1337. Charles portoit en ses armes écartelé d’Evreux & d’Artois. [p.153]

     Marie Princesse pieuse, ne se contenta pas d’avoir contribué à 1’execution du testament du feu Comte son Mary: mais de plus considerant qu’il est tres-difficile, particulierement aux Princes, de sortir de cette vie si purs, qu’ils ne soient redevables de quelques peines à la justice de Dieu, parce qu’ils passent toute leur vie dans les delices, & qu’ils ont des affaires qu’il est presque impossible de démêler sans commettre des offences [sic] contre Dieu, ou contre la justice deuë au prochain: Elle fonda une Messe tous les jours à perpetuité, au grand Autel de l’Abbaye de Morigny-les-Estampes, laquelle elle voulut être celebrée pendant sa vie, pour le repos de l’ame de son Mary, puis pendant vingt ans, à commencer du jour de son deceds, pour le repos de la sienne: & les vingt années expirées, à telle intention qu’il plairoit à Louis d’Evreux, Comte d’Estampes son fils, & à ses heritiers, ou enfans d’en ordonner: & outre cela quatre Anniversaires solemnels [sic], l’un le Lundy devant Noel, & les trois autres le premier Vendredy de Carême, & les Vendredis avant l’Ascension de Nôtre Seigneur, & la sainte Croix de Septembre. Elle donna pour dotation de ces fondations la somme de quatre cens livres tournois en deniers comptans, pour être employées à l’achat de quarante livres de rente annuelle, & perpetuelle, en la terre, & Comté d’Estampes, fiefs, & arrierefiefs, tenus, & mouvans sans moien, ou par moien, du Comte son fils, à quoy elle ajoûta encore d’autres biens, comme on le peut voir dans les Lettres suivantes de cette fondation qui furent expediées à Dourdan, sous le scel de cette Princesse, l’an de grace MCCCLII. le 22. jour de Septembre.

