Archives des abbés de
Fleury
Nomination du curé de Saint-Pierre d’Étampes
5 pièces, 1719
Introduction
|
|
J’ai trouvé ce dossier en
août 2007 aux Archives départementales du Cher, dont
Frédéric Gatineau et moi-même avons commencé
d’explorer les ressources l’été dernier, et dont j’ai
déjà signalé dans le présent Corpus
la richesse et l’intérêt pour les études historiques
étampoises. Et en effet la chatellenie étampoise de l’abbaye
de Saint-Benoît-sur-Loire, quelques années avant la Révolution,
était tombée dans l’escarcelle de ses derniers abbés
commandataires, à savoir les archevêques de Bourges.
En 1719, l’abbé commandataire
de Saint-Benoît-sur-Loire était Jérôme
du Faur de Pibrac. Les archives du Cher conservent plusieurs de ses actes,
du 24 janvier 1713 (1) au 13 juillet 1725 (2). A partir du 17 février 1736, nous voyons
que c’est l’évêque de Die qui en est abbé (3). De fait Jérôme de Pibrac fut abbé
de 1706 à 1734 (4). C’était
apparemment un parent proche, sans doute neveu ou cousin, de Jérôme
de Pibrac, chevalier, seigneur et comte de Pibrac (Haute-Garonne) (5). On peut penser qu’il a
été nommé par le roi sur présentation du duc
d’Orléans, comme son prédécesseur, Hardouin Rouxel de Medavy (6), prêtre
du diocèse de Paris. Ce qui nous conforte dans cette hypothèse,
c’est qu’il était avant cela “originaire de
Toulouse, abbé de Saint-Mesmin, et maître de musique à
la chapelle du duc d’Orléans” (7).
|
(1) Date à
laquelle l’évêque d’Orléans lui écrit en raison
de cette dignité (AD18, G139 n°31, voir notre Annexe 1).
(2) Date à laquelle nous le voyons nommer
le curé de Bouzonville (G139 n°64, voir notre Annexe
1).
(3) Il reçoit à ce titre une lettre
de l’évêque de Langres (AD18, G.140 n°1, voir notre Annexe
1).
(4) Renseignement communiqué
par Frédéric Gatineau.
(5) Fils de Michel
du Faur de Pibrac, il se marie en 1709 et laisse à sa mort en 1740
cinq héritiers directs, Jérôme François du
Faur de Pibrac et quatre filles (Voir notre Annexe
3).
(6) AD18, G.140 n°1
(Voir notre Annexe 1). Hardouin Roussel de Medavy
de Grancey fut en fait abbé de 1680 à 1706 (renseignement communiqué
par Frédéric Gatineau).
(7) Voyez notre Annexe 4.
|
De par sa dignité d’abbé de
Saint-Benoît-sur-Loire, il revenait à Jérôme
de Pibrac de nommer les curés de Saint-Pierre d’Étampes,
paroisse qui appartenait à l’abbaye de Saint-Benoît-sur-Loire
depuis les origines mêmes de ce monastère, au VIIe siècle.
L’archevêque de Sens sur le diocèse de qui se trouvait
alors Étampes, ne pouvait qu’entériner cette nomination,
pourvu qu’elle ne déroge pas aux règles du droit canon.
C’était alors Denys-François Le Bouthillier de Chavigny, qui tint ce siège de 1715 à 1730.
|
|
Nos pièces, actuellement conservées
aux archives départementales du Cher sous la cote G.139, du
n°50 au n°53, ont été cotées deux fois
à date ancienne. La deuxième, ce fut par un archiviste qui
écrivait en rouge et qui a réuni ces pièces avec
d’autres dans un dossier par lui intitulé «Patronage. Vingt huit pièces
qui sont des presentations faites par M. l’abbé de St Benoit sur
Loire aux cures et autres benefices dependans de ladte abbaye et quelques
autres lettres y relatives» (notre
pièce n°5).
|
|
Le principal intérêt de ce petit dossier, à
mon avis (outre qu’il nous fait connaître les rouages complexes
de l’administration ecclésiastique au XVIIIe siècle), est,
au point de vue local étampois, le portrait qu’il fait du candidat
d’abord retenu, à savoir Louis Lemoulnier (ou Lemousnier).
Cet ecclésiastique originaire du diocèse
de Saint-Brieux, qui cumulait déjà les titres de curé
de Saint-Basile et de doyen rural d’Étampes, s’arrange pour se
faire nommer de plus curé de saint-Pierre, alors qu’il ne réside
même pas à Étampes, où il se fait représenter
sans doute par ses vicaires, se contentant pour sa part, semble-t-il, des
seuls revenus afférents à ses titres.
On entrevoit ici ce
à quoi fera allusion le marquis de Valory en 1760 lorsqu’il dit que
la paroisse de Saint-Pierre est alors “abandonnée eu egard
aux fonctions curialles depuis plus de vingt ans” (lettre du 15
novembre 1760, faisant allusion au curé précédent,
François Tiffonet, curé de 1732 à 1760).
Enfin on remarquera que le curé finalement
retenu est un noble personnage en provenance d’une autre cure à la
nomination des abbés de Saint-Benoît, Authon-la-Plaine (8), où ce curé, illustre et noble personne messire de la Mothe la Myre,
s’est montré un farouche adversaire de la bienheureuse Marie Poussepin
et de sa fondation des sœurs dominicaines de la Présentation.
|
(8)
Michel de La Motte est bien mentionné comme curé d’Authon
dans le procès-verbal de la visite faite par l’archidiacre Gaspard
de la Fogasse de la Bastie l’an 1719 (AD 28 G 802, renseignement communiqué
par Frédéric Gatineau)
|
Bernard Gineste, février 2008.
|
|
|
1. Nomination de Louis Lemoulnier
(première lettre du grand doyen de Bayeux à
l’archevêque de Sens)
Les registres paroissiaux de Saint-Pierre
d’Étampes, analysés par Charles Forteau en 1907 (notre Annexe 2), nous apprennent que le précédent
curé, François de Maupas, avait été inhumé
le 14 juillet 1719. Dix jours plus tard l’abbé de Saint-Benoît
nommait déjà pour le remplacer Louis Lemoulnier (l’orthographe
des registres paroissiaux est plutôt Lemousnier), prêtre originaire
du diocèse de saint-Brieux qui était déjà
curé de Saint-Basile d’Étampes et doyen de la chrétienté
du lieu.
AD18,
G.139 n°51
|
Traduction
proposée par B. G. (2008)
|
24 juillet 1719
|
Illustrissimo ac revendissimo in Christo
patri ac domino Senonensi archiepiscopo seu vestro vicario generali,
Hieronimus
du Faur de Pibrac, prebiter, doctor theologus, abbas Sancti Benedicti
Floriacensis, decanus et canonicus a Sancto Germano insignis ecclesiæ
cathedralis Bajocensis,
salutem cum honore et reverentia debitis.
|
Au
très illustre et très révérend dans le Christ
père et seigneur l’archevêque de Sens, ou à votre
vicaire général,
Jérôme du Faur de Pibrac, prêtre,
docteur en théologie, abbé de Saint-Benoît de Fleury,
doyen et chanoine de Saint-Germain de l’insigne église cathédrale
de Bayeux,
salut, avec l’honneur et la révérence
requis.
|
[Sur du papier timbré de la généralité
de Caen, pour un sol 4 deniers]
|
Cum adveniente
vacatione parochialis ecclesiæ seu vicariæ perpetuæ
Sancti Petri in suburbio d’Estampes in vestra diœcesi nominatio et præsentatio
ad nos, ratione nostræ abbatiæ Floriacensis, collatio autem
et quævis alia dispositio ad vos, ratione vestræ dignitatis
archiepiscopalis pertineant et spectent, nunc cum illa per obitum magistri
Francisci de Maupas presbiteri illius ultimi et pacifici possessoris revera
vacet ad dictam rectoriam seu vicariam perpetuam Sancti Petri d’Estampes,
magistrum Ludovicum Lemoulnier presbiterum diœcesis Briocensis quem ad eam
obtinendam, regendam et [p.2] administrandam
idoneum putavimus vobis, nominavimus et præsentavimus, nominamus et
præsentamus, rogantes vos quatenus nostrum præsentatum admittentes
eidem collationem et quamlibet provisionem ad [Lisez:
ac] dictæ parochialis ecclesiæ possessionem requirendam
et obtinendam necessarias impertiri et concedere dignemini.
|
L’église
paroissiale ou vicairie perpétuelle de Saint-Pierre au faubourg
d’Étampes, dans votre diocèse, se trouve vacante. Vu qu’il
nous revient et appartient d’y faire la nomination et présentation
par le fait de notre abbaye de Fleury, et à vous d’y faire la collation
et toute autre disposition par le fait de votre dignité archiépiscopale,
comme à présent elle est tout à fait vacante par le
fait du décès de maître François de Maupas,
prêtre qui en a été le dernier possesseur incontesté,
nous avons nommé et présenté, et nous nommons et présentons
à la dite dignité de recteur ou de vicaire perpétuel
de Saint-Pierre d’Étampes maître
Louis Lemoulnier, prêtre du diocèse de Saint-Brieuc que nous avons pensé digne de l’obtenir, de la régir
et de l’administrer, et nous demandons d’accepter notre candidat et de
bien vouloir lui impartir et concéder collation et toute provision
nécessaires pour requérir et obtenir la jouissance de la dite
paroisse.
|
[Au dos dans l’angle: 24 juillet 1719. — presentation de
la cure de St Pierre d’Estampes en faveur du sieur Louis Lemoulnier. —
Cure de St Pierre d’Estampes, diocèse de Sens.— n°11].
