|                                                  
                                                                        
          
       
 
                     
                       
                         | Bulletin de la Société historique et archéologique de Corbeil, d’Étampes et du Hurepoix
 n°15 [15e année] (1909), pp. 73-93
 
 | La Chevalerie étampoise. Les chevaliers et les vicomtes
   d’Étampes sous Philippe Ier et Louis VI |    
      Avertissement
propre à cette édition numérique:
      Voici un travail important qui continue à
faire référence.
 Je me suis seulement permis d’y insérer en
vert,  à l’usage des non latinistes, la traduction (faite un peu trop
vite  peut-être)  des citations qui auraient pu gêner le commun
des  lecteurs. Ce genre de traduction expose à des risques que les
érudits  ne prennent pas en général. En l’occurence,
et j’y insiste,  il ne s’agit pas d’une traduction de référence,
spécialement  en ce qui concerne les noms propres, mais d’un simple
outil provisoire (d’autant  que les textes allégués par Depoin
présentent des coquilles).
 Merci de nous adresser toutes vos critiques ou remarques 
 susceptibles de corriger ou d’enrichir ce travail au bénéfice 
 de tous.
 
 B.G., août
2007             | 
            
                   | 
 
                     
                       
               | LA  CHEVALERIE ÉTAMPOISE 
 LES CHEVALIERS ET LES VICOMTES D’ÉTAMPES
 SOUS PHILIPPE Ier ET LOUIS VI.
 
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                         | Dans une étude  publiée 
 par la Société Historique de Corbeil, d’Etampes  et du Hurepoix 
 sur LES VICOMTES DE CORBEIL ET LES CHEVALIERS D’ETAMPES, nous  avons exposé 
 la généalogie d’une famille noble portant  le surnom d’Etampes 
 et citée, sous Philippe Ier, au nombre de celles relevant directement 
 de la Couronne, parmi lesquelles se recrutaient  les «Chevaliers du 
 Roi». 
 Mais, à la même époque 
et  sous  les règnes suivants, ce surnom fut commun à de nombreux
  personnages  issus de lignées parallèles et distinctes. Dans
  l’intitulé  d’un rescrit donné l’avant-dernière année
  de sa vie,  Philippe I réunit les chefs de ces diverses maisons
sous   une formule  collective: «nos féaux d’Etampes, fideles
nostri   Stampenses».
 
 En nous permettant de compléter ce
qui,   dans l’étude précitée, a été dit
sur l’une  de ces souches de chevaliers, la présente notice consacrera 
des monographies  séparées et brèves à quelques 
autres maisons ayant possédé des fiefs à Etampes et dans
sa banlieue et ayant emprunté à cette ville leur surnom sous
Philippe Ier ou Louis VI. Ces familles, dont plusieurs sont peut-être 
des branches d’un même tronc, se distinguent ainsi:
 
 I. — Guihard le Bouteiller
   et Ougrin le Chambellan.
 II. — Orson Le Riche et
 sa  lignée.
 III. — Les Vicomtes 
d’Etampes.
 IV. — La famille de Menier,
   fils d’Aubert. [p.74]
 
 
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                  | I.  — GUIHARD
   LE BOUTEILLER ET OUGRIN LE CHAMBELLAN, D’Etampes.
 
 La première des familles ayant porté
   le surnom d’Étampes aux XIe et XIIe siècles et qui
 doit  attirer notre attention, appartenait à la familia regis,
 c’est-à-dire  à la Maison du Roi, et ses membres ont
 exercé à  la cour de Philippe Ier plusieurs charges domestiques.
 
 Son chef est un chevalier qu’on rencontre 
auprès   de Raoul IV, comte de Crépy-en-Valois, et de ses fils, 
Gautier IV  et Simon Ier. Il se nomme Guihard, fils de Rouhard, ou 
            Guihard d’Étampes.
 
 Guidardus de Stampis figure en 1066
 parmi   les témoins qui assistent à l’abandon d’une mainferme
 à   l’abbaye de Saint-Père de Chartres, par la veuve d’Hubert
 de Rosay,   chevalier mantais, en présence du comte Raoul IV de Crépy
 et  de son fils aîné, Gautier lV (1).
 
 |                                                 
                                         
              
                    (1) GUÉRARD,
               Cartulaire   de Saint- Père de Chartres, p.
185.
 
 |  
                  | Guidardus filius Rothardi apparaît aux côtés
   du comte de Mantes, Simon, fils de Raoul IV, dans un acte passé,
 après  1068, sous Gui, évêque de Beauvais, mort entre
 1074 et 1078 (2). 
 |      (2)
   Collection MOREAU, t. XXX, fol. 86.
 |  
                  | Le nom de Guihard (Guidardus) s’est aussi prononcé Gohard
 et orthographié Godardus ou Goardus. Parmi les témoins
   du diplôme de 1106 par lequel Philippe Ier accorde à l’abbé
   de Morigny, Rainaud, l’église Saint-Martin-du-Vieil-Etampes, figure
               Vulgrinus, Gohardi filius, de Stampis (3). 
 |      (3)
   MENAULT, Morigny, p. 38. — Maurice PROU, Recueil des actes de
 Philippe  Ier. n. CLV, p. 388.
 |  
                  | Dès lors nous sommes amenés à identifier à
notre   Guihard le bouteiller Gohard (Godardus) qui, avec son frère
   Rainard et le sénéchal Geofroi, assiste à une libéralité
   faite à Marmoutier par un vassal du comte Gui de Ponthieu, Aleaume
   Costard, vers la fin du XIe siècle (4). 
 |      (4)
   Testibus... Godardo butellario, Rainardo fratre ejus, Gosfredo senescalco
                 [étant témoins le bouteiller 
  Gohard, son frère Rainard, le sénéchal Geoffroy (B.G.)] 
  (Coll. Moreau, XXV. 223). |  
                  | Ougrin, fils de Gohard d’Etampes, est compris dans
le   mandement adressé, la même année 1106, mais avant
le  4 août, par Philippe 1er à ses vassaux d’Etampes, fidelibus 
  nostris Stampensibus [à 
  nos féaux étampois (B.G.)], pour assurer [p.75] aux serfs et aux colliberts de la Trinité 
  d’Etampes le même statut qu’aux serfs de la Couronne. Dans l’énumération 
  des «féaux» d’Etampes, Ougrin porte le titre de Chambellan 
  du roi, Vulgrino camberlano nostro (5). 
 |      (5)
   Ms. lat. 17.049, fol. 96. — MENAULT, Morigny, p. 42. (Le texte de cet
editeur    maintient une leçon qui, à nos yeux, serait une
erreur de  copie,  que nous signalons ici pour n’y plus revenir: au lieu
de: «Haimoni   Pagani Anselli filio» [à
Aymon Payen fils  d’Anseau (B.G.)]; il faut lire: «Haimoni;
Pagano Anselli filio…» [à Aymon; à
Payen fils d’Anseau (B.G.)])
 |  
                  | Ougrin fut au nombre des bienfaiteurs de Morigny, abbaye fondée
par   Anseau, fils d’Arembert, l’un des chevaliers de Hugues du Puiset. Anseau
  avait donné le fonds où s’éleva plus tard le cloître
   de Morigny, du consentement de son suzerain, aux moines de Saint-Germer
 de  Fly (6), Le prieuré établi
 par  ces religieux ayant été transformé en abbaye autonome, 
   cette érection amena de longs débats entre l’abbaye-mère
   et sa filiale. Saint-Germer finit par se contenter d’un tribut annuel,
à   titre de reconnaissance de l’ancienne sujétion de Morigny.
Ce tribut   consistait en une somme (fardeau d’un cheval) de barils
d’huile. Mais  il cessa d’être acquitté, le revenu qui servait
à le fournir ayant été saisi par le fisc (regis violentiâ
              [par une violence du
roi  (B.G.)]). Les protestations
  de Saint-Germer recommencèrent. Alors «un homme excellent,
Ougrin  fils de Gohard, Chambellan du roi Philippe, ne pouvant souffrir qu’un
pareil  différend se perpétuât, s’efforça d’y
mettre un  terme par ses démarches, et contribua de ses deniers à
la constitution  d’un revenu suffisant pour fournir aux moines beauvaisiens
la             somme d’huile  qui leur était due (7)». Cette intervention d’Ougrin est aussi
de l’année 1106. 
 Il épousa Hersende, sœur de 
Gui   Ier de Linas, et la perdit sans en avoir eu d’enfants survivants. Hersende 
  voulut être inhumée à Notre-Dame 
  de Longpont, monastère auquel s’intéressait sa famille.
 
 |      (6)
   Quidam miles, nomine Ansellus, terras et fundos quibus locus ille primitus
   initiatus est, predicto Flaviacensi loco, concedente Hugone de Pusiaco
domino   suo, contradidit. Crevit autem, edificantibus monachis illis, donec
in abbatiam   conversus est [Un certain chevalier du
nom d’Anseau  a donné les terres et le fonds où cet établissement
   à commencé au susdit établissemnt
  de Flex avec l’autorisation d’Hugues du Puiset
  son seigneur; et il s’est agrandi, édifié par les moines,
jusqu’à  devenir une abbaye. (B.G.)] (MENAULT, Morigny,
p. 165). Anseau  (Anselmus filius Aremberti               [Anselme  (sic) fils d’Arembert (B.G.)])  est témoin,
à Etampes,  d’un acte de Philippe Ier (PROU, n. CLXXIV, p. 425) maintenant
certains privilèges  aux enfants d’Eudes, maire de Chalo, en 1082.
 (7) «Providente 
  autem Dei clementia, quidam vir obtimus, nomine Vulgrinus filius Goardi,
  Philippi  regis camberlanus, discordiam istam durare non patiens, suo et
 verbo et sumptu  redditum quemdam praeparavit, ubi Flaviacenses dictam olei
 summum, sine difficultate  aliqua, singulis annis acciperent» [Et par la miséricordieuse providence de Dieu, un
  certain personnage éminent du nom d’Ougrin fils de Gohard, chambellan
  du roi Philippe, ne supportant pas que se durcisse cette querelle, ménagea
  par son entregent et à ses frais une certaine rente d’où
les   gens de Flex puissent retirer la dite ânée d’huile sans
difficulté   chaque année. (B.G.)] (Ibid. — MENAULT,
              Morigny,  p.  184).
 
