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Nous rééditons ce texte pour l’instant seulement d’après le texte secondaire de Migne, en attendant mieux (à savoir l’édition princeps de Du Chesne et l’édition critique de Mirot). Nous y joignons deux traductions partielles anciennes, à savoir celles de Sainte-Palaye et de Menault, également en attendant mieux, plus un appareil bibliographique provisoire. Nous avons mis par ailleurs en ligne une remarquable étude sur Thiou (ou Téulfe) de Dom Clémencet. Saisir des textes anciens est une tâche fastidieuse et il ne faut pas décourager ceux qui s’y attellent en les pillant sans les citer. |
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Noveritis, o posteri nostri, diabolum et angelos ejus primordiis hujus
Ecclesiae multum invidisse, crebris eam impugnationibus vexavisse, tribulationes
saepe graves concitavisse, et penitus eam exstinguere tentavisse. Sed Dominus,
proreta bonus, navim suam per hoc mare magnum et spatiosum currentem,
a vertiginibus undarum, a vorticibus fluctuum, a turbinibus ventorum semper
eripuit. Qui etsi quando dormire visus est, tamen lacrymis et precibus
servulorum suorum pulsatus evigilavit, ventis et mari ut conquiescerent
imperavit, et ut tempestatem magnam magna tranquillitas sequeretur, gratia
sua effecit. Cavete ergo, o posteri nostri, cavete ab hostibus tam immanibus,
qui non transeunt nobis transeuntibus, qui non dormiunt nobis dormientibus,
qui non moriuntur nobis morientibus. Numerositas autem tribulationum nostrarum
frequentius occasiones accepit ex simultate abbatum et monachorum invicem
invidentium, invicem mordentium. Atqui hostis malignus, quo nihil est malignius,
ex loco vulnus infligit libentius, quo mortem infert facilius. Hostis enim
hostem citius volens exstinguere, non manum aut pedem amputat, non aures
aut nares truncat, non orbes eruit, non alias corporis partes impetit, sed
cruento gladio caput a cervice rescindit, et ita facile uno vulnere omnia
membra occidit. Sic et diabolus congregationem totam quaerens occidere,
abbatem a congregatione, quasi caput a corpore, gladio discordiae satagit
separare. Quomodo enim poterit corpus animantis vivere sublato capite? Hic
facio finem, ne quem scribendo fatigem. NOTA: Forsan filius famosi illius Milonis de Leherii-Monte, et frater minor Milonis vicecomitis Trecensis. Cf. Sugeri Vitam Ludovici Grossi, cap. 8. |
— La chronique de l’abbaye de Morigny, près d’Étampes, est un des documents les plus intéressants que nous ayons pour l’histoire de la France et de l’Église du temps de Louis VI et de Louis VII. Nous n’en possédions cependant jusqu’alors qu’une seule édition intégrale, celle d’André Duchesne, qui a été reproduite par Migne au t. 180 de sa Patrologie Latine. L’édition de M. Mirot nous apporte un texte revu sur l’unique manuscrit connu (aujourd’hui au Vatican, et déjà utilisé par Duchesne), une annotation soignée, un index et une excellente étude sur les auteurs de la chronique. Celle-ci, on le sait, comprend trois livres. Le premier, composé par Thiou, préchantre du monastère, a dû être écrit entre 1106 et 1108. La manuscrit du Vatican ne nous en a pas transmis le texte intégral. M. Mirot estime qu’il en contient seulement le début et la fin; peut-être vaudrait-il mieux ne considérer que comme une transition le paragraphe dans lequel M. Mirot voit un [p.450] prologue et admettre la disparition des premiers chapitres de l’ouvrage; mais, au point de vue critique, c’est là un détail sans grande importance. Pour le second livre, M. Mirot a pleinement raison, croyons-nous, de rejeter l’attribution à l’abbé Thomas, proposée, vraiment trop à la légère, par M. Hampe. Tout ce que l’on peut dire de l’auteur, semble-t-il, c’est qu’il était moine à Morigny et qu’il écrivit, non pas au jour le jour, mais d’un seul jet, vers 