[Coté en rouge: G.139 n°51]
[Coté en noir: Vingt huit, Cotte
trois (paraphe)]
|
In
quorum fidem præsentes manu nostra subscriptas per magistrum Jacobum
Feret presbiterum nostrum et venerabilis dictæ cathedralis ecclesiæ
Bajocensis capituli secretarium fieri, scribi, signari, sigillique nostri
fecimus appositione communiri, præsentibus magistris Petro Le megre
de Vallary et Joanne Baptista Guillebert scutiferis testibus, Bajocis
commorantibus, ad præmissa vocatis et infra signatis, anno Domini
septingentisimo decimo nono, die vero mensis julii vigesima quarta.
|
En
foi de quoi nous avons fait faire, écrire, signer, et certifier
par l’apposition de notre sceau le présent document souscrit de
notre main par maître Jacques Féret, notre prêtre* et secrétaire du vénérable chapitre de la dite église cathédrale de Bayeux,
en présence des écuyers maître Pierre Le Mègre
de Vallary et Jean-Baptiste Guillebert, témoins, demeurant à
Bayeux, convoqués dans le cadre de l’affaire qui vient d’être
exposée et soussignés, l’an du Seigneur 1719, le vingt-quatrième
jour du mois de juillet.
|
* M. de Pibrac parle ici en temps
que grand-doyen du chapitre, et plus haut dignitaire du diocèse pendant
la vacance de l’épiscopat (B.G.).
|
H. du Faur de Pibrac
De Vallary
Guillebert
Feret (paraphe)
|
Jérôme du Faur
de Pibrac
De Vallary Guillebert
Féret (paraphe)
|
|
|
2. Démission de Louis Lemoulnier
(acte notarié établi à
Étampes)
La démission
de Louis Lemoulnier, deux mois après sa nomination, n’est pas motivée.
On pourrait se demander ici si ce prêtre a pris subitement sa retraite,
car il déclare ici résider habituellement à Morville, sans doute Morville-en-Beauce, soit à
25 km de ses cures. Mais ce dernier fait
doit plutôt nous amener à penser qu’il suit là le mauvais
exemple de nombreux évêques, c’est-à-dire qu’il ne
réside pas dans sa paroisse et qu’il délégue ses fonctions
curiales à des vicaires.
Cette démission n’est certainement
pas volontaire. Il me paraît plus probable que l’archevêque
de Sens a refusé la nomination de ce prêtre, qui était
déjà pourvu d’une paroisse. En effet, c’est pour cela même
qu’en 1760, l’abbé de Saint-Benoît, évêque-comte
de Valence, refusera de nommer le candidat que lui présente le marquis
de Valory, un certain Barbier, déjà curé de Moigny:
“l’abbé de Broüins
(...) me mande, Monseigneur, que vous ne pouvez
pas y nommer le Sr Barbier parce qu’étant déjà
pourvu vous pouriez perdre votre droit de présentation et que
les archevêques de Sens vous en avoient enlevé quelqu’unes”
(lettre de Valoy du 15 novembre 1760).
AD18, G.139 n°52 |
23 septembre 1719 |
Par devant
Pierre Gudin, notaire royal a Estampes, et royal apostolique au diocese
de Sens, resident audit Estampes, soussigné, fut present Messire
Louis Lemoulnier, prestre curé des paroisses de Saint-Bazille et
Saint Pierre d’Estampes, doyen rural du diocese de Sens audit detroit dudit
Estampes, demeurant ordinairement a Morville*,
estant ce jour a Estampes, lequel s’est demis et se demet par ces presentes
purement et simplement de sa dite cure Saint Pierre d’Estampes entre les
mains de Monsieur de Pibrac abbé de Saint Benoist sur Loire patron [p.2] et collateur d’icelle, pour en pourvoir par
luy telle personne qu’il avisera consentant que toutes lettres de provision
et nomination et presentation en soient signées, scellées,
expediées et delivrées, et pour reiterer ce que dessus
en cas de besoin ou il apartiendra, le dit sieur comparant a fait et constitué
son procureur general et special le porteur des presentes auquel il donne
pouvoir de ce faire et d’en requerir tous actes, promettant, obligeant,
renoncant. Fait et passé a Estampes en l’estude du notaire le vingt
trois septembre mil sept cent dix-neuf apres midy en presence de Me Nicolas [p.3] Sulpice de Marne, prestre
chanoine du chapitre de l’eglise royalle collegialle et paroisse de Nôtre
Dame d’Estampes et d’Antoine Pineau notaire royal commis audit Estampes
y demeurants, tesmoins, qui ont avec ledit sieur comparant et notaire signés
la minutte des presentes qui est controllée a Estampes lesdits
jour et an par le conte qui a recu pour le droit six livres suivant l’edit
du roy.
Gudin
[En marge:]
Scellé les dits jour et an (paraphe).
|
[Sur du
papier timbré de la généralité de Paris à
1 sol 4 deniers]
[Coté
en rouge: G.139 n°52]
[Coté
noir dans la marge: Vingt sept, Cotte trois (paraphe)]
* Il s’agit très
vraisemblablement de Morville-en-Beauce (au canton de Malesherbes, dans
le Loiret) (B.G.).
|
|
3. Nomination de La Myrrhe La Motte
(deuxième lettre du grand doyen de Bayeux à
l’archevêque de Sens)
C’est certainement
sur la demande de l’archevêque de Sens que l’abbé de saint-Benoît
proposa un nouveau candidat pour la cure de Saint-Pierre d’Étampes,
en la personne de Monsieur de La Myrrhe La Motte (comme porte le texte
même de la nomination) ou de La Motte la Myre (comme le porte le
titre de la même nomination) ou encore De la
Motte-Lamyre, comme l’écrit Charles Forteau dans son analyse des
registres paroissiaux de Saint-Pierre publiée en 1907, registres
où il relève encore cette intéressante dénomination:
“illustre et
noble personne messire de la Mothe la Myre”. Les
orthographes du nom de cette illustre famille sont en effet assez variées.
Ce prêtre
avait été avant cela curé d’Authon-la-Plaine, autre
domaine étampois relevant de l’abbaye de Saint-Benoît-sur-Loire
(d’où le nom d’une partie de cette paroisse, Le Plessis-Saint-Benoist).
A ce titre il avait eu affaire à la seule sainte qu’ait jamais donnée
notre région à l’église, Marie Poussepin, et c’était,
de l’avis des paroissiens de Sainville, le pire des ennemis de la jeune
communauté fondée par cette femme hors du commun.
AD18, G.139 n°53 |
Traduction proposée par B. G. (2008)
|
5 octobre
1719 |
Illustrissimo
ac revendissimo in Christo patri ac domino D. Senonensi archiepiscopo
seu vestro vicario generali,
Hieronimus du Faur de Pibrac, prebiter, doctor
theologus, abbas Sancti Benedicti Floriacensis, decanus et canonicus
a Sancto Germano insignis ecclesiæ cathedralis Bajocensis,
salutem cum honore et reverentia debitis.
|
Au très illustre et très révérend dans
le Christ père et seigneur l’archevêque de Sens, ou à
votre vicaire général,
Jérôme du Faur de Pibrac, prêtre,
docteur en théologie, abbé de Saint-Benoît de Fleury,
doyen et chanoine de Saint-Germain de l’insigne église cathédrale
de Bayeux,
salut, avec l’honneur et la révérence
requis.
|
[Sur du papier timbré de la généralité
de Caen, pour un sol 4 deniers]
|
Cum adveniente vacatione parochialis ecclesiæ
seu vicariæ perpetuæ Sancti Petri d’Estampes in vestra diœcesi
nominatio et præsentatio ad nos, ratione nostræ abbatiæ
Floriacensis, collatio autem et quævis alia dispositio ad vos, ratione
vestræ dignitatis archiepiscopalis pertineant et spectent, nunc cum
illa per voluntariam et simplicem dimissionem magistri Ludovici Le Moulnier
presbiteri illius ultimi et immediati possessoris pacifici revera vacet
ad dictam rectoriam seu vicariam perpetuam d’Estampes magistrum Michaelem
Mariam Annam Gabrielem Josephum Ludovicum Joannem Raimondum de La Myrrhe
La Motte, presbiterum rectorem seu vicarium perpetuum parochialis ecclesiæ
d’Authon, diœcesis Carnotensis, quem ad eam obtinendam, regendam et administrandam
idoneum putavimus, vobis nominavimus et præsentavimus, nominamus
et præsentamus, rogantes vos quatenus nostrum [p.2] præsentatum admittentes
eidem collationem et quamlibet provisionem ad dictæ parochialis ecclesiæ
possessionem requirendam et obtinendam necessarias impertiri et concedere
dignemini.
|
L’église
paroissiale ou vicairie perpétuelle de Saint-Pierre au faubourg
d’Étampes, dans votre diocèse, se trouve vacante. Vu qu’il
nous revient et appartient d’y faire la nomination et présentation
par le fait de notre abbaye de Fleury, et à vous d’y faire la collation
et toute autre disposition par le fait de votre dignité archiépiscopale,
comme à présent elle est tout à fait vacante par le
fait de la pure et simple démission volontaire de maître Louis
Lemoulnier, prêtre qui en a été le dernier possesseur
incontesté, nous avons nommé et présenté, et
nous nommons et présentons à la dite dignité de recteur
ou de vicaire perpétuel de Saint-Pierre d’Étampes maître Michel Marie Anne Gabriel Joseph Louis Jean Raimond
de La Myrrhe La Motte, prêtre recteur ou vicaire perpétuel de l’église
paroissiale d’Authon du diocèse de Chartres, que nous avons pensé digne de l’obtenir, de la régir
et de l’administrer, et nous demandons d’accepter notre candidat et de
bien vouloir lui impartir et concéder collation et toute provision
nécessaires pour requérir et obtenir la jouissance de la
dite paroisse.
|
[Titré au dos dans l’angle: 5 octobre 1719. —
presentation de la cure de St Pierre d’Estampes en faveur de Mr de La Motte
la Myre. — n°12].