Jeanne d'Evreux, reine de France, soeur de Charles et son exécutrice testamentaire
Jeanne d’Évreux
     Nous Marie d’Espagne, comtesse d’Alençon, du Perche, & d’Estampes; sçavoir faisons, que comme nos bien amez en Dieu, l’Abbé, & Convent de Morigny, Nous ayent pieça octroyé, & promis à prier pour nous, & faire prier: & specialement à faire dire, & celebrer en leur Eglise, chacun jour une Messe à nostre devotion, tant comme nous viverons, & aprés nôtre deceds chacun jour perpetuellement une Messe de Requiem: & faire chacun an en leur Eglise par huit fois, pour le salut de nôtre ame, nôtre Anniversaire solemnellement, & pour ce, leurs ayons pieça donné quatre cens livres tournois en deniers comptans, pour convertir en achat, ou acquerement de quarante livres tournois de rente annuelle, & perpetuelle, en la terre, & Comté d’Estampes, & és fiefs, & arriere-fiefs, de nous & de nôtre tres-cher fils Louis Comte d’Estampes, & en ces teneures, par moien, & sans moien, pour etre heritage perpetuel de ladite Eglise: & soit, & ait toûjours été nôtre [p.154] Ordonnance, intention, volonté, que tour ce qui a été est, & sera acquis par lesdits Religieux à heritage, de ladite somme de quatre cens livres tournois soit mis, & ordonné, & converty à faire pitance ausdits Religieux; c’est à sçavoir à chacun Moine trois œufs à souper par chacun jour, depuis la sainte Croix en Septembre, jusques à Pâques par chacun an, perpetuellement. Nous, en augmentation de ladite fondation, & à ce que l’ordonnance de la pitance dessusdite soit à toûjours-mes sans faillir tenuë, & mieux dequoy être continue, & soûtenuë, avons de nouvel donné, donnons, & octroyons par la teneur de ces presentes, à ladite Eglise, sept livres parisis, & quinze sols, & un denier de rente annuelle, & perpetuelle, laquelle nous leurs [sic] avons aßigné, & aßis, aßignons, & asseons sur certains domaines seans en ladite Comté d’Estampes, en plusieurs lieux; c’est à sçavoir sur une maison seante aux Granges le Roy, avec une grange qui fut Ieannot Charretier [sic, lisez: à Ieannot]. Vn arpent de vigne à Montgibert, & onze septiers de terre, tout aßis au terroire [sic] des Granges le Roy en plusieurs pieces, lesquels heritages furent audit Charretier. Cent sols parisis de rente que Leger Chelaut doit, moitié à la Toussains, moitié à la Chandeleur. Item, sur deux arpens de vignes, ou environ seans à Estampes, au dessus de l’Aumône saint Iean, au lieu appellé le Pommier. Douze sols de rente, que Iean Valin doit par an à la chandeleur. Item, une maison, & un Colombier, avec un arpent de terre seant au bourg saint Pere, qui furent audit Iean Charretier. Trente quatre sols de rente, que Iean Villebon doit, & sur la maison où demeure Ligier Charretier à Estampes laquelle est aux freres dudit Ieannot Charretier. Neuf sols un denier parisis, que lesdits freres doivent chacun an de rente. Et avons ordonné, par le consentement desdits Abbé, & Convent, que doresnavant lesdites Messes, & Anniversaires seront celebrez, & ordonnez en la maniere qui s’ensuit; c’est à sçavoir que lesdits Religieux sont, & seront tenus de chanter, & celebrer chacun an perpetuellement une Messe de Requiem au grand Autel, pour le salut de l’ame de nôtre tres-cher Seigneur Charles d’Evreux, jadis Comte d’Etampes, tant comme nous vivrons, excepté qu’aux Samedis, & aux festes de Nôtre Dame, ladite Messe sera celebrée de la benoiste Vierge Marie: Et semblablement aux quatre festes annuelles de l’an, & à la Toussaints de la solemnité du jour. Et s’il avenoit que celuy qui sera ordonné Semanier à celebrer ladite Messe eût devotion pour aucune feste qui entrevinse, de celebrer du jour; lesdits Religieux sont, & seront tenus de dire le lendemain deux Messes de Requiem, pour recouvrer celle du jour de devant. Et aprés nôtre deceds, lesdits Religieux sont, & seront tenus dire, & celebrer ladite Messe de Requiem [p.155] chacun jour selon l’Ordonnance dessusdite, pour l’ame de nous, jusques à la fin, & accomplissement de vingt ans, à commencer à compter du jour de nôtre deceds, & d’illec en avant. Lesdits vingt ans accomplis, lesdits Religieux sont, & seront tenus de celebrer ladite Messe à la devotion, & Ordonnance de nôtre tres-cher Fils Louis, Comte d’Estampes dessus-dit, & de ses hoirs, nez, & engendrez de sa chair. Et quant ausdits Anniversaires, il nous a plû, & plaist de remettre à quatre Anniversaires par an; lesquels ils celebreront solemnellement, c’est à l’un le Lundy devant Noel, l’autre le premier vendredy de Carême, l’autre le Vendredy devant l’Ascension, & l’autre le Vendredy devant la sainte Croix en Septembre: & ainsi d’an en an, à toûjours-mes. Ausquelles choses faire tenir, & fermement à toûjours-mes accomplir, par l’ordonnance dessusdite, lesdits Abbé, & Convent ont soûmis, & obligé eux, leurs successeurs, leurdite Eglise, & les biens d’icelle, presens & à venir, en prenant, & acceptant les octrois dessusdits par nous faits, pour juste titre, & canonique dotation, pour lesdites Messes, & Anniversaires celebrer, & accomplir en la maniere, & par l’ordonnance que dit est, en eux chargeant sur ce entant, comme plus devotement, & plus à plain peuvent selon Dieu. Et pour ce avons promis & promettons ausdits Religieux garantir envers tous, & contre tous, les sept livres quinze sols un denier parisis de rente dessusdite; avec toutes les rentes, & posseßions, que lesdits Religieux peuvent avoir devant acquises, & pourront acquerir de ladite somme de quatre cens livres tournois dessusdite, comme dit est dessus. Nous voulons, & octroyons ausdits Religieux qu’ils les tiennent, & puissent tenir perpetuellement, sans les mettre hors de leurs mains: & promettons les choses dessusdites, toutes, & chacunes d’icelles faire avoir agreable, approuver, & confirmer à nôtredit Fils le Comte d’Estampes, & par iceluy amortir, ou faire amortir ladite rente, & les choses dessusdites, sans que les Religieux soient par nous, ou par nôtre Fils, ou nos successeurs, ou de l’un deux, contrains, ny molestez de les mettre hors de leurs mains, ny en payer finance aucune. Donné à Dourdan sous nôtre scel, le 22. jour de Septembre l’an de grace MCCCLII.
Gisant de Marie d'Espagne actuellement conservé à Saint-Denis
Gisant de Marie de la Cerda



Gisant de Charles d'Alençon actuellement conservé à Saint-Denis
Gisant de Charles II d’Alençon,
dont Marie est alors veuve
     Cette Princesse deceda le dix-neuviéme jour de Novembre 1369. [corrigez: 1379] son corps gît aux Jacobins à Paris, avec celuy de Charles, dit le Magnanime, Comte d’Alençon, son second Mary, qui mourut à la bataille de Crecy en Ponthieu, l’an 1346. le 26. jour d’Aoust. Elle Portoit en son seel, party, au premier semé de France, au second écartelé, au premier, au chateau [sic] d’or, sommé de trois tours de mesme, avec trois creneaux maçonnez de sable, la porte, & les fenêtres [p.156] d’azur, qui est de Castille, aux 2. & 3. semé de France, & au 4. d’argent au lion de gueule, qui est de Leon.
Gisants de Marie d'Espagne et de son second époux Charles d'Alençon, actuellement à Sain-tDenis
   
 
CHAPITRE PRÉCÉDENT
TABLE DES MATIÈRES
CHAPITRE SUIVANT
NOTES

Charles son puisné
.  Charles dit d’Évreux, ou d’Étampes, né en 1305, mort le 5 septembre 1336, fils du comte d’Évreux Louis de France et de Marguerite d’Artois.

