ÉPITAPHES D’HÔTELIERS
ET ENSEIGNES D’AUBERGES A ÉTAMPES.
Recension de cet article
par Henri Stein
«Épitaphes d’hôteliers et enseignes
d’auberges à Étampes», tel est le titre d’un article de
M. Emile Travers, dans le Bulletin Monumental, 1898, pp. 407-488, article
évidemment intéressant en lui-même, mais ayant le défaut
d’être uniquement la reproduction des renseignements et textes publiés
par notre excellent confrère M. Léon Marquis, dans ses Rues
d’Etampes, dès 1881. Nous ne voyons pas d’inconvénient
à voir attirer une fois de plus l’attention sur la curieuse ville
d’Étampes, mais faudrait-il encore qu’on nous apportât quelque
peu d’inédit et qu’on nous apprît du nouveau. Ce n’est pas le
cas ici. Et l’ouvrage de L. Marquis est trop connu, je dirai presque classique
(il n’y manque qu’un bon index), pour qu’il soit nécessaire de le
démarquer.
Henri Stein
Annales de la Société historique & archéologique
du Gâtinais 17 (1899), p. 296.
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Autre recension, anonyme
et plus complaisante
Travers (Emile). — Epitaphes d'Hôteliers et Enseignes d'Auberges à
Étampes. Caen, 1898; in-8° de 31 pp.— Extrait du Bulletin Monumental,
année 1898, n°5, pp. 407 à 438. — Etude intéressante
due à la plume alerte du sympathique secrétaire général
de la Société française d'archéologie. — Au cours de cette
étude, fortement documentée, M. Travers rend un juste hommage
aux nombreux travaux que notre confrère, M. Léon Marquis, a
consacrés à Étampes, sa ville natale; il lui fait même
de nombreux emprunts, notamment à son Histoire des rues d'Etampes
et de ses monuments, ce qui n'est pas pour déplaire à M.
Marquis.
Bulletin de la Société
historique et archéologique de Corbeil, d'Etampes et du Hurepoix 5 (1899), p. 1676.
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M.
Léon Marquis, membre de la Société française d’Archéologie,
a consacré, il y a quelques années, un gros volume à
l’histoire de la ville d’Étampes (1).
M. V.-A. Malte-Brun, dans la préface qui précède cet
ouvrage, a fait de l’auteur et de ses minutieuses recherches un éloge
mérité. Les critiques que l’on peut formuler sur des points
de détail ne sauraient diminuer la valeur du livre de M. Marquis,
et il serait à souhaiter que chacune de nos villes de province eût
trouvé un chroniqueur aussi laborieux. [p.408] |
(1)
Les Rues d’Étampes et ses monuments. Histoire, archéologie,
chronique, géographie, biographie et bibliographie; avec des documents
inédits, plans, cartes et figures pouvant servir de supplément
et d’éclaircissement aux Antiquités de la ville et du duché
d’Étampes, de Dom Basile Fleureau. Étampes, 1881, gr. in-8°
de VII-434 p.
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Je ne veux point faire ici un compte-rendu bibliographique. Je me bornerai
à constater l’importance des renseignements fournis par M. Marquis
sur le rôle historique d’Étampes depuis le VIIe siècle
jusqu’à nos jours, son château (1)
et ses fortifications, ses monuments civils, ses maisons de Diane de Poitiers
et d’Anne de Pisseleu, ses églises, les hommes utiles qu’a vu naître
cette localité, les publications qui lui ont été consacrées,
et surtout sur ses antiques auberges. C’est de ces établissements que
je dirai quelques mots, d’après le chapitre consacré par l’auteur
aux rues d’Étampes et dans lequel il a groupé d’intéressantes
anecdotes sur le passé de la petite cité beauceronne.
*
* *
|
(1) V. à ce sujet
Victor Petit, Notice sur le donjon d’Étampes, dans le Bulletin
monumental, t. XII, 1847, et A. de Caumont, Abécédaire,
Paris, 1858, 2e édit., p. 354.
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Peu de villes de l’importance d’Étampes ont possédé jadis,
et jusqu’à une époque très rapprochée de nous,
autant d’hôtelleries et d’auberges, et l’on ne doit pas s’en étonner.
Étampes, Stampæ, chef-lieu
du pagus Stampensis, se trouve en effet à 50 kilomètres
au sud de Paris, à peu près à égale distance entre
la capitale et Orléans, sur une route qui a toujours mis en communication
les régions du nord de la France avec les provinces méridionales
et les pays situés au delà des Pyrénées. Cette
route, l’ancien chemin qui menait les pèlerins au fameux sanctuaire
de Saint-Jacques-de-Compostelle, n’était autre que la voie romaine
de Paris à [p.409] Orléans, devenue,
sauf quelques rectifications peu importantes, la route nationale n°20,
dite de Paris à Toulouse, laquelle pénètre dans Étampes
par le faubourg Ézevard* et en sort par le faubourg Saint-Martin. Elle y forme ainsi une
artère centrale qui a près d’une lieue de longueur et prend
successivement les noms de Grande-Rue-Saint-Jacques, de rue du Haut-Pavé,
de Grande-Rue-du-Faubourg-Saint-Martin, de rue du Pont-d’Orléans et
de rue des Belles-Croix. On verra que presque toutes les auberges d’Étampes
étaient situées le long de cette voie (1).
*
* *
|
* Lisez: Évezard. (B.G.)
(1)
M. Marquis a dressé un Plan de la ville et des faubourgs d’Etampes
au XVIIe et au XVIIIe siècles, d’aprés des documents de
1785 et de 1825, et un autre Plan de la ville et des faubourgs d’Etampes
en 1881, d’aprés les documents les plus récents, on l’on
trouve la liste et l’emplacement des principales auberges supprimées
ou encore existantes.
|
En raison de cette situation sur une route des plus fréquentées
et au milieu d’une riche et fertile contrée, Étampes fut, dès
une époque très reculée, un centre d’habitations et un
lieu de marche. Aussi l’industrie des aubergistes y fut-elle toujours florissante,
et nombre d’entre eux avaient, dans les trois derniers siècles, pris
place dans la bonne bourgeoisie de cette ville. Veut-on une preuve certaine
de la richesse et de la situation sociale à laquelle parvenaient ces
«marchants hostelliers»? Il suffit d’entrer dans l’église
Saint-Gilles, jadis Saint-Gilles-du-Marché. Dans cet édifice,
plusieurs fois augmenté aux frais des paroissiens, se voient encore
une vingtaine de pierres [p.410] tombales qu’un
vénérable ecclésiastique a fait restaurer — trop bien,
peut-être — et relever le long des murailles. Presque toutes appartenaient
à des bourgeois, des marchands, des vignerons, des officiers du roi,
des prêtres (1), etc. , et plusieurs ont
recouvert la dépouille mortelle d’hôteliers et d’aubergistes,
qui ont des armoiries et sont qualifies de «marchand hostelier»,
d’«expert-juré», d’«honorable homme», d’«officier
du Roy en son échansonnerie»; et même, chose plus extraordinaire
au XVIIe siècle, on trouve le titre de «dame», attribué
à la «maîtresse de la maison des Trois-Roys».
|
(1)
Un registre de la fabrique mentionne la pierre tombale, aujourd’hui disparue,
d’un prêtre, inhumé au XVIIe siècle, et dont l’épitaphe
renfermait l’anagramme de son nom, Pierre Le Brun: BRULE EN PRIÈRE.
