Bulletin de la Société historique et archéologique
de Corbeil, d’Étampes et du Hurepoix
n°15 [15e année] (1909), pp. 73-93
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La Chevalerie étampoise. Les chevaliers et les vicomtes
d’Étampes sous Philippe Ier et Louis VI
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Avertissement
propre à cette édition numérique:
Voici un travail important qui continue à
faire référence.
Je me suis seulement permis d’y insérer en
vert, à l’usage des non latinistes, la traduction (faite un peu trop
vite peut-être) des citations qui auraient pu gêner le commun
des lecteurs. Ce genre de traduction expose à des risques que les
érudits ne prennent pas en général. En l’occurence,
et j’y insiste, il ne s’agit pas d’une traduction de référence,
spécialement en ce qui concerne les noms propres, mais d’un simple
outil provisoire (d’autant que les textes allégués par Depoin
présentent des coquilles).
Merci de nous adresser toutes vos critiques ou remarques
susceptibles de corriger ou d’enrichir ce travail au bénéfice
de tous.
B.G., août
2007
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LA CHEVALERIE ÉTAMPOISE
LES CHEVALIERS ET LES VICOMTES D’ÉTAMPES
SOUS PHILIPPE Ier ET LOUIS VI.
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Dans une étude publiée
par la Société Historique de Corbeil, d’Etampes et du Hurepoix
sur LES VICOMTES DE CORBEIL ET LES CHEVALIERS D’ETAMPES, nous avons exposé
la généalogie d’une famille noble portant le surnom d’Etampes
et citée, sous Philippe Ier, au nombre de celles relevant directement
de la Couronne, parmi lesquelles se recrutaient les «Chevaliers du
Roi».
Mais, à la même époque
et sous les règnes suivants, ce surnom fut commun à de nombreux
personnages issus de lignées parallèles et distinctes. Dans
l’intitulé d’un rescrit donné l’avant-dernière année
de sa vie, Philippe I réunit les chefs de ces diverses maisons
sous une formule collective: «nos féaux d’Etampes, fideles
nostri Stampenses».
En nous permettant de compléter ce
qui, dans l’étude précitée, a été dit
sur l’une de ces souches de chevaliers, la présente notice consacrera
des monographies séparées et brèves à quelques
autres maisons ayant possédé des fiefs à Etampes et dans
sa banlieue et ayant emprunté à cette ville leur surnom sous
Philippe Ier ou Louis VI. Ces familles, dont plusieurs sont peut-être
des branches d’un même tronc, se distinguent ainsi:
I. — Guihard le Bouteiller
et Ougrin le Chambellan.
II. — Orson Le Riche et
sa lignée.
III. — Les Vicomtes
d’Etampes.
IV. — La famille de Menier,
fils d’Aubert. [p.74]
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I. — GUIHARD
LE BOUTEILLER
ET OUGRIN LE CHAMBELLAN, D’Etampes.
La première des familles ayant porté
le surnom d’Étampes aux XIe et XIIe siècles et qui
doit attirer notre attention, appartenait à la familia regis,
c’est-à-dire à la Maison du Roi, et ses membres ont
exercé à la cour de Philippe Ier plusieurs charges domestiques.
Son chef est un chevalier qu’on rencontre
auprès de Raoul IV, comte de Crépy-en-Valois, et de ses fils,
Gautier IV et Simon Ier. Il se nomme Guihard, fils de Rouhard, ou
Guihard d’Étampes.
Guidardus de Stampis figure en 1066
parmi les témoins qui assistent à l’abandon d’une mainferme
à l’abbaye de Saint-Père de Chartres, par la veuve d’Hubert
de Rosay, chevalier mantais, en présence du comte Raoul IV de Crépy
et de son fils aîné, Gautier lV (1).
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(1) GUÉRARD,
Cartulaire de Saint- Père de Chartres, p.
185.
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Guidardus filius Rothardi apparaît aux côtés
du comte de Mantes, Simon, fils de Raoul IV, dans un acte passé,
après 1068, sous Gui, évêque de Beauvais, mort entre
1074 et 1078 (2).
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(2)
Collection MOREAU, t. XXX, fol. 86.
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Le nom de Guihard (Guidardus) s’est aussi prononcé Gohard
et orthographié Godardus ou Goardus. Parmi les témoins
du diplôme de 1106 par lequel Philippe Ier accorde à l’abbé
de Morigny, Rainaud, l’église Saint-Martin-du-Vieil-Etampes, figure
Vulgrinus, Gohardi filius, de Stampis (3).
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(3)
MENAULT, Morigny, p. 38. — Maurice PROU, Recueil des actes de
Philippe Ier. n. CLV, p. 388.
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Dès lors nous sommes amenés à identifier à
notre Guihard le bouteiller Gohard (Godardus) qui, avec son frère
Rainard et le sénéchal Geofroi, assiste à une libéralité
faite à Marmoutier par un vassal du comte Gui de Ponthieu, Aleaume
Costard, vers la fin du XIe siècle (4).
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(4)
Testibus... Godardo butellario, Rainardo fratre ejus, Gosfredo senescalco
[étant témoins le bouteiller
Gohard, son frère Rainard, le sénéchal Geoffroy (B.G.)]
(Coll. Moreau, XXV. 223).
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Ougrin, fils de Gohard d’Etampes, est compris dans
le mandement adressé, la même année 1106, mais avant
le 4 août, par Philippe 1er à ses vassaux d’Etampes, fidelibus
nostris Stampensibus [à
nos féaux étampois (B.G.)], pour assurer [p.75] aux serfs et aux colliberts de la Trinité
d’Etampes le même statut qu’aux serfs de la Couronne. Dans l’énumération
des «féaux» d’Etampes, Ougrin porte le titre de Chambellan
du roi, Vulgrino camberlano nostro (5).
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(5)
Ms. lat. 17.049, fol. 96. — MENAULT, Morigny, p. 42. (Le texte de cet
editeur maintient une leçon qui, à nos yeux, serait une
erreur de copie, que nous signalons ici pour n’y plus revenir: au lieu
de: «Haimoni Pagani Anselli filio» [à
Aymon Payen fils d’Anseau (B.G.)]; il faut lire: «Haimoni;
Pagano Anselli filio…» [à Aymon; à
Payen fils d’Anseau (B.G.)])
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Ougrin fut au nombre des bienfaiteurs de Morigny, abbaye fondée
par Anseau, fils d’Arembert, l’un des chevaliers de Hugues du Puiset. Anseau
avait donné le fonds où s’éleva plus tard le cloître
de Morigny, du consentement de son suzerain, aux moines de Saint-Germer
de Fly (6), Le prieuré établi
par ces religieux ayant été transformé en abbaye autonome,
cette érection amena de longs débats entre l’abbaye-mère
et sa filiale. Saint-Germer finit par se contenter d’un tribut annuel,
à titre de reconnaissance de l’ancienne sujétion de Morigny.
Ce tribut consistait en une somme (fardeau d’un cheval) de barils
d’huile. Mais il cessa d’être acquitté, le revenu qui servait
à le fournir ayant été saisi par le fisc (regis violentiâ
[par une violence du
roi (B.G.)]). Les protestations
de Saint-Germer recommencèrent. Alors «un homme excellent,
Ougrin fils de Gohard, Chambellan du roi Philippe, ne pouvant souffrir qu’un
pareil différend se perpétuât, s’efforça d’y
mettre un terme par ses démarches, et contribua de ses deniers à
la constitution d’un revenu suffisant pour fournir aux moines beauvaisiens
la somme d’huile qui leur était due (7)». Cette intervention d’Ougrin est aussi
de l’année 1106.
Il épousa Hersende, sœur de
Gui Ier de Linas, et la perdit sans en avoir eu d’enfants survivants. Hersende
voulut être inhumée à Notre-Dame
de Longpont, monastère auquel s’intéressait sa famille.
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(6)
Quidam miles, nomine Ansellus, terras et fundos quibus locus ille primitus
initiatus est, predicto Flaviacensi loco, concedente Hugone de Pusiaco
domino suo, contradidit. Crevit autem, edificantibus monachis illis, donec
in abbatiam conversus est [Un certain chevalier du
nom d’Anseau a donné les terres et le fonds où cet établissement
à commencé au susdit établissemnt
de Flex avec l’autorisation d’Hugues du Puiset
son seigneur; et il s’est agrandi, édifié par les moines,
jusqu’à devenir une abbaye. (B.G.)] (MENAULT, Morigny,
p. 165). Anseau (Anselmus filius Aremberti [Anselme (sic) fils d’Arembert (B.G.)]) est témoin,
à Etampes, d’un acte de Philippe Ier (PROU, n. CLXXIV, p. 425) maintenant
certains privilèges aux enfants d’Eudes, maire de Chalo, en 1082.
(7) «Providente
autem Dei clementia, quidam vir obtimus, nomine Vulgrinus filius Goardi,
Philippi regis camberlanus, discordiam istam durare non patiens, suo et
verbo et sumptu redditum quemdam praeparavit, ubi Flaviacenses dictam olei
summum, sine difficultate aliqua, singulis annis acciperent» [Et par la miséricordieuse providence de Dieu, un
certain personnage éminent du nom d’Ougrin fils de Gohard, chambellan
du roi Philippe, ne supportant pas que se durcisse cette querelle, ménagea
par son entregent et à ses frais une certaine rente d’où
les gens de Flex puissent retirer la dite ânée d’huile sans
difficulté chaque année. (B.G.)] (Ibid. — MENAULT,
Morigny, p. 184).
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A son lit de mort elle légua au couvent, pour sa sépulture,
ses droits sur l’église St-Michel et la dîme de cette paroisse.
Son mari [p.76] et son frère, au jour
de ses obsèques, attestèrent cette donation et leur assentiment
en prenant le calice de Saint Macaire et en le déposant sur l’autel.