[Coté
en rouge: G.139 n°53]
[Coté en
noir: Vingt six, Cotte trois (paraphe)]
|
In quorum fidem præsentes manu nostrâ
subscriptas per magistrum Jacobum Feret presbiterum nostrum et venerabilis
dictæ cathedralis ecclesiæ Bajocensis capituli secretarium scribi,
signari, sigillique nostri fecimus appositione communiri, anno Domini millesimo
septingentesimo decimo nono, die vero mensis octobris quinta, præsentibus
magistris Henrico Roberto Lenoel de Cauville scutifero et Sebastiano Lavalley,
doctore medico testibus, Bajocis commorantibus, ad præmissa vocatis
et infra signatis.
|
En
foi de quoi nous avons fait faire, écrire, signer, et certifier
par l’apposition de notre sceau le présent document souscrit de
notre main par maître Jacques Féret, notre prêtre et
secrétaire du vénérable chapitre de la dite église
cathédrale de Bayeux, l’an du Seigneur 1719,
le cinquième jour du mois d’octobre, en présence
de l’écuyer maître Henri Robert Lenoël de Cauville et
du docteur en médecine maître Sébastien Lavalley, témoins,
demeurant à Bayeux, convoqués dans le cadre de l’affaire
qui vient d’être exposée et soussignés. |
|
H. du Faur de Pibrac +
H. R. Lenoel, S. Lavalley (paraphe)
Feret (paraphe)
|
Jérôme du Faur
de Pibrac +
Henri-Robert Lenoël, Sébastien
Lavalley (paraphe)
Féret (paraphe)
|
|
|
4. Nomination de La Myrrhe La Motte (bis)
(troisième
lettre, ou mauvaise copie de la deuxième?)
Nous donnons ici la minute de ce
qui semble la même nomination, pour donner une idée du manque
de soin avec lequel sont parfois tenus les documents de ce genre, et des
incertitudes qui en découlent.
Dans cette minute, la date a été carrément
oubliée par le notaire, puis donnée en dehors du texte, avec
un appel de croix, mais d’une manière fantaisiste puisqu’elle place
la nomination du nouveau curé le 4 février 1719, soit cinq
mois avant la mort du précédent (on ne peut croire, à
cette date, qu’il s’agisse d’une datation suivant l’ancien style); le texte
est fautif aussi du point vue de l’orthographe.
Cependant il faut aussi observer qu’un témoin,
qui signe, a changé: Sébastien Lavalley est remplacé
par un certain Du Fresne. S’agit-il donc bien
de la même nomination? ou bien cette nomination a-t-elle dû
être refaite en février (mais alors en février
1720, et non pas 1719), par suite de quelque
vice de forme? Le fait est que le nouveau curé n’arrive pas à
Étampes avant janvier 1720, d’après les registres paroissiaux
(voyez notre Annexe 2).
AD18, G.139 n°50 |
Traduction proposée par B. G. (2008)
|
4 février
1720 (?) |
Illustrissimo
ac reverendissimo in Christo patri ac domino D. Cenonensi [sic; lisez: Senonensi] archiepiscopo seu
vestro vicario generali,
Hieronimus du Faur de Pibrac, prebiter, doctor
theologus, abbas Sancti Benedicti Floriacensis, decanus et canonicus a
Sancto Germano insignis ecclesiæ cathedralis Bajocensis,
salutem cum honore et reverentia debitis.
|
Au très illustre et très révérend
dans le Christ père et seigneur l’archevêque de Sens, ou à
votre vicaire général.
Jérôme du Faur de Pibrac, prêtre,
docteur en théologie, abbé de Saint-Benoît de Fleury,
doyen et chanoine de Saint-Germain de l’insigne église cathédrale
de Bayeux,
salut, avec l’honneur et la révérence
requis.
|
[sur du papier timbré de la généralité
de Caen, pour un sol 4 deniers]
|
Cum adveniente vacatione parrochialis ecclesiæ
Sti Petri d’Estampes in vestra diœcesi nominatio et præsentatio ad
nos, ratione nostræ abbatiæ Floriacensis, collatio autem et
quævis alia dispositio ad vos, ratione vestræ dignitatis archiepiscopalis
pertineant et spectent, nunc cum illa per obitum magistri Francisci Maupas
presbiteri illius ultimi et pacifici possessoris revera vacet ad dictam
rectoriam ceu [sic; lisez: seu]
vicariam perpetuam Sti Petri d’Estampes magistrum Michaelem
Mariam Annam Gabrielem Josephum Ludovicum Joannem Raimondum de La Mire
La Motte presbiterum, rectorem ceu [sic] vicarium
perpetuum parrochialis ecclesiæ d’Auton, diœcesis Carnotensis, quem
ad eam obtinendam, regendam et administrandam idoneum putavimus vobis
nominavimus et præsentavimus, nominamus et præsentamus,
rogantes vos quatenus nostrum præsentatum admittentes eidem collationem
et quamlibet provisionem ac dictæ parrochialis ecclesiæ possessionem
requirendam et obtinendam necessarias impertiri et concedere dignemini.
|
L’église paroissiale ou vicairie perpétuelle de Saint-Pierre
au faubourg d’Étampes, dans votre diocèse, se trouve vacante.
Vu qu’il nous revient et appartient d’y faire la nomination et présentation
par le fait de notre abbaye de Fleury, et à vous d’y faire la collation
et toute autre disposition par le fait de votre dignité archiépiscopale,
comme à présent elle est tout à fait vacante par le
fait de la pure et simple démission volontaire de maître Louis
Lemoulnier, prêtre qui en a été le dernier possesseur
incontesté, nous avons nommé et présenté, et
nous nommons et présentons à la dite dignité de recteur
ou de vicaire perpétuel de Saint-Pierre d’Étampes maître Michel Marie Anne Gabriel Joseph Louis Jean Raimond
de La Myrrhe La Motte, prêtre recteur ou vicaire perpétuel de l’église
paroissiale d’Authon du diocèse de Chartres, que nous avons pensé digne de l’obtenir, de la régir
et de l’administrer, et nous demandons d’accepter notre candidat et de
bien vouloir lui impartir et concéder collation et toute provision
nécessaires pour requérir et obtenir la jouissance de la dite
paroisse. |
[Titré au dos dans l’angle: Minutte des provisions
de la cure de St Pierre d’Estampes vacante le 24 Xbre (sic) en faveur de M. l’abbé de La
motthe — 4 fev. (sic) 1719 — n°11].
[Coté en rouge: G.139 n°50]
[Coté en noir: Vingt
neuf, Cotte trois (paraphe)]
|
In quorum fidem præsentes manu nostra
subscriptas per magistrum [p.2]
Jacobum Feret presbiterum nostrum et venerabilis dictæ cathedralis
ecclesiæ Bajocensis capituli secretarium fieri, scribi, signari, sigillique
nostri fecimus appositione communiri, præsentibus Francisco du Fresne
du Mottel et Henrico Roberto Lenoel de Cauville scutiferis testibus, Bajocis
commorantibus, ad præmissa vocatis et infra signatis [(élement omis par le notaire, puis ajouté
en marge par lui-même avec un appel de croix, mais avec une erreur:)
anno Domini septing. decimo nono, die mensis februarii quarta (paraphe)]. |
En foi de quoi nous avons fait faire, écrire, signer, et certifier
par l’apposition de notre sceau le présent document souscrit de
notre main par maître Jacques Féret, notre prêtre* et secrétaire du vénérable
chapitre de la dite église cathédrale de Bayeux, en présence des écuyers François du Fresne
du Mottel et Henri Robert Lenoël de Cauville, témoins, demeurant
à Bayeux, convoqués dans le cadre de l’affaire qui vient
d’être exposée et soussignés [(élément omis par le notaire, puis ajouté en marge
par lui-même avec
un appel de croix, mais
avec une erreur:)
l’an du Seigneur 1719, le quatrième jour du mois de février
(paraphe)].
|
* M. de Pibrac parle ici en temps que
grand-doyen du chapitre, et plus haut dignitaire du diocèse pendant
la vacance de l’épiscopat (B.G.).
|
Du Fresne. H.
R. Lenoel
H. du Faur de Pibrac
Feret (paraphe)
|
Du Fresne.
