Le moulin Drot, projeté en 1813
Renseignements disponibles
Pendant l’été
1813, Louis Drot, né à Roiville-sous-Dourdan, propriétaire
exploitant à Étampes du tout récent moulin de l’Ouche,
demanda l’autorisation d’établir un autre nouveau moulin, cette
fois sur le Juineteau, en aval du moulin de Charles-François Bellemaire,
dit de Vauroux. Après un temps de latence probablement dû
à la situation politique, le projet fut relancé au début
de 1815. Le sous-préfet diligenta une enquête de commodo et
incommodo qui semble ne pas avoir rencontré d’oppositions ouvertes
des autres riverains et usager du cours d’eau. Cependant, il nous est clairement
dit en 1825 que ce projet a été rejeté par l’administration.
Pour plus de détail sur
Louis Drot, on pourra se reporter à notre notice sur le moulin de l’Ouche.
Je me
suis attaché à retranscrire ici l’intégralité
du dossier conservé aux Archives municipales d’Étampes, pour
donner un aperçu concret du type de documentaion qu’on y trouve, et
de la lumière qu’elle jette sur la société du temps.
Puisse cet exemple être suivi par d’autres amoureux de l’histoire locale.
Bernard Gineste, 15
avril 2011.
Date
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Renseignements
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Sources
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Avant 1813
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Sur Louis Drot, on peut se reporter à
notre notice sur le moulin
de l’Ouche.
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1813-1815
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Pièces
relatives à l’établissement du moulin Drot sur
le Juineteau. |
Archives
municipales d’Étampes 3O D28 (dossier entièrement
retranscrit ci-dessous par Bernard Gineste en 2001).
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1813
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Le 11 septembre, lettre
du sous-préfet au maire: “1ere section. Bureau du secrétariat.
Série n°5013. Vous voudrez bien rappeler en marge de la réponse
les indications ci-dessus. — Etampes, le 11 septembre 1813. — Le Sous-Préfet
de l’Arrondissement d’Etampes, département de Seine et Oise, à
Monsieur le maire d’Etampes. — Monsieur — Je vous transmets expédition
en placard de mon arrêté du six de cemois relatif à
l’établissement d’un moulin sur la petite rivière de Juineteau
en votre ville. — Je vous prie de vouloir bien en ordonner l’affiche et,
après l’expiration du délai fixé, me justifier par certificat
que cette formalité aura été exactement remplie. —
J’ai l’honneur d’être avec attachement, Monsieur, votre très
humble serviteur. — [Signé:] Bouraine.”
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Archives municipales d’Étampes
3O D28 [ancienne cote: n°1466 “M. Drot”]
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1813
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Septembre 1813, Affiche placardée à la Mairie d’Étampes
à la demande du Sous-Préfet: “Département de Seine
& Oise — Construction de moulin — Sous-Préfecture d’Etampes
— Le Sous-Préfet de l’Arrondissement d’Etampes, Département
de Seine et Oise. Vu la petition à lui présentée le
23 août dernier, dont la teneur suit. — A monsieur le Sous-Préfet
de l’Arrondissement communal d’Etampes, Département de Seine et
Oise — Monsieur — Louis Drot, meûnier, demeurant à
Etampes rue de Chaufour, faubourg Saint Martin, à [sic] l’honneur
de vous exposer qu’il est propriétaire de deux pièces de
prés situées sur le terroir d’Etampes, l’une cinquante un
ares sept centiares (un arpent), près le Petit Saint Mars, chantier
des Ouches Rouges, l’autre d’un hectare cinquante trois ares (trois arpens)
près Vauroux, séparées par la rivière de Juineteau
à laquelle elles sont contiguës. — L’exposant a le dessin
d’utiliser la pente de cette riviere de Juineteau et de faire un moulin
à bled qui serait appuyé sur les berges des deux pièces
de pré qu’il vient d’indiquer. — Il vous supplie, Monsieur, de vouloir
bien lui accorder l’autorisation prescrite en pareil cas par les lois et
réglemens. — Il espère que vous daignerez accueillir sa demande,
l’établissement qu’il se propose de faire ne peut nuire à personne,
et tendrait au contraire à assainir et améliorer les propriétés
voisines &c. — Vu l’arrêté du Gouvernement du 19 ventose
an 6; l’Instruction du Ministre de l’Intérieur du 19 thermidor suivant,
et l’Article 1er du Titre 5 de l’Arrêté réglementaire
du Préfet de ce département, du 25 floréal an 9, —
Arrête qu’avant de faire droit à la Pétition ci dessus
transcrite, elle sera rendue publique; qu’en conséquence expédition
du présent demeurera placardée durant 20 jours consécutifs,
tant à l’entrée principale de l’hôtel de la Sous-Préfecture
qu’à celle de l’hôtel de la Mairie d’Etampes, pendant lequel
temps toutes personnes qui desireront faire consigner des dires et observations,
pour ou contre l’Etablissement projetté, dans le Procès-verbal
de Commodo et Incommodo, dont la rédaction sera ultérieurement
ordonnée, pourront y faire la déclaration soit au secrétariat
de la Sous-Préfecture, soit à celui de la Mairie. — Fait
à Etampes le six septembre 1813. Signé Bouraine — Pour Expédition.
