CORPUS HISTORIQUE ÉTAMPOIS
 
Léon Guibourgé
 La Croix de Vaux Mil Cent
Étampes ville royale, chapitre VI.4
1957

La rue du Haut-Pavé (carte postale Berthaud frères n°30)
  
ÉTAMPES, VILLE ROYALE
Étampes, chez l’auteur, 1957
chapitre VI.4, pp. 218-219.
La Croix de Vaux Mil Cent
CHAPITRE PRÉCÉDENT
TABLE DES MATIÈRES
CHAPITRE SUIVANT




Léon Guibourgé      LA CROIX DE VAUX MIL CENT, SOUVENIR DE RAVAILLAC

       Le carrefour de l’Ecce Homo, près duquel se trouvait l’hôpital Saint-Jean, dont nous avons parlé, a une certaine célébrité à l’occasion de l’assassinat d’Henri IV par Ravaillac. Celui-ci est né près d’Angoulême. Partisan exalté dans la lutte entre catholiques et protestants, il médite le projet de tuer le roi Henri IV. Il vient d’abord à Paris au début de l’année 1610, mais il ne peut approcher du roi. Il revient donc à Angoulême. Il y reste un moment et retourne à Paris vers le 25 avril. A cette époque, il avoue lui-même qu’il n’essaie plus de voir le roi.

     Cependant il s’installe dans une auberge du faubourg Saint Jacques et y dérobe un couteau dont il fait remplacer le manche de baleine par un manche plus solide en corne de cerf. Mais tout d’un coup il semble abandonner son projet criminel et quitte Paris en mai pour rentrer chez lui. En chemin, il passe par Auvers-Saint-Georges, non loin d’Etampes, s’arrête au hameau de Chanteloup, et là il brise la pointe de son couteau dans le moyeu d’une roue de voiture pour le rendre inutilisable. Il continue son chemin, traverse Etampes. Il arrive au quartier Saint-Martin, devant la statue de l’«Ecce Homo», c’est-à-dire du Christ flagellé, au carrefour formé par la rue Saint-Martin, la rue Saint-Jean et la route de Saclas.
A la vue de la statue, il se reproche sa lâcheté et aussitôt se met à aiguiser son couteau sur le socle de la statue. Il rebrousse chemin, revient à Paris. Il passe alors son temps à se promener autour du Louvre, attendant une occasion favorable. Le 14 mai, il suit le carrosse du roi qui se rend à l’Arsenal par la rue de la Ferronnerie et qu’une [p.219] charrette de foin arrête. Il monte sur l’essieu du carrosse et frappe le roi dans le côté de deux coups de couteau. Henri IV tombe mort sans pousser un cri. Ravaillac fut condamné à être écartelé.
Tête conservée de l'Ecce Home (gravure de René Ravault, 1902)
     A la Révolution, en 1793, la statue de 1’«Ecce Homo» fut enlevée du carrefour et mutilée. La tête a été recueillie par M. Delamarche et remise plus tard par M. l’abbé Borné, curé de Saint-Martin, au Musée d’Etampes.

       Un autre souvenir se rattache au carrefour de l’«Ecce Homo» et qui a un lien avec le crime de Ravaillac. C’est l’histoire d’une croix appelée par la tradition: «Croix de Vomit le Sang» et orthographiée dans le cadastre: «Vaux Mil Cent». Lorsque Ravaillac aiguisa son couteau sur le socle de 1’«Ecce Homo», un habitant aurait entendu l’assassin s’écrier en brandissant son arme: «Voilà un couteau qui fera parler de lui!» Après l’attentat, cet habitant n’avertit pas l’autorité du geste et des paroles de l’assassin. Il fut pour cette raison arrêté et on le relâcha à la condition qu’il ferait élever une croix expiatoire. Cette croix serait celle que l’on appelle la «Croix de Vaux Mil Cent» et que les anciens d’Etampes ont pu voir près du cimetière de Saint-Martin. Aujourd’hui elle est au Musée d’Etampes.

     Elle porte deux dates: 1611 et 1813. La date de 1611 correspond à l’année qui a suivi l’assassinat d’Henri IV. La croix aurait été érigée à cette époque à côté de la statue de l’«Ecce Homo», en signe de réparation. Un acte de baptême de la paroisse Saint-Martin en date du 15 novembre 1654 semble bien confirmer ce fait. On y lit en effet: «Baptême de Marie surnommée ‘De la Croix’ ayant été trouvée déposée sur la Croix buisée, dite de l’‘Ecce Homo’, le 9 août dernier». Cette croix de l’«Ecce Homo» était qualifiée «buisée» parce que suivant la coutume on la garnissait de buis le jour des Rameaux.

     A la Révolution en 1793, la croix fut enlevée. Et on l’aurait transportée au lieudit «Vaux Mil Cent» en 1813, date que l’on a ajoutée à la date de 1611. A la suite de ce transfert, la croix prit le nom de l’endroit où elle fut placée. Il reste à savoir l’origine de cette dénomination du lieudit «Vaux Mil Cent» ou «Vomit le Sang».

     Non loin il y a d’autres lieux dits: «Le Chemin des Morts», «Le Meurger de la Bataille».

     Ces noms rappellent sans doute la fameuse bataille de 604, où il y eut beaucoup de sang versé, bataille engagée entre les hordes franques de Clotaire II, roi d’Austrasie, et de son fils Mérovée, et celles de Théodoric, roi de Bourgogne et d’Orléans. C’est donc un nom qui sent la bataille. [p.220]

Ravaillac d'après une gravure contemporaine
  
CHAPITRE PRÉCÉDENT
TABLE DES MATIÈRES
CHAPITRE SUIVANT
BIBLIOGRAPHIE

Éditions
Léon Guibourgé
     Brochure préalable: Léon GUIBOURGÉ (chanoine, ancien archiprêtre d’Étampes, officier d’Académie, membre de la Commission des arts et antiquités de Seine-et-Oise, vice-président de la Société artistique et archéologique de Corbeil, d’Étampes et du Hurepoix), Étampes, la favorite des rois [in-16; 64 p.; figures; plan et couverture en couleur; avant-propos de Barthélémy Durand, maire; dessin de couverture de Philippe Lejeune], Étampes, Éditions d’art Rameau, 1954.

    
Édition princeps: Léon GUIBOURGÉ, Étampes, ville royale [in-16 (20 cm); 253 p.; armoiries de la ville en couleurs sur la couverture; préface d’Henri Lemoine], Étampes, chez l’auteur (imprimerie de la Semeuse), 1957.

    
Réédition en fac-similé: Léon GUIBOURGÉ, Étampes, ville royale [réédition en fac-similé: 22 cm; 253 p.; broché; armoiries de la ville sur la couverture; préface d’Henri Lemoine], Étampes, Péronnas, Éditions de la Tour Gile, 1997.

    
Édition électronique: Bernard GINESTE [éd.], «Léon Guibourgé: Étampes ville royale (1957)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-20-guibourge1957etampesvilleroyale.html (33 pages web) 2004.

     Ce chapitre: Bernard GINESTE [éd.], «Léon Guibourgé: La Croix de Vaux Mil Cent (1957)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-20-guibourge1957etampes604croixvauxmilcent.html, 2004.


Toute correction, critique ou contribution sera la bienvenue. Any criticism or contribution welcome.
Source: Léon Guibourgé, Étampes, ville royale, 1957, pp. 218-219. Saisie: Bernard Gineste, octobre 2004.
    
Explicit
   
SommaireNouveautésBeaux-ArtsHistoireLittératureTextes latinsMoyen Age NumismatiqueLiensRemerciementsAssociationNous écrire - Mail