Henri Robert Lenoël
Jérôme du Faur de Pibrac
Féret (paraphe)
|
|
|
5. Titre du dossier d’archives contenant, entre autres, ces
documents
AD18, G.139 |
XVIIIe siècle
|
1719
Patronage
Vingt huit pièces
qui sont des presentations faites par M. l’abbé de St Benoit sur
Loire aux cures et autres benefices dependans de lad(i)te abbaye et quelques
autres lettres y relatives
T III.C.DDD. n°21
|
|
|
L’église Saint-Pierre d’Étampes
en 1648 (plan du géomètre Fleury, AD 91, E3802, cliché
F. Jousset)
|
ANNEXE 1
Notices
de l’Inventaire Sommaire des Archives départementales du
Cher
par Alfred Gandillon (1931)
[c.391] […] G. 139 (Liasse).—
3 parchemins; 61 pièces papier.— Anciennes cotes: Tablette IIII,
carton OOOO (n°16 à n°21), et liasse 41.— Cf G.421, f°236.
1609-1765.— Châtellenie de Saint-Benoît-sur-Loire.
Bénéfices […] [c.392] […]
28-33. Octroi par le roi, sur présentation de Philippe, duc
d’Orléans, à Hardouin Rouxel de Medavy, prêtre du
diocèse de Paris, de l’abbaye commendataire de Saint-Benoît-sur-Loire,
vacante par suite du décès du précédent titulaire,
Philippe de Lorraine (Versailles, 30 décembre 1702) et pièces
y jointes [c.393] (lettres de
tonsure, certificat d’Antoine, banquier en cour de Rome, etc.).— 31. Présentation,
par Jérôme Du Faur de Pibrac, abbé de Saint-Benoît,
à l’évêque d’Auxerre, de N. Gasneau, prêtre dudit
diocèse d’Auxerre, pour être nommé à la cure
de Saint-Hilaire d’Ousson, vacante par suite de la démission de Jean
Vannier (17 décembre 1714).— 35-36. Présentation, par l’abbé
de Pibrac, à l’évêque d’Orléans, d’Henri Benoît,
prêtre de son diocèse, pour la cure de Germigny, vacante par
suite de la démission du dernier titulaire, N… Chollet (24 janvier
1713). Sur la pièce 36, cachet, en cire rouge, aux armes de l’abbé
de Pibrac.— 37. Lettre de l’évêque d’Orléans à
l’abbé de Pibrac pour lui demander de nommer un candidat de son
choix à la cure de Germiny, dont le titulaire, le sieur Griffon,
avait dû donner sa démission (Paris, 10 août 1715).—
38. Lettre de M. Chassaing, chanoine de l’église d’Orléans,
de lapart de l’évêque d’Orléans, de vouloir bine nommer
à la cure de la Sainte-Trinité de Germigny le sieur Caboche
(10 août 1715). Cachet aux armes du sieur Chassaing. — Présentation,
par l’abbé de Pibrac, à la cure de Germingny, au diocèse
d’Orléans, d’Antoine Griffon, comme curé de Germigny (Orléans,
6 août 1713).— Acte de réception de la démission du sieur
Griffon, comme curé de Germigny (Orléans, 6 août 1715).—
42. Présentation par l’abbé de Pibrac, à la cure de
Germigny, en remplacement du sieur Griffon, du sieur Caboche (Bayeux, 24
août 1715). 43. Déclaration de vacance, par l’évêque
d’Orléans, de la cure de Saint-Aignan-le-Jaillard, par suite de la
démission du titulaire Hyacinthe de Lissat (21 février 1718).—
44-48. Lettres de l’évêque d’Orléans au sujet de la
nomination à la cure de Saint-Aignan-le-Jaillard (janvier-février
1718).—, Cachets, en cire rouge, de l’évêque d’Orléans.
49 Collation, par l’évêque d’Orléans, à Hyacinthe
de Lissat, prêtre du diocèse de Limoges, de la cure de Saint-Aignan-le-Jaillard
(8 janvier 1718). Sceau plaqué de l’évêque.— 50-53.
Présentations, par l’abbé de Pibrac, à l’archevêque
de Sens, pour la cure de saint-Pierre d’Étampes, de Michel Marie-Anne
Gabriel-Joseph Louis-Jean-Raymond de la Mire-La Motte, curé de l’église
d’Authon, au diocèse de Chartres, en remplacement de François
Maupas, décédé (4 février 1719), de Louis Le
Moulnier, prêtre du diocèse de Bayeux, en remplacement dudit
Maupas (24 juillet 1719) [N.B.:
Gandilhon néglige ici le n°52, démission de Lemoulnier
(B.G.)], du susdit La Mire-La Motte, en remplacement
de Louis [c.394] Le Moulnier, démissionnaire
(5 octobre 1719).— 54. Présentation à l’évêque
de Chartres par l’abbé de Pibrac pour la cure de sainville, vacante
par suite du décès de Jacques Pinguenet, de N.
(30 octobre 1719).— 55. Lettre de M. Doulceron, archidiacre de Sully, à
l’abbé de Pibrac. Il lui fait connaître qu’il ne peut accepter
la présentation à la cure de Saint-Aignan-le-Jaillard du sieur
Pierre Chollet, prêtre du diocèse d’Orléans, cette présentation
lui ayant été remise directement par l’intéressé
après avoir été envoyée par l’abbé de
Pibrac à l’évêque d’Orléans, fait anormal, car
il est d’usage dans le diocèse d’Orléans que toutes les présentations
soient envoyées aux archidiacres. Il prie, en conséquence,
l’abbé de Pibrac de lui adresser une expédition de la présentation
(11 mai 1720).— 56. Présentation à l’archidiacre de Sully,
pour la cure de Saint-Aignan-le Jaillard, de Pierre Chollet, en remplacement
de Julien de Renes, démissionnaire (15 mai 1720).— 57-60. Lettres
de l’évêque d’Orléans au sujet de la nomination de Pierre
Chollet à la cure de Saint-Aignan-le-Jaillard et pièces y
relatives.— 60-64. Présentations par l’abbé de Pibrac à
l’archevêque de Reims, pour la cure de Sorbon, en remplacement de
Germain Piongaron, décédé, de François Davesne,
prêtre, du diocèse de Reims (15 mai 1719);— à l’évêque
d’Orléans, pour la cure d’Yèvre-le-Châtel, en remplacement
d’Antoine Geofroy, décédé, d’Olivier Fonteine, prêtre
du diocèse de Tréguier (5 mars 1719);— à l’archevêque
de Bourges, pour la cure de Saint-Martin, près Gien, en remplacement
de Robert Richer, décédé, de Pierre Vanier, curé
de Neuvy, au diocèse d’Auxerre (24 mai 1720); au grand archidiacre
de l’église de Chartres pour l’église de Sainville, en remplacement
de Jacques Pinguenet, décédé, de Jean Halley, prêtre
du diocèse de Bayeux (3 mai 1720);— à l’archidiacre de l’église
d’Orléans, pour la cure de Bouzonville, en remplacement de N. Ratouin,
décédé, de Jean-Constantin Charles (13 juillet 1725).
[…]
|
Alfred
GANDILHON, Inventaire sommaire des archives départementales
antérieures à 1790. Cher. Archives ecclésiastiques.
Série G. Tome I. Archevêché de Bourges. 1re
partie [in-f°; XX+571 p], Bourges, Archives départementales
du Cher, 1931, col. 391-394.
|
ANNEXE 2
Les desservant de
l’église Saint-Pierre de 1705 à 1732
selon Charles Forteau (1907)
On notera que que François Tiffonet était
curé depuis août 1732 et qu’il est inhumé le 11 novembre 1760; que la paroisse est desservie
de 1759 à 1761 par Pierre
Joseph Lotteau, vicaire des cordeliers d’Etampes, qui doit être
le vicaire dont fait état François Mauduison le 21 novembre
1760; que le premier
acte du curé Jean Baptiste Barbier est opéré
le 3 septembre, et qu’il est alors
qualifié «chanoine
de St Laurent fondé au palais archiépiscopal de Sens, chanoine de St Laurent fondé au palais
archiépiscopal de Sens». Ce Barbier
sera l’avant dernier curé d’Étampes, et ne sera remplacé
qu’en avril 1782 par Charles-César Périer.
1705. — «Mardy, 3 Février, sur les
heures du soir, est déceddé en sa maison presbytéralle,
Mre David Chassecuiller, ptre, curé de l’église paroissiale
de S. Pierre et promoteur du détroit d’Etampes, agé de 67 ans
6 mois ou environ, le corps duquel a esté aujourd’huy 4e Février,
enlevé de sa maison presbytéralle, par nous Claude-Nicolas
Voizot, prestre doyen de l’église collégiale de Ste Croix et
doyen rural au détroit dudit Estampes et par nous conduit en ladite
église paroissialle de S. Pierre, où nous avons observé
les cérémonies en tel cas requises et accoutumées, et
ensuite fait transporter le corps dudit deffunt pour être inhumé
au cimetière des paroisses Notre-Dame et S. Basile, sépulture
de ses père et mère auprès desquels il a demandé
d’être enterré».
Par son testament, David Chassecuiller déclare
qu’il ne veut point être enterré dans l’église — l’église
étant un lieu saint où doivent seulement reposer les saints
et non les pécheurs comme lui — le luminaire et les autres frais
d’inhumation seront réduits au strict nécessaire; ces sortes
de dépenses sont de nulle utilité aux défunts et ne
servent qu’à entretenir l’orgueil et la vanité des vivants.
