CORPUS ARTISTIQUE ÉTAMPOIS
 
Pierre Jannot
 auteur des verrières de Saint-Gilles d’Étampes
 1927-1985
 
 
Verrière latérale gauche du choeur: Saint Leu
Verrière centrale du choeur: L'oeuvre du Christ
Verrière latérale droite du choeur: Messe de saint Gilles
Verrière du porche: Saint Gilles et saint Leu
Saint Leu
L’œuvre du Christ
Messe de St Gilles
St Gilles & St Leu
 
     Pierre Jannot n’est pas un Étampois. Cependant, comme tant d’artistes au cours des siècles, il y a laissé sa marque, indélébile, sous la forme de quatre verrières dans l’église Saint-Gilles, dont les anciens vitraux avaient été irrémédiablement détruits par le bombardement anglais de 1944. Par ailleurs, une importante collection particulière étampoise conserve plusieurs de ses huiles et de ses tapisseries d’Aubusson. 

     Il nous a donc semblé utile de regrouper dans cette page les rares documents que nous avons pu réunir sur cet artiste spirituel et discret, sinon secret, qui ne laissait parler que son œuvre: 
  

Autographe calligraphié découvert à la mort de l’artiste.
Curriculum vitæ établi par l’artiste, vers 1974.
Brève notice biographique, par Mme Yvette Jannot (1989).
Préface, par Paul Rish (1989).
Écouter Pierre Jannot, par Pierre Sacksick (1989)
Pierre Jannot: Un art de lumière, par Jean Belliard (1995).
Bibliographie
 
 
 Pierre Jannot: Transparences (huile sur toile - 73 X 50 cm)
Pierre Jannot, Huile sur toile (73 X 50 cm, coll. part., Étampes)
 
 
[Texte calligraphié découvert à la mort de l’artiste]
  
       Dans notre si petit espace que constitue la biosphère nous nous proposons de considérer l’homme et le paysage comme l’art suprême de cette énergie qu’on appelle la vie.  
     
     Pour notre approche nous envisagerons comme superfétatoire tout ce qui, leur ayant été rajouté au cours des siècles n’a pas contribué à leur intégration.  
    
     La paysage a été, semble-t-il, déployé avec pour unique objet l’environnement de l’homme  
    
     Bipolarité vivante qui est un mystère —  
  
     Ainsi toutes les fioritures ôtées nous ne retiendrons que ces deux pôles.  
  
     Ce sont leurs rapports dans notre propos qu’il nous semble bon de ressentir et d’approfondir.  
  
Pjannot
 
     Par sa réflexion, sa pénétration intuitive le poète arrête le temps, par l’œuvre il reconstruit une durée différente.... La transfiguration que la mémoire n’arrive pas à obtenir, l’œuvre l’obtient.  
     
     Il fait de nos actes une lumière, il nous délivre d’eux pour nous livrer à elle.  
     
d’après Jean Grosjean. 
   
 
 
Pierre Jannot (1927-1985)
Pierre Jannot
 
 
CURRICULUM VITÆ
[établi par l'artiste vers 1974]
  
  
     Pierre Jannot .  
     