Voici le texte de la notice qui relate cette
libéralité et qui, malheureusement, n’est point datée:
Hersendis uxor Wlgrini in extrema parte posita,
omnia que habebat in ecclesia Sti Michaelis Ste Marie de Longoponte donavit,
scilicet duas partes de decimaria ipsius ecclesie, hoc est de annona,
de vino, de lino, de cambe, de ovis, de porcis, de vitulis et de omnibus
omnino rebus. Post obitum vero ejus, cum antiquum ad tumulum deferetur,
Wlgrinus vir ejus et Guido frater ejus de Lynais istam donationem per sciffum
Sti Macharii super altare Ste Marie posuerunt. Hujus rei sunt testes Harduinus
presbiter. Frotgerius decanus. Gaufredus Bernoala (8). Guido de la Novilla. Guido filius Aldeberti.
Balduinus filius Rainardi, Nanterius de Donjonio. Aymo Angivinus (9). Guillelmus Cuchun. Hungerius de Cavanvilla.
Hungerius de Limos. Johannes Beroardus, Herimannus filius ejus. Teoboldus,
Guido, Hugo de Ver (10)*. |
(8)
Il faut lire Gaufredus Bernoalii [Geoffroy
Berneuil (B.G.)]. Il s’agit ici de Berneuil d’Etampes, connu par
d’autres documents.
(9) Beau-fils de
Girond de Saulx. et contemporain du prieur Henri (Cartulaire de Longpont,
n. 115).
(10) Cartulaire
de Longpont, n. 111 (ms. lat. 9968).
[* Hersent femme
d’Ougrin, sa dernière heure venue, a donné à Notre-Dame
de Longpont tout ce qu’elle possédait dans l’église Saint-Michel,
c’est-à-dire deux secteurs de la dîmerie de la dite église,
à savoir du blé, du vin, du lin, du malt, des œufs, des porcs,
des veaux et de toutes les autres choses. Et après son décès,
pendant qu’on la mettait dans un ancien tombeau, son époux Ougrin
et son frère Guy de Linas déposèrent sur l’autel de Sainte-Marie
cette donation sous la forme du calice de saint Macaire. De quoi sont témoin:
leprêtre Hardouin, le doyen Frogier, Geoffroy Berneuil; Guy de La
Norville; Guy fils Aubert; Baudouin fils de Rainard; Nanthier du Donjon;
Aymon L’Angevin; Guillaume Cuchun (?); Hongier de Cheptainville; Hongier
de Limours; Jean Béroard et son fils Armand; Thibaud; Guy; Hugues
de Ver. (B.G.)]
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Parmi les parents et alliés présents à la cérémonie
funèbre, à côté de Nantier du Donjon, des seigneurs
de Limours, de La Norville, de Vert-le-Grand, on remarquera Gaufroi
fils de Berneuil et Baudoin fils de Rainard; ce sont deux étampois.
Nous rencontrerons Berneuil dans le chapitre consacré aux Vicomtes
d’Etampes. Quant à Rainard, c’est un frère de Gohard:
donc son fils est le cousin germain du mari d’Hersende.
Ougrin se présente comme l’un des
témoins de Notre-Dame de Longpont dans un accord conclu avec trois
frères, de la famille bien connue des Morhier. Avec lui souscrivent
une foule d’autres chevaliers étampois: Jean, fils d’Anseau Payen,
Orson Le Riche d’Etampes et son frère Aimon; Rainard fils d’Herrner;
Geofroi le Monnayeur enfin un maréchal, Guillaume. Du côté
des Morhier se trouve comme premier témoin le vicomte d’Etampes,
Marc fils de Roscelin (11). [p.77]
En 1112 Ougrin, bien qu’il ne porte alors aucun
titre d’emploi, est appelé â souscrire, à la suite
du roi, lorsque de passage à Etampes, Louis VI accorde un privilège
à Thomas. second abbé de Morigny (12).
Si Louis VI ne maintint pas Ougrin dans les
fonctions dont son père l’avait honoré, l’ancien chambellan
de Philippe Ier, resté l’un des riches bourgeois d’Etampes, conserva
pourtant de l’influence au palais jusqu’à la fin de sa vie. Elle arriva
en 1130; ayant élu sa sépulture à Morigny. il avait
disposé en faveur de cette abbaye d’une partie de sa fortune. Mais
comme il ne laissait pas d’héritiers directs, et que, dans ces conditions,
les biens d’un membre de la familia regis revenaient de plein droit
au souverain, les agents du fisc saisirent tout ce qu’Ougrin avait possédé,
sans en excepter ce qu’il avait laissé à Morigny pour sa
sépulture. Toutefois les réclamations ultérieures
des moines furent écoutées, et les libéralités
du chambellan confirmées (13). |
(11) «Amalricus,
Petrus, Gaufredus cognomento Moreherus, filii Tebaldi de Muro, concesserunt
Deo et Ste Marie de Longoponte terram de Longoponte de Lysiu quam Gaufredus
Turpis et Doda uxor ejus ex cujus patrimonio erat, dederant monachis...
«Testes ex parte ipsorum: Marcus filius
Roscelini. Ansellus de Alvers. Arnulfus Basset (maire d’Auvers).
«Ex parte Ste Marie: Ursus Dives de
Stampis, Aymo frater ejus. Johannos filius Anselli [p.77] cognomento Pagani. Wlgrinus
filius Gunhardi. Reinardus filius Hermeri. Gaufredus monetarius.
Willelmus marescaudus.
[Amaury, Pierre, Geoffroy surnommé Morhier,
(tous trois) fils de Thibaud du Mur, ont autorisé en faveur de Dieu
et de Notre-Dame de Longpont la donation de la terre de Longpont de Lysiu
(?) qu’en avaient faite aux moines Geoffroy Turpis (le vilain? l’infâme?)
et son épouse Doda..
Témoins de leur côté: Marc fils
de Roscelin.; Anseau d’Auvers; Arnoux Basset.
Du côté de Sainte-Marie: Ours Le Riche
d’Étampes et son frère Aymon; Jean fils d’Anseau Payen; Ougrin
fils de Gunhard; Reinard fils d’Hermer; le monnayeur
Geoffroy; le maréchal Guillaume. (B.G.)]
(Cartulaire de Longpont, n°109.)
Le surnom traduit en latin par Turpis
[laid, infâme, honteux (B.G.)], ne serait-il pas le même que celui
du Guillelmus Cuchun, l’un des assistants aux obsèques d’Hersende
de Linas? Quant aux Morhier, nous verrons l’un d’eux, tout à l’heure,
qualifié chevalier de Balizy (note 25)
(12) «Signum
Vulgrini filii Gohardi» [Marque d’Ougrin fils
de Gohard. (B.G.)]
(MENAULT, Morigny, p.41).
(13) BOUQUET, Recueil
des Historiens de France, XIII, 78.
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Il est regrettable, à tous points de vue, mais spécialement
en ce qui touche le chambellan de Philippe Ier, que la plus grande partie
du premier livre de la Chronique de Morigny soit perdue. On voit
en effet par le livre II, qu’Ougrin avait été cité à
maintes reprises comme un bienfaiteur insigne du monastère, dans
le début de la chronique (14).
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(14)
DUCHESNE, Historiæ Francorum Scriptores, IV, 363,
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On vient de voir Ougrin participer à deux contrats relatifs à
Notre-Dame de Longpont. Il faut se garder de le confondre avec deux homonymes
qu’on rencontre dans les actes du même temps concernant ce monastère.
L’un est Ougrin
Le Riche, qui peu après la fondation des Vaux de Cernay, donna à
cette abbaye deux muids sur sa vigne d’Athis tant qu’il vivrait, et après
sa mort la vigne tout entière (15).
Il laissa [p.78] deux
enfants: Jehan Le Roux d’Athis et Lucienne, mariée d’abord au seigneur
d’Egly, puis à Gautier, chevalier d’Orangis (16). |
(15)
L’abbaye fut fondée en 1118. La libéralité d’Ougrin
Le Riche est relatée dans une notice récapitulative dressée
vers 1162.
(16) De son premier
mariage elle eut Eudeline d’Egly, mariée â Mathieu, neveu
du prévôt, sire Tébert, et l’un des croisés
(Cartulaire de Longpont, n°341).
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Une sœur de cet Ougrin, Rose (Rosza, c’est-à-dire Rosceline),
épousa Etienne, chevalier de Savigny; elle avait deux autres frères,
Rainaud et Bertran (17).
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(17)
Cartulaire de Longpont, n°156.
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L’autre est Ougrin de Bullion, frère d’Aimon, cité comme
l’un des arbitres, avec Jehan Le Roux d’Athis (mediantibus sapientibus
viris atque laudantibus [grâce à l’intervention et l’approbation d’hommes
sages (B.G.)]), d’un accord entre Longpont et Mathieu, mari d’Eudeline d’Egly.
Cet Ougrin-ci ne fait qu’un avec le moine
homonyme, frère d’Aimon du Donjon, qui obtint de ce châtelain,
alors à ses derniers moments, la concession d’une libéralité
faite par le chevalier Hervé et sa femme Emeline, à la prière
du même moine, au prieuré de Longpont (18). Nous retrouverons Aimon et Hervé dans
les chapitres suivants.
Quant à
l’origine du bouteiller Guihard et de son fils Ougrin le chambellan, elle
se relie sans doute à celle des Le Riche de Senlis, qui eurent
les mêmes charges dans la Maison du Roi. Le nom de Rouhard, porté
par le père de Guihard, se rapproche de celui de Rouhaud (Rotholdus),
fondateur de la dynastie des Bouteillers de Senlis (19).
