Les Antiquitez de la Ville
et du Duché d’Estampes
Paris, Coignard, 1683
Chapitre IX., p. 16
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La Tour de Brunehaut
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PREMIÈRE PARTIE, CHAPITRE IX.
La Tour de Brunehaut.
ON voit encore aujourd’huy, au bout de la plaine des Sablons,
sur le bord des prez, des restes d’un vieil bâtiment, & d’une
Tour, dite communement la Tour de Brunehaut, ayeule des Rois Theodebert,
& Theodoric: Et la tradition du païs porte, que cette Reine
a possedé ce lieu-là, & s’y est beaucoup pleut [sic], à cause
de son agreable situation; car d’un côté il a la prairie, &
de l’autre il avoit les bois, où il n’y a plus aujourd’huy qu’une
plaine, nommée la Varenne, c’est-à-dire la Garenne, par le
changement de G. en V. anciennement en usage, & fort commun; mais on
ne sçait pas à la verité si c’est elle qui l’a fait
bâtir. Il y a deux conjectures qui peuvent faire croire qu’elle a esté
bâtie par les Romains. La premiere, la façon de la structure
de ce qui reste aujourd’huy: Et la seconde, quantité de monnoyes des
Anciens Empereurs Romains, que l’on trouva, il y a peu d’années,
en foüillant dans ces ruines, lesquelles n’avoient plus cours en France,
long-temps avant cette Reine: parce que nos Anciens Rois n’eurent pas plûtost
chassé les Romains des Gaules, qu’il ne souffrirent plus qu’il y
restât des marques de leur domination, telle qu’est celle de la monnoye,
et en firent battre à leur coing, pour preuve de leur Souveraineté.
Et les Historiens remarquent que dés le temps de l’Empereur Justinien,
qui commença à regner l’an de nôtre Seigneur 527.
ils faisaient battre de la monnoye d’or à leur coing, ce que
pas un autre Roy n’avoit osé entreprendre; non pas même
celuy de Perse, nonobstant le debris de l’Empire Romain.
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