L’Illustration
VII.161 (samedi 28 mars 1846), pp. 51-62
Chemin de fer de Paris
à Bordeaux.
Première section, de Paris
à Tours.
[extrait, p. 54]
[...] DE PARIS À ÉTAMPES [...]
A peu
de distance se rencontre la station de Brétigny, dont nous ne dirions
rien si ce village, peu important et composé de nombreux hameaux,
n’avait été le théâtre de la signature du fameux
traité de Brétigny. Son église, située sur un
mamelon, se nomme le Guet-Saint-Pierre.
Il nous faut abandonner pour quelques instants
les riants coteaux, les vertes vallées; nous sommes sur le plateau
qui sépare la vallée de l’Orge de celle d’Étampes,
ou de la Juine. Là des champs bien cultivés, mais monotones.
Patience! Bientôt nous allons encore admirer; de belles habitations,
de grands et nobles parcs passeront sous nos yeux. Il faut bien se reposer
un peu.
Marolles est le premier point que l’on rencontre
après Brétigny. Ce que nous avons dit de Brétigny
peut s’appliquer à Marolles. Mais ici nous sommes entrés dans
la vallée de la Juine, et l’influence bienfaisante de l’eau se fait
déjà sentir; un des premier à en profiter est le vaste
parc du Mesnil, entourant le château du même nom; il appartient
à M. le duc de Choiseul. Une vaste échappée de vue nous
permet de voir sur notre gauche une aile de ce château, et ce que l’on
en aperçoit fait vivement regretter de ne pas en voir davantage. Peu
après on arrive au charmant village de Lardy, situé au fond
de la vallée et environné d’énormes plantations de peupliers
et d’arbres fruitiers de toutes sortes.
M. le comte Jaubert possède auprès
de Lardy un délicieux ermitage. Le château de Gillevoisin
est petit, mais qu’il est bien entouré! Situé au fond d’une
vallée, rien n’est plus frais, plus agreste que les environs de cette
charmante habitation.
Torfou, que l’on aperçoit à une
demi-lieue sur la hauteur à droite, a un télégraphe.
Depuis Marolles, la voie de fer a décrit
une courbe fort sensible. En arrivant près de Chamarande, elle en
décrit une dans un autre sens, ce qui permet de voir le noble château
de Chamarande sous deux aspects différents. Ce château, qui
date du dix-septième siècle, est bâti en briques et
en grès. Une noble avenue conduit à l’entrée principale;
de vastes dépendances, des communs d’une dimension peu ordinaire l’entourent.
Son parc est une véritable forêt. Ce manoir, d’un aspect tout
à fait majestueux et grand, est remarquable également par
la beauté de ses eaux. Il appartient à M. le marquis de Talaru.
Dans les environs se trouvent plusieurs tuileries. La campagne qui l’entoure,
semée de rochers de grès, est pittoresque et agreste.
Étréchy, station du chemin de fer,
est un assez grand bourg fermé de murs, traversé par la
route royale d’Orléans et longé par le chemin de fer, qui
le laisse à sa droite, tandis que, vers la gauche, l’œil se repose
avec plaisir sur la délicieuse vallée de la Juine, dans
laquelle on aperçoit à travers les arbres les villages d’Auvers,
de Saint-Georges, le château de Gravelle et celui de Jeure, dont
le parc, arrosé par la Juine, est vaste et bien planté.
De l’autre côté de la rivière on distingue Morigny
avec sa belle église jadis abbatiale.
Un peu plus loin, la route d’Orléans traverse
sous la voie de fer, élevée à cet endroit au moyen
d’un énorme remblai; la Juine donne la vie à un grand nombre
d’usines; nous citerons entre autres le moulin dit de Pierre-Brou, d’une
architecture originale, construit avec élégance, et cependant
bien approprié à sa destination.
Mais déjà nous approchons d’un
des centres d’action du chemin de fer d’Orléans, d’un établissement
important de cette entreprise, qui en compte déjà tant; au
sortir d’une vaste tranchée, image de la solitude, on se trouve tout
à coup transporté au milieu de l’activité la plus
grande; on entre dans la gare d’Étampes. Etc.
