Essais historiques sur la ville
d’Étampes
Étampes, Fortin, 1836
Chapitre II et Note II, pp.
15-32 & 189-191. |
Étampes
sous les premiers rois mérovingiens
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CHAPITRE SECOND
ÉTAMPES
SOUS LES ROIS MÉROVINGIENS
SUIVI DE
Note II: Sur la reine Brunehaut
Étampes sous les premiers rois
Mérovingiens. — Bataille sanglante sur
son territoire. — Église de Saint-Martin. — La reine Brunehaut. — Note
II: Sur la reine Brunehaut.
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Nous avons vu dans le chapitre précédent que les
historiens n’ont point assigné d’époque précise
à l’origine de la ville d’Étampes; mais que son nom latin
Stampae, ou Pagus Stampensis, se
trouvant mentionné dans plusieurs monumens historiques des
premiers rois Francs, on devait la considérer comme existant déjà
sous ces règnes obscurs et reculés. Alors sans doute
Étampes n’était qu’une simple bourgade, bâtie à
l’entrée de la vallée, le long de laquelle la ville entière
s’étend et se développe aujourd’hui. Mais quelque peu importante
qu’elle fût aux [p.16] âges de sa naissance, elle ne tarde pas à jouer
un rôle dans nos annales. Nous la voyons tantôt figurer dans
ces nombreux partages de provinces gauloises, que des princes rivaux,
issus du même sang, faisaient entre eux, à la mort de chacun
des chefs de la monarchie; tantôt elle devient le théâtre
de l’une de ces guerres sanglantes, que se livraient ces mêmes
princes, pour régner en maîtres sur le fertile sol conquis
par leurs aïeux. Essayons de recueillir quelques uns de ces souvenirs
antiques; et que les récits naïfs de nos vieux annalistes
nous servent dans cette étude et de guide et d’appui.
Après un règne marqué par
d’éclatans succès, Clovis Ier (Hlodewig Ier) avait, en mourant,
partagé entre ses quatre fils, le territoire d’un royaume agrandi
par sa valeur (511). L’un d’eux, Childebert (Hildebert 1er), couronné
roi de Paris, étendit sa puissance sur les provinces voisines
de cette capitale; Étampes qui se trouvait compris dans ces limites,
dut dès lors faire partie du domaine de ce monarque.
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Un nouveau partage ayant eu lieu plus tard entre les quatre fils
de Clotaire (Hlodeher 1er), qui durant quelque temps avait régné
seul sur toute la monarchie, Hérébert ou Caribert, l’aîné
d’entre eux, devint roi de Paris. A la mort de ce prince, ses états
furent divisés entre ses frères survivans (1). Parmi les pays qui
formèrent alors la part de l’héritage, échue à
Sighebert, roi de Metz, on doit comprendre les villes de Châteaudun,
Vendôme, et le [p.17] territoire d’Étampes et de Chartres (1). Childebert, fils de
ce monarque, venait de lui succéder au royaume de Metz ou d’Austrasie.
Bientôt les plaintes réitérées de son oncle
Gontran (Gundehramm), roi de Bourgogne, sur la prétendue violation
d’un traité qu’ils avaient conclu ensemble, donnèrent
lieu à cette mission importante dont fut chargé le savant
Grégoire, évèque de Tours, et dont il a laissé
un récit détaillé dans ses Annales (2). Envoyé par Childebert
vers le roi Gontran, il le rencontre à Châlons-sur-Saône,
et l’aborde en disant: «Illustre prince, votre très glorieux
neveu vous salue, et rend mille actions de grâces à votre
piété; car c’est de vous qu’il apprend toujours à
faire çe qui plait à Dieu, et à travailler au bonheur
de son peuple. Quant aux traités dont vous l’avez entretenu, il promet
de tout accomplir, et de ne violer en rien le pacte que vous avez conclu.
— Pour moi, répond fièrement le roi de Bourgogne, je n’ai point
de pareilles grâces à lui rendre: n’a-t-il pas été
très souvent infidèle à ses promesses...» — En parlant ainsi, le monarque fit apporter et relire devant tous
les assistans, la formule du traité conclu antérieurement
entre les deux princes (3). [p.18] C’est dans cette transaction, dont la date répond à
l’an 587 de notre ère, que l’on voit figurer pour la première
fois dans notre histoire le nom du territoire d’Étampes (Pagus
Stampensis). |
(1)
Caribert mourut au château de Blaye le 7 mai 570, sans laisser
d’enfans mâles.
(1) C’est ce qui
résulte de la transaction passée entre les rois Gundehramm
ou Gontran, et Childebert. Voyez cette transaction. Greg. Turon. lib. ix.
(2) S. Gregorii
episc. Turonensis historia Francorum, lib. IX. — Recueil des historiens
de France, t. II, p. 343 (bib).
(3)
«Salutem uberriosimam mittit tibi gloriosissimus
nepos tuus Childebertus, o inclite rex, etc...» Haec nobis loquentibus,
pactionem ipsam relegi rex coram adstantibus jubet. (Greg. Turon.
lib. ix.)
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«Il a été arrêté, y lisons-nous,
que le roi Gontran jouira à perpétuité de la troisième
partie de la ville de Paris, avec ses dépendances, des villes
de Châteaudun, Vendôme, du territoire d’Étampes et
de Chartres, etc… ».
Avant cette époque, le nom d’Étampes
demeure enseveli dans une nuit obscure. Mais une fois tiré
de l’oubli, nous allons le rencontrer souvent mêlé aux récits
de nos vieux historiens; plus d’une fois même, versant des pleursa
autour de son berceau, nous verrons cette ville éprouver, aux jours
de sa naissance, quelques unes de ces secousses violentes, dont l’ambition
de monarques rivaux fut trop souvent pour des cités paisibles,
la cause funeste et immédiate. |
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C’est ainsi qu’en puisant encore dans les Annales de Grégoire
de Tours, sources fécondes de documens précieux pour
l’histoire des premiers âges de notre monarchie, nous trouvons un
récit qui nous révèle un premier pillage, auquel
fut en proie le territoire d’Étampes. Dans une assemblée d’évèques,
convoquée à Metz, par le roi Childebert (590), Egidius,
évèque de Reims, comparut, chargé du poids de plusieurs
crimes. Après qu’Ennodius, délégué du monarque,
l’eut sommé de répondre tour à tour sur chacune des
accusations dont il était l’objet, on en vint à rechercher
les causes d’une guerre récente entre Gontran et Chilpéric.