 |  
                  | A son lit de mort elle légua au couvent, pour sa sépulture, 
   ses droits sur l’église St-Michel et la dîme de cette paroisse.
   Son mari [p.76] et son frère, au jour
   de ses obsèques, attestèrent cette donation et leur assentiment 
   en prenant le calice de Saint Macaire et en le déposant sur l’autel. 
 Voici le texte de la notice qui relate cette
  libéralité  et qui, malheureusement, n’est point datée:
 Hersendis uxor Wlgrini in extrema parte posita,
   omnia que habebat in ecclesia Sti Michaelis Ste Marie de Longoponte donavit,
   scilicet duas partes de decimaria ipsius ecclesie, hoc est de annona,
de   vino, de lino, de cambe, de ovis, de porcis, de vitulis et de omnibus
omnino   rebus. Post obitum vero ejus, cum antiquum ad tumulum deferetur,
Wlgrinus   vir ejus et Guido frater ejus de Lynais istam donationem per sciffum
Sti  Macharii super altare Ste Marie posuerunt. Hujus rei sunt testes Harduinus
 presbiter. Frotgerius decanus. Gaufredus Bernoala (8).  Guido de la Novilla. Guido filius Aldeberti.
Balduinus filius Rainardi, Nanterius    de Donjonio. Aymo Angivinus (9). Guillelmus   Cuchun. Hungerius de Cavanvilla.
Hungerius de Limos. Johannes Beroardus,  Herimannus filius ejus. Teoboldus,
Guido, Hugo de Ver (10)*.
 |      (8)
   Il faut lire Gaufredus Bernoalii [Geoffroy
 Berneuil (B.G.)]. Il s’agit ici de Berneuil d’Etampes,  connu par
d’autres documents.
 (9) Beau-fils de
Girond    de Saulx. et contemporain du prieur Henri (Cartulaire de Longpont,
   n. 115).
 
 (10) Cartulaire
 de  Longpont, n. 111 (ms. lat. 9968).
 
 [* Hersent femme
  d’Ougrin, sa dernière heure venue, a donné à Notre-Dame
  de Longpont tout ce qu’elle possédait dans l’église Saint-Michel,
   c’est-à-dire deux secteurs de la dîmerie de la dite église,
  à savoir du blé, du vin, du lin, du malt, des œufs, des porcs,
  des veaux et de toutes les autres choses. Et après son décès,
  pendant qu’on la mettait dans un ancien tombeau, son époux Ougrin 
et son frère Guy de Linas déposèrent sur l’autel de Sainte-Marie
cette donation sous la forme du calice de saint Macaire. De quoi sont témoin:
leprêtre Hardouin, le doyen Frogier, Geoffroy   Berneuil; Guy de La
Norville; Guy fils Aubert; Baudouin fils de Rainard;  Nanthier du Donjon;
Aymon L’Angevin; Guillaume Cuchun (?); Hongier de Cheptainville;   Hongier
de Limours; Jean Béroard et son fils Armand; Thibaud; Guy;   Hugues
de Ver. (B.G.)]
 
 |  
                  | Parmi les parents et alliés présents à la cérémonie
   funèbre, à côté de Nantier du Donjon, des seigneurs
   de Limours, de La Norville, de Vert-le-Grand, on remarquera Gaufroi
fils   de Berneuil et Baudoin fils de Rainard; ce sont deux étampois.
   Nous rencontrerons Berneuil dans le chapitre consacré aux Vicomtes
   d’Etampes. Quant à Rainard, c’est un frère de Gohard:
 donc  son fils est le cousin germain du mari d’Hersende. 
 Ougrin se présente comme l’un des
témoins    de Notre-Dame de Longpont dans un accord conclu avec trois
frères,    de la famille bien connue des Morhier. Avec lui souscrivent
une foule d’autres    chevaliers étampois: Jean, fils d’Anseau Payen,
Orson Le Riche d’Etampes    et son frère Aimon; Rainard fils d’Herrner;
Geofroi le Monnayeur  enfin  un maréchal, Guillaume. Du côté
des Morhier se  trouve  comme premier témoin le vicomte d’Etampes,
Marc fils de Roscelin  (11). [p.77]
 
 En 1112 Ougrin, bien qu’il ne porte alors aucun
 titre   d’emploi, est appelé â souscrire, à la suite
du roi,  lorsque de passage à Etampes, Louis VI accorde un privilège
  à Thomas. second abbé de Morigny (12).
 
 Si Louis VI ne maintint pas Ougrin dans les 
 fonctions  dont son père l’avait honoré, l’ancien chambellan 
 de Philippe  Ier, resté l’un des riches bourgeois d’Etampes, conserva 
 pourtant de l’influence au palais jusqu’à la fin de sa vie. Elle arriva
 en 1130; ayant élu sa sépulture à Morigny. il avait
disposé  en faveur de cette abbaye d’une partie de sa fortune. Mais
comme il ne laissait  pas d’héritiers directs, et que, dans ces conditions,
les biens d’un  membre de la familia regis revenaient de plein droit
au souverain,   les agents du fisc saisirent tout ce qu’Ougrin avait possédé,
  sans en excepter ce qu’il avait laissé à Morigny pour sa
sépulture.   Toutefois les réclamations ultérieures
des moines furent écoutées,   et les libéralités
 du chambellan confirmées (13).
 |     (11) «Amalricus,
   Petrus, Gaufredus cognomento Moreherus, filii Tebaldi de Muro, concesserunt
   Deo et Ste Marie de Longoponte terram de Longoponte de Lysiu quam Gaufredus
   Turpis et Doda uxor ejus ex cujus patrimonio erat, dederant monachis...«Testes ex parte ipsorum: Marcus filius 
  Roscelini. Ansellus de Alvers. Arnulfus Basset (maire d’Auvers).
 «Ex parte Ste Marie: Ursus Dives de 
Stampis,   Aymo frater ejus. Johannos filius Anselli [p.77]               cognomento   Pagani. Wlgrinus 
filius Gunhardi. Reinardus filius Hermeri. Gaufredus monetarius.         
      Willelmus marescaudus.
 [Amaury, Pierre, Geoffroy surnommé Morhier,
 (tous  trois) fils de Thibaud du Mur, ont autorisé en faveur de Dieu
 et de  Notre-Dame de Longpont la donation de la terre de Longpont de Lysiu
  (?) qu’en avaient faite aux moines Geoffroy Turpis (le vilain? l’infâme?)
  et son épouse Doda..
 Témoins de leur côté: Marc fils 
 de Roscelin.; Anseau d’Auvers; Arnoux Basset.
 Du côté de Sainte-Marie: Ours Le Riche 
 d’Étampes et son frère Aymon; Jean fils d’Anseau Payen; Ougrin 
 fils de Gunhard; Reinard fils d’Hermer; le monnayeur
 Geoffroy; le maréchal Guillaume. (B.G.)]
 (Cartulaire de Longpont,  n°109.)
 Le surnom traduit en latin par Turpis
                [laid, infâme, honteux (B.G.)], ne serait-il pas le même que celui
  du Guillelmus Cuchun, l’un des assistants aux obsèques d’Hersende
  de Linas? Quant aux Morhier, nous verrons l’un d’eux, tout à l’heure,
  qualifié chevalier de Balizy (note 25)
 
 (12) «Signum 
Vulgrini   filii Gohardi» [Marque d’Ougrin fils 
de Gohard. (B.G.)] 
(MENAULT,               Morigny, p.41).
 
 (13) BOUQUET, Recueil
   des Historiens de France, XIII, 78.
 
 |  
                  | Il est regrettable, à tous points de vue, mais spécialement 
   en ce qui touche le chambellan de Philippe Ier, que la plus grande partie 
   du premier livre de la Chronique de Morigny soit perdue. On voit 
 en effet par le livre II, qu’Ougrin avait été cité à
  maintes reprises comme un bienfaiteur insigne du monastère, dans
le  début de la chronique (14). 
 |      (14)
   DUCHESNE, Historiæ Francorum Scriptores, IV, 363,
 |  
                  | On vient de voir Ougrin participer à deux contrats relatifs à
   Notre-Dame de Longpont. Il faut se garder de le confondre avec deux homonymes 
   qu’on rencontre dans les actes du même temps concernant ce monastère. 
 L’un est Ougrin
 Le  Riche, qui peu après la fondation des Vaux de Cernay, donna à 
  cette abbaye deux muids sur sa vigne d’Athis tant qu’il vivrait, et après
   sa mort la vigne tout entière (15).
 Il  laissa [p.78] deux
 enfants:  Jehan Le Roux d’Athis et Lucienne, mariée d’abord au seigneur
 d’Egly,  puis à Gautier, chevalier d’Orangis (16).
 |      (15)
   L’abbaye fut fondée en 1118. La libéralité d’Ougrin
  Le Riche est relatée dans une notice récapitulative dressée
   vers 1162.
 (16) De son premier
 mariage   elle eut Eudeline d’Egly, mariée â Mathieu, neveu
du prévôt,   sire Tébert, et l’un des croisés
(Cartulaire de Longpont,   n°341).
 |  
                  | Une sœur de cet Ougrin, Rose (Rosza, c’est-à-dire Rosceline), 
   épousa Etienne, chevalier de Savigny; elle avait deux autres frères,
   Rainaud et Bertran (17). 
 |      (17)
                 Cartulaire de Longpont, n°156.
 |  
                  | L’autre est Ougrin de Bullion, frère d’Aimon, cité comme
l’un   des arbitres, avec Jehan Le Roux d’Athis (mediantibus sapientibus
viris   atque laudantibus [grâce  à l’intervention et l’approbation d’hommes
sages (B.G.)]), d’un accord entre Longpont et Mathieu, mari d’Eudeline  d’Egly. 
 Cet Ougrin-ci ne fait qu’un avec le moine 
homonyme,   frère d’Aimon du Donjon, qui obtint de ce châtelain, 
alors à  ses derniers moments, la concession d’une libéralité
 faite par le chevalier Hervé et sa femme Emeline, à la prière 
   du même moine, au prieuré de Longpont (18). Nous retrouverons Aimon et Hervé dans
   les chapitres suivants.
 
