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François Pompon
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Le Sanglier dans
les mondes celtique et médiéval
Il est clair que si le sanglier est fréquemment utilisé pour les enseignes militaires, c’est parce qu’il symbolise tout naturellement l’impétuosité guerrière, la force et le courage, vertus majeures des combattants intrépides. Mais simultanément, symbolisant la charge guerrière qui débouche sur la mort, d’un côté ou de l’autre, il est à la frontière des deux mondes. On a retrouvé plusieurs statues gauloises représentant des sangliers. Nous noterons surtout le bas relief qu’on trouve sur la face antérieure d’une statue trouvée à Euffigneix en Haute-Marne, parce que les auteurs de l’Art Gaulois (paru aux éditions du Zodiaque en 1964) font remarquer (p.93 que la forme de cette statue évoque celle d’une statue-menhir. Pompon, en tamps que sculpteur animalier, dans sa recherches des lignes simples et épurées, s’est certainement inspiré de l’art japonais, comme le note Cécile Rivière. Mais il s’est aussi certainement intéressé à l’art gaulois, également très épuré, et aux trois célèbres sangliers de bronze du trésor de Neuvy-en-Sullias conservé au Musée historique de l’Orléanais (et dont deux au moins sont des restes d’enseignes militaires), dont celui que l’on voit ci-contre à gauche, encore plus épuré et audacieux que celui de Pompon qui est conservé au Musée de Dijon (ci-dessous à droite). Au Moyen Age, le sanglier reste une figure importante et ambiguë. Il est intéressant de noter que la Chronique de Morigny, au début du XIIe siècle encore, lorsqu’elle rapporte comment le fils de aîné de Louis VI et son héritier désigné fut tué accidentellement par un porc errant qui s’était pris dans les pattes de son cheval, avant de disparaître mystérieusement, appelle encore cet animal un porc diabolique. Vers la même époque, par coïcidence, le nom Evrard (porté par l’ancien seigneur de la terre de Morigny) perpétue, sans qu’on s’en souvienne, l’ancien anthroponyme germanique Eberhardt, “Sanglier courageux”. Le sanglier est fort représenté aussi dans l’héraldique sous différentes formes: sanglier, hure de sanglier, sanglier rampant, sanglier passant, sanglier sautant, et surtout: sanglier courant. P. MANTELLIER, Mémoire sur les Bronze antiques de Neuvy-en-Sullias, cité par Jean-François BRADU (professeur d’Histoire géographie), “Les sangliers de Neuvy”, in Site personnel, http://jfbradu.free.fr/celtes/tresor-neuvy/les-sangliers.htm, en ligne en 2007. |
François Pompon
En fait Pompon est connu internationalement depuis 1922, et n’a pas besoin de Thubert ni de son équipe: ce serait plutôt le contraire, et ce n’est pas pour rien que la face qu’on lui réserve est la plus visible: c’est l’une des deux grandes faces externes de l’ensemble monumental; l’autre est réservée à Ossine Zadkine, un autre grand nom du moment. François Pompon est né à Saulieu, près de Dijon et mort à Paris. Son père était menuisier-ébéniste. Pompon a été apprenti tailleur de pierre chez un marbrier à Dijon. Il a ensuite été l’élève de Pierre Louis Rouillard à l’École des Arts décoratifs en 1870. Ses premières œuvres exposées (lors du Salon des portraits de 1879) sont des bustes. Tout au long de sa vie, il a été praticien pour d’autres sculpteurs dont Dampt en 1885, Antonin Mercié en 1888 et Alexandre Falguière en 1890. Il a aussi travaillé avec Auguste Rodin et Camille Claudel de 1890 à 1895. Il a ensuite secondé René de Saint-Marceaux jusqu’en 1914. A partir de 1905, il s’oriente défintivement vers la simplification des formes en ce qui concerne ses sculptures personnelles. Il lisse les surfaces sensibles et débarrasse ses représentations animales de toutes fioritures. L’Ours apparut qu’il expose au Salon d’automne de 1922 fait sensation par sa nouveauté. Pompon connaît dès lors dix ans de gloire internationale: il est exposé au Japon, au Brésil, aux États-Unis. Le
thème du Porc, du Goret et la Truie chez Pompon
On notera que Pompon n’a pas ici choisi le sanglier par hasard, car c’est un animal qui l’a visiblement intéressé. Il a en effet au moins produit une Truie allaitant (ci-contre à droite), et une Truie de plâtre, dont nous donnons une photographie ci-contre à gauche. Un site mercantile, Art Price, signale des ventes sur lesquelles, malheureusement, on ne peut avoir des données supplémentaires que moyennant finances: Truie, bronze de 11 cm daté de 1918 (vente du 7 décembre 1996); Truie, bronze de 11 cm sur 21 daté entre 1908 et 1925 (25 novembre 2003); Truie, bronze de 10 cm daté de 1929 (31 mars 1996). Goret, bronze 11 cm sur 16 et sur 5 daté de 1921 (9 décembre 1996 puis 9 juin 2001) Le