Marie fille de Fernand d’Espagne, etc. Cette Marie dite d’Espagne, ou de Castille, ou de la Cerda était fille de l’infant Ferdinand de la Cerda, lui-même fils aîné d’Alphonse X de Castille. Cette maison de la Cerda était la branche aînée de la famille royale de Castille, alors dépossédée du trône. Marie de la Cerda épousa en 1335 dit d’Évreux, ou d’Étampes et lui donna deux enfants: Louis II d’Évreux, ou d’Étampes, et un certain Jean, qui finit ses jours à Rome. Veuve dès le 5 septembre 1336, alors qu’elle était encore probablement enceinte de son son deuxième enfant, elle épousa en seconde noce dès le mois de décembre suivant Charles de Valois, dit Charles II d’Évreux, cousin germain des trois derniers rois de France, et surtout frère cadet de Philippe de Valois, roi de France depuis 1328. Ce Charles II d’Évreux était lui-même veuf depuis quelques mois de  Jeanne de Joigny, sans enfant connu. Maria lui donna au moins cinq enfants de 1337 à 1344. Son nouvel époux administra avec elle le duché d’Étampes jusqu’à sa mort survenue le 26 août 1346. Marie de la Cerda se trouvait veuve à nouveau, alors que son fils aîné, Louis II d’Évreux, ou plutôt d’Étampes, n’avait qu’une dizaine d’années. Elle le maria en 1358, âgé de 22 ans, à Jeanne de Brienne, fille du connétable Raoul de Brienne, qui n’en eut pas d’enfants. Marie de la Cerda mourut elle-même le 19 novembre 1379. Elle devait bien être aussi pieuse que le dit Fleureau, car nous voyons que les deux fils aînés qu’elle donna à Charles d’Alençon entrèrent tous deux dans le clergé et finirent archevêques, tandis que le duché d’Alençon ne revint qu’au troisième des fils de Charles d’Alençon et de Marie.

Le Contract de ce mariage… l’an 1335.
Quelqu’un pourrait-il nous indiquer où l’on peut trouver le texte de ce contrat?

Philippe VI. dit de Valois.
Philippe de Valois était roi depuis 1328. Il était le fils de Charles de Valois, frère cadet de Philippe IV dit Philippe le Bel (1285-1314), et donc cousin des trois fils de ce dernier qui se succédèrent sur le trône de France, Louis X le Hutin (1314-1316), Philippe V le Long (1316-1322) et Charles IV le Bel (1322-1328). À la mort de son cousin germain Charles IV dit Charles le Bel, en 1328, et en l’absence d’héritier mâle survivant, il fut reconnu roi de France: c’est alors qu’on inventa la loi salique.


Par le titre suivant. Nous donnons en Annexe 1 traduction de cet édit.

Amœnitate loci. Par l’agrément du lieu. Voilà qui réjouira les amoureux du pays étampois, dont les charmes sont vantés en haut lieu depuis au moins le quatorze siècle.

Rerum, & fructuum opulentia ab antiquis temporibus præpollenti.
Par son opulence matérielle et agricole suréminente depuis les temps anciens. L’archéologie montre tous les jours de nouveaux témoignages de la prospérité de notre pays depuis au moins l’époque gallo-romaine.

Præsenti statuto Pragmaticè diffinito.
“par le présent arrêt fixé par décret”. On trouvera ici peut-être bon de trouver une explication à cet adverbe non classique pragmatice. Chez Ciciéron l’adjectif pragmaticus signifie tantôt “relatif aux affaires politique”, tantôt “habile, expert en droit”. Il connaît aussi, ainsi que Quintillien, un substantif pragmatici, calqué sur le grec, qui désigne des techniciens du droits auxiliaires des orateurs. Ultérieurement on trouve les expressions pragmatica sanctio (code justitien), pragmaticum rescriptum (saint Augustin) ou plus simplement pragmaticum (code théodosien), qui toutes désignent un rescrit impérial concernant une question concrète d’ordre administratif. C’est du moins ainsi que résume brièvement la question le nouveau Grand Gaffiot. Quant au dictionnaire de latin médiéval de Niermeyer, il atteste pour pragmaticus le sens nouveau de “relatif aux affaires civiles”, et pour pragmaticum celui de “rescrit impérial” ou de “diplôme royal”. Selon le même Niermeyer l’adverbe pragmatice signifie simplement “selon le droit séculier”, notamment par opposition à l’adverbe canonice, “selon le droit canonique”. Mais selon Blaise, qu’il est toujours intéressant de consulter, il signifierait aussi, tout simplement, “par décret”, voire même “justement, légalement”.
     Il est bon de noter que selon Littré, “pragmatique” désignerait en français dans l’un de ses acceptions une “disposition d’un souverain concernant ses États et sa famille”. Il ajoute, concernant l’étymologie: “on appela ainsi, à partir de Constantin et en Orient, les rescrits qui n’étaient pas simplement répondus par les empereurs en marge des suppliques, et qui étaient l’objet d’une expédition spéciale et solennelle; cela finit par désigner un édit du souverain en général; et la cour de Rome conserva ce nom aux édits du souverain qui la concernaient.” D’où le sens spécialisé et principal qu’a pris le mot en français lorsque l’on parle de la  “Pragmatique sanction”, ou simplemement “Pragmatique” au sens de “règlement émanant du pouvoir civil en matière ecclésiastique”.
 
