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Des choses
memorables arrivées à Estampes,
sous le Regne de Philippe Premier, & Louis VI. surnommé le Gros. |
Contrairement
à ce que son titre pourrait laisser penser, ce chapitre ne traite
que du règne de Philippe Ier, période à la fin de
laquelle le Prince Louis, associé au trône, joua un rôle
militaire important. Le règne propre de Louis VI sera traité
dans la deuxième partie du chapitre suivant, lui aussi assez mal
intitulé: De la franchise de Chalo Saint-Mard, et que nous
découperons pour cette raison en deux pages. Fleureau n’aime pas Philippe Ier. Sa source principale, la Vie de Vie Louis le Gros, par Suger, abbé de Saint-Denis, en donnait déjà un portrait peu favorable. Mais le Barnabite force ici le trait et manque nettement de rigueur. Il est visiblement dans la lignée d’une certaine historiographie d’inspiration biblique, où chaque règne doit constituer une leçon de morale, soit que tel roi soit agréable à Dieu, ou qu’il lui fasse horreur. La saisie des textes anciens est une tâche fastidieuse et méritoire. Merci de ne pas décourager ceux qui s’y attellent en les pillant sans les citer. |
PREMIÈRE PARTIE, CHAPITRE XXIII.
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NOTES (Bernard Gineste, novembre
2005)
Depuis l’an
1060. jusques 1137. Il y là une erreur de l’éditeur posthume, parce que le chapitre
tel qu’il est découpé
ne traite que du règne de Philippe Ier, qui mourut en 1108.
Berthe.
Berthe dite de Hollande, née 1055, mariée à Philippe
Ier en 1072, morte en 1094.
Bertrade de Monfort. Fille de Simon de Montfort et d’Agnès d’Évreux, sœur d’Amaury III de Montfort, née vers 1070. Foulques IV d’Anjou la remarque en 1089, répudie sa deuxième épouse et l’épouse en troisièmes noces, d’où un fils, Foulques V, qui sera roi de Jérusalem. Elle séduit ensuite, en 1091, Philippe Ier, qui l’épouse alors qu’ils ont tous deux des conjoints encore vivants. Ils sont excommuniés en 1095 par Urbain II et Philippe Ier exclu de la première croisade. Fouques Rechin ou l’Aspre, Comte d’Anjou... mourut... de déplaisir. Ailleurs, Fleureau traduit autrement Rechin, p. 563: Foulques, dit Rechin, ou le Rude, Comte d’Anjou. D’autres historiens portent le Hargneux. Mourut bien-tost aprés de déplaisir. Fleureau ici fabule et n’a pas lu Suger très attentivement. Foulques resta en réalité en très bons termes avec Philippe, ainsi qu’avec Bertrade, même après la mort de Philippe Ier, selon Suger lui-même qui en est fort étonné et songe à un sortilège: «Il la respectait comme sa Dame» (tamquam dominam veneratur). Waquet ajoute même, d’après Louis Halphen (Le Comté d’Anjou au XIe siècle, p. 171 et n.3), ce détail qui aggrave l’erreur de Fleureau: «Philippe Ier et Bertrade furent reçus par Foulques lui-même à Angers avec beaucoup d’honneurs le 10 octobre 1106»; c’est-à-dire quinze ans après l’enlèvement dont nous parle Fleureau. Et voici pour finir ce qu’était en réalité le premier mari de Bertrade, selon Henri Waquet (Vie de Louis le Gros, 1929, p. 124): «Né le 14 avril 1043, il était beaucoup plus âgé que Bertrade, qu’il avait épousé en troisième noce. Il mourut en 1109, laissant une réputation détestable: ‘ivrogne, débauché, paresseux’ (Chroniques des comtes d’Anjou, éd. Halphen et Poupardin, p. 169)». Quant à Bertrade, elle finit par prendre le voile à l’abbaye de Fontevraud où elle donna encore jeune des marques de piété qui firent l’admiration de Guillaume