 Quant à
   l’origine du bouteiller Guihard et de son fils Ougrin le chambellan, elle
   se relie sans doute à celle des Le Riche de Senlis, qui eurent
les    mêmes charges dans la Maison du Roi. Le nom de Rouhard, porté 
   par le père de Guihard, se rapproche de celui de Rouhaud (Rotholdus),
   fondateur de la dynastie des Bouteillers de Senlis (19).
 
 |      (18)
   «Sciant omnes quod miles quidam nomine Herveus et uxor ejus Emelina
   per ammonicionem Wlgrini monachi, dederunt Deo et Sancte Marie de Longoponte…..
   unum campum prope grangiam Ste Marie. Propter hoc acceperunt a monachis…..
   permissionem sepeliendi honorifice cum mortui fuerint….. Istam donationem
   Aymo de Donjone de cujus feodo hec res erat, jam in extrema infirmitate
 positus,  Ste Marie concessit, videntibus istis: Wlgrino monacho fratre
suo;  Frogerio  decano, Aymone Angevino, Guidone de Linais, Galterio Meschino,
Hugone Chamilli  et multis aliis». [Que tous
sachent qu’un certain chevalier du nom d’Hervé et sa femme Émeline,
 sur les représentations du moine Ougrin, ont donné à
 Dieu et à Notre-Dame de Longpont...
un  champ près de la grange de Sainte-Marie. C’est pourquoi... ils
ont  reçu la permision d’être enterré par les moines
avec les honneurs lorsqu’ils seront morts... Cette donation, Aymon du Donjon,
du fief de qui cet bien était mouvant, alors qu’il se trouvait en
proie à une grave maladie, l’a autorisée, sous les yeux des
personnes suivantes: son frère le moine Ougrin; le doyen Frogier;
Aymon L’Angevin; Guy de Linas; Gautier Meschin; Hugues Chamilli et de nombreux
autres. (B.G.)] (Cartulaire de Longpont,
n°141).
 (19) DEPOIN, Appendices 
 au  Cartulaire de Saint-Martin de Pontoise, p. 280.
 
 |  
 
 | 
                
                  | 
 
                
                  
                  | 2.  —  ORSON LE RICHE ET SA LIGNÉE.
        
 Un diplôme du roi Philippe Ier, donné
   à Melun en 1067, avant le 1er septembre, constate au sujet d’un
accord   entre l’abbé Hugues de Fleury et un seigneur nommé
Gui (sans   doute Gui de Montlhéry), [p.79]
que parmi  les témoins de l’abbé se trouvait Thion, chevalier
 d’Etampes,  fils d’Orson (20)
 
 |      (20)
   Ex parte domni abbatis fuerunt... Theudo miles Stampensis, filius Ursionis:
   hos omnes misimus in presencia Guidonis (Maurice PROU et Alex. VIDlER,
              Recueil   des chartes de Saint-Benoit-sur-Loire, t.
I, p. 202).
 |  
                  | En  1082, Thion est aux côtés de Philippe Ier confirmant
  les immunités  de Notre-Dame d’Etampes (21).
  Il est ainsi designé:              «Teudo de Stampis filius
  Ursonis de Parisius» [Thion d’Étampes
  fils d’Ours de Paris*]. En 1085 on retrouve à Etampes «Teudo
  et filius ejus Haimo», Thion I et son fils Aimon» (22). 
 |      (21)
   Maurice Prou, Actes de Philippe Ier, n. CVIII, p. 275.
 (22) lb., 
  n. CLXXIV, p. 425. [* En fait le texte de cette charte
  est évidemment corrompu, et les mots de Parisius (de Paris)
  s’y rapportaient évidemment à un autre personnage dans le
texte  original, de sorte que toute la théorie chère à
Depoin  d’une origine parisienne de la noblesse étampoise ne repose
plus sur  rien (B.G., août 2007)]
 
 |  
                  | Thion Ier d’Etampes eut aussi pour fils Geofroi ou Gaufroi 
  (Godefredus filius Teudonis de Stampis) [Geoffroy
  fils de Thion d’Étampes (B.G.)] qui possédait à 
  Palleau (23) des droits qu’il concéda 
  à Notre-Dame de Longpont, du consentement de sa femme et de son fils
              Thion III. Ne pouvant se rendre lui-même au monastère,
  il chargea Morhier, chevalier de Balizy (24),
  de déposer pour lui l’acte de donation sur l’autel de Notre-Dame
(25). Gaufroi tenait ces droits en fief de Thion
  II, fils d’Ours ou Orson II, son cousin germain, qui confirma
 sa libéralité en présence de: Simon, châtelain
 de Neaufle, Thomas de Bruyères-le-Châtel, Roger et son fils
Gautier de Saint-Yon, et autres (26). 
 
 
 | (23) Palleau-la-Chapelle,
   commune de Ballancourt, arr. de Corbeil.
 
 (24) Balizy, 
commune   de Lougjumeau, arr. de Corbeil.
 
 (25) «Godefredus
   filius Teudonis de Stampis dedit Deo et Sancte Marie de Longoponte et
monachis    ejusdem loci medietatem portus de Paluello, et per Morcherium
militem de   Balisi, misit donum apud Longumpontem quod ex sua parte super
altare Sancte   Marie poneret, et hoc donun concesserunt uxor ipsius Godefredi,
et Teudo  filius amborum. Hujus rei sunt testes: Ansellus monachus. Mainerius
filius  Alberti; Guido frater ejus. Arnulfus Ruffus de Alvers. Moreherius
miles. Paganus filius Anseis» [Geoffroy fils
de Thion d’Étampes a donné à Dieu, à Notre-Dame
de Longpont et aux moines du dit établissement la moitié du
(péage du?) port de Palleau, et il a fait parvenir sa donation à
Longpont par le chevalier Morhier de Balizy pour qu’il la dépose de
sa part sur l’autel de Notre-Dame de Longpont; et cette donation a été
autorisée par l’épouse du dit Geoffroy et par leur fils Thion.
De quoi sont témoins: le moine Anseau; Mainier fils d’Aubert et Guy
son frère; Arnoux Le Roux d’Auvers; le chevalier Morhier; Payen fils
d’Anséis. (B.G.)] (Cartulaire de Longpont, n. 214).
 
 (26) Theudo
filius    Ursi de Stampis concessit Deo et Sancte Marie de Longoponte...
portum de   Paluel quem Godefredus dederat, et de eo in feodo tenebat. Testes...
Simon   Castellanus (de Nealfa), Radulfus de Virini, Thomas de Beneriis [Lisez: de Ivrini (B.G.)], Rogerius de Sto Yonio
              [Lisez: Thomas de Brueriis (B.G.], 
  Galterius filius Rogerii de Sancto Yonio… Rogerius Huretus» [Thion fils d’Ours d’Étampes a autorisé en
  faveur de Dieu et de Notre-Dame de Longpont... la donation du (péage du?) port de Palleau qu’en avait
  faite Geoffroy et qu’il tenait de lui en fief. Témoins:.... le châtelain
                (de Neauphle) Simon, Raoul de Ivrini (?), Thomas
  de Bruyères(-le-Châtel), Roger de Saint-Yon, Gautier fils de Roger de Saint-Yon... Roger
  Huret. (B.G.)] (Cartulaire de Longpont, n. 215).
 
 |  
                  | Il faut en effet distinguer les quatre générations: Orson
 I,  — Thion I, — Orson II, — Thion II. 
 Orson II d’Etampes, fils de Thion Ier (44) 
souscrit    après le 29 août 1106, le privilège donné 
à   l’église de Fleury par Louis VI, roi désigné. 
Il est   probable que c’est celui qui en 1107, figure à la cour des 
rois Philippe   et Louis comme grand connétable (27). [p.80]
 
 Orson II figure après le vicomte Marc 
 dans  la nomenclature des féaux d’Etampes auxquels Philippe Ier adresse
  le rescrit du début de l’année 1106 (5).   Il est appelé Ursio au lieu d’Ursus,
 mais ces deux prénoms  s’emploient indifféremment (28). Une mention qui le concerne, dans le Cartulaire
 de Longpont, montre qu’il appartenait  à la famille Le Riche:
il possédait à Etampes un alleu  dont la huitième partie
 constituait la dot de Sanceline,  femme de Geofroi Châtel (29), apparemment  fille ou nièce d’Orson II.
 Ours est cité avec son frère              Milon d’Etampes,
 moine de Saint Martin des Champs, dans  un acte antérieur au 14 juillet
 1096 (30),  où Gautier d’Etampes et
sa  femme Adèle, puis Foucher de Bullion  et sa femme Emeline donnent
aux moines des Champs chacun leur moitié  de la dîme d’Orsonville
  (Ursionis villa); le nom de cette localité  rappelle un possesseur
  dont vraisemblablement descendait Orson II. Rainaud  Chenard (surnom qui
 s’est  conservé dans la dénomination de  la paroisse chartraine
 de Levesville) qui pouvait aussi revendiquer des droits  sur Orsonville,
porte un prénom que nous avons rencontré déjà
 dans la noblesse d’Etampes.
 
 |      (27)
   LUCHAIRE, Louis VI le Gros, p. 42, 52. Il y eut alors des remaniements 
  importants parmi les grands officiers, et M. Luchaire remarque que leurs 
 noms ne concordent pas avec les données fournies par les chartes précédentes.
  Etant connue la situation toute spéciale [p.80]
                de la Cour à cette date, il n’y a pas lieu
de   tirer de celte diversité une objection contre l’authenticité
   des documents qui la constatent.
 (28) Le Liber
  Testamentorum  Sancti Martini de Campis le démontre en ce qui
 touche le premier prieur,  Ours ou Orson, contemporain de Philippe Ier.
Voir  l’édition publiée par la Conférence des Sociétés
 Savantes de Seine-et-Oise.
 
 (29) «Gualterius
   Castellus et Sancelina ejus uxor, ex cujus patrimonio erat, dederunt Deo
  et sancte Marie du Longoponte... hoc quod habebant apud Stampas in alodio
   Ursi Divitis patris Theudonis, videlicet octavam partem tocius terre 
  culte et inculte, nemoris, hospitum, census, peagii, roagii, molendini de
  Crocheto. Testes… Robertus prior» [Gautier Château
 et son épouse Sanceline, au patrimoine de qui cela appartenait, ont
 donné à Dieu et à Notre-Dame de Longpont... ce qu’ils
 détenaient à Étampes dans l’aleu d’Ours Le Riche père
 de Thion, à savoir le huitième de toute la terre cultivée
 et inculte, du bois, des tenanciers, du cens, du péage, du rouage,
 du moulin de Crochet. Témoins: ... le prieur Robert. (B.G.)] (Cartulaire de Longpont, n. 313).
 