Il lègue à l’église de Ste-Croix d’Etampes 35 livres
de rente à prendre sur la fabrique de St-Pierre, à la charge
de célébrer annuellement quatre services à 3 leçons,
un pour lui, un pour Cantien Chassecuiller, en son vivant prestre, chantre
de l’église Ste-Croix et curé de St-Pierre, son oncle, un
pour Tristan Chassecuiller et Charlotte Poignard, ses père et mère,
et le 4e pour feu Claude Fontaine, son prédécesseur dans la
cure de St-Pierre, et [p.52] chanoine de Ste-Croix. Après plusieurs
dons et legs, il nomme ses légataires universels Thomas Petit, Edmée
de Villette veuve de François Lesourd et Angélique Pinson,
femme de Léon Antoine Sergent, mercier-épicier d’Étampes*.
|
* Archives de S.-et-O. E 3811 (Note de Forteau).
|
Sur une plaque de marbre, malheureusement
mutilée, conservée au Musée d’Étampes, on lit:
(Cy) Gît M. Cancien
Chassecuiller, né (en)
(16) 03 le der(ni)er Aoust, prestre
en 1629, le 22
(Sep)tembre curé de la paroisse
S. Pierre (d’)
Estampes en 1631, chanoine du chapi(tre)
ro(ial) de Ste Croix en 1648, élu
Chantre (en)
(165)3 décédé
en 1654 le 13 Février
David Chassecuiller, son neveu au(ssy)
(Cu)ré de S. Pierre, ancien
doyen dudit C(hapitre)
promoteur d’Estampes, décédé
en 17(05)
(le) 4 Fé. a fondé
les obitz avec une messe
(a)nnuelle et libera à chaque
le 1er pour (luy)
(mes)me le 4 Février, le 2e
le 14 Février pour M. Can(cien)
(Ch)assecuiller, son oncle, le 3e
le 27 M(ars)
(po) ur M. Claude Fontaine aussi
curé de lad.
P(aroi)sse, le 4e le 7 avril pour
Tristan Ch(asse)
(c)uiller, et Marguerite Poignard,
ses père (et)
(mè)re pour qui, il a legué
la somme de 35 ££
à prendre sur la fabrique
de lad. P(aroi(sse) (St)
Pier(re) et ordonne à Mtre
Claude Nicolas (Voizot)
doyen dud. Chapitre et doyen de la
Chretienté
et à Marc-Antoine Sergent,
md……..
leurs testamens de faire faire icy
me(me)
(V)espres, saluts et procession du
S. Sacrement
…. fondez en lad. P(aroi)sse S. Pierre
.…jardin, demy-arpent……. »
Le vicaire Le Vasseur continue les actes et
s’intitule, jusqu’au 4 octobre, vicaire desservant.
|
|
Mtre Jean de, ou du, Coudray, le
nouveau curé, signe au registre, pour la première fois, le
21 du même mois.
Le Vasseur cesse ses fonctions, P. Allis,
cordelier, le remplace [p.53] jusqu’à
l’arrivée du vicaire J. Nativelle en septembre 1706. Pierre Villemain,
chanoine de Ste Croix, fait aussi quelques actes.
Le 7 Février 1710, a été
inhumé dans le chœur, entre le sanctuaire et le lutrin, messire Jean
du Coudray, ptre, curé de cette p(arois)sse, aumosnier ordinaire
de Mgr le Duc d’Orléans, décédé le jour d’hier
— par nous, Claude Nicolas Voizot, ptre doyen du chapitre roial de Ste Croix
et doyen de la Chrétienté du diocèse de Sens au détroit
dudit Etampes, accompagné de MM. les curés de la ville et
lieux circonvoisins et de plusieurs autres de MM. du clergé de la
dite ville, lesquels ont tous signé icy avec nous — muny des sacremens
et regretté de tous les gens de bien et de toute sa paroisse particulièrement
les pauvres qu’il a faits ses légataires universels après
les avoir soulagés dans leur misère pendant sa vie».
|
|
Louis Huguet, vicaire desservant,
signe les actes après la mort du curé; l’un est rédigé
par un prêtre nommé Le Royer, d’autres par le Fr. Ignace,
religieux pénitent qui se dit vicaire à partir du 2 juin.
Mre Huguet cesse ses fonctions en mai après la prise de possession
de la cure par Messire François Maupas dont les vicaires sont:
1711, Rihouey; — 1712, R. Le Cominat (1er acte le 15 juillet); — 1713, Lavallée
(dernier acte le avril 1714) ; — 1715, Pierre Vaudry qui ne signe qu’une
seule fois le 15 juillet, et V. Demourang à partir du 24 octobre;
— 1717, Davoust (23 juin), et le «Fr. François Lescuyer, religieux
prestre dans la communauté d’Estampes (sic), desservant la
paroisse de St Pierre. Les deux derniers actes de l’année sont rédigés
par le Fr. Augustin Champion, cordelier desservant le vicariat; — 1718,
Guillaume Desmazures.
En outre, pendant des absences ou des maladies
du curé, on voit aux registres les signatures de différents
prêtres de la ville ou des environs:— 1711, 18 novembre, Mre Baudet,
chanoine de Saint Maurice de Chartres; — 1713, 20 mars, Jean, chanoine
de Notre- Dame; plus loin, Collard, curé d’Ormay, Goupy, curé
de St Martin; — en 1714, Bourdais, curé de StGermain-les-Estampes;
Claude Dupré, religieux de Morigny; Dufays, chanoine de Ste Croix;
de nouveau, Mre François Jean, chanoine de Notre-Dame «commis
par M. de Maupas, curé de la p St Pierre lez Estampes, malade depuis
plus d’un mois» (10 septembre); — 1715, Vatout, prêtre chapelain
de Notre-Dame; — 1716, Le Royer, chanoine de Ste Croix; — 1717, quelques-uns
des précédents et Jean Gibier, diacre, qui administre un
baptême. [p.54]
Un acte du vicaire Lavallée, en 1714,
est assez curieux:
«Le 16 mars, est né † dans cette
paroisse et a esté baptisé le 18 et a esté nomé
Pierre par Pierre Baron et la marraine Helisabeth Eslie, a esté baptisé
par moy, prestre vicaire soussigné». — En marge du renvoi
† est écrit: «un enfant du légitime mariage de Jean-Baptiste
Ménagé, mtre charron, et de Anne Retté, ses père
et mère et a esté nommé...» Nota (de la main
du curé) que l’acte cy-dessus a esté corrigé des nullitez
que led. sr Lavallée avoit faites, après avoir fait une enquête
dans la paroisse pour constater que Pierre Ménagé est fils
de Jean-Baptiste Ménagé et de Anne Retté.
«Le 14 Juillet 1719, inhumé
dans l’église François Maupas, prestre curé de cette
église, agé de 40 ans, par le curé-chevecier (de Notre-Dame)
Le Maistre, assisté de M. Jean Gibier, tenant la place de M. Basile
Charpentier, curé de St Basile; M. Alexandre Hardy, bachelier de
Sorbonne, curé de St Gilles; Pierre Goupil, curé chevecier
de la p(aroi)sse St Martin».
Les actes sont signés jusqu’en Janvier
1720 par de Marne*, chanoine; Gibier, vicaire;
Pierre Grou, «prêtre commis par M. le Doyen»; Jarry, chanoine
et vicaire de St Basile; Le Mousnier**, curé
de St Basile, doyen de la chrétienté; et Fr. Pierre Legendre,
religieux de l’abbaye royale de Morigny.
|
*
Il s’agit de “Me Nicolas Sulpice de Marne,
prestre chanoine du chapitre de l’eglise royalle collegialle et paroisse
de Nôtre Dame d’Estampes”, témoin de la démission de
Lemoulnier alias Lemousnier le 23 septembre 1719 (B.G.).
** Il s’agit de Louis
Lemoulnier, nommé curé de saint-Pierre le 24 juillet 1719,
et démissionnaire dès le 23 septembre, vraisemblablement
sur demande de l’archevêque de Sens, pour fait de cumul (B.G.).
|
De la Motte-Lamyre, curé de St Pierre
en 1720.
Le 25 Août, baptême par Louis
Houllier, vicaire de St Jean Baptiste de Nemours, commis par l’illustre
et noble personne messire de la Mothe la Myre, en son absence.
Vicaires: F. de Fleury, desservant la paroisse;
J. Saillour, 1er acte le 26 novembre 1722.
En 1721, des actes sont rédigés par
le Fr. L. Godefroy, cordelier de Chartres en Beauce et le Fr. Dominique,
capucin; Louis Baudet, clerc de cette paroisse. En 1722 et 1723, sont cités
Marin Savouré et Jean Vallée, chanoine de Sainte-Croix,
tous les deux sous-diacres.
|
|
1729. — Antoine de Carrery, curé, bachelier en théologie.
Le vicaire Saillour continue ses fonctions.
Olivier, chanoine de Notre Dame, rédige des actes en 1730, ainsi
qu’Henry Louis David, son collègue, qui signe jusqu’en 1732, en qualité
de desservant.
|
|
1732. — François Joseph Tiffonnet, curé (premier
acte le 27 août).
[On
peut consuletr la suite de cet article en Annexe
2 de notre édition du dossier sur la nomination de 1760 (B.G.).]
CH. FORTEAU.
|
|
|
Charles FORTEAU, «La paroisse
de Saint-Pierre d’Étampes», in Bulletin de la Société
historique et archéologique de Corbeil, d’Étampes et
du Hurepoix 13 (1907), pp. 31-56 & 77-99; 14 (1908), pp. 5- 30;
15 (1909), pp. 47-58. Ici 13 (1907), pp. 54-56.
|
ANNEXE 3
La famille Du
Faur de Pibrac
selon une Monographie de
Pibrac (vers 1886)
Nous donnons ici
un extrait d’une monographie de Pibrac des alentours de 1883 heureusement
mise en ligne par le Cercle généalogique de cette ville du
Tarn-et-Garonne. Je n’ai pas pu établir pour l’instant la généalogie
de notre abbé, mais il est clair qu’il appartenait à cette famille.