de Malmesbury. Philippe et Fleury. Fleureau ici aussi force le trait, d’une manière assez peu sympathique à un esprit moderne, et qui frappe surtout son côté archaïque et simpliste. On n’a guère de données il est vrai sur Fleury, qui s’appelait plutôt d’ailleurs Floire, en latin Florus. On lit çà et là qu’il fut fut seigneur de Nangis et père d’Élisabeth (Isabelle) de Nangis (née vers 1118 et mariée vers 1136 à Anseau de Vénisy) et donc grand-père d’Adelais de Vénisy, etc.; mais je ne sais pas pour l’heure s’il s’agit d’un fait avéré ou de l’hypothèse gratuite d’un généalogiste, comme dans le cas de sa prétendue sœur Eustache (Voyez infra). Nous sommes mieux renseigné sur Philippe de Mantes, notamment par Suger. Son père le maria en 1104 à Élisabeth de Montlhéry, fille de Guy Trousseau et petite-fille de Milon de Montlhéry; il fut fait à cette occasion, avec l’accord du futur Louis VI, seigneur de Mantes autant que de Montlhéry. A la mort de Philippe Ier, sur le conseil d’Yves de Chartres, on précipita le sacre de Louis VI pour parer aux prétendues velléites d’une caballe qui aurait voulu mettre son demi-frère sur le trône; dès l’année suivante, Louis assiègea Philippe dans Mantes, qu’il lui retira, avant d’aller prendre Montlhéry, qui était tenue par un affidé de Bertrade, Hugues de Crécy. Ce n’est donc pas tant Dieu que Louis VI lui-même qui paraît avoir pris soin d’éliminer son beau-frère, au moins politiquement parlant. Cecile.. Tancrede... Bertrand... Guillaume de Tyr... Fleureau dépend ici de l’Histoire des croisades par Guillaume de Tyr, qu’il connaît sans doute par l’édition qu’en avait donnée Jacques Bongars en 1611. Il utilisera cette source encore dans ses «Remarques sur la Cronique de l’Abbaye de Moigny», pp. 562-563. Nous donnons en annexe la traduction des passages considérés par Guizot. Voyez notre bibliographie. Belle-forest. Les Annales de Belleforest (1530-1583), ouvrage singulièrement dépourvu d’exprit critique, avaient connu une édition en 1629. Voyez notre bibliographie. Eustache... mariée à Jean. L’idée que qu’Eustache (ou Eustachie) de Corbeil, épouse de Jean d’Étampes, aurait été une fille de Philippe Ier est une erreur de généalogiste qui se perpétue encore de nos jours dans les génélaogies non critiques qui fleurissent sur Internet en se recopiant l’une l’autre indéfiniment. Fleureau fera plus loin justice de la très suprenant légende de Jean d’Étampes, au chapitre XXVIII, pp. 120-121. J’ay cy-devant remarqué, qu’il n’y a point eu de Comte... A la fin du chapitre XVI. Nous verrons en traitant de l’Abbaye de Morigny... Dans la troisième partie de l’ouvrage, pages 473 et suivantes: mais Fleureau n’y reviendra pas expressément sur cette question. L’Abbé
Sugger raconte... Dans sa Vie de Louis le Gros, que
Fleureau connaît par l’édition des Duchesne, parue en 1641.
Voir notre bibliographie.
Les exterminer. Le mot semble avoir ici son sens originel de chasser ou de déloger plutôt que celui que de tuer massivement. Un Hercule dompteur des monstres de l’Etat. Je n’ai pas trouvé pour l’heure quel est le premier auteur de cette métaphore qui paraît ancienne puisque d’autres auteurs que Fleureau l’appliquent à Louis VI. Les Berruiers. Les Berrichons. Le petit Tyran. Ce vocable est emprunté à Suger qui qualifie ainsi plusieurs des grands seigneurs matés ou combattus par le Prince Louis. Toute critique ou contribution
sera la bienvenue. Any criticism or contribution welcome.