«Pourquoi, dit alors à l’évêque le roi lui-même,
avez-vous excité mes frères à se livrer [p.19] entre eux une guerre
civile? C’est par elle, c’est par les mouvemens tumultueux de leurs armées
qu’ont été détruits et ravagés la ville de
Bourges, le territoire d’Étampes et le castel de Melun. Dans cette
guerre, que d’hommes ont péri! Souvenez-vous qu’au jugement de Dieu,
vous rendrez compte de leurs âmes (1).» Le peu de paroles employées
ici par l’historien ne permet point d’apprécier quel degré
de ravage Étampes eut à souffrir de cette première dévastation.
Mais si l’on songe aux caractères violens de ces chefs de guerre,
qui, n’ayant point dépouillé encore la rudesse et la férocité
des farouches Germains, imprégnaient de vengeance et de cruauté
chacun de leurs actes, envers un ennemi ou un rival, on peut croire que
ce pillage antique fut empreint lui-même d’une teinte barbare. Ainsi,
Étampes dut long-temps se ressentir du fatal passage dans ses murs
de ces hordes conquérantes, dont les chefs vaillans se disputaient
avec un acharnement avide le fertile sol de nos aïeux.
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(1)
«Quid tu commisisti fratres meos, ut inter illos
bellum civile consurgeret: unde faetum est ut commotus exercitus Biturigas
urbem, Pagumque Stampensem, vel Mediolanense castrum diruerent atque depopularentur:
in quo bello multi interempti sunt, quorum, ut putas, animae erunt Dei
judicio de tuis manibus requirendae?» (V. Grégor. Turon.
Hist. Franc, lib. x.)
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La Chronique de Frédégaire nous a transmis, mêlé
au nom d’Étampes, le souvenir de l’un de ces actes de justice sévère,
que l’on rencontre en si grand nombre sons le règne des premiers
rois mérovingiens. Un jeune guerrier, Boson, fils d’Audolène,
du pays d’Étampes, dit la Chronique (de Pago Stampensi),
avait été accusé d’entretenir [p.20] un commerce criminel
avec la reine Sighilde, femme du roi Hlodeher II ou Clotaire. Mais il
ne tarda pas à porter la peine de son crime. Le duc Arnebert
fut chargé du soin de venger son prince outragé, et il poignarda
de sa propre main, par l’ordre même de Clotaire, le jeune infortuné,
dont le nom se trouve si tristement placé à côté
de celui de la contrée qui fixe nos regards (1).
Ainsi, c’est au milieu de scènes de ravage
ou sur un théâtre souillé par le meurtre, que nos yeux
rencontrent, durant ces premiers temps, le nom d’une cité aujourd’hui
si paisible. Poursuivons cependant notre course pénible à
travers ces voies sanglantes. Le récit suivant, emprunté
aux Annales de Grégoire de Tours et d’Aimoin, va nous montrer encore
Étampes, triste témoin d’une grande bataille, que deux
monarques Francks se livrèrent sur son territoire.
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(1) Fredegarii
scholastici chronic. (Rec. des hist. de Fr.)
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Après la mort de Childebert, ses états avaient
été partagés entre ses deux fils, Théodebert
et Thierri (Thioderick ou Theodorick). Brunehaut, leur aïeule, était
parvenue à obtenir la tutelle de ces jeunes princes. Ce fut
elle qui divisa leur succession, et donna à Thioderick le royaume
de Bourgogne, dont les différens sièges étaient Orléans
et Châlons-sur-Saône. Étampes et son territoire se
trouvèrent, par suite de ce partage, sous la domination de ce dernier
souverain. Mais l’union et la concorde étaient loin de régner
entre ces fiers monarques, issus du sang de Clovis, qui s’efforçaient
d’agrandir leurs domaines, et oubliaient les traités conclus entre
eux, lorsque le vif désir [p.21] de commander
à d’autres provinces s’emparait soudain de leur âme guerrière.
On voyait à cette époque, à
la cour du roi Thioderick, un comte du palais, nommé Bertoald,
homme sage et prudent, vaillant dans les combats, fidèle à
la garde du prince (1). A cette même cour était aussi Protadius, romain
de naissance, familier de la reine Brunehaut, qui l’avait comblé
d’honneurs, et cherchait comment elle pourrait l’honorer encore. Dans ce
dessein, cette reine cruelle engage le monarque son petit-fils, à
faire périr Bertoald, afin d’établir Protadius à sa
place, maire du palais. Le jeune Thioderick ne souilla point ses mains d’un
pareil crime: mais par ses ordres, Bertoald fut éloigné
de sa présence, et envoyé dans la Neustrie avec trois cents
guerriers, pour y protéger les possessions de son maître. Aussitôt
le roi Clotaire fait marcher contre lui son fils Mérovée et
Landry, maire de son palais, à la tête d’une nombreuse armée.
Bertoald, trop inférieur en forces pour soutenir un pareil choc,
se retire en toute hâte dans la cité d’Orléans. Landry
s’avance avec ses soldats jusqu’aux portes de la ville, et du pied de ses
murailles, il provoque Bertoald au combat. Le guerrier lui répond du
haut des remparts: «Entouré d’une armée nombreuse, il
te sied bien de défier celui qui n’a qu’un petit nombre d’hommes! Mais
si tu y consens, après que tes troupes se seront écartées
au loin, nous combattrons tous les deux dans la plaine. Dieu seul sera notre
juge.» Et comme Landry refusait le défi, Bertoald ajouta: «La
crainte te [p.22] retient, je le vois: eh bien! nos maîtres ne tarderont pas
à en venir aux mains; alors, si tu le préfères, revêtus
l’un et l’autre d’habits d’écarlate, nous combattrons au milieu de
la mêlée, là tu pourras éprouver ma lâcheté
et ta propre valeur.» Le cartel fut accepté, et par des sermens
réciproques, les deux guerriers s’engagèrent à se mesurer
bientôt sur le champ de bataille.
Or cette scène
se passait sous les murs d’Orléans, le jour de la saint Martin
(1) de l’an
612, et le jour de Noël de la même année, les armées
de Clotaire et de Thioderick se trouvaient en présence aux portes
d’Étampes. Ces deux princes marchant l’un contre l’autre, à
la tête de nombreuses phalanges, se rencontrèrent sur
les bords de la Juine, aux lieux mêmes où cette rivière,
dans son paisible cours, se rapproche de l’enceinte de la ville. Alors
ses habitans furent les tristes témoins de la bataille sanglante
qui se livra sur ces bords. Ce récit comprend peu de lignes dans
nos vieilles annales; empressons-nous toutefois de recueillir fidèlement
ces documens précieux, pour les consigner dans nos récits.
