Un fantôme du passé
Le vendredi 23 mai 2003
en fin de matinée, la pelleteuse d’un ouvrier travaillant sur le
chantier en haut de l’avenue de la Libération, à côté
du restaurant Buffalo Grill, est tombée sur une bombe non explosée
datant du bombardement anglais du 10 juin 1944. Nos photos montrent qu’elle
était enfouie à près de deux mètres de profondeur.
Cette opération militaire avait fait à
ce qu’on dit, un millier environ de victimes parmi la garnison allemande,
mais aussi cent trente-quatre victimes civiles dans la population
étampoise. Le chiffre précis nous en a été rappelé
par un élu local présent sur les lieux. Bien des familles
étampoises gardent de ce jour un douloureux souvenir. Rappelons que
la statue qui orne le Square de la Libération a été
offerte par une Étampoise qui avait perdu toute sa famille. Elle est dédiée
au souvenir de toutes les victimes civiles étampoises. Un homme nu,
au visage tourmenté, au corps contorsionné, voit ses chaînes
brisées, en même temps qu’il élève vers le ciel
un regard éloquent et tragique. La même Étampoise a
fait élever un autre mémorial au milieu de l’escalier qui
mène de la promenade de Guinette au plateau. Là se dressait
la maison où périrent son fils unique, sa bru et ses petits-enfants.
Très vite, la circulation a été
interdite dans l’avenue. Les élèves de l’institution Jeanne
d’Arc ont été renvoyés chez eux, et les cours annulés,
dans l’expectative où l’on se trouvait. Plus d’un membre de cet établissement a
dû repenser aux sœurs qui y enseignaient, et qui périrent presque
alors toutes, au nombre de onze, dans la cave de la maison La Tour.
Un démineur de la sécurité
civile, arrivé très vite, a détaché le détonateur
de la bombe. Nous avons photographié la pièce marquée
de peinture rouge qu’il nous a montrée, signe qu’il s’agissait d’un
engin de type 37, c’est-à-dire piégé: si l’on avait
tenté de détacher la fusée sans sa gaine, le tout explosait,
avec assez de force pour détruire plus d’un bâtiment. Ce démineur
a ensuite fait exploser cette fusée sous plus d’un mètre de
terre, provoquant un bruit qui a été entendu jusque sur le
plateau de Guinette; la terre a volé jusque derrière la palissade
du chantier.
La bombe elle-même a été ensuite
dégagée à la pelleteuse, puis hissée dans la
camionnette de la sécurité civile, qui l’a emportée
pour la faire exploser ultérieurement sur un terrain militaire non
précisé.
Bernard Gineste
Toute critique, correction ou contribution seront les bienvenues.
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BIBLIOGRAPHIE PROVISOIRE
Bernard GINESTE [éd.], «Paroisse Saint-Gilles: Liste des
victimes du bombardement d’Étampes du 10 juin 1944», in
Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-20-19440610listedesvictimes.html,
2003.
Bernard GINESTE et Marcelle OLARIA [éd.], «Maurice
Guillon: Étampes bombardé (7 clichés du 11 juin 1944)»,
in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-20-19440611guillon.html,
2003.
G.T. KELLEY, John HAGGERTY, Ray INGHAM, «Bombardement d’Étampes-Mondésir
(Journaux de guerre des 532e, 533e et 535e escadrons de bombardiers,
1er août 1944)», in
Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-20-19440801mondesirbombarde.html,
2003.
Bernard GINESTE [éd.], «Bombe anglaise du 10
juin 1944, désamorcée le 23 mai 2003 (19 clichés)»,
in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-20-19440610bombe2003.html,
2003.
Toute critique, toute
correction ou toute information seront les bienvenues.
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