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La
plus intéressante, en même temps que l’une des plus grandes et
des plus belles, est la première à droite de la porte d’entrée
principale de l’église.
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Cette pierre tombale, dont M. Marquis donne un excellent dessin, a environ
1m05 de hauteur et 0m40 de largeur. Elle est postérieure à
1670 et son ornementation semble encore inspirée en partie par le goût
de la Renaissance (2). Dans un fond semé
de larmes, un encadrement, assez riche et décoré de draperies,
renferme l’inscription suivante:
CY DESSOVS
CETTE TVMBE REPOSENT
LES CORPS DE DEFFVNCTS
ESTIENNE BAVDRY VIVANT [p.411]
MARCHANT HOTELIER A
ESTAMPES QVI DECEDA LE
XXVIII IOVR DE IVILLET
MDCLII
ET LOVYSE BREDET SA
FEMME QVI MOVRVT LE
XVe NOVEMBRE MDCL.
ET FRANÇOIS BAVDRY LEVR FILS
QVI DECEDA LE II NOVEMBRE 1670
ET MARTINE ..... QVI DECEDA
………………………………..
Priez Dieu pour Eux.
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(2) Une autre pierre
tombale, dont M. Marquis donne aussi le dessin, celle de la femme d’un marchand-bourgeois,
décédée en 1614, présente ce caractère
d’une façon très accusée.
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Le haut du cadre se termine en un cintre surbaissé, sur lequel sont
assis deux enfants nus, tenant d’une main une sorte de palme à rameaux
très grêles et de l’autre un écusson, qui, autant qu’on
en peut juger, serait: de... chargé aux 1er et 4e cantons d’une croix
potencée de sable; au 2e d’un écusson d’azur à la bande
d’argent; au 3e d’un fer à cheval (d’azur?), la pince en haut (1). Au-dessous de ce cadre sont deux haches d’armes
posées en sautoir, liées et soutenues par un ruban passé
dans un anneau.
A deux pas de celle des Baudry, une pierre porte
cette inscription: [p.412]
Cy gissent
honorable homme Alexis Cormier, officier du Roy
qui deceda le 18 aoust 1693
Et Helene Juteau, sō espouse
maitresse de la maison des Trois-Roys de cette ville
qui deceda le 12 jan.er 1693.
Requiescant in pace.
O mors quam amara es homini pacem habenti in divitiis suis*.
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(1)
Ou peut-être d’un U.
En vertu de l`édit de 1696, un bourgeois
d’Étampes, qui appartenait peut-être à la même famille,
Nicolas Baudry, «receveur des consignations du bailliage et prevosté
d’Étampes», fit enregistrer ses armoiries: D`argent à
une bande crénelée de trois pièces d’azur et massonnée
de sable, accompagnée en chef d`un cœur de carnation et en pointe
d’une pomme de pin de même (Armorial général. Généralité
de Paris, t. IV, 552).
* Ô mort, combien est-tu amère pour l’homme
qui jouit de la paix dans ses richesses (verset du Livre de l’Ecclésiastique,
alias du Siracide, alias de Ben Sira, XL, 1, illustré
notamment par un motet de Roland de Lassus, 1532-1594; mais le texte authentique,
ici normalisé, est: in substantiis suis (B.G.)
|
Cette
inscription est surmontée d’un écusson de... à deux croix
potencées de…, lequel est placé au-dessus de trois C entrelacés.
Faut-il établir un rapport entre ces deux croix potencées et
celles qui figurent dans l’écusson des Baudry? Est-ce une allusion
au métier des aubergistes qui recevaient des voyageurs portant la
croix des pèlerins?*
On peut se demander également si cet Alexis
Cormier, qualifié du titre pompeux d’«officier du Roy»,
mais sans doute simple hôtelier, n’était point de la même
famille que le Cormier, qui tenait à Paris, tout près de Saint-Eustache,
ce fameux cabaret du Cerf, immortalisé par les vers de Saint-Amant
et de ses amis, qui y tenaient leurs assises (1).
Hélène Juteau, comme bienfaitrice
de l’église Saint-Gilles, fut honorée, ainsi que son mari, d’une
seconde épitaphe gravée en lettres d’or, sur une plaque de
marbre noir et ou on lit:
Cy devant reposent les corps
d’honorable homme Alexis Cormier, officier du roy dans son échansonnerie,
qui deceda le 18e aoust 1693,
Et de dame Helene Juteau, son épouse,
maîtresse de la maison des Trois-Roys d’Étampes, cy-devant
veuve de Jean Pepie,
marchand, laquelle décéda le 12 jan.er 1693, et a fondé
à perpetuité
une messe basse tous les dimanches de chacq. semaine,
po.r laq.le elle a donne 30.l de rente a cette église, par cont.at
passé
par devāt Levassort, nottaire royal, le 39 mars 1693.
Priez Dieu pour eux.
|
*
Voilà une hypothèse dont
Émile Travers aurait pu nous dispenser, et qui prouve qu’il n’a même
pas lu assez soigneusement Léon Marquis, sans quoi il y aurait reconnu
la croix de Jérusalem, marque de ce que la famille Baudry prétendait
descendre d’Eudes de Chalo, et avoir droit à la franchise prétendument
accordée à ses descendants mâles et femelles par Philippe
Ier (B.G.).
(1) Saint-Amant apostrophait ainsi son compagnon
Maricourt, un buveur intrépide:
Franc Picard A la rouge trogne,
Brave Maricourt, noble ivrogne,
Qui crois être sur ton fumier,
Quand tu présides chez Cormier.
Ce cabaretier avait adopté une enseigne
parlante et avait fait peindre au-dessus de sa porte l’arbre (Cormier ou Sorbier)
dont il portait le nom, ce qui a fait dire encore a Saint-Amant:
Paris, où fleuri un Cormier,
Qui des arbres est le premier.
Il est souvent question du cabaret du Cormier dans
les [p.413] poésies bachiques du XVIIIe
siecle. V. notamment un couplet de la Comédie des chansons,
jouée peut-être avant 1640 à l’Hôtel de Bourgogne,
et un passage des Poésies diverses, de G. Colletet (Paris,
1653, in-12, p. 140).
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Enfin, une autre plaque de marbre noir, placée à gauche
de l’église, dans la chapelle Sainte-Anne, offre l’inscription suivante,
au-dessous d’un écusson chargé des lettres A D:
Cy devant reposent les
corps d’honorable homme
Alexis Desforges, expert
juré et marchānd hosteilier
à Estampes qui décéda le 2e mars 1692.
Et Jeanne Renard, sô épouse, [p.414]
laq.le est decedée le 13 aoust
1701, et a donné à cette
église 12.l de rente pour
dire à perpetuité
une messe basse tous les I.
jours de chaque mois;
lesq.ls ont voulu estre
inhumez auprés de Jeanne
Desforges, leur fille,
qui les avait precedez
dans ce passage, pour
aller marquer leur
place dans le ciel.
Priez pour eux.
A l’un des angles inferieurs, on lit: La d.e J.
Renard étoit v.e en 1e noces de J. Tollet.
Non loin de ses parents, reposait «Jeanne
des Forges, vivante fille d’Alexis des Forges, marchant de cette ville, et
de Jeanne Regnard», mariée en juillet 1688 a Jean Pitouin, marchand
de vin et bourgeois de Paris, morte le 20 octobre suivant, à l’âge
de vingt-et-un ans (1).