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(1) Aimoin, liv.
III.
Mort de Bertoald (XIVe siècle)
(1)
Cette chose avint le jour d’une feste saint Martin.
(Chroniques de Saint-Denis, liv. IV.)
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Le jour donc même de Noël, disent nos vieux historiens,
Thioderick fit avancer son armée contre Clotaire, qui, de son
côté, marchait vers son rival en grande diligence. Les deux
monarques se rencontrèrent auprès d’Étampes, sur
les bords de la Juine. Landry fit occuper par ses troupes la colline qui
domine la ville du côté de l’occident, afin de combattre l’ennemi
avec avantage, lorsqu’il s’avancerait [p.23] dans le vallon. Mais comme
le passage de la rivière était fort étroit, et que
ce mouvement retardait trop long-temps la bataille, avant que l’armée
entière de Thioderick l’eût traversée, le combat
se trouva engagé. Cependant Bertoald s’élançant au
plus fort de la mêlée, ne cessait de suivre les traces de
Landry; et l’appelant de son propre nom, il l’invitait à venir
se mesurer avec lui, selon la parole qu’ils s’étaient donnée.
Mais Landry refusait, et reculait peu à peu loin de sa présence,
tandis que Bertoald cherchait parmi les combattans un glorieux trépas.
L’infortuné avait appris la haine de Brunehaut contre lui,
la perte de ses anciennes dignités, et la future élévation
de Protadius, son trop heureux rival. Il jugeait donc qu’il valait
mieux mourir avec honneur sur le champ de bataille, que de voir s’écouler
le reste de ses jours dans la honte et le mépris. La mort qu’il
appelait ne fut point sourde à sa voix. Après de brillans
exploits, il tomba lui même, terrassé sous le poids de
nombreux ennemis. Dans ce combat, Mérowig, fils de Clotaire, fut
fait prisonnier; l’armée de ce prince fut taillée en pièces;
et tandis que, suivi de Landry, il fuyait loin de ce théâtre
de carnage, Thioderick vainqueur ramenait à Paris son armée
triomphante (1). [p.24]
Tel est le récit
fidèle de ce combat sanglant, livré aux premières
années du septième siècle de notre ère, sous
les murs d’Étampes. L’une ou l’autre des deux armées, pénétrant
dans ï’enceinte même de la ville, y laissa sans doute des traces
funestes de son passage; et ce grand conflit de troupes belliqueuses
et rivales, ne dut point avoir lieu dans son voisinage sans être,
pour ses anciens habitans, une source fatale de désordres et de
calamité (1).
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(1)
Theodoricus... ipsa die qua incarnati Verbi Nativitas
a cunctis fidelibus colitur, promovet exercitum et apud Stampas super fluvium
Junna contra Chlotarium, qui haud segniùs parabat occurrere, aciem
dirigit. Sed dùm arctus esset Junnae fluminis transitus, antequàm
totum Theodorici pertransiret agmen, initum est certamen. Inter confertissimas
igitur, ac in mutuam inhiantes perniciem phalanges, Bertoaldus nominatim
Landericum vocitare, et ut secum juxta placitum congrederetur non cessabat
provocare, etc… (Aimoni Monach. Floriac. de gestis Francorum, lib.
III) Voyez aussi Fredegarii scholastici chronicum. — Chroniques de Saint-Denis,
liv. IV.
Le récit de Frédegaire ne s’accorde
pas exactement avec celui d’Aimoin, sur le lieu de la bataille. Ainsi tandis
qu’Aimoin le désigne par ces paroles: auprès d’Étampes
sur la rivière de Juine (apud Stampas, super fluvium Junnae),
Frédegaire le fait connaître à son tour par celles-ci:
Stampas per fluvium Loa (Étampes sur la rivière de Louet).
Quoi qu’il en soit de ces deux versions, qui changent peu du reste le théâtre
du combat, il n’est peut-être pas hors de propos de faire remarquer
les expressions flumen, fluvius, qui désignent ici l’une
ou l’autre de ces rivières. Ces mots sembleraient désigner
des rivières importantes, bien différentes des ruisseaux
qui ont conservé encore les noms de Juine et de Louet.
On pourrait donc croire qu’ils étaient à cette époque
bien plus considérables qu’aujourd’hui. Sans doute qu’alors des
barques sillonnaient leur surface; et l’on serait ainsi presque tenté
de remonter jusqu’à ces temps reculés, pour trouver l’origine
du nom de port donné aujourd’hui aux gracieuses
promenades qui décorent une partie de leurs rivages [Maxime de Montrond ignore visiblement qu’il y eut un port
d’Étampes actif du début du XVIe siècle jusqu’au
milieu du XVIIe, époque pendant laquelle la Rivière d’Étampes
avait été rendu navigable pour des barques à fond
plat qui charriaient vers Paris le grain de la Beauce et la farine d’Étampes
(B.G.)].
(1) Quelques historiens
ont rapporté qu’il périt en cette bataille plus de trente
mille hommes. On trouve proche la ville d’Etampes un terrain désigné
aujourd’hui encore par le nom de champ des morts, et que l’on
croit avoir servi de lieu de sépulture aux nombreuses victimes
de ce funeste combat.