Tho. Theor. Quelqu’un pourrait-il nous indiquer le sens de cette abréviation?  

Au tresor des Chartes à Paris sous le titre Estampes 2. n. 4. Sauf erreur cette charte doit être actuellement conservée aux Archives nationales sous la cote K166 A.3 (1301-1327: 49 pièces). J’irai vérifier un de ces jours.

Scellé en queuë de soye verte, & rouge etc. Les lacs de soie verte et rouge sont la marque d’un édit royal.

Procès de Robert d'Artois, miniature du XIVe siècle (BNF ms fr. 18437 f°2) Carolus Dei gratia Francorum, & Navarræ Rex. Charles par la grâce de Dieu roi des Francs et de Navarre

In laterno ad hæreditatem de tempore Regis Caroli. Je ne sais pas ce que signifie in laterno. Apparemment je ne suis pas le seul. Quelqu’un a-t-il une idée?

Au registre du procés de Robert d’Artois, etc. Ce procès célèbre, qui dura sept ans, et rellatif à la succession du comté d’Artois, fut l’une des causes de la Guerre de cent ans, dans la mesure où Robert d’Artois, finalement condamné, rejoignit la cour du roi d’Angleterre Édouard . Plein de péripéties rocambolesques, empoisonnements, faux et usages de faux, il a défrayé la chonique et marqué les esprits. Le dossier est conservé sous les cotes J 439, 440A, 440B et JJ 20), sans parler, à la BNF, du mansucrit français n°18437 (dont phtographie d’une miniature ci-contre).

Les Pairs Laïs. Les Pairs laïcs.

Du Tillet… en son Recueil des Pairs de France.
 Nous donnons dans notre bibliographie les références de quatre éditions de cet ouvrage, de 1580 à 1618.

Odon, ou Eudes IV... de Bourgogne,
Jean... de Châlons-sur-Saone,
Jeanne… Philippe le Long… Othon… Mahault…       Au temps du Comte Charles, il s’émeut un grand differend entre Odon, ou Eudes IV. Duc de Bourgogne, & Jean Sire de Châlons-sur-Saone, à cause qu’Eudes luy ôtoit le profit des Sels qui se faisoient dans les marais d’une fontaine de son pays, tous deux se fortifierent le mieux qu’ils purent: Jean de Châlons étoit secouru par les Allemans, & Eudes qui étoit tres-puissant en biens, ayant épousé Jeanne, fille du Roy Philippe le Long, Comtesse de Bourgogne, par la succession d’Othon, son ayeul maternel, & d’Artois, à cause de Mahault son ayeule maternelle, avoit aussi de grands,& puissans amis, qui l’assistoient de leurs moiens, & de leurs forces. Charles d’Evreux, Comte d’Estampes fut de ce nombre*: &

Jeanne d'Evreux, reine de France, soeur de Charles et son exécutrice testamentaire Du Préau. L’ouvrage auquel fait référence Fleureau dans la marge est vraisemblablement cette chronique de Gabriel DUPRÉAU (1511-1588), Histoire de l’estat et succès de l’Église, dressée en forme de chronique généralle et universelle... depuis la nativité de Jésus-Christ jusques en l’an 1580 [2 volumes in-f°], Paris, J. Kerver, 1583.

Il y en a qui disent qu’il fut tué en cette guerre.
Il n’est pas clair si Du Préau est du nombre, je n’ai pas été voir.

L’Eglise des Cordeliers de Paris avant qu’elle eût été brulée.
“Cette église fut brûlée dans la soirée du 19 novembre 1580. Un religieux étant seul, voulut achever de dire un office et attacha une bougie qu’il avait allumée au lambris de la chapelle de saint Antoine de Padoue, où il y avait une quantité d’ex voto en cire ; il s’endormit (certains historiens prétendent qu’il était ivre), le feu prit et se communiqua avec tant de rapidité et de violence qu’en un moment toute l’église fut embrasée, sans qu’on put y apporter le moindre secours. Les cloches furent fondues, le chœur, la nef, les chapelles et une partie du cloître, furent ravagés par la force du feu, qui détruisit la plupart des tombeaux qu’on y voyait auparavant. C’étaient les tombeaux du roi Philippe le Long, de plusieurs reines, princes et princesses de France” [d’après Henri GOURDON DE GENOUILLAC (1826-1898), Paris à travers les siècles: histoire nationale de Paris et des Parisiens depuis la fondation de Lutèce jusqu’à nos jours (6 volumes in-4°), Paris, F. Roy, 1882-1889]
.