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(18)
«Sciant omnes quod miles quidam nomine Herveus et uxor ejus Emelina
per ammonicionem Wlgrini monachi, dederunt Deo et Sancte Marie de Longoponte…..
unum campum prope grangiam Ste Marie. Propter hoc acceperunt a monachis…..
permissionem sepeliendi honorifice cum mortui fuerint….. Istam donationem
Aymo de Donjone de cujus feodo hec res erat, jam in extrema infirmitate
positus, Ste Marie concessit, videntibus istis: Wlgrino monacho fratre
suo; Frogerio decano, Aymone Angevino, Guidone de Linais, Galterio Meschino,
Hugone Chamilli et multis aliis». [Que tous
sachent qu’un certain chevalier du nom d’Hervé et sa femme Émeline,
sur les représentations du moine Ougrin, ont donné à
Dieu et à Notre-Dame de Longpont...
un champ près de la grange de Sainte-Marie. C’est pourquoi... ils
ont reçu la permision d’être enterré par les moines
avec les honneurs lorsqu’ils seront morts... Cette donation, Aymon du Donjon,
du fief de qui cet bien était mouvant, alors qu’il se trouvait en
proie à une grave maladie, l’a autorisée, sous les yeux des
personnes suivantes: son frère le moine Ougrin; le doyen Frogier;
Aymon L’Angevin; Guy de Linas; Gautier Meschin; Hugues Chamilli et de nombreux
autres. (B.G.)] (Cartulaire de Longpont,
n°141).
(19) DEPOIN, Appendices
au Cartulaire de Saint-Martin de Pontoise, p. 280.
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2. — ORSON LE RICHE ET SA LIGNÉE.
Un diplôme du roi Philippe Ier, donné
à Melun en 1067, avant le 1er septembre, constate au sujet d’un
accord entre l’abbé Hugues de Fleury et un seigneur nommé
Gui (sans doute Gui de Montlhéry), [p.79]
que parmi les témoins de l’abbé se trouvait Thion, chevalier
d’Etampes, fils d’Orson (20)
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(20)
Ex parte domni abbatis fuerunt... Theudo miles Stampensis, filius Ursionis:
hos omnes misimus in presencia Guidonis (Maurice PROU et Alex. VIDlER,
Recueil des chartes de Saint-Benoit-sur-Loire, t.
I, p. 202).
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En 1082, Thion est aux côtés de Philippe Ier confirmant
les immunités de Notre-Dame d’Etampes (21).
Il est ainsi designé: «Teudo de Stampis filius
Ursonis de Parisius» [Thion d’Étampes
fils d’Ours de Paris*]. En 1085 on retrouve à Etampes «Teudo
et filius ejus Haimo», Thion I et son fils Aimon» (22).
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(21)
Maurice Prou, Actes de Philippe Ier, n. CVIII, p. 275.
(22) lb.,
n. CLXXIV, p. 425. [* En fait le texte de cette charte
est évidemment corrompu, et les mots de Parisius (de Paris)
s’y rapportaient évidemment à un autre personnage dans le
texte original, de sorte que toute la théorie chère à
Depoin d’une origine parisienne de la noblesse étampoise ne repose
plus sur rien (B.G., août 2007)]
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Thion Ier d’Etampes eut aussi pour fils Geofroi ou Gaufroi
(Godefredus filius Teudonis de Stampis) [Geoffroy
fils de Thion d’Étampes (B.G.)] qui possédait à
Palleau (23) des droits qu’il concéda
à Notre-Dame de Longpont, du consentement de sa femme et de son fils
Thion III. Ne pouvant se rendre lui-même au monastère,
il chargea Morhier, chevalier de Balizy (24),
de déposer pour lui l’acte de donation sur l’autel de Notre-Dame
(25). Gaufroi tenait ces droits en fief de Thion
II, fils d’Ours ou Orson II, son cousin germain, qui confirma
sa libéralité en présence de: Simon, châtelain
de Neaufle, Thomas de Bruyères-le-Châtel, Roger et son fils
Gautier de Saint-Yon, et autres (26).
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(23) Palleau-la-Chapelle,
commune de Ballancourt, arr. de Corbeil.
(24) Balizy,
commune de Lougjumeau, arr. de Corbeil.
(25) «Godefredus
filius Teudonis de Stampis dedit Deo et Sancte Marie de Longoponte et
monachis ejusdem loci medietatem portus de Paluello, et per Morcherium
militem de Balisi, misit donum apud Longumpontem quod ex sua parte super
altare Sancte Marie poneret, et hoc donun concesserunt uxor ipsius Godefredi,
et Teudo filius amborum. Hujus rei sunt testes: Ansellus monachus. Mainerius
filius Alberti; Guido frater ejus. Arnulfus Ruffus de Alvers. Moreherius
miles. Paganus filius Anseis» [Geoffroy fils
de Thion d’Étampes a donné à Dieu, à Notre-Dame
de Longpont et aux moines du dit établissement la moitié du
(péage du?) port de Palleau, et il a fait parvenir sa donation à
Longpont par le chevalier Morhier de Balizy pour qu’il la dépose de
sa part sur l’autel de Notre-Dame de Longpont; et cette donation a été
autorisée par l’épouse du dit Geoffroy et par leur fils Thion.
De quoi sont témoins: le moine Anseau; Mainier fils d’Aubert et Guy
son frère; Arnoux Le Roux d’Auvers; le chevalier Morhier; Payen fils
d’Anséis. (B.G.)] (Cartulaire de Longpont, n. 214).
(26) Theudo
filius Ursi de Stampis concessit Deo et Sancte Marie de Longoponte...
portum de Paluel quem Godefredus dederat, et de eo in feodo tenebat. Testes...
Simon Castellanus (de Nealfa), Radulfus de Virini, Thomas de Beneriis [Lisez: de Ivrini (B.G.)], Rogerius de Sto Yonio
[Lisez: Thomas de Brueriis (B.G.],
Galterius filius Rogerii de Sancto Yonio… Rogerius Huretus» [Thion fils d’Ours d’Étampes a autorisé en
faveur de Dieu et de Notre-Dame de Longpont... la donation du (péage du?) port de Palleau qu’en avait
faite Geoffroy et qu’il tenait de lui en fief. Témoins:.... le châtelain
(de Neauphle) Simon, Raoul de Ivrini (?), Thomas
de Bruyères(-le-Châtel), Roger de Saint-Yon, Gautier fils de Roger de Saint-Yon... Roger
Huret. (B.G.)] (Cartulaire de Longpont, n. 215).
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Il faut en effet distinguer les quatre générations: Orson
I, — Thion I, — Orson II, — Thion II.
Orson II d’Etampes, fils de Thion Ier (44)
souscrit après le 29 août 1106, le privilège donné
à l’église de Fleury par Louis VI, roi désigné.
Il est probable que c’est celui qui en 1107, figure à la cour des
rois Philippe et Louis comme grand connétable (27). [p.80]
Orson II figure après le vicomte Marc
dans la nomenclature des féaux d’Etampes auxquels Philippe Ier adresse
le rescrit du début de l’année 1106 (5). Il est appelé Ursio au lieu d’Ursus,
mais ces deux prénoms s’emploient indifféremment (28). Une mention qui le concerne, dans le Cartulaire
de Longpont, montre qu’il appartenait à la famille Le Riche:
il possédait à Etampes un alleu dont la huitième partie
constituait la dot de Sanceline, femme de Geofroi Châtel (29), apparemment fille ou nièce d’Orson II.
Ours est cité avec son frère Milon d’Etampes,
moine de Saint Martin des Champs, dans un acte antérieur au 14 juillet
1096 (30), où Gautier d’Etampes et
sa femme Adèle, puis Foucher de Bullion et sa femme Emeline donnent
aux moines des Champs chacun leur moitié de la dîme d’Orsonville
(Ursionis villa); le nom de cette localité rappelle un possesseur
dont vraisemblablement descendait Orson II. Rainaud Chenard (surnom qui
s’est conservé dans la dénomination de la paroisse chartraine
de Levesville) qui pouvait aussi revendiquer des droits sur Orsonville,
porte un prénom que nous avons rencontré déjà
dans la noblesse d’Etampes.
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(27)
LUCHAIRE, Louis VI le Gros, p. 42, 52. Il y eut alors des remaniements
importants parmi les grands officiers, et M. Luchaire remarque que leurs
noms ne concordent pas avec les données fournies par les chartes précédentes.
Etant connue la situation toute spéciale [p.80]
de la Cour à cette date, il n’y a pas lieu
de tirer de celte diversité une objection contre l’authenticité
des documents qui la constatent.
(28) Le Liber
Testamentorum Sancti Martini de Campis le démontre en ce qui
touche le premier prieur, Ours ou Orson, contemporain de Philippe Ier.
Voir l’édition publiée par la Conférence des Sociétés
Savantes de Seine-et-Oise.
(29) «Gualterius
Castellus et Sancelina ejus uxor, ex cujus patrimonio erat, dederunt Deo
et sancte Marie du Longoponte... hoc quod habebant apud Stampas in alodio
Ursi Divitis patris Theudonis, videlicet octavam partem tocius terre
culte et inculte, nemoris, hospitum, census, peagii, roagii, molendini de
Crocheto. Testes… Robertus prior» [Gautier Château
et son épouse Sanceline, au patrimoine de qui cela appartenait, ont
donné à Dieu et à Notre-Dame de Longpont... ce qu’ils
détenaient à Étampes dans l’aleu d’Ours Le Riche père
de Thion, à savoir le huitième de toute la terre cultivée
et inculte, du bois, des tenanciers, du cens, du péage, du rouage,
du moulin de Crochet. Témoins: ... le prieur Robert. (B.G.)] (Cartulaire de Longpont, n. 313).