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(1)
Cette épitaphe est, ainsi que la plupart des autres conservées
dans l’eglise Saint-Gilles, conçue en termes touchants et faisant de
pieuses allusions à la fragilité de la vie et à l’éternité.
|
*
* *
«Un grand roulage avait lieu autrefois a
Étampes, dit M. L. Marquis, quand on transportait les vins et autres
marchandises d’Orléans et du Midi vers Paris. Le mouvement commença
à diminuer à la fin [p.415] du
XVIIe siecle, après l’ouverture du canal de Briare, ce qui fait que
les auberges étaient déjà beaucoup tombées au
commencement du XVIIIe siècle. Néanmoins, pendant la première
moitié de notre siècle, le passage des voitures, diligences
et troupeaux dans la rue Saint-Jacques était littéralement
continu, et il était quelquefois impossible de traverser cette rue...
L’établissement du chemin de fer d’Orléans, en 1845, changea
la face des choses. Que d’hôtelleries, que d’auberges ont disparu!
Nous avons retrouvé la trace et les enseignes du plus grand nombre.
Il y en avait une cinquantaine dans la grande rue seulement, de Saint-Martin
au Port (1)».
En prenant pour guide M. Marquis, je vais énumérer
les différentes auberges que l’on rencontrait à Étampes,
en entrant dans cette ville par la route d’Orléans (2).
RUE DES BELLES-CROIX.
— Cette rue qui fait suite à la route d’Orléans, renfermait
plusieurs hôtelleries. [p.416]
|
(1)
Depuis 1845, il n’y a pas eu que les auberges qui, a Étampes, comme
ailleurs aient été en décadence. Tous les corps de
métiers ont été gravement atteints dans leur industrie:
boulangers, bouchers, bourreliers, selliers, maréchaux, — ceux-là
surtout.
(2) Je ne puis faire
dans cet article l’historique des noms d’hôtelleries et je me bornerai
à renvoyer le lecteur aux écrivains qui se sont occupés
des enseignes, tels que: H. de Balzac (un Batteur de pavés,
Petit Dictionnaire critique et anecdotique des enseignes
de Paris; E. de La Quériére, Recherches historiques
sur les enseignes des maisons particulières; Blavignac, Histoire
des enseignes d’hôtelleries; Berty, Topographie historique du
vieux Paris et Les Enseignes de Paris avant le dix-septième
siècle; Sauval. Jaillot, Poullain de Saint-Foix, Dulaure, le bibliophile
Jacob, Francisque Michel, Edouard Fournier, etc.
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Le Sauvage, ancienne auberge à relais, qu’on voyait
encore en 1842, existait déjà en 1526, puisque le cortège
qui suivait le cercueil de la reine Claude de France y fit une dépense
de «dix sols pour huit pintes de vin cleret vermeil». Elle était
située à droite de la rue et ne doit pas être confondue
avec celle du même nom existant près la porte Evezard et dont
je parlerai plus loin.
L’hôtel Saint-Julien, disparu depuis
longtemps, existait à la même époque (1).
La Sentine, en face de la rue de Charpeaux,
auberge supprimée en 1846 (2). [p.417]
Les Belles-Croix, en face du Sauvage, auberge
supprimée au commencement du siècle.
Le Point-du-Jour, id., id.
RUE DE LA TREILLE.
— A gauche de la rue Saint-Martin, jadis «ruelle de l’Escu», à
cause de l’auberge de L’Escu, qui avait pour enseigne l’Écu de France. Elle était
située à l’angle de cette rue, mais elle avait cessé
d’exister avant le XVIIIe siècle.
RUE SAINT-MARTlN.
— Plusieurs auberges supprimées de 1830 a 1840.
Le Croissant.
Le Soleil-d’Or.
Le Cygne.
La Bénédiction de Jacob.
Au Champ-de-Mars, fermée vers 1874.
Le Papillon (1).
L’Hirondelle, fermée vers 1825.
La Grande-Maison.
Le Grand-Saint-Martin, à l’angle
de la rue Saint-Martin et de la rue Saint-Jacques.
Un ancien cabaret portait cette enseigne, qui
se retrouve partout: Ici on vend du vin sans eau (2).
|
(1)
A partir du milieu du XVIIe siecle le nom d’hôtel commença à
être généralement appliqué aux auberges importantes.
«Ce fut vers ce temps-là, dit Edouard Fournier, que les hôtelleries
de Paris prirent le nom d’hôtels, comme pour faire concurrence avec
les habitations des grands seigneurs. Beaucoup de ces hôtelleries remontaient
à une époque très ancienne, et elles avaient conservé
leur enseigne primitive, sur laquelle on lisait encore, selon les prescriptions
de l’ordonnance de 1579: Hostellerie, ou Taverne, par la permission du Roy.
La plupart cependant s’étaient soustraites, on prenant le titre d’hôtel,
au règlements tyranniques de cette ordonnance, qui enjoignait aux
hôteliers de faire inscrire sur leur porte, en gros caractères,
les prix que les voyageurs auraient à payer; par exemple: Dînée
du voyageur à pied, 6 sols; Couchée du voyageur à pied,
8 sols». Edouard Fournier, Histoire des enseignes de Paris; Paris.
1884. in-8°, p. 132.
(2) Ce nom assez étrange
demande une explication. La Sentine était un petit bateau de
rivière qui servait à la pêche et qu’on employait aussi
pour le passage des cours d’eau. Il n’était connu sous ce nom que sur
les bords de la Loire et dans le nord de la France. Voir Du Cange, v°
Sentine, et Jal. Glossaire nautique. La Sentine, comme enseigne
d’auberge, rappelle les hôtels de La Galère, de La
Gondole, etc., qui se rencontrent dans d’autres villes.
(1) L’astérisque
indique les établissements qui existent encore.
(2) Ailleurs, cette
enseigne est souvent représentée par ce rébus: O bon
vin 400 O.
|
RUE DU HAUT-PAVÉ. — *La Chasse,
ancienne auberge.
Le Mouton, auberge fermée il y a
une quarantaine [p.418] d’années et qui a laissé son nom à la ruelle
ou passage du Mouton.
Le Saint-Nicolas, hôtellerie importante,
fermée en 1825.
L’Étoile, très ancienne auberge ou s’arrêtaient
les chaînes de forçats pour recevoir des rafraichissements. |
|
RUE SAINT-JACQUES. — Cette rue, qui est la
grande rue d’Étampes, était le grand chemin qui menait en Espagne
et à Saint-Jacques-de-Compostelle, en faisant suite à la rue
Saint-Jacques de Paris (1). Presque toutes les maisons n’étaient autre chose que
des hôtelleries, dont quelques-unes fort vastes. |
(1)
Elle passait devant le convent de Saint-Jacques-de-l’Epée et la chapelle
de Saint-Jacques-de-Bédégond, dans le faubourg Evezard.
|
Le
Dauphin, auberge très importante non loin de la porte Saint-Martin,
existait en 1610 et a été supprimée il y a plus d’un
demi-siècle. Ses magnifiques caves ont été conservées.
*La Fontaine, encore plus renommée
et plus ancienne que la précédente. Les bâtiments de cette
hôtellerie étaient tres vastes.