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Mais détournons nos regards de ces scènes sanglantes,
[p.25] et reportons-les sur des souvenirs moins pénibles et
plus consolans. Il est pour chaque ville de la France une époque
glorieuse qui doit trouver place dans ses annales: c’est celle où
la lumière de la foi, dissipant les ténèbres épaisses
du monde païen, vint briller dans son enceinte. Or, tandis que les
monarques Francks (sic), aux mœurs guerrières et barbares, s’efforçaient
de soumettre à leur puissance les belles provinces de la Gaule,
cette lumière vive et pure poursuivait à travers les
peuples sa marche salutaire. A la voix puissante des apôtres du Christ,
des contrées entières abandonnaient leurs erreurs;
adoraient ce quelles avaient brûlé, brûlaient ce qu’elles
avaient adoré; et le christianisme obtenait chaque jour
de nouveaux triomphes. L’histoire n’a point fait connaître quel fut
celui qui porta le premier aux habitans d’Étampes-les-Vieilles,
les semences de la vérité. Quelques passages de l’histoire
ecclésiastique peuvent seuls répandre un peu de jour sur
ce sujet. Nous y lisons en effet qu’au troisième siècle
de notre ère, saint Savinien, saint Potentien et saint Altin, furent
envoyés de Rome dans les Gaules, et arrivèrent dans la ville
de Sens. Victorin, Eodald et Sérotin, nobles enfans de cette cité,
devinrent bientôt leurs zélés disciples, et partagèrent
leurs travaux. Savinien, élu évèque de Sens, envoya
quelques uns d’entre eux dans les contrées voisines pour y annoncer
la foi. Altin et Eodald vinrent, dit-on, à Orléans, à
Chartres; tandis que leurs compagnons, répandus en d’autres
villes ou bourgades, s’efforçaient aussi d’arracher les habitans
à leurs vieilles superstitions (1). Ceux de la vallée [p.26] d’Étampes,
qui se rencontra sur le passage de ces pieux messagers, ne durent point
rester étrangers à leurs enseignemens; et si la ville qui
s’élève aujourd’hui sur son territoire, était
construite à cette époque, c’est à cet âge reculé
qu’on peut faire remonter l’établissement du christianisme
dans son sein (1).
Quand une ville ou une simple bourgade, renonçant
au culte des idoles, embrasse la véritable foi, l’un de ses premiers
soins doit être d’ériger un temple et un autel à
la divinité qu’elle vient de reconnaître. Il en est ainsi
sans doute lorsque nulle puissance humaine n’intervenant entre les pensées
du cœur de l’homme et celles du Dieu qu’il adore, il demeure libre de
manifester l’expression de ses croyances. Or, on sait combien cette liberté,
droit sacré de la nature et de la conscience, fut longue et dure
à acquérir pour les provinces des Gaules, sous la domination
romaine. Le pouvoir des guerriers Francks (sic) se montra plus favorable
au culte chrétien; mais quand l’un d’entre eux, le grand Clovis,
vaincu par son épouse Chlotilde, eut fait asseoir le christianisme
avec lui sur le pavois royal, ce fut alors surtout que le sol gaulois put
se couvrir librement de temples consacrés au vrai Dieu, et se peupler
de ses [p.27] adorateurs. Une vieille tradition attribue au règne de
ce monarque la fondation du premier temple chrétien qu’ait possédé
la ville d’Étampes.
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(1)
Voy. Tillemont, Hist. eccles., t. IV (bib).
Vies des Saints, par Godescard (bib).
(1) L’auteur des
Antiquités d’Étampes, après avoir
fait remarquer que les habitans de Chartres offraient déjà
des sacrifices au vrai Dieu, sous le nom de dieu inconnu, et durent
être ainsi plus faciles à convertir, ajoute ces paroles: «—
De même ceux d’Estampes, qui avaient commerce avec eux, à cause
de la proximité d’une ville à l’autre, et qui par conséquent
n’estoient pas ignorons de leurs croyances, et peut estre y participoient,
prestèrent facilement l’oreille aux premiers qui leur annoncèrent
l’Evangile.» (D. Basile Fleureau, p. 6.) (bib)
|
Durant le siècle qui venait de finir, un homme s’était
rencontré, dont la vie merveilleuse avait étonné
les peuples, et porté son, nom dans plus d’une contrée. D’abord
valeureux soldat des légions romaines, il avait ensuite déposé
les armes pour suivre la bannière du Christ. La Gaule l’avait reçu
au nombre de ses enfans; et c’est à lui qu’il était réservé
d’y achever la ruine de l’idolâtrie. Destructeur des temples
païens et des arbres sacrés, fondateur de plusieurs monastères,
évèque de Tours, il avait naguère disparu du monde,
chargé d’ans et de vertus; et son tombeau, célèbre
par ses miracle, attirait sur les bords de la Loire un nombreux concours
de fidèles.
C’est sous l’invocation de cet illustre saint
que la bourgade d’Étampes-les-Vieilles consacra son
premier temple. Saint Martin de Tours devint dès lors le
patron de ces lieux. Son souvenir s’y est perpétué à
travers quatorze siècles; et lorsque le faubourg antique d’Étampes
a perdu par degrés sa première appellation, c’est le nom
même du digne évèque de Tours qu’il a voulu prendre,
et qu’il conserve encore aujourd’hui (1). [p.28]
L’église actuelle de Saint-Martin, construite
sur les débris de l’ancienne, est, selon toute apparence, un monument
de la première période du douzième siècle.
Les divers caractères de son architecture, tels que ses fenêtres
étroites et à plein cintre, la présence de l’ogive,
les larges feuillages qui composent les chapiteaux, etc., ne permettent
guère d’élever des doutes à cet égard. La
concordance de cette époque avec celle où l’abbaye
de Morigny devint maître de ce territoire, porterait à croire
qu’elle fut l’ouvrage de ces religieux, peu de temps après leur
prise de* possession de leurs nouveaux domaines.
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(1)
Saint Martin, évèque de Tours, naquit vers l’an 416 et
mourut vers la fin du cinquième siècle. La tradition
qui attribue au roi Clovis la fondation de l’église Saint-Martin
d’Estampes-les-Vieilles, n’est appuyée sur aucun titre; mais on
peut toujours croire qu’elle fut l’ouvrage de l’un de nos anciens rois.
Elle avait un chapitre composé de douze chanoines et d’un abbé.
Leurs prébendes, avec l’abbaye, furent concédées
aux moines de Morigny, par le roi Philippe 1er.
* Le texte porte prise
en possession, mais est l’objet d’un correctif en début de volume
(B.G.).
|
L’église Saint-Martin est, par sa forme, la plus parfaite
et la plus régulière entre toutes celles d’Étampes.
On trouve rarement de semblables édifices fondés ainsi d’un
seul jet et nullement défigurés par les réparations.
Celui dont nous parlons est construit selon la forme primitive, celle
des anciennes basiliques. L’abside se trouve immédiatement
après la croisée. Aucune chapelle ne figure dans les bas-côtés
de la nef; mais ces bas-côtés se prolongent et circulent
autour de l’abside pour donner accès à trois chapelles placées
hors-d’œuvre, qui rayonnent derrière le chœur.
Le vieux clocher de l’église Saint-Martin menaçant
ruine fut démoli au seizième siècle, et une tour fut
élevée à la place aux frais communs des habitans.