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Pharamond
Blanchard
Henri-Pierre-Léon-Pharamond
Blanchard, dit Pharamond Blanchard, artiste peintre français,
est né le 27 février 1805 à La Guillotière
et mort le 19 décembre 1873 à Paris.
Il entra dès 1819 à l’École
des Beaux-Arts et y fut l’élève du baron Gros. Après
un premier voyage en Espagne en 1826, il y retourna en 1833 avec Gros
pour travailler à l’illustration du Voyage pittoresque en Espagne.
Là Blanchard peignit des scènes de genre, de corrida ou
pour illustrer des romans picaresques.
En 1838 il visita le Mexique, pays alors très
exotique en compagnie du prince de Joinville, l’un des fils de Louis-Philippe,
artiste amateur de grand talent), en tant que membre d’une expédition
officielle sous le commandement du vice-amiral Baudin. Dès son
retour, Blanchard réalisa une série d’œuvres commémorant
la prise de Vera Cruz (dont trois furent exposées au salon de 1840).
Ce voyage mexicain lui inspira plus tard deux toiles à sujet historique,
Fernando Cortez (Salon de 1845), et Nuñez de Balboa
découvrant la mer du Sud, 1515 (salon de 1855). Ce voyage fut
suivi d’un autre le long de la côte du nord-est de l’Amérique
du Sud jusqu’au Brésil, puis à travers l’Afrique du Nord.
Il a évidemment apprécié ce voyage; son périple
à Constantinople l’a conduit à publier en 1855 un récit
illustré de son voyage depuis Paris jusqu’à la capitale
de l’empire ottoman.
Blanchard avait fait ses débuts au
Salon de 1834 avec une scène de corrida, et il continua y exposer
trente années durant jusqu’en 1865. Il revint au thème mexicain
en dépeignant un épisode de la malheureuse tentative que
fit la France pour y établir comme empereur l’Archiduc Maximilien.
Les paysages de Blanchard sont d’habitude
accessoires, mais ses voyages à l’étranger lui ont donné
l’occasion d’utiliser des décors exotiques, et il y a montré
les grandes qualités d’observation qui font la force de ses œuvres
majeures.
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Adrien
Dauzats
Adrien
Dauzats, artiste-peintre français né à Bordeaux en
1804 et mort à Paris en 1868, fut l’élève de Michel-Julien
Gué. En 1830 il entreprend un voyage dans tout le Proche-Orient
puis effectue un assez long séjour en Algérie pendant lequel
il s’habille souvent en arabe et effectue d’aventureuses excursions. Au
cours de ses voyages il réalise de nombreux dessins, esquisses de
ses toiles et précieux documents qui font de lui un témoin
privilégié de l’Orient du début du XIX° siècle.
Lynne Thornton dit de lui ("Les Orientalistes, Peintres Voyageurs", voir
la rubrique bibliographie) qu’il est le premier peintre à représenter
l’Orient avec objectivité et une scrupuleuse exactitude. Il signe
avec Alexandre Dumas un livre intitulé Quinze jours au Sinaï.
Il expose pour la première fois au Salon en 1831. En 1837 il sillonne
l’Andalousie et en 1839 se rend en Algérie pour suivre l’expédition
militaire du Duc d’Orléans.
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BIBLIOGRAPHIE PROVISOIRE
Éditions
ANONYME, «Chemin de fer de
Paris à Bordeaux», in L’Illustration. Journal universel
VII/161 (samedi 28 mars 1846), pp.
51-62 [avec 41 gravures de Philémon Blanchard et Adrien Dauzats
et 4 cartes], dont une réédition partielle par le Corpus
Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-19-18460328illustration.html,
2005 [le texte concernant les environs d’Étampes est pp. 54-55 & les gravures
concernant Chamarande et Étampes pp. 53 & 56-57].
Pharamond BLANCHARD
et Adrien DAUZATS, «Château de Chamarande,
à M. de Talaru» [gravure sur bois], in L’Illustration
VII/161 (samedi 28 mars 1846), p.
53.
Bernard GINESTE
[éd.], «Pharamond Blanchard et Adrien
Dauzats: Chamarande (gravure sur bois, 1846)»,
in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/cae-19-blanchard1846chamarande.html, 2005.