1132. Le troisième livre a été écrit par un autre moine entre 1149 et 1151 environ. La simple lecture de la chronique suffit, croyons-nous, à prouver la sagesse de ces conclusions que M. Mirot a fort bien mises en lumière. Malheureusement l’édition qu’il nous donne laisse fortement à désirer, et l’on relève dans le texte bien des négligences qui étonnent de la part d’un érudit aussi consciencieux: M. Mirot a omis de corriger quantité d’erreurs évidentes commises par le copiste du manuscrit du Vatican; il lui est arrivé à plusieurs reprises, semble-t-il, d’en ajouter de son propre cru; enfin, la ponctuation est tellement fautive que certaines phrases sont souvent presque incompréhensibles. Nous croyons devoir indiquer ici quelques rectifications indispensables: P. 2, l. 8, ajouter ne entre finem et scribendo. — P. 5, l. 12, corriger combentia, qui ne présente aucun sens, en convenientia. — P 8, l. 2 et 8, corriger plebis en plebe et asscicere en associare. — P. l.14, mettre au moins un ; avant id vero. — P. 13, l. 3, corriger potuisse en potuissent. — P. 13, l. 16, phrase incompréhensible. — P 14, l. 7, lire refocillatus au lieu de refocilliatus. — P. 15, l. 16, ajouter un ; après actenus. — P. 24, l. 16, lire duello. — P. 25, l. 18, supprimer la virgule après sicut decebat, sans quoi la phrase n’a pas de sens. — P. 29, l. 10, le début de la ligne n’offre aucun sens; peut-être faut-il lire que [vide]licet graviora sunt. — P. 30, l. 3 et 12, ajouter des virgules après placuisset et negotium. — P. 32, l. 6, lire cum et non eum. — P. 33, l. 1, lire venerabiliores. — P. 39, l. 25, phrase incompréhensible. — P. 41, l. 1, lire exagitationibus; l. 28 et suiv., phrase ponctuée à contre-sens; l. 34, lire mediocria. — P. 42, l. 29, phrase incompréhensible. — P. 43, l. 5, lire rege. — P. 44, l. 8 et suiv., le texte complètement dénaturé, au point de ne plus présenter aucun sens, doit être probablement restitué: sed nostra non negligentia sed inopia peperit hunc reatum. Ne vero diu boni hujus dilatio vestram crudescat in iram, etc. — P. l. 7, lire seducendi nactus occasionem, et non se ducendi in actus occasionem; l. 28, mettre un point après repellentibus. — P. 47 , l. 16, lire Termopilarum et non termofilarum qui est inintelligible; l. 20, lire hic et non hinc. — P. 49, l. 17, lire ut et non et. — P. 50, l. 14, lire urbis et non urbi. — P. 52, l. 3, lire quia et non quare; l. 15, lire sans doute ab adstantibus au lieu de abstantibus. — P 54, l. 19, lire se cum eo. — P. 60, l. 11, ajouter une virgule entre qui et quod; l. 18, phrase incompréhensible. — P. 61, l. 1, inveteratum ne présente aucun sens. — P. 63, l. 8 et suiv., la phrase est incompréhensible si l’on ne met pas une virgule entre virum et secundum (en supprimant la virgule de la ligne suivante) et une virgule au lieu d’un point entre voluit et cui. — P. 69, l. 13, lire dampni. — P. 72, l. 30, lire eosque. Nous espérons que M. Mirot et le comité directeur de la Collection de [p.451] textes tiendront à honneur de réparer au plus tôt ces négligences en publiant un erratum et en faisant même composer quelques «cartons» destinés à remplacer les pages les plus fautives. L. H.
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1) Andreas DU CHESNE [alias DUCHESNE,
DUCHÊNE, CHESNIUS, DUCHESNIUS, QUERNEUS, QUERCETANUS] [éd.]
(1584-1640) & Fransciscus DU CHESNE [François, son fils &
continuateur] (1616-1693), Historiae Francorum scriptores coaetanei...
quorum plurimi nunc primum ex variis codicibus mss. in lucem prodeunt,
alii verò auctiores et emendatiores; cum epistolis regum, reginarum,
pontificum, ducum, comitum, abbatum et aliis veteribus rerum Francicarum monumentis
opera ac studio Andreae Du Chesne [tom. I-II] — Historiae, etc., opera
ac studio filii post patrem Francisci Du Chesne [tom. III-V] [5 vol.