VITRAUX Nombre  
de baies
Surface  
Bordeaux (A.O.C.: Adjudication Obtenue par Concours) 10 250
Étampes, St Gilles (monument historique, A.O.C.) 11 150
Soignolles 4 15
Aissy 3 35
Woippy 2 10
Magny 2 10
Quilly 1 10
Ussy 5 35
Holtwihr 4 50
Nordausque 3 30
Neuilly St Jacques 2 10
Montmagny 3 15
Bourdonnet Dalle (A.O.C.) 2 50
Betting 2 10
Blois, St Nicolas (monument historique, A.O.C.) 10 100
St Leu Desserent (monument historique, A.O.C.) 15 150
Sigolsheim 4 25
Quilly 2 10
St Géry d'Arras 2 15
Cherbourg 4 60
Metz (La Lanterne) 6 6
Metz Cathédrale (monument historique, A.O.C.) 12 300
Goubeyre (Guadeloupe) 10 65
St Symphorien 15 40
Soumont St Quentin 3 15
Bougival (monument historique) 4 35
Les Sablons (A.O.C.) 2 20
Gournay  en Bray 2 50
Sion, Séminaire, Suisse 4 40
Les Andelys (monument historique) 2 75
Lisieux, St Pierre (monument historique) 5 75
Soigny 2 8
Juan les Pins (Dalle) 10 70
St Cornelius (Chicago) 4 100
Vitraux US 3 75
Vitraux US 10 125
Dieuze, mur animé, relief translucide 50
Vitraux, Suisse 6 120
RESTAURATION
Sens 5 125
Auxerre 10 250
Rouen 2 50
Amiens 4 75
Brie Comte Robert 2 20
  
Notice biographique
[établie par Madame Jannot en 1989,
à l’occasion d’une exposition posthume à Aubusson]
        
     Pierre Jannot est né le 17 juin 1927 au Raincy (93). 

     Il a obtenu son Diplôme de l’École des Arts Appliqués à l’Industrie de Paris dans l’atelier d’art mural de Monsieur Lecaron. 

     Il a débuté en 1949 sa carrière professionnelle chez Pierre Gaudin, maître verrier à Paris, chez qui il a été attaché pendant douze ans à la direction du bureau de dessin. 

     Il a réalisé nombre de vitraux et de mosaïques, en France comme à l’étranger (à Bordeaux, Étampes, Blois, Metz, Lisieux, Saint-Leu, Sion, Chicago, etc.). 

     De 1962 à 1974, il fut l’assistant de Monsieur Lecaron à l’atelier d’art mural de l’École des Arts Appliqués. 

     Durant cette période il rencontra Monsieur Laville, fresquiste, qui l’initia à cette technique. Il fut ainsi amené à réaliser plusieurs fresques, dont celle de l’ancien Hôtel de la Gabelle, près de Saint-Germain-l’Auxerrois, à Paris). Il rencontra de même Robert Wogensky, qui le sensibilisa à l’art de la tapisserie. Il réalisa alors plusieurs projets de tapisserie, dont l’un fut primé en concours adjudicatif pour la Préfecture du Jura. 

     A partir de 1974, il termina sa carrière en Creuse, résidant à Mazeaubouvier, à Saint-Médard-la-Rochette. Nommé professeur à l’École Nationale d’Art Décoratif d’Aubusson, il y enseigna le dessin jusqu’au 3 décembre 1985 [date de son décès, à l'âge de 58 ans]. 

     La technique du tissage en basse lice l’a enthousiasmé et il a ainsi réalisé cinq tapisseries. 

     Il aimait profondément l’enseignement et il désirait fortement contribuer à l’épanouissement de valeurs propres à chacun de ses élèves. 

     Son moyen d’expression était avant tout la peinture. Il en était habité depuis sa prime jeunesse, peignant beaucoup sur nature, mais aimant tout travailler en atelier ce qu’il avait ressenti sur le moment. 
  
     Il avait une rare bonté, une grande humilité et une profonde spiritualité. 

     Cette exposition [à Aubusson, en juin 1989] pourra traduire en grande partie l’expression de sa quête intérieure. 

Yvette Jannot.
     
Paul Rish
[Directeur de l’École Nationale d’Art Décoratif d’Aubusson]
Pierre Jannot, Peintre
[préface du catalogue de l’exposition posthume]
         
  
     Durant onze année nous avons côtoyé Pierre Jannot, nous l’avons apprécié dans sa mission d’enseignant à l’École Nationale d’Art Décoratif d’Aubusson. 

     Lors de sa brutale disparition, le 3 décembre 1985, rares étaient ceux qui connaissaient l’importance de son travail personnel. Professeur réellement motivé, il restait d’une grande discrétion sur son œuvre de peintre. 