Merci à toute personne qui pourrait nous éclairer davantage
sur cette question.
[...] Au nombre des seigneurs qui,
tout en ayant des possessions à Pibrac, conservent leur nom de famille
provenant sans doute d’un fief plus important, nous pouvons citer: les seigneurs
de l’Isle-Jourdain, les seigneurs d’Orbasson et de Saint-Bars; puis, parmi
les feudataires moins importants, nous comptons Pierre de Pibrac et ses
descendants que l’on retrouve encore au milieu du XIIIème siècle:
Raymond de Magloire (1231); Pierre Wuilnegrand de Pibrac (1242); Pierre
de Malsamont (1254); Guy de la Tour (1251); Guy de las Cours (1261); enfin
la famille Doux qui commence à paraître dans le pays à
cette époque et qui s’y maintient jusqu’au commencement du XVIème
siècle.
“Nous trouvons, en 1466, le contrat de mariage
de Jean Doux qui ne prend pas encore le titre de seigneur de Pibrac quoique
ce fief appartient à sa famille depuis le milieu du XIVème
siècle. Il ne le prend que plus tard en 1503; mais à partir
de cette époque, il le conserve en toutes circonstance; nous le
retrouvons avec cette qualification dans le contrat de mariage de sa fille
Causide Douce avec Pierre Dufaur, alliance qui amena la famille du Faur dans
un pays qu’elle ne devait plus quitter.” (Histoire de Pibrac, page
43)
Nous voici arrivés à la seconde
partie de l’administration civile de Pibrac, pendant laquelle cette seigneurie
appartient à la famille du Faur. Cette transmission se fit de la
manière suivante: à la mort de Jean Doux, Pierre du Faur,
en héritant des biens de son beau-père, hérite en même
temps du titre de seigneur de Pibrac. C’est en 1540 qu’il est question du
château que Causide Douce et son époux font reconstruire complètement
en employant dix mille écus pour cette entreprise. Il est à
remarquer que l’on ne trouve dans les anciens documents aucun renseignement
sur le manoir qui a précédé au château actuel.
Cependant cette antique demeure existait puisqu’elle est désignée
dans une donation faite par Jean d’Orbasson en 1197. Pierre du Faur de Pibrac
mourut en 1577. Il fut enterré aux Augustins de Toulouse dans la
chapelle Saint-Gratien. Ses deux fils aînés étant dans
les ordres, il eut pour héritier son troisième fils le célèbre
Guy du Faur de Pibrac, l’auteur des quatrains qui portent son nom. Celui-ci
en mourant donne le château à son fils Michel du Faur qui,
le 21 novembre 1596, reçoit le brevet d’écuyer. Michel du
Faur meurt en 1634 et laisse pour fils et unique héritier Guy du
Faur, deuxième du nom qui mourut à son tour sans enfants en
1696. Il fut enterré dans un caveau situé dans le sanctuaire
de l’église de Pibrac où reposaient déjà plusieurs
membres de sa famille.
A mesure que nous avançons dans l’histoire
du château, nous voyons que les seigneurs qui le possèdent
l’abandonnent peu à peu. La seigneurie de Pibrac perd son ancienne
splendeur et le 14 juillet 1696 Michel deuxième du nom loue cette
terre en ne se réservant que deux chambres.
Michel du Faur, enterré dans l’église
de Pibrac, avait demandé à être inhumé dans
le caveau de ses ancêtres ce qui fut exécuté. Après
la mort d’Eléonore de Saulx-Tavannes, veuve de Michel du Faur,
le château devint la propriété de son fils Jérome
du Faur, époux de Marie-Anne d’Azémar. De ce mariage naquit
Jérome François du Faur, dernier rejeton de la branche aînée
de la famille duFaur. (1723 — registres de la paroisse
de Pibrac conservés à la Mairie).
Jérome du Faur, chevalier, seigneur et
comte de Pibrac, laisse en mourant comme héritier direct Jérome
François du Faur et quatre filles. L’on dut faire alors une estimation
de Pibrac et cette opération fut confiée à un expert
féodiste de Toulouse nommé Bernard Lespinasse (1740). Ce
travail qui contient des documents intéressants constate la construction
récente du bâtiment des remises qui existent encore aujourd’hui.
Marie-Anne d’Azémar, après la mort de son époux, ne
cessa pas de venir au château de Pibrac . Dans les registres de l’état
civil de cette époque, 30 avril 1742, nous voyons qu’elle assistait
à un baptême et que sa fille nommée Marie-Anne du
Faur de Pibrac Maureville était marraine ce jour-là d’un
enfant appelé Paul Courbet. A la mort de Jérome François
du Faur, les demoiselles de Pibrac, dont trois avaient encore survécu
à leur frère étaient propriétaires du château.
La dernière nommée Gabrielle, mourut le 18 décembre
1794.
Daniel du Faur de Cormont entra ensuite en pleine
jouissance de la fortune que lui avait laissée Anne de Pibrac l’une
des sœurs de Jérome François du Faur, avec la condition
expresse, de prendre le titre de comte de Pibrac.
Daniel du Faur de Cormont appartenait à
la branche cadette des du Faur de l’Orléanais.
Ici s’arrête l’histoire de l’administration
civile de Pibrac sous ses seigneurs feudataires ou justiciers.
[...]
|
ANONYME, Monographie
de Pibrac, vers 1886 [non conservé à la BNF], texte
saisi et mis en ligne par le CERCLE GÉNÉALOGIQUE DE PIBRAC,
http://cgpibrac.free.fr/site/histoire/index.php?w=&&id_rubrique=22,
2002, en ligne en 2008.
|
ANNEXE 4
Rôle du
grand doyen de Bayeux en 1719
selon Jacques Laffetay (1855)
L’histoire
du diocèse de Bayeux au début du XVIIIe siècle a
été écrite en 1855 par un prêtre de cette ville,
Jacques Laffetay. Il y apparaît que Monsier de Pibrac était
alors grand-doyen. Au début de 1716, Monseigneur
de la Tremoille, ambassadeur à Rome, avait été nommé
évêque de Bayeux mais il ne s’y rendit jamais et chargea
de l’y représenter l’abbé de Pibrac, qui prit possession de l’évêché en son nom le 13 novembre 1716. La Tremoille d’ailleurs fut ensuite
promu archevêque de Cambrai en juin 1718.
Profitant de la Régence, la famille
d’un ecclésiastique de tendance janséniste, François-Armand de Lorraine, le fit nommer évêque
de Bayeux dès mars 1718; le pape fit traîner l’affaire, et
il ne fut sacré à Paris que le 5 novembre
1719, n’arrivant à Bayeux que le 20 mars 1720. Dans l’intervalle, M. de Pibrac, grand-doyen du chapitre, faisait
fonction de la plus haute autorité du diocèse. C’est cependant
à titre personnel qu’il était abbé de saint-Benoît.
Extraits des chapitres XVII, XVIII et XIX
|
|
[p.263] CHAPITRE XVII.
Prérogatives du haut-doyen de
la Cathédrale. — MM. de Longaunay, de Choisy, de Pibrac, titulaires
de cette dignité. — […]
Quoique l’arrêt de 1671 eût
restreint les prérogatives du haut-doyen, en supprimant la juridiction
qu’il exerçait auparavant sur les paroisses de sa dépendance,
jusqu’au sein de la ville épiscopale, ce dignitaire était
encore, au XVIIIe siècle, un personnage très-marquant. Placé
à la tête du chapitre — caput capituli, — seigneur et baron
de la Ferrière-au-Doyen, chanoine de la Ferrière-Duval,
patron ou collateur d’un grand nombre de cures et de plusieurs [p.264] chapelles, il était encore curé
de la Cathédrale, et en remplissait les fonctions auprès
des chanoines et des officiers attachés au service de l’église;
sa dignité était considérée comme une prélature;
elle obligeait le titulaire à la résidence. Le doyen habitait,
en face de la Cathédrale, l’hôtel qui sert aujourd’hui de
palais à l’évèque.
Pendant l’épiscopat de Mgr de Nesmond,
cette dignité fut portée par MM. de Longaunay, de Choisy
et de Pibrac. […] [p.277]
[…] M.
de Pibrac.
Au bout de deux ans
et demi, M. de Choisy résigna le doyenné à M. Dufaur
de Pibrac, originaire de Toulouse, abbé de Saint-Mesmin, et maître
de musique à la chapelle du duc d’Orléans. […]
|
*Plus tard curé de Bouville (note de Forteau).
|
[p.278] CHAPITRE
XVIII.
Vacance du siège. — Prétentions
des chanoines du Sépulcre. — Nomination de Mgr de la Tremoille.
— II est transféré à l’archevêché de Cambrai.
— Lettre des Oratoriens à M. de Pibrac.—Attitude de l’université.
— Mandement publié au nom du chapitre par M. Hue de Launey. — Appel
de l’université.— Lettre de M. Hue de Launey aux nouveaux convertis.
— Disgrâce de M. de Launey. — Sa mort.