Jeanne d’Evreux, sœur de Charles Reine de France.
 Le gisant de Jeanne d’Évreux est à Saint-Denis (dont photographie ci-contre).

Louis d’Evreux, Comte d’Estampes son fils. Louis, pair de France, comte d’Étampes, de Gien et de Biscaye, seigneur de Dourdan, de Lunel, de Gallardon et d’Aubigny, est donc un prince capétien, fils aîné de Charles († 1336), pair de France, comte d’Étampes, et de son épouse Marie de la Cerda († 1375 ; de la maison de la Cerda, branche aînée de la famille royale de Castille mais dépossédée du trône).

Philippe de Melun, Evêque de Châlons-sur-Marne.
Philippe III de Melun fut évêque de Chalons-en-Champagne de 1335 à 1339.


Armoiries de Charles d'Evreux selon Odeja Son testament, par acte du onziéme de Juin 1337. Qui saurait où l’on peut consulter ce testament?

Écartelé d’Evreux & d’Artois. Il faudrait donc revoir le blason que nous avons reproduit en début de chapitre et ci-contre.

Au grand Autel de l’Abbaye de Morigny.
Curieusement Fleureau n’en reparlera pas dans son histoire de l’abbaye de Morigny, à la date considérée, dans la troisième partie de son ouvrage, p. 540.

La sainte Croix de Septembre.
On fête le 3 mai l’Invention de la sainte Croix en mai (c’est-à-dire la découverte en 326 de cette insigne relique au pied du Calvaire par sainte Hélène, mère de l’empereur Constantin;),et l’Exaltation de la sainte Croix le 14 septembre, date à laquelle avait été consacrée à Jésusalem la basilique de la Résurrection, édifiée par la même pour abriter cette relique. Progressivement la fête fut célébrée dans toute l’Eglise et des parcelles de la vraie Croix furent distribuées à travers le monde chrétien.


En ces teneures, par moien, & sans moien.
Je ne suis pas sur de bien entendre cette expression.
Moyen, selon Littré, a notamment pour acception d’être un “Terme d’ancienne coutume: succéder par moyen, succéder par la médiation d’une personne interposée qui est morte, comme un petit-fils à un aïeul, un petit-neveu à son grand-oncle.” Mais plus généralement, selon le lexique de l’ancien français de Godefroy, “par moyen” et “sans moyen” signifient respectivement “médiatement” et “immédiatement”. Il s’agit donc ici sans doute d’après le contexte des différents degrés de la propriété féodale, détenue en fief, en arrière-fief ou en arrière-arrière-fief.

Ieannot Charretier. Autre graphie de Chartier.

Montgibert.
Lieu-dit des Granges-le-Roi à ma connaissance non encore localisé.

Au terroire des Granges le Roy.
Les Granges-le-Roi constituent actuellement une petite commune située au Sud de Dourdan et en bordure de la forêt de Louye, et de la plaine de Beauce.


Au dessus de l’Aumône saint Iean, au lieu appellé le Pommier. L’aumône Saint-Jean est citée dès 1085 par une charte de Philippe Ier qui en fait don sous le nom d’Hôtel-Dieu (domus Dei) et de Refuge des pauvres (Receptaculum pauperum).  Fleureau lui consacrera le chapitre 23 de sa deuxième partie, De l’Hôpital de saint Jean au haut pavé. (pp. 464-465). D’après Frédéric Gatineau, cet établissement occupait les actuels numéros 50, 50 bis et 50 ter de la rue du Haut-Pavé, à l’angle de qui s’appelait déjà la rue Saint-Jean en 1657 (Archives départementales de l’Essonne, E 3913). De là aussi, plus récemment, le nom de la passerelle jetée en 1843 sur la tranchée creusée pour le chemin de fer et élargie en 1970, puis, au-delà, l’actuelle rue du Pont-Saint-Jean, qui était déjà une ruelle Saint-Jean sur un plan de 1812; sans parler de la résidence pavillonnaire du Pont-Saint-Jean, qui date des années 1970. De l’hospice millénaire lui-même il ne reste sans doute que les fondations. Il y existait selon Fleureau une chapelle dédiée tant à Saint Jean l’Évangéliste qu’à saint Altin, légendaire compagnon des évangélisateurs de la contrée, Savinien et Potentien. Le souvenir du lieu-dit le Pommier est perdu depuis longtemps.

Au bourg saint Pere. Dans le quartier Saint-Pierre d’Étampes.

Ligier Charretier.
Autre graphie de Chartier.

