Corpus Numismatique Étampois
 
Daniel Friedrich Loos
Jeton célébrant la mort de Philippe-Égalité
Berlin, 1794
    

Jeton célébrant la mort de Philippe-Egalité, dernier seigneur d'Etampes
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     Louis-Philippe-Joseph d’Orléans, entre autres duc d’Étampes, était en 1789 le plus riche des princes français en même temps que le plus démagogue. Il épousa sans balancer la cause révolutionnaire, et convoitait certainement le trône lorsqu’il vota la mort de son cousin Louis XVI. Mais il fut lui-même guillotiné le 6 novembre 1793. La noblesse française émigrée à Berlin célébra la mort du traître, par l’émission d’un jeton, frappé par le médailliste en chef de la cour de Berlin, Daniel Friedrich Loos.
   
Avers (© Walker-Poinsett) UNE ÉMISSION DES ÉMIGRÉS
C
ÉLÉBRANT LA MORT DU TRAÎTRE
PHILIPPE-
ÉGALITÉ
DERNIER SEIGNEUR D’ÉTAMPES
 
       Un exemplaire de ce beau jeton en argent (ci-dessus) a été mis en vente par la CGB en décembre 2001, avec une mise de départ de 120 €. Un autre (ci-contre) appartient à la collection Walker-Poinsett.  Il mesure 30,5 mm et pèse 9,48 gr. C’est, selon Michel Hennin, cité par la CGB, le troisième d’une série de six jetons consacrés à six victimes différentes de la Révolution.
 
     L’avers porte la légende PHILIPPE IOSEPH EGALITE CI DEVANT DUC D’ORLEANS et représente le buste à gauche de Philippe d’Orléans. En dessous, la signature LOOS donne le nom du médailliste, à qui l’on doit aussi les cinq autres médailles de la série.

Revers (© Walker-Poinsett)      On voit sur le revers, posés sur une table, une épée et un sceptre croisés entourés d’un serpent, ainsi quune couronne à droite. Une date est portée en exergue, sur deux lignes: LE VI NOVEMBRE / MDCCXCIII. C’est celle de l’éxécution de Philippe-Égalité, le 6 novembre 1793, à Paris. La légende occupe huit lignes: DE SA / MONTAGNE ENFIN / LE MONSTRE / SUR LA CIME / REÇOIT / PAR SES ÉGAUX / LE PRIX / DU DERNIER CRIME. C’est en fait un distique d’alexandrins, dont l’auteur est inconnu:
De sa montagne enfin le monstre sur la cime
Reçoit par ses égaux le prix du dernier crime.
 
     Les éditeurs de ce jeton, et des cinq autres, avaient publié selon Hennin une brochure qui expliquait que la mort de Philippe d’Orléans l’avait effectivement: «puni de son vote dans le procès de Louis XVI, par les députés ses égaux, et comme lui membres de la faction de la Montagne de la Convention Nationale».
 
     L’épée représente soit la peine de décapitation, ou plus généralement la justice, qui a frappé le traître; le serpent signifie clairement la traîtrise; le sceptre et la couronne posées, sans doute à la fois le régicide, et les prétentions inavouées de son auteur. Par «dernier crime» il faut sans doute entendre non pas tant le dernier de toute une série (encore que Philippe d'Orléans ait été un opposant très actif à la politique royale dès le règne de Louis XV, qui l
avait exilé), que le pire des crimes (sens très classique du mot), à savoir le régicide.
 
     Le parti des Montagnards, auquel s
était associé Philippe d'Orlénas, siégeait sur les tribunes les plus hautes de la Convention, et correspondait, pour simplifier, à ce qu’on a appelé ensuite la Gauche. Ce parti avait éliminé celui des Girondins le 2 juin 1793. Dès lors la Montagne domina sans partage la vie politique, tant à Paris quen province. A Étampes par exemple, le citoyen Couturier fit alors ériger une montagne sur la place Saint-Gilles, et la rue de la Tannerie fut pour un temps dénommée rue de la Montagne. C’est sur la cime de sa montagne, la tête du parti d'extrémiste dont il avait pris la tête, que le traître a été frappé, par ceux quil faisait mine dappeler ses égaux.
 