 (30) Liber
 Testamentorum,   n. XI, p. 52.
 
 |  
                  | Orson  II est surnommé, dans l’acte de Geofroi Châtel, Ursus 
 Dives:  nous avons vu plus haut son aïeul, Orson I désigné 
 ainsi:              Urso de Parisius. Il n’y a donc aucun doute sur 
 le rattachement  de cette branche aux Le Riche de Paris, dont M. Auguste 
Longnon a, le premier,  signalé l’importance historique. 
 Aimon, dont le nom est juxtaposé à
   celui d’Orson II dans le rescrit royal de 1106, est vraisemblablement
le   méme qu’Aimon du Donjon, frère d’Ougrin de Bullion qui
se fit  moine à Longpont, ainsi qu’on l’a vu déjà. Cet
Aimon   ne fait qu’un, croyons-nous, avec celui qui épousa Emeline
de Longpont,  veuve d’un seigneur de Morcerf dont elle avait eu un fils,
nommé Roger  Bourdin. Du [p.81] second
lit, elle n’eut qu’une  fille homonyme (31):
ce doit être cette  Emeline II, qui porta la seigneurie de Bullion
et la moitié de la dîme d’Orsonville à son mari Foucher.
Aimon survécut à sa femme qui voulut être inhumée
à Notre-Dame de Longpont (32). Il se
remaria, vers 1100, à Mabile, veuve de Guérin de Gallardon,
qui avait succombé en se rendant comme croisé en Palestine.
De cette seconde union sortit une fille, Euphémie. Aimon est appelé
            Le Roux d’Etampes dans une notice du Liber Testamentorum
où l’on relate que, se trouvant  à Etampes avec sa femme et
sa fille, ils transigèrent avec le prieur de Saint-Martin-des-Champs
au sujet d’une terre donnée par un des vassaux de Guérin, Amauri
de Mondonville, au monastère  parisien. Hervé, fils de Marc
(le vicomte d’Etampes), fut un des témoins   d’Aimon. Orson II, frère
de celui-ci (11),   fut l’un des témoins
des moines (33).
 
 Le diplôme
   de Louis VI pour Thomas. abbé de Morigny, en 1112, fait mention
de               Thion II, fils d’Orson Il; on lit dans les souscriptions, 
  après celles d’Isembard Payen, fils d’Anseau, et de son fils Jehan 
  et avant celle d’Ougrin, fils de Gohard, celle-ci: «Signum Theodonis 
  filii Ursonis» [Marque de Thion fils d’Ours (B.G.)] (11). Il mourut après 1120, 
 portant toujours  les armes, et se fit enterrer  à Morigny, laissant 
 au monastère              [p.82] une 
moitié de pressoir,  un pré et un petit champ devant la grange 
de Beauvoir (34).
 
 Les noms juxtaposés d’Aimon et de
Thion    sont significatifs. On les rencontre dans une autre famille dont
la communauté    d’origine avec les Le Riche d’Etampes est au moins
plausible: Les Chef-de-Fer    du pays chartrain.
 
 |      (31)
   L’homonymie s’infère de l’omission du prénom de la fille
d’Aimon   et d’Emeline, qui, s’il n’était pas identique, laisserait
une lacune   inexplicable dans la notice.Roger Bourdin fut le fondateur du prieuré
   de Morcerf (Morissartum), où s’établirent les moines 
  de Saint-Martin de Pontoise vers 1080, par la permission de l’évêque 
  de Meaux, Gaultier Saveir (mort en 1082). Cette terre de Morcerf (canton 
 de Rozoy-en-Brie, Seine-et-Marne), relevait d’Eudes, Comte de Corbeil (DEPOIN, 
                Cartulaire de Saint-Martin de Pontoise), nn. XI et 
XIII,  pp. 9-12.
 
 (32) Notificari
  omnibus  volumus quum [quoniam?] omne illud 
 beneficium quod Emelina apud Longumpontem Lysii habuit,  in fine vite sue 
 Ste Marie de Longoponte pro anima sua, marito suo et filia  sua annuente, 
 tradidit. Hujus beneficii donum Aymo maritus ejus et filia sua in die depositionis 
 sui per textum Evangelii super altare Ste Marie posuerunt.  Hujus rei sunt 
 testes Henricus prior, Aduinus monachus. Otardus monachus,  Harduinus capellanus. 
 Reimbertus presbiter, Rainaldus presbiter, Anscherius  clericus, Rainardus 
 miles, Ebrardus.
 Paulo post venit Rogerius cognomento Burdinus 
  filius Emeline et posuit super altare donum… videntibus istis: Henrico priore...
  Giroldo de Salicibus, Aymo Angevino privigno ejus, Petro Oseline filio,
Gaufredo  majore Ste Marie [Nous voulons qu’il soit connu de tous que toute la concession
 féodale détenue par Émeline à Longpont de Lysius,
 à sa dernière extrémité, elle l’a donnée
 à Notre-Dame de Longpont pour le salut de son âme avec l’accord
 de son mari et de sa fille. Son mari Aymon et sa fille ont la donation de
 cette concession, le jour de son enterrement, sur l’autel de Notre-Dame
sous  la forme du texte de l’évangile. De quoi sont témoins:
le prieur  Henri, le moine Adouion, le moine Otard, le chapelain Hardouin,
le prêtre  Reimbert, le prêtre Rainaud, le clerc Anschier, le
chevalier Rainard,  Ébrard.
 Peu après est arrivé Roger Bourdin,
fils  d’Émeline et il a déposé sur l’autel cetted onation... 
 sous les yeux des personnes suivantes: le prieur Henri... Giroud des Saules, 
 Aymon L’Angevin son fils d’un premier lit, Pierre fils d’Oseline, Geoffroy 
 maire de Notre-Dame. (B.G.)] (Cartulaire de Longpont, n. 115).
 
 (33) Liber
 Testamentorum,   p. 98. La note 385 doit être rectifiée;
 nous avions eu le tort   d’ajouter foi sur ce pont à la savante notice
 de M. de Dion sur Le   Puiset au XIe et XIIe siècles (p. 21-22),
qui  suppose Gui exerçant   le [sic]
vicomte  à Étampes dès  1104.
 Voir sur Guérin de Gallardon, nos Appendices
   au Cartulaire de St-Martin de Pontoise, fasc. V, pp. 469-470.
 
 (34) «Teudo 
  vir militaris, veniens ad extrema, torcularis medietatem et pratum et turrulam
   ante grangiam de Bellovidere dedit ecclesiae» (Chronique de Morigny,
   dans DUCHESNE, IV, 371).
 
 |  
                  | Etienne  apparaît dans un acte épiscopal 
pour l’abbaye de Saint- Père  entre 1048 et 1060, avec ses deux fils 
Thion et Aimon: «Stephanus  Caput-de-Ferro et filii ejus Teudo et 
Amo» (35). 
 |      (35)
   Collection MOREAU, XXIV, 152 [Étienne Chef-de-Fer
  et ses fils Thion et Aymon. (B.G.)].
 |  
                  | Vers  1083, Thion Chef-de-Fer est cité comme l’un des seigneurs de 
 l’église  Saint-Georges de Roinville lorsqu’elle fut donnée 
 è Saint Martin  des Champs; il y consentit, ainsi que sa femme Hersende 
 et leur fils             Hardoin. Plus tard Hardoin ayant réclamé, 
  le prieur Orson transigea en lui offrant cinq sous, et à son fils 
 Hugues des bottes et des souliers  (36). 
 |      (36)
                 Liber Testamentorum, nn. XXXVIII et XXXIX, p. 49-52.
 |  
                  | Toute  cette famille reparaît dans l’entourage de Giroie de Courville, 
 lorsque  ce châtelain donne à Marmoutier, du consentement de 
 Geofroi Ier, évêque de Chartres (1064-1084), l’église 
 Saint-Nicolas  fondée par son père Ives Ier et dont il vient 
 de chasser les  chanoines. On cite alors à ses côtés: 
             «Teudo,  filius Stephani Caput de Ferro cognominati; 
 Harduinus filius ejus; Haimo frater ejus» (37). 
 |      (37)
   Collection MOREAU, XXVIII, 157-168 [Thion, fils d’Étienne Chef-de-Fer;
  Hardouin son fils; son frère Aimon.
(B.G.)].
 |  
                  | Hersende  survécut à son mari; elle est nommée dans 
un acte où  son fils Hardoin agit comme seigneur de Denonville et sa
fille Mélissende   comme dame de Vierville: celle-ci avait pour mari
Gantier d’Aunay-sous-Auueau   (38). Hardoin fut
aussi l’un des chevaliers  du sire de Courville; il est appelé eu
effet: «Harduinus miles dictus Caput Ferreum de castro Curvavilla» 
 (39). Les moines de Saint-Père de Chartres 
 concédèrent à Hardoin, à sa femme nommée 
 aussi Hersende, et à leur fils Hugues les revenus de la sacristerie, 
 l’un des offices de leur communauté, à condition qu’il fournit 
 tous les ans un cheval de service au monastère (40). 
 |      (38)
   Archives de l’Eure [Lisez: de l’Eure-et-Loir (B.G.)], 
  H 2254.
 (39) Archives 
de  l’Eure                [Lisez: de l’Eure-et-Loir 
(B.G.)],   H 2309 [Le chevalier Hardouin Chef-de-Fer 
de la place  forte de Courville. (B.G.)]
 