Le Sous préfet de l’arrondissement d’Etampes. — [Signé:]
Bouraine — Reçu et affiché le present le 14 septembre 1813.
— Le maire d’Etampes. — [Tampon
circulaire figurant l’aigle et entouré de la légende:] SOUS
PRÉFECTURE D’ÉTAMPES — SEINE ET OISE].”
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Archives municipales d’Étampes
3O D28 [ancienne cote: n°1466] (dont une photographie ci-dessus).
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1813
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Le 19 octobre, lettre
du maire au sous-préfet (copie): “Etampes le 19 octobre 1813, à
M. le sous préfet — M. — J’ai l’honneur de vous adresser ci joint
le certificat qui coonstate que l’expédition de votre arrêté
du 6 septembre dernier relatif à l’établissement projetté
par le sr Louis Drot marchand meunier à Etampes
d’un moulin sur la petite rivière du Juineteau est demeurée
constamment placardée pendant 20 jours consécutifs à
l’entrée principale de l’hôtel de la mairie; et que pendant
le dit délai il n’a été fait ni dit ni dire ni observation.
— J’ai l’honneur d’etre…”
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Archives municipales d’Étampes
3O D28 [ancienne cote: n°1466 “Sr Drot”] (saisie Bernard Gineste, 2011)
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1815
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Le 21 février,
lettre du sous-préfet au maire: “1ere section. Bureau du secrétariat.
Série n°5,013. Vous voudrez bien rappeler en marge de la réponse
les indications ci-dessus. — Etampes, le 21 février 1815. — Le
Sous-Préfet de l’Arrondissement d’Etampes, département de
Seine et Oise, à Monsieur le maire d’Etampes. — Monsieur — J’ai
l’honneur de vous donner avis que je viens de renvoyer à Monsieur
l’Ingénieur toutes les pièces et plans concernant l’établissement
projetté d’un moulin par le sieur Drot sur la
petite rivière de Juineteau, afin qu’il dresse une enquête
de Commmodo et Incommodo sur cet établissement; je l’ai invité
à se concerter avec vous pour la fixation du jour auquel l’opération
devra avoir lieu. — Je vous prie de vouloir bien faire connaître
cette fixation à vos habitans plusieurs jours à l’avance.
— J’ai l’honneur d’être avec attachement, Monsieur, votre très
humble serviteur. — [Signé:] Bouraine.”
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Archives municipales d’Étampes
3O D28 [ancienne cote: n°1465; copie non signée] (saisie
Bernard Gineste, 2011)
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1815
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Le 22 mars, lettre du
sous-prefet au maire: “1ere section. Bureau du secrétariat. Série
n°5012 et 5,818. Vous voudrez bien rappeler en marge de la réponse
les indications ci-dessus. — Etampes, le 22 mars 1815. — Le Sous-Préfet
de l’Arrondissement d’Etampes, département de Seine et Oise, à
Monsieur le maire d’Etampes. — Monsieur —Jai reçu votre certificat
d’affiche, pendant 20 jours, de la demande du sieur Drot marchand meunier
à Etampes tendant à la construction d’un moulin à
farine surle petite rivière deJuineteau en votre commune. — Conformémemnt
aux intentions de Monsieur le Préfet, je vous adresse la petition,
différentes pièces et plans relatifs à cet établissement,
afin que vous veuillez bien procéder à la visite des lieux,
dresser le procès verbal de Commodo et Incommodo, qui contiendra
les dires et observations despersonnes entendues. Lorsque votre opération
d’enquête sera terminée, vous voudrez bienme transmettre
le dit procès verbal original et les autres pièces et [p.2]
plans susmentionnés. — J’ai l’honneur d’être avec attachement,
Monsieur, votre très humble serviteur. — [Signé:] Bouraine.”
