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304.
Habet in Celsiaco(4)
villa mansum indominicatum absum, ubi aspitiunt de terra arabili bunuaria
VII. Habet ibi sex mansos, qui solvunt de argento, omni anno, solidos VIIII,
pro carropera ad Trecas(5)
denarios VIIII. Arant ad ibernaticum perticas X, ad tramisum perticas
IIII; curvadas IIII, si bovos habuerint; carroperam in Æquilinam(6)
ad tertium annum. Traunt de fimo, ad tertium annum, quantum trahere possunt
per duos dies; bannos III. Sunt ibi quinque homines
[p.153] sancti Germani, qui
solvunt denarios XX. Fatiunt in unaquæque ebomada dies VI per
bladum; fatiunt cuvadas III, et accipiunt panem et pulmentum. Solvunt pullos
VI cum ovis. Habet ibi de silva bunuaria II. Aspicit ibi ecclesia edificata
in honore sancti Martini cum doto; attamen nihil solvit. Pertinent ad ipsam
ecclesiam hospitia V, sed tamen absa sunt præter I, qui solvit ad
ipsam ecclesiam denarios VI. Habet ad ipsam ecclesiam de benefitio mansum
I, qui solvit de argento solidos VIII.
305. Donatio
quam fecit Brunardus de alodo proprie ereditatis suæ, in villa Celsiaco.
In nomine sancte et individue Trinitatis. Ego Brunardus ingenuus, de ingenuis
parentibus natus, tam pro remedio anime meæ, quam pro remedio genitoris
mei seu genetricis necnon parentum meorum, trado et transfundo duos mansos
proprie ereditatis meæ beatissimo presuli Germano Parisiacæ
urbis, sitos in villa ipsius sancti pontificis, nomine Celsiaco, in pago
Stampinse(1).
Totum eidem concedimus sancto cum integritate et cum omnibus eorum appenditiis,
terris cultis et incultis, pratis, et cum una molendini area: eoquidem
tenore, ut de redituro censu, quod exinde exierit, queat lumen habere ante
sanctum ejus sepulcrum; quatinus, ejus piis meritis et intercessionibus,
valeamus adipisci perfectionem mentis a Domino, et contemplari eum in sede
magestati [sic]
suæ. Si quis vero, quod minime credimus, fuerit successorum nostrorum,
qui contra hanc traditionem assurgere temtaverit, coactus auri libras X
componat, et insuper quod repetit minime adquirat; et veniant super eum
omnes maledictiones que sunt scripte in libris.
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(5) Troyes (Aube). (6) Le nom d’Yveline est resté seulement à la partie sud-est de la silva Æquilina dont la forêt de Rambouillet faisait aussi partie. (Cf. A. Maury, Les forêts de la Gaule et de l’ancienne France, p. 150-154.) * Fol. 59v°. (1) L’Étampois, pagus ou comté de l’époque franque, dont la première mention connue se trouve au traité d’Andelot (587), tirait son nom d’Étampes (Stampæ) qui en était le chef-lieu. (2) Le 1er avril 849. (3) La souscription de ce personnage, au bas d’un contrat passé à Paris, semble indiquer, comme le pensait Guérard, qu’il gouvernait le comté dont cette ville était le chef-lieu, et c’est là un argument, — le seul d’ailleurs, — à opposer aux auteurs qui refusent d’inscrire Conrad, oncle maternel de Charles le Chauve, sur la liste des comtes de Paris (voir à ce sujet T. Du Plessis, Nouvelles annales de Paris, p. 156-157). Conrad, l’un des frères de l’impératrice [p.154] Judith, est surtout connu comme comte d’Auxerre; il mourut le 22 mars 865 ou 866 (Lebeuf, Mémoires sur l’histoire civile et eccl. d’Auxerre, t. II, p. 31 à 35; T. Du Plessis, op. cit.), laissant trois fils: Conrad II, qui figure en 879 dans les Annales Bertiniani comme comte de Paris; Hugues l’Abbé, marquis de Neustrie, de 867 à 886, et Rodolphe, qui ceignit la couronne royale dans la Bourgogne jurane, en suite de la déposition de Charles le Gros, et fut ainsi le fondateur d’une dynastie qui occupa le trône pendant une période de cent quarante-six ans (887 à 1033). (4) Gozlin, abbé de Saint-Germain des Prés, de 843 environ à 853, époque où il fut pris par les Normands, gouverna une seconde fois l’abbaye, de 867 à 884; à cette date, il fut élu évêque de Paris et mourut en 886, alors que les Normands assiégeaient sa ville épiscopale, dont il fut l’un des plus valeureux défenseurs. (5) Le mot et les deux suscripsit qui précèdent sont en écriture tironienne. |