 (40) Ms. lat. 
fol.   461.
 
 |  
                  | Ces  Aimon et ces Thion, de même que le châtelain de la Ferté
   Milon autrefois de la Ferté-Ours), Teudo de Firmitate que appellatur 
   Urs [Thion 
 de la Ferté dite Ours (B.G.)], contemporain 
 de Henri Ier (41), se  rattachent  à 
quelqu’un des sept fils de Thion, vicomte de Paris en  926, qui plus tard 
eut le titre de comte. L’un de ces enfants fut Aimon, considéré 
 comme le premier comte de Corbeil (42). Sous 
 Thion, le chef-lieu du comté fut probablement Melun le titre de «comes
  Meledunensis» [comte de Melun (B.G.)] est en effet 
 celui que les actes donnent à Renaud de Corbeil, évêque 
 de Paris, successeur de Bouchard le Vénérable, issu de son 
mariage avec Elisabeth, veuve d’Aimon. 
 |      (41)
   TARDIF, Cartons des Rois, n. 280; Archives Nationales, K 19, n.
19.
 (42) Nous établirons
   ailleurs la filiation d’Aimon, fils de Thion et petit-fils de Grimoard,
 vicomte  de Paris sous Charles-le-Simple.
 
 |  
                    | La collégiale de Saint-Guénaud de Corbeil fut, comme celle
  de Saint-Spire, fondée par le comte Aimon, dans la seconde moitié
   du Xe siècle. Parmi ses bienfaiteurs, un prévôt de
Paris,               Thion, qui donna au chapitre des rentes à
Courcouronne,  est inscrit au 23 mai dans le nécrologe; son anniversaire
se trouve  réuni à ceux des comtes Aimon et Bouchard. Cette
association  prouve une parenté; l’obit de Thion étant rappelé
le  dernier, est postérieur à celui de Bouchard (26 février 
  1007). Ce prévôt, contemporain du roi Robert II, est apparemment 
  la souche dont tontes les branches qui viennent d’être énumérées
   sont issues (43). |       (43) Le texte du nécrologe de St-Guénaud,
   copié par l’abbé Guiot, porte au 23 mai: «Anniversarium
  solemne  Haimonis comitis, fundatoris nostri… Item anniversarium
Burchardi  comitis…  Item anniversarium Theudonis, praefecti Parisiensis,
qui  dedit B. Guynailo  redditus quos habet apud Curcoronam» (Courcouronne, 
  cant. de Corbeil). [Anniversaire solennel de notre fondateur le comte Aymon... De plus anniversaire du comte Bouchard... 
 De plus anniversaire du praefectus (?) de Paris Thion qui a donné 
 à Saint-Guénaud le revenu qu’il détient à Courcouronne. (B.G.)] — Puisque ce fut Aimon qui fonda cette collégiale, 
  elle n’a pu recevoir de dons de Thion, vicomte de Paris en 926, avec lequel 
  MOLINIER (Obituaires  de la province de Sens, I, 411) croit pouvoir 
  identifier Teudo, praefectus  Parisiensis [Thion praefectus (?) de Paris (B.G.)]. Nous devons donc écarter  cette identification
qui, par surcroît, prête au mot praefectus, en le prenant pour vicecomes [vicomte (B.G.)], une extension qui serait, pour le 
 moins,  infiniment rare, surtout cette époque. [Cependant le Lexicon de Niermeyer note que dans une
charte du Cartulaire d’Anger datée entre  1082 et 1106 c’est bin
un vicomte qui est qualifié prafectus, et que ce mot signifie 
 même comte à l’époque carolingienne (B.G.)].
 
 |  
 
 | 
                
                   | 
 
                
                  
                  | 3.                — LES VICOMTES D’ETAMPES
 Le plus ancien vicomte d’Etampes qui nous 
soit   connu, vécut sous Philippe Ier et se nommait Roscelin. 
Il est intéressant de rencontrer, dans le Cartulaire de Saint-Père 
  de Chartres, les noms de Roscelin et de Thion unis dans une même 
  généalogie, celle de [p.84] chevaliers, 
  vassaux d’Aubert III Le Riche, fils de Ribaud et neveu d’Aubert II Le Riche, 
  seigneur de Bouafle. Le détenteur de l’église d’Armentières 
  l’ayant donnée  aux moines de Saint-Père (ce chevalier se 
nommait              Erchenoul d’après une charte confirmative 
de Gautier,  comte de Dreux), son fils Roscelin réclama et momentanément 
  usurpa sur elle des droits de voirie dont Thion, son petit- fils, se mit 
 en possession de nouveau «per sonum campanæ» [par le 
 son de la cloche (B.G.)] en s’arrogeant le droit de faire sonner les cloches. Plus tard, 
 Thion et Engenoul, fils de Roscelin, y renoncèrent en faveur de l’abbé 
 Landri (1033-1069).
 
 On connaît une fille d’Engenoul, Adeline.
   qui abandonna la voirie d’Anet au même abbé. Nous manquons
 de  documents sur la descendance de Thion, fils de Roscelin, et nous ne
pouvons    que signaler un rapprochement curieux entre des prénoms
qui sont  juxtaposés  plus tard parmi la noblesse étampoise.
 
 Revenons aux vicomtes
   d’Etampes.
 
 | 
 |  
                  | Roscelin fut le père de Marc et de Gaufroi. 
  Dans l’accord des frères Morhier avec Notre-Dame de Longpont, l’un 
  de leurs pleiges ou garants se nomme Marcus filius Roscelini [Marc fils 
 de Roscelin (B.G.)] (11). D’un autre côté, 
 le Liber Testamentorum  enregistre, dans une donation d’Anseau  de 
 Janville (fils de Gauslin II de  Lèves) à Saint-Martin-des-Champs. 
 le témoignage de Berneuil,  petit-fils de Roscelin, «Bernoalus 
 filius Godefredi filii Roscelini»  [Berneuil 
 fils de Geoffroy fils de Roscelin 
(B.G.)] (44). En 1082, 
Philïppe Ier confirma les  immunités de Notre-Dame d’Etampes en
présence de Berneuil (2) ici nommé 
            Bernodalius. Ne ferait-il  qu’un avec l’abbé homonyme 
de Notre-Dame  sous Philippe I cité  par Dom Fleureau et avec Bernodalius 
Potinus qui donna, vers 1107,  l’église de Cerny (45) à l’abbaye  de Morigny? Le surnom de Potin 
apparaît, dans le Cartulaire  de Saint-Père de Chartres, 
à plus d’un demi-siècle  en arrière: il a dû être, 
comme on le voit en d’autres  cas — pour le surnom de Gautier Tirel, par exemple
— porté dans diverses  hianches d’une même souche. Berneuil eut
pour fils Gaufroi qui assista aux obsèques d’Hersende, femme
d’Ougrin le Chambellan, et ce Gaufroi (Gaufredus) ne fait qu’un peut-être
avec le Gaufroi  Sauvage (Godefredus [p.85]
            Silvaticus),  prévôt royal d’Etampes
en 1141, que nous rencontrerons plus loin. Vers 1147 on retrouve un autre
Berneuil ou Bernand (Bernaldus) au nombre des gendres de Barthélemi
Le Riche d’Etampes. 
 |       (44)
                 Liber Testamentorum, n. XXVII, p. 36. On rencontre
 avec lui Isembard Payen fils d’Anseau (d’Etampes); Arnoul d’Auvers-Saint-Georges 
  (fils d’Arraud de Corbeil); Rainaud da Dourdan; Thibaud fils d’Orson (I 
d’Etampes);  et comme témoins pour les moines, Orson II fils de Thion 
Ier. Tous  ces personnages devaient être alliés.
 (45) Canton
de  la  Ferté-Alais, arr. d’Étampes (DUCHESNES, IV, 360). —
Cf.  D. FLEUREAU, Antiquitez de la ville d’Estampes, p. 405.
 
 |  
                  | Le Nécrologe de Saint-Jean-en-Vallée nous apprend que le
premier   abbé, Aubert, et l’un des chanoines de cette collégiale, 
              Tescelin,  eurent pour père Roscelin et 
 pour mère Lieuse (Leoisa) dont les obits se commémoraient 
  ensemble le 5 mars. La forme Lieuse est intermédiaire entre 
  une plus ancienne, Lithuisa. et une plus moderne, Liesse ou
              Leticia. Nous verrons tout à l’heure que le vicomte
  Marc, fils de Roscelin, eut une fille nommée Liesse. Le premier
  abbé de Saint-Jean-en-Vallée près de Chartres. fut
donc  un des fils de Roscelin, tige des vicomtes d’Etampes (46)  et la copropriété des biens à 
  Lèves, domaine d’une branche bien connue de la famille Le Riche, 
tend  à rapprocher de cette souche celle dont sortait, ou Roscelin, 
ou sa  femme Lieuse. |      (46)
   «III Non. Marcii. Obiit Roscelinus pater Alberti abbatis et Tescelini
   canonici, et Leoisa mater eorum, pro animabus quorum ipsi huic ecclesie
 plurima  beneficia contulerunt; prebendam quoque in secularis status usibus
 a Gilduino  canonico diu habitam, in usus fratrum canonice viventium reddiderunt;
 qui  etiam tres quadrantes vinee apud Leugas, ad opus luminarii ecclesie,
 contulerunt»  [Le 3 des nones de mars (le 5
mars)  est mort Roscelin père de l’abbé Aubert et du chanoine
Tescelin,  ainsi que leur mère Lieuse.
Pour le salut  de leurs âmes les dits ont donné à la
présente  communauté plusieurs concessions féodales,
et ils ont restitué  une prébende longtemps détenue
et utilisée pour des usages séculiers par le chanoine Gildouin,
afin qu’elle servent à des frères qui vivent en respectant
les règles canoniques (B.G.)]
(Necrologe de Gui de Lèves, abbé  de Saint-Jean-en-Vallée;
 ms. lat 991, fol. 3).Letuissa est la forme hypocoristique 
 donnée,  dans un récit hagiographique du XIe siècle, 
 au nom de Liégarde  (Letgardis) de Vermandois, femme de Thibaut 
 le Tricheur, comte de Chartres  (DEPOIN, Les premiers anneaux de la maison 
 de Bellême, dans  le Bulletin historique et philologique, 
 1909).
 
 |  
                  | Le vicomte Marc souscrit en 1094 à un diplôme de Philippe 
  1er pour Saint-Pierre de Melun (47). Le rescrit
   de 1106 le mentionne avec son fils Hervé sans lui attribuer 
  de titre, en tête des chevaliers du roi à Étampes. 
           «Marconi   et Herveo ejus filio». [à Marc et à son fils Hervé (B.G.)] (5). 
 |      (47)
   MABILLON, De re diplomatica. l. VI, p. 589.
 |  
                  | Il dut mourir en 1107. En 1108, en effet, avant le 16 mars, le vicomte
Hervé   est l’un des témoins de Louis-le-Gros, roi désigné, 
  lors de l’acte par lequel Gui Troussel, mourant, déclare remettre 
 sa terre  de Montlhéry entre les mains du prince en le priant de placer
  sous sa sauvegarde le prieuré de Longpont (48). 
 |      (48)
   LUCHAIRE, Louis VI le Gros, n. 53.
 |  
                  | C’est par erreur que M. de Dion a représenté comme vicomte 
  d’Etampes, dès 1104, Gui, fils de Hugues Blavons, châtelain 
  du Puiset. Les relations de Gui avec la famille des vicomtes d’Etampes sont
  établies par un passage de la Chronique de Morigny où 
  il est [p.86] ainsi désigné: 
            «Guido  vicecomes Stampensium, filius magni Hugonis domini
Puteoli, sortitus uxorem  filiam Marchi, Stampensis vicecomitis, unde sibi
vicecomitatus accidit»  (49). 
 Une charte de
Marmoutier    nous apprend que la femme de Gui se nommait Liesse (Lætitia) 
  et qu’ils eurent plusieurs enfants, dont deux fils, Hugues et Ebrard, relevant 
  les prénoms habituels des châtelains du Puiset (50). Liesse est donc le nom de la fille du vicomte
   Marc d’Etampes; elle hérita de son frère Hervé, mort
   sans enfants.
 