Ancienne mention: “R(éponse) le 25 mars”.
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Archives municipales d’Étampes
3O D28 [ancienne cote: n°1465] (saisie Bernard Gineste, 2011)
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1815
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Le 30 mars, Affiche placardée à
la Mairie d’Étampes: “Le Maire
de la Ville d’Etampes, Chevalier de la legion d’honneur — prévient
ses concitoyens que pour l’exécution de la lettre de M. le Sousprefet
en date du vingt deux mars present mois, il sera procédé
lundi prochain 3 avril [(appel de croix:) à 10 heures du matin]
à la visite des lieux où le sr Drot, marchand meunier
à Etampes, est dans l’intention de construire un moulin à
farine, sur la petite riviere de Juineteau, et que de suite il sera dressé
procès verbal de commodo et incommodo, relatif la dite construction,
dans lequel on comprendra les dire, declaration et observation des personnes
interessées. — Fait à Etampes le trente mars mil huit cent
quinze. — [Signé:] Romanet
— [Tampon circulaire
de la mairie, illisible]”
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Archives municipales d’Étampes
3O D28 [ancienne cote: n°1465; un brouillon de la même
affiche est également conservé dans ce dossier] (saisie Bernard
Gineste, 2011)
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1815
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Du 3 au 7 avril, enquête de commodo et incommodo:
“Aujourd’hui lundi trois avril mil huit cent quinze, dix heures du matin.
— Nous Robert Antoine Poluche deuxième adjoint à la mairie
d’Etampes, arrondissement d’Etampes, departement de Seine et Oise, délégué
par M. le maire de la dite ville, à l’effet, conformement à
la lettre de M. le spous pprefet du dit arrondissement en date du vingt
un fevrier dernier, et de l’affiche en date du trente mars aussi dernier,
apposées ès lieux ordinaires et accoutumés, proceder
ce jour, lieu et heure; 1° à la visite des lieux, sur la petite
rivière de Juineteau alimentée par la rivière de Juine,
traversant le territoire d’Etampes à l’endroit où le sieur
Louis Drot marchand meunier à Etampes, est dans
l’intention de construire un moulin à farine; 2° et dresser procès
verbal de commodo et incommodo; — nous sommes transporté ce jour dix
heures du matin sur la dite rivière de Juineteau à l’endroit
de l’établissement du moulin projetté par le dit sieur Drot,
où nous avons trouvé plusieurs riverains réunis; — après
avoir fait examen des lieux, donné lecture de la lettre de M. le sous
prefet sus relatée, et representé les plans et pièces
concernant le dit établissement, nous avons annoncé qu’il allait
être de suite procédé à la rédaction du
procès verbal de commodo et incommodo, et avons signé; ainsi
signé: Poluche. — Par le sieur Gilles Philippe Poussin, marchand
meunier à Saint Pierre en cette ville, en son nom comme propriétaire
de prés au dessous du moulin projetté par le dit sieur Drot;
comme propriétaire aussi en partie du moulin de Saint Pierre, sur
la Juine, et comme fondé de pouvoir des dames Bechu, ses sœurs, propriétaires
par portion du dit moulin, et d’une pièce de pré de un hectare
cinquante trois [p.2] ares douze
centiares, au dessous du moulin à construire, à [sic] été
demandé que la pièce de bois qui règle le portereau
de Vauroux soit revêtu par dessous et par ses cotés de lames
de fer, que les dits bouts de la dite pièce qui portent sur les berges
soient enfermés de chaque coté, dans un petit mur en bonne
maçonnerie, le tout aux frais des parties intéressées,
afin qu’il ne soit jamais innové à ce régulateur qui