Elle est située à l’entrée de l’édifice, dont
elle est séparée, mais assez rapprochée encore pour
masquer entièrement la trace du portail. Au bas de cette tour, et
sur trois de ses côtés, sont des niches en pierre, du seizième
siècle, ornées de jolies sculptures. Cette lourde masse s’est
affaissée, on ignore à quelle époque; [p.29] et aujourd’hui,
penchée à l’instar de la tour de Pise, elle semble menacer
à chaque instant le fidèle qui s’achemine vers le saint
lieu.
Arrêtons-nous un moment encore sur les
premiers siècles de notre histoire. Lorsque la rudesse et la
grossièreté de ces âges barbares semblent précipiter
nos pas, et les entraîner au plus tôt hors du cercle ténébreux
et sanglant où s’agitaient les farouches conquérans de
la terre gauloise, gardons-nous cependant de dédaigner la
vue de semblables tableaux. J’aime à reposer la mienne sur ces nobles
pavois, brillans berceaux de notre monarchie, où venaient fièrement
s’asseoir de valeureux guerriers, intrépides chefs de tribus belliqueuses
qui, saluant d’un œil d’envie le sol de nos aïeux, en appelaient
à leur épée pour régner en maîtres sur
ces fertiles bords. En portant mes regards dans le palais de ces monarques
Francks, j’y découvre une jeune princesse espagnole, séduisante
par sa beauté, son esprit et son courage. Telle était en effet
la reine d’Austrasie, l’épouse de Sighebert, avant que la vengeance
armant une main faite pour répandre des grâces, l’eût
montrée rivale de Frédégonde, et l’eût
rendue comme elle célèbre par ses crimes. C’est sur Brunichilde
ou Brunehaut que va donc un instant se fixer notre attention. Cette
souveraine n’est point étrangère aux lieux dont nous parlons.
Une partie de leur enceinte porte encore son nom, et en conserve vivant
l’antique souvenir ( 1).
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(1)
Voir la note II, sur Brunehaut, à la fin du volume (ici).
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Le
territoire. d’Étampes, ainsi que je l’ai indiqué plus [p.30] haut, était
échu au roi Sighebert, dans le partage des états de Hérebert
entre ses frères survivans. Une tradition rapporte que la
reine Brunehaut, son épouse, affectionnait ce séjour, et qu’elle
s’était plu à y construire une demeure. Durant long-temps
l’œil a pu contempler au bout de la plaine des Sablons, à
un mille environ de la porte d’Étampes, les débris d’un
vieux bâtiment et les restes d’une antique tour dite communément
Tour de Brunehaut.
Sur ce sol de royal souvenir rien ne rappelle
aujourd’hui la présence de l’ancienne souveraine de ces lieux.
Seulement on y trouve encore quelques fondations éparses sous terre,
où des fouilles ont fait découvrir quantité de monnaies
romaines au coin des premiers empereurs, quelques ustensiles en usage à
cette époque, un petit Mercure en bronze et une statue en pierre
de Priape accroupi, de deux pieds de hauteur (1). Ces découvertes
porteraient à croire que ce lieu fut habité par les Romains
avant qu’il devint le séjour de la reine Brunehaut, et les constructions
antiques, dont il recèle des traces, pourraient être
ainsi leur ouvrage. Quelles que soient l’origine et l’âge de ces
ruines, elles n’en doivent pas moins être vénérables
à nos yeux. Mais peu importe aujourd’hui qu’elles soient l’œuvre
des Romains ou de l’épouse d’un roi Franck. Ces ruines ont disparu
à nos regards. Aussi quand le promeneur solitaire parcourt les rians
jardins qui les ont remplacées, loin de s’enquérir de l’âge
obscur du monument qu’il ne voit plus, il aime à contempler ces arbres
majestueux plantés par le célèbre Le Nôtre, et
les [p.31]
ornemens de tout genre dont une main habile et un goût délicat
ont décoré cet agréable séjour (1).
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(1)
Voyez le Jardiniste moderne, par M. le vicomte de Viart, propriétaire
du parc de Brunehaut (bib).
(1) Voir la note
II, sur Brunehaut, à la fin du volume (ici).
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La présence de la reine Brunehaut ne dut point être
stérile dans ces lieux; mais si l’on songe au grand nombre d’églises
ou de monastères qu’elle fit construire, on est facilement
porté à croire qu’elle signala par quelques fondations
pieuses son règne dans ces contrées. Ici la tradition
vient encore à notre aide, et au défaut de preuves plus certaines
nous offre son témoignage. Non loin de l’enceinte qu’habita jadis
la reine d’Austrasie, on voyait autrefois une petite abbaye de religieuses
détruite depuis plusieurs siècles, mais dont une simple chapelle,
dédiée à saint Julien, martyr d’Antioche, a subsisté
long-temps encore après la destruction du principal bâtiment.
La voix de la tradition attribuait à Brunehaut la fondation de cette
abbaye. Sa forme, sa structure témoignaient aussi de son antiquité,
lorsque vers le milieu du dix-septième siècle quelques découvertes
vinrent fortifier une opinion commune aux habitans de ces bords (2). [p.32]
C’est à cette même chapelle de Saint-Julien
que la piété des peuples avait consacré un autre
autel à un saint personnage dont la mémoire, long-temps
révérée dans toute la contrée, s’y est perpétuée
jusqu’à nos jours. L’ancien hameau de Saint-Phallier, voisin
de ce lieu, lui avait emprunté son nom. Une hôtellerie isolée
et quelques bâtimens ruraux, conservés encore, c’est le seul
souvenir qui reste en ces lieux des bienfaits du bon ermite d’Aquitaine,
qui rendait la santé aux petits enfans étiques, et réjouissait
ainsi le cœur des pauvres mères, en donnant la force et la vie
aux faibles êtres que leurs mains suppliantes venaient déposer
à ses pieds.
|
(2)
Vers l’an 1648, des ouvriers, occupés à l’embellissement
de la chapelle de Saint-Julien, découvrirent près du maître-autel
un coffret de plomb. L’ouverture en ayant été faite devant
Jean Hochereau, curé de Notre-Dame d’Étampes, de Nicolas
Tyrouin, curé de Saint-Basile; et d’autres habitans, on y reconnut
la présence de plusieurs reliques. On y lisait ces mots gravés:
«Hic jacet caput sancti Juliani martyris, quod Severinus
attulit de Antiochiâ civitate, temporibus Brunegildis reginae.»