 |      (49)
   Guy vicomte d’Étampes fils du grand Hugues 
 seigneur du Puiset, ayant reçu pour épouse la fille de Marc, 
 vicomte d’Étampes, d’où lui échut la dignité 
de vicomte (B.G.)] DUCHESNE, IV, 365. 
La méme Chronique (ibid. 372) qualifie  Gui «cognatus 
 Guidonis de Rupeforti» [parent de Guy de Rochefort (B.G.)]. I.a femme de Hugues Blavons,  mère 
 de Gui, était fille de Gui le Grand de Montlhéry;  Gui du Puiset
 était ainsi parent du Comte de Rochefort du côté  maternel,
 par la Cognatio [parenté naturelle,
par  opposition à la parenté par alliance (B.G.)], suivant le 
 terme juridique. [En fait, selon le Lexicon 
de Niemeyer, cognatus a pris en latin médiéval deux sens
spécialisés: beau-frère (frère de la femme,
ou mari de sœur), ou bien, sens qui convient ici, neveu (fils du frère
ou de la sœur). Guy de Rochefort était bien le frère de la
mère du vicomte Guy (B.G.)]
 (50) Ms. lat. 5441,
 p.  436.
 
 |  
                  | Gui, dans sa jeunesse, avait été chanoine de Chartres (51), mais il jeta le froc, refugus et clericalis
   militiæ desertor [transfuge  et déserteur des rangs du clergé (B.G.)], comme l’écrit 
 au Pape, peu après,  le grand évêque Ives (52). Du chef  de sa femme, il devint seigneur de Méréville,
et il est connu  sous ce nom dans une série d’actes. Il hérita
aussi de Villepreux,  l’apanage de son frère Galeran, mort en Palestine
en 1124 (53). 
 Lorsque, en 1106,
  Hugues  II, vicomte de Chartres et châtelain du Puiset pendant la
minorité   de son neveu Hugues III, quitta cette charge temporaire
pour suivre en Terre-Sainte   Bohémond I prince d’Antioche, venu en
France pour y recruter de nouveaux   Croisés, il fallut chercher au
jeune héritier un nouveau tuteur;   c’est alors que Gui, frère
cadet d’Ebrard III, de Hugues II et de  Galeran, quitta l’aumusse pour la
cuirasse (54).   Son premier soin durant l’administration
qui lui était confiée  pour un laps de temps assez court, fut
de chercher à s’enrichir aux  dépens de l’Eglise. Ives de Chartres
 fait de ses déprédations,  auxquelles n’échappèrent
 pas les terres de ce même chapitre  que Gui venait de quitter, un
tableau  lamentable dans une lettre à  Pascal II; il sollicite le
Pape de confirmer  l’excommunication lancée  par lui contre le châtelain
du Puiset,  et d’en imposer la promulgation   à l’archevêque
de Sens, aux  évêques [p.87] d’Orléans
 et de Paris. Hugues III ayant   été mis, dès 1109 (55)  en possession des honneurs paternels, toutes
 ces poursuites vinrent à   tomber. Gui de Méréville
entra au service de Louis VI; on l’aperçoit  dans la suite du roi,
en 1111 à Etampes (56),  en 1113 à
Pithiviers (57); en 1129, par  une disposition
testamentaire, en présence et avec l’assentiment de  sa femme Liesse,
de ses fils Hugues, Ebrard et Galeran, il abandonne aux moines de Tiron la
dîme d’un moulin (58). Parmi les témoins
se trouve un Rainaud d’Etampes (Raginaudus de Stampis).
 
 |      (51)
   Il souscrit en cette qualité à un acte de l’an 1100 (E.
DE   l’EPINOIS et Lucien MERLET, Cartulaire de Notre-Dame-de-Chartres,
 I, 24).
 (52) BOUQUET, Recueil 
  les Historiens de France, XV, 148. La date de 1109 donnée à 
  cette épître d’Ives doit être reculée, car il 
attaque  Gui comme châtelain du Puiset (Guido Puteacensis) [Guy du Puiset (B.G.)]et 
 Gui perdit ce titre dès 1109.
 
 (53) ORDERIC, l.
XI,   c.  14.
 
 (54) A. de DION, Le 
  Puiset, pp. 20-23.
 
 (55) Le 18 septembre
   1109, Gui se trouve avec la comtesse Adèle, à Etampes, lorsqu’elle
   se réconcilie avec l’abbé de Bonneval ; il ne prend plus
alors   que le surnom de Gui de Méréville (Ms. lat.
17139, fol. 104).
 
 (56) Coll.
MOREAU,    XLVI, 44 (Wido Puteacensis).
 
 (57) Ib. XLVII, 
  I (Wido de Merulavilla) [Guy de Méréville (B.G.)].
 
 (58) Lucien 
MERLET   (Cartulaire de Tiron, I, 131) lisant dans le texte corrompu 
              Guido   de Monevilla [corruption 
selon Depoin de Monnervilla (B.G.)], 
a supposé qu’il s’agissait d’un seigneur de Moigneville.
 
 
 |  
                  | En  1144 Louis VII approuva la cession faite à l’abbé
  Suger de Saint-Denis par Hugues vassal de la Couronne, au château
de  Méréville  (Hugo homo noster, de castro quod dicitur
Meravilla)             [notre
vassal (homme) Hugues, de la place forte appelée Méréville (B.G.)], des droits dont 
 il jouissait à Monnerville (59).  Une 
 charte de Bonneval donne de très intéressants et très 
  complets détails sur la famille du fils aîné de Gui 
du  Puiset. On y voit qu’Ebrard, fils de Hugues, étant mort en la fête
 de saint Barthélemi, son père conduisit sa dépouille 
  au monastère de Bonneval, où on l’inhuma dans le cloître. 
  En proie à la plus profonde  douleur, le sire de Méréville 
  conduisit le deuil ses sanglots et ses gémissements ne cessèrent 
  d’émouvoir l’assistance durant toute la cérémonie funèbre;
  sur la tombe de son fils. il affranchit solennellement un serf attaché
  sans doute à la personne du défunt et le consacra, lui et
toute  sa postérité,  au service du monastère. Tous
les siens  l’approuvèrent: Hélisende sa femme, Gui
II son  fils aîné, Hildeburge sa bru et leur fils
            Hugues;  les autres frères du jeune Ebrard, Hugues,
             Gilbert et                          Jehan; ce
dernier fut d’église  (60). [p.88] 
 
 
 |      (59)
   Archives nationales K 23, n. 9; fragment de diplôme.
 (60) Voici le
 texte   de ce document: «Hugo dominus Mereville quemdam Guillelmum
quem sub   jugo capitalis servitii diu tenuerat, Sancto Petro et martyribus
Bonevallis   donavit, pro anima Ebrardi filii sui, qui in festo Sancti Bartholomei
defunctus   est, et in claustro monachorum sepultus. Ipse quidem Hugo, inter
planctus   et lacrimabiles gemitus que in filii funere fundebantur, Guillelmum
istum,   super tumbam defuncti, de jugo servitutis, omnique exactione, liberavit,
  et super altare S. Petri obtulit, eumque et omnem ejus progeniem SS. Martyrum
   Bonnevallensium servitio delegavit. Hoc concessit Helisendis uxor Hugonis,
   et Guido, et Hildeburgis uxor [p.88] Guidonis,
   et Hugo filius ipsorum; et Hugo et Gillebertus et Johannes. Testes: Gaulenus
   de Mosteriolo. Ricardus Harens. Adam Prunellus. Simon de Larderiis (Laredoire?)
   Gilo de Tuschis, Renaudus de Bailol, Rudulfus prepositus, Bonardus de
Sancto    Petro, Paganus prepositus, Robertus Maugerus». [Hugues, seigneur de Méréville, a donné 
 à saint Pierre  et aux martyrs de Bonneval un certain Guillaume, 
 qu’il avait longtemps tenu sous le joug de la 
 servitude personnelle, pour le salut de l’âme de son fils Ébrad, 
 qui est mort le jour de la fête de saint Barthélémy, 
et qui a été enterré dans le cloître des moines. 
Le dit Hugues, avec des plaintes et des gémissements pitoyables qu’il 
 répendait pendant les funérailles de son fils, a affranci le
 dit Guillaume sur la tombe du défunt du joug de la servitude et de
 toute redevance; il l’a offert sur l’autel de Saint-Pierre, et il l’a consacré,
 lui et toute sa descendance, au service des saints martyrs de Bonneval.
A  quoi ont consenti: Helsent épouse d’Hugues; Guy, Heubour épouse
 de Guy et leur fils Hugues; Hugues, Gilbert et Jean. De quoi sont témoins:
 Gaulen de Montreuil (?), Richard Harens, Adam Pruneau, Simon de Laredoire
 (?), Gilles des Touches, Renaud de Bailleul (?), le prévôt Raoul,
 Bonard de Saint-Pierre, le prévôt Payen, Robert Mauger. (B.G.)]
 (De VERNINAC, Mémoires, t. III, p. 
52.   Biblioth. d’Orléans, ms. 394.3, fol. 52).
 
 |  
                  | M. le comte Ad. de Dion ayant constaté le passage de la seigneurie
   de Méréville, dès 1209, aux mains d’Ourson ou Orson,
   chambrier du roi, en avait conclu que celui-ci appartenait à la
famille   de Nemours et devait être gendre d’un seigneur de Méréville
   de la maison du Puiset (61). Dans ses Recherches
   généalogiques sur la famille des Seigneurs de Nemours, 
  œuvre aussi consciencieuse que puissamment documentée et qui peut 
 être donnée comme un modèle à suivre, M. Emile 
 Richemond, sans avoir connu le travail de M. de Dion, est arrivé aux
 mêmes conclusions. Il a, tout d’abord, clairement établi qu’Orson
 Ier de Méréville est le second fils de Gautier de Villebéon,
   sire de Nemours, chambellan de Philippe Auguste. Aucun doute n’est possible
   à cet égard depuis la publication par M. Richemond d’un
  diplôme inédit de Philippe Auguste (62) approuvant le partage fait par Gautier de Nemours
  entre ses trois fils survivants et l’héritier de son fils aîné,
  en 1198, de toutes ses terres et seigneuries. L’acte royal s’exprime ainsi: «Hec erit pars Ursionis camerarii
 nostri.   Ursio habebit Merevillam et omnes acquisitiones quas Galterus
pater  suus   fecit in Castellania Mereville...»*
 
 |      (61)
   Ad. de Dion, les Seigneurs de Bedeau en Beauvaisis, p. 49; Mémoires
   de la Société de l’Histoire de Paris et de l’Ile de France,
   t. X (1883).
 