C’est dans cette auberge que Louis XII reçut,
le 11 août 1498, Niccolo Michiel, Antonio Loredan et Hieronimo Zorzi,
ambassadeurs de Venise, ainsi que nous l’apprend une lettre d’un des secrétaires
de l’ambassade, écrite trois jours plus tard et dans laquelle se trouve
ce passage:
«Les ambassadeurs vénitiens, revenant
de Paris, arrivèrent à Étampes le 11 août, sur
l’avis du roi, qui les reçut dans cette ville, en audience solennelle,
[p.419] le lendemain dimanche, à
l’auberge de la Fontaine (la hostaria di la Fontana). Le roi était
vêtu de velours noir. Ce fut à Messer Antonio Loredan que fut
réservé l’honneur de porter la parole; le grand chancelier
lui fit cette réponse: «Vous me direz qu’un si grand roi ne
devrait point se tenir a l’auberge: je vous repondrai que, dans ce pays d’Étampes,
les meilleures maisons sont encore les auberges». Il y a bien dans ce
lieu un château royal dans lequel loge la reine, épouse du roi
défunt; néanmoins S. M. a voulu donner l’audience dans cette
hôtellerie, toute tendue expressément de drap de velours alexandrin,
avec des lis d’or à l’endroit ou le roi se tenait... (1)».
|
(1)
Cette lettre est conservée à la bibliothèque de Saint-Marc,
à Venise. Voy. Baschet, La diplomatie vénitienne; Paris,
Plon, 1862, in-8°.
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Le Duc-de-Bourgogne, hôtel fermé vers 1843.
«Son enseigne semble indiquer une certaine ancienneté»,
dit M. L. Marquis. Est-ce un souvenir du séjour fait a Étampes,
du 19 au 31 juillet 1465, par Charles le Téméraire? On peut
en douter, car ce prince n’était alors que comte de Charolais. Le
nom de cet ancien hôtel me semble plutôt venir du duc de Bourgogne,
petit-fils de Louis XIV, qui, le 5 décembre 1700, coucha à
Étampes, alors qu’avec le duc de Berry, il accompagnait Philippe V,
lequel allait prendre possession du trône d’Espagne.
|
|
*Les
Trois-Rois, hôtel très ancien et fort renommé autrefois.
Il s’est appelé aussi Les Mores, Les Trois-Rois-Maures
et Les Trois-Maures. Cette enseigne, allusion aux rois Mages (2), se compose aujourd’hui [p.420]
de trois têtes d’abominables bonshommes, peintes en couleurs criardes,
qui ont la prétention de représenter des empereurs romains.
En 1589, les sieurs de Vaugrigneuse et de Monroger,
officiers de l’armée de Henri IV, furent pris, dans l’hôtellerie
des Mores, par quelques soldats ligueurs venus de Dourdan, et les habitants
d’Étampes furent obligés de payer leur rançon (1). C’est sans doute de l’auberge des Trois-Rois qu’il
s’agit ici.
Mme de Vendôme et sa fille, Mlle d’Aumale,
future reine de Portugal, logèrent dans cet hôtel, le 30 mai
1666; de même Louis XIV et la reine Marie-Thérèse, les
25 septembre et 19 octobre 1668, au cours d’un voyage a Chambord.
C’est là aussi que fut reçue solennellement,
le 27 février 1722, l’infante Marie-Anne-Victoire d’Espagne, fiancée
au roi Louis XV.
«Au fond de la cour de l’hôtel des
Trois-Rois, dit M. L. Marquis, est un grand corps de logis sur la façaade
duquel est un ancien cadran solaire. Dans l’intérieur, on remarque
un bel escalier ancien avec balustres en bois sculpté. Cet escalier
conduit à des appartements somptueux ou l’on voit de superbes panneaux
et de grandes cheminées en marbre, artistement sculptés. C’est
là sans doute qu’eurent lieu les réceptions du dernier siècle;
mais tout cela tombé en décrépitude, il ne restera bientôt
aucune trace de ces anciens bâtiments (2)».
[p.421]
|
(2) V. infra
l’auberge des Mores, près de la porte Saint-Martin.
(1) Fleureau, Les
Antiquités de la ville et du duche d’Estampes; Paris, 1683, in-4°,
p. 250. — Maxime de Montrond, Essais historiques sur la ville d’Étampes,
t. II, p. 108.
(2) A signaler encore
qu’une scène de l’opéra-comique du Pré-au-Clercs
se passe aux Trois-Rois et qu’un des décors en représente
le jardin; — enfin que cet hôtel possédait une magnifique [p.421] et ancienne batterie de cuisine, qui a été
vendue de nos jours. au grand détriment de l’histoire de l’industrie.
|
Les
Trois-Marchands, hôtel fermé vers 1820.
La Rose, auberge voisine des deux suivantes.
Leurs propriétaires eurent entre eux de nombreux procès. L’enseigne
de cette auberge existe encore et elle a laisse son nom à la rue de
la Rose qui se trouve en face.
Le Lion-d’Or.
|
|
Le
Cygne, auberge qui datait peut-être du commencement du XVe siècle.
A propos de cette hôtellerie, le barnabite
Basile Fleureau donne les détails suivants: «L’abbé de
Saint-Benoist-sur-Loire avoit droit de mairie sur les habitans de Sainville,
Meronville et Sonchamp, pour l’exercice de laquelle il avoit eu d’ancienneté
une maison en la paroisse de Saint-Gilles d’Estampes, appelée la Greneterie,
où pendoit pour enseigne le Cygne avec une boucle de fer ou d’airain
sur le pan, pour marque de cette juridiction, dite de la boucle, laquelle
s’aperçoit en plaine rue... La boucle reste encore attachée
au pan de la maison qui touche celle du Lion-d’Or, en la paroisse Saint-Gilles,
à laquelle pendoit anciennement pour enseigne le Cygne, comme je l’ay
appris d’une declaration de cette maison passée au roy le 10 juillet
1527. Le vulgaire dit par erreur que cette boucle est la marque de la franchise
de Chalo-Saint-Mard, et qu’anciennement elle servait d’azile (1)».
Mais M. L. Marquis, après avoir cité
ce passage, ajoute: «Tout le monde n’est pas de l’avis de l’historien
d’Étampes qui rapporte ces faits, et l’on doit [p.422] respecter les traditions.
Monteil, dans son Histoire des Français, ou il n’avance rien
sans preuves, dit qu’il y avait a Étampes une maison où un
descendant de Chalo-Saint-Mard donnait l’hospitalité à de nombreux
pèlerins. Les armes de la femme de Chalo, qui sont: «un serpent
entortillé cherchant à mordre sa queue (1)», ressemblent
assez à une boucle, et l’hôtellerie du Cygne était sans
doute l’ancienne maison des descendants du fameux pèlerin (2) ».
Je n’entrerai pas ici dans la discussion de la
légende relative à Eudes le Maire, dit Chalo-Saint-Mard, qui
a été si bien étudiée par M. Noel Valois (3), à la suite d’une
quarantaine d’historiens, et je m’incline devant une tradition, si chère
au cœur de M. Marquis et des innombrables représentants des six cents
descendants du fameux pelerin, qui assistèrent aux obsèques
de la reine Anne (4). [p.423]
|
(1) Fleureau, p. 33.
(1) Montfaucon. Monuments
de la monarchie françoise (édit. de 1730), t. II, p. 205.
Remarquons que la gravure donnée par Montfaucon n’est que la reproduction
d’une peinture sur bois exécutée vers 1580; ce qui ne peut
donner une grande authenticité à des armoiries dont on voudrait
faire remonter la concession à 1085 (1).