(30) Liber
Testamentorum, n. XI, p. 52.
|
Orson II est surnommé, dans l’acte de Geofroi Châtel, Ursus
Dives: nous avons vu plus haut son aïeul, Orson I désigné
ainsi: Urso de Parisius. Il n’y a donc aucun doute sur
le rattachement de cette branche aux Le Riche de Paris, dont M. Auguste
Longnon a, le premier, signalé l’importance historique.
Aimon, dont le nom est juxtaposé à
celui d’Orson II dans le rescrit royal de 1106, est vraisemblablement
le méme qu’Aimon du Donjon, frère d’Ougrin de Bullion qui
se fit moine à Longpont, ainsi qu’on l’a vu déjà. Cet
Aimon ne fait qu’un, croyons-nous, avec celui qui épousa Emeline
de Longpont, veuve d’un seigneur de Morcerf dont elle avait eu un fils,
nommé Roger Bourdin. Du [p.81] second
lit, elle n’eut qu’une fille homonyme (31):
ce doit être cette Emeline II, qui porta la seigneurie de Bullion
et la moitié de la dîme d’Orsonville à son mari Foucher.
Aimon survécut à sa femme qui voulut être inhumée
à Notre-Dame de Longpont (32). Il se
remaria, vers 1100, à Mabile, veuve de Guérin de Gallardon,
qui avait succombé en se rendant comme croisé en Palestine.
De cette seconde union sortit une fille, Euphémie. Aimon est appelé
Le Roux d’Etampes dans une notice du Liber Testamentorum
où l’on relate que, se trouvant à Etampes avec sa femme et
sa fille, ils transigèrent avec le prieur de Saint-Martin-des-Champs
au sujet d’une terre donnée par un des vassaux de Guérin, Amauri
de Mondonville, au monastère parisien. Hervé, fils de Marc
(le vicomte d’Etampes), fut un des témoins d’Aimon. Orson II, frère
de celui-ci (11), fut l’un des témoins
des moines (33).
Le diplôme
de Louis VI pour Thomas. abbé de Morigny, en 1112, fait mention
de Thion II, fils d’Orson Il; on lit dans les souscriptions,
après celles d’Isembard Payen, fils d’Anseau, et de son fils Jehan
et avant celle d’Ougrin, fils de Gohard, celle-ci: «Signum Theodonis
filii Ursonis» [Marque de Thion fils d’Ours (B.G.)] (11). Il mourut après 1120,
portant toujours les armes, et se fit enterrer à Morigny, laissant
au monastère [p.82] une
moitié de pressoir, un pré et un petit champ devant la grange
de Beauvoir (34).
Les noms juxtaposés d’Aimon et de
Thion sont significatifs. On les rencontre dans une autre famille dont
la communauté d’origine avec les Le Riche d’Etampes est au moins
plausible: Les Chef-de-Fer du pays chartrain.
|
(31)
L’homonymie s’infère de l’omission du prénom de la fille
d’Aimon et d’Emeline, qui, s’il n’était pas identique, laisserait
une lacune inexplicable dans la notice.
Roger Bourdin fut le fondateur du prieuré
de Morcerf (Morissartum), où s’établirent les moines
de Saint-Martin de Pontoise vers 1080, par la permission de l’évêque
de Meaux, Gaultier Saveir (mort en 1082). Cette terre de Morcerf (canton
de Rozoy-en-Brie, Seine-et-Marne), relevait d’Eudes, Comte de Corbeil (DEPOIN,
Cartulaire de Saint-Martin de Pontoise), nn. XI et
XIII, pp. 9-12.
(32) Notificari
omnibus volumus quum [quoniam?] omne illud
beneficium quod Emelina apud Longumpontem Lysii habuit, in fine vite sue
Ste Marie de Longoponte pro anima sua, marito suo et filia sua annuente,
tradidit. Hujus beneficii donum Aymo maritus ejus et filia sua in die depositionis
sui per textum Evangelii super altare Ste Marie posuerunt. Hujus rei sunt
testes Henricus prior, Aduinus monachus. Otardus monachus, Harduinus capellanus.
Reimbertus presbiter, Rainaldus presbiter, Anscherius clericus, Rainardus
miles, Ebrardus.
Paulo post venit Rogerius cognomento Burdinus
filius Emeline et posuit super altare donum… videntibus istis: Henrico priore...
Giroldo de Salicibus, Aymo Angevino privigno ejus, Petro Oseline filio,
Gaufredo majore Ste Marie [Nous voulons qu’il soit connu de tous que toute la concession
féodale détenue par Émeline à Longpont de Lysius,
à sa dernière extrémité, elle l’a donnée
à Notre-Dame de Longpont pour le salut de son âme avec l’accord
de son mari et de sa fille. Son mari Aymon et sa fille ont la donation de
cette concession, le jour de son enterrement, sur l’autel de Notre-Dame
sous la forme du texte de l’évangile. De quoi sont témoins:
le prieur Henri, le moine Adouion, le moine Otard, le chapelain Hardouin,
le prêtre Reimbert, le prêtre Rainaud, le clerc Anschier, le
chevalier Rainard, Ébrard.
Peu après est arrivé Roger Bourdin,
fils d’Émeline et il a déposé sur l’autel cetted onation...
sous les yeux des personnes suivantes: le prieur Henri... Giroud des Saules,
Aymon L’Angevin son fils d’un premier lit, Pierre fils d’Oseline, Geoffroy
maire de Notre-Dame. (B.G.)] (Cartulaire de Longpont, n. 115).
(33) Liber
Testamentorum, p. 98. La note 385 doit être rectifiée;
nous avions eu le tort d’ajouter foi sur ce pont à la savante notice
de M. de Dion sur Le Puiset au XIe et XIIe siècles (p. 21-22),
qui suppose Gui exerçant le [sic]
vicomte à Étampes dès 1104.
Voir sur Guérin de Gallardon, nos Appendices
au Cartulaire de St-Martin de Pontoise, fasc. V, pp. 469-470.
(34) «Teudo
vir militaris, veniens ad extrema, torcularis medietatem et pratum et turrulam
ante grangiam de Bellovidere dedit ecclesiae» (Chronique de Morigny,
dans DUCHESNE, IV, 371).
|
Etienne apparaît dans un acte épiscopal
pour l’abbaye de Saint- Père entre 1048 et 1060, avec ses deux fils
Thion et Aimon: «Stephanus Caput-de-Ferro et filii ejus Teudo et
Amo» (35).
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(35)
Collection MOREAU, XXIV, 152 [Étienne Chef-de-Fer
et ses fils Thion et Aymon. (B.G.)].
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Vers 1083, Thion Chef-de-Fer est cité comme l’un des seigneurs de
l’église Saint-Georges de Roinville lorsqu’elle fut donnée
è Saint Martin des Champs; il y consentit, ainsi que sa femme Hersende
et leur fils Hardoin. Plus tard Hardoin ayant réclamé,
le prieur Orson transigea en lui offrant cinq sous, et à son fils
Hugues des bottes et des souliers (36).
|
(36)
Liber Testamentorum, nn. XXXVIII et XXXIX, p. 49-52.
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Toute cette famille reparaît dans l’entourage de Giroie de Courville,
lorsque ce châtelain donne à Marmoutier, du consentement de
Geofroi Ier, évêque de Chartres (1064-1084), l’église
Saint-Nicolas fondée par son père Ives Ier et dont il vient
de chasser les chanoines. On cite alors à ses côtés:
«Teudo, filius Stephani Caput de Ferro cognominati;
Harduinus filius ejus; Haimo frater ejus» (37).
|
(37)
Collection MOREAU, XXVIII, 157-168 [Thion, fils d’Étienne Chef-de-Fer;
Hardouin son fils; son frère Aimon.
(B.G.)].
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Hersende survécut à son mari; elle est nommée dans
un acte où son fils Hardoin agit comme seigneur de Denonville et sa
fille Mélissende comme dame de Vierville: celle-ci avait pour mari
Gantier d’Aunay-sous-Auueau (38). Hardoin fut
aussi l’un des chevaliers du sire de Courville; il est appelé eu
effet: «Harduinus miles dictus Caput Ferreum de castro Curvavilla»
(39). Les moines de Saint-Père de Chartres
concédèrent à Hardoin, à sa femme nommée
aussi Hersende, et à leur fils Hugues les revenus de la sacristerie,
l’un des offices de leur communauté, à condition qu’il fournit
tous les ans un cheval de service au monastère (40).
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(38)
Archives de l’Eure [Lisez: de l’Eure-et-Loir (B.G.)],
H 2254.
(39) Archives
de l’Eure [Lisez: de l’Eure-et-Loir
(B.G.)], H 2309 [Le chevalier Hardouin Chef-de-Fer
de la place forte de Courville. (B.G.)]
(40) Ms. lat.
fol. 461.
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Ces Aimon et ces Thion, de même que le châtelain de la Ferté
Milon autrefois de la Ferté-Ours), Teudo de Firmitate que appellatur
Urs [Thion
de la Ferté dite Ours (B.G.)], contemporain
de Henri Ier (41), se rattachent à
quelqu’un des sept fils de Thion, vicomte de Paris en 926, qui plus tard
eut le titre de comte. L’un de ces enfants fut Aimon, considéré
comme le premier comte de Corbeil (42). Sous
Thion, le chef-lieu du comté fut probablement Melun le titre de «comes
Meledunensis» [comte de Melun (B.G.)] est en effet
celui que les actes donnent à Renaud de Corbeil, évêque
de Paris, successeur de Bouchard le Vénérable, issu de son
mariage avec Elisabeth, veuve d’Aimon.
|
(41)
TARDIF, Cartons des Rois, n. 280; Archives Nationales, K 19, n.
19.