     Rendre hommage à lamémoire de Pierre Jannot en vous faisant découvrir se travaux de plasticien, c’est là notre propos. 

     Dessin, peinture, tapisserie, aucune discipline ne lui était étrangère, toutes maîtrisées avec bonheur et mises au service de son expression profondément sereine et parfaitement authentique. 
 

Gilles Sacksick
Écouter Pierre Jannot
  
  
     Est-il quelque chose de plus délicat que de tenter de présenter un œuvre peinte lorsque l’on est peintre soi-même? Existe-t-il quelque de plus étranger au bavardage des mots que l’image picturale, tellement silencieuse par vocation? Et si néanmoins on se laisse tenter par cette modeste aventure littéraire, ne fera-t-on rien d’autre que de dresser le constat de cette double impossibilité?  

     J’ai rencontré Pierre Jannot en octobre 1969, voici donc bientôt vingt ans, cela de la manière la plus drôle et la plus anecdotique qui soit: chez un fournisseur bien connu de Montparnasse, chez lequel, bien indiscrètement je l’avoue, je faisais grand tapage à propos de l’ignorance dans laquelle je me trouvais, ainsi (et cela est plus grave) que ceux supposés savoir, pour tout ce qui touchait aux techniques de la fresque. Me frappant aimablement l’épaule, un homme au regard d’enfance se présente à moi comme pouvant, peut-être selon lui, m’aider dans cette entreprise: je venais de rencontrer Pierre Jannot.  

     Dans l’apprentissage l’un et l’autre, nous avons pris tout le temps nécessaire, et même davantage. Nos conversations, nos échanges restèrent longtemps ceux du strict métier, mais tout de même, se glissèrent rapidement quelques éclairs au milieu de ce jargon fait de nom de pigments, de marques de chaux, de question de prise de mortier à retarder ou à favoriser, de murs hydrophiles ou non, et j’en passe.  

     Ces éclairs désignaient au contraire des régions où, bien que ni méprisé, ni négligé, tout cela n’a plus cours, où les respirations de l’esprit nous donnent la vie, celle-là même que nous refuse le monde étroit de l’intelligence critique.  

    C’est ainsi qu’avec les années, nos relations perdirent lentement leur aspect «professionnel» pour devenir une sorte de méditation commune dans laquelle les interruptions obligées de la vie — nos rencontres étaient rares — ne jouaient plus aucun rôle. Nous reprenions, six mois, un an après, le fil de la réflexion lente, propre au spirituel, sans difficultés, comme si nous venions de nous quitter la veille.  

     Pierre Jannot représente pour moi le peintre qui s’écarte volontairement du monde, du monde artistique (si futile dès que l’on s’avise de le connaître tant soit peu), du monde intellectuel (fait du même bois que le précédent); il est celui qui fait, de la peinture, son véhicule spirituel: langage éminemment personnel, ce qui n’a rien à voir, cela va de soi, avec je ne sais quel individualisme philistin. Il est celui qui peint pour lui-même, c’est-à-dire qu’il peint pour les autres: pour qui a vécu un peu ces choses, il n’y a là aucun paradoxe.  

     On s’étonnera peut-être que je n’avance ici aucune analyse, aucun commentaire autour de cette peinture. Je répondrai, en ce cas, que l’œuvre peinte doit se défendre seule, qu’elle n’a besoin d’aucune prétendue clef pour en faciliter l’approche.  

     Au contraire elle n’a besoin que d’un mur pour y être montrée et de beaucoup de silence. C’est tout.  

     Et si, finalement, j’ai cédé à la tentation d’écrire que je dénonçais plus haut, considérez, je vous en prie, que ce fut par plaisir et pour le plaisir de refaire, une fois encore, le parcours amical et un peu austère de mon ami Pierre Jannot.  
     