La découverte de ces reliques, qu’a possédées long-temps
l’abbaye de Morigny, ne laissa plus douter que la reine Brunehaut n’eût
fondé elle-même cette chapelle, et ne l’eût enrichie
des restes de ces martyrs. (Voyez Chronique de Morigny.) [En fait ces renseignements sont tiré de Basile Fleurean
(bib) (B.G.)]
.
|
NOTE II.
Sur la reine Brunehaut.
(Chap. I et II, p. 12, 29 et 30)
Brunehaut, fille d’Athanagilde,
roi d’Espagne, épousa en 568; Sigbebert, roi d’Austrasie. La postérité
semble avoir confondu dans un même jugement les deux reines Brunehaut
et Frédegonde: il y a cependant entre elles une différence.
L’épouse de Chilpéric fonda sa propre élévation
sur des crimes préparés et médités; tandis
que la vengeance seule entrîna sa rivale à imiter celle dont
elle
voulait justement punir les forfaits. Brunehaut a été
accusée d’avoir fait périr dix rois, deux maires du palais,
saint Didier, etc., etc. Mais la calomnie a eu une grande part dans ces
accusations. Cette princesse a signalé son règne par une
foule de fondations pieuses et d’importans travaux. On voit encore dans
la Bourgogne, la Flandre et la Picardie, de grandes levées et de
superbes chaussées [p.190]
qui portent son nom. On ne peut toutefois disculper entièrement
sa mémoire des crimes dont elle est souillée.
«Brunehaut, a dit Bossuet, livrée à Clotaire II,
fut immolée à l’ambition de ce prince; sa mémoire
fut déchirée, et sa vertu, tant louée par le pape
saint Grégoire, a peine encore à se défendre.» On doit
remarquer que les historiens ou chroniqueurs les moins favorables à
cette
reine, tels que Frédégaire, Adon et Aimoin, sont
tous d’un temps postérieur. Ceux au contraire qui ont vanté
cette princesse, comme Grégoire de Tours, Fortunat de Poitiers,
le pape saint Grégoire, étaient ses contemporains. Quelques
historiens modernes ont aussi défendu la mémoire de Brunehaut.
On compte parmi eux du Tillet, Papire Masson, Boccace, Pasquier, Cordemoy
et Velly.
|
|
On
ne peut guère douter que la reine Brunehaut n’ait habité
les lieux voisins de la ville d’Étampes qui portent encore aujourd’hui
son nom. Quelques uns ont même cru, sans trop de fondement, que la
plaine de Brières, dans le même territoire, avait été
le théâtre de l’affreux supplice qui termina sa vie. Mais,
ainsi que nous l’avons dit, il ne reste plus aujourd’hui dans la vallée
d’Étampes aucune trace de l’ancien palais de Brunehaut. Peut-être
devrions-nous ici décrire le parc charmant et les constructions modernes
qui ont remplacé les vieilles fondations. Mais celui dont la main
savante sut disposer avec tant d’art ces rians jardins, en a donné
lui-même une élégante description dans un ouvrage précieux
pour les propriétaires qui s’occupent de l’embellissement de leurs
domaines (1). [p.191]
|
(1)
Voir le Jardiniste moderne, par le vicomte de Viart (bib).
|
Or,
cette description, que nous aimerions à pouvoir placer dans cette
note, est trop connue des habitans d’Étampes pour que nous cédions
au désir d’en citer quelques fragmens. On nous permettra du moins
d’en rappeler la noble épigraphe:
— «Si Brunehaut, comme on croit,
fut reine dans ces lieux,
On n’y reconnaît rien
de ce règne odieux:
La nature et les arts en ont
changé la face.
Mais pour en effacer jusqu’à
la moindre trace,
Et plonger dans l’oubli son
pouvoir infernal,
Faisons-y plus de bien qu’elle
n’y fit de mal.»
|
|
Étampes sous les premiers rois
Mérovingiens. — Bataille sanglante sur
son territoire. — Église de Saint-Martin. — La reine Brunehaut. — Note II: Sur la reine Brunehaut.
|
|
|
BIBLIOGRAPHIE
Éditions
Clément-Melchior-Justin-Maxime
FOURCHEUX DE MONTROND (dit Maxime de MONTROND ou de MONT-ROND), «Chapitre
second» & «Note
I. Détails topographiques sur la vallée d’Étampes»
& «Note II. Sur la
reine Brunehaut», in Essais historiques
sur la ville d’Étampes (Seine-et-Oise), avec des notes et des
pièces justificatives, par Maxime de Mont-Rond [2 tomes
reliés en 1 vol. in-8°; planches; tome 2 «avec des notes...
et une statistique historique des villes, bourgs et châteaux de
l’arrondissement»], Étampes, Fortin, 1836-1837, tome 1 (1836), pp. 1-13
& 185-191.
Réédition numérique
illustrée en mode texte: François BESSE, Bernard MÉTIVIER & Bernard
GINESTE [éd.], «Maxime de Montrond:
Essais historiques sur la ville d’Étampes (1836-1837)»,
in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/index-montrond.html,
2012.
Réédition
numérique de ce chapitre: François
BESSE & Bernard GINESTE
[éd.], «Maxime de Montrond: Étampes
sous les rois mérovingiens (1836)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-19-montrond1836chapitre01.html,
2012.
Sources
alléguées par Montrond
André DU CHESNE
(1584-1640), Les Antiquitez et recherches des villes, chasteaux
et places plus remarquables de toute la France, divisées en huict
livres selon l’ordre et ressort des huict Parlemens [in-f°; 2 parties
en 1 volume], Paris, J. Petit-Pas, 1609. — 2e édition [in-8°; pièces
liminaires; 1025 p.; table ], Paris, J. Petit-Pas, 1614 [dont une
édition numérique en ligne. — 3e édition, 1624. — 4e édition: Les Antiquitez
et recherches des villes, chasteaux et places plus remarquables de toute
la France. Selon l’ordre et ressort des huict parlemens. Oeuvre enrichi des
fondations, situations, & singularitez des villes, places, & de
plusieurs autres choses notables, concernant les parlemens, jurisdictions,
Eglises & polices... Quatriesme edition reveue, corrigée &
augmentée [in-8°; 2 vol. (XVI+526 p.; pp. 527-1037+XX p.)],
Paris, Anthoine Robinot & L. Boulenger & T. de La Ruelle, 1629, — 6e édition [in-8°; pièces
liminaires, 1639 p.; table], Paris, N. et J. de La Coste, 1631. — 7e édition [in-8°; pièces
liminaires; 1040 p.; table], Paris, J. Promé & P. David &
E. Daubin, 1637. — Dernière édition [in-8°; XVI+1064 p.], Paris,
M. Blageart, 1637.
— Édition posthumes: François DUCHESNE (1616-1693)
[fils et continuateur] & André DUCHESNE [premier auteur], Les
Antiquitez et recherches, des villes, chasteaux et places plus remarquables
de toute la France. Selon l’ordre & ressort des parlemens. Œuvre enrichy
des fondations, situations, & singularitez des villes, places, &
autres choses notables, concernant les parlemens, jurisdictions, Eglises
& polices de ce royaume. Par André Du Chesne, vivant conseiller
du roy en ses conseils, historiographe de France. Reveu, corrigé &
augmenté sur les mémoires du deffunt par François Du
Chesne son fils, advocat en parlement: et aux conseils d’Estat & privé
de Sa Majesté, aussi historiographe de France [in-8°; XX+1040+XXV],
Paris, Jean Guygnart & J. Bouillerot, 1647. - Paris, J.