Vacance du siège
Pendant la vacance du siège, la
juridiction spirituelle et temporelle étant dévolue au chapitre,
ses officiers gouvernaient le diocèse jusqu’à la clôture
de la régale. Après la mort de Mgr de Nesmond, il désigna
pour vicaires-généraux MM. de Pibrac, doyen; de Grainville,
chantre; de Launey-Hue, trésorier; Néel, archidiacre des
Vez; de Fontaines, chanoine de Vaucelles. Le seul incident qui ait signalé
leur admmistration, fut une question de prééminence. […] [p.280] […]
Nomination de Mge de la Tremoille.
Au commencement de l’année 1716,
on apprit que Mgr de la Tremoille venait d’être promu a l’évêché
de Bayeux. Joseph-Emmanuel de la Tremoille ou Trimouille, fils de Louis
de la Tremoille, duc de Noirmoutier, nommé cardinal en 1706, et
abbé de Saint-Etienne de Caen en 1710, ne visita jamais ni son
abbaye ni son évêché. Retenu à Rome par ses
fonctions d’ambassadeur, il chargea l’abbé de Pibrac de le représenter
auprès du chapitre, et choisit pour grands-vicaires tous ceux que
le chapitre avait désignés au commencement de la vacance.
Le 13 novembre 1716, M. de Pibrac prit possession de l’évêché
au nom de Son Éminence. On le conduisit successivement à
l’autel, à la chaire épiscopale, au palais, à l’officialité.
Il avait pour cortège quatre dignitaires du chapitre, les greffiers,
deux témoins, le bailli, les gens du roi, six conseillers et plusieurs
gentilshommes. A la procession, il marcha derrière le célébrant;
pendant le Te Deum, on sonna toutes les cloches de la ville. L’année
suivante, MM. les vicaires-généraux invitèrent Mgr
Jacques de Matignon, ancien évêque de Condom, à conférer
les saints ordres. Une nouvelle vacance allait bientôt s’ouvrir.
Mgr de la Tremoille ayant été préconisé archevêque
de Cambrai au mois de juin 1718, le chapitre nomma, comme après
la mort de Mgr de Nesmond, cinq vicaires-généraux. Il renouvela
les pouvoirs de [p.281] MM. de Pibrac, de
Launey-Hue et Néel; MM. de Grainville et de Fontaines furent remplacés
par l’abbé Peschard, chancelier, et l’abbé Helyes, chanoine
d’Albray, tous les deux docteurs de Sorbonne, et qui avaient appelé
secrètement de la bulle Unigenitus.
Ces dispositions devenaient de jour en
jour plus communes. Déjà même des symptômes de
révolte s’étaient manifestés au sein de l’Oratoire
et dans une partie de l’université. Le 31 janvier 1717, le supérieur
de l’Oratoire et plusieurs membres de sa congrégation avaient écrit
à M. de Pibrac, pour lui exposer qu’ils n’avaient jamais accepté
la bulle, même extérieurement; que tout s’était borné
de leur part à une simple lecture. En conséquence, ils déclaraient
que la constitution n’avait point à leurs yeux le caractère
d’une décision dogmatique, et qu’ils attendraient le jugement
de l’Église, avant d’embrasser un parti sur ces questions. […] [p.282] […] Quatre évêques, ceux
de Mirepoix, de Senez, de Montpellier et de Boulogne appelèrent,
le 1er mars 1717, de la bulle Unigenitus au futur concile, et leur exemple
porta bientôt ses fruits. On signalait à chaque instant de
nouvelles défections, que les intrigants du parti affectaient de
supposer encore plus nombreuses. On disait, par exemple, que les grands-vicaires
de Bayeux étaient partisans de l’appel, et qu’ils ne tarderaient
pas à s’en expliquer. Ces rumeurs, bien qu’exagérées,
n’étaient pas sans quelque fondement. Vers le mois d’avril 1718,
le bruit s’étant répandu que l’abbé de Lorraine venait
d’être nommé par le régent à l’évêché
de Bayeux, MM. Helyes et Peschard ne firent plus mystère de leurs
sentiments, conformes à ceux du prélat; on les vit arborer
publiquement le drapeau du jansénisme et lui recruter des partisans.
Le chapitre essaya de neutraliser leur influence, en ajoutant deux grands-vicaires
aux cinq déjà nommés, et il fut décidé
que toutes les affaires seraient expédiées en commun.
MM. Helyes et Peschard appelèrent
de cette décision devant le parlement, y furent condamnés,
et ne prirent plus aucune part à l’administration du diocèse
jusqu’à la fin de la vacance. La position des grands-vicaires
orthodoxes était devenue fort délicate. De toutes parts
on leur demandait une manifestation; mais ils sentaient qu’une manifestation
à laquelle [p.283]
deux de leurs collègues refuseraient de participer,
allait faire éclater les dissensions dont ils gémissaient.
Enfin, apprenant qu’on abusait de leur silence pour tromper les faibles,
ils convoquèrent un du chapitre général, et publièrent
leur profession de foi. Elle parut sous forme de mandement, adressé,
au nom du chapitre, à tout le clergé séculier et
régulier du diocèse ; elle ne porte qu’une signature, celle
de l’abbé de Launey-Hue, président. Nous ignorons les motifs
de la préférence accordée à M. de Launey sur
M. de Pibrac. Rien ne nous autorise à l’interpréter comme
un acte de défiance à l’égard du vénérable
doyen; nous croyons volontiers que le choix du chapitre fut un hommage
rendu à la mémoire de Mgr de Nesmond, et à la haute
capacité de son ancien grand-vicaire. Pourquoi hésiterions-nous
à reconnaître tout ce que présentait d’insolite ce titre
de président, cette signature unique au bas d’un mandement capitulaire,
cette introduction tardive de deux nouveaux membres dans l’administration
diocésaine? On était en face d’une situation menaçante,
qui exigeait des mesures exceptionnelles. Si les règles canoniques
ne furent pas strictement observées, ce n’est pas aux grands-vicaires
orthodoxes qu’il faut en demander compte. […] [p.289] […]
|
|
CHAPITRE XIX.
Mgr de Lorraine est nommé à
l’évêché de Bayeux.— Conduite qu’il tient à
Paris. — Sa prise de possession. — […]
Mgr de Lorraine est nommé à
l’évêché de Bayeux.
François-Armand de Lorraine appartenait
à la branche de cette illustre maison désignée sous
le nom d’Armagnac. Il était fils de Louis de Lorraine, comte d’Armagnac,
de Charni, de Brionne, vicomte de Marsan, et de Catherine de Neufville-Villeroi,
fille [p.290] du duc de Villeroi, pair et
maréchal de Franc. Il était né le 13 février
1665. A l’âge de onze ans, en 1676, il fut nommé abbé
de Notre-Dame-des-Chastelliers; en 1686, abbé de Saint-Faron; en
1689, abbé de Royaumont. En 1688, dans sa vingt-troisième
année, il se fit recevoir docteur de Sorbonne. Il joignait à
tous ces titres celui de primat de l’église collégiale et
ducale de Nancy; mais Louis XIV, qui connaissait l’impétuosité
de son caractère et la hardiesse de ses opinions, refusa constamment
de lui confier l’administration d’un diocèse.
Ce fut sous la régence, au mois
de mars 1718, que les instances de sa famille le firent nommer à
l’évêché de Bayeux. Le pape, instruit de ses dispositions,
ne se pressa pas de lui expédier ses bulles. Enfin, il fut proposé
dans le consistoire du 18 septembre 1719, par le cardinal Ottoboni, et
sacré à Paris le 5 novembre de la même année,
par le cardinal de Noailles. Le mardi 30 octobre, l’abbé Peschard
avait pris possession de l’évêché au nom de Son Altesse.
Un tel choix n’était que trop significatif: il retentit comme une
menace au sein du chapitre et du clergé. L’abbé Beziers,
si réservé dans ses jugements , attribue la plus grande partie
des fautes de Mgr de Lorraine aux hommes qu’il investit de sa confiance,
et il place au premier rang M. Peschard. Son nom et celui de M. Helyes doivent
être associés à toutes les mesures violentes qui vont
inaugurer la nouvelle administration.
Conduite qu’il tient à Paris.
Le 13 mars 1720, trente évêques
approuvèrent à Paris un corps de doctrine, interprétatif
de la bulle [p.291] Unigenitus,
et rédigé en vue d’un accommodement. On y condamnait les
Réflexions morales de Quesnel, les cent-une propositions, avec les
mêmes qualifications que la bulle. On condamnait aussi les livres
faits contre elle. Mgr de Lorraine fut un de ceux qui apposèrent
leur signature à l’acte d’acceptation; mais il la retira presque
aussitôt. Il avait fait la première démarche pour être
agréable au régent, qui attachait un grand prix au succès
des négociations; la seconde lui fut arrachée par le parti
au service duquel il avait eu le malheur de mettre son nom et son influence.
Nous plaçons ici, faute d’en connaître
la date précise, l’ordination de plusieurs hollandais que Mgr
de Lorraine fit à Paris en 1720 et en 1721, au grand mécontentement
du souverain pontife. Depuis 1710, il n’y avait point d’évêque
en Hollande: le pape en avait confié le gouvernement spirituel
à ses nonces de Cologne et de Bruxelles; mais le clergé
janséniste ne reconnaissait que les grands-vicaires nommés
par le chapitre d’Utrecht, qui avait appelé de la bulle en 1719.