Sur Pharamond Blanchard et Adrien
Dauzats
THE MATTHIESEN GALLERY, «Henri-Pierre-Léon-Pharamond
BLANCHARD - Biography» [in English], in ID., European Pintings
(Online Art Gallery specializing in paintings from the Early Renaissance
to the Early 20th Century), http://www.europeanpaintings.com/exhibits/frlscape/blnchdbi.htm,
en ligne en 2005.
Adrien DAUZATS, gravures, in
Charles NODIER [de l’Académie Française], Journal de l’expédition
des Portes de Fer [avec 194 illustrations (dessins de Raffet, gravures
d’Hébert, Pinaud, Brévière, Lavoignat, Dauzats, Montigneul)],
Paris, Imprimerie Royale, 1844; dont un microfilm (m 9946/R 85266), dont
181 images numérisées par la BNF et mises en ligne sur son
site Gallica, http://gallica.bnf.fr/scripts/ConsultationTout.exe?O=02000050,
en ligne en 2005.
Hervé LAURET, «Adrien Dauzats
(1804-1868)», in «Peintres orientalistes français.
Index des peintres par ordre alphabétique», in ID., La
Peinture Orientaliste, http://orientaliste.free.fr/biographies/artistes1c.html,
en ligne en 2005.
MINISTÈRE DE LA CULTURE, «Adrien
Dauzats» [images en ligne d’œuvres de Dauzats conservées
par les Musée français], in ID, Base Joconde, http://www...., en ligne en 2005.
Rémi
BLACHON, La gravure sur bois au XIXe siècle: l’âge
du bois debout [32 cm; 304 p.; relié; illustrations; préface
de Pierre-Jean Rémy; 2 parties (1. Histoire de la gravure sur
bois d’illustration au XIXe siècle; 2. Dictionnaire des graveurs
sur bois du XIXe siècle], Paris, L’Amateur, 2001 [ISBN: 2859173323; 57,93 euros].
Notes de l’éditeur:
Cet ouvrage
nous livre un parcours passionnant, qui commence avec les graveurs
arméniens de Constantinople et s’achève avec Paul Gauguin.
Deux inventions du XVIIIème siècle, la gravure sur bois
debout et la lithographie, vont révolutionner l’image imprimée
au siècle suivant. La plupart des peintres ou dessinateurs s’exprimeront
directement sur la pierre (Delacroix, Daumier, Manet, Lautrec), mais
dès qu’ils créeront des illustrations pour des livres ou
des journaux, ils confieront leurs dessins à des graveurs sur bois.
Ainsi, les artistes ont-ils la chance de voir leurs créations plus
largement diffusées par les livres et par les magazines. Mais,
hélas, l’histoire de l’édition et l’histoire de l’art n’ont
que trop tendance à négliger le travail et le talent du graveur.
Ce livre a le mérite d’éclairer
enfin le rôle primordial des interprètes, ceux dont les
mains expertes creusent les sillons dans le bloc de buis. Car c’est bien
grâce à leur maîtrise que naissent au grand jour
les vignettes célèbres imaginées par Tony Johannot,
Grandville ou Gustave Doré. L’auteur dégage de nouvelles
perspectives dans l’évolution technique et artistique de la gravure
sur bois. Au-delà des frontières françaises, le sujet
est élargi et relié aux pays voisins, et jusqu’en Amérique.
Les échanges fréquents et fructueux imposaient un recul
comparatiste, surtout par rapport à l’influence déterminante
des Anglais, précurseurs et initiateurs de toute une génération
de graveurs français et européens. L’étude historique
de Rémi Blachon est doublée d’un Dictionnaire
des graveurs tout pays confondus.
A lui seul, ce Dictionnaire représente
un hommage aux graveurs et constitue un instrument de recherche indispensable
aux chercheurs: on n’en soulignera jamais assez la nouveauté
et la nécessité. En outre, les notices et les annexes
livrent de précieux compléments sur les pratiques, les
enjeux et les motivations professionnelles.
Relié - 304 pages - 2020 grammes.
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Toute critique, correction ou contribution sera la bienvenue.
Any criticism or contribution welcome.
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Source de l’image: L’Illustration du 28 mars
1846.
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