Bouillerot, 1648. - [in-12; 2 volumes], Paris, M. Robin et N.
Le Gras, 1668.
— Réédition numérique en ligne de l’édition
de 1614, mise en ligne par la bibliothèque universitaire de Tours:
http://www.bvh.univ-tours.fr/B372615206_6088/B372615206_6088.pdf,
en ligne en 2012.
Dom Basile FLEUREAU (religieux
barnabite,1612-1674), Les Antiquitez de la ville, et du Duché
d’Estampes avec l’histoire de l’abbaye de Morigny et plusieurs remarques
considerables, qui regardent l’Histoire generale de France [in-4°;
XIV+622+VIII p. (N.B: les pages 121-128 sont numérotées par
erreur 127-134); publication posthume par Dom Remy de Montmeslier d’un
texte rédigé en réalité vers 1668], Paris,
J.-B. Coignard, 1683. — Réédition
en fac-similé [23 cm sur 16], Marseille, Lafittes reprints, 1997.
— Réédition numérique
en ligne (en cours depuis 2001): Bernard GINESTE [éd.], «Dom
Fleureau: Les Antiquitez d’Estampes (vers 1667)», in
Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/index-fleureau.html,
2001-2007.
Louis-Sébastien LE NAIN DE TILLEMONT
(1637-1698), Mémoires pour servir à l’histoire
ecclésiastique des six premiers siècles, justifiez par les
citations des auteurs originaux [in-4°; 16 volumes
(t. Ier, qui contient le temps de Nostre Seigneur et les apostres; t. II,
qui comprend les disciples de Nostre Seigneur et des apostres, la suite
de l’histoire de l’Église jusqu’à l’an 177, avec une Lettre
au R. P. Lami sur la dernière pasque de N. S.; t. III, qui comprend
depuis l’an 177 jusqu’en 253; t. IV, qui comprend l’histoire de S. Cyprien
et le reste du IIIe siècle depuis l’an 253; t. V, qui comprend la
persécution de Dioclétien, celle de Licinius et les martyrs
dont on ignore l’époque; t. VI, qui comprend l’histoire des donatistes
jusqu’à l’épiscopat de saint Augustin, celle des ariens jusques
au règne de Théodose le Grand, celle du Concile de Nicée,
etc.; t. VII, qui comprend les histoires particulières depuis l’an
328 jusqu’en l’an 375, hors S. Athanase, et où l’on verra l’origine
des solitaires, des coenobites, des congrégations et des chanoines
réguliers; t. VIII, qui contient les vies de S. Athanase et des
saints qui sont morts depuis l’an 378 jusques en 394 et les histoires
des priscillianistes et des messaliens; t. IX, qui contient les vies de
saint Basile, de saint Grégoire de Nazianze, de saint Grégoire
de Nysse et de saint Amphiloque; t. X, qui contient les vies de S. Ambroise,
S. Martin, S. Épiphane et divers autres saints morts à la
fin du IVe siècle et au commencement du Ve; t. XI, qui contient
la vie de saint Chrysostome, celles de Constance prestre, de sainte Olympiade
veuve, de Théophile patriarche d’Alexandrie, de Pallade d’Hélénople,
etc.; t. XII, qui contient l’histoire de saint Jérôme, prestre
et docteur de l’Église, et de divers autres saints ou grands hommes
morts depuis l’an 420 jusque vers l’an 430 ; T. XIII, qui contient la
vie de saint Augustin, dans laquelle on trouvera l’histoire des donatistes
de son temps et celle des pélagiens; t. XIV, qui comprend les histoires
de saint Paulin, de S. Célestin pape, de Cassien, de S. Cyrille
d’Alexandrie et du nestorianisme, etc.; t. XV, qui comprend les histoires
de saint Germain d’Auxerre, de saint Hilaire d’Arles, de Théodoret,
de saint Léon pape et de quelques autres saints ou grands hommes
qui sont morts depuis 448 jusques en 461; t. XVI, qui comprend l’histoire
de S. Prosper, de S. Hilaire pape, de S. Sidoine, d’Acace de Constantinople,
de saint Eugène de Carthage et de la persécution de l’Église
d’Afrique par les Vandales, d’Euphème et de saint Macédone,
patriarches de Constantinople, et de divers autres saints et saintes ou grands
hommes qui sont morts depuis l’an 463 jusques en 513)],
Paris, C. Robustel, 1693-1712. — Deuxième
édition (des tomes I-XII), Mémoires pour servir à
l’histoire ecclésiastique des six premiers siècles... 2e
édition revue, corrigée par l’auteur et augmentée
d’une dissertation sur S. Jacques le Mineur [in-4°; 16 volumes],
Paris, C. Robustel, 1701-1714. — Réédition
des tomes I-VIII [in-12; 8 volumes (t. Ier, 1re partie,
qui contient l’histoire de Nostre-Seigneur Jésus-Christ, la sainte
Vierge, saint Joseph, époux de la sainte Vierge, saint Joseph d’Arimathie
et saint Jean-Baptiste; t. Ier, 2de partie, qui contient saint Pierre et
saint Paul; t. Ier, 3e partie, qui contient le reste des apostres et saint
Barnabé; t. II, 1re partie, qui comprend les disciples de Nostre
Seigneur et des apostres et la suite de l’histoire de l’Église jusqu’à
la persécution de Trajan; t. II, 2de partie, qui comprend les disciples
des apostres et la suite de l’histoire de l’Église depuis la persécution
de Trajan jusqu’à saint Justin; t. II, 3e partie, qui comprend les
disciples des apostres et la suite de l’histoire de l’Église depuis
S. Concorde jusqu’à l’an 177, avec une Lettre du R. P. Lami sur la
dernière pasque de N. S.; t. III, 1re partie, qui comprend depuis
l’an 177 jusqu’en 202; t. III, 2de partie, qui comprend depuis l’an 202 jusqu’en
250 ; T. III, 3e partie, qui comprend depuis l’an 250 jusqu’en 253; t. IV,
1re partie, qui comprend l’histoire de S. Cyprien et le reste du IIIe siècle