(2) «A Étampes,
on m’indiqua mon logement chez un propriétaire appelé Chalo-de-Saint-Mas
(sic). Il y a plus de vingt familles de ce nom, toutes descendant du fameux
pèlerin Chalo-de-Saint-Mas. Avant de trouver mon hôte, il me
fallut parcourir plusieurs fois toute la ville». A.-A. Monteil, Histoire
des Français des divers états; Paris, 1853, 4e édit.,
t. I, p. 389 (Epître XCI, Le pélerinage dc Remiremont).
(3) Noel Valois,
Le privilege de Chalo-Saint-Mard (dans l’Annuaire-Bulletin
de la Société de l’Histoire de France, 1886, p. 185-226)
et Note complémentaire sur le privilège de Chalo-Saint-Mard
(ibid., 1896, p. 182-205).
(4) Voir à
ce sujet Léon Marquis, Chalo-Saint-Mard, poème [p.422]
suivi de l’histoire du pèlerin Eudes-le-Maire, dit
Chalo-Saint-Mard, avec des notices historiques et généalogiques
sur sa postérité; Étampes 1897, in-8°.
|
L’Ours
ou Maison-de-l’Ours, fermée vers 1800.
Le Lion-d’Argent, auberge fréquentée
surtout par des rouliers et fermée vers 1834. Sur une partie de son
emplacement, on a percé en 1842, une rue dite d’abord du Lion-d’Argent,
et appelée aujourd’hui rue Lenicolais, du nom d’un bienfaiteur de la
ville d’Étampes.
L’Écu-de-France, sur l’emplacement
duquel fut bâti en 1833 l’hôtel de France, qui lui-même
n’existe plus.
Le Grand-Cerf, hôtel très
en vogue au commencement du XVIIIe siècle, qui a été
fermé vers 1820.
Le Bois-de-Vincennes, hôtel longtemps
le mieux fréquenté de la ville, réuni en 1865 à
celui du Grand-Courrier.
Le Rossignol, auberge supprimée
vers 1844. Son enseigne est devenue celle d’un marchand de vins.
La Fleur-de-Lys.
La Sainte-Barbe, auberge de rouliers.
La Levrette, à l’angle d’une rue
à laquelle elle avait donné son nom et qui est devenue la rue
Elias-Robert, en souvenir d’un statuaire de talent, né à Étampes.
*La Grâce-de-Dieu, ancienne auberge
qui a encore pour enseigne un tableau représentant une barque battue
par la tempête et montée par un homme qui se recommande à
la grâce de Dieu. M. Marquis pense que c’était, en 1511, «l’hostel
de Gillet le Coupt, assis devant l’église Saint-Basile, grande rue
Saint-Jacques, où pend pour enseigne Saint-Sébastien».
Le Saint-Christophe, hôtel très
vaste, en vogue, [p.424] il y a un siècle, était fréquenté
par les hauts fonctionnaires. En 1823, les gardes du corps qui rejoignaient
l’armée envoyée en Espagne y descendirent (1).
Le Petit-Paris, auberge fermée en
1820.
Le Coq, hôtel supprimé vers
1830 et ayant fait partie de la maison des Célestins qui appartenait
aux religieux de Marcoussis. Il a laissé son nom à la rue du
Puits-du-Coq, en face de laquelle il était situé.
La Tête-Noire.
L’Aigle-d’Or.
Le Chêne-Vert.
Le Coq-Hardi, dont l’enseigne représentait
un coq perche sur le dos d’un lion (2).
*Le Grand-Courrier, hôtel dit anciennement
des Trois-Fauchets, aujourd’hui du Grand-Courrrier et du Bois-de-Vincennes
réunis, à l’angle de la rue des Trois-Fauchets (rue des Trois-Faucheurs,
sous la Révolution), et à laquelle il a donne son nom.
Le Chapeau-Rouge (3).
La Croix-d’Or, auberge fermée vers
1844. [p.425]
Le Renard, auberge qui aurait, dit-on, été
située à l’angle de la rue Saint-Jacques et de celle du
Renard, à laquelle elle aurait laissé son nom. Mais cette appellation
peut avoir une autre origine. «Cette rue ou plutôt cette ruelle,
dit M. Marquis, était anciennement dans un creux formant ravin...
c’était un vrai «renard », qui servait à l’écoulement
des eaux pluviales (1). La rue de la Queue-de-Renard...
a sans doute la même origine».
|
(1)
Un autre hôtel Saint-Christophe existait en 1846, dans le faubourg
Saint-Pierre.
(2) Il y a encore
sur le quai de la Mégisserie, à Paris, une assez jolie enseigne
sculptée, représentant le Coq hardi, perché sur
le dos d’un lion dont il becquette la crinière.
(3) Ce nom est sans
doute dû ici, comme ailleurs, au séjour de quelque cardinal en
voyage.
De même, dans un grand nombre de villes
situées sur les grands chemins menant de Paris aux frontières,
on rencontre encore l’hôtel des Ambassadeurs: par exemple, sur
les routes se dirigeant sur l‘Espagne, à Libourne, à Bordeaux,
à Mont-de-Marsan, ainsi qu’à Figeac, à Cahors, à
Albi, à Toulouse, à Tarbes, etc.
(1) Ce terme est encore
employé, en parlant de canaux ou de bassins, pour signifier une fente,
un trou, par où 1`eau se perd et qu’il est malaisé de découvrir.
|
RUE DES CORDELIERS. — Hôtel du Roi-d’Espagne,
fermé vers 1826. Son nom rappelait peut-être le passage de Philippe
V, en 1700, dont j’ai parlé plus haut à propos de l’auberge
du Duc-de-Bourgogne.
Le Mouton, auberge qui a donné son
nom à la rue du Mouton (anciennement rue du Pivert), en face de laquelle
elle était située, et à la rue de l’Abreuvoir-du-Mouton,
qui fait suite à la précédente (2). |
(2)
Le nom du Pivert venait peut-être de quelque auberge oubliée.
|
RUE SAINTE-CROIX. — L’Ile-d’Amour était
l’enseigne d’un pâtissier-restaurateur, chez lequel les vignerons se
réunissaient le jour de la fête de saint Vincent. Ils chantaient
alors en l’honneur de leur patron une chanson dont M. Marquis cite le premier
couplet, qui est assez curieux et dénote une facture ancienne (3). [p.426]
RUE DE L’HÔTEL-DE-VILLE. — A Robinson, auberge ancienne, qui datait peut-être
de l’époque ou le roman de Daniel de Foë devint populaire.
La Belle-Image.
Le Bras-d’Or, auberge «tenue, dit
M. Marquis, par la famille Démollière, famille de saltimbanques,
alliée aux Roba, également saltimbanques, qui faisaient le succès
de la foire d’Étampes au commencement du siècle (1)».
L’Image-Notre-Dame, à l’angle de
la place et de la Petite-Rue-Sainte-Croix.
|
(3)
Dans cette rue se trouvent les beaux logis de Diane de Poitiers et d’Anne
de Pisseleu. — V. Henri Stein, Jean Goujon et la maison de Diane de Poitiers
à Etampes, dans les Annales [p.426]
de la Société historique et archéologique
du Gâtinais, 1889, et comte de Marsy, La maison de Diane de Poitiers
à Etampes, dans le Bulletin monumental, t. LVL, 1890.
(1) L’imprimeur Dupré,
qui a longtemps habité cette maison, avait épouse une Démollière.