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Il y a dans le domaine de Souzy un manse domanial
inoccupé, dont dépendent sept bonniers
de terre arable. Il y a là six manses qui paient
en numéraire, chaque année, huit sous; pour le charroi
à Troyes, huit deniers; ils labourent dix perches
à l’hivernage, et quatre perches
au trémois; quatre jours de corvée
pour ceux qui ont des bœufs; un charroi à
Yveline tous les trois ans; ils épandent du fumier tous les
trois ans, tout ce qu’ils peuvent épandre en deux jours; trois jours
de ban. Il y a là cinq hommes appartenant à
Saint Germain, qui paient vingt deniers: ils travaillent six jours par
semaine pendant la moisson; ils font six jours de
corvée et reçoivent pain et viande;
ils paient six poulets et des œufs. Il y a là deux bonniers
de forêt. En dépend une église bâtie en l’honneur
de saint Martin qui est dotée, mais elle ne paie rien; de cette
même église dépendent cinq tenures,
mais cependant elles sont inoccupées, sauf une qui paie six deniers
à la dite église; il y a pour la même église,
à titre de bénéfice, un manse
qui paie en numéraire huit sous.
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Mansus indominicatus: C’est «le centre d’exploitation du domaine, composé de divers bâtiments d’habitation et d’exploitation agricole, de dépendances avec une cour entouré d’une palissade et souvent un jardin attenant. Par extension, le terme peut désigner la réserve seigneuriale du domaine, composée du centre d’exploitation et de biens fonciers, surtout des champs, du bois, des prés et souvent de la vigne». [Guérault]. Bonnier: Unité de superficie difficile à préciser, de l’ordre de l’hectare. Manse: C’est tant «une exploitation rurale, une ferme, tenue par un ou plusieurs foyers» qu’une «unité d’imposition des charges domaniales.» [Guérault]. Charroi à Troyes: Droits perçus, probablement, sur tout transport de marchandises à la foire de Troyes. Perche: La perche de Paris, au moins à la fin de l’Ancien Régime, valait trois toises, soit 11 m2 environ. Chaque tenancier est probablement tenu de labourer, sur la réserve seigneuriale, plus d’un are en octobre (dix perches), et moins de la moitié en mars ou avril (quatre perches), ceci vraisemblablement pour ceux qui n’ont pas de bœufs, les autres ayant quatre jours de corvée, c’est-à-dire également de labourage. Hivernage: C’est-à-dire en octobre selon Guérault. Trémois: «Labours et semailles de printemps, effectués généralement en mars ou avril». [Guérault] Corvée: «Prestation de labour avec un attelage de bœufs sur les terres de la réserve. Ce travail s’effectue en commun avec les autres dépendants.» [Guérault] Charroi à Yveline: C’est ici une prestation en nature. Ban: «Toute prestation en travail exigée en vertu du droit de ban». [Guérault]. Moisson: Bladum a ici son sens originel de «récolte», et non encore de «blé». Dotée: Il s’agit de «la dotation attribuée à une église pour son entretien et celle de son desservant. Elle est constituée de biens fonciers ou de petites exploitations avec leurs dépendants, exploitant ses possessions à son profit.» [Guérault] Tenures (hospicia): Littéralement «hospices», c’est-à-dire tenure ecclésiastique: «Hospice, originellement tenure d’un hôte ecclésiastique (hospes). Il est souvent attribué en dotation à une église domaniale pour l’entretien du bâtiment et du desservant.» [Guérault] Bénéfice: «Bien foncier concédé à titre d’usufruit, sans charges». [Guérault] |