Celui-ci prétendait avoir droit de gouverner pendant la vacance
du siège; il nommait des pasteurs,
donnait des dimissoires aux jeunes étudiants, et les envoyait
se faire ordonner en France. Il n’y eut que trois évêques
qui osèrent prêter leur ministère à de pareilles
ordinations: celui de Senez, celui de Blois et celui de Bayeux. […] [p.293] […]
Bornons-nous à constater que, dédaignant
la pieuse coutume qui avait conduit ses prédécesseurs à
Notre-Dame-de-la-Délivrande, il arriva en chaise de poste au palais
épiscopal, le 20 mars 1720, vers une heure après midi.
Il n’y eut ce jour-là ni entrée solennelle ni prise de possession.
Quatre dignitaires du chapitre, et quatre des plus anciens chanoines
allèrent le complimenter. Les corps de justice, la maison de ville,
la noblesse, les bourgeois en armes se présentèrent à
leur tour; on tira le canon du château; une des pièces éclata,
et quatre jeunes gens furent tués sur les remparts.
Le 23, eut lieu la prise de possession.
Après la récitation des petites heures, le clergé
séculier et régulier se rendit en silence à Saint-Sauveur,
où il était attendu par l’évêque. Les quatre
premiers dignitaires le revêtirent de ses habits pontificaux; M.
le doyen lui présenta la crosse, et le complimenta au nom du chapitre;
Monseigneur répondit en peu de mots; on revint ensuite à
la Cathédrale par la rue Saint-Malo. Avant de franchir la porte
d’entrée, l’évêque jura, la main sur le livre des
Évangiles, de respecter les immunités de son Eglise. Puis
il alla [p.294] baiser l’autel, où il
déposa «dix louis d’or valant six cents francs.» Conduit
à la chaire pontificale par les quatre dignitaires, il y entonna
le Te Deum, après quoi il pontifia. L’abbé Beziers, aux manuscrits
duquel nous empruntons ces détails, parle du beau luminaire dont
Mgr de Lorraine avait fait présent à la Cathédrale;
il cite, entre autres, le cierge de cire blanche d’une livre, qui était
celui de l’évêque, et ceux des couronnes pesant chacun un
quarteron.
Pour ne rien omettre de ce qui nous est
raconté par les contemporains, disons encore qu’un poisson
monstrueux fut offert à Monseigneur, au sortir de la messe, par
un matelot qui jouait de la loure; qu’il y eut un beau feu d’artifice sur
les remparts de l’évêché, et que Monseigneur fit distribuer
aux pauvres une somme d’argent considérable.
Je ne citerai rien des chants poétiques
dédiés à Mgr de Lorraine à son arrivée
parmi nous. Peut-être devrais-je faire remarquer que la flatterie
ne lui fut point épargnée. Il appartenait à une famille
des plus illustres, et, quand il voulait être agréable,
il exerçait, sur ceux qui l’entouraient, une séduction presque
[p.295]. Voilà le
thème des éloges qui lui furent prodigués; ils allaient
bientôt faire place aux accusations les plus graves. […]
|
*Au sujet et des actes de l’abbé Périer à
l’Assemblée nationale. «Les trois Etats du Bailliage
d’Etampes, aux Etats-généraux» par MM. Legrand
et Marquis (Note de Forteau).
|
|
Abbé Jacques (Camille-Jacques) LAFFETAY
(chanoine de Bayeux, dicteur ès-lettres), Histoire du diocèse
de Bayeux, XVIIe et XVIIIe siècle [in-8°; XCIX+335+87
p.; pièces justificatives], Bayeux, A. Delarue, 1855, pp. 263-295.
|
ANNEXE 5
Sur la famille
de La Myrrhe La Motte
selon Jacques Laffetay (1855) et d’autres sources
Nous donnons ici
telles quelles quelques données éparses sur la noble famille
de La Mothe La Myre, trouvées de ci de là. Je n’ai pas pu établir
pour l’instant la généalogie de notre curé, mais il
est clair qu’il appartenait à cette famille. Merci à toute
personne qui pourrait nous éclairer davantage sur cette question.
LA MYRE. Ancienne maison de Picardie, originaire de Guienne. Elle était
en possession de la baronnie d’Hangest et de Davenescourt en Santerre,
et a fourni des officiers distingués à nos armées.
Gabriel de la Myre commandait la ville et la citadelle de Pignerot en 1680;
Antoine de la Myre, comte de La Mothe, était en 1710 lieutenant
du roi au gouvernement de Péronne, Montdidier et Roye. Son fils,
François-Melchior, comte de la Myre, fut lieutenant du roi en Picardie.
André-Jérôme de La Myre est mort maréchal-de-camp.
Cette famille comte encore des représentants en Picardie, en Normandie
et à Paris. Alliances avec les maisons de Cardevac d’Havrincourt,
Folleville, La Ferté, Runes, etc. Armes: d’azur, à trois aiglettes
au vol abaissé d’or, becquées, membrées et diadémées
de gueules. |
Paul André ROGER (1812-1894)
[dir.], Hyacinthe DUSEVEL (1796-1881), Gustave de HAUTECLOCQUE, Louis d’ALLONVILLE
[collaborateurs], «La Myre», in ID., Bibliothèque
historique, monumentale, ecclésiastique et littéraire de la
Picardie et de l’Artois, publiée par M. P. Roger, membre de la Société
des Antiquaires de Picardie, avec la collaboration de M. le Comte d’Allonville,
conseiller d’État, ancien Préfet de la Somme; de M. le Baron
de Hauteclocque, ancien Maire d’Arras; et de M. H. Dusevel, Inspecteur
des Monuments historiques de la Somme [26 cm; 368 p.], Amiens, Duval
et Herment, 1844, p. 296 [dont une saisie numérique mise en ligne
par Google].
Pot-pourri complémentaire
1)
Gabriel la Mothe-la Myre, ingénieur en chef, a dirigé
de 1662 à 1666 , avec Pierre de Chastillon (intendant des fortifications
pour la Flandre) la construction de la citadelle de Dunkerke, qui sera
remaniée par Vauban entre (Notice de l’Inventaire général
rédigée par Sophie Meullenet en 1987). En 1676 et 1677
il a visité le Roussilllon pour le défendre contre une offensive
espagnole (cf. Alain Ayats, «Louis XIV et les Pyrénées
catalanes de 1659 à 1681
Frontière politique et frontières militaires», http://pagesperso-orange.fr/editions.trabucaire/francais/ayats.htm,
en ligne en 2008), commencé les travaux de la citadelle de Bellegarde,
qui seront aussi terminés par Vauban. Il succède à
Saint-Hillaire comme directeur des fortifications du Roussillon en 1678
(cf. Chris Jones of Altofts, «The Fortress of Bellegarde - Roussillon»,
in ID., Marshal Vauban Website, http://www.geocities.com/Pentagon/6750/bllgde.html,
1998, en ligne en 2008). Il “rend de très grands services au siège
de Puycerda” (Gazette de France du 14 juin 1678).
2) Un comte de la Mothe-la-Myre, lieutenant
du Roi au pays de Vermandois & de Thiérache (cf. son fils qui
suit).
3) François-Jean de la Myre, comte
de Mory, ci-devant chevalier de Malte, fils du comte de la Mothe-la-Myre,
lieutenant de Roi au pays de Vermandois & de Thiérache, &
de dame Marc de la Ferté, épouse le 14 (1753) mademoiselle
Marie-Anne-Thérèse de Chamborant, fille du comte de la Clavière,
lieutenant-général des armées du roi, gouverneur de
Montmédy & gouverneur du comte de la Marche, & de Marie-Anne
Moret de Bournonville (Gazette de France du 19 mai 1753). Le grand-maître
de Malte accorde au comte de Mory la permission de porter la croix de l’ordre,
même étant marié (26 mai) [Mêmes informations dans
le Mercure de France de juin 1753, qui précise que la bénédiction
nuptiale fut donnée par l’évêque de Perpignan]. — Le
comte de la Myre prête serment entre les mains du Roi de la province
de Picardie que le feu comte de la Motte-la-Myre son père avoit possédée
(Gazette de France du 1er janvier 1757).
4) Mlle Geneviève Alexandrine de La Mothe
La Myre Davenescourt, le 17 juin 1753, achète pour 100.000 livres
la seigneurie de Congis-sur-Thérouanne (Seine-et-Marne, et la transmet
8 ans à son parent François-Jean de La Myre, Chevalier,
comte d’Honneinghem, mestre de camp de cavalerie, capitaine des gardes
du prince de Conti. Et à sa dame Marie-Anne Thérèse
de Chamborant, son épouse. Ce dernier y commence en 1775 la construction
du château du Gué, qui existe toujours, et où il meurt
le 18 brumaire an X, laissant le château à...
5) son fils André-Jérome
de La Myre-Mory, qui passe le 18 septembre 1807 au fils de celui-ci,
6) Anne-Auguste-Jacques comte de La Myre-Mory
(capitaine au 3ème régiment de la garde royale). Ce dernier
se retire en Guyenne, et le château est vendu en 1834 à un
meunier du pays.
10) Le comte Robert de La Myre-Mory (1898-1940),
issu d’une famille de la noblesse picarde établie dans le Lot-et-Garonne,
est un homme politique français né le 4 mars 1898 à
Port-au-Prince (Haïti) et mort pour la France le 10 juin 1940 à
Voncq, dans les Ardennes (cf. Wikipédia, http://fr.wikipedia.org/wiki/Robert_de_La_Myre_Mory).
|
|
Source
du texte: Archives départementales
du Cher, consultées en 2007.
|