La foire de la Saint-Michel à Étampes
avait une grande importance. Elle se tient du 29 septembre au 6 octobre;
autrefois elle durait quinze jours.
|
PLACE DE L’EMBARQUADERE. — En face de la gare du chemin de fer, près de l’hôtel
du Nord, tout moderne, se trouvait l’hôtel des Voyageurs,
supprimé en 1879, qui existait dès le siècle dernier
et avait de grandes caves aboutissant aux fosses de la ville.
CARREFOUR
DU PONT-DORE. — *Au Coq-en-Pâte, assez
vieille auberge ayant pour enseigne un tableau qui représente un coq
sortant d’un pâté. «Au commencement de ce siècle,
dit M. Marquis, le théâtre d’Étampes était dans
une espèce de grange dépendant de cette auberge. On l’appelait
la «salle du Coq-en-Pâte». Cet établissement renommé
a donné son nom à la petite place sur laquelle il était
situé. [p.427]
PLACE ROMANET. — *Le Grand Monarque, hôtel fondé il y a un
quart de siècle par un ancien propriétaire de celui du Grand-Courrier,
rappelle sans doute le nom d’une ancienne auberge.
RUE DE LA
CORDONNERIE. — La Poule, auberge fermée
en 1820, et dont l’enseigne était une poule, sculptée sur une
pierre au-dessus de la porte, et à cause de laquelle la rue de la Cordonnerie
s’est longtemps appelée rue de la Poule.
Au Prince-d’Orléans, très
ancienne auberge, ayant pour enseigne un grand portrait du prince. Reconstruite
de nos jours et supprimée en 1879, son enseigne était en dernier
lieu: Au Duc-d’Orléans.
PLACE NOTRE-DAME. — *Au Cheval-Rouge.
*Au Rendez-vous-des-Bons-Enfants.
RUE DE L’ANCIENNE-COMEDIE (jusqu’en 1840, rue du Petit-Marché). — Le Lion-d’Or,
auberge supprimée en 1840, à l’angle de cette rue et de celle
du Petit-Mesnil-Girault.
PLACE DAUPHINE (jadis place Royale, puis de l’Ancienne-Comédie). — *Le
Coq-en-Pâte, dont il a été question plus haut.
Le Saint-Jean, ancienne auberge, avec bas-relief
sculpté sur la façade, à l’angle de cette place et de
la rue de la Tannerie; c’est depuis longtemps une maison particulière.
|
|
RUE DARNATAL. —
A l’Arche-de-Noé, auberge qui n’existait plus déjà
quelques années avant la Révolution. L’enseigne de cette très
ancienne maison se voit encore, ainsi qu’une Vierge en pierre d’une [p.428] exécution
remarquable, placée dans une niche, au-dessus de laquelle on lit cette
inscription:
L’original de cette image
Est un chef-d’œuvre si parfait,
Que l’ouvrier qui l’a fait
S’est renfermé dans son ouvrage.
Les habitants du quartier prétendent
que l’auteur de cette statue a été, selon son désir,
enterré dans le mur. L’énigme cachée dans ce quatrain
alambiqué* est bien plutôt une
allusion, dans le goût des XVIe et XVIIe siècles, au mystère
de l’Incarnation. Tel est l’avis de Maxime de Montrond, qui dit: «S’il
est permis d’attribuer a ces vers ambigus un autre sens, profondément
mystique et religieux, ne peut-on pas croire qu’ils rappellent le mystère
de l’Incarnation de l’Homme-Dieu, ouvrier divin qui a voulu se renfermer
et prendre naissance dans le sein de la Vierge Marie, chef-d’œuvre de ses
mains et son plus parfait ouvrage (1)».
Une tradition veut que, dans cette auberge, aient
logé les ouvriers qui travaillèrent à l’église
Notre-Dame, lorsqu’elle fut garnie d’un mur d’enceinte crénelé
et de fossés, qui la transformèrent en forteresse, au XVe siècle,
lors des guerres avec les Anglais.
L’Image-Saint-Louis, auberge située
à l’angle de la rue Darnatal et de la place du Petit-Marché,
avait sans doute fourni le nom de cette rue qui s’appelait anciennement rue
Saint-Louis et qui, sous la Révolution, devint la rue des Trois-Couleurs.
[p.429]
|
* Je ne vois pas bien à quel titre ce quatrain est
ici qualifié d’alambiqué, alors qu’il est seulement
spirituel, et du meilleur goût. Voilà encore un cas où
Travers a la démangeaison de dire quelque chose de plus que sa source,
et nous importune de son peu d’esprit. (B.G.)
(1) Maxime de Montrond,
op. cit., t. II, p. 35 note.
|
CARREFOUR-DU-CHAT. — M. Marquis signale une maison dite du Petit-Écu
située dans ce carrefour et composée de deux corps de logis,
cour et jardin en terrasse, avec dix arpents de terre et de pré, appartenant
au chapitre de Notre-Dame, vendue nationalement en 1791. N’est-ce point un
souvenir de quelque ancienne auberge?
RUE ÉVEZARD. — Le Sauvage, auberge qui avait fait anciennement donner
a cette rue le nom de rue du Sauvage (1).
La Ville-de-Rouen, vieil hôtel, fermé
il y a une vingtaine d’années.
|
(1)
V. supra le Sauvage, rue des Belles-Croix.
|
RUE DU PERRAY. —
Dans cette rue, ancienne voie partant de la rue de l’Ile-Maubelle et traversant
une prairie pour se terminer à un pont sur la Juine, il y a trois auberges.
*Le Sapeur-Pompier doit, d’après
son nom, être de création assez récente.
*A l’Étoile, jadis A l’Étoile-du-Point-du-Jour,
très vieille auberge ou s’arrêtaient, a la fin du dernier siècle,
les chevaux des convois militaires.
*Le Chariot-d’Or, avec un chariot doré
pour enseigne.
|
|
RUE DE LA BOUCHERIE. — Dans cette rue, à droite, près du pont sur la
Juine, se trouvait un moulin dit du Bourneuf ou de Saint-Pierre et remontant
a une époque reculée. A côté existait au XVe siècle
«l’hostel de Pierre Testard où pendoit pour enseigne l’image
de Saint-Martin». [p.430]
*La Chaumière, auberge qui est la seule
d’Etampes ou l’on joue encore à l’ancien jeu d’esses.
«Le jeu d’esses ou de clés, lisons-nous
dans M. Marquis, paraît avoir été particulier aux environs
d’Étampes, puisque l’Encyclopédie méthodique dit qu’il
se jouait dans l’étendue de la justice de Chamarande et du bailliage
d’Étampes. On joue à ce jeu sur une grande table à
l’une des extrémités de laquelle est fixée une fiche
en fer. La table est cirée avec du savon pour que l’esse glisse facilement.
Le joueur se sert d’une pièce de fer pesant près d’un kilogramme,
nommé esse a cause de sa ressemblance avec la lettre S, qu’on lance
avec force contre la fiche, et l’objet du jeu est d’en approcher le plus.
Ce jeu présente de graves inconvénients quand le palet frappe
le but violemment, car il peut rebondir et blesser les spectateurs. Aussi,
des accidents ont motivé plusieurs arrêts du Parlement faisant
défenses d’y jouer (1)... Ce jeu se joue toujours à Étampes, à
Dourdan et à Saint-Arnoult». [p.431]
*La Herse.
Le Bon-Laboureur.
Le Cheval-Blanc.
Le Saint-Christophe.