 
 
 
 (62) Annales 
de  la  Société hist. du Gâtinais, 1906. — Tirage à
  part,  Fontainebleau, 1906, in 8°.
 
 
 [* Voici la part 
 de notre chambier Ours. Ours aura Méréville et toutes les acquisitions
 qu’a faites son père Gautier dans la châtellenie de Méréville.
 (B.G.)]
 
 |  
                  | Gautier avait donc acquis personnellement la châtellenie de Mérévïlle.
   Ce point semblerait faire échec à la conclusion de M. Richemond 
   qui, ayant observé que la femme d’Orson se nomme Liesse, la considère
   naturellement comme la petite-fille de Liesse d’Etampes. Orson héritant
   Méréville de son père, ne l’a pas eu du chef de sa
 femme.  Mais M. Richemond a trouvé une ingénieuse solution:
 «Si  le chambellan Gautier s’est rendu acquéreur de la Vicomté
 de  Méréville entre 1186 et 1190 et l’a donnée en partage
   à son fils Orson, c’est probablement en raison du mariage de ce
dernier   avec la fille de Gui Il du Puiset» (63).   Il est possible de simplifier encore les choses,
et d’admettre que Hugues   II, fils de Gui II, étant mort sans enfants
après 1186, le  roi concéda Méréville [p.89]             à   son chambellan à
l’occasion du mariage convenu entre le jeune fils   de Gautier et Liesse,
petite-fille de Gui Ier. Il faut bien admettre que  celle-ci était
sœur de Hugues II, car autrement les autres enfants  de Gui Ier ou leurs
descendants auraient primé les droits de Liesse.  Il existait notamment
toute une branche de seigneurs de Villepreux, issus  d’Ebrard IV, second
fils de Gui Ier de Méréville. Ebrard, devenu  seigneur de Villepreux
après la mort de son père (64),
saisit les bœufs du prieuré de Saint-Nicolas   dépendant de
Marmoutier, et qui avait alors à sa tête   Etienne Loherain
(Stephanus Loherengus prior) [le prieur Étienne Loherain (B.G.)]. Il épousa Julienne  héritière de deux frères, 
Ernaud III et Hugues, châtelains  de la Ferté-Arnaud, et mourut, 
d’après M. de Dion, en 1169.  Son fils, Ernaud IV de la Ferté, 
épousa, suivant le  même auteur, Alice (Aélis) nièce 
de Milon, archidiacre  de Chartres. 
 | 
 
 
 (63) Recherches 
  sur… les Seigneurs de Nemours, II, 17.
 
 
 
 
 
 
 
 (64) Ms. lat. 
5441,   fol. 436. Gui sente Villepreux de son frère Galeran, auquel 
il survécut;   ce n’est donc pas Ebrard qui succéda son oncle, 
comme l’a cru M. de  Dion. (Les Seigneurs de Breteuil, p. 49).
 
 |  
                        | Milon appartenait à la famille
de Lèves, il était neveu   de l’évêque de Chartres
Geofroi II (65).   Ernaud IV de la Ferté
ayant eu une fille du nom de Mabile, il est  à croire que sa femme
Aélis eut pour père Milon de Lèves   mort en 1167, pour
mère Mabile et pour frère Geofroi, sire  de Lèves, cités 
dans une charte de Josaphat (66). Des trois fils
d’Ernaud IV, Ernaud V, Guillaume   II de la Ferté et Ebrard V, les
deux derniers portèrent le  surnom de Villepreux, comme le montrent 
leurs sceaux décrits par M.  de Dion. Ce fait corrobore l’hypothèse 
séduisante de M. Richemond,  d’après laquelle Hugues de Dugny 
qualifié avunculus             [oncle (B.G.)] de Liesse, 
femme d’Orson de Nemours dans un texte important, n’est autre que le frère 
cadet de Gui II. En effet, un successeur de Hugues dans la seigneurie de Dugny
(67), — Geofroi, qui en 1206 donna au
couvent d’Yerres sa part dans le péage de Brunoy, — est surnommé 
indifféremment de Dugny ou             de Villepreux 
(68). |      (65)
   Ms. lat. 10102, n. 129. Milon était cousin de Gauslin IV, mort
en   1151, et frère de Gauslin V, mort avant son père en 1145.
 
 (66) Cartulaire
  de  Josaphat. Ms. lat. 10103, n. 105.
 
 
 
 (67) Canton
d’Aubervilliers    (Seine).
 
 
 (68) RICHEM0ND,
                ouvr.  cité, p. 16, note 1.
 |  
                  | Rappelons  enfin qu’un troisième fils de Gui Ier du Puiset et de Liesse
 d’Etampes  fut Hervé, abbé de Marmoutier de 1178 à
 1186  (69). Il relevait le prénom porté
  par le vicomte Hervé, frère de Liesse. [p.90] 
 |       (69)
   A. DE DION, Le Puiset, p. 31.
 |  
 | 
                 
                   | 
                
                  
                  |                                         
                                     4.— LA FAMILLE DE MENIER
   D’ETAMPES.
        Notre étude sur les Vicomtes de 
Corbeil               contient un chapitre consacré à Gautier 
  d’Etampes, à qui sa femme Adèle, fille de Hugues et sœur 
  de Gui Payen, seigneur de Palaiseau. avait apporté en dot la moitié 
  de la dîme d’Orsonville. Le Liber Testamentorum enregistre 
la  cession de cette part de dîme à Saint-Martin-des-Champs par
Gautier, Adèle et leurs deux fils, Pierre et Anseau (70).
 
 |      (70)
                 Liber Testamentorum, n. XL, p. 52.
 |  
                  | Le rescrit de 1106 établit la filiation des descendants d’Anseau:
  il est adressé «Pagano Anselli filio; Johanni ejus filio;
  Alberto,  ejusdem Pagani fratri, Manerio ejus filio» [à Payen fils d’Anseau, à son fils 
 Jean, à Aubert frère du dit Payen, à son fils Menier 
 (B.G.)] (5). Aubert 
 I (Albertus Anselli filius)  [Aubert fils d’Anseau (B.G.)] est mentionné 
 à Etampes en 1082 avec Thion II et Berneuil I  (22) et avec un de ses propres frères,  Robert 
 (Robertus Anselli filius) [Robert 
 fils d’Anseau (B.G.)]. L’étude  précitée 
  donne le véritable nom de Payen, fils d’Anseau: il se nommait 
              Isembard; d’une première union, il laissa Jehan, 
  cité avec lui en 1112 dans l’entourage de Louis VI à Etampes, 
  et marié depuis avec Eustachie de Châtillon; d’une seconde 
femme,  Aélis fille de Gandri de Corbeil, il eut Anseau, Ferri 
  et Geofroi, copropriétaires du domaine de Manterville avec 
 leurs deux cousins Menier et Gui, fils d’Aubert (71). 
 |      (71)
   Coll. MOREAU, XLVII, 58.
 |  
                  | Sous Etienne, abbé de Saint-Jean-en-Vallée, qui mourut en
 1130,  ce monastère reçut le don de 40 arpens de terre in
 villa dicta Albereth (72) qui fut approuvé 
  par Mainerius et Guido de Stampis, fratres [les frères Menier et Guy d’Étampes 
 (B.G.)], «de quorum feodo  erat» [de qui elle était tenu à fief (B.G.)]. Mahaud, femme de Menier, et leurs enfants Simon, Aubert 
  II et Hélisende y consentirent (73).   Sur la descendance de Menier d’Etampes, 
ce chapitre apportera quelques   éclaircissements. 
 |      (72)
   Faut-il identifier ce lieu avec Aubray, hameau de Merobert (canton de
Dourdan    sud), ou n’y a-t-il dans cette graphie qu’une déformation
d’Alvers,    Auvers-Saint-Georges?
 (73) DEPOIN, 
              Les   Vicomtes de Corbeil, p. 58.
 