Gilles Sacksick
Maisons-Alford / janvier 1989
        
 
Jean Belliard
 
Pierre Jannot: Un art de la lumière
[Le Républicain, 28 septembre 1995]
 
 
      On ne saurait trop remercier le service du patrimoine, les archives municipales et le conservatoire de musique d’avoir pris l’initiative d’exposer les tapisseries de Pierre Jannot (1927-1985). L’église Saint-Gilles, à l’occasion des journées européennes du patrimoine vient d’être le lieu d’une intervention d’un artiste étampois contemporain.  

     Les très nombreux visiteurs de Saint-Gilles ont été sensibles à cet indéfinissable climat de spiritualité auquel participe l’intervention de Pierre Jannot. On peut voir dans ses œuvres d’amples références à l’art du passé et, surtout, à la grande tradition humaniste. De tout temps, les grandes œuvres d’art ont dépendu pour moitié de la pensée et, pour l’autre moitié, de l’existence et de l’esprit, c’est-à-dire de l’invisible. Tracer le parcours de l’émotion, le traduire en forme, en volumes, en couleurs sans le traquer ni le figer. Un rythme, une respiration, réflexion du regard.  

     La vérité de Pierre Jannot est exprimée ici, non seulement à travers les tapisseries qu’il a réalisées à Aubusson, mais aussi grâce à ses vitraux: la verrière centrale du chœur de Saint-Gilles représentant des épisodes de la vie de Jésus, les deux vitraux latéraux qui retracent la vie de saint Gilles, celui enfin situé au-dessus du grand porche qui représente saint Gilles et saint Leu. Chefs-d’œuvre sortis du silence de verre...  

     Pour beaucoup, l’exposition Pierre Jannot fut une révélation. Un regret pourrait cependant être exprimé: deux journées d’exposition ne sauraient suffire!  
  

 
 
Verrière latérale gauche du choeur: Saint Leu
Verrière centrale du choeur: L'oeuvre du Christ
Verrière latérale droite du choeur: Messe de saint Gilles
Verrière du porche: Saint Gilles et saint Leu
Saint Leu
L’œuvre du Christ
Messe de St Gilles
St Gilles & St Leu
 
 
BIBLIOGRAPHIE
  
  
     Pierre JANNOT, Curriculum Vitæ [3 pages dactylographiées], vers 1974 [collection particulière].  

     Pierre JANNOT, Dans notre si petit espace..., Texte calligraphié, début des années 1970 [collection particulière].  

     ÉCOLE NATIONALE D’ART DÉCORATIF D’AUBUSSON, Pierre Jannot [56 p.; 23 illustrations; bref catalogue d’une importante exposition posthume inaugurée le 2 juin 1989; préface de Paul RISCH, directeur], Aubusson, É.N.A.D. d’Aubusson, 1989.  

     Gilles SACKSICK, «Écouter Pierre Jannot», in ÉCOLE NATIONALE D’ART DÉCORATIF D’AUBUSSON, Pierre Jannot, Aubusson, É.N.A.D. d’Aubusson, 1989, p. 5.  

     Marc TEHERY, «Au clair de la lune... » [Souvenir d'un chantier], in ÉCOLE NATIONALE D’ART DÉCORATIF D’AUBUSSON, Pierre Jannot, Aubusson, É.N.A.D. d’Aubusson, 1989, p. 7.  

     Yvette JANNOT, «Pierre Jannot né le 17 juin 1927... » [notice biographique], in ÉCOLE NATIONALE D’ART DÉCORATIF D’AUBUSSON, Pierre Jannot, Aubusson, É.N.A.D. d’Aubusson, 1989, p. 55.  

     [Jean BELLIARD], «Pierre Jannot: "Un art de la lumière"», in Le Républicain (édition Sud-Essonne), n°2638 (28 septembre 1995), p. 5 [compte-rendu d’une exposition à l’église Saint-Gilles d’Étampes].  
    
     Bernard GINESTE, «Pierre Jannot, auteur de quatre vitraux en l’église Saint-Gilles d’Étampes» [pages webs], in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/cae-20-jannot.html, mai 2002.   

    

  
 
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