La Coignée.
|
(1)
«La cour, sur le réquisitoire du procureur général,
étant informée que, dans l’étendue de la justice de Chamarande,
il se joue un jeu nomme jeu de clefs ou de esse, duquel il est résulté
des inconvénients pour les spectateurs qui en ont été
blessés, defend à toutes personnes de jouer ledit jeu, à
peine de 20 livres d’amende». Arrêt de la cour de Parlement,
16 juin 1779, cité par Littré, v° Esse.
Ce jeu était et est en usage ailleurs
qu’en Beauce. Ce n’est, d’ailleurs, qu’une des variétés du
jeu de palet.
|
RUE DU SABLON. —
*Les Quatre-Chemins, en face d’une petite place où se tient
la fête annuelle du faubourg Saint-Pierre.
RUE DU FAUBOURG-SAINT-JACQUES. — Le Saint-Jacques, grande auberge fermée en 1859,
dans la cour de laquelle était installé, tous les ans, le cirque
de la foire Saint-Michel.
La Girafe, autre auberge fermée vers
la même époque et qu’il faut citer comme exemple d’enseigne d’origine
anecdotique.
Quoique des girafes aient figure dans les cirques
de la Rome impériale, l’Europe n’a possédé que rarement
des exemplaires vivants de ces étranges quadrupèdes.
Dans un discours aussi savant que spirituel prononcé
devant une grave assemblée, M. E.-T. Hamy, membre de l’Institut, a
exposé les origines de notre Museum et a donné nombre de détails
curieux sur des animaux rares amenés pour la première fois en
Occident. Voici ce qu’il raconte a propos des girafes: «Anne de Beaujeu
avait, dit-on, tous les goûts de son père. Elle eut celui des
animaux vivants; les plus bizarres avaient ses préférences,
et c’est ainsi qu’en 1489, elle essayait vainement d’obtenir de Laurent de
Medicis une girafe que Malfota, l’envoyé du sultan d’Egypte Kaitbi,
avait, deux ans plus tôt, amenée à Florence. «C’est
la beste du monde que j’ay plus grand désir de veoir», écrivait-elle
plaisamment au prince qui lui avait promis par lettre le curieux animal. Laurent
ne tint pas sa parole et Anne dut se contenter de voir la girafe... en image».
Un peu plus loin, M. Hamy ajoute, en parlant de l’arrivée
[p.432]
de certains animaux: «Aucun n’a pris cependant l’importance qu’eut
l’entrée solennelle de dame Girafe, le 30 juin 1827, dans la bonne
ville de Paris. Tout le monde voulut la voir, toute la presse s’en occupa;
on lui consacra des articles et des chansons, et la mode, cette autre dispensatrice
de la gloire, s’empara de ses formes et de ses couleurs pour la «robe
à la girafe», le «chapeau à la girafe», le
«peigne à la girafe». Nevers eut des faïences polychromes, Épinal des images enluminées,
qui représentaient la célèbre visiteuse. La politique
même s’en mêla, et quelques amateurs possèdent dans leurs
tiroirs une médaille de bronze ou la girafe, s’adressant au pays,
presque dans les mêmes termes que Monsieur, comte d’Artois, en 1814
(1). prononce
ces mots historiques: «Il n’y a rien de changé en France, il
n’y a... qu’une bête de plus». Je n’ai pas besoin d’expliquer
pourquoi la pièce est bien vite devenue rare» (2).
Cet engouement provoqué par l’arrivée
à Paris de la fameuse girafe explique comment quelques auberges de
province ont pris son nom pour enseigne.
«Des comédiens ambulants, dit M.
Marquis, donnaient quelquefois des spectacles dans une des pièces
de cette auberge, qui s’appelait le salon de la Girafe. On voit toujours
son enseigne représentant une girafe conduite par un Bédouin».
[p.433]
|
(1)
On sait aujourd’hui que le mot fut prêté au comte d’Artois par
Beugnot, qui l’a avoué dans ses Mémoires; Paris. 1866, p. 112-114.
(2) Congrès
des Sociétés savantes. Discours (Sur les origines du
Museum) prononcé à la séance générale,
1e 8 avril 1893, par M. E.-T. Hamy, membre de l’Institut.
|
RUE DU FAUBOURG-EVEZARD. — Le Vaisseau.
Le Port-Saint, auberge très ancienne.
Le Saint-Julien, auberge existant au XVIe
siècle.
Les Mores*,
hôtellerie près la porte Saint-Martin, dont le nom, d’après
Fleureau (1), aurait la même origine, que celui du Champtier, encore
appelé «Murger de la Bataille», situé en face
sur une colline et où eut lieu, en 604, une sanglante bataille entre
Clotaire II, roi d’Austrasie, et Theodoric, roi de Bourgogne et d’Orléans.
Dans ce cas, «Mores» serait une altération de «Morts».
Je crois plutôt que ce nom est emprunté
aux rois Mores ou Mages. On a vu plus haut qu’à Etampes il y avait,
comme dans beaucoup de villes de France, une auberge des Trois-Rois qui s’est
aussi appelée les Mores, les Trois-Maures et les Trois-Rois-Maures.
C’est bien aux rois Mages qu’il faut demander l’origine de tous ces noms (2).
|
*
C’est par étourderie que Travers
met dans la rue du Faubourg-Évezard (actuelle rue Van-Loo) une auberge
placée près la Porte Saint-Martin (en fait Carrefour des Religieuses).
Il s’agit des Trois-Maures qu’il confond par erreur, à la suite de
Marquis, avec l’auberge des Trois-Rois (B.G.).
(1) Fleureau, op.
cit., p. 259.
(2) L’enseigne Aux
Trois-Maures comme celle Aux Trois-Rois se rencontrait dans presque
toute la France, ainsi qu’en Allemagne. V. à ce sujet deux articles
très complets et très intéressants de notre érudit
confrère M. L. Germain de Maidy, dont le premier a été
communiqué à la Société des Lettres, Sciences
et Arts de Bar-le-Duc, en 1896, et le second imprimé dans L’Espérance,
courrier de Nancy, le 5 janvier 1897.
|
*
* *
En résumé, les enseignes des auberges
d’Étampes rentrent dans les sept catégories du classement proposé
par Lower (3) et qui semble le plus rationnel: [p.434]
I. Origines religieuses: Sainte-Barbe, Saint-Christophe,
Saint-Jacques, Saint-Jean, Saint-Julien, Saint-Martin, Saint-Nicolas, Saint-Sébastien;
— l’Arche-de-Noé, la Bénédiction-de-Jacob, les Belles-Croix,
la Croix-d’Or, la Grâce-de-Dieu, la Belle-Image, l’Image-Notre-Dame,
l’Image-Saint-Louis; — les Mores, les Trois-Rois, le Port-Salut.
|
(3) V. le chapitre
consacré aux Inn signs par Mark Antony [p.434]
Lower dans son ouvrage: English surnames, an Essay of family nomenclature,
historical, etymological and humourous; London, 1849, 3e édit.,
2 vol. in-8°.
|
II.
Origines héraldiques ou se rapportant au blason, à des parties
du corps humain, à des quadrupèdes, des oiseaux, des poissons,
des insectes, des végétaux ou des objets inanimés:
l’Écu, l’Écu-de-France, la Fleur-de-Lys;
— le Sauvage; — le Bras-d’Or, la Tête-Noire; — le Grand-Cerf, le Cheval-Blanc,
le Cheval-Rouge, la Girafe, la Levrette, le Lion-d’Argent, le Lion-d’Or,
le Mouton, l’Ours, le Renard; — l’Aigle-d’Or, le Coq, le Coq-en-Pâte,
le Coq-Hardi, le Cygne, l’Hirondelle, la Poule, le Rossignol; — le Dauphin;
— le Papillon; — le Chêne-Vert, la Rose; — le Croissant, l’Etoile,
l’Etoile-du-Point-du-Jour, le Soleil-d’Or ; — le Chapeau-Rouge; — la Fontaine.