thème du Sanglier chez Pompon
Mais surtout, en cette même année 1925, il a produit un Sanglier de bronze, actuellement conservé au Musée François Pompon de Saulieu. Il existe aussi un bronze de même sujet au Musée des Beaux-Arts de Dijon, qui doit être le même, et dater de la même année 1925, car il présente le même dessin que le Bas-Relief d'Étampes. Voyez ci-contre. Par ailleurs le site Art Price dont je viens de parler mentionne aussi des ventes de Sanglier: un Sanglier de plâtre de 13 cm sur 34,5 (vente du 1er avril 2001), et surtout un Sanglier courant, bronze non daté de 22 cm (vente du 25 mars 1994). Mentionnons enfin comme particièrement intéressant, Le Sanglier courant, crayon de 16 cm sur 31 (vente du 6 juin 1999). Il semble donc que Pompon ait traité le thème du Sanglier à la fois au crayon, en plâtre, en bronze, dans le même temps où il a donné ce Bas-Relief à la Douce France. Merci à toute personne qui pourrait nous communiquer des images de ces Sangliers de Pompon, spécialement de ses Sangliers courants, qu’il importerait de comparer à celui d’Étampes. Toute critique, correction ou contribution sera la bienvenue. Any criticism or contribution welcome. |
Roger BRIELLE (1899-1960), Pompon: 24 phototypies [in-4°; 4 p.; planches], Paris, Librairie de France F. Sant’ Andrea [«Les albums d’art Druet» 26], 1930. MUSÉE DES BEAUX-ARTS DE DIJON, François Pompon, sculpteur animalier bourguignon. Musée des beaux-arts de Dijon. 1964 [18 cm; 36 p. ; planches ; préface de Pierre Quarré], Dijon, Musée des beaux-arts, 1964. Jean DUPONT, Les Œuvres de François Pompon au Musée de Saulieu. Notes biographiques et catalogue [20 p. non paginées], Saulieu, Musée de Saulieu, 1983. Marie SELLIER, Pompon sculpteur [16 cm sur 22; 59 p.; illustrations], Paris, Réunion des Musées nationaux [«L’Enfance de l’art»], 1994 [ISBN: 2711831663]. Catherine CHEVILLOT, Liliane COLAS & Anne PINGEOT [auteurs], Laure de MARGERIE [collaboratrice], François Pompon (1855-1933) [30 cm; 248 p.; illustrations; bibliographie pp. 228-233; index; catalogue publié à l’occasion de l’exposition présentée à Dijon, Paris, Roubaix et Rodez, mai 1994-septembre 1995], Paris, Gallimard/Electa & RMN (Réunion des Musées Nationaux), 1994 [ISBN 2-07-015018-6]. MUSÉE D’ORSAY, François Pompon 1855-1933: le retour du lisse [21 cm; 16 p. non paginée; illustrations; catalogue d’une exposition à Paris, Musée d’Orsay, 18 octobre 1994-22 janvier 1995], Paris, Musée d’Orsay [«Les dossiers du Musée d’Orsay»], 1994. GALERIE BRAME & LORENCEAU, François Pompon, 1855-1933. Rétrospective. Clermont-Ferrand, Musée des beaux-arts, 14 septembre-25 octobre 1999; Paris, Galerie Brame & Lorenceau, 5 novembre-18 décembre 1999 [27 cm; 99 p. non paginées; catalogue d’exposition; bibliographie], Paris, Galerie Brame & Lorenceau, 1999 [ISBN 2-9510156-2-3]. Bernadette de BOYSSON & Valérie de RAIGNAC, Autour de Barye et de Pompon: sculptures animalières des XIXe et XXe siècles: hommage au legs Cruse-Guestier. Bordeaux, Musée des arts décoratifs, 8 février-29 avril 2002 [28 cm; 69 p. ; illustrations couleur ; catalogue d’exposition; bibliographie], Bordeaux, Musée des arts décoratifs & Paris, Réunion des musées nationaux, 2002 [ISBN 2-7118-4418-8]. Anne PINGEOT (conservatrice générale du patrimoine au Musée d’Orsay), «François Pompon», in MINISTÈRE DE LA CULTURE, Célébrations nationales de 2005, http://www.culture.gouv.fr/culture/actualites/celebrations2005/pompon.htm, en ligne en 2007. COLLECTIF D’INTERNAUTES, «François Pompon», in Wikipédia, http://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois_Pompon, en ligne en 2007. Jocelyn REBOUL (expert), François Pompon, un sculpteur d’avant-garde, http://www.pompon.fr/, en ligne en 2007. Bernard GINESTE, «François Pompon: Le Sanglier (bas relief pour un monument néoceltique, 1925)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/cae-20-doucefrance1925d2.html, 2007. 2. Sur le Monument néoceltique
d’Étampes
Voir notre bibliographie: http://www.corpusetampois.com/cae-20-doucefrance1925monument.html#bibliographie.
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