sera fixé invariablement; qu’à ce moyen on évitera
des discussions, et les dites usines (au nombre de sept roues) établies
sur la Juine, ne craindront pas d’être troublées dans leur
jouissance; qu’une funeste experience a trop souvent démontré
que l’établissement d’une construction nouvelle était une
source intarissable de discussions et de procès; que déjà
dans le procès verbal de commodo et incommodo concernant le moulin
du sieur Bouthemard il a fourni ses observations à l’autorité;
qu’il les renouvelle ici; que le portereau, objet pendant longtemps de discussions
délicates, a été réglé pour l’intérêt
et à la satisfaction de toutes les parties; qu’il convient donc qu’il
soit confectionné d’une manière solide, durable, et de manière
à oter à la cupidité et à la malveillance l’occasion
de nuire à l’intérêt général; — il demande
que de suite le niveau d’eau de Juineteau soit fixé d’une manière
invariable, par deux repères, l’un au dessus, l’autre au dessous
du moulin projetté, pour que jamais l’ean ne soit forcée,
et que le niveau ne soit pas changé ni dénaturé; que
l’eau du Juineteau reste telle qu’elle à toujours été,
afin que ses prés supérieurs ne soient pas inondés,
et ceux inférieurs desséchés. — que ces mesures prises,
et à ces réserves, il consent à la construction du
moulin projetté par le sieur Drot, observant néanmoins que
déjà pour l’alignement de la rivière, on a coupé
et forcé les berges des propriétés de lui Poussin,
violation qui n’a pu être autorisée; qu’il en demande acte,
et que défense soit faite au sieur Drot de recommencer; et a [p.3] signé avec nous. Signé: Poussin
Bechu et Poluche. — Par le sr Désiré Jean Chrétien
Hugo, marchand orfèvre, domicilié de cette ville, propriétaire
de prés aboutissant sur la dite rivière de Juineteau, a été
demandé que préalablement, la hauteur de l’eau de la dite
rivière soit fixée invariablement; que les berges soient en
bon état, et qu’il n’ait à éprouver aucun dommage par
la construction du dit moulin, et a signé avec nous lecture faite.
Ainsi signé: Hugo Desforges et Poluche. — Par M. Louis Pierre
Chevalier, marchand meunier domicilié en cette ville, rue Darnatal,
au nom de M. Pierre Claude Darblay, son ayeul, aussi demeurant en cette
ville, rue Saint Jacques, prorpiétaire de prés au dessous
du moulin projetté et aboutissant sur la rivière de Juineteau,
a été dit que c’est à juste titre qu’il se plaint qu’au
droit de sa propriété, pour redresser lelit de la rivière,
on a coupé la berge, et anticipé sur le dit pré, au
point que l’on a coupé des sépées d’aulnaies et d’aulnes
par moitié; et les saules enlevés, pour lesquelles anticipations
il reserve tous ses droits et actions et a signé lecture faite. Ainsi
signé: L. Chevallier Gerosme et Poluche. — Par le sieur Jean Gabriel
François Dallier aubergiste en cette ville à l’auberge du
Mouton, propriétaire du pré aulnaies tant au dessus qu’au
dessus du moulin projetté par le sieur Drot, a été
dit qu’il demandait qu’il soit pris toute mesure de précaution necessaire
pour que l’eau ne prejudicie en rien à ses propriétés
situées en avant du moulin projetté; et a signé lecture
faite. Ainsi signé: F. Dallier et Poluche. — Par le sieur Jacques
Esprit Duclos mégissier domicilié de cette ville rue du
Peray dans la propriété duquel passe un des bras de la rivière
du Juineteau, a été demandé que le bras droit du Juineteau,
vis à vis les Barricades, soit curé de la même manière
que le bras gauche et le fond de la rivière [raturé: que le
bras gauche] au même niveau et ce jusqu’à la propriété;
et a signé lecture faite, approuvé la rature de quatre mots.