in-f°], Lutetiae Parisiorum [Paris], sumptibus S. Cramoisy, 1636-1649 [Du Chesne envisageait
un recueil de 34 volumes mais la mort l’arrêta avant que ne parût
le 3e], tome IV, 1641, pp. 359 sqq. 3a) Jacobus-Paulus MIGNE [Jacques-Paul
MIGNE, 1800-1875] [éd.], «Anno DominiMCXLV Mauriniacensis
monasterii chronicon, etc.», in ID., Patrologiae cursus completus
omnium SS. Patrum, doctorum scriptorumque ecclesiasticorum sive Latinorm,
sive Graecorum. Patrologia Latina [Paris; 29 cm; 217 vol. de textes
(1844-1855) &
4 d’index (1862-1864)], t. CLXXX , cc. 131-176 [cc. 131-134
pour le livre I]. 4a) Johann Baptist Mathias WATTERICH,
Pontificum romanorum qui fuerunt inde ab exeunte saeculo IX.
usque ad finem saeculi XIII. vitae ab aequalibus conscriptae, quas ex
Archivi pontificii, Bibliothecae Vaticanae aliarumque codicibus adjectis
suis cuique et annalibus et documentis gravioribus edidit J. M. Watterich
[«Vies des Pontifes romaines de la fin du XIe siècle à
la la fin du XIIIe rédigées par leurs contemporains, éditées
par J.M. Watterich d’après des annales et des documents plus importants,
sans compter des livres consacrés à chacun d’entre eux, tirés
des Archives pontificales, de la Bibliothèque Vaticane et d’autres
bibliothèques»; 2 vol. in-8°; vol. I: Pars I-IV. Johannes
VIII-Urbanus II, 872-1099; vol. II: Pars IV (continuata)-VI. Paschalis
II-Coelestinus III, 1099-1198], Lipsiae [Leipzig], 1862, vol. II [courts extraits
des livres II et III seulement, relatifs aux Papes du temps]. 5a) Georg WAITS [éd.],
«Ex Historia Mauriniacensis monasteril» [«Extraits
de l’Histoire du monastère de Morigny»; textes, introduction
et notes en latin], in ID. [éd.], Monumenta Germaniae historica,
inde ab anno Christi quingentesimo usque ad annum millesimum et quingentesimum.
Scriptorum. Tomus XXVI. Ex Rerum Francogallicarum Scriptoribus [«Extraits
d’auteurs servant à l’Histoire de France»], Hannover [Hannovre],
Societas aperiendis fontibus rerum germanicarum medii aevi, 1881 [L’auteur de cette édition
partielle mais intéressante n’a pas réussi à retrouver
le manuscrit du Vatican, et ne présente pas d’extraits du Livre
I]. 6a) Léon MIROT [1870-1946],
Chronicon Mauriniacense — La chronique de Morigny (1095-1152)
[1e éd.; XIX+98 p.; 23 cm; texte latin, notes, bibliographie,
index], Paris, Picard [«Collection de textes pour servir à
l'enseignement de histoire» 41], 1909. 7) Bernard GINESTE [éd.], «Thiou de Morigny: Fragments d’une chronique, vers 1107» [page provisoire], in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/cls-12-1107thiou-livre1.html, janvier 2003 [cette page sera grossie ultérieurement des textes de l’édition princeps de Du Chesne, et de celle de Mirot]. 1) Jean Baptiste de LA CURNE DE SAINT-PALAYE [dit Monsieur de SAINT-PALAYE] (1697-1781), «?», in Mémoires de l’Académie des Inscriptions 10 (1736), pp. 541-? [traduction d’un passage du livre I, reprise par CLÉMENCET 1979, p. 591]. 2) Ernest MENAULT, Essais historiques etc. [voir infra], Paris, A. Aubry, 1867, pp. V-VIII [traduction partielle et parfois approximative du livre I, reprise par GINESTE 2003, http://www.corpusetampois.com/cls-12-1107thiou-livre1.html]. 3) Dr Richard CUSIMANO [professeur d’histoire à l’Université Lafayette de Louisiane, qui remercie dans sa préface ses amis François Jousset et Gérard Niquet], A Translation of The Chronicle of the Abbey of Morigny, France c. 1100-1150. Translated, with an Introduction and Endnotes by Richard Cusimano [15,5 cm sur 23,5; 237 p. & 11 planches en couleur; texte latin (de l'édition Mirot avec apparat critique en regard de la traduction anglaise; 13 photographies couleur au total; 2 cartes; 3 tableaux généalogiques; 49 p. de notes; bibliographie pp. 219-223; index], Lewinston (New York, USA), Queenston (Ontario, Canada) & Lampeter (Pays de Galle, Royaume-Uni), Edwin Mellen Press [«Mediaeval Studies» 22], 2003. 