Aux Samedis, & aux festes de Nôtre Dame. Les fêtes de Notre-Dame sont l’Annonciation (25 mars), l’Assomption (15 août), la Nativité de Notre-Dame (8 septembre), la Visitation (2 juillet) et la Chandeleur ou Fête de la Purification de Notre Dame (2 février).

Aux quatre festes annuelles de l’an.
Les quatre fêtes annuelles sont respectivement Noël (le 25 décembre), l’Ascension (le jeudi quarantième jour après Pâque), l’Assomption (le 15 août) et la Toussaint (le 1er novembre).


Celuy qui sera ordonné Semanier à celebrer ladite Messe.
On appelle semainier, selon Littre, “celui, celle qui est de semaine pour officier dans un chapitre ou dans une communauté religieuse”.

A compter du jour de nôtre deceds, & d’illec en avant.
“à compter du jour de notre décès et pour tout le temps qui le suivra”.

Gisant de Marie d'Espagne actuellement conservé à Saint-Denis Ses hoirs, nez, & engendrez de sa chair.  Est donc exclue toute autre forme de descendance que naturelle et directe.

A toûjours-mes,
tournure qui s’est aussi écrite A toujours mes ou A tousjours mais ou à toujours mais, et correspond au moderne A jamais.

Sans les mettre hors de leurs mains. Sans les donner à fief.  

Amortir. Autoriser.

Aux Jacobins à Paris.
Les gisants de Marie de la Cerda et de son second époux Charles d’Alencçon, qui se trouvaient comme ceux de ses beaux parents Louis Ier d’Évreux et Marguerite d’Artois à l’église disparue des Jacobins de Paris, en ont été depuis transférés à la nécropole royale de Saint-Denis.


Bernard Gineste, février 2007


Toute critique ou contribution sera la bienvenue. Any criticism or contribution welcome.
ANNEXE 1
L’érection de la baronie d’Étampes en Comté par  Charles IV. (1327)

Texte de Fleureau (1683) Traduction B.G. (2006)
     Carolus Dei gracia Francorum, & Navarræ Rex. Ut ordo dignitatum congrua dispositione servetur, Regiæ Majestatis circumspectio, merita personarum, convenientiamque locorum diligenter attendens, ad decorem Reipublicæ personas, & loca quibus convenit, insigniis prerogativæ potioris attollit.
     Charles par la grâce de Dieu roi des Francs et de Navarre. Pour que la hiérarchie des dignités soit maintenue dans l’ordre qui convient, la vigilance de la majesté royale, soigneusement attentive au mérite des personnes et à la convenance des lieux, élève dans l’intérêt de l’État à une plus haute dignité les personnes et les lieux selon ce qui convient.
     Hanc sanè considerationem primitùs frequenter, & providè revolventes, ad carissimum, & fidelem Karolum de Ebroicis, consanguineum nostrum, ejusque Baroniam de Estampis convenienter direximus aciem nostræ mentis, dignum, & congruum arbitrantes, ut inclita præfati consanguinei nostri, qui claris natalibus, ex stirpe nostra regia non ambigitur descendisse, nobilitas prædictæ Baroniæ de Estampis amœnitate loci, copia feodorum, rerum, & fructuum opulentia ab antiquis temporibus præpollenti, perpensioris nobilitatis obtineat, per nostræ regiæ liberalitatis munificentiam titulum superaddi: dictaque Baronia per regiam Majestatem in nomen elegans, & elegantiæ dignioris transfusa, præfato consanguineo nostro, juxta sui conspicuitatem honoris, ejusque successoribus, ad quos ipsam Baroniam devenire continget, nobiliùs adaptetur.
     Nous nous en étions bien souvent et par avance fait la réflexion, lorsque nous avons porté notre attention la plus pointue et appropriée au cas de notre très cher et fidèle cousin Charles d’Évreux et de sa baronnie d’Étampes, jugeant normal et approprié:
     ― que l’illustre noblesse de la susdite baronnie d’Étampes de notre susdit cousin, dont il n’est pas douteux qu’il est d’illustre naissance puisque de la même souche royale que nous, obtienne par un effet de la munificence de notre royale libéralité que lui soit surajouté un titre plus approprié à l’agrément de ce lieu, au nombre de ses fiefs, à sa richesse matérielle et agricole, suréminente depuis les temps anciens;
     ― que la dite baronnie, en étant cédée sous un nom élégant, et d’une élégance plus appropriée, soit rendue digne par une plus grande noblesse de notre susdit cousin, en rapport avec le rang qui est le sien, et de ceux de ses successeurs à qui échoira la dite baronnie;
     Ea propter notum facimus, universis, tam præsentibus, quàm futuris quòd nos Baroniam prædictam, præsenti statuto Pragmaticè diffinito, in Comitatum duximus erigendam: & dignitate Comitali, de speciali gratia, perpetuò exornandam: dictumque consanguineum nostrum prædicti Comitem Comitatus; cum honore plenario Comitali, de nostræ regiæ plenitudine potestatis constituimus, & creamus: Dilectis, & fidelibus nostris Paribus Franciæ, Ducibus, Comitibus, Baronibus, cæterisque nobilibus, Iustitiariis, & subditis regni nostri Franciæ, præsertim ipsius subditis Comitatus, præsentium tenore mandantes, ut ipsi prædictum Comitem, consanguineum nostrum, ejusque in Comitatu huiusmodi successores, ex nunc, & in perpetuum, ut Comites venerentur: & ad honores, privilegia, libertates, Comitibus solitas exhiberi, quibus eundem consanguineum nostrum, ejusque in Comitatu prædicto posteros successores præsentibus insignimus, & etiam communimus, recipiant & admittant: ipsosque tractent cum debita reverentia, ut Comites in agendis: Nostro in aliis, & alieno in omnibus jure salvo.
     C’est pourquoi nous faisons savoir à tous, présents et à venir que:
     ― nous avons jugé bon d’ériger
par le présent arrêt fixé par décret la dite baronnie en duché et de l’orner à perpétuité par faveur spéciale de la dignité comtale;
     ― nous avons constitué et fait de par la plénitude de notre pouvoir royal notre dit cousin comte du dit comté avec l’intégralité de la dignité comtale;
     ― commandant à nos aimés et féaux, pairs de France, ducs, comtes, barons et autres nobles, juges et sujets de notre royaume de France, principalement à nos sujets du dit comté, par les termes de la présente, qu’ils se soumettent au susdit comte notre cousin et à ses successeurs dans ce comté, dès à présent et  à perpétuité, comme à leurs comtes;
     ― qu’ils les reçoivent et admettent aux honneurs, privilèges et franchises qu’il est d’usage d’accorder aux comtes, et dont nous honorons et même dotons par la présente charte notre susdit cousin et ses successeurs à venir dans le dit comté;
      ― et qu’ils leur rendent le respect qu’ils leur doivent, sous réserve de nos droits sur tous les autres points, et de ceux d’autrui en tous.
     Quod ut firmum, & stabile permaneat in futurum, nostrum præsentibus litteris fecimus apponi sigillum. Actum Parisius, anno Domini millesimo trecentesimo vigesimo septimo, mense Septembris. Per Dominum Regem. Tho. Theor.      Et pour que cela reste en vigueur et en usage à perpétuité, nous avons fait apposer notre sceau au présent acte. Fait à Paris l’an du Seigneur 1327 au mois de septembre. Pour notre seigneur le roi, Tho. Théor.
   