Ainsi signé: Duclos et Poluche. — [p.4]
Par le sieur Louis Brière, ancien menuisier, domicilié
au Perau N°9, propriétaire de la maison qu’il occupe au bout
de laquelle passe un des bras du Juineteau a été demandé
qu’avant l’autorisation donnée par [pour?] La construction du dit
moulin, le bras droit du Juineteau vis à vis les Barricades, soit
curé de la même manière que le bras gauche de la dite
rivière, et ce jusqu’à sa propriété, et aux
frais du sieur Drot; et a signé lecture faite. Ainsi signé:
L. Brière père, et Poluche. — Sont également comparus
les sieurs Nicolas Barrillier, meunier domicilié
rue du Peray, N°50, dans la propriété duquel passe un bras
de la rivière du Juineteau; et Louis Langlois, domicilié
même rue N°41 également propriétaire de maison, et
jardin, lesquels ont dit qu’il leur était intéressant que le
bras droit du Juineteau vis à vis les Barricades soit curé et
le fond de la rivière mis au même niveau que le bras gauche;
et que cette opération ait lieu le plus promptement possible aux frais
du sieur Drot et ont signé lecture faite. Ainsi signé: Barrillet,
Langlois et Poluche. — Sont également comparus les sieurs
Germain Dominique Alexandre mégissier, propriétaire de
maison et jardin scis au Peray N°47; et Adrien Chenu menuisier locataire
de maison et jardin scis en ladite rue du Peray N°32; lesquels ont dit
qu’ils demandaient que le bras droit du Juineteau vis à vis des Barricades
soit curé et le fond de la dite rivière mis au même niveau
que le bras gauche de la dite rivière et ce aux frais du sieur Drot;
et ont signé lecture faite. Ainsi signé: Alexandre, Chenu
et Poluche. — Est ensuite comparu le sieur Thomas Renault fondeur de
cuillers domicilié de cette ville rue du Peray N°31, locataire
de maison et cour, lequel a demandé que le bras droit du Juineteau
vis à vis les Barricades soit curé et le fond de la dite rivière
mis au même niveau que le bras gauche du Juineteau, aux frais du
sieur Drot, et a déclaré ne [p.5]
savoir signer lecture faite. Signé: Poluche. — Est aussi comparu le
sieur Louis Joachim Auger domicilié de cette ville rue de la Digue
N°5 propriétaire d’héritages longeant la rivière
de Juineteau; lequel a dit qu’il ne s’opposait pas à ce que le
sieur Drot établisse un moulin sur la dite rivière, pourvu
toutefois qu’il n’élève pas les eaux plus haut qu’elles le
sont actuellement, de n’apporter aucun changement dans l’état actuel
des choses; de ne pouvoir encombrer les sources qui n’ont cessé de
couler, lesquelles si elles étaient encombrées épancheraient
leurs eaux sur ses propriétés, comme aussi, qu’avant tout,
il soit placé un repère qui soit immuable, afin de connaître
la hauteur des eaux de telle sorte que lui déclarant n’en puisse
éprouver aucun préjudice; faisant au surplus réserves
et protestation sur tout ce qui serait contraire à ses intérêts,
se reposent [sic] sur les reglemens des eaux et forets et ordonnance de
mil six cent soixante neuf, laquelle ordonnance lui a été
appliquée par le sieur Pinçon il y a environ vingt huit ans,
le dit sieur Pinson alors garde des eaux et forts; et a signé lecture
faite. Ainsi signé: Joachim Auger et Poluche. — Est aussi comparu
le sieur Jean Baptiste Sevestre artiste veterinaire domicilié
de cette ville, rue Saint Jacques N°66 propriétaire de prés
aulnaye située tant au desus qu’au dessous de l’endroit où
le sieur Drot projette d’établir un moulin, lequel a dit qu’il ne
s’oppose pas à la construction du dit moulin pourvu que les fontaines
et sources qui sont sur ses heritages ne se trouvent point engorgées,
ni son pré submergé par la surélévation de l’eau
du Juineteau; qu’il soit à cet effet dressé un repère
immuable qui en fixe la hauteur, de manière que ses propriétés
n’en soient pas endommagées, et a signé lecture faite, ajoutant
toute reserve de droit. Ainsi signé: Sevestre et Poluche. — Est
aussi comparu le sieur François Charles Bellemaire [p.6] demeurant à Etampes rue de la Boucherie
propriétaire d’heritages longeant sur la rivière du Juineteau,
lequel a dit qu’il ne s’oppose pas à ce que le sieur Drot établisse
un moulin sur la dite rivière, pourvu toute fois qu’il n’élève
pas les eaux plus haut qu’elles sont actuellement, et de n’apporter aucun
changement dans l’état actuel des choses; de ne pouvoir encombrer
les sources qui nécessairement feraient refluer l’eau sur ses heritages;
comme aussi qu’avant tout il soit posé un repère immuable
afin de connaître la hauteur actuelle des eaux de telle sorte que
lui Bellemaire n’en puisse éprouver aucun préjudice, faisant
au surplus toute reserve et protection contre tout ce qui serait fait de