(42) Nous établirons
ailleurs la filiation d’Aimon, fils de Thion et petit-fils de Grimoard,
vicomte de Paris sous Charles-le-Simple.
|
La collégiale de Saint-Guénaud de Corbeil fut, comme celle
de Saint-Spire, fondée par le comte Aimon, dans la seconde moitié
du Xe siècle. Parmi ses bienfaiteurs, un prévôt de
Paris, Thion, qui donna au chapitre des rentes à
Courcouronne, est inscrit au 23 mai dans le nécrologe; son anniversaire
se trouve réuni à ceux des comtes Aimon et Bouchard. Cette
association prouve une parenté; l’obit de Thion étant rappelé
le dernier, est postérieur à celui de Bouchard (26 février
1007). Ce prévôt, contemporain du roi Robert II, est apparemment
la souche dont tontes les branches qui viennent d’être énumérées
sont issues (43). |
(43) Le texte du nécrologe de St-Guénaud,
copié par l’abbé Guiot, porte au 23 mai: «Anniversarium
solemne Haimonis comitis, fundatoris nostri… Item anniversarium
Burchardi comitis… Item anniversarium Theudonis, praefecti Parisiensis,
qui dedit B. Guynailo redditus quos habet apud Curcoronam» (Courcouronne,
cant. de Corbeil). [Anniversaire solennel de notre fondateur le comte Aymon... De plus anniversaire du comte Bouchard...
De plus anniversaire du praefectus (?) de Paris Thion qui a donné
à Saint-Guénaud le revenu qu’il détient à Courcouronne. (B.G.)] — Puisque ce fut Aimon qui fonda cette collégiale,
elle n’a pu recevoir de dons de Thion, vicomte de Paris en 926, avec lequel
MOLINIER (Obituaires de la province de Sens, I, 411) croit pouvoir
identifier Teudo, praefectus Parisiensis [Thion praefectus (?) de Paris (B.G.)]. Nous devons donc écarter cette identification
qui, par surcroît, prête au mot praefectus, en le prenant pour vicecomes [vicomte (B.G.)], une extension qui serait, pour le
moins, infiniment rare, surtout cette époque. [Cependant le Lexicon de Niermeyer note que dans une
charte du Cartulaire d’Anger datée entre 1082 et 1106 c’est bin
un vicomte qui est qualifié prafectus, et que ce mot signifie
même comte à l’époque carolingienne (B.G.)].
|
|
3. — LES VICOMTES D’ETAMPES
Le plus ancien vicomte d’Etampes qui nous
soit connu, vécut sous Philippe Ier et se nommait Roscelin.
Il est intéressant de rencontrer, dans le Cartulaire de Saint-Père
de Chartres, les noms de Roscelin et de Thion unis dans une même
généalogie, celle de [p.84] chevaliers,
vassaux d’Aubert III Le Riche, fils de Ribaud et neveu d’Aubert II Le Riche,
seigneur de Bouafle. Le détenteur de l’église d’Armentières
l’ayant donnée aux moines de Saint-Père (ce chevalier se
nommait Erchenoul d’après une charte confirmative
de Gautier, comte de Dreux), son fils Roscelin réclama et momentanément
usurpa sur elle des droits de voirie dont Thion, son petit- fils, se mit
en possession de nouveau «per sonum campanæ» [par le
son de la cloche (B.G.)] en s’arrogeant le droit de faire sonner les cloches. Plus tard,
Thion et Engenoul, fils de Roscelin, y renoncèrent en faveur de l’abbé
Landri (1033-1069).
On connaît une fille d’Engenoul, Adeline.
qui abandonna la voirie d’Anet au même abbé. Nous manquons
de documents sur la descendance de Thion, fils de Roscelin, et nous ne
pouvons que signaler un rapprochement curieux entre des prénoms
qui sont juxtaposés plus tard parmi la noblesse étampoise.
Revenons aux vicomtes
d’Etampes.
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Roscelin fut le père de Marc et de Gaufroi.
Dans l’accord des frères Morhier avec Notre-Dame de Longpont, l’un
de leurs pleiges ou garants se nomme Marcus filius Roscelini [Marc fils
de Roscelin (B.G.)] (11). D’un autre côté,
le Liber Testamentorum enregistre, dans une donation d’Anseau de
Janville (fils de Gauslin II de Lèves) à Saint-Martin-des-Champs.
le témoignage de Berneuil, petit-fils de Roscelin, «Bernoalus
filius Godefredi filii Roscelini» [Berneuil
fils de Geoffroy fils de Roscelin
(B.G.)] (44). En 1082,
Philïppe Ier confirma les immunités de Notre-Dame d’Etampes en
présence de Berneuil (2) ici nommé
Bernodalius. Ne ferait-il qu’un avec l’abbé homonyme
de Notre-Dame sous Philippe I cité par Dom Fleureau et avec Bernodalius
Potinus qui donna, vers 1107, l’église de Cerny (45) à l’abbaye de Morigny? Le surnom de Potin
apparaît, dans le Cartulaire de Saint-Père de Chartres,
à plus d’un demi-siècle en arrière: il a dû être,
comme on le voit en d’autres cas — pour le surnom de Gautier Tirel, par exemple
— porté dans diverses hianches d’une même souche. Berneuil eut
pour fils Gaufroi qui assista aux obsèques d’Hersende, femme
d’Ougrin le Chambellan, et ce Gaufroi (Gaufredus) ne fait qu’un peut-être
avec le Gaufroi Sauvage (Godefredus [p.85]
Silvaticus), prévôt royal d’Etampes
en 1141, que nous rencontrerons plus loin. Vers 1147 on retrouve un autre
Berneuil ou Bernand (Bernaldus) au nombre des gendres de Barthélemi
Le Riche d’Etampes.
|
(44)
Liber Testamentorum, n. XXVII, p. 36. On rencontre
avec lui Isembard Payen fils d’Anseau (d’Etampes); Arnoul d’Auvers-Saint-Georges
(fils d’Arraud de Corbeil); Rainaud da Dourdan; Thibaud fils d’Orson (I
d’Etampes); et comme témoins pour les moines, Orson II fils de Thion
Ier. Tous ces personnages devaient être alliés.
(45) Canton
de la Ferté-Alais, arr. d’Étampes (DUCHESNES, IV, 360). —
Cf. D. FLEUREAU, Antiquitez de la ville d’Estampes, p. 405.
|
Le Nécrologe de Saint-Jean-en-Vallée nous apprend que le
premier abbé, Aubert, et l’un des chanoines de cette collégiale,
Tescelin, eurent pour père Roscelin et
pour mère Lieuse (Leoisa) dont les obits se commémoraient
ensemble le 5 mars. La forme Lieuse est intermédiaire entre
une plus ancienne, Lithuisa. et une plus moderne, Liesse ou
Leticia. Nous verrons tout à l’heure que le vicomte
Marc, fils de Roscelin, eut une fille nommée Liesse. Le premier
abbé de Saint-Jean-en-Vallée près de Chartres. fut
donc un des fils de Roscelin, tige des vicomtes d’Etampes (46) et la copropriété des biens à
Lèves, domaine d’une branche bien connue de la famille Le Riche,
tend à rapprocher de cette souche celle dont sortait, ou Roscelin,
ou sa femme Lieuse. |
(46)
«III Non. Marcii. Obiit Roscelinus pater Alberti abbatis et Tescelini
canonici, et Leoisa mater eorum, pro animabus quorum ipsi huic ecclesie
plurima beneficia contulerunt; prebendam quoque in secularis status usibus
a Gilduino canonico diu habitam, in usus fratrum canonice viventium reddiderunt;
qui etiam tres quadrantes vinee apud Leugas, ad opus luminarii ecclesie,
contulerunt» [Le 3 des nones de mars (le 5
mars) est mort Roscelin père de l’abbé Aubert et du chanoine
Tescelin, ainsi que leur mère Lieuse.
Pour le salut de leurs âmes les dits ont donné à la
présente communauté plusieurs concessions féodales,
et ils ont restitué une prébende longtemps détenue
et utilisée pour des usages séculiers par le chanoine Gildouin,
afin qu’elle servent à des frères qui vivent en respectant
les règles canoniques (B.G.)]
(Necrologe de Gui de Lèves, abbé de Saint-Jean-en-Vallée;
ms. lat 991, fol. 3).
Letuissa est la forme hypocoristique
donnée, dans un récit hagiographique du XIe siècle,
au nom de Liégarde (Letgardis) de Vermandois, femme de Thibaut
le Tricheur, comte de Chartres (DEPOIN, Les premiers anneaux de la maison
de Bellême, dans le Bulletin historique et philologique,
1909).
|
Le vicomte Marc souscrit en 1094 à un diplôme de Philippe
1er pour Saint-Pierre de Melun (47). Le rescrit
de 1106 le mentionne avec son fils Hervé sans lui attribuer
de titre, en tête des chevaliers du roi à Étampes.
«Marconi et Herveo ejus filio». [à Marc et à son fils Hervé (B.G.)] (5).
|
(47)
MABILLON, De re diplomatica. l. VI, p. 589.
|
Il dut mourir en 1107. En 1108, en effet, avant le 16 mars, le vicomte
Hervé est l’un des témoins de Louis-le-Gros, roi désigné,
lors de l’acte par lequel Gui Troussel, mourant, déclare remettre
sa terre de Montlhéry entre les mains du prince en le priant de placer
sous sa sauvegarde le prieuré de Longpont (48).
|
(48)
LUCHAIRE, Louis VI le Gros, n. 53.
|
C’est par erreur que M. de Dion a représenté comme vicomte
d’Etampes, dès 1104, Gui, fils de Hugues Blavons, châtelain
du Puiset. Les relations de Gui avec la famille des vicomtes d’Etampes sont
établies par un passage de la Chronique de Morigny où
il est [p.86] ainsi désigné:
«Guido vicecomes Stampensium, filius magni Hugonis domini
Puteoli, sortitus uxorem filiam Marchi, Stampensis vicecomitis, unde sibi
vicecomitatus accidit» (49).