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ANNEXE 1
PASSAGES DE GUILLAUME DE TYR ALLÉGUÉS PAR FLEUREAU (dans
la traduction Guizot de 1824)
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ANNEXE 2
(texte et traduction de 1929 par
Henri Waquet)PASSAGE DE LA VIE DE LOUIS LE GROS PAR SUGER RÉSUMÉ PAR FLEUREAU
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Éditions Réédition en fac-similé: Dom Basile FLEUREAU, Les Antiquitez de la ville, et du Duché d’Estampes avec l’histoire de l’abbaye de Morigny et plusieurs remarques considerables, qui regardent l’Histoire generale de France [23 cm sur 16; XIV+622+VIII p.], Marseille, Lafittes reprints, 1997. Réédition numérique en ligne (en cours depuis 2001): Bernard GINESTE [éd.], «Dom Fleureau: Les Antiquitez d’Estampes (1668)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/index-fleureau.html, 2001-2011. Ce chapitre: Bernard GINESTE [éd.], «Dom Fleureau: Les Antiquitez d’Estampes (1668)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/index-fleureau.html, 2001-2005. Guillaume de Tyr: éditions et
traductions antérieures à Fleureau
Nombreux manuscrits. Vieille version française manuscrite dont la BN conserve 18 exemplaires manuscrits, selon Guizot. Première édition: PHILIBERTUS POYSSENOTUS (Philippert POYSSENOT de Dôle) [éd.], GULIELMUS TYRIUS (GUILLAUME DE TYR, vers 1130-1186) [auteur], Belli sacri historia, libris XXIII comprehensa, de Hierosolyma ac terra promissionis... per... principes christianos recuperata... narrationis serie usque ad regnum Balduini quarti... Opus... Philiberti Poyssenoti opera in lucem editum, Gulielmo Tyrio,... autore... [in-f°], Basileae [Bâle], J. Oporinum, 1549. Deuxième édition: Heinrich PANTALEON [2e éd.], PHILIBERTUS POYSSENOTUS (Philippert POYSSENOT de Dôle) [2e éd.], GULIELMUS TYRIUS (GUILLAUME DE TYR, vers 1130-1186) & JOANNES HEROLD [continuateur de Guillaume de Tyr], Belli sacri historia, libris XXIII comprehensa, de Hierosolyma ac terra promissionis... per... principes christianos recuperata... narrationis serie usque ad regnum Balduini quarti... [a Joanne Herold continuata]. Opus... Philiberti Poyssenoti opera in lucem editum, Gulielmo Tyrio,... autore... [2 parties en 1 vol. in-f°; la 2e partie a pour titre particulier: «De Bello sacro continuatae historiae libri VI p. c. Johanne Herold authore. Adjecimus de Expugnatione urbis Ptolemaidos Monachi,... archiepiscopi Acconensis rythmum. Insuper etiam de Sarracenis profligatis ab Alphonso X... rescriptum, cum epistola procerum eorum, quorum opera... Albigenses haeretici deleti fuerunt»], Basileae [Bâle], per N. Brylingerum et J. Oporinum, 1549-1560. Autre édition, Basileae, apud N. Brylingerum, 1560-1564. Giuseppe OROLOGGI (1520-1576) [traducteur], Historia della guerra sacra die Gierusalemme... raccolta... da Guglielmo, arcivescovo di Tiro,... tradotta in lingua italiana da M. Gioseppe Horologgi... [in-4°; 703 p.; table], Venetia, V. Valgrisi, 1562. Gabriel DU PRÉAU (1511-1588) [traducteur], Johann HEROLD Basilius & GUILLAUME DE TYR, Histoire de la guerre saincte, dite proprement la Franciade orientale contenant ce que les françois et autres princes occidentaux ont heureusement exécuté contre les turcs, sarrasins pour le recouvrement de la Ste Cité &c faite latine par Guillaume, archevesque de Tyr,... [et par J. Herold], traduite en françois par Gabriel Du Préau [in-f°; pièces liminaires; 688 p.; table; le livre XXIII est la traduction du livre Ier de la suite publiée par Johann Herold], Paris, Nicolas Chesneau, 1573. Autres éditions: Paris, Nicolas Chesneau, 1573. Paris, R. Le Mangnier, 1574 [«édition pleine d efautes et maintenant illisible», dit Guizot dans la préface de sa traduction]. Thomas BAGLIONI [traducteur], autre version italienne [in-4°], Venise, 1610 [selon Guizot]. Troisième