B.N., ms. lat. 12832 (ex Sangermanensis, lat. 439bis). Benjamin GUÉRARD [éd.], Polyptique de l’abbé Irminon, ou Dénombrement des manses, des serfs et des revenus de l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés sous le règne de Charlemagne [...], avec des prolégomènes pour servir à l’histoire de la condition des personnes et des terres depuis les invasions des barbares jusqu’à l’institution des communes [2 vol. in-4°], Paris, Imprimerie royale, 1836-1844, p. 116. Auguste LONGNON, Polyptyque de l’abbaye de Saint-Germain des Prés, rédigé au temps de l’abbé Irminon et publié d’après le manuscrit de la Bibliothèque Nationale. Première partie: Texte du Polyptyque [in-8°; texte latin annoté], Paris, Honoré Champion, 1886, pp. 153-154 [dont une édition numérique (en mode texte) par le Corpus Étampois, 2002].. Dieter HÄGERMANN [dir.], Konrad ELMSHÄUSER & Andreas HEDWIG, Das Polyptychon von Saint-Germain-des-Prés [editio critica; 30 cm; XXIX+317 p.; 2 planches; introduction en allemand et texte latin], Köln & Weimar & Wien, Böhlau, 1993. Bernard GINESTE [éd.], «Irmino Sangermanensis: De Celsiaco villa in pago Stampensi, hodie Souzy-la-Briche, ca. anno 823» [ed. Longon], in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/cls-09-irmino-decelsiaco.html, 2002. Bernard GINESTE [éd.], «Brunardus: Donatio alodi in Celsiaco villa siti, hodie Souzy-la-Briche, anno 849» [ed. Longon], in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/cls-09-brunardus-donatio.html, 2002. . Auguste LONGNON, Le polyptyque de Saint-Germain-des-Prés rédigé au temps de l'abbé Irmino. Vol. 1: Commentaire, Paris, 1886. Jean-Pierre DEVROEY, «Mansi absi, indices de crise ou de croissance de l’économie rurale du haut moyen âge?» dans Le Moyen Age 82 (1976), pp. 421-451. [sur les manses inoccupés]. Robert FOSSIER, Polyptyques et censiers, Turnhout, Brepols [«Typologie des sources du moyen-âge occidental» 28], 1978. Werner JANSSEN & Dietrich LOHRMANN [éd.], Villa-cutis-grangia. Économie rurale entre Loire et Rhin de l'époque gallo-romaine au XII-XIIIème siècles, München & Zürich, [«Beihefte der Francia» 11], 1982. Adriaan VERHULST [éd.], Le grand domaine aux époques mérovingiennes et carolingiennes (Actes du colloque international de Gand, 8-10 septembre 1983), Gand, Centre belge d’histoire rurale [«Publication du Centre...» 81], 1985. Jean-Pierre DEVROEY, «Problèmes de critique autour du polyptyque de l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés», in Hartmut HARTMUT [éd.], La Neustrie. Les pays au nord de la Loire de 650 à 850, Sigmaringen, [«Beihefte der Francia» 16/1], 1989, pp. 441-465. Konrad ELMSHÄUSER & Andreas HEDWIG, Studien zum Polyptychon von Saint-Germain-des-Prés, Cologne, Weimar & Vienne, Bölhau, 1993.
Yoshiki MORIMOTO, «Autour du grand domaine carolingien: aperçu
critique des recherches récentes sur l’histoire
rurale du haut Moyen Age (1987-1992)», in Adriaan VERHULST ADRIAAN
& Yoshiki MORIMOTO, Économie rurale et économie urbaine
au moyen-âge, Gand, Centre belge d’histoire
rurale [«Publication Centre...» 108] & Kyushu, University
Press, 1994.
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