depuis l’an 253; t. IV, 2de partie, qui contient les saints, les hérésies
et la persécution de l’Église; t. IV, 3e partie, qui contient
les saints; t. V, 1re partie, qui comprend l’histoire générale
de la persécution de Dioclétien; t. V, 2de partie, qui comprend
plusieurs saints qui ont souffert le martyre durant la persécution
de Dioclétien; t. V, 3e partie, qui comprend quelques saints qui
ont souffert le martyre durant la persécution de Dioclétien,
la persécution de Licinius et les martyrs dont on ignore l’époque;
t. VI, 1re partie, qui comprend l’histoire des donatistes jusques à
l’épiscopat de saint Augustin ; T. VI, 2de partie, qui comprend
l’histoire abrégée de l’arianisme jusques au règne
de Théodose le Grand ; T. VI, 3e partie, qui comprend le Concile
de Nicée jusques aux audiens ; T. VII, 3e partie, qui comprend des
histoires particulières depuis le Concile de Nicée, et où
l’on verra l’origine des solitaires, des coenobites, des congrégations
et des chanoines réguliers. 1re-3e partie; t. VIII, qui contient
les vies de S. Athanase et des saints qui sont morts depuis l’an 378 jusqu’en
394, et les histoires des priscillianistes et des messaliens. 1re-3e partie)],
Bruxelles, E. H. Fricz, 1694-1719. — Réédition
des tomes I-X [in-f°], Bruxelles, E. H. Fricx, 1732.
Dom Martin BOUQUET (bénédictin
de l’ordre de Saint-Maur, 1685-1754) [éd.], Rerum Gallicarum
et Francicarum Scriptores. Tomus primus (Novæ Collectionis Historicorum
Franciæ tomus primus) – Recueil des Historiens des Gaules et de la
France. Tome premier, contenant tout ce qui a été fait par
les Gaulois, et qui s’est passé dans les Gaules avant l’arrivée
des François; et plusieurs autres choses qui regardent les François,
depuis leur origine jusqu’à Clovis, par dom Martin Bouquet, prêtre
et religieux de la congrégation de Saint-Maur [in-8°; CLXX+883
p; sommaire: pp. CLXVIII-XX], Paris, Imprimerie Royale, 1738. Dont
une réédition: Léopold DELISLE (membre de l’Institut,
1826-1910) [éd.], Recueil des historiens des Gaules et de la
France. Tome premier, édité par Dom Martin Bouquet. Nouvelle
édition publiée sous la direction de M. Léopold Delisle
[mêmes texte & pagination; précédé d’une
introduction par Victor PALMÉ paginée I-VII], Paris, Victor
Palmé, 1873. Dont une réédition en microfiches: Doetinchem,
Microlibrary Slangenburg Abbey. Dont une réédition numérique
en mode image par la BNF sur son site Gallica, http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k50119p,
1995 (en ligne en 2005).
Dom Martin BOUQUET (bénédictin de l’ordre de Saint-Maur,
1685-1754) [éd.], Rerum Gallicarum et Francicarum Scriptores.
Tomus tertius (Novæ Collectionis Historicorum Franciæ tomus
tertius) – Recueil des Historiens des Gaules et de la France. Tome troisième,
contenant ce qui s’est passé dans les Gaules, et ce que les François
ont fait sous les rois de la première race, par dom Martin Bouquet,
prêtre et religieux de la congrégation de Saint-Maur
[in-8°; XCX+808 p; sommaire: pp. XCV-X], Paris, Imprimerie Royale,
1741. Dont une réédition: Léopold DELISLE
(membre de l’Institut, 1826-1910) [éd.], Recueil des historiens
des Gaules et de la France. Tome troisième, édité
par Dom Martin Bouquet. Nouvelle édition publiée sous la
direction de M. Léopold Delisle [mêmes texte & pagination],
Paris, Victor Palmé, 1869. Dont une réédition en microfiches:
Doetinchem, Microlibrary Slangenburg Abbey. Dont une réédition
numérique en mode image par la BNF sur son site Gallica, http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k501217,
1995 (en ligne en 2005).
Jean-François
GODESCARD (chanoine de Saint-Honoré, 1728-1800) & Joseph-François
MARIE (1738-1801) [traducteurs et adaptateur], Alban BUTLER (prêtre
anglais, 1709-1773) [premier auteur], Vies des pères, des martyrs
et des autres principaux saints tirées des actes originaux, &
des monuments les plus authentiques ; avec des notes historiques &
critiques. Ouvrage traduit de l’anglois [Tome I -VII] alias: Vies
des peres, des martyrs, et des autres principaux saints, tirées
des actes originaux, & des monuments les plus authentiques; avec des
notes historiques & critiques. Par M. l’abbé Godescard, chanoine
de S. Honoré. Nouvelle édition, revue, corrigée &
augmentée [Tome VIII-XII] [in-8°; XII+672 p.], Villefranche-de-Rouergue,
Pierre Vedeilhé (1714-1782) [tt. I-IX] & Paris, Joseph Gérard
Barbou (1723-1790) [tt. I-VII & IX-XII] & Jean-Charles Desaint (?-1789)
[t.VIII] [t. I paru en 1763, t. II et III en 1764, t. IV en 1766, t. V en
1767, t. VI en 1768, t. VII en 1769, t. VIII en 1771, t. IX en 1772, t.
X en 1775, t. XI en 1780, t. XII en 1782]. —
Nombreuses rééditions augmentées
de volumes de suppléments, jusqu’en 1856.
Amédée de
VIART (1809-1868), Le Jardiniste moderne, guide
des propriétaires qui s’occupent de la composition de leurs jardins
ou de l’embellissement de leur campagne [in-12; 184; planche gravée],
Paris, Petit, 1819. — 2e édition [17
cm; 224 p. 1 folio de planche], Paris, N. Pichard, 1827.
Toute critique, correction
ou contribution sera la bienvenue. Any
criticism or contribution welcome.
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