contraire, et a signé lecture faite. Ainsi signé: Bellemaire
et Poluche. — Est aussi comparu le sieur Louis Drot reclamant
la construction du dit moulin, lequel a dit qu’il ne s’oppose pas au curage
demandé par les habitans du Peray; qu’il fera le dit curage, à
ses frais d’après l’ordre et l’autorisation de l’administration compétente;
quant au reglement de l’eau superieure à son moulinn projetté,
n’ayant pas l’intention de faire aucun tort aux propriétaires superieurs,
il se conformera au reglement en vigueur, et a signé avec nous. Ainsi
signé: Drot et Poluche. — De tout quoi nous avons dressé
le present les jour, mois et an que dessus. Signé: Poluche. — Et
cejourd’hui jeudi six avril mil huit cent quinze heure de midi — devant
nous Robert Antoine Poluche, adjoint à la mairie d’Etampes délégué
par M. le Maire de la dite ville à l’effet de dresser procès
verbal de commodo et incommodo relativement à la construction de
l’usine projettée par le sieur Drot marchand meunier à
Etampes — sont comparus MM. P. Odile Pillas et Antoine
Fricaud, propriétaires, domiciliés de cette ville et
administrateurs du bureau [p.7] de l’hospice de cette ville,
lesquels ont dit qu’ils comparaissaient comme delegués par le dit
bureau, à l’effet de faire leur dire et observation sur l’établissement
projetté, pour raison des propriétés qu’à l’hospice
d’Etampes sur la prairie de la dite ville, longeant la rivière du
Juineteau; les dits sieurs Pillas et Fricaud ayant pris connaissance de
la petition du sieur Drot et des pièces à l’appui, ont dit
qu’au nom de la dite commisssion, ils ne s’opposaient pas à l’établissement
du moulin projetté par le sieur Drot pourvu toutefois que
l’élévation de l’eau ne nuise à aucune manière
aux propriétés de l’hospice; à la charge par le sieur
Drot de faire faire un repère immuable; faisant toutes réserves
relativement aux coupures faites aux berges qui bordent les dites propriétés,
et ont signé lecture faite. Ainsi signé: Fricaud, Pillas
et Poluche. — Fait et dressé les dits jour et an que dessus. Signé
Poluche. — Vu pour legalisation de la signature Poluche par nous maire de
la ville d’Etampes, chevalier de la legion d’honneur. — Etampes le sept
avril mil huit cent quinze.”
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Archives municipales d’Étampes
3O D28 [ancienne cote: n°1465; un brouillon de la même
affiche est également conservé dans ce dossier] (saisie Bernard
Gineste, 2011)
Signature de Louis Drot en 1807
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1815
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Le 6 avril, lettre du
maire à Drot (copie): “Etampes le 6 avril
1815 — A M. Drot — M. — Les habitans du Peray, privés
d’eau par le curage que vous avez fait du bras gauche de la rivière
de Juineteau à partir des Barricades, se plaignent avec raison du
manque d’eau dans le bras droit de la dite rivière que vous n’avez
pas curé, ce qui d’un côté les empêche de se livrer
à leurs travaux, et de l’autre occasionne meme, dans le smomens de
grande chaleur, une odeur infecte, nuisible à la santé, par
la stagnation du peu d’eau qui y existe. — Comme vous avez reconnu les inconvenients
qui pouvaient en résulter et que dans le proces verbal de commodo
et incommodo, vous avez contracté l’obligation de faire à vos
frais le curage du bras droit du Juineteau, vousne devez perdre aucun moment
pour effectuer ce curage et y faire mettre ouvriers en nombre necessaire
pour que ce travail soit terminé de suite. J’ai l’honn. de v. sal.” |
Archives municipales d’Étampes
3O D28 [ancienne cote: n°1465] (saisie Bernard Gineste, 2011)
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1815
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Le 7 avril, lettre du
maire au sous-préfet (copie): “Etampes le
7 avril 1815 — A M. le S.-Prefet — M. — J’ai l’honneur de
vous adresser ci joint le procès verbal de commodo et incommodo dressé
par M. Poluche adjoint à la mairie de cette ville en date des 3 et
6 avril concernant l’établissement d’un moulin à farine projetté
par le s. Drot marchand meunier à Etampes. — Je vous fait le renvoi de toutes les pièces relatives
à cette affaire qui accompagnaient cvotre lettre du 22 mars dernier.— J’ai l’honneur d’etre avec consideration, Mr, votre très
humble et obeissant serviteur.”
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Archives municipales d’Étampes
3O D28 [ancienne cote: n°1465] (saisie Bernard Gineste, 2011)
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1816
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Drot
Penot, propiétaire et exploitant due moulin de l’Ouche, casse
150 sacs de grains par mois.