III. Personnages légendaires, historiques
ou distingués: Robinson; — le Duc-de-Bourgogne, le Roi-d’Espagne,
le Prince-d’Orléans.
IV. Noms spéciaux aux hôtelleries:
le Rendez-vous-des-Bons-Enfants, les Voyageurs.
V. Allusions à des professions: le Bon-Laboureur,
le Grand-Courrier, les Trois-Marchands; — le Chariot-d’Or, la Coignée,
les Trois-Fauchets, la Herse, la Sentine, le Vaisseau. [p.435]
VI. Allusions à des jeux
ou des passe-temps: la Chasse, l’Ile-d’Amour.
VII. Origines diverses: Au Champ-de-Mars, le
Point-du-Jour, les Quatre-Chemins; — la Chaumière, la Grande-Maison;
— le Bois-de-Vincennes, le Petit·Paris, la Ville-de-Rouen, etc.
|
|
A
Étampes, sauf pour quelques cabarets d’ordre inférieur, peu
de ces jeux de mots humoristiques, de ces rébus grotesques, autrefois
si en honneur dans les enseignes de la «joyeuse» Angleterre
(1), de la
France et surtout de Paris, ou bien des tavernes, sous un roi aussi religieux
que Louis XIV, arboraient à leur devanture des profanations et des
sacrilèges en calembours tels que Boursault, qui cependant n’était
ni dévot ni chaste, surtout dans ses Lettres, écrivait un jour
au commissaire Bizoton: «N’est-ce pas une allusion non seulement grossière,
mais criminelle, de faire peindre un cygne à une enseigne avec une
croix pour faire une équivoque sur le signe de la croix ?... (2) Ne devrait-on pas condamner
à une grosse amende un misérable cabaretier qui met à
son enseigne un cerf et un mont pour faire une ridicule équivoque
a sermon? Ce qui autorise les ivrognes à dire qu’ils vont tous les
jours au sermon, ou qu’ils en viennent?... Ne fait-il pas beau
voir un cabaret avoir pour enseigne Au Saint-Esprit, pour faire une
impertinente allusion avec le nom du maître, et quoique je le croie
assez honnête homme pour n’y penser aucun mal, ne sait-il pas que le
cabaret étant un lieu de débauche, ce n’est pas là que
le Saint-Esprit doit être [p.136] place? J’en dis autant de la Trinité, de l’Image-Notre-Dame,
et de je ne sais combien de saints qui servent d’enseigne de cabaret, et qui
enseignent peut-être encore pis... J ’ai vu, dans une fort petite rue
qui donne d’un bout dans la rue Saint-Honoré et de l’autre dans celle
de Richelieu, une de ces petites auberges ou gargotes on l’on prend des repas
à juste prix, et voici quelle enseigne il y avait: C’était Jésus-Christ
que l’on prenait au jardin des Olives, et pour inscription de l’enseigne:
Au Juste pris, pour faire savoir qu’on mangeait là-dedans
à juste prix. Je fus si indigné contre le marchand qui avait
trouve cette odieuse équivoque que je ne pus retenir mon zèle,
tout indiscret qu’il était. Je fis du bruit et menaçai même
d’aller chercher un de vos confrères pour la faire abattre, et comme
les commissaires sont plus craints de la populace qu’ils n’en sont aimés,
la menace que je fis eut son effet, et quand j’y repassai l’enseigne n’y était
plus». Un des auteurs, auxquels j’emprunte cette citation, ajoute encore:
«Malheureusement elle n’était pas qu’en cet endroit de Paris,
chaque corps de marchands avait son juste prix représenté par
un Juste pris. L’enseigne sacrilège du tavernier de la rue du Rampart,
car c’est de cette rue sans doute que Boursault veut parler, put bien disparaître,
mais elle continua à se pavaner au-dessus des autres boutiques. Dernièrement
encore, un marchand de fer l’avait arborée au-dessus de la sienne,
dans la cour du Dragon. C’est même, si je ne me trompe, l’une des dernières
enseignes en rébus qui nous soient restées des autres siècles.
Le fameux Épi scié du boulevard du Temple a en effet disparu;
on chercherait inutilement à présent l’enseigne des [p.437] Trois forts bancs,
dont je n’ai pas besoin d’expliquer le calembour; celle aussi du Verre galant,
représenté par un verre tout enguirlandé de fleurs,et
c’est tout au plus si l’on trouverait dans quelque coin de Paris une de ces
fameuses enseignes A la Femme-sans-Tête (1), de qui l’une des rues
de l’île Saint-Louis tenait son nom (2)».
Ainsi qu’on a pu le constater, la liste des auberges
[p.438] d’Étampes n’apporte presque aucun élément
nouveau à celles qui ont été déjà relevées.
Cependant, si l’on compare leurs noms avec ceux des établissements
similaires des diverses régions de la France, ils fourniront une
preuve indéniable des tendances et de la perpétuité
des habitudes de l’esprit de nos pères.
A ce titre, j’ai cru pouvoir énumérer,
d’après l’intéressant travail de M. Marquis, les hôtelleries
longtemps si prospères d’une petite ville de province.
Emile TRAVERS.
|
(1)
Lower en cite de très curieux exemples.
(2) Une très
vieille auberge de ce nom existe encore à Caen.
(1)
Dans la banlieue de Saint-Lo (Manche), une auberge de La Femme-sans-Tête
a laissé son nom à un petit hameau. Là et ailleurs,
les gens du peuple en ont fait malignement La Bonne Femme.
(2) Francisque Michel
et Edouard Fournier, Histoire des hôtelleries, cabarets, courtilles,
etc. Paris, Ad. Delahays, 1859, in-8°, t. II, p. 298.
M. Edouard Fournier, apres avoir reproduit la
piquante lettre de Boursault, dans son Histoire des enseignes de Paris
(Paris, Dentu, 1884, in-8°), p. 234, ajoute: «Tallemant des Réaux
cite un autre trait de l’insolence impie des cabaretiers de Paris: «Un
fou de cabaretier de la rue Montmartre avait pris pour enseigne la Teste-Dieu;
le feu curé de Saint-Eustache eut bien de la peine a la luy faire
oster; il fallut une condamnation pour cela». La police avait droit
sans doute de faire décrocher les enseignes indécentes qui blessaient
les yeux ou la conscience du public, mais une enseigne outrageante pour la
religion devait certainement amener devant les tribunaux l’auteur de l’impiété
ou de l’hérésie qui s’était produite, en pleine rue,
de propos délibéré ou avec préméditation.
On doit supposer que dans le cours du XVIe siècle, le Parlement eut
à juger plus d’un procès de cette espèce. Il est avéré
que les images des saints, et surtout les statues de la sainte Vierge, étaient,
à cette époque, exposées à des insultes continuelles
de la part des protestants, et qu’il fallut souvent garantir par des grilles
ou des barreaux de fer ces statues et ces images contre les attaques nocturnes,
qui se renouvelaient fréquemment, malgré la terrible pénalité
que pouvaient entraîner de pareils attentats».
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