édition: Jacobus BONGARSIUS (Jacques BONGARS, 1546-1612), Gesta Dei per Francos, sive orientalium expeditionum et regni Francorum hierosolymitani historia, à variis, sed illius aevi scriptoribus litteris commendata, nunc primum aut editis, aut ad libros veteres emendatis (Edidit J. Bongars) [2 tomes en 1 vol. in-f°; t.1: «orientalis historiae tomus primus»; t.2: «Liber secretorum fidelium crucis super Terrae Sanctae recuperatione et conservatione... cujus auctor Marinus Sanutus, dictus Torsellus (Marino Sanudo Torsello), patricius Venetus... ex mss. veteribus editus»], Hanoviae, heredes J. Aubrii, 1611 [Réédition: 1614], t. 2 [source de la traduction de Guizot]. Yvo DUCHATIUS [éd.], Yvonis Duchatii,... belli sacri a Francis aliisque christianis adversus barbaros gesti pro sepulchro et Judaea recuperandis narrationes quatuor, ex latinis Guilelmi Tyri,... sed maxime Benedicti de Acoltis,... excerptae [in-8°; pièces liminaires; 411 p.], Parisiis [Paris], apud P. Petit-Pas, 1628. Belle-Forest
François de BELLE-FOREST (ou BELLEFOREST, 1530-1583), Les Grandes Annales et Histoire générale de France, depuis la venue générale des Francs en Gaule, jusqu’au règne du roi Henri III [in-f°], Paris, 1629 [c’est probablement l’édition connue de FLEUREAU, qui écrit vers 1668]. La Vie de Louis VI le Gros par
Suger: édition de Duchesne utilisée par Fleureau
Andreas DU CHESNE (alias André DUCHESNE, DUCHÊNE, CHESNIUS, DUCHESNIUS, QUERNEUS, QUERCETANUS, 1584-1640; surnommé le Père de l’Histoire française) [éd.] & Fransciscus DU CHESNE (François, son fils & continuateur, 1616-1693) [Duchesne envisageait un recueil de 34 volumes mais la mort l’arrêta avant que ne parût le 3e; son fils alla jusqu’au tome 5; l’ensemble fut ensuite entièrement recommencé par Dom Bouquet et les Mauristes], Historiae Francorum scriptores coaetanei... quorum plurimi nunc primum ex variis codicibus mss. in lucem prodeunt, alii verò auctiores et emendatiores; cum epistolis regum, reginarum, pontificum, ducum, comitum, abbatum et aliis veteribus rerum Francicarum monumentis opera ac studio Andreae Du Chesne [tom. I-II; «Auteurs de l’Histoire des Francs contemporains des faits… dont la plupart sont édités pour la première fois à partir de divers ouvrages manuscrits, tandis que les autres le sont plus au long et plus correctement; avec les lettres des rois, des reines, des évêques, des ducs, des comtes, des abbés et les autres anciens monuments des affaires de la France, par les soins et le travail d’André Duchesne»] — Historiae, etc., opera ac studio filii post patrem Francisci Du Chesne [tom. III-V] [5 vol. in-f°; «Auteurs, etc., par les soins et le travail du fils d’André Duchesne, François, après la mort de son père»], Lutetiae Parisiorum [Paris], sumptibus S. Cramoisy [Sébastien Cramoisy], 1636-1649, tome IV (1641), pp. 292-293. Henri WAQUET (archiviste du département du Finistère) [éd.], Suger. Vie de Louis le Gros, éditée et traduite [XXVII+332 p.; texte latin et version française en regard; index; bibliographie pp. XXIV-XXVII], Paris, Les Belles Lettres [«Les Classiques de l’Histoire de France»], 1929. Réédition, 1964. Sur le règne de Philippe Ier.
Augustin
FLICHE (1884-1951) [historien, spécialiste d’histoire ecclésiastique,
membre de l’Institut, Académie des Inscriptions et belles-lettres
(1941)], Le Règne de Philippe Ier, roi de France (1060-1108).
Thèse pour le doctorat ès lettres présentée
à la Faculté des lettres de l’Université de Paris
[in-8°; XXIII+600 p.; bibliographie pp. VII-XXIII; index], Paris,
Société française d’imprimerie et de librairie,
1912.
Réimpression: Genève, Slatkine & Megariotis & Paris, Champion, 1975. Toute critique, correction ou contribution sera la bienvenue. Any criticism or contribution welcome. |
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