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État
des moulins en 1816, édition Gineste (ici)
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1822
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Louis
Drot est meunier du moulin de Gérofosse. Un Divry Drot d’un autre
moulin.
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État
des moulins en 1822, édition Gineste (ici)
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1825
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Enquête
publique de commodo et incommodo pour un autre moulin (de
la Fosse Gombier): “Aujourd’hui premier septembre mil huit
cent vingt cinq, dix heures du matin, — nous Pierre Louis
Marie de Tullières maire de la ville d’Etampes, [...] avons
procedé à la reception des dires, déclarations et
observations, ainsi qu’il suit: [...] — Par monsieur
Gilles Philippe Poussin-Bechu, marchand meunier à Etampes, âgé
de [p.3] soixante trois ans, y demeurant,
propriétaire de prés et aulnaies dans la prairie de Saint
Pierre et de Saint Gilles et aboutissans sur le Juineteau, tant en son
nom que comme fondé de pouvoirs à cet effet des demoiselles
Bechus, ses belles sœurs, proprietaires de prés au gué
du Crochet et de Long sur le Juineteau, a été dit qu’il
s’oppose, tant en son nom personnel qu’en celui de ses sœurs à
la construction projettée du moulin Gouvet; que la nature s’y
oppose, et l’administration l’a déjà reconnu, en refusant
d’autoriser M. Drot qui avait formé même demande il
y a dix ou douze ans; les eaux du Juineteau n’ayant presque pas de cours,
et cette construction en les élevant, ou seulement en les retenant,
les rendra stagnantes et les jettera dans une prairie déjà
trop basse et souvent inabordable, ce qui causera un préjudice notable
à leurs proprietés, pour quoi il s’oppose à cette construction,
et a signé avec nous, après lecture faire; ainsi signé
Bechu et Tullières. [...]
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Archives municipales
d’Étampes 3O D27 (saisie B. G. 2011)
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1830 env.
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Un plan d’origine
inconnu figure l’emplacement du moulin projeté par le sieur
Drot. Comme le moulin de la Fosse Gombier y est appelé moulin
de la veuve Deslouis, il est postérieur au décès de Jacques Deslouis survenu
le 19 novembre 1828.
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Plan du
Juineteau de 1830 environ, Archives municipales 3O C9, éd.
Gineste (ici).
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1836
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Le recensement de 1836 trouve
au n°12 de la rue Saint-Jacques (aujourd'hui n°12 de la rue Louis-Moreau):
“Victoire Mainfroy veuve Huet, propriétaire,
60 ans — Germain Rousseau, domestique, 31 ans — Ursule Boucher, domestique, 30 ans — Louis Drot, propriétaire, conseiller municipal, 67 ans — Marie Françoise Dallier, domestique, 34 ans.”
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Recensement de 1836 numérisé
et mise en ligne en mode image par les Archives départementales de
l'Essonne (saisie en mode texte de Bernad Gineste, 2011)
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1851
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Le 29 juin, décès
de Louis Drot: “Du lundi trente juin mil huit cent cinquante un, deux
heures de relevée. — Acte de décès de Louis Drot,
rentier, agé de près de quatre vingt trois ans, natif
de Roinville, Eure & Loir, décédé d’hier à
trois heures de relevée en son domicile en cette ville rue Saint-Jacques
numero seize, veuf de Marie Margueritte Penot décédée
à Etampes, fils en legitime mariage de feu Louis Drot en son
vivant receveur du prieuré, et de feu Marie Rose Massé son
épouse, tous deux décédés en la dite commune
de Roinville. — Les témoins ont été les sieurs Louis
Achille Blin concierge de cette mairie agé de cinquante un ans et
Pierre Prosper Maximilien Hamouy, propriétaire agé de cinquante
six ans, gendre du décédé à cause de Louise Margueritte
Drot son épouse, domiciliés de cette ville, qui ont signé
avec nous Auguste Edouard Gresland premier adjoint spécialement délégué
par le maire d’Etampes, après lecture faite du present et le décès
constaté par nous soussigné. — Blin — Hamouy — Gresland.”
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Registre d’état
civil d’Étampes (saisie Bernard Gineste, 2011)
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Chacun
est appelé à contribuer à cette enquête, les petits ruisseaux faisant
les grandes rivières.
B.G., 14 avril 2011.
Toute critique, correction ou contribution
sera la bienvenue. Any criticism or contribution
welcome.
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