 
B.G., 2006
Source: Basile Fleureau, Les Antiquitez de la ville et du Duché d’Estampes, pp. 150-156. Saisie: Bernard Gineste, juillet-novembre 2006.
   


BIBLIOGRAPHIE

Éditions

 
     Édition princeps, posthume: Dom Basile FLEUREAU (1612-1674; religieux barnabite, de la congrégation de saint Paul), Les Antiquitez de la ville, et du Duché d’Estampes avec lhistoire de labbaye de Morigny et plusieurs remarques considerables, qui regardent l’Histoire generale de France [in-4°; XIV+622+VIII p.; publication posthume par Dom Remy de Montmeslier d’un texte rédigé en réalité vers 1668], Paris, J.-B. Coignard, 1683.

     
Réédition en fac-similé: Dom Basile FLEUREAU, Les Antiquitez de la ville, et du Duché d’Estampes avec lhistoire de labbaye de Morigny et plusieurs remarques considerables, qui regardent l’Histoire generale de France [23 cm sur 16; XIV+622+VIII p.], Marseille, Lafittes reprints, 1997.

     
Réédition numérique en ligne (en cours depuis 2001): Bernard GINESTE [éd.], «Dom Fleureau: Les Antiquitez d’Estampes (1668)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/index-fleureau.html, 2001-2007.

     Ce chapitre: Bernard GINESTE [éd.], «Dom Fleureau: Des choses memorables arrivées à Estampes sous le règne de Philippe V, Charles IV et Philippe VI (1668)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-17-fleureau-b33.html, 2006.

Sur la sépulture de Marie de la Cerda et de son second époux Charles d’Alençon

     Thomas KERRICH (1748-1828), Engravings of tombs at the Jacobins and the Cordeliers [gravures représentant les tombes conservées dans l’église des Jacobins et dans celle des Cordeliers, et notamment celle de Louis Ier d’Évreux, ainsi sans doute que celles de Charles II d’Alençon et de son épouse Marie d’Espagne, veuve de Louis Ier d’Évreux], 1785.
     Cf. SIR JOHN SOANE’S MUSEUM, Concise catalogue of drawings, http://www.soane.org/drawings/index.cfm?q=evreux&fields=all, en ligne en 2006:
«Etching of effigy on monument to Louis Comte d’Evreux, Church of the Jacobins, Paris, print dated 1785».
     Cf. Elizabeth A. R. BROWN, 
«The Oxford Collection of the Drawings of Roger de Gaignieres and the Royal Tombs of Saint-Denis», in Transactions of the American Philosophical Society, New Series 78/5 (1988), pp. I-VIII+1-74 [dont une mise une ligne mercantile].
.
Sur le Recueil de du Tillet allégué par Fleureau