Une charte de
Marmoutier nous apprend que la femme de Gui se nommait Liesse (Lætitia)
et qu’ils eurent plusieurs enfants, dont deux fils, Hugues et Ebrard, relevant
les prénoms habituels des châtelains du Puiset (50). Liesse est donc le nom de la fille du vicomte
Marc d’Etampes; elle hérita de son frère Hervé, mort
sans enfants.
|
(49)
Guy vicomte d’Étampes fils du grand Hugues
seigneur du Puiset, ayant reçu pour épouse la fille de Marc,
vicomte d’Étampes, d’où lui échut la dignité
de vicomte (B.G.)] DUCHESNE, IV, 365.
La méme Chronique (ibid. 372) qualifie Gui «cognatus
Guidonis de Rupeforti» [parent de Guy de Rochefort (B.G.)]. I.a femme de Hugues Blavons, mère
de Gui, était fille de Gui le Grand de Montlhéry; Gui du Puiset
était ainsi parent du Comte de Rochefort du côté maternel,
par la Cognatio [parenté naturelle,
par opposition à la parenté par alliance (B.G.)], suivant le
terme juridique. [En fait, selon le Lexicon
de Niemeyer, cognatus a pris en latin médiéval deux sens
spécialisés: beau-frère (frère de la femme,
ou mari de sœur), ou bien, sens qui convient ici, neveu (fils du frère
ou de la sœur). Guy de Rochefort était bien le frère de la
mère du vicomte Guy (B.G.)]
(50) Ms. lat. 5441,
p. 436.
|
Gui, dans sa jeunesse, avait été chanoine de Chartres (51), mais il jeta le froc, refugus et clericalis
militiæ desertor [transfuge et déserteur des rangs du clergé (B.G.)], comme l’écrit
au Pape, peu après, le grand évêque Ives (52). Du chef de sa femme, il devint seigneur de Méréville,
et il est connu sous ce nom dans une série d’actes. Il hérita
aussi de Villepreux, l’apanage de son frère Galeran, mort en Palestine
en 1124 (53).
Lorsque, en 1106,
Hugues II, vicomte de Chartres et châtelain du Puiset pendant la
minorité de son neveu Hugues III, quitta cette charge temporaire
pour suivre en Terre-Sainte Bohémond I prince d’Antioche, venu en
France pour y recruter de nouveaux Croisés, il fallut chercher au
jeune héritier un nouveau tuteur; c’est alors que Gui, frère
cadet d’Ebrard III, de Hugues II et de Galeran, quitta l’aumusse pour la
cuirasse (54). Son premier soin durant l’administration
qui lui était confiée pour un laps de temps assez court, fut
de chercher à s’enrichir aux dépens de l’Eglise. Ives de Chartres
fait de ses déprédations, auxquelles n’échappèrent
pas les terres de ce même chapitre que Gui venait de quitter, un
tableau lamentable dans une lettre à Pascal II; il sollicite le
Pape de confirmer l’excommunication lancée par lui contre le châtelain
du Puiset, et d’en imposer la promulgation à l’archevêque
de Sens, aux évêques [p.87] d’Orléans
et de Paris. Hugues III ayant été mis, dès 1109 (55) en possession des honneurs paternels, toutes
ces poursuites vinrent à tomber. Gui de Méréville
entra au service de Louis VI; on l’aperçoit dans la suite du roi,
en 1111 à Etampes (56), en 1113 à
Pithiviers (57); en 1129, par une disposition
testamentaire, en présence et avec l’assentiment de sa femme Liesse,
de ses fils Hugues, Ebrard et Galeran, il abandonne aux moines de Tiron la
dîme d’un moulin (58). Parmi les témoins
se trouve un Rainaud d’Etampes (Raginaudus de Stampis).
|
(51)
Il souscrit en cette qualité à un acte de l’an 1100 (E.
DE l’EPINOIS et Lucien MERLET, Cartulaire de Notre-Dame-de-Chartres,
I, 24).
(52) BOUQUET, Recueil
les Historiens de France, XV, 148. La date de 1109 donnée à
cette épître d’Ives doit être reculée, car il
attaque Gui comme châtelain du Puiset (Guido Puteacensis) [Guy du Puiset (B.G.)]et
Gui perdit ce titre dès 1109.
(53) ORDERIC, l.
XI, c. 14.
(54) A. de DION, Le
Puiset, pp. 20-23.
(55) Le 18 septembre
1109, Gui se trouve avec la comtesse Adèle, à Etampes, lorsqu’elle
se réconcilie avec l’abbé de Bonneval ; il ne prend plus
alors que le surnom de Gui de Méréville (Ms. lat.
17139, fol. 104).
(56) Coll.
MOREAU, XLVI, 44 (Wido Puteacensis).
(57) Ib. XLVII,
I (Wido de Merulavilla) [Guy de Méréville (B.G.)].
(58) Lucien
MERLET (Cartulaire de Tiron, I, 131) lisant dans le texte corrompu
Guido de Monevilla [corruption
selon Depoin de Monnervilla (B.G.)],
a supposé qu’il s’agissait d’un seigneur de Moigneville.
|
En 1144 Louis VII approuva la cession faite à l’abbé
Suger de Saint-Denis par Hugues vassal de la Couronne, au château
de Méréville (Hugo homo noster, de castro quod dicitur
Meravilla) [notre
vassal (homme) Hugues, de la place forte appelée Méréville (B.G.)], des droits dont
il jouissait à Monnerville (59). Une
charte de Bonneval donne de très intéressants et très
complets détails sur la famille du fils aîné de Gui
du Puiset. On y voit qu’Ebrard, fils de Hugues, étant mort en la fête
de saint Barthélemi, son père conduisit sa dépouille
au monastère de Bonneval, où on l’inhuma dans le cloître.
En proie à la plus profonde douleur, le sire de Méréville
conduisit le deuil ses sanglots et ses gémissements ne cessèrent
d’émouvoir l’assistance durant toute la cérémonie funèbre;
sur la tombe de son fils. il affranchit solennellement un serf attaché
sans doute à la personne du défunt et le consacra, lui et
toute sa postérité, au service du monastère. Tous
les siens l’approuvèrent: Hélisende sa femme, Gui
II son fils aîné, Hildeburge sa bru et leur fils
Hugues; les autres frères du jeune Ebrard, Hugues,
Gilbert et Jehan; ce
dernier fut d’église (60). [p.88]
|
(59)
Archives nationales K 23, n. 9; fragment de diplôme.
(60) Voici le
texte de ce document: «Hugo dominus Mereville quemdam Guillelmum
quem sub jugo capitalis servitii diu tenuerat, Sancto Petro et martyribus
Bonevallis donavit, pro anima Ebrardi filii sui, qui in festo Sancti Bartholomei
defunctus est, et in claustro monachorum sepultus. Ipse quidem Hugo, inter
planctus et lacrimabiles gemitus que in filii funere fundebantur, Guillelmum
istum, super tumbam defuncti, de jugo servitutis, omnique exactione, liberavit,
et super altare S. Petri obtulit, eumque et omnem ejus progeniem SS. Martyrum
Bonnevallensium servitio delegavit. Hoc concessit Helisendis uxor Hugonis,
et Guido, et Hildeburgis uxor [p.88] Guidonis,
et Hugo filius ipsorum; et Hugo et Gillebertus et Johannes. Testes: Gaulenus
de Mosteriolo. Ricardus Harens. Adam Prunellus. Simon de Larderiis (Laredoire?)
Gilo de Tuschis, Renaudus de Bailol, Rudulfus prepositus, Bonardus de
Sancto Petro, Paganus prepositus, Robertus Maugerus». [Hugues, seigneur de Méréville, a donné
à saint Pierre et aux martyrs de Bonneval un certain Guillaume,
qu’il avait longtemps tenu sous le joug de la
servitude personnelle, pour le salut de l’âme de son fils Ébrad,
qui est mort le jour de la fête de saint Barthélémy,
et qui a été enterré dans le cloître des moines.
Le dit Hugues, avec des plaintes et des gémissements pitoyables qu’il
répendait pendant les funérailles de son fils, a affranci le
dit Guillaume sur la tombe du défunt du joug de la servitude et de
toute redevance; il l’a offert sur l’autel de Saint-Pierre, et il l’a consacré,
lui et toute sa descendance, au service des saints martyrs de Bonneval.
A quoi ont consenti: Helsent épouse d’Hugues; Guy, Heubour épouse
de Guy et leur fils Hugues; Hugues, Gilbert et Jean. De quoi sont témoins:
Gaulen de Montreuil (?), Richard Harens, Adam Pruneau, Simon de Laredoire
(?), Gilles des Touches, Renaud de Bailleul (?), le prévôt Raoul,
Bonard de Saint-Pierre, le prévôt Payen, Robert Mauger. (B.G.)]
(De VERNINAC, Mémoires, t. III, p.
52. Biblioth. d’Orléans, ms. 394.3, fol. 52).
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M. le comte Ad. de Dion ayant constaté le passage de la seigneurie
de Méréville, dès 1209, aux mains d’Ourson ou Orson,
chambrier du roi, en avait conclu que celui-ci appartenait à la
famille de Nemours et devait être gendre d’un seigneur de Méréville
de la maison du Puiset (61). Dans ses Recherches
généalogiques sur la famille des Seigneurs de Nemours,
œuvre aussi consciencieuse que puissamment documentée et qui peut
être donnée comme un modèle à suivre, M. Emile
Richemond, sans avoir connu le travail de M. de Dion, est arrivé aux
mêmes conclusions. Il a, tout d’abord, clairement établi qu’Orson
Ier de Méréville est le second fils de Gautier de Villebéon,
sire de Nemours, chambellan de Philippe Auguste. Aucun doute n’est possible
à cet égard depuis la publication par M. Richemond d’un
diplôme inédit de Philippe Auguste (62) approuvant le partage fait par Gautier de Nemours
entre ses trois fils survivants et l’héritier de son fils aîné,
en 1198, de toutes ses terres et seigneuries. L’acte royal s’exprime ainsi:
«Hec erit pars Ursionis camerarii
nostri. Ursio habebit Merevillam et omnes acquisitiones quas Galterus
pater suus fecit in Castellania Mereville...»*
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(61)
Ad. de Dion, les Seigneurs de Bedeau en Beauvaisis, p. 49; Mémoires
de la Société de l’Histoire de Paris et de l’Ile de France,
t. X (1883).