DANIEL FRIEDRICH LOOS

     C’est par erreur que la CGB donne pour auteur à cette médaille de prétendus frères Daniel et Frédéric Loos. Il ne s’agit en fait que d’un seul et unique artiste, Daniel Friedrich Loos (1735-1819).
 
     Né à Altenburg, 
Daniel Friedrich Loos séjourna en Prusse, et fut nommé graveur et médailleur en chef à la cour de Berlin dès 1768. Selon Forrer, citant Bolzenthal (lui-même cité par Benjamin Weiss, que nous suivons ici), Loos fut un artiste plein de zèle, qui, à une époque où dominait le mauvais goût, s’appliqua à l’étude de l’art du portrait et des anciens modèles. Loos fit aussi plusieurs découvertes dans l’art et la technique de la frappe des monnaies. Il eut deux fils, Friedrich Wilhelm et Gottfried Bernhard, qui furent aussi des médaillistes de valeur.

Source: le site de ventes numismatiques de la C.G.B. et le site de Walker-Poinsett.
 
  
BIBLIOGRAPHIE PROVISOIRE
   
 
     Michel HENNIN [1777-1863], Histoire numismatique de la révolution française, ou Description raisonnée des médailles, monnaies et autres monumens numismatiques relatifs aux affaires de la France, depuis l’ouverture des États généraux jusqu’à l’établissement du gouvernement consulaire ; par M. H..... Avec planches [2 vol. in-4° (XXII+707 p.), dont un album de planche], Paris, J.-S. Merlin, 1826 [dont une réédition en fac-similé: (2 vol., 32 cm, XX+707 p.; 95 folios de planches), Maastricht, A. G. Van der Dussen, 1987], pp. 371-372 & planche 54, n°550.
     «Les deux vers qui forment la légende du revers de cette pièce indiquent, suivant la notice publiée par les éditeurs, que le duc d’Orléans fut puni de son vote dans le procès de Louis XVI, par les députés ses égaux, et comme lui membres de la faction de la Montagne de la Convention Nationale» [HENNIN, p. 372, cité par CGB 2001]. 
     Leonard FORRER, «Loos», in ID., Biographical dictionary of medallists, coin-, gem- and seal-engravers, mint-masters, &c. Ancient and modern. With references to their works B.C. 500 - A.D. 1900 [8 vol..; t.I (1904); t. 2 (1904); t. 3 (1907); t. 4 (1909); t. 5 (1912); t. 6 (1916); t. 7 (1923); t. 8 (1930)], London [Londres], Spink & Son, 1904-1930, tome III (1907), page 550 [cité par WALKER-POINSETT].
 
     C.G.B. [Compagnie Générale Bancaire], «Louis Philippe Joseph, duc d’Orléans, dit Philippe-Égalité (1747-1793). Jeton célébrant l’exécution de Philippe d’Orléans le 6 novembre 1793», in ID., Vente sur Offres XVI, Date de clôture: 31 décembre 2001, http://www.cgb.fr/monnaies/vso/v16/fr/monnaiesc21e.html?depart=1289&nbfic=2000, [English Version: http://www.cgb.fr/monnaies/vso/v16/gb/monnaiesgbc21e.html?depart=1289&nbfic=2000], en ligne en 2003.
 
     WALKER-POINSETT, «1793. Philippe Joseph Egalité cidevant duc d’Orléans», in ID., Medallions of the Napoleonic Era, http://blackwatch.napoleonicmedals.org/Pre_Consulate/M0800.htm, en ligne en 2003.

          Benjamin WEISS, «Loos, Daniel Friedrich», in «GERMAN MEDALLISTS», in ID., Historical and Commemorative Medals. Collection of Benjamin Weiss, http://www.historicalartmedals.com/MEDAL%20WEB%20ENTRIES/BIOSKETCHES%20AND%20OTHER%20TEXT/GERMANY/german_medallists.htm, en ligne en 2003.
   
     Bernard GINESTE [éd.], «Daniel et Frédéric Loos: Jeton célébrant la mort de Philippe-Égalité, dernier duc d’Etampes (Berlin, 1793)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/cne-033.html, 2003.

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