     Jean DU TILLET, Recueil des rois de France, leur couronne et maison: ensemble, le rengs des grands de France, par Jean du Tillet, sieur de la Bussiere, Protenotaire & Secretaire du Roy, Greffier de son Parlement. Plus, une Chronique abbreg´ee contenant tout ce qui est advenu, tant en fait de guerre, qu’autrement, entre les Roys & Princes, Republiques & Potentats estrangers; Par M. I. du Tillet, Evesque de Meaux freres, Paris, Jacques du Puys, 1580.

     Jean du TILLET, Recueil des rois de France, leurs couronne et maison,... ensemble le rang des grands de France, par Jean Du Tillet, sieur de La Bussière, protonotaire & secretaire du roy, greffier de son Parlement. Plus une Chronique abbrégée contenant tout ce qui est advenu, tant en fait de guerre, qu’autrement, entre les roys et princes, Républiques et potentats étrangers, par M. J. Du Tillet, évesque de Meaux, frères. En ceste dernière édition ont été adjoustez les Mémoires du dit sieur sur les privilèges de l’Église gallicane et plusieurs autres de la cour de Parlement concernant les dits privilèges (Par L. S. D. F. D. G.) [2 tomes en 1 volume in-4°; portraits; le tome II portant la date de 1601], Paris, Houzé & J. et P. Mettayer & B. Macé, 1602.

     Jean du TILLET, Recueil des rois de France, leurs couronne et maison, ensemble le rang des grands de France, par Jean Du Tillet,... Plus une Chronique abbrégée contenant tout ce qui est advenu, tant en fait de guerre, qu’autrement, entre les Roys et princes, Républiques et potentats étrangers, par M. I. du Tillet, évesque de Meaux, frères. En outre les Mémoires dudit sieur sur les privilèges de l’Eglise Gallicane, et plusieurs autres de la Cour de Parlement, concernant lesdits privilèges. En ceste dernière édition a esté ajouté les Inventaires sur chaque maison des rois et grands de France et la chronologie augmentée jusques à ce temps [3 parties & 2 tomes en 1 volume in-4°; le tome II porte la date de 1606; portraits], Paris, P. Mettayer & B. Macé, 1607.

     Jean du TILLET, Recueil des roys de France,... ensemble le rang des grands de France, par Jean Du Tillet, sieur de La Bussière,... plus une chronique abbrégée... par M. J. Du Tillet, évesque de Meaux, frères; en outre les Mémoires du dit sieur sur les privilèges de l’Église gallicane... En ceste dernière édition a esté adjousté: les inventaires sur chasque maison des roys et grands de France et la chronologie augmentée jusques à ce temps [4 parties en 2 volumes in-4°; la 1re partie seule constitue une édition séparée; les autres, datées de 1606, appartiennent aux éditions précédentes], Paris, P. Mettayer, 1618.


  Sur le Procès de Robert d’Artois
Procès de Robert d'Artois, miniature du XIVe siècle (BNF ms fr. 18437 f°2)
     1) Archives Nationales, J 439, 440A, 440B [“Procès de Robert d’Artois (voir JJ 20). (1281) 1286-1337]. (d’après l’inventaire mis en ligne par les Archives nationales, http://www.archivesnationales.culture.gouv.fr/chan/chan/fonds/EGF/SA/SAPDF/egfn_j.pdf).

     2) Archives Nationales, JJ 20 [“Procès de Robert d’Artois. 1329-1337”].
     Voici ce que note l’inventaire mis en ligne par les Archives nationales, http://www.archivesnationales.culture.gouv.fr/chan/chan/fonds/EGF/SA/SAPDF/egfn_j.pdf: “Le présent volume, qui ne correspond pas au registre XX de Gérard de Montaigu (autre exemplaire officiel du procès: actuellement Bibliothèque nationale, ms. français 18437), réunit deux registres primitivement distincts retirés des Layettes (voir J 439 à 440B): Première partie (fol. 1-196): exemplaire officiel, signé à chaque page. Seconde partie (fol. 197-266): deuxième exemplaire (copie partielle) et fragments d’un troisième exemplaire.”

     3) Bibliothèque Nationale de France, ms. français 18437 en date de 1336 (autre exemplaire, avec au f°2 une miniature représentant la Cour des Pairs de France présidée par Philippe VI, siégeant pour juger Robert III d’Artois, comte de Beaumont).

     Didier LOUCHET, Robert d’Artois [23 cm; 241 p.; bibliographie (8 p.)], Nice, Alandis, 2001.

 
     Toute critique ou contribution sera la bienvenue. Any criticism or contribution welcome.
   
Explicit
 
 
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