 |  
                  | Aubert II, fils de Menier, fut père de Gui
 II dont la filiation est attestée par une charte de Geofroi II
 de Lèves, évêque de Chartres, datée de 1147,
d’après  ce synchronisme: «quando domnus Ludovicus, rex Francorum,
consilium   tenuit pro disponenda regni sui [p.91]
            tranquillitate,   quam inviolatam conservari praeoptabat,
dum in Jerusalem peregrinaretur»              [quand monseigneur Louis,  roi des Francs, tint
conseil pour organiser la tranquillité du royaume  qu’il voulait par
dessus tout préserver pendant qu’il se rendait à  Jérusalem
(B.G.)].  Le prélat fait savoir  que Gui,
fils d’Aubert, pour l’amour de Dieu et de lui Geofroi, a abandonné
le droit féodal qu’il avait sur un bien cédé à
Josaphat (74) par les fils de Vital de Chalou. 
 |      (74)
   Ob Dei nostrumque amore, et per manum nostram, dedit monachis de Josaphat
   feodum quod habebet in terra Ulmelli, quam Ar. Crassus eis dederat [pour l’amour de Dieu et de nous, et par notre main, il a
donné aux moines de Josaphat ce qu’il détenait dans la terre 
 d’Ormeau (?) que leur avait donné  (B.G.)] (Arraudus
   aut Arnulfus?) [Arraud ou Arnoux? (B.G.)] 
 (Ms. lat. 10102, n. 114).
 |  
                  | Gui est alors veuf, car l’acte ne dit pas un mot de sa femme; mais il
a  deux  enfants, Richard et Aélis, qui, en signe d’assentiment, 
  baisent l’anneau épiscopal et reçoivent chacun du prélat 
  douze deniers. «Hec concesserunt liberi Guidonis, Ricardus et Aaliz
  qui pro recognitione osculati sunt annulum nostrum, et dedi unicuique XII
  denarios» [Ont donné 
 leur accord les enfants de Guy, Richard et Alais, qui en guise de reconnaissance 
 ont embrassé notre anneau et je leur ai donné à chacun 
 douze deniers (B.G.)]. L’évêque assisté 
 de Robert, doyen  de son chapitre, se trouve alors à Etampes, dans 
 l’hôtel de Barthélemi Le Riche (apud Stampas in domo Bartholomei 
 Divitis) [à Étampes 
 dans lamaison de Barthélémy Le Riche (B.G.)], où sont réunis Geudoin, abbé de Clairefontaine 
 (au diocèse de Soissons); Gautier, chevecier d’Etampes; Gauslin le 
 Vieux de Lèves;  Gauslin de Méréville; le Chambellan 
 Roscelin (sans doute un  descendant du vicomte d’Étampes); Anseaume 
 du Puiset; Guerri Baise-Diable  (Guerricus Basiat-Diabolum). |  |  
                  | Gui  II perdit peu après son fils; il ne lui resta qu’Aélis,
  qui  se maria. Il est appelé Guido filius Auberti de Stampis [Guy fils d’Aubert d’Étampes (B.G.)] dans un état dressé en 1162, des bienfaiteurs de 
 l’abbaye de Cernay fondée en 1118: «Concedente filia sua Adelina 
 et genero, dedit vineas quas habebat apud Estreichun (certainement 
             Etrechy),  et hoc per manum LUDOVICI regis Francorum»* (75). 
 |      (75)
                 [* avec l’accord de sa fille Adeline 
 et de son gendre, il a donné les vignes qu’il avait à Étréchy, 
 et cela par la main de Louis, roi des Francs (B.G.)] Cartulaire 
 des Vaux de Cernay. t. I., p. 32 et suiv.
 |  
                  | Barthelemi Le Riche d’Etampes, chez qui se rencontrent 
  l’évêque de Chartres et Gui Il d’Etampes, eut pour femme Hélisende, 
  dans laquelle on reconnaît la sœur d’Aubert II. Nous lui connaissons 
  quatre fils:  Jehan, Garsieu (Garsilius), Ferri, 
              Gui et trois filles mariées l’une à Jehan, 
  l’autre à Bernaud, la troisième à Conrad d’Ardenne 
(Caradus  de Ardana) (76). L’une de ces 
filles se nommait             Fauque, et probablement l’autre Mahaud. [p.92] 
 Le  nom  de Garsieu rappelle celui de Garséon (Garsadonius), 
  fils d’Anseau et petit-fils d’Arembert, plusieurs fois cité dans 
la              Chronique dc Morigny; il partit pour Jérusalem 
 en 1106 et mourut à Cluse au cours du voyage. Il avait, au départ. 
  engagé à Morigny sa terre de Gommerville près Janville, 
  qui devait revenir aux moines en cas de mort. Aelis, sa mère survivante, 
              «primum monachis benevolentissima, sed postea muliebri 
  levitate mutata»                 [tout d’abord très bienveillante envers 
les moines, mais  ensuite bien changée par versatilité féminine 
(B.G.)], approuva, puis contesta cet accord. Une sœur 
de Garséon  épousa Bernard, fils  de Pierre, que la Chronique 
qualifie             «homo profanae mentis» [homme à l’esprit profane (B.G.)]. En lutte avec l’abbaye,  il incendia Gommerville, la grange de
Maisons près Chartres, et des  bâtiments au Touchet, hameau d’Etrechy
donné aux moines par Anseau. Gui, comte de Rochefort, était 
 alors en Terre Sainte. Les moines attendirent son retour, le reçurent 
 processionnellement, et l’ayant conduit à Saint-Arnould-en-Iveline, 
 lui exposèrent leurs plaintes. Bernard arrêté fut jugé 
 par Gui, vicomte d’Etampes, et dut se désister de tout recours contre 
 les libéralités  de son beau-père. Vers 1128, l’anniversaire 
 d’Anseau et de Garséon  fut fondé à Morigny (77).
 |      (76) 
 «Clareat  hoc cunctis quod Bartholomeus Dives de Stampis concessit 
monachis de Josaphat,  in atrio Chaloi, ut ex qualibet parte ecclesie domos 
suos facere potuerint...  Helisendis uxor de cujus dote res erat, concessit. 
Concesserunt etiam Johannes,  Garsilius, Fericus filius ejus. Testes Johannes, 
Bernaudus generi ejus, et  Hugo miles ejus. Petrus [p.92] 
 de Brahio... Willelmus capellanus de Chalou. Fauca filia prefati Bartholomei. 
 Mathildis [Que ceci soit clair pour tous: Barthélémy 
 Le Riche d’Étampes a autorisé les moines de Josaphat à 
 construire leurs demeures sur le parvis de Chalo, de quelque côté 
 que ce soit de l’église... Son épouse Helsent, à la 
dote de laquelle ce bien appartenait, y a consenti. 
 Y ont encore consenti ses fils Jean, Garsieu et Ferry. Témoins: Jean, 
 son gendre Barnaud et son chevalier Hugues; Pierre de Brahio (?)... 
 Guillaume, chapelain de Chalo; Fauque fille du sudit Bartghélémy. 
 Mahaud. (B.G.)] (Ms. lat. 10102. fol. 41).Au lieu de filius ejus [son fils (B.G.)], dans le texte qui précède, 
 il faut lire filii ejus [ses fils (B.G.)], 
 ainsi que le prouve  une charte en faveur de Josaphat, émanant de 
Jehan de Chalou, de sa  femme Adélis, de ses fils Ansoud et Vital, 
de ses filles Erembour et Marie, de ses neveux Augier (Oldegarius), 
Geofroi, Bruneau et Robert,  de sa nièce Vilaine, de Guillaume et Audiarde
(Oldeardis) enfants  de Bruneau; cette charte dressée en présence
de Geofroi II,  évêque de Chartres, se termine ainsi: «Bartholomeus
Dives  concessit... concedentibus filiis suis Johanne, Garsilio, Ferrico.
Testes  Johannes, Bernaldus. Caradus de Ardana, generi Bartholomei. Guido
filius Bartholomei. Guillelmus capellanus... Willelmus de Argentolio. Matheus
armiger Garsilii» [Barthélémy Le
Riche a concédé... avec l’accord de ses fils Jean, Garsieu et
Ferry. Témoins: Jean; Bernaud; Caradus (corruption de Carolus?) 
 d’Ardennes, gendre de Barthélémy; le chapelain Guillaume... 
 Guillaume d’Argenteuil (?); Matthieu écuyer de Garsieu (B.G.)] 
 (Ibid., fol. 41).
 
 (77) DUCHESNE,
 IV,   371-375.
 |  
                  | Garsieu,  fils de Barthélemi Le Riche, exerça les fonctions 
 de prévôt  royal à Etampes; ce ne peut être qu’à 
 ce titre qu’il procéda en 1167 à l’arrestation d’un prêtre 
 du diocèse de Bayeux (78). Garsieu avait 
 succédé à             Gaufroi Sauvage (Godefredus 
 Silvaticus, Stampis prefectus), qui assista au don d’une terre à 
 l’abbaye de Tiron par Adam Brochart.              «Hoc donum ante 
 regem Galliae qui tunc temporis Stampis aderat, factum est» [Cette donation a été faite devant 
 le roi de Gaule que se trouvait alors à Étampes (B.G.)], ajoute la notice, que Lucien Merlet [p.93] 
             place entre 1131 et 1145 (79) 
 et qui peut se rapporter soit au séjour de Louis VI à Etampes 
  le 3 août 1131, soit à celui qu’y fit Louis V en 1142, d’après 
 M. Luchaire. Gaufroi Sauvage avait à son tour pour devancier Guillaume 
 (Guillermus prepositus de Stampis) [Guillaume prévôt d’Étampes (B.G.)] qui en 1085 intervint en faveur de la Maison-Dieu du Vieil-Etampes 
 (80). 
 |       (78)
   Cette arrestation opérée par Garsilius de Stampis
donna  lieu à une lettre de Hugues, archevêque de Sens, au roi
(BOUQUET,                 Recueil des Historiens de France, XV, 716).
 (79) Cartulaire 
de  Tiron,  I, 183.
 
 (80) MENAULT,
                Morigny,  p. 39.
 
 |  
                  | Ces prévôts ne semblent pas s’être succédé
   héréditairement; toutefois le prénom de Guillaume
que   portait le troisième de ceux qui nous sont connus (81) se retrouve sous le règne de Philippe-Auguste,
   dans la personne de Guillaume Menier, bailli du roi et châtelain
d’Etampes,   mort en 1237. Le nom patronymique de ce chevalier rappelle la
dynastie issue   de Menier, fils d’Aubert. 
 |       (81)
   Avant Guillaume paraît un Durand (Durandus praetor Stampensis)  [Durand praetor (?) d’Étampes (B.G.)] 
 en 1067 (PROU, Actes de Philippe Ier, p. 99), et avant Durand un 
             Archambaud   bienfaiteur de Notre-Dame d’Etampes sous 
Robert le Pieux (D. FLEUREAU, p.   293).
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                        |                                         
                                     **      *
 
 Les quatre familles qui viennent d’être
  l’objet  de notre examen ont-elles eu entre elles une relation d’origine
 commune ?  Nous avons exprimé déjà ce sentiment: il
se fortifie  si l’on compare les prénoms en usage dans ces maisons
avec ceux que,  dans le second Appendice au Cartulaire de Saint-Martin
de Pontoise, consacré à diverses branches de la famille
Le Riche, nous avons rencontrés dans celles où se recrutèrent
les bouteillers et les chambellans, sous Henri Ier et Philippe Ier: les rameaux
de Senlis et de Clermont.
 
 Ces prénoms sont ceux de Rouhaud (Raoul),
   Gui[hard], Guillaume, Anseau, Aubert, Gaufroi (Geofroi), Gautier, Renaud,
   Pierre, Jehan, Hervé. Le prénom d’Ougrin, nous l’avons vu,
  appartient aussi à la famille Le Riche. Il en est de même
de   celui de Ferri. Dans tous les cas, la présence continuelle de
membres   d’une des lignées que nous distinguons aux côtés
des  chefs d’une des antres maisons dans des actes familiaux, constitue une
présomption   d’alliances antérieures.
 
 Puisse cette modeste contribution à 
un  sujet  resté jusqu’ici fort obscur, aider de futurs travailleurs
 à   le mieux éclairer un jour. C’est l’unique but que nous
poursuivons   en dépouillant des notes rassemblées patiemment
et pourtant   encore fort incomplètes.
 
 
 J. DEPOIN.
 
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                                          | Source
         du texte: L’édition de 1909.. |