(62) Annales
de la Société hist. du Gâtinais, 1906. — Tirage à
part, Fontainebleau, 1906, in 8°.
[* Voici la part
de notre chambier Ours. Ours aura Méréville et toutes les acquisitions
qu’a faites son père Gautier dans la châtellenie de Méréville.
(B.G.)]
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Gautier avait donc acquis personnellement la châtellenie de Mérévïlle.
Ce point semblerait faire échec à la conclusion de M. Richemond
qui, ayant observé que la femme d’Orson se nomme Liesse, la considère
naturellement comme la petite-fille de Liesse d’Etampes. Orson héritant
Méréville de son père, ne l’a pas eu du chef de sa
femme. Mais M. Richemond a trouvé une ingénieuse solution:
«Si le chambellan Gautier s’est rendu acquéreur de la Vicomté
de Méréville entre 1186 et 1190 et l’a donnée en partage
à son fils Orson, c’est probablement en raison du mariage de ce
dernier avec la fille de Gui Il du Puiset» (63). Il est possible de simplifier encore les choses,
et d’admettre que Hugues II, fils de Gui II, étant mort sans enfants
après 1186, le roi concéda Méréville [p.89] à son chambellan à
l’occasion du mariage convenu entre le jeune fils de Gautier et Liesse,
petite-fille de Gui Ier. Il faut bien admettre que celle-ci était
sœur de Hugues II, car autrement les autres enfants de Gui Ier ou leurs
descendants auraient primé les droits de Liesse. Il existait notamment
toute une branche de seigneurs de Villepreux, issus d’Ebrard IV, second
fils de Gui Ier de Méréville. Ebrard, devenu seigneur de Villepreux
après la mort de son père (64),
saisit les bœufs du prieuré de Saint-Nicolas dépendant de
Marmoutier, et qui avait alors à sa tête Etienne Loherain
(Stephanus Loherengus prior) [le prieur Étienne Loherain (B.G.)]. Il épousa Julienne héritière de deux frères,
Ernaud III et Hugues, châtelains de la Ferté-Arnaud, et mourut,
d’après M. de Dion, en 1169. Son fils, Ernaud IV de la Ferté,
épousa, suivant le même auteur, Alice (Aélis) nièce
de Milon, archidiacre de Chartres.
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(63) Recherches
sur… les Seigneurs de Nemours, II, 17.
(64) Ms. lat.
5441, fol. 436. Gui sente Villepreux de son frère Galeran, auquel
il survécut; ce n’est donc pas Ebrard qui succéda son oncle,
comme l’a cru M. de Dion. (Les Seigneurs de Breteuil, p. 49).
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Milon appartenait à la famille
de Lèves, il était neveu de l’évêque de Chartres
Geofroi II (65). Ernaud IV de la Ferté
ayant eu une fille du nom de Mabile, il est à croire que sa femme
Aélis eut pour père Milon de Lèves mort en 1167, pour
mère Mabile et pour frère Geofroi, sire de Lèves, cités
dans une charte de Josaphat (66). Des trois fils
d’Ernaud IV, Ernaud V, Guillaume II de la Ferté et Ebrard V, les
deux derniers portèrent le surnom de Villepreux, comme le montrent
leurs sceaux décrits par M. de Dion. Ce fait corrobore l’hypothèse
séduisante de M. Richemond, d’après laquelle Hugues de Dugny
qualifié avunculus [oncle (B.G.)] de Liesse,
femme d’Orson de Nemours dans un texte important, n’est autre que le frère
cadet de Gui II. En effet, un successeur de Hugues dans la seigneurie de Dugny
(67), — Geofroi, qui en 1206 donna au
couvent d’Yerres sa part dans le péage de Brunoy, — est surnommé
indifféremment de Dugny ou de Villepreux
(68). |
(65)
Ms. lat. 10102, n. 129. Milon était cousin de Gauslin IV, mort
en 1151, et frère de Gauslin V, mort avant son père en 1145.
(66) Cartulaire
de Josaphat. Ms. lat. 10103, n. 105.
(67) Canton
d’Aubervilliers (Seine).
(68) RICHEM0ND,
ouvr. cité, p. 16, note 1.
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Rappelons enfin qu’un troisième fils de Gui Ier du Puiset et de Liesse
d’Etampes fut Hervé, abbé de Marmoutier de 1178 à
1186 (69). Il relevait le prénom porté
par le vicomte Hervé, frère de Liesse. [p.90]
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(69)
A. DE DION, Le Puiset, p. 31.
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4.— LA FAMILLE DE MENIER
D’ETAMPES.
Notre étude sur les Vicomtes de
Corbeil contient un chapitre consacré à Gautier
d’Etampes, à qui sa femme Adèle, fille de Hugues et sœur
de Gui Payen, seigneur de Palaiseau. avait apporté en dot la moitié
de la dîme d’Orsonville. Le Liber Testamentorum enregistre
la cession de cette part de dîme à Saint-Martin-des-Champs par
Gautier, Adèle et leurs deux fils, Pierre et Anseau (70).
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(70)
Liber Testamentorum, n. XL, p. 52.
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Le rescrit de 1106 établit la filiation des descendants d’Anseau:
il est adressé «Pagano Anselli filio; Johanni ejus filio;
Alberto, ejusdem Pagani fratri, Manerio ejus filio» [à Payen fils d’Anseau, à son fils
Jean, à Aubert frère du dit Payen, à son fils Menier
(B.G.)] (5). Aubert
I (Albertus Anselli filius) [Aubert fils d’Anseau (B.G.)] est mentionné
à Etampes en 1082 avec Thion II et Berneuil I (22) et avec un de ses propres frères, Robert
(Robertus Anselli filius) [Robert
fils d’Anseau (B.G.)]. L’étude précitée
donne le véritable nom de Payen, fils d’Anseau: il se nommait
Isembard; d’une première union, il laissa Jehan,
cité avec lui en 1112 dans l’entourage de Louis VI à Etampes,
et marié depuis avec Eustachie de Châtillon; d’une seconde
femme, Aélis fille de Gandri de Corbeil, il eut Anseau, Ferri
et Geofroi, copropriétaires du domaine de Manterville avec
leurs deux cousins Menier et Gui, fils d’Aubert (71).
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(71)
Coll. MOREAU, XLVII, 58.
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Sous Etienne, abbé de Saint-Jean-en-Vallée, qui mourut en
1130, ce monastère reçut le don de 40 arpens de terre in
villa dicta Albereth (72) qui fut approuvé
par Mainerius et Guido de Stampis, fratres [les frères Menier et Guy d’Étampes
(B.G.)], «de quorum feodo erat» [de qui elle était tenu à fief (B.G.)]. Mahaud, femme de Menier, et leurs enfants Simon, Aubert
II et Hélisende y consentirent (73). Sur la descendance de Menier d’Etampes,
ce chapitre apportera quelques éclaircissements.
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(72)
Faut-il identifier ce lieu avec Aubray, hameau de Merobert (canton de
Dourdan sud), ou n’y a-t-il dans cette graphie qu’une déformation
d’Alvers, Auvers-Saint-Georges?
(73) DEPOIN,
Les Vicomtes de Corbeil, p. 58.
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Aubert II, fils de Menier, fut père de Gui
II dont la filiation est attestée par une charte de Geofroi II
de Lèves, évêque de Chartres, datée de 1147,
d’après ce synchronisme: «quando domnus Ludovicus, rex Francorum,
consilium tenuit pro disponenda regni sui [p.91]
tranquillitate, quam inviolatam conservari praeoptabat,
dum in Jerusalem peregrinaretur» [quand monseigneur Louis, roi des Francs, tint
conseil pour organiser la tranquillité du royaume qu’il voulait par
dessus tout préserver pendant qu’il se rendait à Jérusalem
(B.G.)]. Le prélat fait savoir que Gui,
fils d’Aubert, pour l’amour de Dieu et de lui Geofroi, a abandonné
le droit féodal qu’il avait sur un bien cédé à
Josaphat (74) par les fils de Vital de Chalou.
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(74)
Ob Dei nostrumque amore, et per manum nostram, dedit monachis de Josaphat
feodum quod habebet in terra Ulmelli, quam Ar. Crassus eis dederat [pour l’amour de Dieu et de nous, et par notre main, il a
donné aux moines de Josaphat ce qu’il détenait dans la terre
d’Ormeau (?) que leur avait donné (B.G.)] (Arraudus
aut Arnulfus?) [Arraud ou Arnoux? (B.G.)]