4) Bernard GINESTE [éd.], «Thiou de Morigny: Fragments d’une chronique, vers 1107» [page provisoire], in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/cls-12-1107thiou-livre1.html, janvier 2003. [Notre propre traduction est en cours.] Claude DORMAY [ou DORMAI; chanoine régulier à Saint-Jean-des-Vignes de Soissons], Histoire de la ville de Soissons, et de ses rois, ducs, comtes et gouverneurs; avec une suite des évêques et un abrégé de leurs actions, diverses remarques sur le clergé et particulièrement sur l'église cathédrale, et plusieurs recherches sur les vicomtés et les maisons illustres du Soissonnais [2 vol. in-4°; figures et plans], Soissons, N. Aseline, 1663-1664, livre 5, chapitre 30 [sur la carrière postérieure de Téulfe, prieur puis abbé de Saint-Crépin de Soissons]. R. P. D. Joannis MABILLON [Jean
MABILLON; pseudonyme: EUSEBIUS ROMANUS] (1632-1707), Annales ordinis
S. Benedicti, occidentalium monachorum patriarchae, in quibus non modo
res monasticae sed etiam ecclesiasticae historiae non minima pars continetur,
auctore Domno Johanne Mabillon [«Annales de l’ordre de saint
Benoît, patriarche des moines d’Occident, qui ne traitent pas seulement
des affaires monastiques mais encore d’une partie considérable de
l’histoire de l’Église, par Dom Jean Mabillon»; 6 vol. in-f°;
tome V publié par Massuet; tome VI commencé par Ruinart et
Massuet, achevé et publié par Martène], Lutetiae Parisiorum
[Paris], C. Robustel [J. Rollin pour le tome 6], 1703-1739 [Deuxième édition:
Annales etc. Editio 1a italica, a quamplurimis mendis, quae in parisiensem
irrepserant, ad auctoris mentem expurgata («Annales, etc., première
édition italienne, expurgée dans l’esprit de l’auteur des nombreuses
fautes qui s’étaient glissée dans celle de Paris»; 6
vol. in-f°; frontispice gravé, port., planches et figures), Lucae
(Luques), typis L. Venturini, 1739-1745], livre 77, note 28 [sur la carrière postérieure
de Téulfe, prieur puis abbé de Saint-Crépin de Soissons]. Dom Charles CLÉMENCET
(1703-1778), «Téulfe, abbé de Saint-Crespin de Soissons»,
in ID. [éd.], Histoire littéraire de la France. Tome
onzième, qui comprend la suite du douzième siècle
de l’Eglise, par des Religieux bénédictins de la congrégation
de S. Maur [couvre avec le tome X les années 1141-1167], Paris,
1759. — 2e
édition: «Téulfe, abbé de Saint-Crespin de
Soissons», in Alexis-Paulin PARIS [rééditeur et réviseur
(1800-1881)], Histoire littéraire, etc. Nouvelle édition,
conforme à la précédente et revue par M. Paulin Paris
[27 cm; 663 p.], Paris, V. Palmé, 1865-1869. — 3e édition
: Fac-similé de l’édition de la 2e édition: Nendeln
(Liechtenstein), Kraus, 1974. — 4e édition: Numérisation
en mode image de la 3e édition par la BNF, 1995, en ligne en 2003 : gallica.bnf.fr,
N028035, http://gallica.bnf.fr/scripts/ConsultationTout.exe?O=N028035&E=0 (en ligne en 2003), pp. 689-694. — 5e édition: Saisie
en mode texte par Bernard Gineste de la 4e édition et mis en ligne
in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/cle-12-clemencet-teulfe.html,
janvier 2003. Ernest MENAULT [1825-1903],
Essais historiques sur les villages de la Beauce. Morigny (village
monacal), son abbaye, sa chronique et son cartulaire, suivis de l’histoire
du Doyenné d’Étampes [in-8°; 212+209 p.; 100 exemplaires
dont 25 sur papier vergé; éditions princeps du Cartulaire
et de l’Histoire du doyenné; couronné par l’Institut], Paris,
A. Aubry, 1867. Léon GUIBOURGÉ, «L’abbaye de Morigny», Bulletin de la Société historique et archéologique de Corbeil, d’Étampes et du Hurepoix 33 (1963), pp. 77-90. Raymonde de SAINT-PÉRIER,
«Morigny et son abbaye», in Pays d’Yvelyne, de Hurepoix
et de Beauce [publication trimestrielle de la S.A.R.R.A.F.] 9 (1965), pp. 14-18 [nombreuses
illustrations]. Merci de nous communiquer tout autre donnée disponible. |
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