(Ms. lat. 10102, n. 114).
|
Gui est alors veuf, car l’acte ne dit pas un mot de sa femme; mais il
a deux enfants, Richard et Aélis, qui, en signe d’assentiment,
baisent l’anneau épiscopal et reçoivent chacun du prélat
douze deniers. «Hec concesserunt liberi Guidonis, Ricardus et Aaliz
qui pro recognitione osculati sunt annulum nostrum, et dedi unicuique XII
denarios» [Ont donné
leur accord les enfants de Guy, Richard et Alais, qui en guise de reconnaissance
ont embrassé notre anneau et je leur ai donné à chacun
douze deniers (B.G.)]. L’évêque assisté
de Robert, doyen de son chapitre, se trouve alors à Etampes, dans
l’hôtel de Barthélemi Le Riche (apud Stampas in domo Bartholomei
Divitis) [à Étampes
dans lamaison de Barthélémy Le Riche (B.G.)], où sont réunis Geudoin, abbé de Clairefontaine
(au diocèse de Soissons); Gautier, chevecier d’Etampes; Gauslin le
Vieux de Lèves; Gauslin de Méréville; le Chambellan
Roscelin (sans doute un descendant du vicomte d’Étampes); Anseaume
du Puiset; Guerri Baise-Diable (Guerricus Basiat-Diabolum). |
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Gui II perdit peu après son fils; il ne lui resta qu’Aélis,
qui se maria. Il est appelé Guido filius Auberti de Stampis [Guy fils d’Aubert d’Étampes (B.G.)] dans un état dressé en 1162, des bienfaiteurs de
l’abbaye de Cernay fondée en 1118: «Concedente filia sua Adelina
et genero, dedit vineas quas habebat apud Estreichun (certainement
Etrechy), et hoc per manum LUDOVICI regis Francorum»* (75).
|
(75)
[* avec l’accord de sa fille Adeline
et de son gendre, il a donné les vignes qu’il avait à Étréchy,
et cela par la main de Louis, roi des Francs (B.G.)] Cartulaire
des Vaux de Cernay. t. I., p. 32 et suiv.
|
Barthelemi Le Riche d’Etampes, chez qui se rencontrent
l’évêque de Chartres et Gui Il d’Etampes, eut pour femme Hélisende,
dans laquelle on reconnaît la sœur d’Aubert II. Nous lui connaissons
quatre fils: Jehan, Garsieu (Garsilius), Ferri,
Gui et trois filles mariées l’une à Jehan,
l’autre à Bernaud, la troisième à Conrad d’Ardenne
(Caradus de Ardana) (76). L’une de ces
filles se nommait Fauque, et probablement l’autre Mahaud. [p.92]
Le nom de Garsieu rappelle celui de Garséon (Garsadonius),
fils d’Anseau et petit-fils d’Arembert, plusieurs fois cité dans
la Chronique dc Morigny; il partit pour Jérusalem
en 1106 et mourut à Cluse au cours du voyage. Il avait, au départ.
engagé à Morigny sa terre de Gommerville près Janville,
qui devait revenir aux moines en cas de mort. Aelis, sa mère survivante,
«primum monachis benevolentissima, sed postea muliebri
levitate mutata» [tout d’abord très bienveillante envers
les moines, mais ensuite bien changée par versatilité féminine
(B.G.)], approuva, puis contesta cet accord. Une sœur
de Garséon épousa Bernard, fils de Pierre, que la Chronique
qualifie «homo profanae mentis» [homme à l’esprit profane (B.G.)]. En lutte avec l’abbaye, il incendia Gommerville, la grange de
Maisons près Chartres, et des bâtiments au Touchet, hameau d’Etrechy
donné aux moines par Anseau. Gui, comte de Rochefort, était
alors en Terre Sainte. Les moines attendirent son retour, le reçurent
processionnellement, et l’ayant conduit à Saint-Arnould-en-Iveline,
lui exposèrent leurs plaintes. Bernard arrêté fut jugé
par Gui, vicomte d’Etampes, et dut se désister de tout recours contre
les libéralités de son beau-père. Vers 1128, l’anniversaire
d’Anseau et de Garséon fut fondé à Morigny (77). |
(76)
«Clareat hoc cunctis quod Bartholomeus Dives de Stampis concessit
monachis de Josaphat, in atrio Chaloi, ut ex qualibet parte ecclesie domos
suos facere potuerint... Helisendis uxor de cujus dote res erat, concessit.
Concesserunt etiam Johannes, Garsilius, Fericus filius ejus. Testes Johannes,
Bernaudus generi ejus, et Hugo miles ejus. Petrus [p.92]
de Brahio... Willelmus capellanus de Chalou. Fauca filia prefati Bartholomei.
Mathildis [Que ceci soit clair pour tous: Barthélémy
Le Riche d’Étampes a autorisé les moines de Josaphat à
construire leurs demeures sur le parvis de Chalo, de quelque côté
que ce soit de l’église... Son épouse Helsent, à la
dote de laquelle ce bien appartenait, y a consenti.
Y ont encore consenti ses fils Jean, Garsieu et Ferry. Témoins: Jean,
son gendre Barnaud et son chevalier Hugues; Pierre de Brahio (?)...
Guillaume, chapelain de Chalo; Fauque fille du sudit Bartghélémy.
Mahaud. (B.G.)] (Ms. lat. 10102. fol. 41).
Au lieu de filius ejus [son fils (B.G.)], dans le texte qui précède,
il faut lire filii ejus [ses fils (B.G.)],
ainsi que le prouve une charte en faveur de Josaphat, émanant de
Jehan de Chalou, de sa femme Adélis, de ses fils Ansoud et Vital,
de ses filles Erembour et Marie, de ses neveux Augier (Oldegarius),
Geofroi, Bruneau et Robert, de sa nièce Vilaine, de Guillaume et Audiarde
(Oldeardis) enfants de Bruneau; cette charte dressée en présence
de Geofroi II, évêque de Chartres, se termine ainsi: «Bartholomeus
Dives concessit... concedentibus filiis suis Johanne, Garsilio, Ferrico.
Testes Johannes, Bernaldus. Caradus de Ardana, generi Bartholomei. Guido
filius Bartholomei. Guillelmus capellanus... Willelmus de Argentolio. Matheus
armiger Garsilii» [Barthélémy Le
Riche a concédé... avec l’accord de ses fils Jean, Garsieu et
Ferry. Témoins: Jean; Bernaud; Caradus (corruption de Carolus?)
d’Ardennes, gendre de Barthélémy; le chapelain Guillaume...
Guillaume d’Argenteuil (?); Matthieu écuyer de Garsieu (B.G.)]
(Ibid., fol. 41).
(77) DUCHESNE,
IV, 371-375.
|
Garsieu, fils de Barthélemi Le Riche, exerça les fonctions
de prévôt royal à Etampes; ce ne peut être qu’à
ce titre qu’il procéda en 1167 à l’arrestation d’un prêtre
du diocèse de Bayeux (78). Garsieu avait
succédé à Gaufroi Sauvage (Godefredus
Silvaticus, Stampis prefectus), qui assista au don d’une terre à
l’abbaye de Tiron par Adam Brochart. «Hoc donum ante
regem Galliae qui tunc temporis Stampis aderat, factum est» [Cette donation a été faite devant
le roi de Gaule que se trouvait alors à Étampes (B.G.)], ajoute la notice, que Lucien Merlet [p.93]
place entre 1131 et 1145 (79)
et qui peut se rapporter soit au séjour de Louis VI à Etampes
le 3 août 1131, soit à celui qu’y fit Louis V en 1142, d’après
M. Luchaire. Gaufroi Sauvage avait à son tour pour devancier Guillaume
(Guillermus prepositus de Stampis) [Guillaume prévôt d’Étampes (B.G.)] qui en 1085 intervint en faveur de la Maison-Dieu du Vieil-Etampes
(80).
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(78)
Cette arrestation opérée par Garsilius de Stampis
donna lieu à une lettre de Hugues, archevêque de Sens, au roi
(BOUQUET, Recueil des Historiens de France, XV, 716).
(79) Cartulaire
de Tiron, I, 183.
(80) MENAULT,
Morigny, p. 39.
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Ces prévôts ne semblent pas s’être succédé
héréditairement; toutefois le prénom de Guillaume
que portait le troisième de ceux qui nous sont connus (81) se retrouve sous le règne de Philippe-Auguste,
dans la personne de Guillaume Menier, bailli du roi et châtelain
d’Etampes, mort en 1237. Le nom patronymique de ce chevalier rappelle la
dynastie issue de Menier, fils d’Aubert.
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(81)
Avant Guillaume paraît un Durand (Durandus praetor Stampensis) [Durand praetor (?) d’Étampes (B.G.)]
en 1067 (PROU, Actes de Philippe Ier, p. 99), et avant Durand un
Archambaud bienfaiteur de Notre-Dame d’Etampes sous
Robert le Pieux (D. FLEUREAU, p. 293).
|
*
* *
Les quatre familles qui viennent d’être
l’objet de notre examen ont-elles eu entre elles une relation d’origine
commune ? Nous avons exprimé déjà ce sentiment: il
se fortifie si l’on compare les prénoms en usage dans ces maisons
avec ceux que, dans le second Appendice au Cartulaire de Saint-Martin
de Pontoise, consacré à diverses branches de la famille
Le Riche, nous avons rencontrés dans celles où se recrutèrent
les bouteillers et les chambellans, sous Henri Ier et Philippe Ier: les rameaux
de Senlis et de Clermont.
Ces prénoms sont ceux de Rouhaud (Raoul),
Gui[hard], Guillaume, Anseau, Aubert, Gaufroi (Geofroi), Gautier, Renaud,
Pierre, Jehan, Hervé. Le prénom d’Ougrin, nous l’avons vu,
appartient aussi à la famille Le Riche. Il en est de même
de celui de Ferri. Dans tous les cas, la présence continuelle de
membres d’une des lignées que nous distinguons aux côtés
des chefs d’une des antres maisons dans des actes familiaux, constitue une
présomption d’alliances antérieures.
Puisse cette modeste contribution à
un sujet resté jusqu’ici fort obscur, aider de futurs travailleurs
à le mieux éclairer un jour. C’est l’unique but que nous
poursuivons en dépouillant des notes rassemblées patiemment
et pourtant encore fort incomplètes.
J. DEPOIN.
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Source
du texte: L’édition de 1909..
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